lundi 3 octobre 2011

Contemporaine 03-10
















La Révolution américaine


Une révolution nationale qui est à la fois la fin d'un système colonialiste et la première grande indépendance. C'est donc la naissance de la première nation souveraine. C'est aussi une révolution politique et institutionnelle, cette fois-ci la naissance d'un État républicain et fédéral. Cependant, cette révolution ne fut pas concrétisée en révolution sociale bien que tout du long, des mouvements sociaux émergèrent dans cette lutte. Ils furent combattus et aucune révolution n'eut lieu pour le peuple, les noirs ou les indiens. On a donc longtemps considéré cette révolution comme inachevée.



  1. La question des origines et des causes


  1. La situation avant la révolution américaine


Treize colonies britanniques formées au cours des XIII et XV° siècle. Ces colonies ont chacune leur propre histoire et leurs propres caractéristiques (possession d'un lord, colonie, …) mais toutes sont sous la coupe du roi d'Angleterre. Au XVIII° siècle, elles sont toutes très dynamiques démographiquement passant de 250 000 habitants en 1700 à 2 500 000 en 1770. Cela est du aux émigrations d'Europe mais aussi au taux de natalité élevé et aux conditions de vie meilleures qu'en Europe.

C'est aussi une dynamique économique, caractérisée par le recours à l'esclavage des noirs alimenté par la traite. En 1770, 1/5 de la population est de couleur noir. Une forme d'esclavage des blancs existe aussi, on la nomme la servitude sous contrats (et non pas des esclaves mais des serviteurs sous contrats). Les européens voulant partirent pour les USA et ne pouvant se payer le billet de la traversée, des représentants de différentes entreprises installées dans les colonies peuvent le leur fournir. Ces derniers vont donc payer le billet en échange du fait que les futurs émigrés sont liés par un contrat à leur entreprise. Leur conditions de travail sont très dures, proche des esclaves et ils ne peuvent avoir une vie à coté sauf si le maître l'autorise. Ils peuvent aussi être vendus mais à la différence des esclaves, le contrat terminé, ils ne sont plus esclaves.


Le système britannique est très inégalitaire et au XVII° siècle, le fossé se creuse entre les plus riches et les plus pauvres. Durant ce siècle, les tensions sociales sont très fortes et les insurrections fréquentes et permanentes. Cette société s'est aussi construite contre les indiens à qui on a spolié les terres. Bref au sein de toute cette population, il y avait de quoi faire une grande révolution sociale dans les futurs USA. Dans les décennies qui précèdent, il y a une cinquantaine d'émeutes serviles, d'émeutes sociales, d'émeutes d'indiens, … Mais jamais ces groupes ne se sont alliés ce que malgré tout les élites redoutaient. Pour y palier, les élites les divisent, on sépare les groupes par des exactions raciales entre blancs et noirs. Lors des révoltes d'indiens, les noirs viennent les réprimer sur demande des élites. De leur coté, une grosse somme était reversée aux indiens lorsqu'ils leur rendait un esclave noir qui serait venu se réfugier dans un camp indien.


Cet ensemble tombe vite sous la coupe des Indes Britanniques, l'Angleterre va alors entrer dans un système de dépendance vis à vis des colonies, un rapport mercantiliste qui s'inscrit dans Les Actes de Navigation. Dans ce texte, un grand nombre des produits américains ne peuvent aller qu'en Angleterre (tabac, gingembre, fourrure, cuivre, indigo, …). Impossible pour les colonies de commercer directement avec l'étranger, tout doit passer par l'Angleterre, la liberté de commerce n'existe pas. D'autre part, les trois quart des bateaux qui transportent les marchandises sont équipés d'anglais. Pour éviter la concurrence des USA, l'Angleterre qui n'y voit qu'un pays producteur de matières premières, va limiter la production industrielle de sa colonie. Les peaux de castor qu'on trouve en Amérique, sont transformées en chapeaux en Angleterre et renvoyés en Amérique avec une valeur ajoutée dans l'achat. De plus, la colonie ne peut faire son propre papier monnaie.


Cependant les colons ont des avantages dans ce système, les agriculteurs bénéficient de subventions. De plus, les anglais ne peuvent surveiller l'application du mercantilisme et donc la contrebande dans les colonies est monnaie courante. Le XVIII° siècle s'appuie aussi sur de nouveaux produits, comme les matières issues de la chasse à la baleine (huile notamment) qui n'entre pas en compte dans le mercantilisme. L'économie américaine va donc croissante malgré les faibles tentatives de l'Angleterre pour l'enrayer. Pas de cause économique donc.


Les causes ne sont pas plus politique. Ce sont des colonies libérales, sur lesquelles le roi d'Angleterre à une autorité discrète et distante. Toutes ses colonies ont des assemblées législatives (chambre haute et chambre basse, la dernière est élue au suffrage censitaire par les colons). Ces chambres exercent un vrai pouvoir législatif dans lequel les élites sociales y siègent et s'y politisent. Il y a aussi un gouverneur, parfois nommé par la couronne parfois par les assemblées. Il est censé être un représentant du roi mais en pratique, son pouvoir s'amenuise et il entre sous la dépendance des assemblées. Enfin la liberté de la presse et la liberté religieuse est de mise dans les colonies américaines. On voit des presses libres, des débats organisés, …


Seraient-ce alors des origines culturelles cachées derrière cette révolution. Difficile au XVIII° siècle pour ces colonies d'avoir une culture spécifiquement américaine. Pas d'art, pas de dialecte fort, on y parle anglais … Les élites envoient leurs enfants dans les grandes écoles londoniennes. Les colons américains se sentent anglais et en sont satisfaits. Il n'y a pas de fierté culturelle affirmée.


Jusqu'à la première moitié du XVIII° siècle, il n'y a pas d'origine politique ou économique dans ces colonies. En revanche, les origines sociales pourraient être probables, mais elles sont avortées. Il y a une agitation sociale endémique et culturelle qui secoue la région. Les esclaves blancs, les noirs et les indiens sont en lutte entre eux et contres les élites sociales.


  1. De la résistance fiscale à la Révolution


Pas d'origines donc, mais bien des causes.

La guerre de sept ans, guerre franco-anglaise va précipiter les choses (fin 1750, mi 1760). Le conflit entre les colons français et britanniques au Canada pousse les deux pays à intervenir. L'Angleterre sort victorieuse mais a vidé les coffres royaux, la dette publique a doublé. Par contre, le pouvoir de la couronne réalise que les américains ont largement profité de la guerre. Aux USA, un nombre considérable de terres reviennent à l'Angleterre et cela offre à ces colons de nouvelles sources de profit. C'est donc, aux yeux de l'Angleterre, aux américains de devoir payer le prix de la guerre. Il y a donc une pression fiscale qui se met en place dans les colonies vers 1764 – 1765 (type Sugar Act pour le prix du papier de nombreux documents officiels ou encore le Stamp Act sur le café, la soie et le vin) ainsi qu'une volonté de remettre dans le droit chemin les colonies en stoppant la contrebande. Les classes populaires voient leurs conditions de vie aggravées et les élites perdent leur intérêts économiques.


La réponse est immédiate. Les colons ont envoyés des réponses à l'Angleterre, se sont réunis pour la première fois dans un congrès intercolonial pour répliquer à l'Angleterre. Les élites boycottent les produits anglais. Parallèlement, une riposte populaire plus violente a lieu, attaque des distributeurs de papier timbrés, des contrôleurs royaux, … L'action populaire touche les représentants de la couronne. Ces élites seront éminemment habiles pour retourner la colère populaire des élites coloniales vers l'Angleterre, au lendemain du relèvement fiscal. Ainsi en 1767, parmi les terres récupérées on trouve des camps indiens, les britanniques déclarent ne pas récupérer les terres indiennes dans les espaces nouvellement trouvées. Or les petits paysans pauvres sont coincés devant une frontière avec peu de terres. Les élites ont de grandes propriétés terriennes qu'ils ne donnent pas aux paysans modestes. Donc ceux-ci retournent la proposition en dénonçant l'Angleterre qui refuse de donner les terres indiennes. De même, les salaires très bas du peuple viennent non pas des élites refusant de les relever mais de l'Angleterre qui augmente la pression fiscale.


Autre soucis, en Angleterre « No taxation without representation », donc les colons dénoncent une mesure illégale concernant la prise de taxe, puisqu'ils ne sont pas représentés au parlement. Les colons se positionnent en anglais. L'Angleterre cède alors et abroge le Stamp Act. En 1767 pourtant, les britanniques remettent ça avec les Lois Townshend taxant le plomb, le verre, le papier, … Même impact, les élites protestent, boycottent les produits anglais, … Le peuple s'en prend aux représentants et des violences de rue ont lieu. A Boston, des manifestants attaquent avec des boules de neige l'armée anglaise qui tire dans le tas et c'est l'affrontement. L'Angleterre recule donc de nouveau et montre son échec politique. En 1773, l'Angleterre donne à la Compagnie des Indes Orientales le monopole du commerce du thé, ce qui pénalise l'Amérique. Le 16 décembre 1773 c'est la Boston Tea Party. L'Angleterre envoie des troupes dans les colonies aux frais des colons, durcit les relations avec l'Amérique et impose le remboursement du thé jeté à la mer. Les colons commencent donc à se détacher de plus en plus de l'Angleterre et une identité nationale, une conscience nationale commence à naître avec comme ennemi commun, l'Angleterre. Cette cohésion nationale se double d'une pensée économique et politique proprement américaine. Les américains déclarent avoir des intérêts économiques propres éloignés de la vision britannique. Alors qu'ils se défendaient en sujets britanniques au départ, dorénavant avec une doctrine économique du libre échange et leur revendication d'autonomie politique, ils se placent dans une nouvelle position. Les américains demandent cette revendication car il y aurait une assemblée légitime élue par le peuple. De plus, les américains s'appuie sur les droits de l'homme pour se dire propriétaire des terres américaines et donc revendiquer leur autonomie. En passant par les droits de l'homme, cela forme un tournant majeur dans la conception des colonies. Deux groupes politiques se distinguent : les radicaux (Patrick Henry, Geoges Mason, John Dickinson) plus soucieux des revendications populaires et les modérés (Georges Washington, Thomas Jefferson, Benjamin Franklin, John Adams). Ils se rassemblent mais hésitent à rompre avec la couronne alors même que la position de Londres se durcit encore. Paraît alors Le sens commun en 1774, un ouvrage de Thomas Paine, ancien britannique venu en Amérique qui fait un pamphlet contre l'Angleterre et prône l'indépendance. Son style clair et concis se diffuse dans toutes les classes sociales et connait un succès. Les textes ne font pas les révolutions mais préparent le terrain et peuvent avoir une forte résonance dans la population.


Les américains commencent alors à s'armer, les britanniques débarquent des troupes. A Boston une escarmouche fait 300 morts cotés anglais et c'est la prise d'armes générales. Les américains forment alors leur armée sous le commandement de Georges Washington. Au troisième congrès des députés américains, le 4 juillet 1776, est rédigée la Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique essentiellement rédigée par Thomas Jefferson. Dedans, on y trouve les raisons de cette indépendance avec les fautes de l'Angleterre et les revendications des droits de l'homme. On y trouve notamment le droit de révolte des peuples face à un pouvoir arbitraire.







  1. La Révolution en elle-même


La guerre est déclarée depuis 1775, l'indépendance proclamée le 4 juillet 1776 et en attendant c'est une guerre révolutionnaire.


  1. Indépendance et guerre révolutionnaire


Les américains d'un coté et les anglais accompagnés des royalistes (colons fidèles à la couronne) de l'autre sont donc en guerre. Au départ c'est l'hécatombe coté américain. Mal équipés, mal entraînés, Washington est un tacticien militaire moyen, les indiens et les esclaves soutiennent les britanniques qui leur ont promis la liberté. En 1777 est créé le premier drapeau américain, treize étoiles pour les treize colonies se trouvent dessus, mais il entrera en application bien plus tard. Le marquis de La Fayette, français qui fuit son mariage et sa famille vient s'abriter en Amérique. Il soutient alors les américains dans un départ de volontaires et cela mènera la France à s'opposer officiellement à l'Angleterre, tout comme les Pays-Bas qui suivront. Les batailles se succèdent, le Nord est reconquis par les américains et le Sud tourne en guérilla. En octobre 1780, l'armée anglaise se rend. Lors du traité de Paris, l'indépendance des États-Unis d'Amérique est reconnu de tous, les USA récupèrent alors toutes les terres de leur continent. Le prestige des américains est grand, mais les caisses sont vides, les morts sont légions (surtout du fait de maladies et de famines), la population est divisée, … C'est devenu le type même de la guerre révolutionnaire qui dresse le peuple contre l'oppresseur. Cette expérience de guerre fut fondamentale pour forger un sentiment national, une conscience national diffusée et amplifiée par les élites.


Il y eut des levées d'hommes obligatoires, les riches pouvant se payer des remplaçants, ces armées américaines étaient faites de pauvres blancs. De nombreuses désertions eurent donc lieu coté américain. Malgré tout, un nombre très importants de gens furent mobilisés (les élites restant dans les postes ???). Ce fut donc un moment où les exclus du champ politique commencent à s'impliquer dans la vie militaire et prennent un écho politique. Les femmes y jouèrent un rôle aussi (et pas juste la fabrication du drapeau). Ceux qui avaient soutenus les britanniques fuirent avec eux et les esclaves noirs qui le soutenaient furent affranchis et installés en Sierra Leone. Les indiens furent eux massacrés par représailles américaine et n'eurent pas de voix au traité de Paris. La conscience nationale s'arrête donc aux limites de la race blanche sans les noirs et les indiens mais comprenant les classes blanches les plus pauvres.


  1. La révolution politique, la naissance d'une République


En 1776, un des signataires de la déclaration américaine soulignait que la Révolution américaine n'est pas finit, la révolution sociale devant encore se jouer. Cette déclaration n'est pas républicaine, elle crée cependant un vide politique majeur, il faut remplacer les chartes coloniales de chaque colonie et contraint à la rédaction de constitution pour palier à l'unité politique qu'assurait l'Angleterre. Jamais auparavant, à une telle échelle, un groupe d'hommes avait engagé de rédiger un tel système politique. Ce qui se dégage alors ce sont des caractères communs, puisque ce sont les élites libérales qui l'ont rédigé. Ces constitutions sont toujours introduites par les droits de l'homme, le peuple est toujours affirmé comme souverain (mais le suffrage censitaire demeure), la séparation des pouvoirs affirmée avec la primauté au législatif et la méfiance de l'exécutif (prolongement des conceptions coloniales). C'est un bicamérisme, il y a deux chambres avec une majorité d'élites et un collège où se concentrent davantage les élites libérales. Toutes les constitutions reconnaissent les libertés publiques et institutionnelles avec la séparation de l'Église et de l'État.

En 1781, les articles de la Confédération et de l'Union perpétuelle jettent les bases d'une union politique américaine. C'est un congrès avec une seule voie par État dont la seule prérogative est de déclarer la guerre et de signer la paix. Ce pré-État fédéral ne devait pas lever d'impôts, n'avoir aucune politique commerciale et ne dirigeait pas l'armée. C'est une union faible, l'État fédéral n'existe pas, à chaque État sa politique, son armée, sa monnaie. Bref en 1783 tout est sur le point d'exploser avec des conflits entre les différents États. Pour y échapper, on va régler les conflits commerciaux entravant la croissance économique des USA. De plus, après le départ des anglais, les révoltes sociales reprennent, les paysans pauvres partis se battre reviennent sans être payés et devant payer les taxes pour renflouer les caisses. Les révoltes explosent et cela pousse l'État fédéral à se former pour régler les conflits internes aux colonies.


... A SUIVRE

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire