dimanche 13 novembre 2011

Géo des Suds 09 - 11

Précédemment : Géo des Suds 02 - 11












  1. La village : deuxième niveau d'encadrement


Le village est un mythe de la géographie tropicale française peut être sous l'influence des villages ruraux français. En Afrique subsaharienne, c'est une concentration spatiale avec des groupes de parenté qui s'organisent pour cultiver en commun un terroir. Cette forme en réalité se trouve en Afrique de l'Ouest mais pas vraiment en Afrique orientale et centrale. Les formes d'occupation de l'espace ont une certaine incidence sur le groupement ou la dispersion. Idem pour les régions forestières, comme au Congo, à cause des jachères forestières.

Les systèmes d'héritage ont aussi leur influence. Les systèmes patrilinéaires où l'on hérite de pères en fils ainé, et d'autres matrilinéaires où les fils héritent de leur oncle maternel. La première version pousse l'ainé à travailler et entretenir pour son avenir les terres. Cela favorise aussi la reproduction au sein du village. Avec le système matrilinéaire, on est sur que la terre reste dans le clan de la mère, dans le même sang. Mais de tels systèmes ne sont pas favorables au village, puisque le fils ainé cultive les terres de son père jusqu'à la mort de son oncle. Du coup, cela crée de nombreux conflits entre les enfants pour savoir qui obtiendra la terre. Cette concurrence favorise l'entreprenariat compétitif et les départs en ville pour les plus jeunes qui ne peuvent acquérir ces terres. Donc l'habitat est dispersé.

Dans les zones musulmanes l'habitat est davantage groupé car l'Islam est très liée au commerce, pratique la grande prière du vendredi, tout cela a favorisé l'habitat groupé. De même pour les administrations coloniales et post-coloniales qui préfèrent les habitats groupés et auraient eut du mal à développer les villages. Nyerere en Tanzanie voulait des micro-assemblées dans les villages, mais ce type d'encadrements fut peu efficace.


  1. L'ethnie : entre ethnicité et ethnisme


L'ethnicité est un terme descriptif, sentiment d'appartenance à une ethnie particulière. Ethnisme est un terme scientifique qui dénonce la manipulation du terme ethnie en politique. Chez nous, le mot tribu autrefois employé et chargé de sens colonial, se transforma pour un terme venu de la Grande-Bretagne, ethnie. Pourtant, ce mot a tendance à devenir un mot d'emploi courant et peu pertinent. Au départ ethnie c'est l'idée qu'un groupe se construit une identité autour d'un ancêtre commun, ce groupe voulant partager une identité et une culture (langage proche, lignage proche, …).


Pour plusieurs géographes, l'ethnie est une construction européenne qui n'avait pas cours en Afrique. Pour les géographes africains, peu importe qu'elles furent construites, aujourd'hui elles existent et ont un fort impact (guerres ethniques, présentation ethniques).

Les ethnies seraient un héritage du passé qui parasitent la vie politique empêchent le développement de l'Afrique. C'est partiellement une erreur, les ethnies se modèlent et se transforment voire se forment toujours aujourd'hui. Il s'agit certainement de manipulations permanentes qui fondent une nouvelle donne ethnique (changement de population, reconnaissance de telle ou telle ethnie).

Ces ethnies ont longtemps été manipulées par les coloniaux et furent donc entâchées, à tels point que certains veulent s'en départir. En effet, les colonisateurs voulaient d'abord tracer des frontières pour partager le territoire, de maîtriser ce territoire et de civiliser les peuples. On a donc identifier et classer les peuplades grâce aux missionnaires notamment. Ils ont donc d'abord classer selon ce qu'ils voyaient, puis selon les modes de vie (forestiers, pêcheurs, montagnards, …) puis les systèmes de parenté (patrilinéaire, matrilinéaire), les cultes et aussi les langues. Pour convertir il fallait connaître leurs langues et ainsi les missionnaires ont classer les langues en formant des groupes. Certains groupes proches furent scindés, d'autres éloignés furent réunis. Bref toujours est-il que ses reproches à posteriori ne sont pas pertinent, les missionnaires ont fait comme ils ont pu, sur le moment.

En revanche, les colons voulaient hiérarchiser les groupes pour civiliser les plus civilisables (les évolués / les non-civilisables). Une fois défini, il fallait les classer pour les civiliser. Les colons peu nombreux, voulaient ainsi recevoir l'aide des peuples. Les Belges ont distingué les Tsuti comme aristocratie, les Outou plutôt la populace limitée intellectuellement (peut être sur une base de caractères négroïde).


A cela, il fallait aussi cartographier les zones. Les groupes qui existaient probablement n'avaient pas de notion de frontières, seulement des espaces avec des marches. Les colonisateurs voulant figer les séparations, on a regroupé des groupes éloignés et diviser des groupes proches. Cette fixation supposée des ethnies était certainement loin de la réalité. Au Kenya, on a tenté de respecter les ethnies en leur donnant des territoires, mais celles-ci se sont remises à les dépasser et l'Angleterre n'a pu les contrôler. Au contraire, le régime d'apartheid instaura le Grand Apartheid, des territoires d'Afrique du Sud blanche avec des noirs dans d'autres territoires (homeland, bantoustans), qui viendrait comme migrants travailleurs dans les territoires blancs. Il a fallut alors reclasser les groupes selon la mixité et les caractères supposés des races. Au total on recensa 9 bantoustans, avec leur culture, leur gouvernement, … Mais l'entreprise échoua, heureusement.

Enfin les colonisateurs ont cherchés des interlocuteurs locaux en prenant des chefs qui devenaient chefs d'ethnies et intermédiaires officiels. Là où les chefs n'étaient pas clairement définis, cela provoqua des tensions énormes et aboutirent aujourd'hui encore à des créations ethniques. Ceux qui ne se reconnaissent pas dans la structuration coloniale, forment leur propre ethnie plus légitime et authentique.


Cet héritage plombe la notion d'ethnie. Aucun État africain n'a décidé de supprimer les ethnies après leur indépendance, préférant laisser à chacun son héritage sans balayer le substrat ethnique. En conséquence, jamais les ethnies ne furent aussi vivaces qu'aujourd'hui. On voit en effet, que tout africain se réclame d'une identité ethnique avec ses coutumes, ses langues, … Le problème c'est qu'il existe en conséquence des territoires ethniques pour les rituels, les lieux de pèlerinage, ceux de réunion, … Au Congo, on avait au départ, un conflit entre deux individus qui soulevèrent chacun une ethnie. L'un des deux dut avoir à faire à un groupe ethnique qui en fait était composé de trois ethnies différentes dans un même territoire, avec des revendications similaires. Ainsi ce leader les regroupa par achronisme sous le nom de Nibolek). Pareil au Kenya avec le président Arap Moi qui créa géographiquement les Kalenjin. On parle alors d'ethnisme quand il y a une instrumentalisation volontaire des ethnies. Les élections ont plus que jamais ravivé les clivages. La décentralisation a aggravé aussi ces ethnies avec une lutte pour l'accès au pouvoir. En culture, en guerre, … les ethnies reviennent toujours, elles ont donc une réalité certaine aujourd'hui indépendamment des erreurs et manipulations des colonisateurs. Elle est incontestablement une force d'encadrement, plus que le village qui n'en est pas une.


  1. Les structures d'encadrement « traditionnelles » à l'épreuve de la ville


Tout ces encadrements traditionnels s'adaptent en ville : famille, lignage ou ethnie. En effet, ils investissent la ville et s'y modernisent. Les chefferies ne donnent plus les terres demandées gratuitement à un nouvel arrivant, mais il légitime la possession d'un territoire, ce que l'État ne reconnait pas. C'est légitime, pas légal.

En ville la concession familiale principale finit par s'agrandir, pas par l'ajout de bâtiments adjacents mais par l'achat au gré des opportunités des habitations. C'est un éclatement spatial mais certainement pas familial. Le groupe familial continue à fonctionner de manière très centralisée. Un membre du village qui arrive est logé par sa famille après décision groupée. On voit ainsi des pratiques de confiage et d'autres de délestage d'individus vers d'autres portions de la famille, mais toujours de manière centralisée.


La crise éprouve fortement cette situation. La mobilité est donc accrue dans ces organisations et une forme d'individualisation devient de plus en plus monnaie courante. Quand les ressources familiales ne sont plus avérées, alors l'individu délaisse le groupe et se rebelle. C'est donc une remise en cause des formes de solidarité obligées au profit de formes de solidarités contractualistes et surtout choisies. Mais les solidarités contraintes existent toujours. Aujourd'hui les solidarités urbaines actives sont essentiellement devenues des solidarités religieuses.



  1. La place du religieux


La religion musulmane est très présente sur le Nord de la Côte Ouest africaine, sur la corne et dans le Nord des pays situés sur le Sahara. Les pratiques animistes sont très présentes dans tout les pays et compatibles avec les religions classiques. Les chrétiens sont très présents dans le Sud et le centre de l'Afrique, cette religion a été importée par les colonisateurs, pas la religion musulmane.


Les grandes religions ont aujourd'hui un rôle ambigu. Elles sont des relais de la mondialisation avec l'investissement de grands pays religieux dans les pays où leur religion est fortement représentée (Arabie Saoudite dans les pays du Nord de l'Afrique subsaharienne). Les pays du Nord moins religieux passent pour soutenir les pays d'Afrique par des communautés religieuses très présentes. Pourtant la religion n'a pas de rôle politique déterminant dans les pays d'Afrique, si c'est très fort à l'échelle individuelle, ça ne l'est pas à l'échelle étatique. De plus, on constate une individualisation de la religion. En effet, les religions n'ont pas de solutions aux grands problèmes des Africains. Ces grandes religions perdent du terrain en matière d'influence sur les fidèles au profit des religions pantecotistes. Il y a bien eut des tentatives pour reprendre le contrôle des fidèles en adaptant ces réponses aux préoccupations africaines, par la base, la hiérarchie le refuse.

Les Eglises pantecotistes se réclament davantage dans la proximité avec les fidèles, on se parle, on échange, on quête, on danse, … De plus ces églises ont deux réponse à deux questions principales des Africains : que faire face à la maladie (le mal) ? L'Église évangélique propose de l'exorcisme. Que faire face de l'enrichissement d'une élite urbaine minoritaire : l'Église classique propose de redistribuer, l'Église néoévangélique signale que c'est le profit personnel donc pas besoin de redistribuer aux plus pauvres. On a donc des jeunes entrepreneurs qui réclament un rigueur morale, un fondamentalisme religieux mais ouvert à la réussite personnelle. Au Bénin, plus de 300 Eglises néoévangéliques existent, plus de 1000 au ???. Ces nouvelles Églises arrivent à combiner les traits culturels de la religion et le contexte mondial d'autre part.

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