L'emploi par le réseau social
Spatialité
des réseaux sociaux et accès à l’emploi
Le
risque de chômage est plus élevé chez les actifs peu qualifiés et peu diplômés.
Il y a donc deux aspects spatiaux :
une sous-accessibilité à l’emploi et un
faible rendement des réseaux sociaux comme relais vers l’emploi dans les
quartiers pauvres. Ce second critère nous intéresse.
I.
Le rôle des réseaux
sociaux dans l’accès à l’emploi
Mobiliser son entourage est utile
pour trouver un emploi : la famille, les amis et les connaissances sont
utiles à la recherche d’un emploi. Les membres de ces réseaux sociaux eux-mêmes
insérés dans des réseaux sociaux transmettent les informations sur les
opportunités d’embauche. Ils peuvent coopter, c'est-à-dire interférer auprès de l’employeur pour
obtenir une embauche ou appuyer une candidature. La cooptation est une bonne
méthode pour le recrutement des employeurs. En effet cela à un faible coût, les
« bons » employés connaissent en principe des individus leur
ressemblant et donc proposeraient de « bons » candidats, d’autant que
ce candidat joue sur la crédibilité de l’employé qui propose un ami.
Granovetter
en 1974 constate que 56% des enquêtés ont trouvé leur emploi grâce à leurs amis
et à leurs parents. L’INSEE a aussi constaté que plus de la moitié des sondés
avouaient avoir trouvé leur emploi par leurs relations personnelles.
Le réseau social plus il est
dense et de qualité, plus les avantages comparatifs sont élevés. Plus un
demandeur d’emploi à un réseau large, plus ce réseau social compte de membres
insérés sur le marché du travail et meilleures sont les chances de trouver un
emploi rapidement.
Les USA ont mené une enquête sur la dernière offre d’emploi d’individus et les
statistiques ont révélé que toutes choses égales par ailleurs, la probabilité
d’avoir un emploi en un temps donné croit avec le nombre d’actifs ayant un
emploi stable dans le réseau social.
II.
Faibles rendements
des réseaux sociaux dans les quartiers pauvres
Les actifs peu qualifiés habitant
dans des quartiers dévalorisés pour des raisons économiques et sociales sont
des quartiers avec un taux de chômage élevé. Les réseaux sociaux sont alors
limités en nombre d’actifs ayant des emplois, donc les réseaux sont moins
efficaces et on peut allonger des périodes de chômage. Aujourd’hui dans l’ère de la
mobilité générale, les voisins sont de moins en moins des gens proches, et les
gens proches sont de moins en moins des voisins. Une enquête de l’INSEE a
révélé que les enquêtés dont le meilleur ami est un voisin sont de 17,6 % chez
les ouvriers, 9,1 %% chez les cadres, …
Parce que les réseaux locaux sont
parfois plus vulnérables face aux taux de chômage élevés dans les quartiers de résidence,
la relégation dans les quartiers pauvres peut réduire le rendement des réseaux
sociaux comme relais vers l’emploi et allonger les
périodes de chômage. La
concentration des sans emploi dans les mêmes quartiers sont un handicap mutuels
entre les individus.
Influences spatiales dans le champ
des modes de vie
Métamorphoses
des modes de vie en ville et du rapport au territoire
Le XX° siècle fut un siècle très
riche en changements sociologiques,
en démographie et en économie. Ce
fut un siècle de grands progrès techniques mais aussi un progrès dans les
conditions de mobilité. Ces changements
ont bouleversé les modes de vie des individus notamment en ville, leur
perception du rapport à la ville et à l’espace et les pratiques de mobilité.
D’autant que les politiques urbaines et d’aménagement y voient un nouveau défi.
I.
Une société qui a
changé en profondeur
Ce
siècle de changements profonds vient d’une grande période de prospérité avec
des individus qui vivent plus longuement et donc une population plus âgée. On a
aussi une émancipation des femmes, une désacralisation du mariage, une
diversification des formes familiales. Mais aussi moins de travail et plus de
temps libre ainsi que de nouveaux rythmes quotidiens.
La hausse de la prospérité c’est la multiplication par 12
du PIB entre 1950 et 2000, un pouvoir d’achat salaire moyen de 3,5 fois plus.
Enfin les inégalités de revenus sont constantes voire en baisse.
La vie plus longue, c’est passer de 40 ans
d’espérance de vie à la fin du XIX° siècle à 80 ans aujourd’hui. Les enfants
nés en 2003 pourront vivre au-delà de 100 ans.
Une population plus âgée c’est 21% en 2005, 5 points de plus par rapport à 1946.
On compte 17 000 centenaires aujourd’hui contre 100 en 1900. La population
est alors grandissante chez le troisième âge, sans contrainte professionnelle,
sans contrainte familiale, en bonne santé et un pouvoir d’achat élevé.
L’émancipation des femmes s’est déroulée avec la
participation croissante des femmes au travail. En 2005, 81% des femmes entre
25 et 49 ans sont actives. D’ailleurs 75% des mères en couple et en âge de
travailler sont actives. Cette bi-activité permet une hausse du pouvoir d’achat
des couples (DINKies : Double INcome No Kids).
Les mariages sont devenus bien
plus rares et
furent divisés par deux entre 1900 et 2005. Le divorce s’est banalisé avec un
résultat treize fois supérieur dans la prononciation des divorces entre 1900 et
2005. Du coup, les vies en couple sans se marier sont passées de 3% en 1962 à
14% en 1999. Il est même devenu courant de se remarier. Le lien conjugal est
passé d’un lien contractuel à un lien librement négociable pour les deux partis
et a perdu de sa sacralité.
La diversification des formes
familiales c’est
la disparition d’une forme hégémonique pendant une époque : la famille
nucléaire. Ainsi les familles nombreuses sont en diminution, la monoparentalité
est courante, les couples vivant seuls et sans enfant sont aussi plus nombreux.
La morphologie familiale en a évolué avec des ménages plus légers (moins
d’enfants) et plus mobiles. D’un autre coté, on trouve des organisations
familiales plus complexes (famille recomposée) et toujours très mobiles.
Le fait qu’on ait moins de temps
de travail et plus de temps libre
se constate dans plusieurs données. Ainsi les ouvriers passaient 70% de toute
leur vie à travailler au XIX° siècle, 50% au XX° siècle et 14% au début du XXI°
siècle. Le temps libre serait aujourd’hui majoritaire, 400 000 heures sur
700 000 heures sont du temps libre. Viard
parle de « Sacre du temps libre »,
« société du loisir » pour Dumazedier. Cela est du à un allongement de la vie
après la retraite, a des périodes de sous-emplois et à une réduction du temps
de travail des actifs (congés payés, 35 heures, …).
Pour le rythme quotidien, il faut
souligner le changement du rythme de travail qui était très calé sur une norme du lundi au
vendredi de 9h à 17h. On a alors vu apparaître des rythmes émergents au départ
hors-norme, dorénavant irréguliers d’une semaine sur l’autre. Ainsi 33% des
salariés en France déclarent ne pas avoir le même rythme de travail d’une
semaine à l’autre, 11% ce sont des rythmes cycliques et 21% des rythmes
réellement irréguliers. Selon l’INSEE, la journée 9h – 17h ne représente plus
qu’un tiers des travailleurs en 1999. Le reste peut commercer plus tôt ou finir
plus tard, en particulier, 12% des travailleurs ont des journées extensives,
ils ont travaillé plus de 10h, et d’autres ont des journées fragmentées et / ou
très courte.
II.
Progrès techniques
et progrès de mobilité
Aujourd’hui il y a une croissance
des vitesses de déplacements.
Ainsi dans les villes, on voyage en moyenne à 25 km/h, les trajets entre les
villes se sont accrus (Paris-Lyon peut se faire en 2 heures aujourd’hui) et la grande vitesse s’est démocratisée (26
millions de voitures pour 60 millions d’habitants en 1997 ; début 2000, on
avait 80% de ménages qui possédaient une voiture ; 860 millions de
voyageurs pour la SNCF en 1999 ; …).
Trois facteurs expliquent
cela : l’innovation technique et son succès industriel, les politiques
d’aménagement qui permettent d’accueillir ces grandes vitesses et enfin des
politiques économiques et sociales d’aides aux constructeurs, de services
publics universels, …
Il est aussi possible de se
déplacer sans bouger avec la hausse des NTIC, en France, 76% des plus de 18 ans ont un téléphone
portable en 2006, 50% des foyers sont équipés d’ordinateur et 14% d’un
ordinateur portable, 443% des plus de 15 ans ont accès à internet en 2005, … Il
y a toujours des inégalités sociales et géographiques mais la diffusion n’en
reste pas moins rapide.
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