samedi 19 mai 2012

Antique 16 - 05 (cours 12, fin)

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Non ce n'est pas Auguste, juste Tacfarinas



Dans les années 20, sous Tibère, dans un contexte de développement de routes militaires en Afrique du Nord, on a des routes de la côte vers l’intérieur des terres. Ces voies de pénétration vers l’intérieur passent aussi par le don de terres à des tribus nomades, certains se sédentarisent mais beaucoup d’autres se crispent face à cette pratique, d’autant plus avec la construction de routes qui est une forme d’impérialisme romain. Dans ce contexte, Tacfarinas auxiliaire et chef venu plutôt de l’élite, fédère des tribus berbères et maures, sur un espace assez vaste. La révolte dure 6 ans, sous forme de guérilla, ce qui perturbe l’armée romaine. Mais petit à petit les révoltés s’affaiblissent et Tacfarinas se suicidera au bout de ces 6 ans. La sédentarisation et le contrôle des populations avec des pratiques de cadastration où l’armée joue un grand rôle.
Selon Tacite, Tacfarinas demande à Tibère un territoire autonome qui serait client de Rome, ce qui n’était pas une autonomie totale. Comme pour Bouddica, c’est l’époque où Rome passe des royaumes clients à l’administration romaine directe mais où les révoltés comprennent qu’ils n’ont guère d’indépendance.

Il n’y a qu’une grande révolte pour laquelle on a des points de vue de révoltés, les révoltes juives. C’est aussi dans ce contexte qu’émerge le christianisme.
La conquête de la Judée date de Pompée dans les années – 60 mais le royaume est client, non pas annexé. C’est sous Auguste, que le royaume est annexé puisque le roi de Judée Hérode le Grand est proche d’Auguste et a un rôle important. Il a une double ascendance juive et non-juive et n’appartient pas à l’élite traditionnelle juive, donc il a les aristocrates conservateurs contre lui. Cela est renforcé par le heurt des traditionnalistes face à ses travaux de modernisation. Très hellénisé voire romanisé, Hérode le Grand organise des concours isolympiques à Jérusalem en – 27, ce qui choque puisque se sont des jeux païens. Il fonde aussi Césarée, une cité typiquement grecque. Il envoie des judéens dans les armées romaines, … Bref Hérode le Grand est un roi client classique ce qui heurte la tradition judéenne. Dans cette région où on trouvait peu de cités sur lesquelles le pouvoir romain pouvait s’appuyer, il fallait en créer pour pacifier la région et l’inclure au monde romain. Hérode mène cette politique et progressivement Rome reprend en mains l’administration directe ce qui sur le long terme permet de provincialiser la région dès qu’il y a des structures qui le permettent. Ainsi en 6, le fils d’Hérode le Grand est déposé par Rome et la Judée passe sous le contrôle du gouverneur de Syrie. La Judée n’est pas une province mais un district associé à la Syrie. C’est un préfet qui gère la Judée, il dépend du gouverneur de Syrie et siège à Césarée. On voit dès ce moment une prise en main plus directe avec des recensements et des cadastriens.
Dans cette période, un conflit semble émerger entre les autorités romaines et les autorités juives traditionnelles. Les Romains ont un comportement assez contradictoire d’Auguste à Claude. Ils appellent à respecter le temple, la Torah est la loi des juifs, une sorte de loi nationale. Les Juifs sont exemptés du service militaire et en cas de procès, on ne les convoque pas le samedi. C’est de nouveau l’autorité locale qui s’applique. Dans le cas des préfets romains, il semble que ceux-ci ne tiennent guère compte de ces lois ce qui provoque des troubles.

Avec Claude, la Judée redevient un royaume pour des raisons politiques, il faut replacer le petit-fils d’Hérode le Grand  sur le trône, Hérode Agrippa. Proche de Tibère, de Caligula et de Claude, Caligula puis Claude vont le placer par intérêt diplomatique et personnel. La monarchie reste sous contrôle romain. Son fils Hérode Agrippa II rencontrera la première grande révolte de 66 à 73. On a des sources romaines (Tacite) et d’autres juives (Flavius Joseph, aristocrate juif devenu romain). On a aussi trouvé un texte d’une communauté juive révoltée avec Qumran. Guerre difficile menée par Vespasien et Titus, cela se finit par un pillage complet du Temple, la destruction des autorités locales de Jérusalem, en particulier le Grand Prêtre de Jérusalem et les rites sont interrompus. Catastrophe pour cette population. Mais durant cette guerre, on a aussi eu une guerre civile à Jérusalem avec Hérode Agrippa II et sa sœur Bérénice qui sont du coté des Romains, on a l’idée d’une intégration de Jérusalem en cité classique, contre des opposants qui veulent leur indépendance. Au final, Hérode Agrippa II garde une partie de son royaume et en 73, la Judée devient après la mort de son roi une province impériale avec une légion présente en permanence.
Une deuxième guerre éclate entre 132 et 135, sous Hadrien. Dans les clauses ponctuelles avant cette révolte, on a l’interdiction de la circoncision perçue par les Romains comme une extension de la castration, et probablement une reconstruction de Jérusalem. Hadrien achève de faire de Jérusalem une colonie romaine en construisant un temple pour Jupiter sur l’emplacement du Temple. Cela enflamme les esprits en Judée et semble déclencher la révolte de 3 ans où 12 légions y seront envoyées. La répression est féroce et Jérusalem en vient même à être interdite aux Juifs. Le nom de la province est changé devenant la Syrie-Palestine et marquant la fin de l’agitation dans cette région.

C’est véritablement une révolte nationale qui propose un régime alternatif en lien avec une forte attente religieuse. Même dans le cas où la guerre se fait contre les Romains, il n’y a pas d’unanimité dans la population juive, certains voulant être intégrés à l’Empire, d’autres l’étant déjà (les Juifs de Rome ne furent jamais menacés). Après la grande répression, le messianisme s’essouffle et les relations entre les Juifs de Jérusalem s’améliorent, des compromis sont trouvés et les autorités juives traditionnelles sont restaurées. Sous les Sévères, on a d’excellentes relations entre Rome et la Judée. Ces relations ne sont pas statiques, Rome non plus et la Judée encore moins.
Pour les Chrétiens, le courant des disciples de Jésus qui l’emporte, quitte assez tôt le judaïsme et le choix notamment fait sous Paul, c’est de ne pas se considérer comme le Chrétiens comme un peuple prédéfini et de s’adresser à tout le monde. Cela permet une meilleure intégration des Chrétiens dans l’Empire et les structures du Christianisme vont se modeler sur la structure de l’Empire en quittant le cadre de Jérusalem.


Ne jamais oublier que les sources ont un point de vue orienté (majoritairement pro-romaines) mais malgré tout, il semble que la majeure partie des agitations de l’Empire sont fiscales et sociales plus qu’indépendantistes et nationales (a fortiori quand le terme nation est anachronique dans l’antiquité, à Jérusalem, on a une révolte d’un peuple mais ce peuple était divisé, il ne formait pas un bloc opposé frontalement à l’Empire).


Une vision très XIX° siècle de Vercingétorix


Conclusion


Plusieurs questions reviennent.
Le fonctionnement de l’administration romaine avec deux tendances en historiographie. Ceux qui valorisent l’Empire romain comme mode d’administration impériale par excellence. Cette vision moderniste demeura tout le XIX° siècle, servant pour les Empires coloniaux (voies de communication, système fiscal, adhésion des provinciaux nécessaire, …). Après la seconde guerre mondiale les historiens nuancent cela. Certes pour durer aussi longtemps sur un espace aussi hétérogène, c’est qu’il y a un système administratif romain efficace mais celui-ci passe très peu par Rome même. La super structure qui chapote le réseau des administrations locales, c’est l’âge d’or de la cité romaine.

L’importance de la place du prince dans cette non-bureaucratie. L’idée actuelle fut développée par Fergus Millar fin des années 1970. Il parle d’un modèle « pétitions et réponses », on a une organisation de l’Empire sous Auguste mais après celui-ci, le gouvernement impérial agit par réactivité en légiférant, mais agit assez peu par lui-même, surtout à notre période. De plus, ce système lui permet de s’adapter aux situations de chacun.

La question de la romanisation est elle aussi un débat. Bibliographiquement, on a deux articles de Patrick Le Roux et un d’Hervé Inglebert assez récents qui synthétisent les grandes idées. La romanisation, on utilise tout le temps ce terme sans le définir. Or on n’en a pas de meilleur. Par romanisation, on peut désigner les éléments objectifs : diffuser la citoyenneté romaine. Si on prend le terme romanus, on a deux sens : le sens géographique, tout ce qui a trait à la ville de Rome, et culturel, mœurs, mentalités ou encore religions. Comme au niveau de la langue ou le grec et le romain sont très diffusés, on n’a pas pour autant de réelle romanisation de la langue. Les gens manient plusieurs langues en fonction des niveaux sociaux. On peut considérer donc qu’il y a une romanisation au sens d’un progrès qui part d’un centre unique : Rome et ses vrais Romains (XIX° siècle). C’est une vision diffusionniste avec Rome au centre du monde, avec des éléments supérieurs aux autres peuples et donc en profitant pour diffuser ses connaissances. Ce caractère évolutif est donc contesté.
L’historiographie est ensuite marquée par le colonialisme, ce qui entraine des visions contradictoires. Ainsi les Gaulois absents des ouvrages de cours jusqu’au XIX° siècle, on parle surtout de la France depuis les Romains avec un grand rôle donné à César, Vercingétorix disparaît. Au cours du XIX° siècle, le roman national qui cherche les racines de la nation, les liens entre le peuple et le territoire, fait alors réapparaître le Gaulois progressivement. On les circonscrit à l’espace de la France du XIX° siècle (en oubliant la Belgique et le Sud de la France), et Vercingétorix devient un héros national. Cela complexifie les situations puisqu’on considère que la romanisation était aussi un bien. Cela vient de Napoléon III qui rédige une biographie favorable à César, il lance alors des fouilles sur le territoire pour retrouver les lieux cités dans la guerre des Gaules. Cela aboutit à la création de deux sites pour Alésia entre les pro-Napoléon III et les Républicains. Du coup, on stylicise le Gaulois avec les statues de Vercingétorix faisant des Gaulois des grands blonds charismatiques et forts. On lui construit beaucoup de statues en France. On concilie finalement les deux analyses en valorisant la nation gauloise mais avec une défaite nécessaire pour arriver à la romanisation comme progrès.

Excepté en politique et dans les cultures, les historiens distinguent l’impérialisme romain et l’impérialisme contemporain. Pour un Romain comme pour un Grec, à partir du moment où on vit en cité, on est romain (???). Il n’y a aucune idée de supériorité linguistique, culturelle ou religieuse. De plus, si on parle ensuite d’acculturation ou d’assimilation, on prend en compte l’adhésion volontaire de certains provinciaux à la culture romaine. On a donc cherché à faire la part des choses en se plaçant dans l’interprétation des provinciaux, pour voir leur adhésion et leur résistance, en particulier dans le cas des élites qui s’intégrèrent vite.


Aujourd’hui la civilisation romaine n’est pas donnée pour les historiens, elle se construit dans la période impériale en intégrant des éléments des provinces. La culture romaine a toujours intégré des éléments étrangers, notamment grecs. On a des particularités romano-provinciales qui ne sont pas forcément le signe d’une résistance. Ainsi dans le cas des langues, parler araméen n’est pas résister à Rome, la ville n’a pas lutté contre les langues. Rome n’était pas face à des sous-cultures. Après Rome montre bien qu’on peut composer dans son identité : Apulée, Aelius Aristide (de la seconde sophistique, mise en valeur de l’héritage grec par des citoyens romains), Hérode Atticus (riche sénateur romain), … Le identités sont multiples et on peut cumuler ces identités dans l’Empire. On ne peut chercher des identités fixes, elles sont mouvantes. Peut-on alors parler d’une romanisation ou de plusieurs romanisations ?

Urbaine 14 - 05 (cours 10, fin)

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???


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Contemporaine 14 - 05 (cours 10, fin)

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???


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Moderne 10 - 05 (cours 12, fin)

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3.      Mauvais bruits et livres au temps des Lumières

Au XVII° siècle et aussi au XVIII° siècle, il y a un certain nombre de lieux (cabinets de lecture, librairies, …) qui rendent visibles l’activité de lecture d’une partie du peuple. Cela n’a pas échappé au pouvoir monarchique et l’existence de ces lieux de lecture a du beaucoup compter dans la représentation qu’a le pouvoir royal de la culture populaire et du livre.

Il y a alors des rumeurs, des bruits, des scandales qui courent sur les mœurs du peuple. Cela préoccupe le pouvoir du XVIII° siècle qui espionne alors la population parisienne. Cela débute à la fin du règne de Louis XIV puis sous le règne de Louis XV. Des petites personnes se postent dans des cabarets ou sur des places et écoutent les conversations des gens. On les appelle les mouches. Ils font des rapports et les envoient au lieutenant général de police, qui en retransmet certains à Louis XV. En 1757, après l’attentat de Damien, ce système s’étend à toutes les grandes villes du royaume. Dans ces rapports, beaucoup d’éléments montrent que le roi n’est plus l’objet d’un amour inconditionnel de la part de ses sujets. C’est une impopularité nouvelle du pouvoir royal, un discrédit selon certains historiens.
En réalité c’est plus complexe, les rumeurs ne sont pas nouvelles, mais l’espionnage oui. C’est cet espionnage qui tend à faire croire à l’impopularité du roi. De plus, celui-ci se préoccupe beaucoup de son image. Dorénavant on a une communication qui n’est plus seulement du roi vers le peuple mais du peuple vers le roi.
En 1662, au début du règne de Louis XIV, le meilleur moment de son règne, une catastrophe survient la famine de l’avènement. Avec 1,5 millions de morts dans le royaume, cette famine le pouvoir royal va s’en servir pour célébrer le roi par son œuvre de distribution de blé vers les régions dans le besoin. Au même moment, une série de lettres d’un médecin parisien raconte à un ami de Lyon que c’est le roi qui a organisé la pénurie par son avarice tenu de Mazarin qui l’a élevé. La police sous Louis XV va chercher et arrêter les auteurs de pamphlets y compris des gens très modestes qui incarnent la peur royale (une femme de chambre est arrêtée pour être supposée avoir fait circuler un ouvrage pamphlétaire sur les mauvaises mœurs de la cour). A travers son interrogatoire, surgit la peur qu’une femme du peuple écrive des romans sur les mauvaises mœurs de la cour. Le pouvoir redoute un peuple qui puisse agir, notamment par l’écrit.

Lors de l’attentat de Damien, on atteint le paroxysme de cette peur. Là où on attendait un rassemblement de la population autour du risque de la mort du roi, les bruits parlent d’un complot où le gouvernement cache la vérité et d’autres disent que le roi n’a que ce qu’il mérite car il est responsable des malheurs de l’Etat. La police tente de réprimer cela. Notamment chez un suspect ayant pu aider Damien. La police le perquisitionne et découvre chez l’huissier des placards avec des documents sur l’attentat de Damien. L’huissier est alors pendu en public et des espions de la police recueillent les propos de la population sur cette pendaison. C’est une spirale de la paranoïa pour le pouvoir royal qui se met en place. Voulant savoir l’avis du peuple, le fait d’y prêter attention donne de la force à la crédulité populaire. L’opinion publique, c’est celle des gens éclairés, l’opinion du peuple, c’est l’avis de tous. En revanche, l’historien d’aujourd’hui constate que la police de l’époque prenait très au sérieux les rumeurs du peuple. En conséquence, l’opinion publique de l’époque pour la police était peut être l’opinion populaire.

Dans l’analyse du rapport entre le pouvoir et le peuple, il faut prendre en compte l’ensemble des moyens d’accès du peuple au livre. Sur toute la période, l’accès au livre et à l’imprimé est plus aisé. On a cependant des à coups, parfois des retours en arrière avec des périodes du XVIII° siècle où des villes sont en recul. Cela tient aux évènements et aux moments de politisation qui déclenchent des gestes de lecture eux-mêmes nourrissant la population. Un certain nombre des moyens d’accès au livre rendent visibles les accès de lecture et ce phénomène contribue à faire du livre une question politique.


III.                   De la lecture à l’écriture

Beaucoup de travaux considèrent que se concentrer sur la lecture c’est faire de l’individu du peuple un être passif qui reçoit la culture mise en ligne. On a des gens du peuple qui lisent mais aussi qui écrivent.

1.      Présence des papiers en milieu populaire

Sur le registre des levées de cadavres de la morgue, on détaille ce que les gens portaient sur eux au moment où ils ont été retrouvés morts. Ce sont donc les morts ramassés dehors. Ces inventaires révèlent la présence massive de papiers que les gens portaient sur eux. On avait les échappés d’asile qui avaient tous un bracelet de papier sur leur poignet. On trouve aussi des certificats de curés attestant de la piété de l’individu concerné. On a aussi le cas de gens portant un papier sur eux pour qu’ils soient identifiés en cas de malheur, on y trouve plusieurs informations nom, prénom, adresse, origine et religion pour l’enterrement. Les gens ont donc des papiers pour être identifiés mais aussi des images pieuses, des cartes à jouer mais pas les jeux complets, des petits billets attestant de la bonne réception d’une marchandise …

L’activité des écrivains publics étudiés par Alex Métayer. Ces écrivains remplissent une fonction dans une société où on demande aux gens de plus en plus de remplir des papiers alors même que tout le monde n’est pas suffisamment alphabétisé. Les écrivains publics écrivent donc des lettres adressées à l’administration, tiennent les comptes des petits marchands. Ils font de faux certificats de mendicité, de faux billets de loterie, imitent les signatures, …
Pour les élites de la société, l’activité des élites est très mal vue si l’on prend les encyclopédies, les dictionnaires, … On les juge pour beaucoup comme des escrocs, des faussaires, des gens vivant du domaine de l’illicite. Bref ce sot des déclassés en tant qu’ils sont un peu lettrés mais qui mettent leur art au service du peuple. Ce contact en fait des déclassés. Leur lieu de prédilection, le cimetière de Saint-Innocent, annexe du marché de Paris au milieu duquel, parmi les commerces, on a des écrivains publics qui donnent une réputation à ces écrivains.
On considère à ce moment là que le métier d’écrivain public n’est plus infâme. Certes certains le sont après une série d’échecs, mais pas tous. Certains en vivent pourtant et bénéficient d’un regard plutôt favorable des catégories populaires. Cette figure de l’écrivain public donne une image de l’importance de l’écrit en milieu urbain.

Les pratiques des sorciers dans le Paris du XVIII° siècle étudié par Ulrike Krampl. Ces pratiques sont connues par les sources policières après leur arrêt. Ce sont en fait des escrocs qui persuadent les gens de nouer un pacte avec le diable permettant à chacun de bénéficier de richesses, de gloire, … moyennant finances. Ces sorciers escrocs ne cessent de manier des écrits en recevant les gens dans des livres de magies.des livres obscures, … De plus, on rédigeait des pactes écrits par moments, d’autres pratiques étant d’écrire sur le corps des gens. Il y a donc une perception de l’écriture comme force sacrée, conception venant du décalage entre le besoin de l’écrit alors qu’une partie de la population n’est pas à même de savoir écrire.

2.      Enjeux sociaux et politiques de l’écriture des gens du peuple

Jean Yvon a laissé un carnet manuscrit qui s’achève par deux rubriques avec des indications sur les récoltes et d’autres sur le prix du pain et du vin. Le carnet est donc un livre de raison dans lequel les gens tenaient leur compte et dans lequel les gens rédigeait les grands évènements de leur vie, ou encore des annotations concernant les prix. Son carnet possède une chronique des évènements s’étant déroulés dans sa paroisse (travaux de l’église, pèlerinages, fêtes, mariages et décès de proches, … Trop modeste pour administrer ma paroisse, Jean Yvon ne peut s’occuper de La Fabrique. Il fait donc ce travail à titre personnel mais il revient à mimer comme si il avait un rôle officiel dans la paroisse. Il raconte alors qu’il remplace un administrateur de La Fabrique illettré sans être pour autant un administrateur officiel puisque c’est réservé aux notables. L’écriture est un vecteur, un moyen de sortir de sa condition populaire.

L’artisan textile Louis Simon, issu du Maine, a laissé un récit de sa vie étudié par Anne Fillon. Il fait un récit de la vie au village à la fin du XVIII° siècle et sous la Révolution. A moment donné, il rédige une histoire d’amour au milieu de son récit du village. Ce roman d’amour autobiographique est le récit de sa rencontre avec sa future femme. Par contre, il a beaucoup rendu romanesque son  histoire d’amour contrarié (refus de son père, la trahison de celle qu’il aime, les coups de son concurrent, …). Il annonce alors qu’il a lu beaucoup de romans, mais point avec une aussi amère aventure. On a une circulation de la culture du haut vers le bas avec une forme d’imitation. Une autre interprétation est celle d’un roman d’amour et d’instruction. Simon parle beaucoup de l’importance d’une instruction en rappelant comment l’écrit est intervenu dans sa vie et lui permet de devenir syndic, puis maire sous la Révolution française. Le roman d’amour devient alors une démonstration de maîtrise dans les compétences de l’écriture qui va jusqu’à la capacité à fabriquer un roman d’amour avec sa vie. Il passe d’ailleurs d’artisan à maire puis aubergiste.

Jean Maillefer, marchand du XVII° siècle de la ville de Reims, tient un commerce étendu comme avec la Hollande, il a des vignes, un hôtel particulier qui lui permet d’héberger des hôtes prestigieux comme la reine mère Anne d’Autriche lors du sacre de son fils Louis XIV. Cependant, rapidement sourd, il écrit son autobiographie dans un seul manuscrit qu’il a tenu toute sa vie. Dans l’autobiographie et dans son journal, certains de ces thèmes reviennent souvent. D’abord il est indigne d’écrire car il n’est pas lettré et n’a pas de rôle public. Malgré sa surdité, il a un rôle public puisqu’il a donné à la ville de Reims sa belle maison et les hôtes qui y sont passés, il a aussi donné beaucoup d’enfants et enfin il fait du commerce ce qui aide à la prospérité publique. Ses considérations sur le commerce l’amène à deviser sur des considérations politiques : la guerre ruine le commerce. Il fait donc une critique cinglante de la politique guerrière de Louis XIV. Les bienfaits du commerce sont ruinés par les méfaits de la guerre. Grand lecteur, il annote ce qu’il lit et une des notations les plus cinglantes qu’il se fait vient d’une lecture, un pamphlet en faveur de la monarchie. Ainsi Maillefer lit un pamphlet pour le roi, le fiche et le critique. On a donc une activité critique par la note de lecture critique du pamphlet. Puisque c’est un journal privé, cela est possible. Cela revient avec la période de la Fronde où Maillefer dut héberger un groupe de soldats. Maillefer se plaint que ces soldats empêchaient les gens de rentrer chez lui où il tenait son commerce. Il va se plaindre auprès de la mairie en charge de cette situation et obtient gain de cause. Le discours qu’il y a tenu vient entre autre des réflexions qu’il a mené par ces annotations dans son livre.

Finalement on a une tension entre deux éléments d’analyse, ceux qui au sein du peuple se préoccupent d’avoir accès au livre, alors ceux là peuvent avoir une distinction sociale. D’autres qui ont déjà un statut aisé peuvent avoir un rapport à l’écriture qui conteste le pouvoir, ce dernier redoutant ces auteurs.

Médiévale 10 - 05 (cours 11, fin)

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Le sceau de Saint Rémi qui baptisa Clovis


2.      L’évêque au service du roi

En plus, d’avoir un seul évêque par cité et que leur pouvoir soit contrebalancé par celui du comte, le roi va redéfinir le rôle des évêques. Cela est très clair dans le capitulaire particulièrement long de Charlemagne en 789, l’Admonitio Generalis. Il y reconnaît le rôle très important des évêques puis énonce les principes auxquels les évêques doivent se tenir. D’abord s’occuper du clergé sous leurs ordres ainsi que des Chrétiens qu’ils ont en charge. L’évêque est responsable des âmes de son diocèse. Il est le seul à avoir entière autorité sur ces Chrétiens. Il a des cérémonies qui lui sont réservées, la confirmation du baptême par exemple est à sa charge et l’évêque doit faire le tour de son diocèse pour effectuer ce travail auprès des jeunes qui confirment leur engagement chrétien. On a aussi la consécration des églises notamment de l’autel et l’ordination des prêtres. La présence épiscopale est indispensable et sans cesse affirmée. Cela se confirme avec la diffusion du Pontifical, manuel liturgique qui apparaît au IX° siècle et est à destination des prêtres.
Le roi souligne aussi les interdictions des prêtres. D’abord ils ne peuvent être le vassal de personne, d’aucun laïc, excepté le roi qui jouit d’un statut particulier. De plus, les évêques doivent au roi un service : le servitium, ce que doivent les non-libres au roi. Les évêques ayant des vassaux laïcs par leurs terres immenses, ils doivent envoyer ces vassaux auprès du roi lorsque ce dernier le demande. Après les évêques doivent parfois se rendre sur le champ de bataille sans pour autant forcément combattre. En effet, les évêques bénissent les armées et certains sont des guerriers, particulièrement fin IX° siècle avec de grands évêques guerriers. Les évêques doivent aussi conseiller le roi, c’est un deuxième service. Enfin troisième service, les églises épiscopales servent de relais et d’hébergement pour le roi et son personnel. Les évêques ne peuvent refuser l’accueil du roi et de ses envoyés. Cela est terrible lorsque le roi arrive avec sa cour. Enfin ultime service, les évêques peuvent être missionner comme missi dominici par le roi.

On a donc une contradiction entre la fonction primordiale des évêques de sauver leur peuple et de devoir répondre au service du roi. Du coup, on a encore des écrits d’évêques demandant au roi d’alourdir leurs tâches. L’évêque devient le personnage principal du royaume. On a la constitution d’un véritable service royal contrôlé par le roi qui choisi les évêques en dépit de la loi cléricale qui déclare que l’évêque doit être élu par le peuple et le clergé. A l’époque de Charlemagne, ce n’est jamais le cas puisque les rois estiment que l’évêque à une tâche très honorifique et à vie. Donc il fallait choisir des évêques dont on serait sûr. A l’époque de Charles Martel, le roi choisit ses propres parents pour faire des évêques ou bien des proches. Peu importe les connaissances religieuses des nouveaux nommés. D’où la réforme de Boniface, qui veut moraliser les évêques. C’est sous Pépin le Bref qu’on commence à nommer des évêques élevés dans un cadre religieux, sous Charlemagne les jeunes ecclésiastiques sont souvent issus de la cour du roi, pépinière de laïcs et d’ecclésiastiques. Du coup, le statut des évêques évolue, de jeunes clercs commencent à venir de tous milieux en particulier du milieu servile. Ebbon de Reims, un cas assez extrême, était le fils de la nourrice de Charlemagne. On commence à choisir les évêques pour leurs compétences et moins pour leurs qualités.


3.      Redéfinition de l’office épiscopal sous Louis le Pieux

Cette redéfinition nous vient de deux textes : un capitulaire non daté dit le capitulaire de 823 – 825 et le canon du concile de Péris en 829. Dans ces textes, on découvre le nouveau modèle épiscopal proposé par le roi et les évêques. C’est un ensemble cohérent qui ne se fonde pas sur des valeurs aristocratiques habituelles. En effet, les évêques ne doivent pas rechercher les honneurs et ils sont au service de la société. De ce fait, les évêques ne doivent pas se comporter de manière tyrannique sur les hommes que Dieu leur a confiés. De plus, ils doivent savoir qu’ils seront responsables des hommes lors du jugement dernier. Les évêques sont donc responsabilisés. D’où le fait que les évêques vont développer les pénitences y compris lors de la déposition de Louis le Pieux où ils s’appuieront sur ce texte, considérant qu’ils ont un pouvoir sur le roi.
Ce qui justifie cette prétention des évêques c’est leurs compétences spirituelles, non pas le mérite qu’ils ont pu hériter de leurs parents, non pas un mérite personnel. C’est surtout dans le royaume occidental que les évêques ne viennent pas que des grandes familles mais sont bien des représentants de Dieu devant guidés les Chrétiens, … C’est typiquement le cas d’Hincmar de Reims qui a admonesté Louis le Germanique.
L’évêque est donc le personnage incontournable, la pierre angulaire de l’édifice construit par les Carolingiens. Mais il n’est pas tout seul, il travaille dans une hiérarchie restaurée par les Carolingiens.


II.                   Le renforcement de la hiérarchie ecclésiastique

1.      L’institution des archevêques

Sous l’impulsion de Boniface, on réactive la hiérarchie ecclésiastique avec des échelons supérieurs. Auparavant on avait des évêques métropolitains mais dorénavant la fonction change. L’archevêque est supérieur aux évêques et surtout il tient son autorité du pape par le pallium qu’il ait allé chercher à Rome. Mettre en place des archevêques, c’est mettre en place des provinces ecclésiastiques, instaurées sous le règne de Charlemagne. 21 provinces ecclésiastiques sont crées auxquelles Charlemagne cède des biens. En revanche, on ne sait pas toujours comment s’est fait le découpage. Les quelques éléments qu’on a conservé montrent que ce n’est pas facile. Certaines églises se disent descendante d’un apôtre, d’autres se fondent sur la sainteté des premiers évêques, d’autres se fondent sur leur richesse, … On connaît pas mal de conflits qui eurent lieu sur ce découpage.
L’archevêque n’a pas une mission très claire. Ses prérogatives et sa supériorité ne sont pas du tout clairement établie. Hincmar illustre bien cette ambiguïté.

2.      Un archevêque exemplaire : Hincmar de Reims

La province de Reims fut sans doute pionnière dans ce domaine. Hincmar ayant laissé une œuvre considérable avec des textes de toutes natures : textes politiques, religieux, liturgiques (sacre de la reine), annales du royaume, … Il est aussi celui qui justifia que l’église de Reims était la première du royaume. Il a construit cela sur l’imaginaire de Saint Rémi, évêque sous Clovis, le premier à avoir évoqué la sainte ampoule. Rémi aurait baptisé Clovis mais cela étant très important, il y avait une foule compacte qui risquait de renverser l’huile d’onction. Heureusement, le saint esprit sous forme de colombe vint lui déposer une ampoule d’huile sainte dans les mains pour baptiser Clovis. Par cette histoire, l’église de Reims impose son monopole en sacrant avec cette ampoule tout les rois depuis les Francs.
Le souci c’est que les archevêques n’ont pas d’antériorité doctrinale. On peut trouver dans les évangiles des traces des évêques ou du pape, mais pas des archevêques. Hincmar va défendre l’idée que l’archevêque est là pour représenter le pape et donc a une autorité disciplinaire. Ainsi les évêques d’une même province doivent être convoqués au moins une fois par an par l’archevêque (on parle de suffragants de l’archevêque). Au final, un évêque entrera en conflit directement avec Hincmar qui destitua Rothade de Soissons, mais le pape intervint et pris parti pour Rothade. L’évêque n’a donc pas toute sa puissance.

3.      L’essor de l’autorité du pape

Cet essor est évident surtout dans la seconde moitié du IX° siècle. Cela se fait par soutien des évêques qui opposé aux archevêques vont consolider la position du pape. Ainsi, on a un immense travail de construction de faux documents par les évêques : les Fausses Décrétales entre 846 – 862. Cela se fit dans la région de Reims, de Metz, … C’est la construction de lettres prétendument des papes des premiers temps du christianisme. Ainsi, ces fausses décrétales, jugées vraies pour l’époque car les faussaires avaient un certain talent d’imitation, ont permis de renforcer les évêques dans leur diocèse d’une part contre les archevêques et d’autre part contre les pressions des autorités laïques. L’argument récurrent des faussaires est que seul le pape a réellement un pouvoir de décision quand cela touche aux évêques. Rothade de Soissons a certainement apporté ces Fausses décrétales au pape, pas inventé puisqu’elles devaient lui être antérieures, qui va par la suite largement s’appuyer dessus.

Ainsi sous Nicolas I (858 – 867) et Jean VIII (872 – 882) vont être les premiers a réellement usés d’un pouvoir de supériorité. Le pape restant une autorité lointaine, il n’est appelé qu’en dernier recours. Par contre il joue un rôle majeur depuis Léon III concernant le choix de l’empereur. Si son autorité est reconnue, on est encore loin d’une église entièrement dirigée par Rome. Cela ne se fera qu’avec la réforme grégorienne seconde moitié du XI° siècle.

4.      Les conciles, les synodes

Les conciles sont des assemblées d’évêques essentielles. Elles représentent les réunions des apôtres et donc les décisions prises se font sous l’insigne de l’esprit saint, le Christ est là pour guider le choix des évêques selon les évangiles. Les décisions sont prises uniquement à l’unanimité. L’Eglise représente alors tout les Chrétiens « sans couture ».
Les conciles sont importants aussi puisque les Carolingiens s’appuient largement dessus avec au moins 220 conciles recensés sous l’époque carolingienne. Les plus importants sont ceux fait sur convocation du roi, non pas en ce que le roi est sacré, mais parce qu’il est le princeps, le premier des Chrétiens. En général, le roi convoque le concile en même temps que l’assemblée des Grands laïcs. Charlemagne en 794 réunit un concile énorme à Francfort où le roi pris de nombreuses mesures.
Parallèlement, il y a de plus petits conciles qui sont organisés par l’Eglise. Les décisions qui y sont prises sont des capitulaires épiscopaux. Le but est de conserver la législation de l’Eglise et de la diffuser auprès des ecclésiastiques, cela se fait avec des compilations canoniques qui représentent une forme de législation propre à l’épiscopat. L’évêque cherche ainsi à renforcer son contrôle sur la société et son clergé.

III.                Le clergé sous le contrôle de l’évêque

L’évêque doit déjà effectuer une visite pastorale pour vérifier que les prêtres sur le terrain effectuent correctement leur office. Les exigences sont faibles, le prêtre doit connaître le « Crédo » et le « Notre Père », connaître le latin, le calendrier liturgique (qui fixe les fêtes, les temps de pénitence, …) et les chants des psaumes. L’évêque doit donc faire cette tournée, mais il doit aussi convoquer les prêtres le jeudi saint, la veille de la crucifixion du Christ. A cette occasion, l’évêque fournit la sainte crème aux prêtres qui peuvent alors donner l’onction aux malades. Enfin, l’évêque doit s’assurer de la vie pieuse et chaste des prêtres.

1.      Les capitulaires épiscopaux

Les capitulaires doivent corriger ce qui ne va pas dans le royaume et corriger ce qui ne plaît pas à Dieu. Ces capitulaires épiscopaux, les évêques les font circuler entre la cour et les diocèses, entre le diocèse et les églises paroissiales, entre le haut et le bas clergé. Ce genre de texte apparaît entre 800 et 820 et le premier connu est celui de Théodulfe d’Orléans, sous Charlemagne. Les plus nombreux sont parus entre 850 et 875.

De nouveau ce sont des textes contenant la loi de l’église et qui vont ensuite disparaître. Ces capitulaires vont donner un code de conduite au clergé séculier. C’est un moyen de mieux contrôler le clergé séculier souvent loin. L’évêque exhorte les membres du clergé séculier à répandre la parole de Dieu et c’est une nouveauté. En effet, cette tâche était encore dévolue aux évêques auparavant. Dorénavant la prédication pour les Carolingiens devient le seul moyen de convertir honnêtement une population. Mais cela est long, du coup, la prédication passe aussi par les prêtres en langue vernaculaire et non en latin car sinon, on ne pourrait transmettre de manière intelligible la parole de Dieu. Le prêtre acquiert alors la responsabilité du salut de ses paroissiens. Plusieurs épiscopaux signalent aussi qu’un prêtre doit être disponible 24h sur 24h.
Ainsi les prêtres carolingiens voient dans la fonction du prêtre un ministère, ce qui est aussi la définition royale et épiscopale. La société chrétienne est donc perçue comme un ensemble de ministères au service de la société. Cette conception typique vient du fait qu’on est dans une société théocratique et quiconque tient un pouvoir le tien de Dieu avant tout. C’est une promotion du rôle du prêtre dans la société.

2.      Les clercs dans l’entourage de l’évêque

Dans l’église cathédrale, on trouve donc des clercs, qui aident à l’office de l’évêque et qui vivent ensemble dans la maison de l’évêque. Sous Chrodegang, on tente de préciser ce mode de vie. Il va produire la réforme canoniale (de chanoine, canonicus) d’abord sur l’épiscopat de Reims puis sur tout le royaume. L’ensemble des clercs doivent se soumettre à une règle commune, celle d’avoir une vie commune. Ainsi dans certaines villes ont voit la spécialisation de certains quartiers de chanoines. On voit aussi apparaître l’archidiacre, le bras droit de l’évêque qui dirige l’épiscopat en l’absence (courante) des évêques.

Ces chanoines viennent généralement de familles de la très haute aristocratie avec de nombreux clercs venus de familles très élevées et beaucoup de gens proches parents de l’évêque en place. Ainsi dans les chanoines ont trouve toujours des neveux de l’évêque. Certains garçons devaient être destinés à la vie ecclésiastique et cela se voyait dans les noms (Hincmar de Laon). Il y avait tout un système de promotion des ecclésiastiques via l’entourage des évêques en poste et cela bénéficiait à la famille. C’est donc une pratique de népotisme (de nepos, neveu). Dans ce système médiéval c’est une bonne valeur, on doit soutenir sa famille.


L’époque carolingienne fut un moment fort dans l’organisation ecclésiastique et on voit émerger dans la société les clercs comme un ordre particulier et nettement séparé du monde laïc. Il y a un effort de conception de ce qu’est la société, sa structure et sa hiérarchie.