Au nom de la mixité sociale, la politique de la ville en
France
Introduction :
Terme de politique publique qui renvoie à une politique
particulière et pas une politique d’urbanisme. Ce n’est pas une politique d’ensemble de la ville car
elle concerne seulement les quartiers
sensibles souvent en banlieues mais aussi à Paris. On parle donc de QPV.
Cette politique à la particularité de concerner que certains espaces. C’est
censé être une réponse aux problèmes sociaux qui s’y posent.
I-
La politique de la ville comme réponse à la
« crise des banlieues »
La politique de la ville commence après les émeutes. On
souhaite une réhabilitation
des loyers. Mais la politique
commence vraiment après 1984 et les émeutes des Minguettes. A ce moment,
il y a 148 quartiers concernés en France par cette politique. Ce sont les
émeutes et leurs fortes médiatisations qui lancent les politiques de la ville.
Plus récemment, la politique de la ville prend la forme de rénovation des grands
ensembles (destructions et reconstructions).
1-
Caractéristiques, acteurs et objectifs
Les politiques publiques font partie de la géographie
sociale, elles peuvent être examinées scientifiquement. C’est une politique
d’expérimentions.
Cette politique est lancée par l’Etat mais c’est une politique interministérielle (DIV).
C’est quelque chose qui coordonne plusieurs ministères. C’est très différent de
l’urbanisme qui à ce même moment, avec la décentralisation, l’Etat délègue ces
politiques aux localités.
Il y a aussi le « PIC urban », programme de
la CE qui est aussi une politique de la ville mais pour toute l’Europe et
concerne certains quartiers français.
Il y a une succession de lois. La dernière est celle de
2003, la loi Borloo.
Mais c’est une politique qui est contractualisée et
s’inscrit dans les contrats de plans Etat-régions. C’est donc une négociation entre les régions et
l’Etat. C’est quelque chose financer par l’Etat mais aussi la région et
parfois les communes.
Cette politique est territorialisée pour certains quartiers.
C’est une mobilisation
d’acteurs très variés à l’occasion de partenariats notamment
public-privés. Ils ont des objectifs
divers comme sur le plan urbains, ou sociaux pour lutter contre
l’exclusion, l’échec scolaire, favoriser la mixité sociale (faire venir les
classes moyennes) et des objectifs économiques (créer des emplois, maintenir
des commerces sur place), des objectifs sécuritaires (prévenir la délinquance
et lutter contre les émeutes).
C’est aussi une logique de projet. Pour avoir de l’argent dans les politiques
de la ville, il faut avoir un projet. C’est notamment les projets des
associations.
Il y a donc un partenariat public-privé, on fait fonctionner
les acteurs de l’Etat entre eux.
Au début, l’objectif était l’amélioration du cadre de vie,
puis des actions sociales (lutte contre l’échec scolaire), et c’est devenu une action économique (zone
franche urbaine).
En 1996, il y a
avait 1300 quartiers concernés par cette
politique de la ville.
Mais le souci c’est qu’il n’y aucun quartier qui sort de cette politique de la ville, le
nombre augmente de plus en plus.
Les emplois crées dans les politiques de la ville sont souvent des
emplois déplacés, qui ne durent pas. Le développement local ne se fait pas.
2-
Evolutions récentes : la rénovation urbaine
La rénovation est lancée depuis 99 avec des grands projets
de ville et on commence à envisager la démolition de certains quartiers. C’est en 2003 que cette politique est
systématisée. Pour la première fois, ce que l’on veut démolir, ce sont
des choses que l’Etat à crée. On revient
sur le fonctionnalisme en remaniant les opérations. On veut plus d’espaces
verts, un quartier qui soit moins en rupture avec le tissu urbain qui se trouve
autour.
C’est
revenir sur la forme des grands ensembles et disperser les classes populaires
dans la ville. Il n’y a pas donc
une seule commune qui doit gérer les populations qui ont ces problèmes mais
plusieurs. Et aussi de faire disparaitre les stigmates portés sur ces
quartiers. C’est à ce moment que l’on met en place les espaces de
« résidentialisation » dans un souci sécuritaire.
Le budget de la ville est conséquent, on pérennise les
financements mais on réduit le nombre de quartiers qui ont le droit à beaucoup
de financement en classant les quartiers sur 3 échelons : le 1er
nécessitant le plus de financement et ensuite les autres, allant en
décroissant. En 2008, un rapport de l’ANRU, constate un
manque de financement, un retard dans les travaux et un échec complet de la
déconcentration des logements sociaux.
Il y a un certain échec, cette politique crée des emplois
mais ça ne marche pas car il y a aucun quartier qui ne sort de cette politique.
Les démolissions font croire que c’est le cadre des grands ensembles qui fait
que les gens ont ces problèmes sociaux.
3-
Les quartiers de la politique de la ville
Au départ ça été un choix de la DIV et des préfets de
régions (représentants de l’Etat dans les régions). En général c’était des
grands ensembles mais aussi des cités ouvrières de la grande industrie et des
quartiers insalubres.
Cette politique qui se concentre sur certains quartiers et
pas dans d’autres en donnant plus de moyens financiers, c’est de la discrimination positive à la française. C’est la même politique qui a
créé les ZEP.
On a mis en place des critères statistiques :
-
La part des jeunes de moins de 25 ans
-
La part des chômeurs de longue durée
-
La part d’étrangers
On cible
des populations à risque. C’est trois critères sont devenue une indice
synthétique d’exclusion en 1995. On peut classer les quartiers plus ou moins
« exclus ».
Les quartiers de la politique de la ville (les ZUS) ont tous
le point commun d’être des
quartiers populaires. Cela représente 4.5 millions de personnes soit 7%
de la population de la France, une population qui est en baisse. Il y a une, un
taux de chômage double de la moyenne nationale, beaucoup plus de non diplômés, une
population qui est plus jeunes, souvent étrangères. Il y a 60% de locataires
d’HLM.
Ex : le quartier du Mirail à Toulouse. Ensemble
de plusieurs quartiers : 40 milles habitants et 32 milles dans la zone
urbaine sensible. C’est un grand ensemble de dernières générations à la fin des
années 60 juste avant la crise pétrolière. Il y a 55% de logements sociaux.
C’est un urbanisme assez classique mais un peu finie à la va-vite avec la
crise. Depuis le quartier est très mal vu. Il y a eu des émeutes en 98 et en
2005, le quartier a été très frappé par les problèmes de l’usine AZF. C’est
aussi un quartier avec une vie sociale très forte avec notamment un fort
maillage associatif. Mais ces associations souffrent de coupes dans les
subventions d’Etat. Il y a des tensions qui naissent notamment par les
politiques sécuritaires.
Ce quartier est l’un des tous premiers intégré dans la
politique de la ville et aujourd’hui c’est une zone de rénovation urbaine. C’est un projet urbain mais aussi
social avec des actions en termes d’éducation, d’accès aux droits en subventionnant
des associations qui font de l’encadrement, dans l’aide individuel. Il n’y a aucune
action sur les causes notamment le manque d’emplois de main d’œuvre peu
qualifiée. Ensuite il y a un volet
urbain de désenclavement : quartier qui se distingue des autres,
quartier à part. Ce n’est pas seulement
mieux le relier au centre. On veut améliorer la circulation
interne, améliorer les espaces
publiques, réduire la part des logements sociaux. On détruit des logements sans
en créer d’autres. On dépense donc 200 milles euros par logements détruits pour
un résultat nulle en logement supplémentaire.
A cela s’ajoute à des problèmes de mise en place des politiques. Les
démolitions ont été faites avant les reconstructions. On détruit aussi des
logements privés qui appartenaient à des petits propriétaires, qui n’ont pas de
quoi de s’acheter un autre logement.
On se rend compte que cela dépend beaucoup des maires.
Il s’agit de soigner
un quartier plus que d’améliorer les conditions de vie des habitants. On est
dans l’idée d’agir sur les territoires
plutôt que sur les inégalités, causes des problèmes sociaux.
II-
A quoi sert vraiment la politique de la
ville ?
Point de vue critique sur les politiques de la ville.
Il y a une surenchère politique autour de la politique de la
ville : une loi tous les 3-4 ans. Il y a de plus en plus de quartiers pris
par cette politique. La politique de la
ville n’est pas une politique pour la ville, dans son ensemble. On fait de la mixité
sociale que dans un sens avec l’arrivé des classes moyennes dans ces quartiers
et pas l’arrivée des classes populaires dans les quartiers aisés. Cette idée de
mixité sociale ne fonctionne que si on l’applique à toute l’agglomération. Il s’agit plus de diluer la
pauvreté. Ce n’est pas la même chose que la mixité sociale.
1-
Les limites de la politique de la ville
L’inspiration de la politique de
la ville est double :
-
Le catholicisme social
-
Le libéralisme
On retrouve cette continuité idéologique du catholicisme social avec la mixité sociale.
C’est un idéal de collaboration de classe. Cet idéal était déjà à la racine des
grands ensembles et aujourd’hui on les restaure.
Il remet en cause le rôle positif d’émancipation et de
solidarité des quartiers immigrés ou populaires. La concentration des classes
populaires est extrêmement disqualifiante.
On ne
prétend plus remettre en causes les inégalités sociales mais seulement faire vivre ensemble les riches et les pauvres.
C’est illusoire car riches et pauvres ne vivent pas ensemble.
Il y a une dimension raciale de la mixité sociale en France.
On occulte la dimension de classe de cette intégration.
D’un autre côté, on emprunte aussi au libéralisme qui est en
cohérence avec l’idéologie de la réussite individuelle comme si
il n’y avait pas de crise structurelle et un manque d’emplois.
Les mesures représentatives de cette idéologie libérale sont celles du
« plan espoir-banlieue ». Comme par exemple : le busing, on essaie de faire en sorte
qu’une minorité d’élèves puissent aller dans des écoles plus mixes, plus loin,
avec la mise en place des internats d’excellence ou l’accès à science Po. Il s’agit
de promouvoir une minorité dans la promotion sociale, de les faire s’en sortir
pour faire croire que l’on peut y arriver individuellement.
On ne règle pas les causes des problèmes sociaux qui
sont celles du manque de redistribution des richesses.
2-
Un leurre utile pour assure la paix sociale
L’investissement public dans la politique de la ville masque
mal le désengagement de l’Etat par la RGPP (Révision Générale des Politiques
Publiques), dans l’objectif de dépenser de moins en moins dans les politiques
publiques (santé, éducation).
La politique de la ville participe au détournement de l’analyse des
problèmes sociaux, il n’y a plus de question sociale mais des questions
urbaines. On parle de
« crise de la ville » alors que pourtant ce n’est pas des problèmes
urbains mais des problèmes sociaux.
Elle promeut une pensée libérale, c’est l’individu qui peut
s’en sortir tout seul en faisant des efforts et on neutralise le contexte général, le
déterminisme qui explique ces phénomènes sociaux.
On utilise la ville car elle sert à amalgamer tous les problèmes. La rénovation
urbaine est le meilleur exemple de cet amalgame. On finit par rendre responsable les populations qui vivent dans ces grands ensembles, de leurs conditions
de vie. La politique de la ville est un exemple de détournement afin de
masquer l’attention sur les problèmes sociaux. Tout cela se voit dans les
appellations floues. Il ne reste plus
qu’une seule solution, détruire les problèmes pour les endiguer. La politique
de la ville sert à masquer la question sociale.
La politique de la ville a été pensée et lancée par le parti
socialiste et continuée par la droite.
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