mercredi 26 octobre 2011

Antique 25 - 10

Précédemment : Antique 18 - 10


On peut déjà constater que les thébains mélangent les spartoi, Kadmos et Harmonie, donc respectivement l'autochtonie, l'altérité et la divinité. Kadmos est un héros médiateur qui fait passer la cité de la sauvagerie à la civilisation. Le dragon représentant cette sauvagerie et par son meurtre assure à la civilisation d'avenir. C'est aussi un héros civilisateur puisqu'il donne naissance aux futurs citoyens (dents du dragon sauvage donnant les premiers hommes) et en assurant sa propre descendance. Son œuvre civilisatrice vient aussi du fait que Kadmos apporte l'écriture aux hommes. De plus, son œuvre civilisatrice passe dans l'agriculture par le cadeau de mariage de Déméter : le blé. C'est aussi un héros fondateur, dans le sens où il crée la communauté politique. Son nom voulant d'ailleurs signifier « celui qui met en ordre ». Il réunit en lui plusieurs facettes qui sont disjointes dans d'autres cités (comme Athènes).


On trouve tout de même le rôle de la souillure dans ce mythe ambigu, étranger civilisateur et fondateur de la cité qui s'est attaqué et à tuer un serpent pour finir lui même un serpent meurtrier. Cela montre que l'instauration d'un ordre civique implique à sa base une violence, qui doit finir par être expiée. C'est pour ça que Kadmos est exclu de la cité qu'il a fondé, pour assurer la pérennité de sa cité. Beaucoup d'autres récits mettent en valeur cette fondation comme une forme de violence qui souille et doit être expiée d'une manière ou d'une autre.


Tout ces mythes d'origine fournissent une identité collective distincte à chacune des communautés grecques permettant de se distinguer entre elles. Les citoyens revendiquent alors une divinité qui a choisi de les protéger. Ils s'imaginent aussi soit comme venus de la terre par l'autochtonie, soit par l'altérité d'une étranger fondateur, ou encore en réconciliant les deux comme le fait Thèbes.






Les mythes politiques doriens






Avec les Ioniens et les Eoliens, les Doriens sont un des trois peuples du monde grec. Les cités se pensant toutes issues d'une même civilisation, il existe tout de même une subdivision à l'intérieur d'eux : les Ioniens, les Eoliens et les Doriens. Tous se pensent grecs mais sont propre à un de ces trois grands peuple. Le langage est légèrement différent, ils ont chacun leur dialecte. Tous ces ethnè se singularisent entre eux par un dialecte particulier mais aussi par certaines institutions (trois tribus par cité dorienne, quatre tribus par cité ionienne) et par leurs récits fondateurs.


Les Doriens sont un grand sujet de débats aujourd'hui encore. Ils se pensaient eux-mêmes comme des envahisseurs venus s'installer dans le Péloponnèse. On a donc un débat sur le moment où l'on doit placer les invasions doriennes et sur leurs origines (Grecs ou étrangers). Ce débat émerge avec l'historien prussien, Karl-Ottfried Müller qui écrivit Die Dorier en 1824. Le débat se compliqua avec la projection des États du XIX° siècle sur ces zones. Müller projette sur Sparte, la Prusse, État militaire et fort. Les allemands se saisirent de cette histoire pour se concevoir comme des descendants des Doriens. Ainsi, les Doriens furent assimilés à une race supérieure, ancêtre des Aryens. Ces envahisseurs ont permis à la Grèce d'apporter un « sang neuf » de farouches conquérants venus « régénérer la race grecque abâtardie » par un long contact avec l'Orient.

Des thèses ont répliquées à ces explications. Gustave Glotz montrant que les Doriens étaient de farouches guerriers certes, mais ils ne sont pas responsables de l'essor des cités grecques mais au contraire de son entrée dans les Ages Obscures.

Les Doriens furent les projections des historiens prussiens, puis nazis, puis français. Ce furent toujours des conquérants extérieurs au monde grec mais perçus plus ou moins positivement ou négativement selon les courants.


Aujourd'hui, même si l'on manque de sources, on estime que les Doriens étaient des Grecs des Ages Obscures. Ils furent membres de bandes guerrières venues de Thessalie au Nord de la Grèce. Pour s'installer dans le Péloponnèse. On peut y voir des mercenaires grecs qui se seraient sédentarisés dans la Péloponnèse. L'enjeu des Doriens a donc été de justifier l'occupation d'un territoire qui n'était pas le leur, avant eux on trouvait une longue tradition d'habitants déjà installés. Les récits qu'ils ont formés ont pour but de légitimer non pas la fondation d'une cité mais une occupation de territoire.



  1. L'invasion dorienne et le retour des Héraclides : comment justifier le présent ?


  1. Les Doriens et les Héraclides : deux histoires au départ distinctes


Leurs grands récits s'ancraient sur deux histoires différentes celui des invasions doriennes et les descendants d'Héraclès. Les Doriens, notamment les Spartiates, imaginent leur passé et leur arrivée dans le Péloponnèse, menés par des chefs Héraclides, des descendants d'Héraclès. La première justification de ce mythe est très ancienne comme nous ont montré les traces restantes des poèmes de Tyrtée (mi-VII° siècle avant JC). Il écrivit « Car Zeus lui-même, le fils de Cronos, l'époux de la reine Héra, donna cette polis aux Héraclides, avec qui nous quittâmes la venteuse Erinée [en Thessalie] et arrivâmes dans le vaste Péloponnèse ». Tyrtée explique donc que la cité de Sparte est un cadeau de Zeus aux Doriens. Autre point important, les Héraclides se présentent comme les chefs des Doriens, à la tête d'un groupe de combattants de Doriens, chargés de se rendre dans le Péloponnèse. Les rois de Sparte ne se pensaient pas Doriens, ils étaient descendants d'Héraclès, donc deux Héraclides. Les Doriens étant les simples homoioi de la cité.

Le récit fusionne deux histoires donc les Héraclides d'une coté et les Doriens de l'autre.


Les Doriens dans les écrits grecs, semblent montrer que ceux-ci se pensaient Grecs, descendant du premier de tout les Grecs : Hellen. Hellen, fils de Zeus eut trois enfants : Doros fondateur des Doriens, Aiolos fondateur des Eoliens, Xouthos qui avec Créuse donna naissance à Ion, fondateur des Ioniens. Doros est donc le héros éponyme des Doriens et descendant d'Hellen, les Doriens se considèrent comme Grecs.


Le fils de Doros, Egimios aurait installé son peuple au Nord de la Thessalie en Hestiaotide. Les Doriens auraient alors été chassés par les Lapithes, victorieux des Centaures, qui en font donc des nomades. Héraclès serait alors intervenu pour aider Egimios à être victorieux des Lapithes. Avec cette aide d'Héraclès auprès des Doriens, cela légitime par la suite que les Héraclides se réclament chefs des Doriens.


Héraclès de son coté est itinérant dans tout le monde grec et on le retrouve régulièrement dans le Péloponnèse. C'est sa présence et ses actes qui vont servir aux Doriens pour justifier leur occupation du territoire du Péloponnèse.

Sparte au départ est fondée par Lelex, un autochtone primordial. Héraclès arrive alors que plusieurs générations se sont écoulées depuis Lélex, et la génération présente est celle de Tyndare et de son frère Hypokoon. Tout deux se disputent la royauté. L'héritier légitime est Tyndare, mais il a été chassé du pouvoir par son frère qui s'appuie sur ses 20 fils pour prendre le pouvoir. Héraclès va entrer en conflit avec Hypokoon qu'il juge responsable du meurtre de son cousin Oenos. Il prend le parti de Tyndare et massacre les 20 enfants d'Hypokoon ainsi que le tyran. Ainsi il remet Tyndare sur le trône. En échange de l'aide qu'il a apporté, Héraclès demande à Tyndare de laisser le pouvoir à ses descendants le jour où ils viendront à Sparte.

Les Doriens peuvent prétendent à occuper les Péloponnèse et Sparte parce que les Héraclides ne font que réclamer leur dut. Tyndare épouse Léda, une femme distraite qui oublie de sacrifier à Aphrodite son offrande. Aphrodite en colère punit Léda en la faisant s'accoupler, sans que Léda le sache, avec Zeus transformé en cygne. Elle va alors pondre deux œufs avec dans l'un les descendants mortels de Tyndare : Castor et Clytemnestre. Dans l'autre les enfants de Zeus : Pollux et Hélène. Castor et Pollux sont deux frères jumeaux inséparables qui fait que quand Castor meure, Pollux demande à Zeus à le rejoindre qui leur accordera le droit d'être morts un jour sur deux et sur l'Olympe le second jour. Tous deux meurent sans avoir de descendance et seront à l'origine de la constellation des gémeaux. Le royaume revient donc à celui qui épousera Hélène, Ménélas, frère d'Agamemnon, mari de Clytemnestre. Ménélas n'aurait jamais d'enfants mâles d'Hélène (avant ou après son enlèvement par Paris). C'est donc Oreste, neveu de Ménélas et donc fils d'Agamemnon, qui monte sur le trône. Or comme en revenant de Troie, Agamemnon découvrit que Clytemnestre avait un amant Egisthe qui régnait sur sa cité. Pour sauver son amant, Clytemnestre et Egisthe tuent Agamemnon. Oreste le vengera en tuant sa mère et l'amant de celle-ci, donc Clytemnestre et Egisthe ne sont plus. Pour finir, Oreste se marie avec Hermione, fille d'Hélène et de Ménélas. De l'union de ceux-ci, naquit un fils qui sera le trône de Sparte au moment du retour des Héraclides : Tisaménos. (page 13 du fascicule)


  1. Un retour ponctué par de multiples transgressions


Héraclès s'est donc rendu indispensable auprès de divers rois du Péloponnèse.

Le retour des Doriens se fit sur un temps long traversé d'impiétés et de violences que les Doriens doivent expier, différant leur retour. Ainsi, même légitimé par tout les moyens, prendre le territoire d'une autre peuplade pose de nombreux problèmes.


Le premier à vouloir revenir dans le Péloponnèse est Hyllos, fils ainé d'Héraclès. Il veut revendiquer son dut mais va échouer. Hyllos se rend à Delphes pour savoir quand reprendre son dut. Un oracle de Delphes prévient Hyllos qu'il doit attendre la troisième récolte pour attaquer. Il en conclut trois ans. Il arrive à l'isthme du Péloponnèse avec ses troupes doriennes et se retrouve face à Atrée, fils de Pélops. Pour arrêter le conflit, ils organisent un combat entre deux héros et le vainqueur déterminera les conditions de négociations. Hyllos sera son propre héros et Atrée choisit Echémos, fils du roi de Tégée. Hyllos perd et est tué pour ne pas avoir attendu trois générations.


Il faut attendre alors trois générations pour que les arrière petit-fils d'Hyllos : Téménos, Aristodemos et Cresphontès ramènent les Doriens dans le Péloponnèse. Mais ce retour va être long et sans arrêt retardé par des impiétés et des violences à expier.

Moderne 25 - 10

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Travailleurs de la terre et de la mer






Les travailleurs de la terre et de la mer sont majoritaires sous l'Ancien Régime car le secteur est lui-même dominant. Ce sont des travaux durs, soumis au climat, le rapport au milieu naturel rend l'homme plutôt soumis à la nature. Ce travail est souvent déconsidéré, même si le travail agricole est un des rares travail manuel qui ne soit pas ignoble. Un noble peut travailler sa terre sans problème, en pratique cela n'a pas lieu, un paysan même riche quant à lui ne dépasse jamais la frontière de la notabilité. Pourtant ce travail de la terre à l'attention des lettrés dés le XVII° siècle avec le Traité d'agronomie d'Olivier de Serres. A partir du développement de l'économie politique et spécialement de l'école physiocrate, il y a une grande revalorisation du travail de la terre, puisque dans cette théorie, la seule vraie production de richesse vient de la terre. On a donc une accentuation de cette valorisation du travail de la terre, mais pas de ceux qui la travaillent si ce n'est les grands propriétaires terriens.



  1. Les cadres spatiaux et temporels du travail de la terre


Même si la nature domine largement les hommes, les paysans ne sont pas passifs, ils construisent des lieux, des paysages aménagés. Ces espaces travaillés par les hommes sont souvent divisés en trois zones distinctes, de plus ou moins grande proximité avec le village. L'ensemble de ces zones formant le finage villageois, plus grand en méditerranéen qu'en montagne.


L'hortus, au plus près des villages pourrait équivaloir à notre jardin. Ce sont des zones encloses où se font les expérimentations paysannes. Sur ces parcelles à dimension limitée, on y met beaucoup de fumier, on y cultive les légumes traditionnels (poireaux, carottes, choux, navets, pois, …) et où on y expérimente les nouvelles plantes (maïs, patates, …) et les plantes fourragères. Dans l'hortus chacun fait se qu'il veut, il n'y pas de règle dans cette zone.


Dans l'ager, qui est la zone des grandes cultures, la réglementation communautaire y domine. C'est la zone la plus importante en surface du finage villageois.


Le saltus est la zone la plus éloignée de l'habitat, avec des landes, des broussailles, des taillis, des forêts, des bois, … Cette zone qui constituent encore un tiers de la surface des finages est essentielle à la nourriture et à la vie des ruraux (bois, animaux, lieu de pâturage, …).. Ces terres sont communales et au XVII° siècle, il y a des conflits croissants sur l'appropriation de ces terres, les seigneurs et les grands propriétaires cherchant à s'accaparer ces terres au détriment des plus modestes.


En 1780, en Beauvaisis, les labours forment 81% du finage communal, les bois en représentent 5%, 4% de terres labourables de non valeur, 1,6% de friches et 8,4% de divers. Les labours prennent une part écrasante. Avec la mise en labours de terres venus du saltus, les terres cultivables augmentent et jusqu'à 10% des terres furent récupérées. Il y a une tension autour des céréales soumises aux aléas climatiques, aux labours importants mais au rendement assez faible. Même dans les zones diversifiées, les céréales dominent les cultures (cas des méditerranéens). En général, entre 60% et 80% des terres sont réservées aux céréales.




  1. L'organisation du travail des champs


Généralement, on distingue quatre grands types de paysages en France.

L'openfield qui domine dans tout le bassin parisien, la France de l'Est et le centre de la France. C'est là où les droits communautaires s'appliquent, les pratiques communautaires y sont aussi les plus fortes. Ce pays est largement dominé par les paysages groupés. Chaunu parle d'un « monde plein ». Les paysans devant faire les mêmes choses en même temps, il y a organisation et répartition du travail des champs, le tout régulé par la commune. Deux systèmes s'imposent : l'assolement triennal et l'assolement biennal.

Dans l'assolement triennal, la partie enclavé du finage est répartie en trois soles. La première peut être celle de la jachère pour le repos de la terre mais elle est travaillée pour recevoir les cultures des années suivantes. On lui fait 4 labours, on l'enfume et on la marne avec l'apport de terres fertiles supplémentaires dans la mesure du possible. Les divers ont lieu la seconde année, comme le froment par exemple. La dernière année, se sont les blés de printemps comme l'avoine, qui nécessite un seul labour. Il est interdit pour ses paysans de faire des cultures différentes sur leurs soles.

L'assolement biennal plus sur les terres pauvres du midi et de la France centrale, on voit la simple alternance jachère et blé d'hiver. Les terres n'étant pas assez riches pour supporter les blés de printemps. Chaque année, la moitié de la terre est laissée sans culture, les rendements sont plus faibles que dans les lieux d'assolement triennal.

En réalité, il y a une pluralité des situations et ce schéma est assez caricatural. Par exemple, en Auvergne, les alternance sont beaucoup plus complexes.


Les pays de bocage, dont l'aspect visuel est différent, les champs sont entourés de haies. Ils sont plutôt du coté de la France de l'Ouest, le Pays Basque, … L'habitat est plus fréquemment dispersé et la combinaison est plus importante entre céréales et élevage que dans les openfields. Les terres chaudes font les cultures céréalières avec toujours ce repos de la terre, mais avec l'élevage, la mise en fumier des terres est un atout permettant de ne pas ravager les terres en cas d'aléa climatique.


Les pays méditerranéens ont des cultures plus diversifiées du fait de la variété des terres elles-mêmes. On trouve des zones très intensément cultivées avec la concomittance sur une même parcelle de plusieurs types de cultures. On trouve des céréales, des arbres fruitiers, … Il y a un étagement des cultures selon l'altitude et selon les parcelles. A coté on trouve des terres plus arides où la seule solution reste l'élevage extensif. Ce sont des zones d'habitat surtout groupé.

Avec l'époque moderne, la production de la culture de l'olivier surtout dans le Languedoc. Mais le grand hiver de 1709 stoppa cette extension vers le Nord.

C'est aussi l'essor du murier pour son utilisation du ver à soie dés le XVI° siècle mais surtout en parallèle du développement de l'industrie de la soie au XVII° et XVIII° siècle. Par exemple, dans le Vivaret, la production est multipliée par 4. Le travail du murier est un gros travail de paysan, l'arbre demandant beaucoup de soin et le fruit (la soie) est récupérée par les propriétaires. La production est très rentable et son produit par hectare vaut 18 fois le produit d'une hectare de blé et de 3 fois les produit d'un écart de vigne.

Se développe aussi fortement le châtaignier dont on fait de la farine et qui constitue la base de l'alimentation paysanne. Toujours dans le Vivaret, la culture du châtaignier double au XVIII° siècle sur les terres les plus haute.

On trouve aussi une grande place des plantes tinctoriales dans ces régions. Malgré le recul du pastel à Toulouse qui fut concurrencé avec le développement des relations internationales et l'apparition de l'indigo venu des Indes. A la fin de l'époque moderne, l'indigo est résiduel.


Les pays de montagne ont des ressources céréalières très limitées donc ce sont des zones qui par nécessité vont développer les échanges, en développant comme monnaie d'échange l'élevage qui permet de la viande et des produits laitiers. Cette production est donc échangée contre les céréales des zones frontalières.


  1. Les travaux et les jours


A. Les phases du travail des blés


Tout les traités d'agriculture indiquent au moins dix façons de mettre en œuvre pour bien cultiver les blés. On commence par les épierrer puis les amender et les fumer : on les charge en fumier pour améliorer la production des terres et cela chaque année. Ensuite vient le labour avec des outils différents selon la région (charrue au Nord, araire au Sud) avec une grande utilisation de la houe pour débarrasser les mottes (émotter). Cette étape est très représentée.

Ensuite vient le temps de la semaille. Suivi de l'étape où l'on herse avec l'outil du même nom, ???. On sarcle alors, on nettoie en arrachant les mauvaises herbes pour laisser pousser les plantes que l'on compte cultiver.

Vient l'époque de la moisson, il faut couper les plantes, les lier, les rassembler et les transporter. Ensuite il faut les battre avec le fléau pour séparer la graine de la coque qui l'entoure. Enfin il faut vanner les blés pour séparer le blé.


Il existe de multiples représentations de la moisson faite par les hommes et les femmes et les enfants préparant les bottes. Il y aurait donc eut des spécialisations des travaux : des moissonneurs, des batteurs, des sarcleurs, des échardonneurs, …


B. Les phases du travail des vignes


Enfin il existe l'entretien des vignes se développant dans de nombreuses régions mais avec des qualités variables selon les régions. Son travail est encore plus prenant que celui des céréales. La première étape est le taillage de la vigne au début du printemps. C'est difficile car il fait froid, les hommes coupent, les femmes et les enfants ramassent. Il faut être précis avec la serpe. En même temps, il faut faire le provignage, créer de nouveaux ceps, en enterrant les vieilles souches. Pour cela il faut fumer de nouveaux les terres.

En mars c'est le premier labour profond de la vigne pour aérer la terre autour des vignes. Cela prend trois semaines et doit se faire à la main, avec la houe ou la pioche. C'est donc aussi intensif. Il faut alors fixer les échalats, mettre des tuteurs pour la vigne. Quand elles poussent, il faut les attacher à l'échalat avec de la paille.

En mai-juin a lieu la floraison très importante puisque 100 jours plus tard elle détermine la vendange. Il faut ensuite biner la terre, le second labour de manière légère avec la houe.

En juillet, il faut couper les bourgeons pour mieux faire pousser les grappes de raisins.

En août-septembre, on vendange et cela demande une importante main d'œuvre. La date est importante, fixée par le seigneur et est pour tous la même. La main d'œuvre doit être répartie. Les coupeurs de grappes sont les femmes et les enfants. Ceux qui ramassent avec les hottes, appelés hotteurs, sont des hommes payés les doubles des femmes et des enfants. Ces travailleurs sont saisonniers souvent, ils sont logés sur place et on commence à faire le vin dés le premier jour de la vendange. Cela doit se faire vite mais les pressoirs étant propriété seigneuriale, il faut payer des droits d'utilisation. Cet investissement n'est pas possible pour de petits paysans.

Le vin est ensuite mit en tonneaux et plus tardivement en bouteille.

Cela montre l'intensité du travail de la vigne et la cadence, comme l'entretien des céréales, qui en résulte pendant au moins neuf mois.


La journée de travail tend le plus à correspondre à la journée naturelle d'ensoleillement et connaît d'importantes variations selon les saisons. Il faut se méfier, le travail paysan n'est pas entièrement dicté par le temps. Si les conditions climatiques se détériorent, on peut avancer où reculer les étapes d'entretien des récoltes voire travailler la nuit. Il y a alors des revendications récurrentes pour limiter la journée de travail. Les ouvriers vignerons revendiquent de travailler huit heures par jour auprès du Parlement de Paris. Les conflits sur le temps de travail passe aussi par la question du temps de transport qui doit être ou non décompté du salaire, concernant surtout les saisonniers.


  1. Le saltus


Cet ensemble de mauvais pâturages, des prairies, des friches, des bois, des taillis, des forêts, … Toutes ces terres non-céréalières qui néanmoins sont essentielles à la vie des communautés surtout des plus pauvres. Sans ces terres, pas de bois de chauffage, de charpente, de fruits, de gibier, … Il est donc essentiel.


A. Le domaine sylvestre


Ce domaine représente à peu près 25% de la surface de la France et cela tombe à 15% en 1800.


On trouve des hommes dépendant de ce domaine, les artisans du bois parmi lesquels les sabotiers, les vanniers, les boisseliers, les cercliers, les charrons, les corroyeurs (prélevant les écorces), les sieurs de long (découpant le bois pour les charpentes), …

On trouve aussi beaucoup d'éleveurs et de dresseurs de bétail qui ne peuvent pas rester sur les terres enclavées. Souvent ce sont les tâches des jeunes enfants. On croise aussi les mineurs et les carriers en liaison avec les industries utilisant le bois comme source d'énergie. On trouve aussi les chasseurs bien que ce soit généralement le privilège des nobles et en conséquence, les paysans deviennent des braconniers. Enfin on trouve aussi ceux qui produisent le charbon de bois, essentiel pour chauffer la ville et aux industries du feu. Ce sont des bûcherons, des charbonniers qui amènent cela auprès des acheteurs. Ces derniers sont assez nomades, se déplacent avec la progression des chantiers et vivent dans des huttes en forêt.


Il y a là aussi un étagement dans l'année des activités.

Début de l'hiver, les bucherons, les fendeurs arrivent. Viennent ensuite les charbonniers qui doivent attendre deux mois pour le séchage du bois avant la cuisson puis les voituriers de charbon. La construction des meules de bois demandent un savoir-faire précis pour éviter les incendie de forêts. Progressivement, ces populations vont se sédentarisées vers la fin du XVIII° siècle et au cours du XIX° siècle.


B. L'estran


Il s'agit des littoraux, excroissance des finages des populations côtières. On y trouve beaucoup d'activités réalisées par les femmes et les enfants : pêche à pied (vers 3 – 4 heures du matin), récolte du sable marin servant d'engrais et aussi du goémon servant aussi d'engrais, élevage d'huitres, développement des salines. Il y a donc une pluriactivité puisque cela s'associe aux cultures de la terre.


mardi 25 octobre 2011

Etat 24 - 10

Précédemment Etat 17 - 10










  1. Autonomisation du pouvoir politique par rapport aux divers groupes sociaux


Elias et Weber soulignent tout deux que l'État développe une logique qui lui est propre, distincte des intérêts des divers groupes sociaux constituant la société. Cela se distingue de l'analyse de Marx qui préfère voir l'État aux mains d'un groupe social : les capitalistes. On voit alors se développer des expressions « intérêt public », « bien public », … L'État défend un intérêt public propre. Pour autant,

sa construction se développe aussi dans l'apparition de groupes sociaux qui se reconnaissent au travers de l'État. L'État devient un enjeu de lutte pour les différents groupes sociaux qui pourraient en tirer certains avantages.


Quand l'État se met en place, deux logiques se retrouvent : la transmission du pouvoir par hérédité d'un coté et la transmission du pouvoir par compétence de l'autre. Au XV° siècle, un nouveau groupe social apparaît en Europe de l'Ouest : la bourgeoisie. Celle-ci est un groupe social urbain, aisé qui tire sa richesse de l'essor du commerce. Quand elle émerge, les grandes universités médiévales apparaissent en Europe et dans le public de celle-ci, une petite fraction est noble, la majeure partie est bourgeoise. Elle y voit une possibilité d'ascension sociale et pense pouvoir par cette scolarité revendiquer des compétences nouvelles dans la pratique du droit et la gestion de l'État. L'écrit prend aussi une place prépondérante. Elle va donc en grande partie alimenter les fonctionnaires de l'État profitant de la transmission du pouvoir par compétence. On voit donc une distinction progressive entre les proches du roi et un autre corps, celui d'agents spécialisés dans le fonctionnement de l'État. Ce proc

essus se fait sur le long terme.

Même si bourgeoisie et noblesse ont des intérêts divergents et se retrouvent souvent en conflit, l'État ne prend pas partie et se pose en arbitre. Dans la fiscalité, l'État l'applique aux deux groupes en même temps sans faire de distinction. L'État devient l'acteur central dont le rôle est surtout de régulation.


L'État effectue donc de plus en plus les tâches de gestion et de contrôle des finances qui auparavant pouvaient se faire par d'autres agents. De plus, il défend les intérêts de l'État au sens large et non juste des intérêts et enjeux locaux.



  1. Les caractéristiques de l'État bureaucratique


  1. Pouvoir impersonnel régit par des normes uniformes


Weber distingue domination traditionnelle, charismatique et légale-rationnelle. L'État s'appuie sur cette dernière, la légitimité repose sur la légalité et la rationnalité. Les dominés obéissent aux lois qu'ils jugent légitimes. L'exercice de la domination est dépersonnalisé, on n'obéit pas à des individus mais à des règles et des fonctions. Même les rôles politiques sont étroitement encadrés par ses règles et ses fonctions.

Le second élément qui définit pour lui l'État est la bureaucratisation et l'institutionnalisation de l'État. L'institutionnalisation étant le processus par lequel une organisation se constitue en structure différenciée du reste de la société, et la bureaucratisation renvoyant à l'organisation d'une structure selon un certain nombre de règles formalisées et rationalisées. Les deux ne vont pas forcément de paire. Les deux éléments sont aussi des caractéristiques de l'État moderne et cela se constate à travers la figure du fonctionnaire de carrière qui a une tâche anonyme et impersonnelle. Ils ne s'approprie pas les moyens d'administration, leurs intérêts sont distincts de ceux de l'État et ils ne cherchent pas à s'approprier les bénéfices de l'État. Ce système est différent du pouvoir patrimonial, lorsque le pouvoir est un patrimoine, un bien privé pour celui qui exerce le pouvoir, lorsqu'il n'y a pas de distinction entre le personnel et le public. Cet État m

oderne repose sur une ??? juridique de plus en plus précise, une bureaucratisation croissante des charges et des fonctions publiques, une différenciation de plus en plus grande entre les emplois publics et les emplois privés (ni achetables, ni échangeables). De plus, cet État moderne à de plus en plus besoin des compétences de ses agents, car le pouvoir de l'État est devenu si conséquent qu'il a besoin de ressources nombreuses (cartographie, statistiques, démographes, …). Des techniques se développent qui sont liées à ce fonctionnement.


  1. Le fonctionnariat moderne


Les fonctionnaires sont des hommes libres obéissant seulement au devoir que déterminent leur fonction et la loi.

Ils sont recrutés par contrat et à partir d'une sélection ouverte à tout les citoyens, le concours. C'est ce qui doit garantir l'égalité d'accès de tous les citoyens à la fonction publique puisque cela est permis par la compétence professionnelle qui prime. Le concours devient ainsi le mode de recrutement par excellence pour définir l'État

moderne.

La rémunération est fixée à l'avance selon une échelle de salaire strictement définie et qui se fait selon l'ancienneté. Cela permet aux fonctionnaires d'être indépendants de leurs supérieurs. Rien ne doit influer sur le fonctionnaire.

Enfin les fonctionnaires ne peuvent pas s'approprier leur fonction et leur emploi.


Pour Weber tout ces fonctionnements font du fonctionnariat l'organisation la plus rationnelle et la plus juste. D'abord dans le mode de recrutement, on recrute sur les compétence et non l'origine sociale. Cela permet de rendre adéquat la personne qui doit accomplir une tâche à cette tâche. C'est aussi le mode de recrutement le plus juste car le plus égalitaire. Cela reste un système considéré comme légitime. Enfin l'action des pouvoirs publics est encadrée par la loi et les citoyens sont protégés des décisions arbitraires.


La bureaucratie remplace une gestion sur le mode du clientélisme par une gestion organisé par des experts eux-mêmes caractérisés par leurs compétences. Cela permet enfin une plus grande prévisibilité de l'administration puisqu'elle

obéit à la loi. Cela augmente l'outil administratif et permet de mieux contrôler les libertés, mais aussi aux gouvernés qui ont accès à de plus en plus à des biens publics.

Toutefois, ce fonctionnement optimale de l'administration est loin d'être absolu et possède ses dysfonctionnements. C'est un idéal type que propose Weber, loin de la réalité.


  1. La sélection du pouvoir politique : une « noblesse d'État »


On peut voir dans les grands principes l'évolution des corps politiques passant d'une aristocratie à une méritocratie devant aller de paire avec la démocratisation de l'accès à la fonction publique. Or ce n'est pas véritablement le cas. Il semblerait qu'au sommet de l'État se constitue une nouvelle élite. Les études qui s'y intéressent ont tendance à étudier les hauts fonctionnaires, les plus petits, ont part du principe que la mixité y a effectivement lieu.

Y a t-il corrélations entre élite politique, élite économique et élite administrative où existe-t-il une vraie autonomie de l'État vis à vis de ses élites ? Cette question est récurrente sur toutes les époques.


Concernant l'idée d'une présélection par l'origine sociale, cela renvoie au rôle joué par l'État dans une présélection. La plus célèbre étant Les héritiers de Pierre Bourdieu. En principe, l'institution scolaire parle biais des diplômes et des concours sanctionne de façon égalitaire les individus aptes à entrer dans le corps de l'État. Au delà de ce principe, la réalité montre que l'école oriente les stratégies de reproduction des élites dominantes pour lesquelles l'école est un nouvelle contrainte, en même temps qu'il s'agit d'un nouveau système de légitimation. Le concours plus facile à obtenir pour certaines classes sociales que pour d'autres permet aux classes dominantes de masquer leur domination (comme le grand oral de l'ENA). Tout ça forme selon Bourdieu, une noblesse d'État.

Sur la question des activités même des fonctionnaires et le fait qu'il côtoient et soient membres d'une élite, on constate, en tant que spécificité française, qu'il y a un cumul des mandats, dans différentes domaines d'activités (grande entreprise privée et cabinet ministériel par exemple). Un cas est très représentatif : le pantoufl

age, ce processus de passage des hauts postes de l'État à un haut poste dans le secteur privé. Pour l'interpénétration entre élite administrative et élite politique, on constate que le fait d'être haut fonctionnaire, c'est une voie d'accès au mandat électif. En France, entre 1958 et 1978, près de 30% des députés proviennent du secteur public. En 1981, c'était 51%, en 2002 on est tombé à 27%. D'où l'apparition d'une nouvelle figure dans l'État : le technocrate, celui qui a le pouvoir par la science, une sorte d'expert de l'État mis en place par De Gaulle lors de la V° République, qui voulait renouveler le personnel politique.



Entre le Moyen-Age et le XVIII° siècle, on passe d'une concurrence pour le territoire à une concurrence pour des ressources et l'accès à des postes au sein de l'État. Il y a un double processus d'autonomisat

ion et de complexification de l'État. Cela soulève plusieurs question : y a-t-il une nouvelle féodalité qui se reproduit ? L'extension du nombre de fonctionnaire et de l'administration, surtout depuis le milieu du XIX° siècle, aura-t-il une fin (1850 : 200 000 de fonctionnaires, 1900 : 500 000 de fonctionnaires, 2000 : 2,5 millions de fonctionnaires, surtout les administrations sociales et culturelles) ?







L'État et ses trajectoires







On peut voir quatre générations d'États. La première s'est faite en réaction aux structures médiévales et qui deviendront des États nations au XIX° siècle. La seconde génération naît au XX° siècle sur les ruines des empires Ottoman, Allemand et Austro-Hongrois, l'entre-deux guerres étant marquée par l'édification et la maintenance de ses nouveaux États. La troisième générations d'États naît de la décolonisation du XX° siècle et l'État a pour charge de bâtir la nation. La quatrième génération viendrait de l'implosion du bloc soviétique et ses répercussions dans les Balkans. On remarque donc une grande diversité d'origine de ses États. Leurs points communs à tous, sont un centre politique spécialisé, institutionnalisé, différencié et autonome du reste de la société. Au delà de cela, chaque État à sa constitution spécifique, même si on constate des grands axiomes généraux dans leur construction.



  1. Facteurs explicatifs de différentes trajectoires étatiques


  1. La guerre


Charles Tilly, historien américain, considère que la guerre et le renforcement militaire constituèrent les États nations. Plusieurs raisons sont mises en avant pour justifier ce lien. Pour construire et maintenir les forces armées, les agents de l'État durent construire des administrations puissantes composées de fonctionnaires. En temps de paix, la capacité administrative de l'État est transformée soit pour maintenir les activités guerrières de l'État ou bien pour s'en servir dans d'autres domaines (???). De plus, après la guerre, les conscrits et les participants à l'effort de guerre revendiquent les droits qu'on leur a promis et que l'État doit garantir. Enfin, pendant la guerre l'État accumule des dettes et pour le gérer, il doit créer une bureaucratie au service de la dette ou intervenir dans l'économie pour accumuler les ressources.

Cette analyse ne tient pas compte de la dimension culturelle, de la religion ou du nationalisme. De plus, elle ne donne pas assez de poids aux origines internes de l'État.


  1. L'économie


L'idée principale met en avant le rôle de capitalisme marchand sur la structure de l'État. Ce marché capitaliste se développant au XV° siècle donne une structure à l'État selon la place qu'il occupe dans ce système économique. Deux cas se démarquent. Celui où se développe un capitalisme industriel intensif (France, Grande-Bretagne, Pays-Bas) où se développe une puissance bureaucratique étatique. A l'inverse les pays où les activités de production traditionnelles sont conservées avec une intervention étatique plus faible. L'État à moins de ressources à capter et donc les rentrées sont plus modestes.


  1. La religion


Une différence existe entre les pays de tradition catholique et ceux de tradition protestante. La Réforme qui a scindé ces deux groupes sous Luther en 1517. Il milite pour que les croyants ait un accès direct aux textes bibliques sans passer par un intermédiaire ecclésiastique. Critiquant ainsi la bureaucratie pontificale, il critique aussi toute forme de bureaucratie la parole divine étant supérieure à la parole politique.

Dans les pays protestants, une méfiance vis à vis de l'État subsiste, le cantonnant à des fonctions minimales. A l'opposé, l'Église ébranlée par la Réforme va aller chercher des appuis auprès des structures étatiques en créant avec elle des alliances, accroissant son autonomie et sa légitimité.

Médiévale 24 - 10

Précédemment Médiévale 17 - 10



Au V° siècle, début du Moyen-Age, la plupart des morts chrétiens étaient enterrés dans de vastes espaces à l'écart des habitations. On parlait alors de champs funéraires ou de nécropoles de plein champ. De manière marginale, on trouvait une pratique qui consistait à se faire enterrer à l'écart, près du corps d'un Saint, près d'un sanctuaire ou dans son grand domaine, mais cela était réservé à l'élite. L'Église contrôlait encore très peu l'inhumation.

La première évolution important fut le rapprochement des lieux d'inhumation et le lieu d'habitation, qui se fit à la fin du VII° siècle et surtout au cours du VIII° siècle. Dans ce nouveau cimetière, les morts sont enterrés en pleine terre, on utilise alors plus de sarcophage sans marquer l'emplacement de leur tombe. Tous sont enterrés dans un champ près de l'église et on laboure la terre régulièrement tout les 10 à 20 ans pour enterrer de nouveaux morts. On récupérait les ossements qu'on rangeait alors dans des ossuaires. Ces morts devaient protéger la communauté. L'Église insistait alors au VIII° siècle sur le fait qu'il ne fallait pas être enterré dans l'Église, les nobles trouvant cela plus prestigieux. Les clercs insistaient sur le fait que cela était réservé aux ecclésiastiques. Cela fut inégalement appliqué selon les endroits.

Ce ne fut qu'au X° siècle que l'usage du mot cimetière devint courant dans les usages liturgiques. C'est aussi à cette époque qu'on assiste aux premiers rituels pour consacrer cette terre des morts. Cela n'avait rien d'évident car à l'origine du christianisme, il était interdit de consacrer les terres où se trouvaient des corps inhumés. La plus ancienne consécration d'une terre de cimetière eut lieu en 971 avec Gérard de Tool à Saint-Michel du Mont Bar. Cela fut imité au XI° siècle par les autorités pontificales. Dorénavant, il faut absolument être enterré dans ces terres pour obtenir le salut. Anselme de Laon juge bon de faire croire cela aux fidèles pour les effrayés mais qu'évidemment chacun sait que ce n'est pas vrai. Cela donne un poids au curé local.

Le cimetière n'est pas encore clôt dans les villages et cela se fait du XI° siècle au XIII° siècle, jusqu'alors, on avait des maisons construites sur ce cimetière, les villageois s'y réunissaient pour y tenir des assemblées de justice, des assemblées de communauté villageoise ou encore pour y tenir des marchés (car c'est un espace dégagé dans le village et que cette terre consacrée, faisait redouter aux villageois de mentir, pour les assemblées, ou de voler les gens, pour les marchés). A partir du XIII° siècle, ce genre de pratiques est interdite et cela fonctionne pour les marchés et les constructions, mais beaucoup moins pour l'interdiction des assemblées villageoises qui résistent jusqu'au XV° siècle. Les gens conféraient vraiment à la terre du cimetière des pouvoirs puissants. Les enterrements se faisaient souvent au plus près de l'Église dans ce cimetière pour s'assurer l'aura dégagée par les reliques.


L'espace chrétien s'organise donc autour de pôles importants constitués par l'Église.



  1. Le tournant grégorien : rêve d'un contrôle centralisé de l'espace (XI° - XII° siècle)


  1. Une réforme portée sur le terrain


Cette réforme grégorienne est un moment de profonde transformation du fonctionnement de l'Église, il fallait donner à celle-ci une autonomie vis à vis des seigneurs laïcs et des souverains dont l'Église n'avait jamais disposer auparavant. A cette époque, le pape s'affirme comme le véritable chef de l'Église latine au sens où on ne lui reconnaît plus une simple autorité morale. Le pape prétend en effet, intervenir directement dans le fonctionnement des églises des différents royaumes et donner des instructions au clergé et aux autorités laïques de ces royaumes. Jusqu'alors, ces églises s'étaient organisées de manières complètement différentes autour de leur souverain, ceux-ci nommant souvent de proches aux places cléricales et récupérant les profits dégagés par les églises qu'ils avaient put fonder. Jusqu'au XI° siècle, le pape avait encore moins de pouvoir que les empereurs ottoniens qui avaient imposé de choisir eux-mêmes le pape. Celui-ci devait ensuite prêter serment à l'Empereur. C'était certes une mise sous tutelle du pape, mais c'était aussi un moyen d'être protégé puisqu'entre 888 et 962, huit papes furent assassinés ou emprisonnés par des rivaux. On stabilise ainsi l'autorité papale car l'assassinat du pape provoquerait les foudres de l'Empereur. Cependant, le pape ne pouvait avoir de réel pouvoir, il émettait des recommandations, des condamnations qui n'étaient pas toujours respectées par les laïcs ou les ecclésiastiques. Il pouvait aussi tenir des Conciles, des oecuméniques. Il pouvait aussi assurer sa protection. Le monastère de Cluny fondé par Guillaume d'Aquitaine, Guillaume Le Pieux, est placé sous la protection de Saint Paul et de Saint Pierre. Le pape protégeait cette abbaye et tout les 5 ans, un moine était envoyé à Rome pour donner à la papauté un cens de dix sous d'or, en échange de quoi, la papauté assurait la protection contre les seigneurs locaux. Seul l'émission de privilèges donnait aux clunisiens des dérogations pour échapper à la coupe des religieux locaux. Ces dérogations obligeaient souvent le monastère à devoir le mettre en place et l'imposer aux alentours de lui-même.


La papauté se renforce dans cette période et avec Léon IX (1049 – 1054) qui interdit la simonie (paiement de charges ou de sacrements) et le nicolaïsme (vie en concubinage). Mis en place dans Pavie en 1022, Léon IX va en fait pour la première fois mettre en place la réforme sur le terrain. Ainsi, il se déplaça dans toute l'Europe pour promouvoir cette réforme. Il part alors de Pavie et se rend ensuite à Reims, haut lieu du lien entre pouvoir religieux et pouvoir politique. Il décide d'y diriger un Concile et demande à Henri I, le roi de France d'y venir mais en restant sous la direction de Léon IX. Le roi convoque alors l'ost royal, qui évite aux évêques et aux archevêques de payer une taxe et de rejoindre les rangs de l'armée royale, en échange de quoi si le roi convoque l'ost, ils doivent venir. Du coup, Léon IX entre dans une fureur et dépose tout les évêques et archevêques partis à l'ost royal avant de revenir sur sa décision et de faire pénitence. Il part alors en Germanie voir son ami Henri III qui accepte sa réforme tout en sachant qu'une fois le pape parti, il ne l'appliquera pas. Léon IX lors de son voyage a consacré de nombreuses églises et considère alors que celles-ci sont reliées à Rome. Il instaure donc des relais dans sa politique réformatrice et fait aussi des points d'ancrage qui l'informeront aussi sur l'évolution du contexte dans ces régions.


On a ensuite pour la première fois des territoires placés sous l'influence du pape avec en 1080 Grégoire VII (1073 – 1085) qui envoie un légat à Cluny pour régler un conflit entre les moines de Cluny et les chanoines de Mâcon. Ces derniers accusaient les moines de Cluny de leurs voler des biens et l'évêque de Mâcon avait excommunié un certain nombre de moines clunisiens. Le légat tranche en faveur des moines clunisiens. Il définit aussi un territoire protégé de trois kilomètres de diamètre autour du Cluny dans lequel, aucune autorité laïque ne peut exercer le moindre pouvoir.

Cela évoque les sauvetés du Sud-Ouest de la France, territoire délimité par des bornes autour d'un monastère ou d'une église à l'intérieur desquels on devait laisser la paix des moines locaux. Cela était à la charge des comtes et ducs locaux, les grands laïcs.

Dans notre cas de Cluny, seul le pape et ses envoyés ont le droit d'intervenir sur ce territoire sacré, les autorités laïques sont dépossédées. Urbain II (1088 – 1099) lors de son voyage à Cluny définit un second banc sacré plus vaste (5 kilomètres) et dont les bornes sont désignées comme les bornes tendant vers les villes importantes des environs (une borne est tendue vers une ville). Cette définition devient floue et assure la vocation de ce territoire à devenir de plus en plus vaste, étendant le pouvoir du pape sur cette zone. Dans la suite de son voyage en France, Urbain II va lui aussi consacrer des églises en France. Tout cela montre par des exemples pédagogiques aux souverains européens que la pape peut intervenir dans ces territoires pour y mener la politique qu'il lui plaît.


  1. La re-territorialisation du diocèse


Michel Lauwers dans L'espace du diocèse rédige l'article Territorrium non facere diocesim : conflits, limites et représentations territoriales du diocèse. Il remet en cause la carte classique représentative des diocèses. Au départ, les évêques instauraient un « diocèse » dans les grandes villes impériales romaines, le terme désignait alors l'espace ???. Les archevêques, évêques installés dans une métropole romaine, exerçaient leur pouvoir dans toute la province de la métropole.

A partir du V° siècle, les textes des Conciles multiplier les appels à respecter les territoires des évêques et des archevêques. Cela montre que ce territoire est de moins en moins bien respecté par les laïcs. Le pape Gélase (492 – 496) déclare qu'il ne convient pas qu'un diocèse soit définit par des limites ou des ??? déterminés, « Ce n'est le territoire qui fait le diocèse ». Il développe alors l'idée que le diocèse ce sont les liens personnels, la convergence de fidèles autour d'un évêque. Par la suite, quand il y a conflit entre deux évêques, on fait une enquête pour savoir l'influence de chaque évêque et quels prêtres furent ordonnés par tel ou tel évêque, chaque zone d'influence de prêtre étant rattachée au prêtre. On ne réfléchit pas en terme de lieu mais de réseau social. On commence alors à évoquer la notion de distance, l'église ne devant être trop éloignée des fidèles, mais on parle en distance temps (être sur une grande route vers une église est plus proche que d'être à l'écart des chemins de cette église, même si la distance physique montre le contraire). Otton I érige la ville de Magdebourg en siège de capitale, de province ecclésiastique. En même temps, il établit pour la première fois une divisio terre, qui définit les limites d'une province ecclésiastique. Les empereurs qui suivent font de même, l'Église laisse faire, elle n'est pas assez puissante à ce moment là. Grégoire VII dans son Dictatus Pape déclare qu'il appartient au pape uniquement, et non aux laïcs, de créer de nouveaux évêchés, de les supprimer ou de les diviser. Il ne pourra pas la mettre en application et le premier à le faire sera Urbain II en créant le diocèse d'Arras en 1093. La lutte entre la papauté et l'Empire permit de créer des diocèses, ces territoires sous le commandement de l'autorité pontificale. Les textes antiques demandant aux laïcs de ne pas interférer dans ces diocèses sont alors réactualisés dans la réforme grégorienne. Lors des XII° et XIII° siècles, on met en application ces textes visibles par les textes de bornages de ces territoires. Un système territorial remplace ce système social.

Cela ne se fait pas sans heurts entre évêques. L'évêque de Vienne et celui de Grenoble se disputent sur les limites de leurs diocèses. En 1116, le pape Pascal II intervient et demande le nombre de châteaux dans les environs et partage en deux le nombre de ces châteaux, chaque limite territoriale des châteaux servant de territoire aux évêques.


Il n'y a donc pas eut de continuité entre les diocèses romains et les diocèses médiévaux.



  1. La fin d'une Église universelle (XIII° - XV° siècle)


  1. La territorialisation de la paroisse


La paroisse fut créée après le diocèse historiquement, mais en historiographie, la paroisse fut étudiée avant le diocèse. Zadora-Rio et Iogna-Prat travaillèrent de concert sur cette notion de paroisse que tout les historiens considéraient comme un territoire. Avec La paroisse en France, des origines au XV° siècle, de Michel Aubrun en 1986. Au départ, on disait que en histoire la paroisse avait les limites des villae des grands domaines romains. A l'époque mérovingienne Aubrun démontre qu'on avait ajouter de vastes paroisses dans les endroits encore non christianisés dont les limites s'inspiraient des territoires naturels. Enfin entre les XI et XII siècles, on voyait se multiplier les petites paroisses aux limites tourmentées qui correspondaient à la volonté de mieux encadré les fidèles.

Pour les deux historiennes, il est étrange que les autres historiens ne prennent pas en compte les travaux des archéologues de l'époque qui démontraient que l'habitat des hommes était très mobile et que ces regroupements changeaient de dix ans en dix ans. Or cela était peu compatible avec une stabilité de la paroisse. Ce n'est pas parce qu'il existe des églises paroissiales que la paroisse est forcément conçue comme un territoire. Pour compliquer encore les recherches, elles ont démontré que le terme latin de parochia dans les sources, servait pour le Haut Moyen-Age, du V° siècle au X° siècle, comme synonyme de diocèse, certains inversant même le rapport. Toutes ces sources définissant la paroisse comme une assemblée de fidèles. On nommait ainsi parfois les paroisses, les plebs (peuple), terme conservé en Corse encore aujourd'hui (pieve = peuple). La paroisse c'était alors l'ensemble des fidèles qui suivaient la messe autour d'un prêtre dans une église paroissiale, qui s'y font baptiser et font inhumer leurs morts dans le cimetière paroissial.

Lorsque la dîme est instaurée, les paroissiens sont alors rattachés à la paroisse où ils payent la dîme. C'est toujours une logique de conception sociale. La plus ancienne acceptation territoriale trouvée à ce jour se fit à Marseille en 1096, les moines de Saint-Victoire de Marseille évoquent le territoire d'une paroisse qui coïncide avec le territoire du castrum. Les allusions à la paroisse comme le territoire d'une église se fit au XII° siècle, probablement suite à la définition similaire qu'en avait fait l'Église pour le diocèse.

Contemporaine 24 - 10 et 07 - 11

Précédemment : Histoire contemp 17 - 10

Le dessin analysé dans l'introduction


La Révolution libérale : 1789 – 1792



Dessin de David, Serment du Jeu de Paume, 1791

Les États généraux sont réunis à Paris, le Tiers-État refuse la réunion par ordre et ne veux pas être placé sous les ordres privilégiés. Le 17 juin, le Tiers-État s'autoproclame Assemblée Nationale, ce qui provoque la fureur du roi qui fait fermer la salle. Les députés vont alors dans la salle du Jeu de Paume et certains députés proposent de faire un serment : ne se séparer qu'une fois qu'il auront donner une constitution à la France. C'est le Serment du Jeu de Paume, rédigé et signé par tous ceux qui étaient présents, un moment fondateur de la Révolution. C'est Bailly, le doyen du Tiers-État puis maire de Paris qui prononce le serment. Mirabeau et Barnave sont les orateurs. Le député Mounier manque sur le tableau car dès octobre 1789, il laisse tomber la Révolution, furieux de la tournure violente qu'elle prend contre le roi. Robespierre se positionne en exalté. Sur la droite représentant du Tiers-État, un seul député exprime son désaccord : l'idée d'absence de contrainte domine. Au centre : un moine (pas réellement présent), un abbé Grégoire, pasteur protestant. Ce tableau montre la concorde religieuse. L'aristocratie est représentée comme ourdissant de sombres complots. On trouve aussi une allégorie de la vieillesse qui esquisse le geste du serment. En apparence une fête unificatrice, avec une concorde mais de façade lors de sa réalisation.


  1. Causes, origines et enchaînement des faits


  1. Les tensions sociales


A. La société des trois ordres


Cette société est vécue comme injuste, bloquée et complétement obsolète. La tripartion féodale ne correspond plus à grand choses, les nobles ne sont plus ceux qui combattent. La société est très hiérarchisée, cela induit une lecture fiscale de la société (deux ordres qui payent très peu d'impôts) avec des privilèges : droit de chasse, justice différente … Le Tiers rentre par la petite porte au États généraux.

La lecture actuelle des trois ordres est erronée, dysfonctionelle et ne rend pas compte de l'hétérogénéité des ceux-ci. Et pourtant cette société se renforce, connaît une nouvelle jeunesse a la veille de la révolution. On constate une réactualisation de la société d'ordre par les privilégiés qui justifient leurs privilèges, car ils se sentent menacer. Ces réactions nobiliaires et réactions seigneuriales reprennent les vieux droits féodaux. Brandissent des privilèges pour se protéger des impôts du roi. Le tiers utilise la société d'ordre pour dénoncer l'injustice (lithographie : la comédie des trois ordres). Ce genre de représentation viennent essentiellement de la bourgeoisie pour appeler à un désir d'égalité.


B. L'agitation sociale


Tout le siècle est agité d'émeutes jusqu’à la Révolution Française. Les contestations fiscales, de loin la première cause, contre les taxes indirectes, des troubles contre la police, des incidents quand l'État tente de lever des hommes pour l'armée, des émeutes contre les représentants de l'état, des émeutes lors d'exécutions publiques. On assiste à des luttes de subsistance, il n'y a rien à manger. En ville comme a la campagne, le peuple se dresse contre ceux qu'on accuse d'accaparer le pain et la farine (établissement religieux, fermiers, boulangers) 70% de femmes agissent dans ces émeutes. Elles réclament le prix juste, la taxation du pain (prix maximum). De plus en plus de luttes contre les seigneurs ont lieu, tout comme des luttes contre l'individualisme agraire. C'est une forme de conflit du travail classique. La France du XVIII° siècle n'est pas tranquille, les français n'ont pas attendu les Lumières ou la Révolution Américaine pour se soulever et revendiquer des droits.


  1. Une monarchie en crise


Le déficit économique est important. Sous l'influence et les conseils de Necker et de Turgot, le roi a bien conscience que la solution est une réforme fiscale, il envisage alors d'imposer les privilégiés. Il tente donc plusieurs réformes et impôts, mais échoue face à la résistance des privilégiés. La lutte s'engage entre les privilégiés et le Roi accompagné de ses Parlements.

Une fronde parlementaire aristocratique et non démocratique a alors lieu. Mais le peuple s'y trompe comme le montre la journée des Tuiles 1788, où le parlement de Grenoble refusait les nouveaux impôt du roi, celui-ci exile les élus mais le peuple se soulève. Cette fronde parlementaire est une des causes de la révolution car elle fragilise la monarchie et lance des critiques de l'ordre royal. On a donc à faire à une désacralisation de la figure du roi (il n'est pas communié, aurait trop de maitresses, …).


A cela s'ajoute la diffusion des pensées des hommes des Lumières qui ne sont pas des révolutionnaires mais défendent la réforme. Ils critiquent l'absolutisme, appellent à la constitution et à la séparation des pouvoirs. Or ils ne prennent écho que dans les élites via des livres, des pamphlets ou des affiches. La censure est inefficace pour les arrêter. L'espace public voit se former une opinion, c'est la naissance de patriotes qui aspirent à la réforme.


Incapable d'arracher aux ordres privilégiés des impôts, presser par tout le monde, le roi convoque les États Généraux. La Noblesse espère enfin des velléités fiscales du roi et les patriotes attendent des réformes.


  1. Des États généraux à la Révolution


Pour convoquer ces États généraux, il faut élire des députés (représentants des ordres), ce qui est une énorme procédure électorale. La rédaction des cahiers de doléances a lieu et c'est alors l'occasion d'un intense moment de politisation, car le roi a levé toute censure, c'est une grande liberté d'expression. Le Tiers réclame le doublement de ses députés pour équilibrer le vote par tête, les privilégiés sont contre, le roi accepte de doubler le tiers mais ne se prononce pas sur un vote par tête (2, 1, 1) ou par ordre (1, 1, 1).

En mars – avril, la rédaction des cahiers est très tendue, alors que le pain vaut une journée de travail d'un ouvrier. La révolte lors de la baisse du salaire par Réveillon entraîne un saccage de la manufacture de ce dernier par le peuple du faubourg Saint Antoine, mais cela fit une centaine de morts. Cette révolte populaire est toujours à coté de la révolution politique.


Les discussions aux États généraux donnent lieu à des amendements des cahiers-modèles. Les États généraux sont réunis le 4 mai 1789 et le discours modéré du roi les déçoit. Il appelle les ordres à se réunir séparément pour une vérification des pouvoirs par ordre (il refuse le vote par tête), le Tiers proteste et bloque toute avancée. Les députés bretons décident de se nommer « députés des communes » et le 17 juin 1789 se disent représentant de la nation, le Tiers s'autoproclame Assemblée nationale. Le 20 juin 1789, les députés du Tiers prêtent le Serment du jeu de Paume. La révolution juridique et politique a commencé, puisqu'on passe de la représentation des trois ordres à la naissance d'une Assemblée Nationale Constituante. Le 9 juillet roi est contraint d'accepter et les députés réitèrent la proclamation de l'Assemblée Nationale Constituante.

La Révolution naît donc de la conjonction de révoltes populaires et de la résistance au pouvoir royale dont la fronde parlementaire.



  1. "L'année sans pareille"


  1. 1789 ou la mort de l'Ancien Régime


C'est une irruption massive, durable et inédite des classes populaires en politique.

Le roi fait venir des troupes mercenaires, qu'il masse autour de Paris. Il renvoie Necker qui avait le soutien des patriotes et du peuple. Or le prix du pain continue à augmenter, doublé de la présence de troupes du roi, les parisiens craignent d'être attaqués. Les bourgeois constituent une milice : la garde nationale commandée par Lafayette, portant une cocarde pour chaque bataillon (deux couleurs de paris + couleur du roi (blanc)). Ces milices répondent à la crainte bourgeoise des pillages de boulangerie. Ce corps militaire manque d'armes et file piller l'armurerie des Invalides. Mais ils manquent maintenant de poudre, ils vont donc s'approvisionner à la Bastille. Là-bas, une délégation rentre mais ne sort pas. La foule s'inquiète, surtout que les gardes de la Bastille retirent les canons, mais le peuple craint qu'on les charge et qu'on leur tire dessus alors tout le monde enfonce la porte et décapite le gouverneur. Cette prise de la bastille le 14 juillet 1789 est un symbole de l'absolutisme royal car on y enfermait des gens sur lettres de cachets. Mais la mystique de la Bastille vient d'une image noire récente. Le bâtiment est pris pour récupérer des munitions et quelques personnes libérées deviennent le symbole de la chute de l'Ancien Régime.


La Révolution reste surtout un coup de force juridique avec le soutien des députés. La prise de la Batille représente le peuple parisien les armes à la main qui rentre dans le jeu politique. Avec la mort du gouverneur, la question de la violence populaire est posée dès le début. Le peuple reprend une forme de violence légale (juridique).

En conséquence le roi cède, retire ses soldats et rappelle Necker, le 17 juillet 1789, il met à son chapeau la cocarde tricolore. Partout en province se produisent des micro- révolutions : révolution juridique avec prise des pouvoir locaux par les patriotes (prise de bâtiments, désignation de gardes nationales). La Révolution politique est conduite par les députés, ou les autorités locales, qui alimentent et rendent possible, la révolte populaire sous forme de journées insurrectionnelles qui poussent en avant la Révolution politique.

La fronde aristocratique est toujours présente et tente de freiner cette avancée. Toutes les contradictions et la violence sont présents dès le départ. Dès 1789 problème : comment s'appuyer sur des révoltes populaires et en même temps les contrôler ? Comment réprimer le peuple qui en même temps soutient la Révolution ?

Le peuple de Paris prend donc la Bastille puis les campagnes rentrent en Révolution. Cela commence la "Grande Peur", ces rumeurs qui reposent sur des fantasmes ancestraux : brigands, payés par les nobles, qui viendraient briser les révoltes avec des étrangers (anglais, italiens) qui aideraient les brigands. On cache les femmes et les enfants, on se balade avec des fusils, mais on ne voit pas de brigands. Dès fois, les paysans arrivent devant la maison du seigneur et prennent le château. La France est alors secouée dans certaines régions par cette grande peur qui effraie les possédants et les députés. Le 4 août 1789, les représentants se succèdent a l'Assemblée (curés, nobles) et renoncent à leurs privilèges. Les droits sur les personnes sont abolis, mais pas les droits de la terre. C'est tout de même la fin de la société d'ordre. La comédie des trois ordres est reprise dans l’autre sens : l’aristocrate et le curé portent sur leurs dos le paysan. Mais le roi doit signer ces décrets pour qu’ils soient valables. Louis XVI refuse. Le roi ne signe pas non plus la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Le roi bloque la révolution et se réfugie dans une salle avec ses gardes particuliers.



Les 5 et 6 octobre 1789, des dizaines de milliers de parisiens, dont une majorité de femmes, se rendent à Versailles pour ramener le Roi à Paris. Le roi, captif, rentre, et les députés le suivent à Paris. Le roi cède alors et signe les décrets. Ce qui a fait que la révolution avance, c’est cette journée insurrectionnelle du peuple. De retour à Paris, l’Assemblée décrète la loi martiale qui dit que les forces de l’ordre, dont la garde nationale, peuvent utiliser les armes contre un attroupement menaçant (drapeau rouge, trois tirs de sommation puis tirs sur la foule). Quelques députés votent contre (comme Robespierre) mais peu, et le roi signe. Des mesures exceptionnelles et de violence légale sont tout de suite présentes.


  1. L’œuvre constitutionnelle et législative

Rassemblement géographique dans la salle : les monarchistes sont à droite de l’Assemblée (4/10e), à la gauche, un groupe plus radical, de futurs Jacobins, et au milieu, un centre mou. La droite est dominante, la gauche s’organise et crée la société des Amis de la Constitution qui se réunit au couvent des Jacobins (d’où le nom de Club des Jacobins). L’assemblée travaille à la constitution. Le roi n’est plus souverain, la nation oui. Cela se traduit par l’élection d’une Assemblée unique élue qui représente la nation et a un pouvoir législatif. C’est la fin de la monarchie absolue.

A l’Assemblée, beaucoup ne veulent pas réduire les problèmes du Roi. Tout le débat est sur la question du veto royal (permanent sur tout ? Du tout ? …). Il aura un véto suspensif de 6 ans. La séparation des pouvoirs s'effectue de la manière suivante. L’assemblée permanente ne peut pas être dissoute, elle a le législatif et le contrôle du budget. Le roi a l’exécutif et le pouvoir de veto sur l’Assemblée. Il n’est plus roi de France mais des Français, n’est plus de droit divin mais reste héréditaire.


On assiste à la mise en place aussi d’une justice moderne qui reprend l’habbeas corpus (fin des châtiments, des tortures, présomption d’innocence). La révolution fait de l’élection le principe suprême de légitimation des pouvoirs (autorités locales, députés, juges… sont élus). Mais la révolution est libérale, non démocratique : l’Assemblée distingue citoyens actifs votants et passifs exclus des urnes. Pour voter, il faut avoir 25 ans, être un homme et payer un impôt de trois jours de travail d’ouvrier par jour en fonction du département par an (60% des hommes en âge de voter). Comme les élections sont indirectes, il y a un filtre (trois collèges) : 1% des citoyens actifs élisent réellement les députés.


C'est à cette époque qu'on crée des communes et des départements. Une politique religieuse est instaurée : le 2 novembre 1789, c'est la nationalisation des biens de l’Église. Le 12 juillet 1790, la constitution civile du clergé, entre autre, salarie les prêtres qui deviennent des fonctionnaires qui doivent prêter serment à la loi, à la nation et au roi.



  1. Il n'y a pas d'années heureuses 1790-1791


  1. Mort de l'ancien ordre social mais des tensions qui s'accroissent et se compliquent


Le nouvel ordre ne parvient pas et ne souhaite pas satisfaire l'exigence populaire. La Révolution Française au lieu de calmer les tensions va les accroître. Dans les campagnes les paysans sont furieux que les droits féodaux soient rachetables et pas abolis, le pain reste toujours aussi cher, la demande de taxation n'est pas entendue par l'Assemblée dominée par le libéralisme économique.

Des tensions nouvelles apparaissent. La révolution a demandé aux prêtres de prêter serment. Sauf que le Pape fait par une encyclique la constitution civile du clergé et interdit aux prêtres de prêter serment. Il y a donc des assermentés et des réfractaires. Les réfractaires résistent. Les assermentés sont invalidés par le Pape, les réfractaires le sont par l’État. Le peuple soutient les réfractaires. Il y a des révoltes comme à Nîmes. Des assemblées et des fédérations naissent, révolutionnaires ou contre-révolutionnaires. En 1790, le mouvement des fédérations est polymorphe. La fête des fédérations est une façade.


  1. Fête de la Fédération une concorde de façade


A Paris, on célèbre la révolution achevée. Pèlerinage festif et laïc, fête au Champ de Mars. Des prêtres disent la messe, les troupes défilent, Lafayette prête serment, comme le Roi, la Reine… C’est une façade. La plupart des fédérations sont ou deviennent révolutionnaires. Le roi qui prête serment veut détruire la révolution en réalité. Le nouvel ordre nécessite que le roi joue le jeu or il ne le fait pas. D'où l'expression du Roi Janus, l'homme à deux têtes et à deux faces. En effet, le roi soumet son véto continuellement sur les textes de l'Assemblée.

Plus encore, sa fuite à Varennes les 20 et 21 juin 1791. Depuis longtemps le couple royal projetait de s'enfuir. Ils se font arrêter près de Varennes et rentrent à Paris humiliés. La voiture qui les transporte est entourée d'une foule hostile. Les gardes nationaux crosses en l'air (signe de deuil) et un silence les entourant.

Son retour à Paris divise les hommes politiques entre ceux qui veulent sa déchéance suivie d'une régence du Duc d'Orléans, ce qui veulent la République et ceux qui veulent le maintenir. Des pétitions sont votées pour la République mais les députés de l'Assemblée n'y sont pas favorables du tout. On décide donc d'en rester à la constitution telle qu'elle est rédigée. Un certain nombre de députés font croire que le roi n'est pas parti de son plein gré mais fut enlevé. Problème, le roi a laissé un texte où il présente son mépris de la République. Les républicains sont outrés et multiplient les pétitions et les manifestations. Le 17 juillet 1791 les républicains réunissent la foule au Champ de Mars pour signer la pétition. L'attroupement fait venir Lafayette et Bailly ainsi que des troupes, ils lèvent le drapeau rouge, agitation dans la foule, l'armée tire et fait 50 morts, l'Assemblée constituante vient de tuer des républicains. Le courant républicain est alors obligé de s'enfuir (Danton part à Londres) et l'Assemblée vote la constitution.



  1. Vers la chute de la monarchie


  1. Le fragile équilibre de la monarchie constitutionnelle

La constitution est proclamée le 3 septembre 1791 et instaure une monarchie constitutionnelle. L'Assemblée Constituante est dissoute et une nouvelle Assemblée Législative est formé avec 745 membres, aucun de la Constituante. Robespierre par une loi a interdit le fait que les représentants de l'Assemblée Constituante se représente. On a donc un personnel renouvelé avec essentiellement des députés du Tiers. Politiquement, l'Assemblée est dominée par les Feuillants, monarchistes modérés, menés par Lafayette qui n'est pas de cette Assemblée. A gauche, on trouve les Jacobins, Brissot, Condorcet en sont (Robespierre lui ne peut pas non plus). Au milieu se trouve un vote ventre mou votant plutôt de concert avec les Feuillants. A coté de l'Assemblée et du roi, un nouveau pouvoir émerge : la commune de Paris. Celle-ci est menée par un nouveau maire : Bailly est remplacé par Pétion en 1791 et se place coté gauche. La commune de Paris devient un contrepouvoir où se ont lieu des agitations violentes, comme en province.


  1. La guerre et ses conséquences


Lorsque la Révolution éclate en France, les réactions des autres pays sont contraires. Les patriotes européens (radicaux anglais, meneurs des révolutions, …) en sont ravis, mais les pouvoirs traditionnels sont eux bien plus angoissés. Il y a eut une effervescence politique, un politisation et des débats nombreux à ce sujet. Vu d'un mauvais œil par les monarques européens, la Révolution ne les pousse pas à bouger. L'Assemblée Constituante multiplie les messages de paix entre 1789 et 1790. Cela se tend en 1791 sous la pression des émigrés de plus en plus nombreux faisant pression sur les cours étrangères pour rétablir le roi. La question de la guerre devient très présente en France et à l'étranger.

En France certaines personnes sont favorables à la guerre. Le roi, persuadé du futur succès de ses cousins royaux sur les Jacobins, est d'accord et entraîne les Feuillants avec lui. Une partie des Jacobins aussi menée par Brissot (les Brissotins), pensant que si la guerre éclate le roi prendra parti contre les ennemis et donc se dévoilera. De plus, ils sont pour la diffusion de la Révolution et considèrent qu'il faut porter cette Révolution en Europe pour libérer les peuples, c'est ce qu'on nomme la vision messianique de la Révolution Française. Enfin, avec les agitations sociales, ils estiment que cela pourrait détourner les tensions sociales vers la guerre. Ceux qui sont contre sont donc les quelques Jacobins menés par Marat, Robespierre. Les bellicistes majoritaires l'emportent et déclarent la guerre à la Prusse et à l'Autriche. On a donc des mesures d'exceptions qui sont prises et qui radicalisent les positions de la Révolution. Les émigrés passent du dédain à la criminalité et leurs biens sont supprimés. Les prêtres réfractaires sont aussi soupçonnés et ils doivent soit prêter serment à la constitution soit être déportés. Le roi pose son véto, le peuple envahit les Tuileries le 20 juin 1792, le roi maintient son véto.


Pourtant les tensions sociales ne se calment pas, au contraire elles explosent. En 1791, on avait une bonne récolte mais le papier monnaie est créé avant d'être dévalué et les paysans refusent de le vendre. Le peuple demande un prix maximum sur le pain, pille les boulangeries et les épiceries. Les taxes augmentent pour renflouer l'État. On les nomme tous les Enragés et ils sont menés par Jacquerou. C'est l'apparition aussi des Sans-culottes. Chez les Jacobins, on reconnaît la légitimité leurs revendications de taxation, surtout Marat et Robespierre. Le peuple de Paris forme une commune insurrectionnelle et réclame que le roi lève ses vétos ou soit déchu. Le 10 août 1789, les Sans-culottes parisiens et les volontaires pour la guerre montés à Paris dans un premier temps, attaquent le palais des Tuileries faisant plus de 1000 morts (600 gardes suisses et 400 émeutiers) mais étant victorieux. Le roi se réfugie à l'Assemblée qui sous la pression du peuple suspend les pouvoirs du roi et convoque une nouvelle constituante. La législative avant de se dissoudre vote des lois importantes mais le peuple trouve qu'on ne juge pas assez rapidement les gardes suisses ayant fait feu sur le peuple. Dans cette idée de vengeance, du 2 au 6 septembre, la violence se déchaîne entre dans les prisons, y massacrent les prisonniers (1200 à 1400 morts). Le 20 septembre à Valmy, c'est la première victoire derrière le drapeau tricolore. Le lendemain, la République est proclamée et on bascule dans une phase radicalement nouvelle.










La DDHL de 1793 ... en voilà du social









La « Seconde Révolution »





Avec la chute définitive de la monarchie et la proclamation de la République, on rentre dans une nouvelle phase qu'on nomme parfois l'An II, 1793, Convention montagnarde ou la Terreur (signe d'un ouvrage conservateur).

Durant deux années, des lois sociales et fortes sont instaurées qui seront revendiquées tout le XIX° siècle par les familles libérales et démocratiques. On parle d'un âge doré en même temps que s'instaure la légende noire de la guillotine : la Terreur. Ce sont donc aussi les années les plus terribles.



  1. La révolution se radicalise


  1. La Convention nationale


La Convention vient d'une tradition révolutionnaire anglaise et américaine. Celle-ci est élue au suffrage universel en conséquence de la guerre. Au front, on avait besoin d'hommes, on appelait les volontaires et tout le monde pouvait y prendre part, donc on ne pouvait leur refuser le droit de vote. Seuls les domestiques soupçonnés d'être trop soumis à leurs maîtres n'y ont pas droit. La Convention change encore sa tendance politique, il n'y a plus de feuillants, et on trouve surtout des Jacobins.


Plusieurs questions se posent à la Convention : que faire du roi déchu ? Que faire des problèmes intérieurs et extérieurs suite à la Révolution ? Comment faire face aux difficultés économiques et sociales ? Comment réagir face à la contestation du peuple réclamant du pain et des droits ? La Convention hérite de toutes ces questions dans un contexte tendu et où les positions se radicalisent. La Convention va donc siéger sous la pression constante et continuelle du peuple. Le peuple parisien est de plus en plus politisé. Dans les sociétés politiques, les clubs, les sections se réunissent tout les jours pour discuter politique. On y lit les journaux, on y débat, … La lecture des journaux y joue. Ils sont en fait constitués de quatre pages et publiés quotidiennement avec pour ceux ne sachant pas lire des caricatures et des chansons qui sont diffusées. Un groupe de militants très engagé se démarque : les Sans-culottes. Groupe socialement hétérogène, bien que dominé par la petite bourgeoisie, on trouve des membres des classes populaires aussi mais se sont surtout des artisans parisiens. Ils ont un avis politiques, ne portent pas de culottes, ont un bonnet phrygien, sont armés d'une pique, portent la carmagnole, se tutoient ou se nomment « citoyens » ou « frères » et portent la cocarde tricolore. Ils sont pour le peuple souverain et après la liberté de ??? sont pour la liberté et la fraternité ainsi que le droit à l'insurrection. Très militants, ils se rassemblent pour contester l'Assemblée et favorables à une démocratie directe n'hésitent pas à faire pression. Ils réclament la taxation de certains produits dont le sucre et le contrôle des suspects (nobles). Ils sont pour une politique répressive vis à vis des contre-révolutionnaires. Ils sont parvenus à prendre le contrôle de la commune de Paris où siègent des hommes portant les mêmes idéaux qu'eux comme Hebert. Il existe des Sans-culottes dans toutes les grandes villes de France.


La Convention agit sous la pression du peuple, de la commune de Paris et n'aura de cesse de limiter ses actes populaires mais ce sera difficile.



  1. Le procès et la mort du roi


Première question : doit-on juger le roi ? Saint-Just défend l'idée qu'il faut le tuer dés maintenant mais sous pression des Brissotins il sera jugé par la Convention, même si ça pose un problème de séparation des pouvoirs. On lui reproche parjure (il a prêter serment à la Constitution qu'il a trahit), intrigues, trahisons, Varennes, responsable des morts du 10 août, armoire de fer (prouvant ses liens dans la contre-révolution). Cela divise la Convention. Tout les députés le reconnaissent coupables et ceux voulant le sauver proposent de lancer le jugement au peuple. C'est écarté. Les Jacobins se divisent entre eux, ceux voulant sa mort immédiate et ceux voulant retarder sa mort, les Brissotins redoutant les colères des armées étrangères qui sont en période de succès et car cela montrerait encore plus le pouvoir du peuple qui fait assez pression comme ça. 387 voix sont pour la mort immédiate, 46 pour la retarder et 288 pour sa détention (se méfier du mythe contre-révolutionnaire 361 voix pour / 360 voix contre).

Louis Capet est alors tué le 21 janvier 1793, jour où les familles républicaines mangeront de la tête de veau. Moment phénoménale de la révolution française, pour les révolutionnaire, c'est la certitude qu'on ne peut retourner en arrière.


Le procès montre aussi la division du camp jacobin entre Girondins et Montagnards. La mémoire et l'historiographie vont figer l'opposition entre ces deux groupes. C'est un phénomène complexe, déjà ils sont nommés les Brissotins à l'époque et étant surtout issus de Bordeaux et de la Gironde, l'historiographie les nommera les Girondins. Ces groupes sont en perpétuelle évolution, leur nombre bouge constamment. De plus, Girondins et Montagnards sont majoritairement d'accord mais se divisent sur des points particuliers. On a souvent dit que les Montagnards étaient fédéralistes et les Girondins décentralisateurs, c'est faux. A la base, un discours de Brissot dénonce la place donnée au peuple parisien dans la représentation politique « Paris ne doit représenter plus du tiers de la représentation politique de la France ». Brissot veut la limiter, Robespierre non. En réalité, le procès du roi à diviser les Girondins entre eux certains voulant la mort immédiate et d'autres la reportant (46 membres). Enfin ultime point de débat, le conflit économique. Les Girondins veulent un libéralisme économique et refusent la taxation. Les Montagnards sont sensibles au mot d'ordre et près d'accepter la taxation. La Convention c'est donc un petit tiers de Montagnards, un petit tiers de Girondins et un gros tiers de « députés de la plaine », le centre. Ces centristes et les Montagnards parviennent à évincer les Girondins suite au frein qu'ils mirent dans la politique sociale. Les Girondins ont fait arrêter Marat (auteur du Cri du peuple) et ???. Symboliquement c'est très fort pour le peuple parisien qui voit ses leaders favoris arrêtés même quelques heures. Le peuple le lendemain rentre dans la Convention, arrête les Girondins sur place dont Brissot, en guillotine 20, faisant fuir les autres.


On rentre alors dans la Convention montagnarde, essentiellement composée de députés de la plaine. Les oppositions politiques qui sont toujours présentes dans la Révolution, passent dans un contexte de guerre intérieure et extérieure, l'affrontement politique change de nature et n'est plus pacifié. Les éliminations symboliques du début de la Révolution deviennent méthodiques et classiques avec l'élimination systématique de l'adversaire politique.



  1. L'œuvre de la Convention nationale


  1. La Constitution de l'An I


Elle débute surtout en mars 1791 et fut commencée par une Convention girondine et montagnarde. Cette constitution est prolongée par les Montagnards et est éminemment populaire, donnant des droits énormes à ce peuple. La constitution est soumise à un référendum est la participation fut conséquente. Cette constitution est précédée en introduction par un DDHC qui revendique des droits sociaux alors peu présents. C'est bien plus démocratique que celle des américains. En même temps, on est en guerre donc la Convention décide de différer l'application de la constitution qui est scellée dans la salle de la Convention.


Le gouvernement devient alors révolutionnaire le 10 octobre 1791. Il y a toujours un exécutif, le gouvernement et un législatif, la Convention. Celle-ci forme des comités de 10 à 12 pour préparer les modalités de lois qui sont ensuite débattues à la Convention. D'autre part des représentants sont envoyés dans les départements pour vérifier la mise en application des lois. La Convention met d'abord en place, une réelle politique sociale. C'est dans la lignée de la proclamation des droits sociaux, fin du libéralisme économique. La 4 mai 1791, la Convention décrète un maximum sur le prix des grains, du sucre et d'autres produits de première nécessité, un maximum au-delà duquel on ne peut vendre. Cela se double d'une chasse aux accapareurs. Une politique de redistribution de la propriété foncière est organisée, on prend les terres aux suspects et on les redistribue aux patriotes indigents, mais ce ne sera jamais appliqué car le temps qu'on établisse la liste des indigents, Robespierre avait chuté. On fait aussi des lots plus petits sur les biens terriens nationaux qu'on vend pour les redonner au peuple et non à des profiteurs. Pour les indigents, on leur fait signer un prêt remboursable sur 20 ans. Des milliers de petits paysans auront un lopin de terre grâce à cela. D'où le fait que la France fut un pays de petits paysans tout au long du XIX° siècle, ils ont donc profité grandement de la Révolution en récupérant les terres seigneuriales.


De plus, les représentants envoyés en province doivent établir localement une politique sociale. Dans le Sud-Ouest, Romm mit en place une politique très sociale en faveur des ouvriers : protection maladie, assurance chômage, école pour les enfants ouvriers, … De même, Lakanal instaura partout où il alla des écoles laïques, gratuites et obligatoires.

La révolution fut essentielle pour les plus humbles. Elle a aussi conduit les ouvriers à être plus productifs ce qui permit ainsi de produire plus d'armes pour assurer la victoire française dans la guerre.


  1. La politique religieuse


L'anticléricanisme va croissant dans la Révolution. Dés 1792, la législative avait dissout les congrégations, interdit le port de la soutane. Dés 1793, cela s'accentue dans un phénomène de déchristianisation. Ce n'est pas une politique d'État, mais une politique locale faite par le peuple ou par les institutions locales. c'est donc inégal selon le territoire. On a donc des destructions iconoclastes (destruction et pillages d'église).


L'État mit d'abord des cultes de substitution par exemple le culte de la raison (déesse Raison à Notre-Dame), on change le calendrier (semaines devenant des décades, on change le nom des mois, l'année ne démarre plus le 1 janvier mais le 22 septembre, …), … Robespierre fervent catholique y était très opposé et y met fin en instaurant un culte de l'Etre suprême, forme de Dieu dans lequel tous pouvait se reconnaître. Robespierre se représentait comme un pontife de ce culte, et ce fut un succès contrairement aux précédents cultes instaurés.



  1. La Terreur


  1. Le contexte


La Terreur est avant tout le produit du contexte. On est en guerre et on enchaîne les défaites en 1793 depuis Valmy. Les grandes villes du Nord tombent ainsi que les sur les fronts alpins. De plus, les généraux sont passés à l'ennemi.


Au début de la guerre ont fit appel aux volontaires mais depuis l'hiver 1792 – 1793, les volontaires sont rentrés chez eux, les effectifs chutent et impossible de trouver de nouveaux volontaires. Du coup, l'État oblige certains à venir combattre, ceux qui ne sont pas piliers de famille. Ce système de levées d'hommes va entraîner une anti-révolution, c'est à dire que les opposants ne sont pas contre les principes de la Révolution mais contre ses conséquences. La première raison c'est l'opposition à la politique religieuse, ce sont ceux qui s'opposent à la déchéance de leur prêtre local réfractaire. Cela prend alors des formes insurrectionnelles, comme en guerre de Vendée. Les paysans énervés par la politique religieuse, les droits féodaux toujours pas stoppés, … Tous ensemble ils s'arment et s'organisent pour prendre Cholet et cela se propage dans les départements voisins. Ce mouvement anti-révolutionnaire est repris par les contre-révolutionnaires. Les nobles organisent, arment et dirigent ces paysans contre les révolutionnaires. Tombent alors Angers, … plusieurs villes chutent sauf Nantes. Par la suite, les républicains vont reprendre le dessus par des actes parfois abominables (noyades nationales à Nantes) faisant jusqu'à 250 000 morts.

En Bretagne, les Chouans (pas des Vendéens) forment une sorte de guérilla, troupes armées mobiles attaquant de nuit des petits objectifs. C'est beaucoup plus dur à combattre qu'une armée vendéenne. La Vendée écrasée dés 1794, la chouannerie ne sera stoppée par Bonaparte qu'en 1799.

A cela s'ajoute la révolte fédéraliste, ceux protestant contre l'éviction des Girondins. Ceux là en province se soulèvent et forment une révolte girondine qui n'est pas fédéraliste comme on l'a dit plus tard. Dans ce contexte Charlotte Corday assassine Marat dans son bain dont David tirera un tableau qui fera sa renommée.


Dans ce contexte, les Montagnards demandent l'instauration de la Terreur face à des menaces venant de partout à l'intérieur et l'extérieur. La pression du peuple parisien pousse donc à la Terreur en décembre 1793, alors que la conjoncture s'inversait déjà en faveur de la Révolution, mais cela ils ne pouvaient le prévoir à l'avance.