jeudi 15 mars 2012

Photo 15 - 03 (cours 9)

Précédemment : Photo 12 - 03


Nadar



Cultures et usages de la photographie au XIX° siècle


La photographie se démocratise à la fin du XIX° siècle avec notamment la pratique du portrait photographique qui définit largement le monde des photographes professionnels. Or cela ne faisait pas parti des idées d’Arago lorsqu’il présenta le daguerréotype. L’idée qu’on puisse utiliser la photographie pour soi est neuve mais lance une démocratisation de l’image de soi qui était alors réservée à une catégorie aisée, une élite. Le portrait photographique devient l’enjeu d’un questionnement esthétique dés les années 1860.


I.                   La naissance et l’organisation d’une profession

1.      Faire son portrait, collectionner les portraits des autres

Les portraitistes au daguerréotype sont au nombre de 12 dont 6 au milieu du XIX° siècle, dans le quartier du Palais royal. Pareil à Londres avec dans les quartiers à le mode des ateliers de photographe à Regent Street, ou à New-York avec Broadway. Plus le temps passe, plus ces ateliers de portraits pullulent. On vient de province pour se faire tirer le portrait. Les prix au départ très élevés chutent considérablement dans les années 1840 encore que cela change selon le type de portrait que l’on désir (pleine plaque 21*16 encore onéreuse, …).
Le daguerréotype est d’abord un objet intime et privé. Il est d’autant plus précieux que son image est alors unique redoublant ainsi la valeur de cet objet. Par intime, on sous-entend la pratique de la photographie post-mortem.

Avec l’apparition d’une nouvelle génération de photographes en 1850 et le procédé du collodion humide, on a des ateliers petites industries du portrait, avec l’usage neuf du portrait carte. Ces portraits cartes vont avoir un immense succès dans les années 1850 – 1860. Disderi permet avec un nouveau procédé de faire quatre portraits identiques sur la même plaque avec 4 objectifs. En général cela montre le portrait en pied du personnage en 6*9 cm. On peut coller ses photos sur sa carte de visite et c’est cela le portrait carte. Au début des années 1860, il faut compter 25 francs pour un portrait et 15 francs pour une douzaine de cartes de visite. Ca reste cher pour les couches populaires. Disderi fait prospérer son commerce par cet engouement qui touche aussi la Grande-Bretagne (300 millions à 400 millions de carte dans les années 1850 – 1860). On a donc surtout un public bourgeois qui est touché avec les aspirations de cette classe avec des scènes théâtrales dans la pose.
Parallèlement, Disderi propose d’autres produits photographiques, la galerie des contemporains, portraits d’hommes célèbres au format portrait carte avec une légende et une petite biographie. On a alors tout un commerce du portrait des célébrités. Lorsque le mari de la Reine Victoria meurt, 70 000 portrait carte du décédé sont vendus en une semaine. Ainsi, on construit une forme de proximité entre la petite bourgeoisie et les personnages publics du régime. Napoléon III comprend les bénéfices de cet usage et se fait son portrait carte. C’est une forme de proximité qui s’instaure entre le consommateur et le sujet photographié. Le portrait montre la relation de l’individu avec l’espace public.

2.      Le photographe en majesté : Nadar

Nadar est la figure archétypale des années 1860. Il installe son atelier au premier étage d’un immeuble de la rue de Saint Lazare dans laquelle il produit les portraits qu’on lui connaît. Le succès de Nadar vient du fait qu’il pratique des portraits très neutres, qu’il s’emploie à faire ressortir les qualités naturelles des individus photographiés. Le regard joue plus que le décor ou la pose. Il accorde un grand souci à l’éclairage et discute avec son sujet pour le mettre à l’aise. Il pratique le collodion humide. De nombreuses personnalités seront prises en photographies dans son atelier (Dumas, …).
En 1860, il s’installe sur le boulevard des Capucines avec une grande division des tâches puisqu’il a 50 employés (chimistes, techniciens, colorieurs, …). On y pratique allègrement la retouche pour rehausser le caractère pictural. Certains retoucheurs s’estiment si importants dans la photo qu’ils cosignent avec le photographe la photo. Ce n’est pas une activité honteuse.

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