mardi 4 octobre 2011

Ancienne 04 - 10








Les mythes de souveraineté







On s'inspire dans ce cours des mythes d'Homère (qui n'a donc jamais existé) et d'Hésiode. Leurs poèmes sont connus de presque tout les grecs, ces œuvres sont fondatrices pour le monde grec et ce, sur plusieurs siècles. Tout cela constitue un savoir partagé sur l'au-delà ainsi que sur la naissance des hommes et de la manière dont ils sont apparus. Tous ces récits portent sur le pouvoir de son acquisition à sa transmission ainsi qu'à sa légitimité. Les épopées mettent en scène les grands rois parfois imparfaits qui auraient vécus auparavant.

Ces poèmes parlent du pouvoir de façons très différentes entre ceux d'Hésiode traitant d'une véritable mythologie, un système cohérent où Hésiode structure minutieusement le monde des dieux et celui des hommes. Telle la manière dont le pouvoir s'est stabilisé dans les mains de Zeus, qui incarne alors un modèle politique, il est un roi de justice dont les hommes devraient s'inspirer, ce qu'ils ne font pas selon Hésiode.

Les Epopées homériques ne sont pas du tout ordonnées, l'Iliade raconte surtout la guerre de Troie et la colère d'Achille particulièrement suivit de sa résolution. Il n'y a pas d'exposé pédagogique chez Homère, mais une mise en récit des récits des rois, c'est davantage dilué.



  1. Hésiode : un kosmos hiérarchisé


  1. La Théogonie : du chaos à l'ordre


La Théogonie est un poème oral composé au VIII° siècle, présenté par Hésiode lui-même se déclarant inspiré par les muses. Il est au départ un petit paysan béotien inspiré par les muses qu'il a rencontré sur le mont Hélicon. Elles lui ont raconté ce qui fut, ce qui est et ce qui sera. Ainsi, il découvre l'origine du kosmos, l'origine de l'univers.


A. Chaos et Gaïa


Chaos, le vide, apparaît et avec lui Gaïa, la terre et aussi Eros, l'amour. Gaïa produit alors d'elle-même des divinités. Ainsi apparaissent Ouranos, le ciel ainsi que Pontos, la mer. Alors seulement, il y a union sexuelle entre Ouranos qui recouvre Gaïa, le ciel est collé à la terre et empêche ses enfants de sortir au jour. Ainsi Gaïa, coincée dans une union sexuelle ininterrompue désire sortir. Elle ourdit donc un plan, elle forge une serpe dans ces entrailles et la confie à son plus jeune fils Cronos (un des douze titans et titanes, enfants de Gaïa et Ouranos) qui châtre alors son père, se dégageant de Gaïa et restant à distance.


B. La naissance de Cronos


Ainsi Cronos devient le souverain du monde après cet acte. Il jette le sexe de son père dans les flots, dans Pontos. Les testicules et le sperme d'Ouranos jetés dans Pontos donne naissance à Aphrodite, divinité de l'union. Le sang goutant du corps d'Ouranos de sa blessure va tomber sur Gaïa et donné naissance à des divinités plus inquiétantes : les Géants, puissances destructrices ennemies de Zeus, et les Erinyes, esprits de la vengeance et de la tourmente.


C. Le règne de Cronos


Cronos prend donc le pouvoir et s'unit avec sa sœur Rhéa. Il règne alors sur les dieux, mais n'est pas un bon souverain puisque sa mère lui a annoncé qu'il serait détrôné par un de ses enfants. Cronos souhaitant empêcher cela, avale ses propres enfants. Rhéa aimant ses enfants décide de confectionner une ruse pour protéger au moins un de ses enfants. Rhéa va donc mettre une pierre dans des langes d'enfants que Cronos va avaler. Le petit Zeus, benjamin de la famille, est alors évacué en Crète sur le mont Ida ou Diktè. Il est alors élevé par Amalthée, une chèvre qui le nourrit et dont une corne formera la corne d'abondance, tandis que la peau recouvrira l'Égide, le bouclier d'Athéna. Devenu grand, Zeus oblige son père à vomir ses frères et libère ses frères et sœurs les titans. En remerciement, les titans lui offrent la foudre.


D. La prise de pouvoir par Zeus


Zeus prend donc la succession de son père qu'il a détrôné, mais les titans se révolte contre le fait qu'il prenne le pouvoir. La lutte entre les dieux et les titans voit les dieux sortirent victorieux, Zeus enferme alors les titans dans le Tartare, espace où on tombe indéfiniment.

Cette victoire terminée, Zeus partage les honneurs, son frère Poséidon récupère le territoire des mers, Hadès récupère le monde souterrain, … Zeus épouse alors Métis, la ruse, la met enceinte puis l'avale pour l'incorporer. Ainsi Zeus est le roi des dieux car il est le plus rusé.


Si on analyse de manière structuraliste ce récit, on trouve de nouveau des mythèmes. Notamment des points communs entre Cronos et Zeus. Tout deux sont des benjamins alors que le pouvoir est généralement dévolu à l'ainé. De plus, ils sont écartés par leur père. Dans les deux situations, la métis, l'intelligence rusée intervient par des personnages féminins Gaïa et Rhéa. Cette ruse joue jusqu'à l'avalement de Métis par Zeus. Enfin tout deux avalent d'autres divinités : ses enfants pour Cronos, Métis pour Zeus.

On trouve aussi des oppositions flagrantes. Ainsi Cronos à un règne remplie d'hubris, de démesure tandis que Zeus instaure la diké, la justice. Cronos bloque la succession des générations tandis que Zeus lui permet et favorise de nouvelles générations, c'est le retour de l'engendrement. Enfin, Cronos est un homme trompé par la ruse tandis que Zeus sera toujours celui qui va tromper grâce à l'incorporation de sa première épouse, Métis.

Ce récit est donc un grand réflexion autour du chaos et de l'ordre où comment on passe de l'un à l'autre. Avec la castration d'Ouranos, commence un cycle où alterne ordre (Aphrodite) et désordre (Erinyes et Géants). Cette opposition structurale soutient le récit. On passe ainsi de l'âge des titans, l'âge du chaos à celui des dieux olympiens, l'âge de l'ordre où le pouvoir est enfin stabilisé dans une royauté idéale.


A SUIVRE ...

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