jeudi 17 mai 2012

CM n°10 Géographie sociale (dernier cours)


Au nom de la mixité sociale, la politique de la ville en France

Introduction :

Terme de politique publique qui renvoie à une politique particulière et pas une politique d’urbanisme. Ce n’est pas une politique d’ensemble de la ville car elle  concerne seulement les quartiers sensibles souvent en banlieues mais aussi à Paris. On parle donc de QPV. Cette politique à la particularité de concerner que certains espaces. C’est censé être une réponse aux problèmes sociaux qui s’y posent.

I-                   La politique de la ville comme réponse à la « crise des banlieues »

La politique de la ville commence après les émeutes. On souhaite une réhabilitation des loyers. Mais la politique commence vraiment après 1984 et les émeutes des Minguettes. A ce moment, il y a 148 quartiers concernés en France par cette politique. Ce sont les émeutes et leurs fortes médiatisations qui lancent les politiques de la ville. Plus récemment, la politique de la ville prend la forme de rénovation des grands ensembles (destructions et reconstructions).

1-     Caractéristiques, acteurs et objectifs

Les politiques publiques font partie de la géographie sociale, elles peuvent être examinées scientifiquement. C’est une politique d’expérimentions.
Cette politique est lancée par l’Etat mais c’est une politique interministérielle (DIV). C’est quelque chose qui coordonne plusieurs ministères. C’est très différent de l’urbanisme qui à ce même moment, avec la décentralisation, l’Etat délègue ces politiques aux localités. 
Il y a aussi le « PIC  urban », programme de la CE qui est aussi une politique de la ville mais pour toute l’Europe et concerne certains quartiers français.
Il y a une succession de lois. La dernière est celle de 2003, la loi Borloo.
Mais c’est une politique qui est contractualisée et s’inscrit dans les contrats de plans Etat-régions. C’est donc une négociation entre les régions et l’Etat. C’est quelque chose financer par l’Etat mais aussi la région et parfois les communes.
Cette politique est territorialisée pour certains quartiers. C’est une mobilisation d’acteurs très variés à l’occasion de partenariats notamment public-privés. Ils ont des objectifs divers comme sur le plan urbains, ou sociaux pour lutter contre l’exclusion, l’échec scolaire, favoriser la mixité sociale (faire venir les classes moyennes) et des objectifs économiques (créer des emplois, maintenir des commerces sur place), des objectifs sécuritaires (prévenir la délinquance et lutter contre les émeutes).  
C’est aussi une logique de projet. Pour avoir de l’argent dans les politiques de la ville, il faut avoir un projet. C’est notamment les projets des associations.
Il y a donc un partenariat public-privé, on fait fonctionner les acteurs de l’Etat entre eux.
Au début, l’objectif était l’amélioration du cadre de vie, puis des actions sociales (lutte contre l’échec scolaire),  et c’est devenu une action économique (zone franche urbaine).
En 1996, il y a avait 1300 quartiers concernés par cette politique de la ville.
Mais le souci c’est qu’il n’y aucun quartier qui sort de cette politique de la ville, le nombre augmente de plus en plus.  Les emplois crées dans les politiques de la ville sont souvent des emplois déplacés, qui ne durent pas. Le développement local ne se fait pas.

2-     Evolutions récentes : la rénovation urbaine

La rénovation est lancée depuis 99 avec des grands projets de ville et on commence à envisager la démolition de certains quartiers. C’est en 2003 que cette politique est systématisée. Pour la première fois, ce que l’on veut démolir, ce sont des choses que l’Etat à crée.  On revient sur le fonctionnalisme en remaniant les opérations. On veut plus d’espaces verts, un quartier qui soit moins en rupture avec le tissu urbain qui se trouve autour.
C’est revenir sur la forme des grands ensembles et disperser les classes populaires dans  la ville. Il n’y a pas donc une seule commune qui doit gérer les populations qui ont ces problèmes mais plusieurs. Et aussi de faire disparaitre les stigmates portés sur ces quartiers. C’est à ce moment que l’on met en place les espaces de « résidentialisation » dans un souci sécuritaire.
Le budget de la ville est conséquent, on pérennise les financements mais on réduit le nombre de quartiers qui ont le droit à beaucoup de financement en classant les quartiers sur 3 échelons : le 1er nécessitant le plus de financement et ensuite les autres, allant en décroissant. En 2008, un rapport de l’ANRU, constate un manque de financement, un retard dans les travaux et un échec complet de la déconcentration des logements sociaux.
Il y a un certain échec, cette politique crée des emplois mais ça ne marche pas car il y a aucun quartier qui ne sort de cette politique. Les démolissions font croire que c’est le cadre des grands ensembles qui fait que les gens ont ces problèmes sociaux.

3-     Les quartiers de la politique de la ville

Au départ ça été un choix de la DIV et des préfets de régions (représentants de l’Etat dans les régions). En général c’était des grands ensembles mais aussi des cités ouvrières de la grande industrie et des quartiers insalubres.
Cette politique qui se concentre sur certains quartiers et pas dans d’autres en donnant plus de moyens financiers, c’est de la discrimination positive à la française. C’est la même politique qui a créé les ZEP.
On a mis en place des critères statistiques :
-          La part des jeunes de moins de 25 ans
-          La part des chômeurs de longue durée
-          La part d’étrangers
On cible des populations à risque. C’est trois critères sont devenue une indice synthétique d’exclusion en 1995. On peut classer les quartiers plus ou moins « exclus ».
Les quartiers de la politique de la ville (les ZUS) ont tous le point commun d’être des quartiers populaires. Cela représente 4.5 millions de personnes soit 7% de la population de la France, une population qui est en baisse. Il y a une, un taux de chômage double de la moyenne nationale, beaucoup plus de non diplômés, une population qui est plus jeunes, souvent étrangères. Il y a 60% de locataires d’HLM.
Ex : le quartier du Mirail à Toulouse. Ensemble de plusieurs quartiers : 40 milles habitants et 32 milles dans la zone urbaine sensible. C’est un grand ensemble de dernières générations à la fin des années 60 juste avant la crise pétrolière. Il y a 55% de logements sociaux. C’est un urbanisme assez classique mais un peu finie à la va-vite avec la crise. Depuis le quartier est très mal vu. Il y a eu des émeutes en 98 et en 2005, le quartier a été très frappé par les problèmes de l’usine AZF. C’est aussi un quartier avec une vie sociale très forte avec notamment un fort maillage associatif. Mais ces associations souffrent de coupes dans les subventions d’Etat. Il y a des tensions qui naissent notamment par les politiques sécuritaires.
Ce quartier est l’un des tous premiers intégré dans la politique de la ville et aujourd’hui c’est une zone de rénovation urbaine. C’est un projet urbain mais aussi social avec des actions en termes d’éducation, d’accès aux droits en subventionnant des associations qui font de l’encadrement, dans l’aide individuel. Il n’y a aucune action sur les causes notamment le manque d’emplois de main d’œuvre peu qualifiée. Ensuite il y a un volet urbain de désenclavement : quartier qui se distingue des autres, quartier à part. Ce n’est pas seulement  mieux le relier au centre. On veut améliorer la circulation interne,  améliorer les espaces publiques, réduire la part des logements sociaux. On détruit des logements sans en créer d’autres. On dépense donc 200 milles euros par logements détruits pour un résultat nulle en logement supplémentaire.  A cela s’ajoute à des problèmes de mise en place des politiques. Les démolitions ont été faites avant les reconstructions. On détruit aussi des logements privés qui appartenaient à des petits propriétaires, qui n’ont pas de quoi de s’acheter un autre logement.
On se rend compte que cela dépend beaucoup des maires.
Il s’agit de soigner un quartier plus que d’améliorer les conditions de vie des habitants. On est dans l’idée d’agir sur les territoires plutôt que sur les inégalités, causes des problèmes sociaux.

II-                A quoi sert vraiment la politique de la ville ?

Point de vue critique sur les politiques de la ville.
Il y a une surenchère politique autour de la politique de la ville : une loi tous les 3-4 ans. Il y a de plus en plus de quartiers pris par cette politique.  La politique de la ville n’est pas une politique pour la ville, dans son ensemble. On fait de la mixité sociale que dans un sens avec l’arrivé des classes moyennes dans ces quartiers et pas l’arrivée des classes populaires dans les quartiers aisés. Cette idée de mixité sociale ne fonctionne que si on l’applique à toute l’agglomération. Il s’agit plus de diluer la pauvreté. Ce n’est pas la même chose que la mixité sociale.

1-     Les limites de la politique de la ville

L’inspiration de la politique de la ville est double :
-          Le catholicisme social
-          Le libéralisme
On retrouve cette continuité idéologique du catholicisme social avec la mixité sociale. C’est un idéal de collaboration de classe. Cet idéal était déjà à la racine des grands ensembles et aujourd’hui on les restaure.
Il remet en cause le rôle positif d’émancipation et de solidarité des quartiers immigrés ou populaires. La concentration des classes populaires est extrêmement disqualifiante.
On ne prétend plus remettre en causes les inégalités sociales mais seulement  faire vivre ensemble les riches et les pauvres. C’est illusoire car riches et pauvres ne vivent pas ensemble.
Il y a une dimension raciale de la mixité sociale en France. On occulte la dimension de classe de cette intégration.
D’un autre côté, on emprunte aussi au libéralisme qui est en cohérence avec  l’idéologie de la réussite individuelle comme si il n’y avait pas de crise structurelle et un manque d’emplois.
Les mesures représentatives  de cette idéologie libérale sont celles du « plan espoir-banlieue ». Comme par exemple : le busing, on essaie de faire en sorte qu’une minorité d’élèves puissent aller dans des écoles plus mixes, plus loin, avec la mise en place des internats d’excellence ou l’accès à science Po. Il s’agit de promouvoir une minorité dans la promotion sociale, de les faire s’en sortir pour faire croire que l’on peut y arriver individuellement.
On ne règle pas les causes des problèmes sociaux qui sont celles du manque de redistribution des richesses.

2-     Un leurre utile pour assure la paix sociale

L’investissement public dans la politique de la ville masque mal le désengagement de l’Etat par la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), dans l’objectif de dépenser de moins en moins dans les politiques publiques (santé, éducation).
La politique de la ville participe au détournement de l’analyse des problèmes sociaux, il n’y a plus de question sociale mais des questions urbaines. On parle de « crise de la ville » alors que pourtant ce n’est pas des problèmes urbains mais des problèmes sociaux.
Elle promeut une pensée libérale, c’est l’individu qui peut s’en sortir tout seul en faisant des efforts et on neutralise le contexte général, le déterminisme qui explique ces phénomènes sociaux.
On utilise la ville car elle sert  à amalgamer tous les problèmes. La rénovation urbaine est le meilleur exemple de cet amalgame. On finit par rendre responsable les populations qui  vivent  dans ces grands ensembles, de leurs conditions de vie. La politique de la ville est un exemple de détournement afin de masquer l’attention sur les problèmes sociaux. Tout cela se voit dans les appellations floues.  Il ne reste plus qu’une seule solution, détruire les problèmes pour les endiguer. La politique de la ville sert à masquer la question sociale.
La politique de la ville a été pensée et lancée par le parti socialiste et continuée par la droite.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire