samedi 26 novembre 2011

Géo des Suds 23 - 11

Précédemment Géo des Suds 16 - 11





La vente informelle d'essence (frelatée)





  1. Pauvreté et économie informelle


Les sociétés ont trouvé des modes de survie de type économie informelle. On retrouve cela à la campagne, mais aussi en ville. Jusqu'au milieu des années 2000, la vision macroéconomique semble catastrophique. Pourtant ces sociétés ont une énergie réelle pas vraiment formelle.


A. Une pauvreté généralisée


D'après une carte du seuil de pauvreté par pays, on constate un recul de l'Afrique sur d'autres pays. En prenant un ménage moyen et en regardant le panier monétaire des biens essentiels (nourriture avec un seuil calorique, frais de santé, transports, frais de logement, frais de scolarité, frais d'habillage, …). Une fois cela fait, on obtient une carte où les deux tiers des pays africains à l'échelle nationale sont sous le seuil de pauvreté, alors même que la définition est très restrictive.

Un autre indicateur est celui du taux de population vivant avec moins de 1,25 $ par jour ou moins de 2$ par jour. Quoiqu'il en soit, l'Afrique ressort encore clairement comme majoritairement pauvre, puisque souvent plus de 80% de la population vit avec moins que cette somme. Cette mesure économique fut contestée.


Avec l'IDH (espérance de vie, alphabétisation et ), plus pertinent on constate que les 20 dernières places internationales sont 20 pays africains. Il y a tout de même des exceptions notamment le sud de l'Afrique.

De même, dans le classement des PMA, 50 pays sont recensés, essentiellement africains. Depuis la création de ce statut vers 1970, le seul pays africain qui a quitté ce statut est le Botswana.

Enfin en se limitant au taux d'alphabétisme des populations de plus de 15 ans, on constate qu'en général 50% à 80% de la population des pays africains n'ont pas appris à écrire ou même à lire. C'est peut être un des handicaps majeurs de ces pays africains.


Pour s'en sortir dans les années 1960 – 1970, on a donné des subventions pour aider les paysans, les industries, les populations, … En Côte d'Ivoire, au Ghana cela eut un certain succès. Mais au tournant des années 1980, on est revenu sur ces projets aux bilans mitigés. La pauvreté a alors connu un nouveau regain énorme, les pauvres le sont devenus encore plus, les classes moyennes ont quasiment disparu. L'idée cachée derrière cette vision est celle du trickle down, ou théorie des miettes. Nous ne pouvons faire vivre des populations au-dessus de leurs moyens, pour avoir des politiques sociales, il faut en amont avoir des recettes. Il faudrait en réalité augmenter la richesse collective pour qu'il y ait des retombées naturelles sur les pauvres, un jour. Cela n'a pas marché évidemment, la richesse ne se partage pas spontanément, il faut l'y aider. Dans les premières années, aucune richesse n'apparaissait, puis dans les années 1990, on a remis des mécanismes de régulation qui ont relancé la richesse économiques mais pas son partage. Depuis la fin des années 1990, on a donc rétabli de nouvelles politiques sociales fixées sous condition de résultats.


B. Informalisation et transgression : des stratégies de survie ?


La survie des sociétés africaines passe par la survie en-dehors des institutions africaines. Traduit de l'anglais informal, en français l'équivalent est décontracté, sans suivre les règles strictes. En Afrique, l'économie n'est pas stricte comme on peut y avoir droit en Europe. Cela n'est pas calqué sur la corruption, il y a des techniques illégales ou amorales, mais ce n'est pas tout, on trouve surtout des économies informelles du type de la vente de ses surplus sur le pas de sa porte.


C'est donc un ensemble d'activités hétérogènes à haute intensité de main d'œuvre (par opposition à l'officielle, qui est une activité à haute intensité capitalistique avec de gros investissements mais peu de main d'œuvre). Elle requiert peu voire pas de qualification. On a aussi une économie de l'apprentissage, on fournit par les apprentis une main d'œuvre gratuite, qui est en contrepartie formée à un métier en plus du fait d'être hébergé.


C. Productions illicites des campagnes et des villes


Presque tout le monde fait fonctionner cette économie : couches populaires et couches moyennes voire parfois des couches élevées. Elle est donc très présente dans plein de domaines. Les ventes de biens comme celle de l'essence faite de multiples illégalités : essence venue du Nigéria à monnaie faible, esquive de la douane et revente dans un pays à monnaie forte, en plus on la mélange à de l'huile en les revendant sur un point de vente non payé. Malgré tout cela bénéficie aux acheteurs qui y trouvent leur utilité. La vente de nourriture souvent faite sur le pas des portes se fait au détail, on peut acheter des demis ou des quarts de légumes. C'est une forme d'adaptation au pouvoir d'achat des gens, souvent des personnes vivant au jour le jour. Alors certes l'achat au micro détail vaut bien plus cher à la fin du mois que l'achat en gros. Mais cela permet d'éviter l'endettement qui est perçu par la population comme la pire des solutions. Pareil dans les marchés, économie moins informelle mais où on trouve des vendeurs à très petites unités. Les transports aussi sont dans cette économie informelle (à pied, charrettes à bras, minibus indépendants, …). Cela provoque des congestions phénoménales avec des politiques très particulières (sectionnement des lignes). Enfin les services sont aussi dans l'économie informelle (coiffeurs, réparateurs de montres, de mobylettes, d'ordinateurs, de circuits du froid, …). Le meilleur de ces secteurs informels est le textile avec de nombreux tailleurs (qui cousent les vêtements) et les brodeurs (finition et détails). L'artisanat fonctionne auprès des touristes aussi.


Ces activités échappent au cadre légal, ne sont pas recensées et ne payent donc pas d'impôts (que ce soit sur le lieu d'emplacement, la masse salariale, …). Ils échappent aussi au code du travail forcément. Ses petites activités se limitent souvent avec deux personnes et demi (le demi pour la famille ou l'apprenti). Le taux de rotation est donc extrêmement élevé et ils sont durs à recenser, l'échec du Burkina Faso le montre. Cela représente toujours plus de 20% des activités, en moyenne 70% à 80%.


D. Une mondialisation par le bas ?


C'est un jeu entre l'informel et l'État. Cette économie est nécessaire et donc l'État tolère ou ferme les yeux. Cela fluctue cependant selon les politiques. On a des phases de « nettoyage » de ces activités puis d'inaction (surtout à l'approche d'élections).


A l'international, dans les années 1970 – 1980, on dénonçait ce système archaïque, peu fructueux et illégal. On a donc tenté de construire un espace commercial plus organisé, de financer des programmes pour devenir entrepreneur, … Cela n'a jamais marché.

Le tournant des années 1980, réalise alors que ce sont des formes entrepreunariales très dynamiques et qu'on peut les pousser à devenir des petites PME. On a donc dit aux États de ne rien faire et de les favoriser. Les subventions qui leur furent fournies, furent investies, dans des transports et des terres. Les Africains sachant que la pauvreté fluctue ont eut l'intuition qu'en augmentant leurs prix (pour de nouveaux coûts, pour de la qualité, …) ils seraient éjectés du marché africain. Ils investissent donc dans d'autres domaines pour en tirer des bénéfices complémentaires, pas pour se développer.


Pour les optimistes, cette économie informelle est preuve du dynamisme africain plus que notre regard européen qui y voit de l'illégalité. Effectivement, cette économie est très inventive mais elle empêche de sortir de la pauvreté malgré tout. Il n'y a pas de profonde évolution de cette économie. L'invention et l'innovation reste inscrite dans un contexte de pauvreté qui bloque toute évolution. D'autant qu'échappant aux impôts étatiques, cette économie ne finance pas les biens publics qui devraient assurer les bases du développement du pays.

Pour les pessimistes, les Africains font de l'économie informelle car ils ne veulent pas payer d'impôts. C'est bien évidemment faux puisque les cadres ne sont pas appropriés à un développement d'entrepreneurs, de plus en échappant aux taxes, les Africains s'assurent un revenu et la pérennité de leur activité. Ce n'est pas culturellement dans leurs gènes.


Il existe cependant des milieux plus fortement illégaux, de véritables trafics : revente de drogues, de médicaments sans boîtes, sans conditionnement, … Cela ne rentre pas cependant dans l'économie informel. La crise des années 1980, des gens dans l'économie informelle ont pu basculé dans les activités illicites, les trafics de toutes sortes (enfants, prostitution, drogues, contrebande, …). Le seul contre lequel le Nord luttent véritablement ce sont les trafics de contrefaçons qui vont à l'encontre de leurs intérêts. Du coup, la culture de plantes à drogues traditionnellement au Maroc s'est répandue puisque 10 ares de cannabis rapportent autant que 30 hectares de cacao. De même avec le khat (type de coca appelée thé d'Abyssinie) en Éthiopie, autrefois bien maîtrisé et qui sous l'effet de la demande extérieure croît considérablement et se propage en Afrique. Notons aussi l'importance croissante des trafics d'hommes comme les enfants-esclaves.

mercredi 23 novembre 2011

Antique 22 - 11

Précédemment : Antique 15 - 11 (et cours fournit directement par le professeur)






Apollon face à la dragonne



  1. Le rôle pivot d'Apollon à Delphes

A. Apollon archégète, modèle de l'entreprise colonial

Apollon a son sanctuaire à Delphes, c'est lui-même qui a fondé son temple. Cela est raconté par Homère depuis sa naissance sur Délos jusqu'à la fondation du sanctuaire de Delphes. Cette aventure évoque terriblement celle d'un oikiste, d'un fondateur d'une cité. Apollon court donc de Delos à Delphes où il s'y arrête et y jette les fondations à la fois du temenos (enceinte sacrée) et de son futur temple. Cela évoque l'acte de l'oikiste qui définit les bases de la future cité en arrivant. Apollon, tout comme les oikistes définissent les limites mais laisse à d'autres le soin de bâtir.
Le parallèle ne s'arrête pas là. Pour achever la construction Apollon se transforme en dauphin (d'où le nom de Delphes, venu de dauphin, delphinios en grec)
et va détourner un bateau crétois pour le réorienter vers le Parnasse pour y établir des hommes qui lui rendront un culte. Là encore, l'oikiste amène par bateau des hommes qui deviennent les futurs citoyens de la cité.

Or Apollon est aussi un dieu destructeur et il doit se faire un place par rapport à ceux qui habitaient le lieu. La fondation est elle-même toujours violente. On a donc un affrontement entre Apollon et l'animal sur place, une dragonne (drakaina) assistée d'une chimère. Le combat s'engage et Apollon l'emporte, la dragonne agonisant donnant un coup de queue séparant le massif du Parnasse en deu
x. Cette violence de la fondation c'est donc l'élimination des anciens occupants mais qui doit être suivi d'une expiation comme toujours. Apollon va donc devoir expier son meurtre et est contraint de s'exiler pendant des années en Thessalie en se mettant au service du roi Admète. Le cadavre qu'il a laissé pourrir au soleil (pytheuein en grec) lui donne son qualificatif, désormais à Delphes, on révère Apollon pythien.
L'histoire d'Apollon est donc le modèle de l'installation coloniale, mais aussi sa légitimation, puisque par le biais de son oracle,
il apporte sa caution à l'entreprise coloniale et justifie la prise de territoires.

B. Le nécessaire recours à l'oracle de Delphes

Sparte, cité peu fondatrice de colonies, fonda tout de même la cité de Tarente. Phalantos, son oikiste est à la tête d'individus mal intégrés à la cité de Sparte, il va voir l'oracle de Delphes et Apollon via la pythie déclare « Moi, je vous donne Satyrion et Taras, un pays riche pour que vous y habitiez et
soyez un fléau pour les Iapyges ».
Ainsi le territoire est un don religieux, un ordre du dieu Apollon que ce soit à l'installation ou à la persécution des Indigènes. Notons tout de même, qu'il arrive que les récits mettent en scène dans le devenir de la colonie une obligation d'entente avec les Indigènes.




Mythes et tyrannie

Pisistrate et Kypsélos



Les liens entre tyrannie et récits mythiques sont multiformes. Pour comprendre ces liens, il faut avoir en tête les principales caractéristiques de ce régime. La tyrannie archaïque est une forme de pouvoir personnel, établit à la suite d'un coup de force généralement dans un contexte de stasis, de discorde civile (opposée à polémos, la guerre extérieure contre des étrangers). La tyrannie disparaît au début du V° siècle et les sources postérieures montrent cette tyrannie comme formée par une constitution déviante caractérisée par l'illégalité et l'usage excessif de la force.
Dans ce contexte, on comprend le soucis qu'avait les tyrans de légitimer leur prise de pouvoir. Dans ce but, ils ont recourus aux mythes pour légitimer leur pouvoir via des formes de propagandes culturelles et religieuses. On les décrivait parfois comme des héros légendaire (tel Kypsélos, premier tyran de Corinthe) ou encore en montrant qu'ils ont l'aval des dieux (tel les Pisistratides à Athènes soutenu par Athéna).
S'en suivra une contre-propagande forte à la fin de ces épisodes (-V° - -VI° siècles) pour les exécrer. Il y a donc eut la formation d'une légende noire des tyrans transformés en héros maudits par les dieux. Ils auraient bafoué toutes les lois des hommes comme des dieux (tel à Corinthe autour de Périandre nouvel Œdipe). C'est à Athènes que cette contre-propagande prendra un véritable essor aboutissant finalement à l'image des tyrannicides, considérés presque comme des dieux pour avoir assurer la pérennité de la démocratie.


  1. L'usage tyrannique du mythe

  1. Kypsélos à Corinthe : le retour du roi

Les tyrans ont tenu à se présenter comme des héros de mythe pour avoir l'accord populaire. Ils ne prennent le pouvoir qu'après une série d'épreuves qui légitime leur retour au pouvoir.
Hérodote explique qu'à Corinthe existait une oligarchie autour des Bacchiades, famille de 200 à 300 personnes. La ville plus prospère encore qu'Athènes à cette époque, est un passage important pour le commerce de par sa situation. Ces Bacchiades se marient entre eux, principe d'endogamie, mais un d'eux à une fille boiteuse : Labda. Impossible de la marier dans sa famille, on la refuse. Elle est donc mariée à Eétion, descendant d'un Lapithe, Kaineus, être hermaphrodite (tantôt homme, tantôt femme) et immortel par don de Zeus. L'enfant de cette union est Kypsélos, descendant d'une mère boiteuse et d'un fils d'hermaphrodite, donc une double boiterie.
Selon Nicolas de Damas, secrétaire d'Hérode le Grand, avant même qu'il soit né, les oracles auraient dit que cet enfant aurait un destin exceptionnel et prendrait le pouvoir à Corinthe. Les Bacchiades l'apprenant envoient un groupe d'hommes chargés de tuer cet enfant. Manque de bol, l'enfant sourit à ces futurs meurtriers et ceux-ci vont réfléchir à qui devra le tuer. Pendant ce temps, sa mère cache Kypsélos dans un coffre (kypselé en grec). L'enfant introuvable, les mercenaires rentrent bredouillent mais font croire aux Bacchiades au succès de leur mission. Devenu adulte, un oracle de Delphes convainc Kypsélios de reprendre son pouvoir, ce qu'il fait avec l'accord d'Apollon donc, et après avoir été élevé à Olympie donc sous la protection de Zeus.

Cette histoire d'un point de vue fonctionnaliste est calquée sur un groupe de légende, dont la fonction est de justifier l'émergence d'un nouveau chef, un retour du roi. Les mêmes caractéristiques se retrouvent : expositions d'un futur roi encore enfant, survie miraculeuse (parfois avec intervention divine) puis retour au pouvoir suite à une éducation faite à l'extérieure. C'est le même schéma pour Cyrus, Romulus et Rémus, Moïse ou encore Jésus. On dénombre 122 cas identiques en Europe et dans le Proche-Orient.
Sur un point de vue contextualiste, le cadre politique est celui d'une propagande politique religieuse de Kypsélos puis de son fils Eriandre menée dans les grands sanctuaires panhélléniques de Grèce (Delphes et Olympie). Dans l'histoire même, l'oracle de Delphes apporte sa caution à la prise de pouvoir avec deux oracles successifs. Pour remercier ces aides, Kypsélos est alors le premier à construire à Delphes un trésor, petit espace destiné à recevoir des offrandes. Les Kypsélides ont donc voulu monumentaliser leur rapport avec le dieu qui les aide, d'autant plus que les Corinthiens ont développé de nombreuses colonies, donc lien avec Delphes renforcé.
De plus dans la version de Nicolas de Damas, Kypsélos aurait été élevé à Olympie, donc il aurait reçu le soutien de Zeus. A défaut d'en être sur, on sait que Kypsélos a dédié une offrande (statue de Zeus en or) à Zeus ainsi que la kypsele dans lequel il avait été caché, installée dans le temple d'Héra à Olympie. Zeus le roi des dieux lui a donc apporté aussi son soutien.

La prise du pouvoir est donc doublement justifiée par le schéma traditionnel du retour du roi et parce que les dieux Apollon et Zeus lui apportèrent sa caution. Pour diffuser ce récit, on sait que les tyrans de Corinthe payaient des poètes pour chanter leurs louanges. Le plus célèbre de ces poètes à la cour des Kypsélides fut Arion de Lesbos. Périandre malgré sa légende noire était dans certains récits l'un des Sept Sages du monde grec.

  1. Les Pisistratides, Athéna et Héraclès : mythes et propagandes politiques

Hérodote raconte comment la prise de pouvoir de Pisistrate fut longue et difficile. Un premier coup de force en – 561 le mène au pouvoir mais il échoue avec l'alliance de Mégaclès (des Alcméonides, grande famille prestigieuse) et Lycurgue (des Etéoboutades, où l'on prenait les prêtres d'Athéna Polias).
Cinq ans plus tard par une alliance avec Mégaclès, Pisistrate reprend le pouvoir. Dans cette deuxième tentative, il arrive à Athènes avec Phyè du dème de Painia, dans la montagne où Pisistrate avait ses partisans, qu'il habille en tenue d'Athéna. Les citoyens athéniens croient alors à une épiphanie, l'apparition d'un dieu parmi les hommes. Du coup, l'éclat de Pisistrate est énorme et il parvient au pouvoir. Or Lycurgue était donc un des prêtres d'Athéna polias, donc il avait un rapport privilégié avec la déesse. Donc le jeu de Pisistrate et de Mégaclès est de capter l'image d'Athéna pour l'arracher au monopole de Lycurgue. Cependant Mégaclès marie sa fille à Pisistrate, qui accepte le mariage mais ne touchera pas puis qu'il répudiera (les Alcméonides étant maudits depuis qu'ils ont tué des partisans de Cimon dans le sanctuaire d'Athéna polias). Du coup, l'alliance prend fin et Périclès est de nouveau éjecté.
Il revient une troisième fois, par les armes. Il débarque à Marathon (comme son fils menant les Perses le fera ensuite)

Moderne 22 - 11

Précédemment : Moderne 15 - 11








Manufacture des Gobelins

(métro 7 station "Les Gobelins")





Le travail proto-industriel et manufacturier



Travail proto-industriel et manufacturier sont souvent deux mêmes organisations du travail. Ce sont des formes de concentration inséparables d'une dispersion du travail surtout à la montagne. Pour Dalembert, il faut distinguer les manufactures réunies dans l'espace et celles qui sont dispersées. Pourtant les deux sont complémentaires, les manufactures réunies vont de paires avec manufactures dispersées notamment dans le domaine textile. Le travail à la campagne étant souvent interdit par les corporations urbaines, on constate qu'il n'y a pas d'application réelle. L'Édit de 1762 qui libéralise le travail dans les campagnes ne confirment qu'un État de fait qui s'est accentué au XVIII° siècle.

Par proto-industrie, les historiens différencient cela du travail rural dont les nombreuses formes sont éloignées de la proto-industrie (artisanat rural, vente dans les villages, …). La proto-industrialisation est une des formes de ce travail rural.



  1. Le travail « proto-industriel »


  1. Définitions


Le modèle de la proto-industrie en historiographie est apparu dans les années 1970 – 1980, avec Franklin Mendles qui en 1969 fait une étude sur Industrialization et Population pressure in XVIIIth century Flanders. En Allemagne, son travail est complété par Kriedte, Medick et Schlubohm, qui étudie « L'industrialisation avant l'industrialisation » en 1977. Avec ces thèses, le Congrès International d'histoire économique de Budapest de 1982 est traversé par ce sujet. Mendles écrit alors un article pour développer son idée, suivit par un historien français en 1984, Pierre Deyon, Fécondité et limites de modèle proto-industriel : premier bilan.


Cette forme de production se développe tôt mais s'accentue au XVII° et XVIII° siècle. C'est une production faite par les paysans mais pour répondre à l'appel des marchés lointain. La conjoncture de la production de la région est indépendante de celle de la production céréalières régionale. Avec une hausse des prix agricoles, l'argent ne permettait plus ??? Fondée sur le travail des familles paysannes, tant des hommes que des femmes et des enfants. Il faut analyser ces organisations dans un cadre régional, où on trouve surtout des zones d'agriculture commercialisée et des zones avec la production de petits exploitants qui vont devoir aussi acheter ??? Il faut donc un réseau de transport pour assurer la coordination des activités constamment dominée par la ville et les marchands fabricants urbains. Ce sont eux in fine qui récupère la production rurale et assure sa commercialisation. Ils ont donc les plus gros bénéfices avec un bas coût de la main d'œuvre et un prix de vente plus élevé.


Les rapports entre la population rurale et ses marchands urbains sont de deux types de relations : la relation lâche (domestic system) fondée sur une matière première locale achetée par les petits producteurs ruraux restant très largement indépendants, préparant la matière première et la revendant sur des marchés locaux ou urbains. Les marchands achètent les produits, assurent la finition selon les exigences des consommateurs et assurent ensuite la commercialisation. Il y a donc une indépendance possible pour les petits intermédiaires qui sont certes dominés ne pouvant accéder aux marché lointains, mais peuvent faire les produits qu'ils veulent, vendent ce qu'ils veulent, … Le second système (putting out system) illustre la main mise sur l'ensemble de la chaine productive des marchands fabricants. Il faut en général des capitaux faire venir les matières premières puis répartissent le travail à la campagne mais aussi dans la ville. Ces petits acteurs sont donc plus contraints sur leur type de production, sur le contrôle, … avec des marchands fabricants qui contrôlent toutes les étapes. Dans les matières ou les qualités des produits, on aura le choix du système. Dans les produits finaux de haute qualité, le putting out system est privilégié (laine de haute qualité, …). A l'inverse le domestic system domine dans la laine cardée, le chanvre, …


L'appel des marchés internationaux au XVII° et XVIII° siècle va stimuler les productions de l'Europe dans un cadre mondialisé. Cela est renforcé dans le royaume par une politique propre à développer ce système. Autre impact, les corporations urbaines deviennent un frein au développement capitaliste limitant la main d'œuvre, contrôlant les prix des artisans, … Pour tourner ces corporations urbaines, les marchands-fabricants vont se tourner vers les campagnes. Enfin c'est inséparable de la misère rurale qui cherche des revenus compléments acceptant tout types de travaux industriels en complément de leur travail de la terre.


La proto-industrie a des effets sur la démographie, ce travail industriel permet de se marier plus tôt sans attendre le décès des parents, puisqu'ils ont des revenus possibles de ces activités. Les mariages précoces entraînant une hausse de la fécondité doublée d'un taux de mortalité infantile plus élevé. Prolétarisation de cette main d'œuvre rurale puisqu'ils perdent le rapport avec la terre. Les petites propriétés se morcelant avec la progression démographique. De nombreux ruraux perdent leurs possessions foncières ce qui induit une prolétarisation et une paupérisation de ruraux de plus en plus soumis aux marchands-fabricants. Ils ne peuvent alors rien faire contre eux, surtout pas face à la baisse des salaires suivi d'une grande offre de travail des familles et d'une faible offre des marchands-fabricants.

Autre conséquence, on a une première forme d'industrialisation, mais ce n'est pas une rupture brutale comme on a pu l'envisager. C'est une lente transition vers l'industrialisation avec cette première étape. La main d'œuvre rurale est formée au travail industriel, va s'adapter aux changements y compris techniques, perd son lien avec la terre, est contraint à l'exode rural (surtout avec la mécanisation) et cette main d'œuvre permet l'enrichissement des marchands-fabricants qui investissent dans des machines industrielles. C'est donc non pas une rupture mais un processus de continuité.


Ce ne sont donc pas des ouvriers urbains, ceux-ci ayant un modèle démographique éloigné de celui des campagnes. La proto-industrie n'est pas la production destinée à des marchés locaux, ce n'est pas n'importe quel type de production à la campagne.

Ce modèle proposait un modèle explicatif au moment de la première mondialisation de l'économie européenne. De plus, et surtout, il liait les modèles productifs aux aspects sociaux (formes de l'exploitation agricole, structure de la propriété, …) au modèle démographique, voire aux aspects culturels. Auparavant, ces modèles étaient étudiés séparément.


Pourtant ce modèle fut critiqué dans sa version initiale tout du moins.

Les raisons furent débattues. Plutôt que de penser que les corporations rurales sont une frein et que les paysans en situation de misère accepterait n'importe quel autre travail était simpliste. On a réévaluer le rôle des corporations qui étaient aussi des instruments dans la main des marchands-fabricants combiner avec le travail rural. Ces corporations ne pouvaient être vider de leur rôle initial.

D'autre part ce n'est pas dans les régions spécifiquement pauvres que se développe ce modèle de proto-industrialisation. Les paysans ne sont pas dans une passivité totale. Les effets démographiques sont aussi à revoir avec leur prolétarisation. Le modèle de Mendels fonctionne très bien en Flandre et dans quelques autres régions, mais on voit aussi d'autres espaces ruraux où les proto-ouvriers vont se marier plus tard, contrôler leurs naissances, … La prolétarisation n'est pas non plus le destin de toutes les populations proto-industrielles. Celles qui en tirent profit souvent dans le cadre du domestic system, adoptent des stratégies d'accumulation des biens, de limitation des naissances, … Et donc une minorité parvient à connaître une ascension sociale.

La proto-industrialisation comme première phase de l'industrialisation est vraie en Flandres mais d'autres régions ont connu cette phase au XVIII° avant de se désindustrialiser par la suite. De plus, d'autres régions vont voir la longue coexistence de formes proto-industrielle avec des formes ponctuelles de mécanisation, …

On a donc un modèle historique de développement élaboré sur le cas flamand mais pas valable dans toutes les régions. Malgré tout, on a beaucoup diversifié ce modèle proto-industriel initial mais avec des formes plus adaptées aux régions.


  1. Le développement du travail proto-industriel


Du point de vue des marchands-fabricants, il faut répondre rapidement aux demandes du marché et la main d'œuvre rurale est la plus flexible car sans condition à l'embauche ou au licenciement. On s'adapte rapidement aux demandes des marchés. On est donc dans un système de type flux-tendu. Autre avantage à leurs yeux, ce système limite considérablement les coûts salariaux car la main d'œuvre est très sous-payée par rapport à la ville. Enfin le coût social est moindre puisque les proto-ouvriers sont trop dispersés pour former une coalition ou une grève. Les marchands-fabricants le savent et cela les pousse parfois à développer ce système.


Du point de vue des autorités politiques souvent éloignées de ce système initial. A niveau national, elle adopte des politiques favorables à ce système (mercantilisme comme volonté de développer ces manufactures dans un but initial de développer la fortune du roi et de développer le système économique). La proto-industrie devient un moyen de lutte contre la pauvreté et l'oisiveté des populations rurales. A défaut d'une répartition égalitaire des terres, on peut lutter contre l'oisiveté en leur proposant un travail avec ces formes de développement rural. D'où des avantages de différents types concéder aux marchands fabricants qui les mettent souvent hors des corporations, des taxations fiscales, des subventions aux activités, … des activités subventionnées avec des clauses fiscales intéressantes.


Du point de vue des familles rurales, ce travail proto-industriel face auquel les ruraux ne sont pas juste passifs se déclinent en trois traits : indifférence dans les régions avec une agriculture relativement riche nourrissant tout le monde et avec des rémunérations acceptables, providence quand la structure de la propriété est inégalitaire, que l'agriculture est très céréalière et peu spécialisée, et enfin aubaine dans une stratégie paysanne de diversification des activités et moyen de résistance face aux pressions des grands propriétaires. Autonomie maintenue, indépendance maintenue aussi chez certaines populations comme à Saint-Quentin ou ailleurs.


  1. Des espaces complexes


Les espaces allient toujours ville et campagne dans des formes variées, hommes et femmes, travail qualifié et travail non-qualifié, … La multiplication des études sur les régions industrielles ont montré la variété de ces formes d'organisation avec des organisations plus ou moins rationnelles mais toutes tendant à limiter les coûts.


Trois exemples parmi tant d'autres dans le textile.

Une organisation très rationalisée comme à Sedan dans les Ardennes. On trouve un territoire proto-industriel en concurrence avec d'autres (métallurgie ou laine peignée de Reims). La concurrence pour la captation de la main d'œuvre rurale est forte. Le territoire sedanais s'étend donc hors de la zone de souveraineté du roi de France dans un duché. Cette organisation forme une toile d'araignée avec au centre la ville des marchands-fabricants, les activités de finition. Suit le premier cercle des villages du tissages (6 à 10 km) puis le second cercle plus large de filage rural avec des femmes et des enfants surtout ainsi que des systèmes de relais vers la ville.

La région de Cambrai, Saint-Quentin, Valenciennes produit des toiles de lin extrêmement fines (les baptistes) exportées vers l'empire espagnol. Ces trois villes concentrent les marchands fabricants, les activités des finition (blanchiment des toiles) avec de multiples relais dans les territoires diversifiés avec trois quarts de proto-ouvriers, plus ouvriers que paysans. Dans une zone plus large, un tiers seulement des populations sont impliquées dans un rapport plus équilibré entre travail agricole et travail proto-industriel. Enfin dans d'autres zones très éloignées, la proto-industrialisation ne prend pas du tout.

La Bretagne, zone de toiles de lin exportées à l'international surtout vers l'empire espagnol via Cadix ou en contrebande. On y trouve un territoire polycentrique avec des villes non reliées entre elles mais dominées par un port servant à l'exportation des produits. Nantes est en recul préférant le commerce d'esclaves, Morlaix développent les « toiles crées » et Saint Malo plutôt les « Bretagnes ».


La proto-industrie ne veut pas dire absence de réglementation. Il y a des normes de production voulus par les fabricants et contrôlés par les inspecteurs des manufactures créés en 1869 (?). Loin d'être un carcan pour les marchands-fabricants, ce sont eux qui l'ont désiré pour avoir des produits normés aux mêmes caractéristiques dans tout les points de production. Le développement de modes parfois très passagères va demander une adaptation nécessaire des marchands-fabricants à ces changements continuels. L'idée de réglementation pérenne est remise en cause par cette nécessaire adaptation aux modes et volontés des clients. La demande est motrice, dans notre cas, se développe des jeux sur les règlements toujours voulus mais toujours contournés. Cela permet en plus aux marchands-fabricants de payer moins cher leurs ouvriers en insistant sur leur non respect des normes de fabrication. Les formes de rémunérations de ce travail proto-industriel intègrent toujours un contrôle de la qualité de ce travail. Par exemple, on paye des fileuses à la grosseur du fil qu'elles ont produit et selon la norme en vigueur. Le travail a beau être dispersé il reste contrôlé par un système de paiement à la qualité.



  1. Le travail dans les espaces industriels complexes : « manufactures », « usines », …


  1. Dans quels secteurs et pourquoi ?


Dur d'envisager toutes les situations. Les choix de concentration sont toujours des choix minoritaires dans des secteurs de pointe et assez spécifiques tels les manufactures de tabac, les arsenaux (proto-fabriques concentrées), les savonneries, les forges de métallurgie, les fours de verrerie, … Ce sont souvent des secteurs à processus techniques complexes avec la présence de machines et d'installation techniques qui nécessitent des investissements importants et des secteurs où il est difficile de séparer les différentes phases de processus techniques et encore moins d'effectuer les tâches après un temps long (dans le textile on peut filer la laine et la laisser plusieurs mois dans des entrepôts avant de la traiter). Ainsi les étapes doivent souvent rapidement s'enchaîner en verrerie ou dans les forges notamment. Dans les produits de luxe, un contrôle rapproché des ouvriers doit permettre de vérifier la qualité des produits fabriqués.

On trouve donc de fréquentes associations de formes variées et aux formes institutionnelles tout aussi variées. Ainsi dans la Grande Fabrique lyonnaise (30 000 ouvriers), implantée au cœur de la ville, on imite les fabrications italiennes. Rapidement au XVIII° siècle, Lyon donne la mode dans les soies en Europe. Cette industrie est donc urbaine mais dispersée dans la ville. Elle est dominée par environ 300 marchands-fabricants. Ils achètent la matière première, donnent les dessins régulièrement renouvelés. Ces marchands-fabricants contrôlent une structure pyramidale avec sous leurs ordres des maîtres ouvriers en soie qui travaillent à façon pour les marchands-fabricants. Ces maîtres ouvriers font travailler dans leurs ateliers des compagnons ouvriers très nombreux, mais aussi des femmes qui font en général les travaux les plus difficiles et souvent considérés comme les moins qualifiés. Le reste de la structure corporative est manipulée par les marchands-fabricants à la tête de cette structure pyramidale. C'est donc un putting out system au sein d'une ville.

A coté on trouve pourtant des maîtres marchands en soie qui achètent la matière et vendent les pièces qu'ils confectionnent eux-mêmes avec une indépendance plus grande. Mais ce statut peu courant entre en plus dans une spirale de prolétarisation.


  1. Les espaces de travail


Le Dijonval de Sedan, grand palais manufacturier construit au XVIII° siècle avec des ailes proto-industrielles. La concentration à Sedan est complémentaire de la dispersion avec une conception rationalisée de l'espace puisque l'on trouve au rez de chaussée les laineurs, à l'étage les tondeurs surveillés par un contremaîtres, au dessus le femmes qui vérifient le tissu et enfin les chardons dans les greniers. Moyens techniques et contrôle du travail vont donc de pair.

A partir du XVII° siècle, ce type d'architecture monumental se développe répondant aux exigences de prestige, de contrôle, … pour affirmer la qualité de son produit. Ainsi à Abbeville, on retrouve l'aspect du Dijonval. A Jouy-en-Josas, Oberkampf importe la fabrication des toiles imprimées selon la mode des indienneries et installe dans cette ville, une fabrique d'indiennes. C'est une forme de fabrique au village avec une concentration à Jouy-en-Josas, un village tout petit qui va alors se développer. On en trouve aussi dans les faubourgs parisiens comme la manufacture de glaces, de papiers peints, de tapisseries dans le faubourg Saint-Antoine, ou la manufacture des Gobelins dans le faubourg Saint-Martin avec un cas particulier, cette manufacture est au service du roi. De même, les bâtiments longs et monumentaux des corderies royales de Rochefort (374 mètres de long) où l'on trouve des magasins, des fonderies, des forges, des poudrières, … Ou encore les salines royales d'Arc et Senans, projet de Claude Nicolas Ledoux entre 1775 et 1779. On devait y trouver les bâtiments de production, les logements ouvriers, les magasins et au centre à la fois la chapelle et la maison du directeur. Cela fut en partie réalisée, mais resta essentiellement une utopie où Ledoux voulait « Tout voir, tout contrôler ».

mardi 22 novembre 2011

Etat 21 - 11

Précédemment : Etat 14 - 11








  1. La notion de référentiel


Les concepteurs de l'action publique sont aussi influencés par des valeurs ou des conceptions du monde. Les politiques publiques reflètent ces valeurs et les conforte. Depuis les années 1980, un référentiel de marché néolibéral s'est banalisé et ce référentiel de marché se diffusant dans la société va faire que certaines politiques publiques seront plus adoptées que d'autres. La vision né

olibérale du monde a donc son impact sur les politiques publiques. C'est le cas du traitement de la pauvreté passant de fous à des marginaux, puis à d

es assistés ou encore à des victimes. Les représentations changent et les politiques publiques en font de même.

Tout une partie des analyses sociologiques des politiques publiques est cognitive, elle analyse les représentations qui permettent la mise en place de telles politiques.


  1. Le processus


Les politiques publiques doivent être conçues comme des processus qui s'inscrivent dans le temps long. Plusieurs grilles d'analyses vont essayer de délimiter les différentes étapes qui se succèdent dans la formation du processus de ces politiques. Celle de Gilles de Jones en détermine 6 successives :

  • Identification du problème.

  • Formulation des solutions et d'un programme d'action.

  • Prise de décision par l'acteur politique, lors d'une fenêtre d'opportunité (profiter d'un événement pour s'exprimer publiquement sur un sujet).

  • Mise en œuvre du programme où l'on applique les décisions.

  • Évaluation des résultats (objectifs remplis ?).

  • Fin du programme.

Mais cela ne reste qu'un schéma, les étapes ne se font pas toujours dans cet ordre, certaines étapes se fondent, le programme pe

ut évoluer plus qu'il ne se finit, … Bref ce schéma n'est pas exempt de critiques.


  1. Une séquence de politique publique : le cas de l'inscription sur l'agenda


  1. La logique de l'agenda politique


L'agenda c'est l'ensemble des problèmes perçus comme appelant un débat public et nécessitant l'intervention des pouvoirs politiques. On parle alors de mettre sur l'agenda politique un certain nombre de questions. On deux types d'agenda :

  • L'agenda instit

    utionnel ce sont tout les problème relevant de droits ou par habitude des compétences de pouvoir public. La notion d'institution prime dans cette expression puisque de par leur stabilité, ces institutions s'occupent de ces problèmes là (par exemple le budget).

  • L'agenda conjoncturel ce sont les questions plus nouvelles qui émergent dans le champ politique, tel ce qui a traits à la procréation. L'État se positionne commence à intervenir mais de manière si récente que ce n'est qu'un prémisse.

L'émergence d'un problème sur l'agenda politique intervient parfois de manière naturelle (émotion collective suite à un événement, sécurité menacée, …), bien que le plus souvent cependant ce n'est pas le cas. De plus, des questions émergent du secteur privé avant de prendre écho dans le secteur public, ce qui change selon le pays. L'électricité domaine privé de l'État aux USA est public en France. Il n'y a pas non plus de lien direct entre la gravité du problème et l'intervention de l'État, d'où la recherche de seuils pour savoir quand est-ce qu'il faut intervenir.


  1. Les mécanismes de publicisation des problèmes


Le problème devient enjeu politique lorsque des acteurs parviennent à susciter un débat public autour de lui et à le faire rentrer sur l'agenda politique. Les problèmes n'entrent pas naturellement dans cet agenda mais par le fait des acteurs qui exercent une mobilisation.

Le premier facteur est que les acteurs qui s'en emparent doivent disposer de ressources importantes qu'elles soient matérielles ou encore et surtout médiatiques (capacité à mobiliser les médias) et les ressources symboliques. Au delà de cela, il existe des professionnels de mise sur l'agenda de problèmes (comme les dirigeants syndicaux, les lobbys, associations, …). Tout ces groupes d'intérêts ont développé des méthodes pour rendre visible un problème et des moyens pour accentuer leur visibilité.

Le second facteur est la capacité de mobiliser un vaste public. Un même problème peut être formulé de manières

différentes et certaines formulations pourront être plus utilisé que d'autres. Par exemple la violence scolaire : pour certains c'est la conséquence de l'environnement, le cadre de vie de ces enfants, pour d'autres c'est un système scolaire inadapté et d'autres encore y voit une démission des parents qui sont responsables des actions de leurs enfants. Toutes ces situations correspondent à une facette de la réalité et ce qui joue ensuite c'est le rapport des acteurs sociaux qui vont faire valoir leur vision.


Cette phase est donc décisive, un problème d'ordre privé ne va pas faire agir l'État, aux acteurs de faire valoir que ce problème est surtout public. Le suicide au travail est poussé par les syndicats et les associations sur le domaine public, tandis que les grandes entreprises soulignent la dimension psychologique et privée de ce sujet. Le sens qui va être donné au problème va déterminer le type de réponse qui va être apporté. En cas de licenciements massifs en entreprises se justifie pour les dirigeants par la condition de survie des entreprises, la structure de la mondialisation, la nécessité de ce plan pour perdurer ; les syndicats soulignent des résultats sociaux désastreux, … Et selon la force des acteurs l'État interviendra ou pas.

La définition la plus juste dépend donc des ressources des acteurs mais aussi du cadre référentiel avec des préoccupations qui prennent sens dans l'ère du temps, dans un moment donné d'une société. Si la demande n'a pas de représentation dans les cadres dominants, elle aura peu de chances d'aboutir. L'inscription des problèmes est largement dépendante des représentations qui sont domin


antes dans une société à moment donné.


  1. Les réponses des pouvoirs publics


Premier cas de figure, le pouvoir politique refuse d'agir. Soit celui-ci refuse explicitement de créer des politiques

publiques pour régler le problème (une non-action qui est une prise de position par l'État et qui fait sens), soit ils peuvent l'enterrer en refusant d'y répondre et en l'ignorant, soit enfin, il délégitime les acteurs qui portent la demande (irresponsabilité, …). Ce dernier cas est très présent quand les groupes ne sont pas reconnus par la société.

Deuxième cas, l'État accepte d'y répondre. L'État peut alors adresser un signale à l'opinion publique les autorités accueillent une délégation du groupe concerné et si possible le font suivre par les médias, ce qui montre l'intérêt porté à la question. Reporter à plus tard le problème en créant une commission d'experts par exemple. Le gouvernement peut enfin produire une politique publique pour répondre à la question soulevée via des mesures d'urgence très visibles qui s'attaquent à la partie visible du problème. D'autres actions s'attaquent de manière profonde au problème. Il faut alors établir des politiques à long terme avec des bénéfices à long terme qui ne sont alors pas caler sur le temps de élections.


Un agenda politique est donc un espace au sein duquel différentes catégories d'acteurs qui sont dotés de ressources inégales sont engagés dans une compétition pour la définition des problèmes politiques prioritaires, et plus globalement pour l'imposition de leurs croyances et de leurs intérêts. Quatre aspects sont visibles : l'innovation conceptuelle où on imagine un nouveau domaine de politique publique, la définition substantielle soit le sens que l'on veut donner à l'intervention, l'organisation institutionnelle ou la structure crée pour mettre en place les politiques publiques et enfin la spécialisation professionnelle.





L'État et les étrangers : catégorisation et discrimination




Un des principaux pouvoirs de l'État est de créer des catégories à partir desquelles il identifie et classifie la population. Il peut aussi la comptabiliser via des recensements, la contrôler, … L'un des principaux domaines dans lesquels s'exerce les pouvoirs de catégorisations, c'est la distinction entre ceux qui sont les nationaux de ceux qui ne le sont pas. L'État construit le sentiment national en donnant un sens à la qualification de « Français ». Pour cela, soit on donne corps et contenus à ce qu'est être Français, soit on crée une distinction entre Français et non-Français. Cette distinction donne un sens à l'identité nationale. Cela passe par l'invention de la nationalité, les politiques d'asile, gérer les migrations, …



  1. Le compatriote et l'étranger


L'idée de nation est encore très récente avec notamment la fin de la monarchie et la volonté de pérenniser l'État malgré tout. Cela se consolide au XIX° siècle. Dans la conception moderne, l'identité nationale prend le dessus sur d'autres types d'identités (religieuses, culturelles, …) sous l'impact de l'État qui dévalorise les autres identités et donne un sens fort à l'identité nationale. On peut donc rendre identique les individus en créant des espaces de socialisation partagés par des citoyens. Ces espaces sont l'école, les célébrations commémoratives, le vote et les élections, les compétitions sportives, … D'autres techniques seront plus matérielles l'unification temporelle, les monuments commémoratifs, … Du coup, la communauté d'appartenance quitte la simple sphère familiale pour s'installer à l'échelle nationale.

Il faut alors distinguer le Français de l'étranger. Cela n'a pas suscité la même inquiétude qu'aujourd'hui avec le contrôle des passeports, du contrôle des frontières. Cette importante distinction émerge lorsque des droits spécifiques sont attribués aux citoyens, plus ils ont de droits, plus la préoccupation de distinguer ceux qui y ont accès, de ce qui ne le peuvent devient importante. C'est donc une seconde étape dans la construction de l'identité nationale. Les étrangers deviennent rapidement une catégorie juridique à part. Le symbole de cela est la carte d'identité, identité de papiers qui affirme l'identité nationale partagée par plusieurs citoyens, mais aussi le fait qu'ils ont accès aux mêmes droits.

lundi 21 novembre 2011

Médiévale 21 - 11

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Le Domesday Book






L'Angleterre va innover en en créant une grande enquête dés le XI° siècle, le Domesday Book dont l'objectif est de recenser l'ensemble des villes et villages et de leurs infrastructures. Il y avait 7 à 9 régions parcourues par les enquêteurs royaux qui devaient s'arrêter dans tout les lieux habités et poser des questions précises à chaque individus (à qui appartenait le comté avant la conquête par Guillaume le Conquérant ? A qui Guillaume l'avait donné ? Combien ce comté comptait de hundred (subdivision territoriale du comté) ? Combien d'habitants dans le village ? Quel est votre statut ? Quel est le statut des terres ? Combien de hide (surface de terre d'un village pour que le roi lève le gueld, impôt exceptionnel)). Les historiens ont démontré à quel point cette liste de questions précises a pu unifier le royaume. Plus que d'enregistrer, les enquêteurs imposaient un vocabulaire venu d'en haut ainsi que l'espace et le territoire comme le concevait les élites. Guillaume le Conquérant l'aurait fait pour savoir combien il existait de hide et en conséquence combien il devait toucher en levant le gueld. Les historiens anglais l'ont répudié, en montrant combien de fois ce domesday book fut recopié et transmis jusqu'au XIII° siècle tend donc à montrer que le but n'était pas simplement fiducier. De plus, cela n'aurait pas été utile de posé tant de questions juste pour déterminer les hides. Il y avait donc pour but une vraie connaissance détaillée de l'état du royaume.

Pourtant Guillaume le Conquérant fut peu imité. C'est seulement au XIII° siècle que cela revient avec par exemple les enquêtes de « réformation » de Louis IX pour connaître les abus des officiers sur les domaines du roi. Dans un second temps, revenu de la croisade, Louis IX voulant connaître la composition des domaines du royaume. Il fut alors imité à son tour au milieu du XIII° siècle avec de nombreuses enquêtes détaillées permettant au roi de connaître son domaine territorial et les revenus que peut fournir le territoire d'un prince. Le Comtat Venaissin le fait en 1253, le Poitou en 1269, …


Nordman, historien médiéviste qui s'intéresse aux frontières du royaume de France a écrit des articles suggérant de mettre en relation la manière dont les hommes du Moyen-Age rédigeaient des textes de listes de lieux et la représentation du territoire. Pour le Comtat Venaissin, les lieux recensés où l'on récupérait l'impôt forme un circuit qui montre que le territoire était perçu comme tel, ce n'est pas une classification alphabétique. Gautier Dalché constate que lorsqu'on représente les territoires sur des cartes au XV° siècle, les souverains médiévaux ne représentaient jamais de frontières. Il lui semble qu'au XIII° siècle des frontières furent réellement délimitées sur le terrains via des opérations de bornage. Du coup, il en conclut que c'est parce qu'on ne sait pas projeter l'espace sur les cartes. Or Alberti, architecte (1404 – 1472) explique que les méthodes géométriques pour représenter des territoires sur des cartes sont bien maîtrisés. Donc problème évident. Gautier Dalché continue son enquête et trouve à Venise un dossier sur des conflit de limites territoriales entre la République de Venise et de la ??? de Padoue. Dans ce dossier, il y une carte qui délimite les territoires de Venise et ceux de Padoue. Or cela semblerait avoir énervé le duc de Padoue vis à vis de l'homme qui fit cette carte car il aurait stabilisé le territoire. Gautier Dalché en conclut que les rois avaient donc une conception expansionniste de leur territoire et ne pas mettre de limites permettait ainsi d'avoir une perspective politique d'agrandissement du territoire. On s'appuie donc depuis longtemps sur des textes et cela reste.


  1. La construction d'un espace politique


Le premier facteur qui favorise un sentiment d'appartenance à un royaume fut la multiplication, fin XI° siècle, de l'envoi des agents royaux sur le terrain. Le royaume d'Angleterre est pionnier avec des shériffs qui doivent représenter le roi et être un intermédiaire entre le roi et la population, un par comté. Mais cela marche difficilement du fait de la transmission héréditaire du titre. Sous Henri II (1154 – 1189) les shériffs furent alors nommés (parfois destitués) par le roi et donc cela fonctionne plus efficacement. De plus, Henri II crée des eyres, des tournées de juges sur le terrain qui doivent tenir des assises royales à tout ceux qui le demande.

En France, à part les prévôts qui relevaient les revenus seigneuriaux, nous n'avions pas atteint ce stade. C'est vers 1190 qu'apparaissent les baillis (nommés et révoqués par le roi) destinés à surveiller les prévôts et à rendre la justice en seconde instance. Ce n'est qu'au milieu du XIII° siècle pour qu'on leur donne un territoire où appliquer leur rôle, fixés dans un bailliage.

A la même époque, en Espagne, des officiers royaux apparaissent, les merinos, installés dans les merindades (1230 en Castille, 1250 à peu près en Navarre et en Aragon). En revanche, au Portugal, il faut attendre les années 1330 pour voir apparaître des officiers royaux sur le terrain.


Un autre facteur est celui des systèmes d'imposition permanent. En France, la Guerre de Cent Ans va le permettre d'autant que depuis un siècle, régulièrement les souverains anglais et français étaient en déficit sans pouvoir rien faire. Avec la guerre on combine l'impôt direct aux impôts indirects. La taille, impôt direct, remplace le fouage (impôt sur le foyer), mais on conserve voire on ajoute de nouvelles taxes indirectes. En Angleterre, il en est de même. L'impôt direct le dixième (1/10 des revenus) ou le quinzième est complété d'un impôt indirect sur les exportations de la laine.

Dans les pays non en guerre, cela fut plus progressif. Au Portugal, Jean I forme un impôt indirect sur les échanges de produit en ville (la sisa) qui représente les 3/4 des revenus de l'État.


Même si cela devient automatique, cela oblige constamment les souverains à dialoguer avec le peuple via des assemblées représentants la population : en Angleterre, le Parlement, en France les États (provinciaux ou généraux lorsqu'ils se réunissent à Paris), en Espagne ce sont les Cortes, … Toujours est-il que le roi doit en plus agir dans l'optique de restaurer un bien public pour conserver une forme d'accord tacite. Pour Genet, un État moderne est un État dont la base matérielle repose sur une fiscalité publique acceptée par la société publique et qui concerne tout les sujets. Le roi doit donc assurer des services à sa population, en priorité celui d'assurer la défense de leur production.


Enfin le dernier facteur d'unification est dans le terme de nation, utilisé dans une réalité régionale avant la guerre de Cent Ans, qui devient la désignation de tout les gens qui se battent du même côté. La nation française se définit contre la nation anglaise. Colette Beaune dans naissance de la nation France étudie en détail le fonctionnement de cette construction nationale sous l'effet de la guerre de Cent Ans. Cela se fait avec la désignation de nombreux stéréotypes de l'ennemi par exemple. Dans Le débat des hérauts d'armes de France et d'Angleterre, qu'on trouvait en langue vulgaire en français et en anglais, ce texte présentait un dialogue entre un héraut français et un autre anglais chacun justifiant pourquoi sa nation est meilleure que l'autre. A cette époque, le terme d'« Anglais » devient une insulte monumentale après la guerre de Cent Ans. Les textes sur la psychologie des peuples connaissent un franc succès.

Par imitation, les pays exclus de cette guerre vont imiter les pratiques des Français et des Anglais en matière de nation. En Germanie en 1438, au Reichstag on trouve pour la première fois l'expression « natio germanica », puis le terme germanicus se propage à son tour au XV° siècle. Même si l'échelle locale reste prédominante chez les individus, la réalité territoriale d'une échelle plus grande commence à apparaître au XIII° siècle.






Les transformations de l'espace et des paysans ruraux (XI° - XV° siècle)








L'apport archéologique est très utile dans ce cours. Burnouf explique que les archéologues dans les années 1970 n'assumaient pas leurs découvertes et pour s'affirmer comme science, ils durent donner du matériel pour alimenter les discours des historiens. Les archéologues furent longtemps au service des historiens des textes comme Marc Bloch. Dans les années 1980, l'archéologie s'affirme avec une multiplication des sous-courants (archéo-zoologie, …) et l'étude d'espaces naturels pour étudier sur le temps long l'évolution de ces espaces. Aujourd'hui, il n'existe plus d'immenses chantiers de fouilles sur un village entier et ses tendances sur plusieurs dizaines d'années. Aujourd'hui tout entrepreneur souhaitant faire des travaux doit faire des fouilles préventives auparavant. On a donc eut la multiplication de petits sites de fouilles un peu partout, ce qui alimente le débat de l'organisation de l'espace.



  1. Les formes d'habitat rural


  1. Des villages plus précoces qu'on ne le croyait


Un premier stade est celui des habitats dispersés qui sont ensuite qualifiés d'instables, puisqu'on habite un lieu un certain temps, puis on part vivre un peu plus loin. L'habitat très dispersé gallo-romain, devient des pôles toujours dispersés mais plus gros, puis voire l'abandon de ses pôles pour un nouveau site mieux placé qui se fixe et se stabilise. C'était la première théorie qui avait aussi tendance à souligner que les gens vivaient dans des fonds de cabane (structures légères à couverture végétale et légèrement enfoui dans le sol, cf image ci-dessus).

Avec les fouilles préventives, on remet cela en cause. D'abord on constate que la plupart des villages construits jusque là avaient été abandonnés à la fin du Moyen-Age et il s'agissait toujours des lieux d'habitation tardifs. Avec les fouilles préventives dans les villes importantes, on redécouvre des traces d'habitat parfois très anciennes. Dans le site de la Grande Paroisse en Seine et Marne, on a retrouvé l'organisation du village et on y découvre que les fonds de cabane sont autour de bâtiments plus importants. On pense donc qu'ils servaient d'ateliers ou de lieux de stockage plus que d'habitations. Certains historiens ont dénoncé un faux-village, un vrai village étant fixé et constitué d'une communauté d'individus. Les archéologues ont donc encore cherché et ont trouvé le village de Planchebaut (seconde moitié du IX° siècle). Ce village s'organisait autour d'une place avec des habitations autour et plus loin, une aire de travail pour les cultures (structures de séchage, …). De même dans le village de Rentilly, deux zones apparaissent : celle d'habitats et celles d'activités collectives (fours, sillots, puits, …).


Les archéologues remirent en cause le dogme d'incastellamento, ils ne le contestent pas mais montrent plutôt que ce système d'habitat date de bien avant ce qu'on pensait (VIII° siècle au moins). En Angleterre dés les années 1980, 200 villages furent fouillés et les archéologues précisait que le village fixe existait bien avant ce qu'on pensait. Du coup, on parlait d'une civilisation foncièrement différente en Angleterre pour expliquer cela. En réalité, c'est son système de fouilles archéologiques qui lui donnait ce statut. Aujourd'hui on sait de plus une nouveauté : les villages groupés existent avant le XI° siècle, mais en plus, ils n'effacent pas les systèmes d'habitats dispersés, les deux se côtoient pendant longtemps. Le village n'est plus progrès débutant au XI° siècle.



  1. Un bâti qui s'organise et progresse en qualité


Un premier élément notable de transformation concerne le regroupement progressif du bâti à l'intérieur des villages. Dans le village de Tremblay (qui semble exister depuis le X° siècle), les habitations étaient très dispersées au centre de parcelles et de vergers. Au fil des siècles, ce village se transforme avec l'apparition d'une rue et l'organisation de bâtiments jointifs qui sont plus en communications et qui s'accompagnent de petits jardins à l'arrière. De plus cela se double d'un changement des matériaux avec le passage de maisons de bois des maisons de pierres. Le village de Wawne en Angleterre montre que le vieux village est dispersé et fait de constructions en bois avec une seule pièce, au XIV° siècle, un nouveau village s'organise le long d'une rue avec des maisons jointives avec des jardons à l'arrière et ces maisons sont dorénavant en pierre avec plusieurs pièces. Les maisons en bois sont abandonnées en tant que lieu d'habitat mais pas en tant que lieu d'atelier.


La pétrification de l'habitat ne veut pas dire qu'on entre dans un monde plus fixe. Le village de Wharram Percy en Angleterre toujours, montre que les maisons sont reconstruites au même endroit à l'intérieur du village malgré le fait que la maison était faite de pierre. En moyenne dans ce village on reconstruit sa maison tout les 9 ans. Cela suivit aussi le rythme de la conjoncture. Dans le village de Rougiers en France, zone escarpée, avec un château en hauteur et un village en contrebas, en temps difficiles au XIV° siècle (grande peste), en plus de la croissance démographique, des paysans vinrent s'y réfugier ou y trouver un travail qui rémunérait (verrier pour Rougiers) et on a une réorganisation de l'habitat en détruisant les murs devenus inadaptés même si l'espace de vie des familles sont un peu réduit. On a donc un effet de concentration dans des villages facile à défendre, les mieux placés le long des voies de communications, les endroits avec des terres arables ou un métier spécifique.

Cela provoque donc une tendance à la désertification de certains autres villages (Rougiers sera déserté plus tard) ce qui a développé les grandes archéologies françaises sur ces villages abandonnés, mais qui étaient faussées car peu représentatives.



  1. L'organisation du terroir


  1. L'essor de l'espace mis en valeur XI° - XIII° siècle


C'est dans un contexte de croissance démographique qu'on aménage de nouvelles terres, elles-mêmes favorisant la croissance démographique. Le monde médiéval était très organisé autour des forêts qui couvraient 50% à 70% du territoire de l'Europe. On avait de vastes ensemble forestiers continus et denses qu'on ne connaît guère aujourd'hui. A l'époque ce saltus s'opposait à l'ager. On développa alors la pratique de l'essart (défrichement) qui permit de faire reculer l'importance de la forêt. La Picardie à vu sa forêt disparaître en deux temps 1150 – 1170 puis 1220 – 1250. Ce défrichement est tardif par rapport au reste de l'Europe mais massif.

Cela s'est accompagné d'un autre développement des terres avec l'assèchement des terres pour en faire des zones cultivables : polders en bord de mers et assèchement de terres ou régulation de rivières dans les terres (via des canaux ou des levées).

samedi 19 novembre 2011

Géo des Suds 16 - 11

Précédemment : Géo des Suds 09 - 11









  1. La place du religieux


La religion musulmane est très présente sur le Nord de la Côte Ouest africaine, sur la corne et dans le Nord des pays situés sur le Sahara. Les pratiques animistes sont très présentes dans tout les pays et compatibles avec les religions classiques. Les chrétiens sont très présents dans le Sud et le centre de l'Afrique, cette religion a été importée par les colonisateurs, pas la religion musulmane.


Les grandes religions ont aujourd'hui un rôle ambigu. Elles sont des relais de la mondialisation avec l'investissement de grands pays religieux dans les pays où leur religion est fortement représentée (Arabie Saoudite dans les pays du Nord de l'Afrique subsaharienne). Les pays du Nord moins religieux pas

sent pour soutenir les pays d'Afrique par des communautés religieuses très présentes. Pourtant la religion n'a pas de rôle politique déterminant dans les pays d'Afrique, si c'est très fort à l'échelle individuelle, ça ne l'est pas à l'échelle étatique. De plus, on constate une individualisation de la religion. En effet, les religions n'ont pas de solutions aux grands problèmes des Africains. Ces grandes religions perdent du terrain en matière d'influence sur les fidèles au profit des religions pantecotistes. Il y a bien eut des tentatives pour reprendre le contrôle des fidèles en adaptant ces réponses aux préoccupations africaines, par la base, la hiérarchie le refuse.

Les Eglises pantecotistes se réclament davantage dans la proximité avec les fidèles, on se parle, on échange, on quête, on danse, … De plus ces églises ont deux réponse à deux questions principales des Africains : que faire face à la maladie (le mal) ? L'Église évangélique propose de l'exorcisme. Que faire face de l'enrichissement d'une élite urbaine minoritaire : l'Église classique propose de redistribuer, l'Église néoévangélique signale que c'est le profit personnel donc pas besoin de redistribuer aux plus pauvres. On a donc des jeunes entrepreneurs qui réclament un rigueur morale, un fondamentalisme religieux mais ouvert à la réussite personnelle. Au Bénin, plus de 300 Eg

lises néoévangéliques existent, plus de 1000 au ???. Ces nouvelles Églises arrivent à combiner les traits culturels de la religion et le contexte mondial d'autre part. Souvent les fondateurs de ces Églises sont produites par des chefs d'État africain et sont même parfois source de conflits religieux et s'exprime partiellement dans les guerres qui peuvent avoir lieu. De même pour les grandes religions comme au Nigéria depuis 1999 et en 2010 plus de 500 morts eurent lieu dans ce conflit. Pourtant tout n'est pas à cause des religions, c'est aussi un conflit économique entre les éleveurs qui sont mobiles et les paysans fixés sur des terres, un conflit tribal, … Probablement que diverses raisons s'emboitent. Sur le plan politique, les grandes églises perdent du terrain aussi. Surtout depuis que le protestantisme pris part au régime d'apartheid. Le catholicisme ne prend jamais parti dans le débat politique et prône la démocratisation africaine. Dans le pire des cas, des représentants de cet Église sont pris dans la politique du ventre mou.


Le problème est surtout qu'il n'y a pas

dans ces États africains (sauf l'Afrique du Sud), de mode d'organisation des individus permettant de dépasser les clivages communautaires. Cette défaillance d'encadrement à l'échelle nationale (et surtout professionnelle avec des syndicats). La raison de cette absence vient du fait que la classe ouvrière est minoritaire en Afrique, on a surtout des paysans dispersés avec des intérêts divergents. La société civile africaine est trop peu structurée et organisée. Difficile de trouver un interlocuteur local.

L'autre raison est que tout ces encadrements, de la famille aux religions, pratiquent une confusion des systèmes avec un mélange des cadres économiques, politiques, sociaux, … Ce chevauchement des milieux est visible à tout les étages de la société, de l'État au chef d'ethnie ou au chef de famille. En tentant de décentraliser le pouvoir de l'État vers les villages, les familles ou les ethnies, alors on retrouve le même système. Il faut donc réformer l'État et la société en les laissant entre autre évoluer d'eux-mêmes.







L'Afrique dans la mondialisation




Le propos tenu est très général mais exclu l'Afrique du Sud qui s'approche surtout des pays émergents. Les autres pays étant ceux qui ont raté le tournant économique et sont restés des importateurs de matière première. Il y a une opposition entre ce continent pauvre alors qu'il regorge de ressources notamment minières, convoitées par les marchés. L'économie africaine a connu une stagnation de la productivité dans les dernières années. L'économie est peu intensive et gagne peu en productivité avec la même quantité de capitaux investis. Cette économie est très fragile car les matières premières dépendent des tendances des marchés et peuvent donc entrer en crise sur le bon vouloir de celui-ci. Mais les matières brutes ne sont pas la seule ressource, on a des embryons d'industrie qui ont eut lieu mais avec la libération commerciale, la concurrence des produits asiatiques les ont fait échouer (l'industrie textile de Côte d'Ivoire). Le continent sans compétitivité à été marginalisé économiquement. Enfin c'est une économie de rentes.


  1. Un continent en perdition ?


  1. La crise macroéconomique


A. L'économie des rentes


Cette économie de rentes fonctionne sur la seule base des revenus du capital fixe installé. On fonctionne sur une seule ressource. L'argent récupéré des profits qui sont fait ne cherchent pas à consolider l'entreprise, ou la moderniser, ou la diversifier, … L'argent issu des bénéfices assure juste la continuité et les excédents sont mis dans les rapports sociaux tels les enterrements, les mariages, les baptêmes de la communauté. On transforme donc les profits supplémentaires pour obtenir du cash dans ces objectifs. Les programmes d'aide voulant aider ces entreprises à devenir des PME et leur fournissant de l'argent l'investissaient dans les rapports sociaux.

Le contexte vulnérable de l'économie empêche les entrepreneurs d'investir dans une entreprise qui peut s'écrouler à tout instant et donc faire perdre l'argent accumulé. En Afrique, on investit dans les terres qui sont fixes ou dans les transports, mais rarement dans les machines ou les infrastructures. Toute l'économie africaine entre dans ce système.


A cause de ces caractéristiques, les pays africains n'arrivent pas à sortir réellement des trappes de pauvreté. L'argent circule énormément mais pas dans les entreprises ou les activités économiques jugés trop fragiles.

A cela s'ajoute depuis les années 1960, le PIB de l'Afrique subsaharienne a atteint des taux très bas avec une remontée rapide mais aléatoire et fragile. Ainsi sur la décennie 2000, la croissance du PIB est plus faible qu'en Asie, mais en plus elle s'effondre très vite en 2008. Le PIB moyen par habitant et alors de loin le plus faible dans les pays d'Afrique subsaharienne, sauf quelques pays pétroliers un peu au-dessus des autres (Nigeria, Gabon, …). Si l'État gabonais est plus riche que la Zambie, les habitants ne le sont pas forcément davantage. Botswana, Afrique du Sud, Ile Maurice, sont bien au-dessus du lot, on a donc clairement à faire à des pays émergents.


On a donc essayé rapidement de les sortir de leur endettement. Leur dette entre 2000 et 2009 n'a pas diminué, mais elle passe de 60% du PIB en moyenne à 20% en général. Plus de la moitié des prix de leurs exportations servent au remboursement de la dette (56% des bénéfices). Il ne reste donc que peu de choses pour payer les fonctionnaires et encore moins pour développer un programme social et un développement efficace. Autre chose, on leur a conseillé de démanteler leurs appareils douaniers ce qui a détruit leur économie industrielle mais a augmenté les richesses du pays dans la vente des matières premières. On avait donc une stratégie industrielle de substitution aux importations, c'est à dire une industrie locale qui utilise les ressources du pays (des pagnes et des camisoles prenant appuie sur le coton régional). Cela convenait si le marché intérieur est moins cher que le marché extérieur. Le protectionnisme africain favorisait cela, mais avec la libéralisation, ce n'est plus possible, il est moins cher d'acheter ce qui vient de l'étranger. En effet, le coût du travail en Afrique est élevé d'autant que le franc CFA est lié à l'euro et donc plus élevé que les monnaies asiatiques.


L'idéal serait aussi d'avoir plus de gouvernance. Pourtant quand l'État s'est renforcé pour mieux contrôler ces entreprises publics, les instances internationales ont forcé à stopper cette technique pour faire intervenir un partenariat avec des acteurs privés qui ont demandé de reconfigurer l'État en général, cela a décentralisé le pouvoir politique et économique. Ainsi, on leur a imposé de créer des directions régionales ou des agences doivent gérer un domaine particulier avec des représentants et des acteurs de tout bords.


B. Les déséquilibres sectoriels


Pendant les réformes, on a assisté à un appauvrissement, le temps de s'habituer, puis un décollage rapide eut lieu avant de retomber aussi rapidement. On en a conclu qu'on a pas assez travaillé secteur par secteur. On constate donc que l'essentiel de la croissance africaine vient des ressources minières en plein essor, mais ça ne va pas développer le pays. De plus, l'agriculture semble aller mal, elle ne représente pas un point de croissance économique alors que la population travaille pour l'essentiel dans ce secteur. Cela ne produit que peu de richesses. C'est donc les services qui semblent devenir le nouveau secteur, sauf que c'est du service informel (donc pas quaternaire, aide aux entreprises), type coiffeurs, … C'est surtout, comme l'agriculture, un moyen de survie. Seule l'Afrique du Sud est une réelle croissance industrielle.


L'industrie est donc un problème car sa croissance est aux mains d'entreprises étrangères. L'industrie extractive est un avenir avec des ressources très variées et intéressantes. On a donc des entreprises étrangères très séduites. Mais en développement, ce n'est guère le cas. Les chinois très présent au Congo pour extraire de tout, ont fuit le terrain après l'effondrement du marché en ne laissant que des machines et des routes. Aux pays africains de forcer les entreprises à investir dans des projets de développement et de recycler de manière plus adéquat les richesses africaines.


L'agriculture c'est différent. Le continent qui possède de nombreuses terres arables fait des locations de terres arables pour d'autres pays (du Golfe) : le land-rabbing. C'est un immense potentiel mais l'agriculture africaine est archaïque, elle ne connaît pas l'irrigation, n'est pas modernisée, … Elle ne peut donc suffire au développement d'un pays, sauf dans de rares cas, et suffit parfois tout juste aux familles. De plus peu de crédits, d'énergies leur sont fournis.


Les services il y a un vrai terreau, mais pour être producteur de richesses, il faudrait des compétences plus forte, ce qui est difficile quand la population est encore très analphabète. Il faut donc miser sur le long terme : éducation et qualification. On en est loin.


C. Une marginalisation économique inquiétante


Contrairement à nos espoirs, l'Afrique est encore plus marginale dans le commerce économique qu'elle l'était il y a 30 ans. Passant de plus de 6% d'exportations africaines dans le commerce mondial en 1980, puis ensuite chute jusque dans les années 2000 où bénéficiant des investissements chinois, l'Afrique connaît une légère remontée pour atteindre 3% aujourd'hui. C'est donc plutôt une régression. Par ailleurs, la composition des ventes africaines sont essentiellement de matières premières (mais le bénéfice tient aux traitements de ces matières où on trouve la valeur ajoutée et cela se fait dans le Nord) comme le pétrole brut, les cosses de cacao, … Cela représente 70% des exportations. L'Afrique reste une pourvoyeuse de matières premières en arrière-cour pour l'ensemble du monde, comme aux temps coloniaux. C'est donc assez terrible.

Il reste de petites industries (automobiles au Nigéria, …) éparses et marginales.


En sortant de la colonisation, la très grande part des exportations se fait vers l'Amérique du Nord (les deux tiers). Aujourd'hui l'Europe ne représente plus que 40%, l'Amérique du Nord est montée à 24% (surtout du pétrole par les accords AGOA, permettant aux USA sous réserve de démocratisation des États africains d'accéder par des tarifs douaniers avantageux sur le marché africain) et l'Asie entre à 20% avec la Chine qui est le premier partenaire de ces pays. On a donc une diversification des partenaires mais aussi une limite dans le système d'importation et d'exportation du continent qui n'enclenche guère de développement.


On mise enfin sur les investissements étrangers (les IDE) pour développer le continent africain, vu que les pays eux-mêmes ne le peuvent pas. Cela se limite à 2% des flux d'IDE mondiaux par an. C'est donc insignifiant. De plus, si on regarde la répartition de ces IDE sur l'Afrique subsaharienne cela touche essentiellement les pays pétroliers (Nigéria, Soudan, Angola, Gabon, Namibie (gaz), Botswana (diamant), Zambie (cuivre)…). Donc on tourne en rond.

Notons la participation de l'Afrique du Sud vers les pays d'Afrique, solution qui se diffuse toujours dans les ressources minières mais montre les échanges au sein de l'Afrique.