mardi 25 octobre 2011

Contemporaine 24 - 10 et 07 - 11

Précédemment : Histoire contemp 17 - 10

Le dessin analysé dans l'introduction


La Révolution libérale : 1789 – 1792



Dessin de David, Serment du Jeu de Paume, 1791

Les États généraux sont réunis à Paris, le Tiers-État refuse la réunion par ordre et ne veux pas être placé sous les ordres privilégiés. Le 17 juin, le Tiers-État s'autoproclame Assemblée Nationale, ce qui provoque la fureur du roi qui fait fermer la salle. Les députés vont alors dans la salle du Jeu de Paume et certains députés proposent de faire un serment : ne se séparer qu'une fois qu'il auront donner une constitution à la France. C'est le Serment du Jeu de Paume, rédigé et signé par tous ceux qui étaient présents, un moment fondateur de la Révolution. C'est Bailly, le doyen du Tiers-État puis maire de Paris qui prononce le serment. Mirabeau et Barnave sont les orateurs. Le député Mounier manque sur le tableau car dès octobre 1789, il laisse tomber la Révolution, furieux de la tournure violente qu'elle prend contre le roi. Robespierre se positionne en exalté. Sur la droite représentant du Tiers-État, un seul député exprime son désaccord : l'idée d'absence de contrainte domine. Au centre : un moine (pas réellement présent), un abbé Grégoire, pasteur protestant. Ce tableau montre la concorde religieuse. L'aristocratie est représentée comme ourdissant de sombres complots. On trouve aussi une allégorie de la vieillesse qui esquisse le geste du serment. En apparence une fête unificatrice, avec une concorde mais de façade lors de sa réalisation.


  1. Causes, origines et enchaînement des faits


  1. Les tensions sociales


A. La société des trois ordres


Cette société est vécue comme injuste, bloquée et complétement obsolète. La tripartion féodale ne correspond plus à grand choses, les nobles ne sont plus ceux qui combattent. La société est très hiérarchisée, cela induit une lecture fiscale de la société (deux ordres qui payent très peu d'impôts) avec des privilèges : droit de chasse, justice différente … Le Tiers rentre par la petite porte au États généraux.

La lecture actuelle des trois ordres est erronée, dysfonctionelle et ne rend pas compte de l'hétérogénéité des ceux-ci. Et pourtant cette société se renforce, connaît une nouvelle jeunesse a la veille de la révolution. On constate une réactualisation de la société d'ordre par les privilégiés qui justifient leurs privilèges, car ils se sentent menacer. Ces réactions nobiliaires et réactions seigneuriales reprennent les vieux droits féodaux. Brandissent des privilèges pour se protéger des impôts du roi. Le tiers utilise la société d'ordre pour dénoncer l'injustice (lithographie : la comédie des trois ordres). Ce genre de représentation viennent essentiellement de la bourgeoisie pour appeler à un désir d'égalité.


B. L'agitation sociale


Tout le siècle est agité d'émeutes jusqu’à la Révolution Française. Les contestations fiscales, de loin la première cause, contre les taxes indirectes, des troubles contre la police, des incidents quand l'État tente de lever des hommes pour l'armée, des émeutes contre les représentants de l'état, des émeutes lors d'exécutions publiques. On assiste à des luttes de subsistance, il n'y a rien à manger. En ville comme a la campagne, le peuple se dresse contre ceux qu'on accuse d'accaparer le pain et la farine (établissement religieux, fermiers, boulangers) 70% de femmes agissent dans ces émeutes. Elles réclament le prix juste, la taxation du pain (prix maximum). De plus en plus de luttes contre les seigneurs ont lieu, tout comme des luttes contre l'individualisme agraire. C'est une forme de conflit du travail classique. La France du XVIII° siècle n'est pas tranquille, les français n'ont pas attendu les Lumières ou la Révolution Américaine pour se soulever et revendiquer des droits.


  1. Une monarchie en crise


Le déficit économique est important. Sous l'influence et les conseils de Necker et de Turgot, le roi a bien conscience que la solution est une réforme fiscale, il envisage alors d'imposer les privilégiés. Il tente donc plusieurs réformes et impôts, mais échoue face à la résistance des privilégiés. La lutte s'engage entre les privilégiés et le Roi accompagné de ses Parlements.

Une fronde parlementaire aristocratique et non démocratique a alors lieu. Mais le peuple s'y trompe comme le montre la journée des Tuiles 1788, où le parlement de Grenoble refusait les nouveaux impôt du roi, celui-ci exile les élus mais le peuple se soulève. Cette fronde parlementaire est une des causes de la révolution car elle fragilise la monarchie et lance des critiques de l'ordre royal. On a donc à faire à une désacralisation de la figure du roi (il n'est pas communié, aurait trop de maitresses, …).


A cela s'ajoute la diffusion des pensées des hommes des Lumières qui ne sont pas des révolutionnaires mais défendent la réforme. Ils critiquent l'absolutisme, appellent à la constitution et à la séparation des pouvoirs. Or ils ne prennent écho que dans les élites via des livres, des pamphlets ou des affiches. La censure est inefficace pour les arrêter. L'espace public voit se former une opinion, c'est la naissance de patriotes qui aspirent à la réforme.


Incapable d'arracher aux ordres privilégiés des impôts, presser par tout le monde, le roi convoque les États Généraux. La Noblesse espère enfin des velléités fiscales du roi et les patriotes attendent des réformes.


  1. Des États généraux à la Révolution


Pour convoquer ces États généraux, il faut élire des députés (représentants des ordres), ce qui est une énorme procédure électorale. La rédaction des cahiers de doléances a lieu et c'est alors l'occasion d'un intense moment de politisation, car le roi a levé toute censure, c'est une grande liberté d'expression. Le Tiers réclame le doublement de ses députés pour équilibrer le vote par tête, les privilégiés sont contre, le roi accepte de doubler le tiers mais ne se prononce pas sur un vote par tête (2, 1, 1) ou par ordre (1, 1, 1).

En mars – avril, la rédaction des cahiers est très tendue, alors que le pain vaut une journée de travail d'un ouvrier. La révolte lors de la baisse du salaire par Réveillon entraîne un saccage de la manufacture de ce dernier par le peuple du faubourg Saint Antoine, mais cela fit une centaine de morts. Cette révolte populaire est toujours à coté de la révolution politique.


Les discussions aux États généraux donnent lieu à des amendements des cahiers-modèles. Les États généraux sont réunis le 4 mai 1789 et le discours modéré du roi les déçoit. Il appelle les ordres à se réunir séparément pour une vérification des pouvoirs par ordre (il refuse le vote par tête), le Tiers proteste et bloque toute avancée. Les députés bretons décident de se nommer « députés des communes » et le 17 juin 1789 se disent représentant de la nation, le Tiers s'autoproclame Assemblée nationale. Le 20 juin 1789, les députés du Tiers prêtent le Serment du jeu de Paume. La révolution juridique et politique a commencé, puisqu'on passe de la représentation des trois ordres à la naissance d'une Assemblée Nationale Constituante. Le 9 juillet roi est contraint d'accepter et les députés réitèrent la proclamation de l'Assemblée Nationale Constituante.

La Révolution naît donc de la conjonction de révoltes populaires et de la résistance au pouvoir royale dont la fronde parlementaire.



  1. "L'année sans pareille"


  1. 1789 ou la mort de l'Ancien Régime


C'est une irruption massive, durable et inédite des classes populaires en politique.

Le roi fait venir des troupes mercenaires, qu'il masse autour de Paris. Il renvoie Necker qui avait le soutien des patriotes et du peuple. Or le prix du pain continue à augmenter, doublé de la présence de troupes du roi, les parisiens craignent d'être attaqués. Les bourgeois constituent une milice : la garde nationale commandée par Lafayette, portant une cocarde pour chaque bataillon (deux couleurs de paris + couleur du roi (blanc)). Ces milices répondent à la crainte bourgeoise des pillages de boulangerie. Ce corps militaire manque d'armes et file piller l'armurerie des Invalides. Mais ils manquent maintenant de poudre, ils vont donc s'approvisionner à la Bastille. Là-bas, une délégation rentre mais ne sort pas. La foule s'inquiète, surtout que les gardes de la Bastille retirent les canons, mais le peuple craint qu'on les charge et qu'on leur tire dessus alors tout le monde enfonce la porte et décapite le gouverneur. Cette prise de la bastille le 14 juillet 1789 est un symbole de l'absolutisme royal car on y enfermait des gens sur lettres de cachets. Mais la mystique de la Bastille vient d'une image noire récente. Le bâtiment est pris pour récupérer des munitions et quelques personnes libérées deviennent le symbole de la chute de l'Ancien Régime.


La Révolution reste surtout un coup de force juridique avec le soutien des députés. La prise de la Batille représente le peuple parisien les armes à la main qui rentre dans le jeu politique. Avec la mort du gouverneur, la question de la violence populaire est posée dès le début. Le peuple reprend une forme de violence légale (juridique).

En conséquence le roi cède, retire ses soldats et rappelle Necker, le 17 juillet 1789, il met à son chapeau la cocarde tricolore. Partout en province se produisent des micro- révolutions : révolution juridique avec prise des pouvoir locaux par les patriotes (prise de bâtiments, désignation de gardes nationales). La Révolution politique est conduite par les députés, ou les autorités locales, qui alimentent et rendent possible, la révolte populaire sous forme de journées insurrectionnelles qui poussent en avant la Révolution politique.

La fronde aristocratique est toujours présente et tente de freiner cette avancée. Toutes les contradictions et la violence sont présents dès le départ. Dès 1789 problème : comment s'appuyer sur des révoltes populaires et en même temps les contrôler ? Comment réprimer le peuple qui en même temps soutient la Révolution ?

Le peuple de Paris prend donc la Bastille puis les campagnes rentrent en Révolution. Cela commence la "Grande Peur", ces rumeurs qui reposent sur des fantasmes ancestraux : brigands, payés par les nobles, qui viendraient briser les révoltes avec des étrangers (anglais, italiens) qui aideraient les brigands. On cache les femmes et les enfants, on se balade avec des fusils, mais on ne voit pas de brigands. Dès fois, les paysans arrivent devant la maison du seigneur et prennent le château. La France est alors secouée dans certaines régions par cette grande peur qui effraie les possédants et les députés. Le 4 août 1789, les représentants se succèdent a l'Assemblée (curés, nobles) et renoncent à leurs privilèges. Les droits sur les personnes sont abolis, mais pas les droits de la terre. C'est tout de même la fin de la société d'ordre. La comédie des trois ordres est reprise dans l’autre sens : l’aristocrate et le curé portent sur leurs dos le paysan. Mais le roi doit signer ces décrets pour qu’ils soient valables. Louis XVI refuse. Le roi ne signe pas non plus la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Le roi bloque la révolution et se réfugie dans une salle avec ses gardes particuliers.



Les 5 et 6 octobre 1789, des dizaines de milliers de parisiens, dont une majorité de femmes, se rendent à Versailles pour ramener le Roi à Paris. Le roi, captif, rentre, et les députés le suivent à Paris. Le roi cède alors et signe les décrets. Ce qui a fait que la révolution avance, c’est cette journée insurrectionnelle du peuple. De retour à Paris, l’Assemblée décrète la loi martiale qui dit que les forces de l’ordre, dont la garde nationale, peuvent utiliser les armes contre un attroupement menaçant (drapeau rouge, trois tirs de sommation puis tirs sur la foule). Quelques députés votent contre (comme Robespierre) mais peu, et le roi signe. Des mesures exceptionnelles et de violence légale sont tout de suite présentes.


  1. L’œuvre constitutionnelle et législative

Rassemblement géographique dans la salle : les monarchistes sont à droite de l’Assemblée (4/10e), à la gauche, un groupe plus radical, de futurs Jacobins, et au milieu, un centre mou. La droite est dominante, la gauche s’organise et crée la société des Amis de la Constitution qui se réunit au couvent des Jacobins (d’où le nom de Club des Jacobins). L’assemblée travaille à la constitution. Le roi n’est plus souverain, la nation oui. Cela se traduit par l’élection d’une Assemblée unique élue qui représente la nation et a un pouvoir législatif. C’est la fin de la monarchie absolue.

A l’Assemblée, beaucoup ne veulent pas réduire les problèmes du Roi. Tout le débat est sur la question du veto royal (permanent sur tout ? Du tout ? …). Il aura un véto suspensif de 6 ans. La séparation des pouvoirs s'effectue de la manière suivante. L’assemblée permanente ne peut pas être dissoute, elle a le législatif et le contrôle du budget. Le roi a l’exécutif et le pouvoir de veto sur l’Assemblée. Il n’est plus roi de France mais des Français, n’est plus de droit divin mais reste héréditaire.


On assiste à la mise en place aussi d’une justice moderne qui reprend l’habbeas corpus (fin des châtiments, des tortures, présomption d’innocence). La révolution fait de l’élection le principe suprême de légitimation des pouvoirs (autorités locales, députés, juges… sont élus). Mais la révolution est libérale, non démocratique : l’Assemblée distingue citoyens actifs votants et passifs exclus des urnes. Pour voter, il faut avoir 25 ans, être un homme et payer un impôt de trois jours de travail d’ouvrier par jour en fonction du département par an (60% des hommes en âge de voter). Comme les élections sont indirectes, il y a un filtre (trois collèges) : 1% des citoyens actifs élisent réellement les députés.


C'est à cette époque qu'on crée des communes et des départements. Une politique religieuse est instaurée : le 2 novembre 1789, c'est la nationalisation des biens de l’Église. Le 12 juillet 1790, la constitution civile du clergé, entre autre, salarie les prêtres qui deviennent des fonctionnaires qui doivent prêter serment à la loi, à la nation et au roi.



  1. Il n'y a pas d'années heureuses 1790-1791


  1. Mort de l'ancien ordre social mais des tensions qui s'accroissent et se compliquent


Le nouvel ordre ne parvient pas et ne souhaite pas satisfaire l'exigence populaire. La Révolution Française au lieu de calmer les tensions va les accroître. Dans les campagnes les paysans sont furieux que les droits féodaux soient rachetables et pas abolis, le pain reste toujours aussi cher, la demande de taxation n'est pas entendue par l'Assemblée dominée par le libéralisme économique.

Des tensions nouvelles apparaissent. La révolution a demandé aux prêtres de prêter serment. Sauf que le Pape fait par une encyclique la constitution civile du clergé et interdit aux prêtres de prêter serment. Il y a donc des assermentés et des réfractaires. Les réfractaires résistent. Les assermentés sont invalidés par le Pape, les réfractaires le sont par l’État. Le peuple soutient les réfractaires. Il y a des révoltes comme à Nîmes. Des assemblées et des fédérations naissent, révolutionnaires ou contre-révolutionnaires. En 1790, le mouvement des fédérations est polymorphe. La fête des fédérations est une façade.


  1. Fête de la Fédération une concorde de façade


A Paris, on célèbre la révolution achevée. Pèlerinage festif et laïc, fête au Champ de Mars. Des prêtres disent la messe, les troupes défilent, Lafayette prête serment, comme le Roi, la Reine… C’est une façade. La plupart des fédérations sont ou deviennent révolutionnaires. Le roi qui prête serment veut détruire la révolution en réalité. Le nouvel ordre nécessite que le roi joue le jeu or il ne le fait pas. D'où l'expression du Roi Janus, l'homme à deux têtes et à deux faces. En effet, le roi soumet son véto continuellement sur les textes de l'Assemblée.

Plus encore, sa fuite à Varennes les 20 et 21 juin 1791. Depuis longtemps le couple royal projetait de s'enfuir. Ils se font arrêter près de Varennes et rentrent à Paris humiliés. La voiture qui les transporte est entourée d'une foule hostile. Les gardes nationaux crosses en l'air (signe de deuil) et un silence les entourant.

Son retour à Paris divise les hommes politiques entre ceux qui veulent sa déchéance suivie d'une régence du Duc d'Orléans, ce qui veulent la République et ceux qui veulent le maintenir. Des pétitions sont votées pour la République mais les députés de l'Assemblée n'y sont pas favorables du tout. On décide donc d'en rester à la constitution telle qu'elle est rédigée. Un certain nombre de députés font croire que le roi n'est pas parti de son plein gré mais fut enlevé. Problème, le roi a laissé un texte où il présente son mépris de la République. Les républicains sont outrés et multiplient les pétitions et les manifestations. Le 17 juillet 1791 les républicains réunissent la foule au Champ de Mars pour signer la pétition. L'attroupement fait venir Lafayette et Bailly ainsi que des troupes, ils lèvent le drapeau rouge, agitation dans la foule, l'armée tire et fait 50 morts, l'Assemblée constituante vient de tuer des républicains. Le courant républicain est alors obligé de s'enfuir (Danton part à Londres) et l'Assemblée vote la constitution.



  1. Vers la chute de la monarchie


  1. Le fragile équilibre de la monarchie constitutionnelle

La constitution est proclamée le 3 septembre 1791 et instaure une monarchie constitutionnelle. L'Assemblée Constituante est dissoute et une nouvelle Assemblée Législative est formé avec 745 membres, aucun de la Constituante. Robespierre par une loi a interdit le fait que les représentants de l'Assemblée Constituante se représente. On a donc un personnel renouvelé avec essentiellement des députés du Tiers. Politiquement, l'Assemblée est dominée par les Feuillants, monarchistes modérés, menés par Lafayette qui n'est pas de cette Assemblée. A gauche, on trouve les Jacobins, Brissot, Condorcet en sont (Robespierre lui ne peut pas non plus). Au milieu se trouve un vote ventre mou votant plutôt de concert avec les Feuillants. A coté de l'Assemblée et du roi, un nouveau pouvoir émerge : la commune de Paris. Celle-ci est menée par un nouveau maire : Bailly est remplacé par Pétion en 1791 et se place coté gauche. La commune de Paris devient un contrepouvoir où se ont lieu des agitations violentes, comme en province.


  1. La guerre et ses conséquences


Lorsque la Révolution éclate en France, les réactions des autres pays sont contraires. Les patriotes européens (radicaux anglais, meneurs des révolutions, …) en sont ravis, mais les pouvoirs traditionnels sont eux bien plus angoissés. Il y a eut une effervescence politique, un politisation et des débats nombreux à ce sujet. Vu d'un mauvais œil par les monarques européens, la Révolution ne les pousse pas à bouger. L'Assemblée Constituante multiplie les messages de paix entre 1789 et 1790. Cela se tend en 1791 sous la pression des émigrés de plus en plus nombreux faisant pression sur les cours étrangères pour rétablir le roi. La question de la guerre devient très présente en France et à l'étranger.

En France certaines personnes sont favorables à la guerre. Le roi, persuadé du futur succès de ses cousins royaux sur les Jacobins, est d'accord et entraîne les Feuillants avec lui. Une partie des Jacobins aussi menée par Brissot (les Brissotins), pensant que si la guerre éclate le roi prendra parti contre les ennemis et donc se dévoilera. De plus, ils sont pour la diffusion de la Révolution et considèrent qu'il faut porter cette Révolution en Europe pour libérer les peuples, c'est ce qu'on nomme la vision messianique de la Révolution Française. Enfin, avec les agitations sociales, ils estiment que cela pourrait détourner les tensions sociales vers la guerre. Ceux qui sont contre sont donc les quelques Jacobins menés par Marat, Robespierre. Les bellicistes majoritaires l'emportent et déclarent la guerre à la Prusse et à l'Autriche. On a donc des mesures d'exceptions qui sont prises et qui radicalisent les positions de la Révolution. Les émigrés passent du dédain à la criminalité et leurs biens sont supprimés. Les prêtres réfractaires sont aussi soupçonnés et ils doivent soit prêter serment à la constitution soit être déportés. Le roi pose son véto, le peuple envahit les Tuileries le 20 juin 1792, le roi maintient son véto.


Pourtant les tensions sociales ne se calment pas, au contraire elles explosent. En 1791, on avait une bonne récolte mais le papier monnaie est créé avant d'être dévalué et les paysans refusent de le vendre. Le peuple demande un prix maximum sur le pain, pille les boulangeries et les épiceries. Les taxes augmentent pour renflouer l'État. On les nomme tous les Enragés et ils sont menés par Jacquerou. C'est l'apparition aussi des Sans-culottes. Chez les Jacobins, on reconnaît la légitimité leurs revendications de taxation, surtout Marat et Robespierre. Le peuple de Paris forme une commune insurrectionnelle et réclame que le roi lève ses vétos ou soit déchu. Le 10 août 1789, les Sans-culottes parisiens et les volontaires pour la guerre montés à Paris dans un premier temps, attaquent le palais des Tuileries faisant plus de 1000 morts (600 gardes suisses et 400 émeutiers) mais étant victorieux. Le roi se réfugie à l'Assemblée qui sous la pression du peuple suspend les pouvoirs du roi et convoque une nouvelle constituante. La législative avant de se dissoudre vote des lois importantes mais le peuple trouve qu'on ne juge pas assez rapidement les gardes suisses ayant fait feu sur le peuple. Dans cette idée de vengeance, du 2 au 6 septembre, la violence se déchaîne entre dans les prisons, y massacrent les prisonniers (1200 à 1400 morts). Le 20 septembre à Valmy, c'est la première victoire derrière le drapeau tricolore. Le lendemain, la République est proclamée et on bascule dans une phase radicalement nouvelle.










La DDHL de 1793 ... en voilà du social









La « Seconde Révolution »





Avec la chute définitive de la monarchie et la proclamation de la République, on rentre dans une nouvelle phase qu'on nomme parfois l'An II, 1793, Convention montagnarde ou la Terreur (signe d'un ouvrage conservateur).

Durant deux années, des lois sociales et fortes sont instaurées qui seront revendiquées tout le XIX° siècle par les familles libérales et démocratiques. On parle d'un âge doré en même temps que s'instaure la légende noire de la guillotine : la Terreur. Ce sont donc aussi les années les plus terribles.



  1. La révolution se radicalise


  1. La Convention nationale


La Convention vient d'une tradition révolutionnaire anglaise et américaine. Celle-ci est élue au suffrage universel en conséquence de la guerre. Au front, on avait besoin d'hommes, on appelait les volontaires et tout le monde pouvait y prendre part, donc on ne pouvait leur refuser le droit de vote. Seuls les domestiques soupçonnés d'être trop soumis à leurs maîtres n'y ont pas droit. La Convention change encore sa tendance politique, il n'y a plus de feuillants, et on trouve surtout des Jacobins.


Plusieurs questions se posent à la Convention : que faire du roi déchu ? Que faire des problèmes intérieurs et extérieurs suite à la Révolution ? Comment faire face aux difficultés économiques et sociales ? Comment réagir face à la contestation du peuple réclamant du pain et des droits ? La Convention hérite de toutes ces questions dans un contexte tendu et où les positions se radicalisent. La Convention va donc siéger sous la pression constante et continuelle du peuple. Le peuple parisien est de plus en plus politisé. Dans les sociétés politiques, les clubs, les sections se réunissent tout les jours pour discuter politique. On y lit les journaux, on y débat, … La lecture des journaux y joue. Ils sont en fait constitués de quatre pages et publiés quotidiennement avec pour ceux ne sachant pas lire des caricatures et des chansons qui sont diffusées. Un groupe de militants très engagé se démarque : les Sans-culottes. Groupe socialement hétérogène, bien que dominé par la petite bourgeoisie, on trouve des membres des classes populaires aussi mais se sont surtout des artisans parisiens. Ils ont un avis politiques, ne portent pas de culottes, ont un bonnet phrygien, sont armés d'une pique, portent la carmagnole, se tutoient ou se nomment « citoyens » ou « frères » et portent la cocarde tricolore. Ils sont pour le peuple souverain et après la liberté de ??? sont pour la liberté et la fraternité ainsi que le droit à l'insurrection. Très militants, ils se rassemblent pour contester l'Assemblée et favorables à une démocratie directe n'hésitent pas à faire pression. Ils réclament la taxation de certains produits dont le sucre et le contrôle des suspects (nobles). Ils sont pour une politique répressive vis à vis des contre-révolutionnaires. Ils sont parvenus à prendre le contrôle de la commune de Paris où siègent des hommes portant les mêmes idéaux qu'eux comme Hebert. Il existe des Sans-culottes dans toutes les grandes villes de France.


La Convention agit sous la pression du peuple, de la commune de Paris et n'aura de cesse de limiter ses actes populaires mais ce sera difficile.



  1. Le procès et la mort du roi


Première question : doit-on juger le roi ? Saint-Just défend l'idée qu'il faut le tuer dés maintenant mais sous pression des Brissotins il sera jugé par la Convention, même si ça pose un problème de séparation des pouvoirs. On lui reproche parjure (il a prêter serment à la Constitution qu'il a trahit), intrigues, trahisons, Varennes, responsable des morts du 10 août, armoire de fer (prouvant ses liens dans la contre-révolution). Cela divise la Convention. Tout les députés le reconnaissent coupables et ceux voulant le sauver proposent de lancer le jugement au peuple. C'est écarté. Les Jacobins se divisent entre eux, ceux voulant sa mort immédiate et ceux voulant retarder sa mort, les Brissotins redoutant les colères des armées étrangères qui sont en période de succès et car cela montrerait encore plus le pouvoir du peuple qui fait assez pression comme ça. 387 voix sont pour la mort immédiate, 46 pour la retarder et 288 pour sa détention (se méfier du mythe contre-révolutionnaire 361 voix pour / 360 voix contre).

Louis Capet est alors tué le 21 janvier 1793, jour où les familles républicaines mangeront de la tête de veau. Moment phénoménale de la révolution française, pour les révolutionnaire, c'est la certitude qu'on ne peut retourner en arrière.


Le procès montre aussi la division du camp jacobin entre Girondins et Montagnards. La mémoire et l'historiographie vont figer l'opposition entre ces deux groupes. C'est un phénomène complexe, déjà ils sont nommés les Brissotins à l'époque et étant surtout issus de Bordeaux et de la Gironde, l'historiographie les nommera les Girondins. Ces groupes sont en perpétuelle évolution, leur nombre bouge constamment. De plus, Girondins et Montagnards sont majoritairement d'accord mais se divisent sur des points particuliers. On a souvent dit que les Montagnards étaient fédéralistes et les Girondins décentralisateurs, c'est faux. A la base, un discours de Brissot dénonce la place donnée au peuple parisien dans la représentation politique « Paris ne doit représenter plus du tiers de la représentation politique de la France ». Brissot veut la limiter, Robespierre non. En réalité, le procès du roi à diviser les Girondins entre eux certains voulant la mort immédiate et d'autres la reportant (46 membres). Enfin ultime point de débat, le conflit économique. Les Girondins veulent un libéralisme économique et refusent la taxation. Les Montagnards sont sensibles au mot d'ordre et près d'accepter la taxation. La Convention c'est donc un petit tiers de Montagnards, un petit tiers de Girondins et un gros tiers de « députés de la plaine », le centre. Ces centristes et les Montagnards parviennent à évincer les Girondins suite au frein qu'ils mirent dans la politique sociale. Les Girondins ont fait arrêter Marat (auteur du Cri du peuple) et ???. Symboliquement c'est très fort pour le peuple parisien qui voit ses leaders favoris arrêtés même quelques heures. Le peuple le lendemain rentre dans la Convention, arrête les Girondins sur place dont Brissot, en guillotine 20, faisant fuir les autres.


On rentre alors dans la Convention montagnarde, essentiellement composée de députés de la plaine. Les oppositions politiques qui sont toujours présentes dans la Révolution, passent dans un contexte de guerre intérieure et extérieure, l'affrontement politique change de nature et n'est plus pacifié. Les éliminations symboliques du début de la Révolution deviennent méthodiques et classiques avec l'élimination systématique de l'adversaire politique.



  1. L'œuvre de la Convention nationale


  1. La Constitution de l'An I


Elle débute surtout en mars 1791 et fut commencée par une Convention girondine et montagnarde. Cette constitution est prolongée par les Montagnards et est éminemment populaire, donnant des droits énormes à ce peuple. La constitution est soumise à un référendum est la participation fut conséquente. Cette constitution est précédée en introduction par un DDHC qui revendique des droits sociaux alors peu présents. C'est bien plus démocratique que celle des américains. En même temps, on est en guerre donc la Convention décide de différer l'application de la constitution qui est scellée dans la salle de la Convention.


Le gouvernement devient alors révolutionnaire le 10 octobre 1791. Il y a toujours un exécutif, le gouvernement et un législatif, la Convention. Celle-ci forme des comités de 10 à 12 pour préparer les modalités de lois qui sont ensuite débattues à la Convention. D'autre part des représentants sont envoyés dans les départements pour vérifier la mise en application des lois. La Convention met d'abord en place, une réelle politique sociale. C'est dans la lignée de la proclamation des droits sociaux, fin du libéralisme économique. La 4 mai 1791, la Convention décrète un maximum sur le prix des grains, du sucre et d'autres produits de première nécessité, un maximum au-delà duquel on ne peut vendre. Cela se double d'une chasse aux accapareurs. Une politique de redistribution de la propriété foncière est organisée, on prend les terres aux suspects et on les redistribue aux patriotes indigents, mais ce ne sera jamais appliqué car le temps qu'on établisse la liste des indigents, Robespierre avait chuté. On fait aussi des lots plus petits sur les biens terriens nationaux qu'on vend pour les redonner au peuple et non à des profiteurs. Pour les indigents, on leur fait signer un prêt remboursable sur 20 ans. Des milliers de petits paysans auront un lopin de terre grâce à cela. D'où le fait que la France fut un pays de petits paysans tout au long du XIX° siècle, ils ont donc profité grandement de la Révolution en récupérant les terres seigneuriales.


De plus, les représentants envoyés en province doivent établir localement une politique sociale. Dans le Sud-Ouest, Romm mit en place une politique très sociale en faveur des ouvriers : protection maladie, assurance chômage, école pour les enfants ouvriers, … De même, Lakanal instaura partout où il alla des écoles laïques, gratuites et obligatoires.

La révolution fut essentielle pour les plus humbles. Elle a aussi conduit les ouvriers à être plus productifs ce qui permit ainsi de produire plus d'armes pour assurer la victoire française dans la guerre.


  1. La politique religieuse


L'anticléricanisme va croissant dans la Révolution. Dés 1792, la législative avait dissout les congrégations, interdit le port de la soutane. Dés 1793, cela s'accentue dans un phénomène de déchristianisation. Ce n'est pas une politique d'État, mais une politique locale faite par le peuple ou par les institutions locales. c'est donc inégal selon le territoire. On a donc des destructions iconoclastes (destruction et pillages d'église).


L'État mit d'abord des cultes de substitution par exemple le culte de la raison (déesse Raison à Notre-Dame), on change le calendrier (semaines devenant des décades, on change le nom des mois, l'année ne démarre plus le 1 janvier mais le 22 septembre, …), … Robespierre fervent catholique y était très opposé et y met fin en instaurant un culte de l'Etre suprême, forme de Dieu dans lequel tous pouvait se reconnaître. Robespierre se représentait comme un pontife de ce culte, et ce fut un succès contrairement aux précédents cultes instaurés.



  1. La Terreur


  1. Le contexte


La Terreur est avant tout le produit du contexte. On est en guerre et on enchaîne les défaites en 1793 depuis Valmy. Les grandes villes du Nord tombent ainsi que les sur les fronts alpins. De plus, les généraux sont passés à l'ennemi.


Au début de la guerre ont fit appel aux volontaires mais depuis l'hiver 1792 – 1793, les volontaires sont rentrés chez eux, les effectifs chutent et impossible de trouver de nouveaux volontaires. Du coup, l'État oblige certains à venir combattre, ceux qui ne sont pas piliers de famille. Ce système de levées d'hommes va entraîner une anti-révolution, c'est à dire que les opposants ne sont pas contre les principes de la Révolution mais contre ses conséquences. La première raison c'est l'opposition à la politique religieuse, ce sont ceux qui s'opposent à la déchéance de leur prêtre local réfractaire. Cela prend alors des formes insurrectionnelles, comme en guerre de Vendée. Les paysans énervés par la politique religieuse, les droits féodaux toujours pas stoppés, … Tous ensemble ils s'arment et s'organisent pour prendre Cholet et cela se propage dans les départements voisins. Ce mouvement anti-révolutionnaire est repris par les contre-révolutionnaires. Les nobles organisent, arment et dirigent ces paysans contre les révolutionnaires. Tombent alors Angers, … plusieurs villes chutent sauf Nantes. Par la suite, les républicains vont reprendre le dessus par des actes parfois abominables (noyades nationales à Nantes) faisant jusqu'à 250 000 morts.

En Bretagne, les Chouans (pas des Vendéens) forment une sorte de guérilla, troupes armées mobiles attaquant de nuit des petits objectifs. C'est beaucoup plus dur à combattre qu'une armée vendéenne. La Vendée écrasée dés 1794, la chouannerie ne sera stoppée par Bonaparte qu'en 1799.

A cela s'ajoute la révolte fédéraliste, ceux protestant contre l'éviction des Girondins. Ceux là en province se soulèvent et forment une révolte girondine qui n'est pas fédéraliste comme on l'a dit plus tard. Dans ce contexte Charlotte Corday assassine Marat dans son bain dont David tirera un tableau qui fera sa renommée.


Dans ce contexte, les Montagnards demandent l'instauration de la Terreur face à des menaces venant de partout à l'intérieur et l'extérieur. La pression du peuple parisien pousse donc à la Terreur en décembre 1793, alors que la conjoncture s'inversait déjà en faveur de la Révolution, mais cela ils ne pouvaient le prévoir à l'avance.


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