mercredi 16 novembre 2011

Contemporaine 14 - 11

Précédemment : Contemporaine 24 - 10






Robespierre







  1. La Terreur


Mise officiellement à l'ordre du jour le 5 septembre 1793 mais elle est précédée d'une politique déjà exceptionnelle de suspicion et de répression. Des formes de terreur sont donc déjà en place. Dés le printemps 1793, la Vendée devenant problématique, la Convention prend des mesures contres ces mouvements d'antirévolution et de contre-révolution. On trouve donc le Tribunal extraordinaire qui doit juger uniquement les contre-révolutionnaires. Ils peuvent avoir des défenseurs, passent devant un jury populaire nommé (et non tirés au sort) et prennent leurs d

écisions à haute voix. Leurs décisions sont sans appel et sans cassation. De plus tout suspect pris les armes à la main qu'il s'en serve ou non doit être condamné à la peine de mort. Des formes de justice extraordinaire (déjà en place avec la loi martiale).

Cela se radicalise pourtant avec l'apparition de comités de surveillance faite de révolutionnaires radicaux qui doivent établir des listes de suspects et délivrer des certificats de civisme. Les représentants en mission étaient envoyés par la Convention. De même des armées révolutionnaires étaient formées de militants payés pour pourchasser les ennemis intérieurs, …


La Terreur est très inégale localement, elle dépend de la personnalité du représentant en mission. Plus la situation locale est tendue, plus la Terreur est violente (en Vendée à Nantes surtout où siégeaient Carrier et à Lyon aux prises avec des fédéralistes et sous l'égide de Collot d'Herbois). A Nantes, Carrier fait arrêter 3 000 suspects, condamnés à mort et plutôt que de les fusillés il organise des noyades. A Lyon ils se font tirer dessus par des canons de républicains. A Paris, le tribunal devient de plus en plus sévère et expéditif. En juin 1794

ne reste que deux possibilités : l'acquittement ou la mort, la seconde étant privilégiée. Danton ou Desmoulins commencent à critiquer ce régime, ils sont suivis des Indulgents. Les premiers touchés par la Terreur sont les nobles et les prêtres réfractaires (Marie-Antoinette en 1796). Sont ensuite éliminés les Girondins (Brissot, Olympe de Gouges, …) puis les Fédéralistes qui avaient rejoints l'anti-révolution et en octobre 1793, tout les suspects censés agir contre la Révolution sont éliminés. Viennent ensuite ceux qui critiquaient la terreur, les Indulgents (Danton, Desmoulins), puis les Enragés et les Hébertistes, les plus radicaux en matière de revendications sociales, et enfin les Robespierristes en juillet 1794.


Quel bilan reste-t-il ? On doit distinguer la Vendée et la terreur qui sont bien différentes. La guerre de Vendée à produit 150 000 à 200 000 morts mais dans un contexte de guerre. Les horreurs de la guerre se retrouvent alors, puisque les armées républicaines sont celles d'Ancien Régime et massacrent tant les ennemis que les civils. La Terreur semble avoir établit 35 000 victimes e

t c'est une situation qui va nuire durablement à l'an II et à la Révolution en général. On a donc un écœurement général de la population. La guillotine devait être déplacée pour des raisons d'hygiène suite aux quantités de sang qui coulaient.


Les historiens conservateurs (tel Furet) parlent d'une Terreur comme dérapage qui a fait basculé la Révolution dans une période sanglante. On mélange la Vendée et la Terreur, on maximise les chiffres, on parle de génocide vendéen, … Contre cela, les autres historiens ont montré que la violence a toujours été très présente dans la Révolution, que les rouages de cette Terreur commencent avant juin 1793 et continuent après. Elle n'est donc pas intrinsèquement liée à la Révolution montagnarde et donc à la Révolution sociale. Furet a donc répliqué que toutes les révolutions sont donc effectivement violentes et compara Robespierre, Staline et Polpot. Ces formes de violences sont pourtant le fruit d'un contexte et si on prend cet argument, tout les régimes sont violents. Ac

centué la violence révolutionnaire c'est manipulé l'histoire.


Quels sont les responsables de la Terreur ? Une historiographie montra que la Terreur était le fruit d'une minorité d'individus au pouvoir qui était assoiffé de sang. A la tête de cela on monte Robespierre et en face de lui Danton et Desmoulins. Pourtant Robespierre ne pouvait être le seul à décider, les comités ??? étaient plusieurs à voter, la présence des acteurs locaux étant tout aussi importante, … Chargé uniquement Robespierre n'a pas de sens historiquement. Le dernier épisode de la Terreur étant la chute de Robespierre, ces partisans sont alors isolés après les éliminations de leurs adversaires. Une coalition se monte contre eux, ce ne sont pas les modérés qui font tomber les Robespierristes mais les montagnards qui se divisent et une branche poussant la Plaine à voter l'arrestation de Robespierre. En juin - juillet 1794, une campagne contre Robespierre en fait le « roi de la Révolution », le « fils de Dieu », … d'autant plus simple qu'il est malade et absent pendant plusieurs semaines. On arrive donc à l'arrestation des frères Robespierre, de Saint-Just et d'autres. Robespierre tente de fuir avec la protection du chef de la garde nationale qui le protège. Il se refuge avec la protection des Sans-culottes dans l'hôtel de ville. La Conv

ention arrête le chef de la garde nationale, fait entrée ses troupes, et tire sur Robespierre. Cela fut accélérer par le fait que Robespierre n'avait plus d'appuis, la garde nationale arrêta bien vite son soutien, les Sans-culottes se sont vengés de la mort des Hébertistes.


La Terreur avec son sinistre et affreux bilan ne doit pas faire oublier les progrès de l'année 1793 même si cette terreur n'est pas à minimiser. L'œuvre politique et sociale qui en découla fut réclamée tout au long du XIX° siècle. Ceux qui ne garde en mémoire que la terreur sont les contre-révolutionnaires et des libéraux conservateurs, puisque ce qui effraye surtout ces deux groupes ce sont les nets progrès sociaux plus que la Terreur.




Thermidor puis le Directoire : « la République sans la Révolution »

1794 – 1799




Cette phrase utilisée par les historiens est l'inversion d'une phrase de Robespierre qui sous pression des Sans-culottes et peur des Girondins avait prononcé la phrase inverse. Certains auteurs ont tendance a arrêter la Révolution en 1794. D'autres préfèrent voir une continuité dans la disparition d'une politique économique et sociale en renouant avec le libéralisme politique et économique. L'œuvre révolutionnaire est donc prolongée. Ces années sont celles qui sont le moins connus de la Révolution Française. On considère que ces années là amènent progressivement à l'émergence de Bonaparte. La cohérence de cette période vient d'un solution modérée entre la radicalisation de la Révolution et la contre-révolution. Ce choix est soutenu par une bourgeoisie possédante qui a accédé au pouvoir avec l'abolition des trois ordres. Cette bourgeoisie redoute les progrès sociaux et les revendications populaires qui pourraient remettre en cause leurs propriétés. Sans les nobles et les classes populaires, la Révolution devient molle. Le même personnel politique va alterner durant cette époque (directoire ou thermidor, les hommes politiques sont proches) et ce pourtant malgré les votes des individus qui portèrent tantôt plutôt à droite ou plutôt à gauche de nouveaux hommes politiques, mais jamais cela ne fut retenu, on brisa les élections.



  1. Thermidor (1791 – 1795)


La Convention fut systématiquement mutilée par élimination progressive de son personnel (Girondins, Hébertistes, Robespierristes, …). Ne reste donc que les membres de la Plaine et ceux enfermés en prison. Jusqu'en 1795, on a donc toujours une même assemblée composée du personnel politique restant. Les Thermidoriens ne sont pas ceux qui ont renversé Robespierre, mis à l'écart, mais les autres, le ventre mou.


  1. Sortir de la Terreur ?


Leur objectif principal et immédiat est d'arrêter la Terreur, mais pourtant elle va continuer malgré tout. L'assemblée va donc s'en prendre aux derniers montagnards : les Crêtois. En Germinal et Prairial an III, on a la dernière assemblée révolutionnaire, la dernière intervention des Sans-culottes dans la rue et à ce lendemain, on fait arrêter et guillotiner les Crêtois.

La violence ne désarme pas et à la violence d'État s'ajoute la violence privée avec un déferlement de cette violence, appelée la terreur Blanche (opposée à la Terreur Rouge Robespierriste). C'est une vendetta de ceux qui sont libérés de prison sur leurs anciens geôliers. Les actes isolés vont cependant devenir des bandes armées organisées avec des nuits d'attaques nocturnes. La contre-révolution s'en empare et s'en sert avec des nobles dans la Compagnie de Jésus, qui se mettent à la tête de la Terreur Blanche. Cela aboutit rapidement aux massacres collectifs, particulièrement dans les endroits où on avait violemment subit de la Terreur : à Lyon, on tue tout les anciens montagnards dans les prisons, à Aix, à Nîmes avec une connotation religieuse. Il y a une torture très présente (crevage des yeux, coupages d'extrémités, …) mené par une jeunesse dorée qui prolonge ces attaques nocturnes : les Muscadins. Les anciens qui étaient en prison (des Girondins surtout se retrouvent sur les bancs de l'Assemblée). Les Fédéralistes partis peuvent revenir et récupérer leurs biens, les Réfractaires retrouvent leur liberté de culte, … Les exilés de 1793 reviennent, le tribunal exceptionnel est supprimé, on remplace les représentants en mission et on épure le Comité de Salut public.



  1. Effacer la Révolution sociale et économique


Par contre on supprime l'œuvre sociale de l'an II. Dés décembre 1794. On a donc une immédiate augmentation du prix du pain, alors qu'on supprime la petite et moyenne paysannerie. Or malheureusement, les cultures ont soufferts du temps de 1794 et donc pillages, agitations, crises reviennent. On abolit la constitution de l'an I, on stoppe la politisation populaire, on efface les sections (48 sections devenant 12 arrondissements). Le club des Jacobins est fermé, … Bref en réaction, ont lieu à Paris les deux dernières journées révolutionnaires le 1 avril et 20 mai 1795. La Convention décrète face aux manifestations l'État de siège à Paris, l'armée peut intervenir dans Paris et va désarmer les Sans-culottes. Le 20 mai, nouvelle journée insurrectionnelle mais les Sans-culottes rentrent dans la Convention s'en prennent à un député, qu'ils égorgent et dont la tête est brandie face aux députés. Les Thermidoriens font des promesses, puis arrêtent les derniers montagnards qui soutenaient les Sans-culottes et les Sans-culottes pour les envoyer à la guillotine sèche. Certains Crêtois marqueront les esprits en se suicidant dans leur prison. Jusqu'en juillet 1830, le peuple n'interviendra plus en politique.


La Terreur n'est donc toujours pas abolie, mais si on ne veut pas revenir à l'Ancien régime et à la monarchie, on veut avant tout conserver un régime méritocratique et libéral.



  1. Le Directoire


  1. La Constitution de l'an III


Rédigée par 11 ???, elle exprime les droits de l'homme et du citoyen ainsi que les devoirs de ceux-ci. Nous ne sommes plus libres et égaux en droit, il faut pour avoir des droits obéir à des devoirs (armée, impôt, …). Le droit à la propriété est réaffirmé, les droits sociaux disparaissent (école, travail, …) de même que le droit à l'association, le suffrage universel, … Seul reste l'abolition de l'esclavage et le recours au référendum constitutionnel.

Pour rompre avec la période précédente et son assemblée, on crée le bicamérisme : Conseil des 500 et Conseil des Anciens. D'autre part, par peur de l'an II, mais aussi de la monarchie. On élit 5 chefs de l'exécutif à qui on assure une tenue particulière pour leur donner une aura. Or par contre, on a oublié ???


  1. Opposition et maintien de l'ordre


Les premières oppositions viennent de la droite, où les royalistes reprennent du poil de la bête. Ils profitent de l'amnistie et de la répression des sans-culottes. Les plus extrêmes sont toujours en exil. Notons que Louis XVII meurt au Temple en 1795 et donc le roi devient Louis XVIII, comte de Provence qui déclare vouloir rétablir l'Ancien régime. La noblesse qui menait la Terreur Blanche va alors tenter une insurrection royaliste en vendémiaire an IV à Paris.

Alors que la Constitution de l'an III venait d'être voté, il fallait élire les deux conseils. Les Thermidoriens conscients de la puissance croissante des royalistes. Mais refusant leur retour, les Thermidoriens prennent un décret qui déclare que dans les chambres qui seront élues, les deux tiers des élus doivent être des anciens conventionnels (sous entendus les Thermidoriens). Ils s'assurent ainsi leur continuité politique qui provoque l'insurrection de 25 000 royalistes encerclant la Convention. Celle-ci fait appel à l'armée qui intervient sous les ordres de Bonaparte qui tire sur la foule. Les royalistes continuent leur résistance par la liberté de la presse qui renforce leur notoriété croissante. Finalement, dans le tiers restant dans les chambres, la moitié est royaliste. Les Thermidoriens ont été fins. Par la suite, les royalistes l'emportent très nettement dans la réélection de 1797, où la loi n'est plus en vigueur. Les directeurs font alors intervenir l'armée, arrêtent les royalistes, les envoie en prison et cassent les élections, lors du coup d'État du 18 fructidor an V (??? septembre 1797).

Les résistances viennent aussi de la gauche. Les Jacobins malgré leur club fermé sont toujours présents et voyant les méfaits du libéralisme se radicalisent et critiquent ces chambres comme Thomas Paine. De plus, après vendémiaire, les royalistes écrasés, les jacobins en profitent pour revenir vu que la Révolution se tournent contre les royalistes. Ils reforment des clubs, demandent un retour aux politiques sociales. Mais leur faiblesse tient de l'absence du soutien du peuple. Menés par Gracchus Babeuf (François Noël, ancien montagnard hostile à Robespierre), ils rédigent le manifeste des égaux et rassemble d'anciens Montagnards et d'anciens San-culottes, c'est un programmes comme celui des Enragés, plus poussé encore, dirigé contre le libéralisme économique et remettant en cause la droit à la propriété privée (sous entendu la collectivisation de terres). Ils deviennent les Partageux ou les Communistes, forment une réorganisation secrète (directoire sacré de salut public) mais seront trahis. On organise un grand procès de Gracchus Babeuf, ce qui lui permet de faire connaître ses idées à tous mais il est guillotiné tout de même. Cependant, ces idées se retrouveront toujours dans les mouvements socialistes du XIX° siècle. En 1798, les Jacobins gagnent plusieurs postes lors des élections, mais le Directoire casse les élections.


On a donc à faire à une période de répression politique intense, de surveillance politique, l'armée intervient dans le maintien de l'ordre pour la première fois, on casse les élections pour la première fois aussi. Le régime s'enferme donc dans une logique d'inégalités qui sauve les institutions ponctuellement mais enferme progressivement la logique politique du Directoire.


  1. L'œuvre du Directoire


A. La conduite de la guerre


Une guerre extérieure avec un embourbement en Allemagne, une débarquement raté en Irlande mais un succès au Nord de l'Italie. Bonaparte revenant d'Égypte victorieux avec des œuvres pillées qui sont utilisées par la propagande. Il provoque un sentiment de fierté nationale dans le pays. Les succès militaires de Bonaparte et du Directoire vont généralement libérer les peuples d'Europe (liberté pour l'Italie sauf pour Venise).

Se forme alors des Républiques sœurs, les monarchies tombent autour de la France (République Batave au Nord de la France, république Helvétique à l'Est, République Cisalpine, République Ligurienne, République Romaine, République de Lucques et République Parthénopéennne en Italie). Ces Républiques n'ont pas été dans une logique préconçue du Directoire. Elles sont nées d'un double mouvement révolutionnaire local (cf les Révolutions après celles de l'Amérique) et du soutien de l'armée française. En échange de ce soutien, elles donnent des hommes et de l'argent à la France et y sont donc soumises. Il y a donc une tendance à l'extension de la révolution française au retentissement dans toute l'Europe. Des déclarations des droits de l'homme sont partout proclamées et s'avèrent toutes démocratiques (surtout la Parthénopéenne) parfois même sociales (droit au travail, suffrage universel, fin de la dîme, drapeau imité du notre, arbres de la liberté, …).


B. Politique économique et sociale


En 1795, les dépenses sont de 16 milliards et les recettes de moins de 2 milliards. On a donc une hyper-inflation des prix, des situations sociales qui se tendent de nouveau.

Les années du directoire sont noires pour les classes populaires, surtout qu'une minorité en profite pour s'enrichir très fortement. Ces Inc'oyables et Muscadins se vautrent dans un luxe outrageant alors même qu'une partie de la population est dans une misère phénoménale.



C. La politique religieuse


Thermidor a mis fin au culte de l'Etre suprême et remis la politique de liberté religieuse mais qui est prolongée en 1795 par la séparation de l'Église et de l'État (pour la première fois). Il y a donc une tolérance religieuse.



  1. Chute du Directoire, fin de la Révolution


Ce qui le fait tomber, c'est ce qui l'a légitimé : un coup d'État le 18 et 19 brumaire an VIII (8 et 9 novembre 1799). Bonaparte par le recours à la force et l'appel au soldat retourne contre le Directoire la politique de celui-ci. Lors de cette chute, aucune réaction publique n'a lieu. La bourgeoisie possédante qui soutenait le Directoire, ne peut plus suffire à le sauver.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire