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Pour répondre au commentaire : l'enseignant ayant mobilisé cette photographie n'a pas cité sa source. Ce blog visant à rendre ces cours accessibles à tous (cela visait initialement les autres étudiants), nous n'avions pas l'information sur l'origine de cette image et nous en excusons. Nous respectons le travail intellectuel et nous vous remercions de nous laisser utiliser votre travail.
L'économie des Retraités
Pour répondre au commentaire : l'enseignant ayant mobilisé cette photographie n'a pas cité sa source. Ce blog visant à rendre ces cours accessibles à tous (cela visait initialement les autres étudiants), nous n'avions pas l'information sur l'origine de cette image et nous en excusons. Nous respectons le travail intellectuel et nous vous remercions de nous laisser utiliser votre travail.
L'économie des Retraités
« Circulation invisible des richesses » et nouvelle
économie urbaine
Dans la plupart des
manuels sur le développement économique local, une ville qui veut se développer
économiquement doit produire des richesses. Cela impose que la région doit
produire et vendre des biens et des services au marché intérieur et extérieur.
L’acteur clé est alors l’entreprise compétitive qui doit s’acquitter de cette
tâche en vendant bien et en réinvestissant dans la région les bénéfices des
profits fait à l’extérieur. On fait donc
une analogie entre la ville et l’entreprise, puisque sous un certain angle, la
ville serait une super-entreprise.
Le
développement économique local possède une analyse dominante depuis les années
1970. Le contexte serait devenu très favorable
aux plus grandes villes et aux métropoles et donc se serait plus difficile pour
les villes locales. On a donc eut des visions alarmistes qui menaient à un
risque de fracture territoriale où des métropoles prospèrent mais où les
zones non-métropolitaines (petites et moyennes villes ainsi que les campagnes)
seraient menacées.
Cela
reste hautement discutable parce qu’une telle analyse est incomplète. Cette théorie ne réduit le développement
économique qu’à deux notions : l’attractivité du territoire ou la création
d’entreprises. Cette vision est réductrice et il existe d’autres voies pour se
développer.
I.
Conception
dominante du développement économique local : la ville entreprise
Dans la conception
dominante du développement de l’économie local, une ville serait dépendante de
la taille et de la compétitivité de son système productif. Plus une ville compte
d’entreprises, plus ces entreprises sont compétitives, plus la ville se
développe économiquement et devient prospère. Ainsi seule l’entreprise compétitive serait l’élément clé de cette formule.
En découle alors
deux stratégies de développement. On peut tenter de séduire les entreprises en
les faisant venir sur son territoire qu’on rend attractif. C’est la voie
exogène, tournée vers l’extérieur. On peut sinon tenter de mettre l’accent
sur des entreprises locales qu’on crée de toute pièce. On parle de la voie
endogène, celle qui s’appuie sur les ressources locales. La clé devient alors le soutien
fourni aux entrepreneurs locaux.
Forcément
les années 1970 et ce qui s’en ait suivi à renforcer la compétitivité des
entreprises tant en exogène qu’en endogène. Dans cette période de 1970, favorable aux métropoles, les entreprises
cherchent des attributs plus abondants dans les grandes villes (externalités relationnelles).
Ce qu’elles cherchent, se retrouve de plus en plus dans les métropoles. De
plus, l’accumulation de moyens et de savoir-faire pour soutenir les
entrepreneurs locaux sont plus faciles dans les grandes métropoles. On parle donc d’un cercle vertueux des
métropoles : le développement va vers le développement. Dans le cas du
territoire non-métropolitain, on est dans un cercle vicieux.
II.
Une conception
élargie : se développer en attirant des revenus
Le
développement économique local ne tient pourtant pas seulement à une question
d’entreprises que l’on attire ou que l’on crée. Il y a d’autres solutions. En
particulier, la plus ancienne théorie qui porte sur ce sujet se nomme la théorie de la base. Le développement
économique local dépend de la capacité à attirer des revenus venus de
l’extérieur. La base économique ce
sont les revenus capté de l’extérieur. Cet
argent doit alors être réinjecté dans l’économie locale via la consommation de
biens comme la consommation de services. On parle aussi d’économie domestique,
de services rendus aux ménages.
La conception
dominante souligne que cet argent vient des entreprises compétitives qui
vendent à l’extérieur. Or il y a là deux erreurs. D’une part les revenus tirés
de l’extérieur ne viennent pas seulement des entreprises revendant à
l’extérieur, d’autre part les revenus des entreprises sont supposés être au
bénéfice local et ce n’est pas toujours le cas.
Pour
faire entrer de l’argent dans un territoire il y a d’autres méthodes. Ainsi un
patron qui travaille à Paris la moitié de l’année et qui pour des raisons
diverses, est à Avignon le restant de l’année, se déplace avec les revenus
obtenus à Paris. Les revenus de ce patron utilisés à Avignon sont des richesses
créées à Paris, donc extérieures. Ainsi un individu du Libéria actionnaire
d’une entreprise californienne va toucher des dividendes et donc le Libéria a
des revenus extérieurs. Un retraité qui habite à Bayonne va toucher sa retraite
venu d’une grande entreprise parisienne. Pareil pour les fonctionnaires qui
habitent en province et touchent de l’argent venu de Paris. Idem pour les
revenus du tourisme. Par ce biais des
ménages résidents on a donc une nouvelle source de revenus extérieurs.
Les revenus tirés
de l’extérieur sont donc certes les revenus des économies exportatrices, les
revenus publics, les revenus des présents (tourisme, résidences secondaires, …)
et les revenus générés ailleurs qui bénéficient aux résidents (cas des actionnaires ou des
flux monétaires vers un village).
Les salaires et les
profits générés par les entreprises exportatrices ne bénéficient pas à 100% au
territoire local.
Certes les entreprises génèrent des profits aux territoires mais les revenus
peuvent rémunérer des agents extérieurs au territoire et même si cela touche
des agents locaux, rien ne les empêche d’aller dépenser cet argent hors du
territoire local. L’entreprise n’alimente pas intégralement l’économie locale,
une part de ces revenus échappe au territoire.
La théorie de la
base revisitée souligne que la base économique possède deux piliers :
l’économie productive
(celle qui bénéficie au local) et
l’économie résidentielle (les revenus d’origine extérieure, indépendants de
l’économie productive locale et ne tenant qu’à la présence et la résidence des
ménages).
III.
Economie
résidentielle au service du non-métropolitain
1.
Une économie gigantesque
Deux facteurs
jouent dans la quantité de cette économie : d’une part la socialisation
croissante de la richesse, d’autre part les progrès de la mobilité et l’éclatement
des lieux de vie.
En France les
dépenses des administrations publiques avoisinent les 1 000
milliards d’euros par an.
Cela représente 52% du PIB. Les salaires publics s’élèvent à 247 milliards
d’euros. Les retraités qui s’élèvent à 15 millions en 2007 touchent au total 230 milliards d’euros par an. Bien entendu sur
le long terme, des régions pourront entrer en crise par l’extinction des
retraités et de leurs revenus.
Les progrès de la
mobilité touchent en premier lieux les loisirs et le tourisme. En France, cette
consommation touristique touche 102 milliards
d’euros en 2003
dont un tiers viennent de touristes étrangers. Avec 79 millions de touristes
étrangers, la France est une des premières destinations touristiques du monde.
De même, l’excédent commercial dégagé
entre la consommation des Français à l’étranger et celle de la consommation des
étrangers en France est de 11,4 milliards d’euros, plus que l’excédent
commercial automobile. Les Parisiens passent en moyenne deux mois de l’année
hors de l’île de France. En 2008, on dénombrait 210 millions de voyages (plus
de quatre nuitées hors de chez soi) pour la population de plus de 15 ans en
France, 91% pour motif personnel, 56% en voyage court. De plus, on a 3 millions de résidences secondaires et le nombre des
dépenses faites dans ces résidences secondaires s’élèvent à 4 milliards d’euros. Il y a aussi une hausse
croissante entre la zone de résidence et la zone de travail, 800 000
actifs sont concernés. A l’échelle du département on dépasse les 3 millions
d’actifs. A l’échelle des communes 37% des actifs sont concernés.
Tout tient donc à
une économie de transfert. Une grande partie des richesses quittent leur lieu
d’apparition vers leur lieu de consommation. Auparavant les deux étaient très
proches, plus maintenant.
Ce transfert passe entre autre par des
circuits publics (redistributions par des budgets publics) et des circuits privés (mobilités de
tourisme et de loisirs, multi-résidence, séparation lieu de travail et lieu de
résidence). Son effet indirect est que tout cet argent va soutenir l’économie
domestique locale, l’économie locale de services aux ménages. C’est un des
secteurs majeurs d’emplois et de revenus avec 8 à 10 millions d’emplois en
France en passant des commerces aux agences bancaires et aux services
scolaires.
2.
Une économie amicale avec les territoires non-métropolitains
Les territoires
non-métropolitains bénéficient de l’économie résidentielle. Se sont des
territoires qui ont des atouts environnementaux et des atouts dans les cadres
de vie. Cela attire donc les retraités, les touristes, les résidents
secondaires, des actifs, …
Cette attractivité crée des territoires
dynamiques, relativement bien dotés en emplois publics. Il y a des revenus
sociaux qui sont palliatifs à l’absence de revenus d’économie productive.
Les
retraités sont à 48% dans des petites villes ou à la campagne. Les résidences
secondaires sont pour 75% dans ces régions. Les emplois publics sont
surreprésentés dans les villes de moins de 200 000 habitants. Malgré tout,
entre les dépenses des Franciliens en métropole et celle des métropolitains en
Ile de France, il reste 8 milliards d’euros de différence. Cet argent maintient
et dope l’économie domestique. Les
services marchands et aux personnes deviennent alors des composantes majeures
de l’économie locale.
L’économie
résidentielle fonctionne donc aujourd’hui comme un amortisseur de la fracture
territoriale,
elle compense la notion de fracture entre la métropole et le reste de la
France. L’économie résidentielle palie à l’absence de l’économie productive,
elle préserve des emplois et des revenus permettant des performances sur le
plan socio-économique qu’on jugerait normales.
L’économie
résidentielle ouvre de nombreuses perspectives pour le développement économique
local. Plusieurs territoires l’ont compris et mènent une stratégie de
développement sans produire de la richesse mais en bénéficiant des richesses
produites ailleurs.
Les territoires peuvent aujourd’hui se développer sans économie productives,
sans entreprises exportatrices. Plutôt que des entreprises, il faut séduire des
individus et cela semble s’adapter aux territoires non métropolitains. Cela n’empêche pas des inégalités au sein
de territoires non-métropolitains. Aujourd’hui, des villes et des régions
sont avantagées par ce système (PACA, Aquitaine, Bretagne, …) avec des
attractions environnementales (mer, montagne, forêts, parcs, …), un climat
agréable et l’absence d’industries polluantes ainsi qu’une faible densité
d’habitation. Dans ces cas là, les avantages comparatifs sont en faveur des
économies résidentielles. En revanche,
il y a des régions largement désavantagées dans le Nord et l’Est (Nord Pas
de Calais, Lorraine, Picardie, …) avec peu d’attraits environnementaux, un
climat supposé moins clément et des paysages industriels peu appréciés. Pour
ces régions constituées de certains
désavantages comparatifs, on a de pauvres économies résidentielles qui ne
compensent pas l’économie productive.
Bonjour,
RépondreSupprimerLa photo qui est utilisée sur cette page se nomme "RetraiteFaceLaMer".
Elle n'est pas libre de droit et m'appartient (http://www.ruedulavoir.com/wp-content/uploads/2010/11/RetraiteFaceLaMer.jpg).
Merci de : soit nommer vos sources et donc faire référence à mon site Internet ou soit supprimer tout simplement cette photo.
Cordialement,
Olivier
www.ruedulavoir.com