Nadar
Cultures et usages de la photographie au XIX° siècle
La photographie se
démocratise à la fin du XIX° siècle avec notamment la pratique du portrait
photographique
qui définit largement le monde des photographes professionnels. Or cela ne
faisait pas parti des idées d’Arago lorsqu’il présenta le daguerréotype. L’idée
qu’on puisse utiliser la photographie pour soi est neuve mais lance une
démocratisation de l’image de soi qui était alors réservée à une catégorie
aisée, une élite. Le portrait photographique devient l’enjeu d’un
questionnement esthétique dés les années 1860.
I.
La naissance et
l’organisation d’une profession
1.
Faire son portrait, collectionner les portraits des autres
Les
portraitistes au daguerréotype sont au nombre de 12 dont 6 au milieu du XIX°
siècle, dans le quartier du Palais royal. Pareil à Londres avec dans les
quartiers à le mode des ateliers de photographe à Regent Street, ou à New-York
avec Broadway. Plus le temps passe, plus
ces ateliers de portraits pullulent. On vient de province pour se faire
tirer le portrait. Les prix au départ
très élevés chutent considérablement dans les années 1840 encore que cela
change selon le type de portrait que l’on désir (pleine plaque 21*16 encore
onéreuse, …).
Le daguerréotype
est d’abord un objet intime et privé.
Il est d’autant plus précieux que son image est alors unique redoublant ainsi
la valeur de cet objet. Par intime, on sous-entend la pratique de la photographie
post-mortem.
Avec l’apparition
d’une nouvelle génération de photographes en 1850 et le procédé du collodion
humide, on a des ateliers petites industries du portrait, avec l’usage neuf du
portrait carte.
Ces portraits cartes vont avoir un immense succès dans les années 1850 – 1860. Disderi permet avec un nouveau procédé de faire quatre portraits identiques sur
la même plaque avec 4 objectifs. En général cela montre le portrait en pied
du personnage en 6*9 cm. On peut coller
ses photos sur sa carte de visite et c’est cela le portrait carte. Au début
des années 1860, il faut compter 25 francs pour un portrait et 15 francs pour
une douzaine de cartes de visite. Ca reste cher pour les couches populaires.
Disderi fait prospérer son commerce par cet engouement qui touche aussi la
Grande-Bretagne (300 millions à 400 millions de carte dans les années 1850 –
1860). On a donc surtout un public
bourgeois qui est touché avec les aspirations de cette classe avec des scènes
théâtrales dans la pose.
Parallèlement,
Disderi propose d’autres produits photographiques, la galerie des
contemporains, portraits d’hommes célèbres au format portrait carte avec une
légende et une petite biographie.
On a alors tout un commerce du portrait
des célébrités. Lorsque le mari de la Reine Victoria meurt, 70 000
portrait carte du décédé sont vendus en une semaine. Ainsi, on construit une
forme de proximité entre la petite bourgeoisie et les personnages publics du
régime. Napoléon III comprend les bénéfices de cet usage et se fait son
portrait carte. C’est une forme de
proximité qui s’instaure entre le consommateur et le sujet photographié. Le
portrait montre la relation de l’individu avec l’espace public.
2.
Le photographe en majesté : Nadar
Nadar est la figure
archétypale des années 1860.
Il installe son atelier au premier étage d’un immeuble de la rue de Saint
Lazare dans laquelle il produit les portraits qu’on lui connaît. Le succès de
Nadar vient du fait qu’il pratique des
portraits très neutres, qu’il s’emploie à faire ressortir les qualités
naturelles des individus photographiés. Le regard joue plus que le décor ou
la pose. Il accorde un grand souci à l’éclairage et discute avec son sujet pour
le mettre à l’aise. Il pratique le collodion humide. De nombreuses
personnalités seront prises en photographies dans son atelier (Dumas, …).
En 1860, il
s’installe sur le boulevard des Capucines avec une grande division des tâches puisqu’il a 50 employés
(chimistes, techniciens, colorieurs, …). On
y pratique allègrement la retouche pour rehausser le caractère pictural.
Certains retoucheurs s’estiment si importants dans la photo qu’ils cosignent
avec le photographe la photo. Ce n’est pas une activité honteuse.
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