samedi 31 mars 2012
Urbaine 26 - 03 (cours 6)
Photo 26 - 03 (cours 12)
jeudi 29 mars 2012
CM n°7 géographie sociale
3- Contradictions et limites de la politique du logement social en France
v Est-ce qu’il s’agit de loger les plus pauvres ou est-ce qu’il s’agit d’assurer la mixité sociale ?
La politique du logement social se trouve toujours divisée entre ces deux impératifs.
La loi Besson et la loi Dalot concerne le logement des plus pauvres. Pour assurer la mixité sociale, le gouvernement a mis en place le PLS (prêt locatif social).
Les ménages populaires, les plus modestes sont majoritairement logés dans le locatif privé de mauvaises qualités. Il n’y a pas assez de logements sociaux pour eux.
A côté de cela il y a tout une politique d’hébergement d’urgence. Ces formes d’hébergements constituent aussi un encadrement social. Un contrôle mais aussi un accompagnement social, car il y a un préjugé qui dit que certaines personnes ne sont pas capables d’occuper un logement social. Les travailleurs sociaux écrivent ensuite un rapport pour dire si les individus sont aptes à accéder un logement social. Cela pose un problème en termes d’autonomie.
Mais aujourd’hui, la politique sociale a pour objectif la mixité. On commence à détruire les logements sociaux, soit physiquement soit en privatisant. Il y a donc des logements sociaux en moins. Cet objectif de mixité, c’est-à-dire, faire venir des classes moyennes dans le parc social, conduit presque à démolir les logements sociaux.
(Fin du cours et nouveau chapitre)
Séance 7 :
Les espaces des classes moyennes
Introduction :
Les politiques de logements n’ont pas transformés les beaux quartiers mais les quartiers populaires.
Les thèses sur la moyennisation de la société se développent dans les années 70.
L’approche classique pour entreprendre une définition des classes moyennes est celle par la stratification sociale. C’est-à-dire, que dans notre société, il y a les plus pauvres, les plus riches placés sur une échelle de revenus et au milieu, il y a les classes moyennes.
I- Qui sont les classes moyennes ?
1- La recomposition des classes sociales à l’échelle mondiale
Aujourd’hui on a tendance à dire qu’il n’y a plus de classes ouvrières et donc plus de lutte des classes. Mais les ouvriers en France c’est encore en 2008, 22% des actifs. C’est plus que les cadres qui représentent que 13% de la population. Quant à la bourgeoisie, elle est toute petite certes mais elle s’enrichie de plus en plus.
Aujourd’hui, la bourgeoisie domine à l’échelle nationale mais aussi internationale.
Le nombre des ouvriers s’accroit au niveau mondial notamment dans les pays émergents. La lutte des classes s’est donc reconstituée spatialement. Et à ce prolétariat industriel, il faut ajouter toute la paysannerie pauvre.
La bourgeoisie est de plus en plus riche car elle arrive à mettre sous sa coupe de plus en plus de gens. La dynamique d’exploitation est toujours aussi vraie et violente mais elle se joue à une échelle différente. Il y a donc un jeu d’échelle.
On est passé de la ségrégation associée, à la ségrégation dissociée. C’est-à-dire qu’il y a toujours des bourgeois et des prolétaires mais qu’ils vivent de plus en plus éloignés. Cf : Thèse de F.Damette.
Mais en fait c’est un peu plus compliqué que cela car il y a une imbrication des deux échelles (nationales et internationales). Dans tous les pays émergents, il a y a aussi une bourgeoisie nationale elle-même dominée par la bourgeoisie internationale.
Les classes moyennes dans les pays émergents sont composées de salariés qualifiés qui ont un salaire et un pouvoir d’achat comparables à ceux des pays occidentaux. Cela représente 10 à 15% de la population dans les pays émergents. Mais les classes moyennes se développent majoritairement dans les pays capitalistes avancés.
2- Les classes moyennes dans les pays capitalistes avancés
Historiquement, dans l’ancien régime, la classe moyenne est la bourgeoisie. Elle se situe entre le tiers-état et la noblesse. Ce sont donc des individus qui ont un pouvoir économique mais aucun pouvoir politique.
La révolution française a permis de donner un vrai pouvoir politique à la bourgeoisie.
Au 19ème siècle, la bourgeoisie est devenue dominante. La classe moyenne c’est la petite bourgeoisie traditionnelle, indépendante et aussi la « bourgeoisie de talent » : les professions libérales et intellectuelles.
Dans l’entre-deux guerres, les classes moyennes se structurent politiquement. Elle est composée de:
- La bourgeoisie traditionnelle
- Les professions libérales
- Les cadres
C’est dans l’entre-deux guerres qu’émergent la notion de classe moyenne. Ce mouvement a été favorisé par la grande bourgeoisie car cela lui permet d’avoir un contrepoids à la classe ouvrière qui s’organise et se renforce dans le contexte du front populaire.
Aujourd’hui on peut appeler la classe moyenne, la petite bourgeoisie intellectuelle (au niveau de diplôme, ils ont tous fait des études) < Garnier.
Cependant, en termes de rémunération, c’est assez inégale. Ce qui distingue la classe moyenne, c’est plutôt son capital culturel. Elle a une position intermédiaire dans les rapports de classes. Elle a un rôle d’intermédiaire.
Ex : le contremaitre qui a une position d’encadrement. Ils aident à faciliter l’extraction de la plus-value et par ce travail il obtient une rémunération supérieure à celle des ouvriers.
La classe moyenne a aussi une fonction d’inculcation idéologique. C’est le rôle de toutes les professions de l’enseignement, de la santé et du social. C’est-à-dire, toutes les professions qui encadrent les plus pauvres ou qui véhiculent une idéologie. Elles diffusent la « bonne parole ». Mais c’est aussi la classe moyenne qui disqualifie les actions sociales réalisées par la classe ouvrière, qui trouve embêtant les revendications véhiculées par les grèves notamment. Comme par exemple, la grève des cheminots qui bloquent selon elle, la circulation des transports en commun et qui gêne les usagers.
La classe populaire en France est composée des ouvriers et des employés. Ce qui représente 47.3% des ménages. C’est-à-dire, 47.3 % des ménages dont la personne de référence est employé ou ouvrier, que cette personne soit un actif ou un retraité.
La classe moyenne quant à elle, représente 47.6% des ménages (c’est donc, très légèrement plus). Dans ce chiffre, on prend en compte la petite bourgeoisie traditionnelle qui représente en fait, 11.5% de la population de la classe moyenne et la petite bourgeoisie intellectuelle qui elle, représente 36.1% de la population.
Ces pourcentages révèlent alors, contrairement à ce que l’on pense généralement, on n’est pas dans une société moyennisée.
v Ou habite la classe moyenne ?
La petite bourgeoisie est plutôt mélangée avec d’autres classes. Il y a un éparpillement dans l’espace, de cette classe. C’est une classe qui est encore plus diffuse dans l’espace. Cela traduit son origine hétérogène.
Progressivement, depuis les années 70, on commence à observer un espace de résidence spécifique aux classes moyennes. Mais la modalité principale des classes moyennes aujourd’hui, reste un certain mélange.
L’accession à la propriété par les classes moyennes s’effectue par un déplacement vers la périphérie et donc en s’éloignant du centre-ville. L’accès à la propriété est aussi considéré comme une ascension sociale.
Aujourd’hui cet accès est aussi un risque : le risque de surendettement et de déclassement.
Les stratégies résidentielles sont aussi le moyen de conjurer le risque de déclassement en choisissant une «bonne » école pour ses enfants par exemple.
II- Classes moyennes et espaces périurbains
Le lotissement périurbain est l’archétype de l’espace des classes moyennes. Des maisons individuelles avec jardin, des équipements sportifs, des faibles densités tout en étant loin des nuisances du centre-ville. Cela démontre aussi l’entre-soi des classes moyennes.
1- Les facteurs de la périurbanisation
Périurbanisation : Urbanisation diffuse, au-delà des limites de l’agglomération, qui elle se compose d’un espace bâtit continue, soit le centre et la banlieue. Cette périurbanisation repose sur l’automobile.
v Pourquoi il y a de la périurbanisation ?
Ce sont des choix contraints que de vivre en périphérie.
- Logique économique : les prix des logements sont beaucoup plus chers dans le centre-ville qu’en périphérie
- Rôle fondamental des politiques de logement : depuis 1977 est diffusée une politique d’incitation à l’accession à la propriété. Ces aides d’accession à la propriété nécessite que l’on aille chercher très loin des terrains pour construire à des coûts moins élevés.
- La standardisation de l’habitat individuel.
- Politique d’aménagement (locale ou nationale) qui permet de réduire les distances- temps.
Avec cette périurbanisation, il y a des problèmes de densité trop faible. On soulève aussi celui de la rééducation des surfaces agricoles ainsi que des problèmes de pollutions et de standardisation des paysages urbains.
L’urbanisation périurbaine est très inspirée de l’idéologie anti-urbaine (américaine notamment) mais l’on constate que les franges périurbaines ont tendance à être englobées au cours du temps, dans la banlieue.
2- Mode de vie et espaces périurbains
On constate dans notre société une tendance médiatique à la caricature des types d’espaces, avec le centre qui est bourgeois, la banlieue populaire et le périurbain : moyen. Mais en fait il y a toute une mosaïque sociale.
On parle même de fractions de classe des classes moyennes. Néanmoins, malgré cette multiplicité de strates dans la classe moyenne elle-même, on est toujours dans un phénomène d’entre-soi avec une logique de niche économique. Cela se voit dans le type d’habitat par exemple. Cette logique d’entre-soi n’est pas forcement consciemment voulue mais les contraintes notamment économiques expliquent que l’on retrouve les mêmes personnes dans un même endroit. En bref, il y a une multitude de lotissements pour les classes moyennes mais chaque lotissement se distingue d’un autre par sa composition sociale.
Pour les classes moyennes, il y a des logiques de localisation en auréole concentrique et aussi des logiques d’axes. Mais ce qui est important c’est le calquage de l’organisation de l’espace parisien du centre, dans la périphérie. Avec l’est plutôt moyen et l’ouest beaucoup plus riche (cela s’observe notamment dans la périphérie d’Ile de France).
v Quels sont les traits communs de ces espaces périurbains ?
- Ce sont des pavillons choisis par le fait d’une possibilité de maitrise de la distance avec l’autre. Pas seulement avec l’extérieur (avec ces voisins) mais aussi à l’intérieur de la famille (plusieurs chambres). Cela est bien différent de l’interconnaissance, la proximité populaire.
- Choix très net de la tranquillité : la verdure et le calme mais plus fondamentalement le choix de tranquillité sociale. On évite ainsi les « mauvaises » rencontres. On est dans le choix d’une certaine protection contre le déclassement. L’accession à la propriété s’est aussi, dans de nombreux cas, s’éloigner des classes populaires et donc mettre en évidence son ascension sociale.
- Le choix de la sécurité : être loin de la délinquance mais surtout la sécurité aussi au sens social. C’est-à-dire, d’être éloigné, des « mauvaises » fréquentations.
En bref, c’est surtout l’assurance d’un certain tri social. Cf : citation d’Eric Charme.
« Le prix d’un logement représente d’abord le prix d’un voisinage »
Eric Charme parle de dynamique de clubbisation.
Ce mode de vie périurbain est structuré par la mobilité, sorte de condition d’existence qui lui est intrinsèquement lié. C’est une mobilité complexe dont les axes de circulation passent de moins en moins par la ville centre. C’est un fonctionnement en étoile propre à chaque ménage selon les lieux de travail, de courses ou d’activité. Cette mobilité est aussi une contrainte, pour les jeunes qui n’ont pas de voitures, pour les mères. Ce sont souvent les femmes qui veulent quitter le périurbain pour le centre-ville.
On observe depuis les années 90, un certain tassement des distances parcourues. On crée des services et de commerces pour que les gens puissent aller moins loin.
On observe un changement dans la composition sociale du périurbain. Aujourd’hui, il y a de plus en plus des classes populaires, plus fragiles, qui arrivent dans le périurbains. Pour eux, c’est un peu une sorte de coup de poker, un risque énorme d’ascension sociale avec l’accès à la propriété. On observe dans les franges du périurbains des crispations politiques avec notamment l’émergence des votes FN et donc d’enfermement et de replis sur soi.
Les préoccupations majeurs pour les politiques en ce qui concerne le périurbain, sont le développement durable avec l’économie d’espace. Mais aussi, le fait de préserver les terres agricoles tout en densifiant l’espace. Et faire du logement social. Cela crée des tensions entre les préoccupations des collectivités locales et celle des habitants.
III- Les transformations des banlieues moyennes
Dans ces banlieues moyennes, la modalité principale est toujours le mélange relatif avec d’autres classes sociales. Mais l’on observe une tendance à la recherche de l’entre soi en allant plus loin notamment. Ce mélange se caractérise par des populations qui sont sur le départ et d’autres qui vont rester là.
1- Un quartier pavillonnaire : Les Peupliers à Gonesse (95)
Cf : La France des petits moyens
Lotissements pavillonnaires en banlieue mais plus humbles que ceux des quartiers périurbains. Ce lotissement se compose de maisons mitoyennes.
C’est de l’ancien périurbain, celui des cités jardins ou « pavillons en bandes ».
Dans les années 60, c’est un territoire d’ascension sociale pour les « petits » moyens comme les employés mais aussi des cadres moyens, des individus d’origine populaire. Ils achètent des petites maisons mais cela représente une façon de fuir les quartiers populaires.
Les individus qui sont encore là aujourd’hui parlent des années 70 comme de la « belle époque » avec une très grande sociabilité populaire. Ils ont l’impression d’être des pionniers de ce type d’habitat. Toute la bande des pavillons est géré en copropriété.
Progressivement, ceux qui pouvaient aller encore plus loin (les « petits » moyens les plus aisés) sont partis. Ceux qui restent, sont les moins aisés qui n’ont pas les moyens d’aller ailleurs que là. Cela casse aussi le côté collectif, dans un contexte de crise. Parallèlement, dans la ville de Gonesse on observe des phénomènes de densification et dans les Peupliers, il y a un phénomène de vieillissement. Ceux qui remplacent les familles parties, sont des familles d’immigrés turques qui sont elles-mêmes en parcours d’ascension sociale. C’est donc des populations très différentes de celles plus « vieilles » qui demeurent ici.
On observe donc dans ce quartier un principe d’invasion-succession classique.
Cela crée une hétérogénéité des modes de vie. De plus les populations vieillissantes ont l’impression de ne plus être en ascension sociale par le côtoiement des populations immigrées. Ils ont un sentiment de déclassement car ils ont l’impression d’être dans une cité par le côtoiement des immigrés en ascension. On observe un vote à droite et notamment d’extrême droite.
Mais ces populations d’immigrés ont aussi une volonté de fuir les grands ensembles et la « mauvaise » population d’immigrée qui y est présente.
En bref, la préoccupation sécuritaire se retrouve de part et d’autres.
Il y a donc une complexité des recompositions sociales. Mais aussi la paupérisation des classes moyennes et le risque d’implosion sociale de celle-ci.
Ex : possibilité d’émeute et importance du vote FN.
CM n°6 Géographie sociale
(Fin du cours précédent)
1)
2) Les logiques de solidarité
Les conditions de logement sont en général mauvaises. L’espace public du quartier devient le prolongement du logement. La sociabilité est un des aspects de la solidarité. Historiquement, ce sont les habitudes de vie des ruraux qui se transposent à la vie urbaine. La sociabilité est fondée sur l’interconnaissance et sur l’entraide. Cette solidarité est le capital social des dominés. Ce type de mode de vie est aussi une des bases de l’émergence d’une conscience de quartier. C’est plus particulièrement vrai à Paris. Les mouvements révolutionnaires du XIXème siècle se fondent non seulement sur la solidarité et l’entraide mais aussi par les mauvaises conditions de logement. L’amélioration des conditions de logements est nécessaire pour casser ces mouvements révolutionnaires. Une certaine culture populaire urbaine naît comme la fréquentation des cafés, la promenade en ville, la fréquentation des bals, la fréquentation des grandes fêtes. Ce sont vraiment des territoires d’intégration pour les nouveaux venus et aussi des territoires d’émergence de classe. La construction des grands ensembles en banlieue à créer un nouveau contexte urbain pour les classes populaires. Les distinctions entre français et immigrés sont plus forts. Les immigrés les plus récents ne peuvent pas accéder au logement social au moment de leur construction. Progressivement, les blancs sont partis en périphérie et des populations récemment immigrées accèdent aux grands ensembles. Les classes populaires sont hétérogènes. Elles sont différentes au niveau social, au niveau de leurs origines mais aussi au niveau des conditions de logements.
Les politiques de logement en France et en Europe
Les politiques de logements permettent la création d’espaces et l’accession à la propriété. Au moment des logements industriels, on assiste à la différenciation entre le lieu de travail et le lieu de vie. C’est aussi le moment où le logement devient un capital. Le logement devient donc une marchandise mais pourtant elle n’arrive jamais à l’être totalement car il y a certaines limites à cette transformation. C’est une marchandise dans le sens où le logement répond à la loi de l’offre et de la demande. Seulement, il y a un problème de solvabilité du logement c'est-à-dire que tous ne peuvent pas se le payer, ensuite la disponibilité du sol urbain, autrement dit le logement qui est implanté dans un lieu mais la surface n’est pas infinie, enfin la durée de rotation du capital, il faut du temps entre le moment de l’investissement et le moment de rentabilité, cela suppose donc d’immobiliser du capital pendant longtemps. On assiste à une insuffisance chronique du logement. Elle existe depuis la ville industrielle. Ce n’est pas tant en nombre de logements mais en nombre de logements abordables. On peut remettre en cause l’idée de crise du logement car cette « crise » est nécessaire et structurelle dans une société de classe fondée sur la propriété privée. Une partie de la population ne peut pas se loger aux conditions du marché donc l’Etat pourvoie au logement des personnes qui ne le peuvent pas.
I. Cadrage : le logement social en Europe aujourd’hui
1) Une typologie européenne du logement social
Dans l’Union Européenne à 27, en 2005, il y avait 22,5 millions de logements sociaux soient environ 10,5% des résidences principales. Plusieurs pays n’ont pas ou peu de logements sociaux comme les pays méditerranéen comme la Grèce, l’Espagne et le Portugal et les nouveaux pays récemment entrés dans l’Union Européenne, ex-pays de l’est. L’autre groupe est composé de pays où les logements sociaux représentent entre 5 et 10% de l’offre. L’Allemagne, la Belgique, l’Italie ou la Bulgarie ont une offre résiduelle. Le dernier groupe représente les pays qui représentent plus de 12% de l’offre, soient 77% des logements sociaux de l’Union Européenne comme la France, la Finlande, l’Autriche, la Pologne…Au Pays-Bas 34% des résidences principales sont des logements sociaux. Au Royaume Uni, il y a 5 millions de logements sociaux soient 18% du total.
2) Principales caractéristiques du logement social en Europe
Ce sont des parcs locatifs à loyer contrôlés donc détenus par les pouvoirs publics ou des organismes qui n’ont pas de but lucratif. En Allemagne par exemple, les logements sont pendant un temps conventionnés en logements sociaux puis passent au statut de logement privé. Certains logements sociaux ne sont accessibles que par des personnes qui ne gagnent pas plus qu’un certain plafond. Certains pays n’ont pas de plafond, c’est un modèle universaliste, comme aux Pays-Bas. D’autres ont un plafond assez élevé, c’est un système généraliste, comme par exemple la France qui pourrait loger les ¾ de sa population dans ce genre de logement. Le dernier groupe est basé sur un système restrictif avec un plafond bas. Les logements sont destinés aux salariés pauvres. Les logements sociaux servent souvent de logements des fonctionnaires publics. Les publics les plus précaires du logement social sont des sans-abris, des anciens toxicomanes, … Une partie de la population avec un niveau social ni pauvre ni élevé peut accéder à des logements sociaux. Les publics les plus vulnérables sont majoritairement logés dans le parc locatif privé. Les ménages sont en général des jeunes ou des personnes âgées, des familles, des personnes qui gagnent des revenus inférieurs au revenu médian, des immigrés. Ces derniers occupent toujours les pires logements sociaux. Le logement social n’est pas seul. Il y a la question de ce qu’on va en faire. En France le parc social est important et à l’intérieur 23% des logements sont de type locatif privé. Au Royaume-Uni, il y a un important parc social et beaucoup de propriétés. Dans les pays nordiques, le parc social est important et le parc locatif privé a des loyers contrôlés.
3) Tendances actuelles
La doctrine de l’Union Européenne est néolibérale. Donc, les logements sociaux empêchent la concurrence. La volonté est à la transformation de tous les logements sociaux dans le secteur privé. On observe une sorte de transition en cours. De nombreux logements sociaux sont vétustes et dégradés. Au Royaume-Uni, depuis 1979, ils ont perdu 1,3 millions de logements sociaux par la privatisation. Dans les ex-pays de l’est, la transition néolibérale est très brutale dans le sens où tout le parc de logements sociaux est transformé par des logements privés.
II. Petit historique du logement social en France
1) Une mise en place très lente et tardive (fin XIXème-début XXème)
C’est l’époque de la ville industrielle. Mais la Révolution Française a sacralisé la propriété privée. Il y a trois grandes inspirations de la politique du logement social :
* Hygiénisme : c’est la première fois que la politique publique intervient
* Le catholicisme social : pour un souci de moralisation de la classe ouvrière. L’inspiration est assez paternaliste.
* Le socialisme : revendication du mouvement ouvrier.
Il a fallu plus d’un demi-siècle entre les lois et leur réelle application. En 1928, la loi Loucheur est suivie d’une vraie application. C’est un programme de construction de logements sociaux, les HBM (Habitat Bon Marché). Cette politique était tournée vers l’accès à la propriété. Mais ce programme a été inachevé en partie à cause de la crise.
2) Un important investissement public après guerre : les grands ensembles (1953-1973)
Après la Seconde Guerre Mondiale, une grave crise du logement explose. Les destructions, la suspension des constructions, le Baby-Boom, le rapatriement des pieds-noirs d’Algérie font exploser la demande de logement. L’Etat doit prendre en charge le logement. Les grands ensembles sont construits grâce à de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux qui permettent de construisent plus vite et moins cher. De plus, c’est le moment d’une nouvelle conception urbanistique inspirée de Le Corbusier énoncée par la Charte d’Athènes en 1949. Les HLM sont crées en 1949. Le premier plan de construction de grand ensemble est le plan Courant en 1953. Cette vague est amplifiée par les ZUP (les Zones à Urbaniser en Priorité) en 1957. A partir de 1956, on construit à peu près 300 000 logements sociaux par an en moyenne. En 1973, plus de 550 000 logements sociaux sont construits. C’est une réussite quantitative et politique mais ce projet des grands ensembles a été dès le début critiqué notamment au niveau de l’interventionnisme de l’Etat et de la qualité du logement.
3) La réforme Barre de 1977 et le déclin de la production de logements sociaux
En 1973, de nombreuses critiques et le choc pétrolier conduisent à interdire la construction de plus de 500 logements d’un seul tenant. En 1973, le ministre de l’équipement et du logement, Guichard émet une circulaire d’interdiction. Son successeur Chalendon relance un programme de construction de maisons individuelles. Cela perme un certain désengagement de l’Etat. Cela aide le marché du logement et le marché bancaire. En 1977, la réforme Barre est une réforme d’aide au logement. On prépare le passage de l’aide à la pierre à l’aide à la personne. L’aide à la pierre c’est l’aide à a construction de logements. On promeut alors l’aide à la personne du type APL ou PAP (Prêt à l’Accès à la Propriété). On n’intervient pas sur l’offre de logement mais on aide le locataire. Les plafonds d’accession au logement social ont été ouverts. Cette réforme a permis un certain désengagement financier de l’Etat. Entre 1978 et 2003, 50 000 logements sociaux sont crées.
III. Les politiques de logement aujourd’hui en France
1) La régulation du marché locatif privé
Avant 1948, les loyers étaient bloqués en France. Pour éviter des révoltes, on a bloqué les loyers après la guerre pour éviter une trop brutale augmentation. Une loi permettait une augmentation des loyers mais de façon encadrée. Cette loi ne concerne que les loyers déjà construits. Dans les années 1980, il a été question de mettre fin à la dichotomie entre le logement ancien et le logement neuf. Cela a été un enjeu droite/gauche. De multiples lois ont été promulguées jusqu’à un compromis, la loi Mermaz-Malandain.
2) L’insuffisante relance de la production de logements sociaux dans les années 2000
Depuis 1990, les lois concernant le logement social :
* En 1990, la loi Besson inscrit « le droit au logement » dans la loi. Cette loi est ciblée vers les plus précaires.
* En 1991, (LOV) Loi d’Orientation pour la Ville promulgue le « droit à la ville ». Les habitants ont le droit à des conditions de vie et d’habitat mixtes.
* En 2000, la SRU ou loi de Solidarité et Renouvellement Urbain prévoit que 20% des logements de la ville soient des logements sociaux. Si les villes étaient récalcitrantes des pénalités financières étaient prévues. La question du logement pour les classes moyennes se pose. En 1987, la droite crée une sorte de logement aidé mais destiné aux classes moyennes, le PLI. Mais celui-ci n’est plus considéré comme un logement social. Donc, on crée le PLS qui est une sorte de logement pour les petites classes moyennes.
* En 2006, une loi sur l’engagement national pour le logement est votée. Si on favorise l’accès à la propriété des personnes populaires, cela induit une extension de l’espace urbain.
* En 2007, une loi instituant le droit au logement opposable permet de faire un procès à l’Etat pour le droit au logement.
La production reste insuffisante en quantité par rapport à la demande. Elle est aussi insuffisante en termes de cible.