dimanche 11 mars 2012

CM sociologie de l'éducation

Cours n°4

Il y a deux grandes voies scolaires sous la IIIème République :

- Le réseau primaire pour les familles les plus défavorisées avec les petites classes et une école primaire supérieure pour les élèves entre 10 et 12 ans. Ce réseau ne conduit pas à l’université. On en sort relativement tôt. Ce n’est pas un cursus universitaire.

- De l’autre côté, l’ensemble des écoles rattachées à la voie secondaire : les lycées qui ont des petites classes qui se poursuivent après. C’est le réseau qui mène au baccalauréat à l’université. C’est une éducation payante du début jusqu’à la fin et donc pour les classes aisées. Le baccalauréat certifie la fin du secondaire et permet d’accéder à l’université.

Sous Jules Ferry on développe l’enseignement supérieur qui ne fait que conserver le côté dual de l’organisation scolaire. A l’époque, l’école n’a pas une visée d’ascension sociale.

v A quoi ressemble l’EPS (l’école primaire supérieure) sous la IIIème République ? Qu’est-ce que l’on y apprend ?

Dans ce réseau primaire, on y transmet des connaissances pratiques qui peuvent être réemployées dans la vie quotidienne.

C’est un réseau qui fonctionne avec plusieurs cycles (premier cycle, cycle intermédiaire et 3ème cycle) : En passant d’un niveau à l’autre on reprend les mêmes contenues mais à chaque fois on approfondie : on parle d’organisation concentrique

Instruction officielle de 1882 :

« l’objectif de l’enseignement primaire n’est pas d’embrasser, sur les diverses matières qu’il touche, tout ce qu’il est possible de savoir mais de bien apprendre dans chacune d’elles ce qu’il n’est pas permis d’ignorer ».

Instruction officielle de 1923 :

« L’enseignement est essentiellement intuitif et pratique : … pratique c’est-à-dire qu’il ne perd jamais de vue que les élèves de l’école primaire n’ont pas de temps à perdre en discussions oiseuses, en théories savantes (…) »

Dans l’école primaire supérieure, on dispense des contenues aussi pratiques que dans le premier niveau de l’école primaire mais de manière approfondie. C’est ce qu’il différencie ce premier type de réseau, du réseau secondaire.

La certification est évolutive : on obtient un certificat d’étude primaire et on peut ensuite avoir un certificat d’enseignement supérieur mais cela ne conduit jamais au baccalauréat. La création de l’enseignement supérieur permet une :

- transmission de connaissances pratiques. C’est sa première fonction

Autre fonction de l’enseignement primaire supérieur :

Félix Pécaut, inspecteur général :

« La classe destinée à bénéficier de l’enseignement primaire supérieur ne constitue pas il est vrai l’élite intellectuelle de la société mais elle en est le noyau solide et résistant, la partie laborieuse, sobre et économe.

C’est l’élite de la petite et moyenne propriété rurale, des métiers du petit commerce de détail. Plus forte que le clergé et les grands propriétaires, elle domine ostensiblement ou en secret, les élections politiques (…) quand on l’a pour soir, on a le pays »

Respect de la hiérarchie sociale. Les classes primaires sont pour les populations les moins aisées ensuite la classe primaire supérieure est pour les classes moyennes et le second réseau, le réseau secondaire avec les lycées pour les élites.

- L’école sert à socialiser (dans le sens le plus politique du terme), les enfants des populations que l’on souhaite contrôler.

On socialise les enfants à travers l’école pour en faire des défenseurs de la République, république constamment menacée par la monarchie jusqu’en dans les années 20.

Les conséquences du système dual

- Le primaire et le secondaire ne sont pas des niveaux scolaires successifs= on a deux voies qui sont parallèles avec des programmes, des financements, des corps enseignants, des populations différentes.

- Les réseaux ne conduisent pas aux mêmes débouchés

- Lien avec la naissance et l’éducation que l’on va recevoir.

A partir de la IIIème République on porte une réflexion sur la réduction des inégalités par :

- la création des passerelles entre les deux réseaux parallèles.

- On joue d’abord sur le cout de la formation : gratuité ou bourses

- Politiques de discriminations positives.

Repousser les inégalités à l’école

I- La levée des obstacles économiques

a) La gratuité de l’enseignement

A l’époque de Jules Ferry (1880’s), on initie la gratuité mais que dans les premières classes de l’école primaire, le réseau secondaire reste payant. La gratuité n’est ouverte que pour les classes les plus pauvres et une partie de l’enseignement supérieur et du secondaire reste donc inaccessible pour les classes les moins aisées.

Les compagnons de l’Université Nouvelles réfléchissent à la gratuité de l’école suite à la fraternisation sur le front. Car pendant la guerre, tous les hommes ont été ensembles sur le front donc pour eux, suite à cela on ne peut pas revenir sur un enseignement ou deux jeunesses n’ont pas accès au même enseignement. C’est ce groupe qui pense à l’école unique.

Facteur démographique : Suite à la guerre, Il y a trop peu d’élèves dans le réseau secondaire pour pouvoir tourner. Il n’y a plus assez de familles pour pouvoir faire tourner l’école qui est payante. Les directeurs des établissement sont donc tout à fait ouverts à l’entrée de nouvelles familles même un peu moins favorisées pour pouvoir rentabiliser l’établissement.

On a pensé tout d’abord au système de bourse qui va permettre d’attirer davantage d’élèves : bourse aux mérites.

Un système de bourse pour le primaire supérieure et pour le secondaire. Dans les années 1920 on unifie ce système de bourse avec un seul examen. Les élèves peuvent choisir s’ils continuent à l’école primaire supérieure ou s’ils vont dans le secondaire. On se rend compte que chaque classe sociale tend à rester dans son réseau. Les élèves de milieux défavorisés qui obtiennent une bourse ne vont pas aller dans le réseau de l’élite qui conduit au baccalauréat mais continue dans l’école primaire supérieure. Il n’y a pas d’hétérogénéité des populations.

Années 1930-1940 : Ensuite on passe à la gratuité dans les classes les plus élevées du réseau secondaire

A cette époque, on joue donc que sur le coût. Mais il n’y a pas qu’un aspect financement car les populations les plus pauvres qui ont une bourse ne vont pas jusqu’au baccalauréat alors que la bourse leur permet. Ils ne passent pas de baccalauréat et ne peuvent donc jamais aller à l’université.

Cette immobilité s’explique par le fait que les familles populaires préfèrent que leurs enfants entrent rapidement dans la vie active (financièrement, c’est plus rentable que d’avoir un enfant à l’école avec une bourse). Mais aussi car les enseignants du réseau primaire font en sorte de garder leurs bons élèves.

b) Mais peu de passerelles entre les deux réseaux

- L’accès en sixième reste sélectif du fait d’un examen d’entrée notamment de ses contenues scolaires spécifiques exigés pour l’examen

Ex : apprentissage du latin

- Les petites classes des lycées et des collèges demeurent payantes dans le réseau secondaire.

En 1939 il n’y a que 6% d’une classe d’âge qui accède à l’enseignement secondaire malgré toutes les mesures mises en place. Les éléments institutionnels empêchent plus certains élèves de poursuivent que des éléments strictement économiques.

II- La prise en considération des obstacles institutionnels : la lente progression vers le collège unique

L’idée est de créer une voie qui dure le temps des classes primaires et du collège pour avoir les mêmes programmes et débouchées à la fin de ce collège.

Le collège unique date de 1975 mais on commence à parler de cette école unique après la première guerre mondiale. Il se passe donc six décennies entre le moment on l’on parle de ce projet et la véritable mise en place du collège unique. C’est pour cela que C. Lelièvre parle de la « résistible réforme du collège unique ».

v Comment s’explique cette résistance à mettre en place le collège unique ?

Hypothèses :

- Conflits de classes : les élites sociales jouent sur les élites politiques

- Prise en compte des avis enseignants

a) Entre-deux-guerres : premiers projets de collège unique

Ferdinand Buisson (1914) :

« Chaque année des milliers d’intelligence remarquablement ouvertes, avides de savoir et capables d’un puissant effort sont impitoyablement sacrifiés faute de quelques centaines de francs ».

Il est dommage que certains élèves talentueux ne puissent pas aller dans le réseau secondaire faute de moyens financiers : élément de justice sociale.

Avec le front populaire en 1936-1939 c’est une période durant laquelle se mette en place des réformes socialement décisives. On peut donc penser que cette réforme du collège unique puisse passer avec le front populaire.

Jean Zay, ministre radical propose de faire un seul ensemble mais il souhaite aussi une unification du secondaire au sein d’un cycle unique.

Il propose que tous les élèves passent le certificat d’études à 11 ans. Il essai de lever les obstacles institutionnels avec un début de tronc commun.

Il fait passer son programme dans son parlement et à travers le règlement du ministère ainsi qu’avec l’unification des programmes.

b) Echec de la réforme Zay : Les résistances et la guerre

Opposition de la droite parlementaire qui préfère le système dual qui avantage les familles favorisées.

Résistance très importantes des enseignants qui vont toujours être contre les réformes du collège unique car les enseignants agrégés sont très puissants politiquement. Le corps des enseignants a un poids politique extrêmement importants : les agrégés sont souvent aussi à l’Assemblée nationale. Les enseignants vont toujours jouer négativement.

- Les enseignants du secondaire pensent que le contenue du secondaire va s’effacer au profit des contenues d’enseignements primaires: « peur d’une primarisation du secondaire ».

- Les enseignements du primaire sont contre l’abaissement de l’âge du certificat d’étude car c’est une année en moins à gérer par eux et ils pensent que les enseignants du secondaire vont avoir la main mise sur le collège unique.

III- IVème République : l’impossible réforme

Régime parlementaire :

Lendemains de la 2nd Guerre mondiale : un contexte favorable à une nouvelle réflexion sur l’école unique

La réunion de tous les partis qui ont effectués la résistance est au pouvoir. C’est une période de grandes transitions. Notamment avec les premières études de l’INED qui montrent un lien très important entre l’origine sociale des élèves et la destinée des enfants.

Il y a une très forte proportion des enfants de cadres qui poursuivent dans le secondaire alors que seulement 16% des fils d’ouvriers poursuivent également.

Le plan Langevin-Wallon : Contenu très innovant

- Obligation scolaire jusqu’à 18 ans par étapes progressives

- 2nd cycle dit d’orientation de 11 à 15 ans : les deux 1eres années sont communes à tous les enfants.

- Unification des maitres

Le plan va échouer

IVème république : une succession d’échecs

10 projets de lois tentent d’aller vers le collège unique mais échouent tous même quand la gauche est au pouvoir

IV- IV République : changement de contexte

- L’évolution politique : On parle d’un régime parlementaire à un régime présidentiel fort avec de Gaulle.

Ce régime de droite ne cherche pas l’accord des enseignants car cette population n’est pas son électorat naturel= les enseignants votent souvent à gauche.

- Mise en place du traité de Rome : début de la fondation européenne. On parle alors de concurrence internationale. Il faut avoir une économie compétitive. Pour qu’elle soit efficace, il faut avoir des individus bien formés.

- Evolution technique symbolique : la guerre froide et l’envoi par l’URSS de l’envoi du satellite Spoutnik en 1957. Volonté de former des ingénieurs pour avoir un très haut niveau technique. Il faut qu’il y est beaucoup plus d’élèves qui accèdent à l’université. Avoir les meilleurs élèves mais former aussi de plus en plus la population

- Pression démographique : les écoles accueillent de plus en plus de jeunes suite à la 2nd guerre mondiale= forte natalité.

Le volontariste gaullien :

De Gaulle et l’éducation

« Puisque en notre temps, la France doit se transformer pour survivre, elle va dépendre autant que jamais de ce que vaudra l’esprit de ses enfants (..). Il s’agit que l’enseignement qui leur soit donné (…) réponde aux conditions de l’époque qui sont utilitaires et techniques. »

L’objectif de de Gaulle est de promouvoir un enseignement technique utilitaire= Volonté d’une élévation du niveau de formation dans le collège unique pour que la France conserve un haut statut dans le contexte européen.

La dénonciation du système éducatif à filières : Comité Rueff-Armand (1960)

« Le système a conduit à un véritable gaspillage intellectuel de la jeunesse : l’accès à l’enseignement secondaire et supérieur en milieu rural et ouvrier doit être élargi. »

La réforme Berthoin (1959) : l’impossible orientation

- Scolarité jusqu’à 16 ans

- Cycle d’orientation de deux organisé dans chaque famille d’école

- Les élèves restent chacun dans leurs réseaux mais les programmes et l’organisation de l’école reste un peu près similaire.

La réforme Fouchet (1963) : La création des CES (collège d’enseignement secondaire).

- Un établissement unique mais avec des filières différentes.

La réforme Haby de 1975

Valéry Giscard d’Estaing va faire du collège unique un de ses cheveux de batails. Il va passer en force cette réforme contre son entourage parlementaire.

« On peut se poser la question de savoir si, à côté de l’obligation de scolarité jusqu’à 16 ans, il ne faudrait pas imaginer, une autre obligation qui serait de donner à chaque français et chaque française un savoir minimal ».

= Argument culturel : Une même culture pour tous les jeunes dans une volonté de cohésion sociale

« La définition et l’acquisition d’une même culture pour tous les jeunes français qui iront désormais dans une même école et un collège identique, sont un élément essentiel d’unité de la société française et de réduction de l’inégalité des chances

= idée de justice sociale avec la réduction des inégalités.

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