Pont couvert de Pavie, capitale lombarde
1.
Une nouvelle politique européenne
Les
Francs montent une expédition assez offensive obtenant du roi des Lombards la
promesse qu’il laissera en paix les territoires romains. Mais sitôt les Francs
partis, le roi des Lombards recommence
la conquête des terres du pape. En 756, les Francs partent à la conquête des
places prises par les Lombards et Pépin comprend qu’il doit laisser sur place
des garnisons. C’est Fulrad
qui va recueillir les clés de 22 cités de Lombardie avant de les donner
officiellement au pape avec un acte de donation de Pépin. Ce dernier considère
qu’il a conquis les villes par acte militaire. C’est donc la base du patrimoine
de Saint Pierre à l’origine des Etats pontificaux.
Pépin veut surtout
conquérir la Septimanie déjà entamé par Charles Martel. Celle-ci est gardée par
des Musulmans. Pépin organisa parallèlement en chaque année une campagne en
Aquitaine. En 768,
cette politique s’arrête car Waïfre, le duc d’Aquitaine est assassiné par les
soldats francs. Il semble de plus, que cela provoqua un climat de terreur en
Aquitaine. L’Aquitaine intègre alors le
royaume franc. Pépin installe des bases franques partout dans la région mais il
leur promet la conservation de leurs structures sociales, de leurs lois et de
leurs coutumes.
En Bavière vient un autre problème. Tassilon, fils d’Odilon, est le neveu de Pépin suite au rapt de
la sœur de Pépin. En échange d’un serment de fidélité, Pépin laisse la charge
de la Bavière à son neveu qu’il nomme duc. Mais celui-ci marque très rapidement une politique indépendante
en épousant la fille du roi des Lombards, nommée Liutberge. Il réunit aussi
les évêques de ses territoires, agissant comme un prince avec une autorité sur
les églises. Cette volonté d’indépendance est visible sur le pied du calice de
mariage du couple ducal. Cela forge déjà une concurrence entre le neveu et son
oncle.
Pépin tente aussi
de poursuivre la réforme de l’Eglise. Il s’appuie toujours sur les vieilles
familles austrasiennes, en particulier Chrodegang, évêque de Metz, qui devient le
représentant du pape Etienne II dans cette réforme. Il cherche avant tout à
rétablir la discipline ecclésiastique avec la fin du cumul des charges (un seul évêque par diocèse). Pour régler le problème des terres de
l’Eglise, Chrodegang propose le versement d’un impôt spécial de
compensation : la dîme. C’est le dixième de tous les revenus des
familles qui est prélevé au profit des églises. Pépin donne son accord en 756
et on estime que c’est le point de départ.
Enfin il impulse
aussi la réforme de liturgie sur le modèle romain. Chaque ensemble régional disait
la messe à sa manière, surtout entre le Nord et le Sud. On cherche donc à
unifier le modèle en s’inspirant de celui du pape. Chrodegang demande au pape
d’envoyer des manuscrits et des initiateurs de chants pour chanter romain. Tout
cela arrive à Metz et la ville devient le centre de la réforme liturgique du
royaume. Cela va bien se propager dans
la région du Nord, moins dans celle du Sud. Cette réforme permet de mettre en
place une nouvelle Eglise franque. Elle est directement liée à Rome, ce qui
n’était pas le cas jusqu’alors, l’Eglise se construisant sous le couvert du
pape. De plus l’Eglise est le premier facteur d’unité. Enfin elle est au
service du roi et celui-ci peut se servir de ses travailleurs comme ses
administrateurs. Cela devient donc vite une base du royaume carolingien.
Charlemagne empereur avec déjà quelques regalia dont Joyeuse
Charlemagne, du royaume des Francs à l’empire carolingien (768 –
814)
Fils
de Pépin et frère de Carloman, avec qui il s’entend très mal. On a donc une
première période suivie d’une seconde avant son couronnement en tant
qu’empereur.
I.
La construction de
l’Empire
1.
Un empire fondé sur des conquêtes militaires
Au début de son
règne Charlemagne
est confronté à son frère Carloman. Leur mère arbitre plutôt en faveur de
Carloman. Mais son frère meurt en 771 et
Charlemagne met la main sur ses territoires au détriment de ses neveux qui effrayés par le
risque d’être tués filent se réfugier chez le roi des Lombards. Les comtes en
revanche reconnaissent très vite le pouvoir de Charlemagne.
Le
roi mène des conquêtes de manière un peu contextuelle, ce qui oblige à adopter
non pas une vision chronologique mais géographique.
A.
La conquête du royaume des Lombards
Le pape menacé par
le roi des Lombards appelle Charles qui vient et fait le siège avec de
nombreuses troupes de la capitale Pavie. Didier, roi des Lombards, cède en juin 774, Charles prend la ville, le trésor qu’il
distribue à ses fidèles et décide de se nommer roi des Francs et des Lombards.
Le royaume n’est pas intégré puisqu’il garde ses lois et ses coutumes.
Il
part ensuite conquérir le duché de
Spolète au centre de l’Italie et s’assure de la neutralité du duché de Bénévent dont il obtient qu’on lui
paye un tribut. Les Francs progressent
donc dans le Sud de la péninsule en entrant en contact avec les territoires
byzantins du Sud de l’Italie.
B.
L’attraction vers l’Espagne (778 – 801)
Zone relativement
instable, les Francs et les Aquitains vont tenter de prendre pied dans la
péninsule. En 777, une révolte éclate des
Musulmans de Barcelone qui décident de s’allier aux Francs pour venir à bout de
l’émir de
Cordoue.
Ils font donc une demande avec des émissaires à Charlemagne qui est à
Paderborn. Charles se laisse convaincre
et en 778 il passe les Pyrénées avec une
vaste armée et s’apprête à faire le siège de Saragosse. Mais les alliés
barcelonais sont écrasés et Charles se replie vite en brulant Pampelune. Cet
incendie provoque en retour le massacre de son armée par les Basques. C’est là
qu’est produit la chanson de Rolland de Roncevaux. C’est donc un échec absolu des armées franques,
d’autant que l’Aquitaine n’est pacifiée que depuis récemment et pour éviter
toute alliance des Aquitains avec Cordoue, il crée en 781 un nouveau royaume
d’Aquitaine pour son fils Louis, alors âgé de 3 ans. Au Nord de l’Aquitaine se
trouve les palais royaux, au Sud en Septimanie, ce sont surtout des monastères.
Louis est donc trop jeune, mais on lui donne quand même car la femme de
Charlemagne, Hildegarde, a suivi son mari mais a accouché en Aquitaine. Louis est donc né en Aquitaine et Charlemagne
fait passer son fils pour un Aquitain. L’aristocratie locale peut donc entrer à
la cour du roi tandis que son fils est tutellé par les bonnes personnes.
Mais l’échec à
Saragosse augmente les troubles en Espagne qui provoque un grand courant de
migrations des ecclésiastiques espagnols qui se réfugient en Aquitaine et à la cour franque.
Ces troubles poussent Charlemagne à instaurer un glacis défensif entre les
Pyrénées orientales et la Vallée de l’Ebre : la marche d’Espagne. Le comte de Toulouse et le roi Louis d’Aquitaine
permettent de mettre la main sur Barcelone, dorénavant capitale de la marche
d’Espagne. Une grande partie des élites locales se joignent au roi franc. C’est
l’origine de la Catalogne.
C.
Annexion de la Bavière (788)
Tassilon
depuis le décès de son oncle s’estime indépendant surtout qu’il n’a pas prêté
serment à Charlemagne. Il se pose en rival de son cousin Charles et renforce son alliance avec
les Lombards tout en cherchant à avoir les grâces du pape. Mais quand les
Lombards tombent il est un peu isolé. En 787,
Charles exige de Tassilon le serment de fidélité, Tassilon refuse mais face à
la massification des troupes franques sur la frontière, il finit par se
soumettre. Charles renouvelle le serment
de Tassilon et lui donne le Bavière en tant que bénéfice. Donc si Tassilon
trahit Charlemagne, celui-ci va reprendre la Bavière. L’année suivante au
prétexte que Tassilon complote avec les Avars (population d’Asie centrale), Charlemagne et l’assemblée réunie sur le
cas Tassilon, annoncent une haute trahison ce qui peut le condamner à mort.
Charlemagne magnanime l’enfermera lui, sa femme et ses enfants dans des
monastères francs. Sa femme étant morte au monastère de Chelles.
Le succès n’est
cependant possible que parce que Charlemagne à bénéficier du ralliement des
élites bavaroises de l’Ouest en échange de davantage de terres, de pouvoirs et
d’influences, … Le butin qu’il donne aux élites de son
royaume, Charlemagne passe son temps à l’accumuler. Il se servira des Avars
notamment, qu’il combat farouchement avant de mettre la main sur le ring des
Avars, forteresse dans laquelle le khan des Avars gardait le butin de toutes
ces expéditions. Charles aurait du atteler 15 chariots de butin qu’il a très
largement redistribué en Europe, au Pape, au roi Anglo-Saxon, … Il réorganise
aussi la région sous forme de marche et tente un début de missions.
D.
Les guerres de Saxe (776 – 803)
Les relations entre
Francs et Saxons sont anciennes mais se sont plus récemment durcies. Les Saxons
faisant des incursions et des raids chez les Francs. Charlemagne fera un raid
en 772 en pillant le sanctuaire de
l’Irminsul et en abattant l’arbre sacré. Les Saxons répliquant par la
destruction du monastère de Fritzlar.
De 778 à 785,
Charlemagne mène une politique de la terreur. Il tuera plusieurs milliers de Saxons à Verden, en
déporte de nombreux en Normandie. Il promulgue le premier capitulaire qui condamne la religion passive de
manquements au roi ou la religion. Mais ici, Charles n’a pas le soutien des
élites et les Saxons lui font comprendre par une grande révolte en 793. Il
entreprend alors le second capitulaire en 797
ou il se rallie définitivement Widukind en l’intégrant dans la structure du royaume
franc avec d’autres élites. Les choses sont alors stabilisées.
De
802 à 803, Charles reconnait leur mode
de vie aux Francs, moyen d’intégrer la Saxe en lui laissant ses particularités.
Enfin cela va de paire avec la fondation de diocèses en Saxe et de monastères,
comme celui de Corvey en 822. La phase de conversion est très longue.
A la fin du VIII° siècle, Charlemagne a fini ses
conquêtes, il tient plus un conglomérat qu’un empire puisque leur point commun
n’est que la soumission à la dynastie carolingienne. Cela permet de mettre une
nouvelle dimension à ces conquêtes territoriales.
2.
Le couronnement impérial
Charles était
souvent considéré comme le nouveau David, sacré par Dieu. La cour le considère
comme tel, surtout sous l’influence d’Alcuin (730 – 804) qui devint un conseiller de Charlemagne
très influent sur le roi lui-même. Il insiste sur la dynastie carolingienne qui
est au-dessus de toutes les royautés comparée à Rome (le pape Léon III est
discrédité, enlevé, réfugié à Paderborn) et à Byzance. Le pape malmené demande de l’aide à Charlemagne qui prend conseil
auprès d’Alcuin. Celui-ci conseille l’ouverture d’une enquête et le
raccompagnement de Léon III à Rome. Dans l’autre empire, à Byzance,
l’impératrice Irène crève les yeux de son fils pour qu’il ne règne pas et elle
monte sur le trône à sa place se donnant le titre de Basileus. Ce coup d’état est gênant pour les Francs, c’est un
scandale, la femme n’est pas empereur, juste impératrice femme ou mère de.
Le 23 novembre 800 charlemagne entre à Rome et est
salué comme un empereur
par la ville à l’extérieur de Rome. Charles
réunit un concile qui aboutit à un serment du pape sur les reliques saintes, il
doit se purger de ses actes. Mais les ecclésiastiques réunis en concile constatent
que Charles tient la plupart des capitales de l’ancien empire d’Occident, le concile décide de lui donner le titre
d’empereur, que Charles après des minauderies finit par accepter. Il est
sacré le lendemain mais la cérémonie pose problème.
Les
empereurs devant toujours être nommés à Byzance, on va copier la cérémonie. Il
faut que les grands personnages de Rome laïcs et ecclésiastiques acclament
Charlemagne. Le pape doit ensuite poser la couronne sur la tête de Charlemagne
avant de se prosterner devant l’empereur (genoux puis tête contre le sol). Or le pape inverse le rituel, il le couronne
dans la basilique Saint Pierre avant l’acclamation. Or c’est ce geste du pape
qui devient constitutif de la nomination d’empereur. Il se place ainsi comme
celui qui par son investissement venu de Dieu nommera les empereurs. Du
coup, Charlemagne mécontent tentera de retourner la chose par la suite en
nommant son fils empereur à Aix la Chapelle, sans succès. Si la proskynèse est
depuis longtemps annulée, car évoquant par trop l’idée d’une idolâtrie, le
reste de la cérémonie dévoile deux perceptions différentes de l’empereur.
Charlemagne n’a pas
vraiment un empire, il a un territoire très disparate où l’empire fut fondé par les
Francs et par les armes pour répondre à la volonté de Dieu. Comme Dieu avait
choisi les Hébreux, dorénavant, il a choisi les Francs pour porter le message
du Christ par les armes aussi. On a donc
avant tout un empire chrétien dont le chef est au sommet des pouvoirs terrestres
pour que celui-ci réalise sur terre la volonté de Dieu. C’est donc une
théocratie impériale caractéristique de règne de Charlemagne, puis de son fils.
Cela signifie que l’empereur est l’incarnation de la volonté de Dieu, il est
donc au-dessus de toute la société et au moins même niveau que le pape.
Par contre, le
système carolingien n’est pas un empire centralisée, ce n’est pas un ensemble
unique, mais un conglomérat de plusieurs ensembles avec des royaumes différents
délégués aux fils du roi. Certes ces royaumes sont subordonnés à l’empire mais
ils existent par leurs particularités spécifiques qui sont conservées. On essaye donc de ne pas avoir
devant les yeux l’empire romain, il faut le voir avec les yeux de quelqu’un qui
pense sans comparer les deux empires. Le système est particulier.
II.
Les principes de
gouvernement
1.
Du cœur des royaumes vers les frontières
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