lundi 7 novembre 2011

Etat 07 - 11

Précédemment : Etat 24-10



















  1. La théorie État fort – État faible


  1. L'État et son autonomisation par rapport à la société


Bertrand Badie et Pierre Birnbaum étudièrent tout deux cette distinction. Par État fort, ils entendent, non pas le caractère autoritaire de l'État, sa violence ou sa puissance sur le plan international, mais plutôt autonome par rapport à sa société et aux différents groupes sociaux qui le constituent et qui pourraient faire pression sur lui. L'État fort caractérisé par le nombre et l'étendue des domaines d'intervention légitimes. Cela se fonde aussi sur l'indépendance de l'État dans sa prise de décisions et leurs mises en application.

Par ailleurs les deux auteurs constatent que ces États sont très centralisés et organisés autour d'un appareil militaire et d'une bureaucratie. Les deux États forts qu'ils distinguent étant la Prusse et la France. L'État faible tiendrait plutôt à l'exemple des USA, des États laissant à la société civile la première place, où les associations, les églises, les entreprises, … Jouent un rôle fort pour coordonner la société.


Ils dressent donc une différence entre les États avec une forte bureaucratie coordonnant le système social et par opposition les États où l'organisation de la société civile est si puissante qu'elles empêchent l'apparition de l'État dans certains domaines.

Deux indicateurs principaux peuvent nous permettre d'évaluer la place qu'il occupe : les représentations construites de l'État, sa représentation dans la société et l'appareil bureaucratique qui reflète l'autonomie de l'État.

Un autre critère de jugement de la force d'un État tient à la centralisation de l'État qui plus elle est forte, plus l'État est fort. Les deux auteurs distinguent alors l'État du centre politique pour affiner leur modèle. L'État renvoie à l'intervention dans la société et le centre politique renvoie pour sa part à la structure et l'organisation de l'État. Ils construisent alors un modèle à quatre entrées.



Centralisation forte

Centralisation faible

État fort

France

Italie

État faible

Grande-Bretagne

Suisse


Les États-Unis sont un État faible sous plusieurs aspects. Les citoyens en France ont une grande attente de l'État, une sacralisation de celui-ci. Ce n'est pas le cas aux USA, où au contraire on tend à trouver une haine de l'État renforcée par le fait que par cette méfiance est d'autant plus grande que l'État intervient peu et qu'il apparaît comme faible et incapable.

Aux USA, l'État n'a pas eut de passé féodal et donc pas de lutte de pouvoir comme vu avant. Autre élément, le caractère tardif de cet État, le fait que celui-ci est jeune et donc en contrepartie, la société civile s'autorégule. Cela se perçoit dans l'histoire du pays dont l'État se constitue alors que des régions entières ne sont pas sous sa domination. Cela explique les résurgences aux USA de certains droits qui perdurent en terme de violence légitime (port d'armes, lynchages, …) marquant l'arrivée encore tardive de l'État dans la monopolisation de cette violence.

Autre élément, le protestantisme et le libéralisme qui vont de paire. Ces États naissent sur le mythe d'une égalité des chances (self-made-man), une invocation des principes de liberté et d'égalité qui font qu'on a moins facilement recours à l'État pour réduire les inégalités. La responsabilité individuelle est beaucoup plus forte.

En conséquence, cette société américaine ne s'organise pas tant autour d'un État que par des Elites dotées d'un pouvoir légitime. Plus encore les élites économiques avec une forte influence sur les partis politiques. La preuve en est que le personnel politique est souvent issus de l'élite économique. De même dans le lobbying, on peut percevoir la force d'influence des différents groupes. En France, de tels intérêts se manifestent aussi mais ne sont pas ouvertement reconnus. Dans les représentations de l'État en France, on continue à montrer un État autonome des pressions économiques et sociales. Les fonctionnaires n'ont pas les mêmes garanties de carrière que celles qui existent en France. Cela entretient le système puisque les fonctionnaires n'ayant pas de carrière à vie, ils entretiennent des rapports avec le secteur privé. Bureaucratie et administration américaine ne fonctionnent pas en vase clos.



  1. Les pays du Sud, une organisation « étatique » du pouvoir politique ?


On voit que le modèle de l'État s'est développé dans le monde entier, il s'est universalisé et mondialisé. Comment l'État a pu se développé dans des sociétés sans modèle féodal ? Comment comprendre les formes qu'y prend l'État ? Des formes traditionnelles du pouvoir y subsistent-elles ? Jusqu'à quel point peut-on comparer le pouvoir politique africain au modèle occidental ?

On constate donc une diffusion du modèle d'État européen mais aux formes différentes selon les cas et sous le contrôle des États nations européens. Dans les pays du Sud, ces États apparaissent de manière extérieure. Certains se forment dans d'anciennes colonies après l'indépendance, les autres le font en créant leurs institutions politiques sous la surveillance d'autres États plus puissants.


  1. La perspective développementiste


Celle-ci considère que les différentes formes d'État sont le fruit d'un développement universel qui aboutit à la formation d'un État occidental. Cette théorie présume qu'il y a un lien entre formes de développement politique et formes de développement économique. En devenant riches, ces anciens pays pauvres vont avoir des institutions politiques proches du système européen. C'est une vision asse évolutionniste.

Très attaquée dans les années 1970, ces théories trop marquées par le caractère occidental, trop ???. De nouvelles approches autour des relations entre le Nord et le Sud, des approches marxistes en somme, émergent alors.


  1. Les théories de la dépendance


Ces théories prennent en compte les rapports de force entre les États du Nord et les États du Sud. Les développement économiques des pays du Sud n'aboutissent pas à un développement politique, une démocratisation mais aboutissent plutôt à une dépendance aux pays du Nord riches et développés. Les fruits de ce développement économiques sont prélevés par les pays du Nord et freinent le développement de l'Afrique. La meilleure illustration reste l'intervention du FMI dans ces régions.


Ces théories prennent en compte les approches économiques et les liens de dépendance mais elles oublient d'autres points et restent dans un principe évolutionniste, ces pays même freinés vont toujours se développer comme dans les pays du Nord. De nouveaux paradigmes émergent dans les années 1980 qui vont réévaluer le rôle des acteurs et l'importance de la société locale.




  1. Les théories culturalistes


En France, deux auteurs s'opposent sur ce sujet : Bertrand Badie et Jean-François Bayart.

Badie démontre qu'il n'y a pas un modèle d'État occidental mais une multiplicité de ceux-ci. L'État prend alors aussi des formes différentes dans les pays du Sud. L'État universel est alors brisé. Ce qui caractérise pour lui le modèle occidental c'est la dualité entre État et Église et la distinction entre espace public et espace privé. Il en arrive alors à montrer que cela s'oppose au modèle islamique du pouvoir qui ne divise pas religion islamique et pouvoir politique. En partant de ces deux positions de référence, les pays islamiques s'opposent différemment face à l'État occidental : certains imitent l'Occident (Turquie) d'autres agissent en réaction (Iran). Quoiqu'il en soit, cette greffe de l'État occidental est un échec. Les notions occidentales en terme de légitimité, de souveraineté, de représentation, de nation, … n'ont pas le même sens dans un État du Sud que dans les États du Nord. Il parle alors d'un « échec de la greffe » qui n'a pas marché et ne marchant pas. On aurait plutôt à faire à un État néopatrimonial avec des relations clientélistes.

En opposition, Bayart montre comment l'État s'historicise et y prend racine. Dans les pays du Sud, il y a des organisations politiques antérieures à la colonisation et qui perdure toujours aujourd'hui. Certes il existe un modèle occidental servant de référence à ces pays, mais il existe aussi des capacités de résistances à ces pays avec des projets et des stratégies de ses acteurs du Sud. On aboutit donc à un métissage, à une hybridation en référence au modèle politique traditionnel. La greffe à ses yeux a bien pris. L'État est réinventé dans les pays du Sud.


  1. Les quasi-État et les États-faillis


Il s'agit pour les quasi-États, de formes politiques proche d'un État classique, participant à l'ONU mais qui ne peuvent s'imposer dans leur région, sont discrédités dans leur pays, n'a pas le monopole de la violence légitime et dépendant fortement des aides internationales (Nigéria).

L'État-faillis correspond à un État qui s'effondre, ce repli sur lui-même avant d'imploser. Bien sur, cette implosion met en

danger la société. L'Afghanistan est peut être un bon exemple de cette situation.





La remise en cause de l'État



Depuis une trentaine d'années, l'État est remis en cause, critiqué, qu'on peut percevoir dans une situation de Reagan « L'État n'est pas la solution au problème car l'État est le problème ». C'est donc une crise de l'image de l'État.



  1. L'État éclaté ou la remise en cause par le bas


  1. Les difficultés de l'État-Nation


L'idée même d'un ensemble de citoyens exprimant la souveraineté nationale pour laquelle il existe un intérêt général est aujourd'hui remise en cause. On voit deux éléments principaux de remise en cause : l'agitation nationaliste ou communautaire et ???.

L'agitation nationaliste se constate au travers de revendications de plus en plus nombreuses de séparatismes ethniques ou linguistiques. C'est le cas visible dans l'explosion des Balkans ou en Tchéquoslovaquie dans les années 1990. Au delà de ces cas extrêmes, c'est dans les années 1980 que les revendications nationalistes reprennent de l'ampleur. L'État doit alors reconnaître la diversité des cultures, ce qui met à mal l'idéal républicain, il doit réussir à concilier ces revendications identitaires réémergentes. Cela est accentué par la phénomène de décentralisation dans certains pays, fragilisant la structure centralisatrice de l'État.

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