Chapitre 6 – Déstabilisation de la société salariale et montée de la
précarité et de la pauvreté.
Plus aucune classe salariale n’est épargné par le chômage mais la
répartition des risques est inégalitaires.
I-
Développement de nouvelles formes d’inégalités
économiques sociales.
Avec les politiques keynesiennes et fordistes, les inégalités se
resserent, c’est l’idée que le progrès économique et le progrès social sont
liés.
A partir des années 80 jusqu’en 2000, on constate qu’il y a un
creusement des inégalités dans l’ensemble de l’Europe, c’est parallèle à la
libéralisation de l’économie. Au nom de l’individualisation des salaires avec
les primes, on voit au sein d’une même entreprise l’ouverture de l’éventail des
salaires. Au même moment, les salaires perdent de leur importance alors que le
profit augmente, car il y a une financiarisation de l’économie : il y a
une très grande importance des nouvelles technologies dans les banques
notamment. Les salaires sont donc contenus mais ils se développent par des augmentations
individuelles, on tente de ne pas augmenter les salaires collectivement.
Il y a aussi un enrichissement des propriétaires, l’inflation diminue
(de 11% en 82 à 2% en 90), on lève le contrôle des changes, on libéralise la
finance et on donne l’avantage aux actions. On libère les loyers, on encourage
la bourse pour que les entreprises distribuent des actions à leurs salariés.
Ceux qui ont du patrimoine immobilier et des actions vont avoir des gains plus
important que les salaires.
Ainsi, ceux qui n’ont rien ne gagne pas plus, ceux qui ont des biens
s’enrichissent.
Il y a une réduction de la progressivité des prélèvements
(fiscaux/sociaux) en fonction du revenu. Dans la totalité des prélèvements, la
part de l’impôt baisse, les politiques visant la modération des prélèvements
sur le revenu. Par contre, plus on a de l’argent, plus on paye, moins on a
d’argent, moins on paye ces impôts (sur le revenu, par exemple). Toutefois, ces
impôts tendent à diminuer en part sur le salaire.
Dans les revenus sont salariaux et non financiers, les revenus liés
aux prestations donc, on voit dans les 90/2000 une diminution de la pauvreté
chez les retraités car ceux qui rentrent dans la retraite ont des retraites à
taux plein. Mais après les 2000, on voit une résurgence des retraités n’ayant
pas de retraite à taux plein. On ne va pas vers une diminution des écarts entre
retraités mais vers une stabilisation, voire un accroissement.
Il faut aussi regarder les inégalités de patrimoine, face à l’emploi,
face à l’éducation et au logement.
Les inégalités face à l’emploi :
Tout le monde est touché par le chômage mais tout le monde n’est pas
touché pareil selon son diplôme, son âge, son sexe. Aujourd’hui, un diplôme ne
permet pas forcément un emploi à temps plein. Les individus dans les grandes
entreprises ou dans le service public ont peu de risque d’avoir des
discontinuités dans leur parcours professionnel. Par contre, les employés les
plus précaires ont une inemployabilité très forte et ont donc des risques de
rester longtemps sur le marché de l’emploi.
La notion de trajectoire :
La menace de déclassement est diffusée sur l’ensemble des CSP, de
l’ouvrier non qualifié au cadre sup. La trajectoire peut être ascendante,
descendante ou stable.
Si tout le monde peut être concerné par le déclassement, tous ne sont
pas concerné au même degrés. Le fait d’être qualifié ou d’appartenir à une CSP
supérieure est un facteur réduisant les risques de tomber dans une trajectoire
descendante.
Les inégalités d’accès et de réussite à l’école :
Aujourd’hui, c’est un enjeu pour les familles. Les stratégies
résidentielles des parents sont de plus en plus importantes car les
trajectoires professionnelles sont importantes aux yeux des familles. Le choix
des universités, des écoles ont un impact important sur la trajectoire
professionnelle.
Depuis les années 50’, les études se démocratisent. Toutefois, il
persiste des filières d’excellence, des écoles mieux cotées et les familles les
plus riches ou les mieux dotées socialement mettent en place des stratégies de
choix scolaire (selon la LV1 et les options) pour regrouper les enfants dans
une classe de bon niveau. Ce met en exergue cela, ce sont les élèves qui
sortent du système scolaire sans diplôme (environ 150K en ce moment).
Sur le marché du travail, le diplôme est un marqueur important qui
permet aux individus de trouver du travail, ceux qui en sont démunis sont en
bas de la file d’attente. Ils ont des périodes d’activité courtes, espacées
dans le temps.
Dans les filières techniques, on trouve les élèves qui ne peuvent pas
accéder aux filières générales, il y a donc une surreprésentation des
catégories les plus défavorisées.
Les inégalité de patrimoine :
Lorsqu’on a sa propre résidence principale, lorsqu’on est propriétaire,
on n’a pas de charge locative. De même, la location d’un patrimoine permet
d’avoir une source de revenu supplémentaire, plus importante qu’un salaire car
plus élevé.
De même, le logement n’est pas identique selon l’espace résidentiel où
l’on habite il y a une concentration des plus riches et des plus pauvres,
provoquant une polarisation des espaces sociaux.
Les inégalités de revenus :
La modération salariale est valable partout mais pèse surtout sur les
bas salaires. Toute augmentation de revenu est liée à un changement individuel
avec l’arrivée de prime et d’une évaluation individuelle entrainant une
individualisation des salaires.
Lorsqu’on parle de creusement des inégalités, on ne parle pas
uniquement des inégalités salariales mais surtout d’inégalités de revenus. Dans
les revenus, on trouve aussi les revenus du patrimoine, ces derniers augmentant
plus vite que les revenus du salariat.
Les inégalités face à la protection sociale :
Tout ce qui est protection liée à une assurance contributive va se
maintenir mais avec le développement du chômage et de l’alternance
activité/inactivié, une partie de la population sombre dans le précariat.
Les inégalités de logement :
Une polarisation de l’espace très forte avec des zones urbaines très chères,
les familles les moins argentées étant relégués au Paris des banlieues. Il y a
des quartiers de relégation où il y a une plus faible présence des services
publics, où habitent les familles à bas revenu.
Les personnes les plus pauvres vont même perdre leur logement et se
retrouver à la rue si personne ne peut les accueillir.
Pierre ROSANVALLON parle d’une opacité sociale. Nous avons un système
statistique et administrative relativement aveugle : lorsqu’on regarde la
période 75/2000 et auparavant, on ne voit pas le creusement des inégalités. Il
faut mettre en place des enquêtes de trajectoire et par cohorte pour voir un
certain nombre de chose. Il faut sortir des décile.
II-
Nouveaux
débats, nouvelles catégories de l’action publique.
Cette opacité fait que de 1980 à 2000, le gouvernement sait qu’on a un
chômage de masse mais sans voir grand-chose. Des phénomènes médiatiques
attirent toutefois l’attention sur ces problèmes.
Le chômage des jeunes. Dès 1981, la gauche arrive au pouvoir et
veut insérer les jeunes dans la société salariale car il n’est pas normale que
les jeunes ne profitent pas d’une protection sociale et salariale.
Les gens partent en vacance en juin, on voit le nouveau parlement
rose/rouge et en aout, des émeutes se déclenchent dans « Les
minguetts » où l’on remarque que la seconde génération est moins bien
intégrée alors que française au même titre que les autres, posant la question
de la politique de la ville. On commence à qualifier ces individus de
potentiels délinquants et qu’il faut aider par la prévention.
A partir de 83/84, on remarque qu’il y a aussi un chômage des
individus non qualifiés. Avec les années VGE, on nationalise nombre de service.
On voit se mettre en place un puzzle industriel où l’on tente d’adapter le
matériel productif français au commerce international. C’est une période de
très grande conflictualité sociale où l’on vire tous les ouvriers spécialisés.
Le gouvernement accompagne la restructuration industrielle et les industries
automobiles automatisent les chaines et réduit les effectifs.
Chez PEUGEOT, on voit des grèves d’OS pour lutter contre les
licenciements. Les OS ont été les soldats du fordisme et de toute industrie
ayant des chaînes de fabrication. RIGOUT, ministre de la formation
professionnelle, va promouvoir la formation et la reconversion des individus,
l’Etat va intervenir en faisant payer les entreprises dans ces politiques de
conversion.
Ils vont avoir des primes de licenciement importantes et l’Etat va
leur proposer de les reconvertir et de les former. On va avoir des OS qui
étaient peu éduqués et pour une partie analphabète dans des écoles. On va leur
proposer de travailler dans les services, on va les mettre en centre de
formation dans un univers inadapté.
De 1982-1988, c’est une période conflictuelle où l’on tente toutefois
d’aider les individus à se reconvertir.
Les postes non qualifiés se raréfient et quand ils existent, ils sont
occupés par des individus qualifiés et les chefs d’entreprise préfèrent
embaucher des individus avec des diplômes car plus adaptable. Du coup, cela
explique le chômage des jeunes et les reconversions.
Se développe aussi des marches pour l’égalité avec des jeunes qui
remontent la France pour aller à Paris et sont reçu à l’Elysée.
L’appel de l’abée Pierre en 1984.
1986-1987 : Coluche crée les restos du cœur.
L’Etat étant aveugle à ces pauvretés nouvelles, il commande un
rapport : des jeunes de moins de trente ans célibataires et des familles
qui vivent d’aides sociales et parfois de rien du tout, ne voulant pas aller
voir une assistance sociale. Ce rapport met aussi en avant un chômage de longue
durée, qu’on définissait comme un chômage de plus de 6 mois, puis plus d’un an.
On remarque que des individus , peu nombreux mais présent tout de même, sont au
chômage depuis plus de 3 ans.
C’est l’apparition d’une nouvelle catégorie d’action publique traitant
de l’exclusion et de l’insertion : on est dans une société marquée par une
dichotomie très fort entre les in et
les out. C’est une vision binaire de
la société : quand on travaille sur l’exclusion, on donne à ces individus
des qualificatifs qui les excluent de la communauté, de notre communauté.
L’exclus, c’est l’autre.
On qualifiait les personnes qui vivaient dans les tours comme des
personnes sans lien social alors qu’aujourd’hui on qualifie ces endroits comme
communautariste. Peut-on dire que ces personnes n’ont pas de lien social ?
Surement pas, des liens existent mais ceux avec l’administration sont peu
développés.
Le terme « exclusion » a ses avantages dès lors qu’on le
considère comme un processus. Une perte d’emploi amène, au bout d’un an, une
perte de protection sociale car l’assurance chômage diminue, puis au bout de 3
ans Mr X va basculer dans l’assistance et non plus dans l’assurance, il ne va
plus pouvoir rembourser son crédit et finalement il va devoir vendre son
habitation privé, s’il en a une.
Lorsqu’on s’intéresse au processus, on parle souvent des aides
sociales et de la perte des aides sociales. CASTEL parle de désaffiliation pour
la perte de la protection sociale et de précariat pour ne pas parler d’exclus,
pour montrer que ce sont des individus du salariat dans une position
désavantageuse.
Les politiques d’insertion ont pour but d’éviter le « basculement
dans l’exclusion ». Elles avaient plusieurs formes : des politiques
d’insertion sociales et professionnelles. A qui s’adresse ces politiques ?
Aux jeunes non qualifiés (sortant du système scolaire sans diplôme), les femmes
et les chômeurs de longue durée (en général non qualifiés).
Quel est le sens de l’action ? De travailler sur une situation A
(chômage, sans emploi) à une situation B (le salariat) donc en gros c’est
l’emploi et à terme l’emploi durable (le CDI). C’est donc un accompagnement
pour que les individus arrivent à la situation B, l’inclusion au salariat. Les
politiques d’insertion sont des politiques qui créent un sas de la situation A
à la situation B, sur un temps un peu long, environ 2 ans.
Cela passe par des formations qualifiantes, des ateliers de techniques
de recherche d’emploi et de connaissance, des VAR, s’adapter au monde du
travail. Pour réadapter les individus au marché du travail, on va créer des
postes spécifiques dans le secteur non marchand ou marchand en adaptant les
conditions d’emploi pour inciter les employeurs à embaucher ces
individus : avant avec les TUC, pour les jeunes (travaux d’utilité
collective par FABIUS en 1986) puis ROCART crée en 1988 les Contrat Emploi
Solidarité jusqu’au fin 90’, d’abord pour les jeunes puis aussi pour les
chômeurs de longue durée. Ensuite les individus étaient embauchés dans des
associations ou dans les entreprises en question. C’est l’objet des missions
locales.
L’insertion par l’activité économique tient des initiatives citoyennes
et militantes dont l’Etat a récupérer l’idée pour la généraliser. Il y a trois
formes d’insertion par l’AE :
=> Les entreprises d’insertion : des travailleurs sociaux
s’occupaient de jeunes en grande difficulté et en risque de délinquance
voulaient les aider plus que cela en créant une structure ayant pour but de
produire un bien ou un service pour le vendre, en demandant de l’aide à l’Etat
pour avoir un financement car l’entreprise ne sera pas productif à 100% tout de
suite. Ces entreprises d’insertion prévoyaient que le jeune puisse rester de 6
mois à 2 ans avant d’aller dans une entreprise classique. Ca permettait à ces
jeunes de se faire un réseau grâce aux clients.
=> En 1986 avec l’alternance, SEGUIN créé les associations
intermédiaires. Une association proposaient du travail à des jeunes qu’ils
vendaient à des particuliers, comme du ménage et des petits travaux :
cette expérimentation illégale a été légalisé par une politique de
développement des associations intermédiaires, l’Etat finançant le sur encadrement
nécessaire à ces associations.
=> Les intérims d’insertion : …
=> La régis de quartier : tâche d’entretien et de rénovation
des espaces publiques en utilisant des gens du quartier car l’on pensait que
lorsque les gens rénovent eux-mêmes leur quartier, il y aura moins de
dégradation, ce qui est vrai.
Les concepts d’inclusion/d’exclusion sont donc flous et pourtant
beaucoup utilisés dans l’action publique.
III-
Comment l’Etat s’est reconfiguré pour répondre à
la question sociale traduit en termes d’exclusion d’une partie de la société.
L’efficacité
d’une politique publique dans l’après-guerre était fondée sur la capacité de
l’Etat à être efficace sur des problématiques préalablement définie :
l’accès à l’éducation pour tous a produit l’éducation nationale chargée de la
transmission de connaissance d’une génération à l’autre. Les collèges et lycées
ont leurs propres experts que ce soit au niveau académique ou décentralisé. Fin
des 50 : obligation de l’école jusqu’à 16 ans. Puis objectif d’accès au plus
grand nombre à la connaissance ( car nous sommes dans une société de la
connaissance).
Dans le
champ social, c’est le même fonctionnement : on a une problématique à
partir de laquelle on va produire une institution et des professionnels. C’est
l’assistance sociale qui peut enlever l’enfant d’une famille car il n’y est pas
en sécurité.
On forme
donc une cohorte d’individus spécialisée formée par l’Etat, avec une
déontologie particulière (secret pro).
Dans l’après-guerre, on a le souci de la protection de la jeunesse
(richesse de la nation) et notamment on a le souci de la délinquance, danger
pour les jeunes populaires. L’Etat a donc formé les éducateurs spécialisés.
La profession d’animateur socioculturelle dans le cadre des politiques
d’éducation particulière.
L’Etat défini un besoin, ensuite il crée des institutions que ce soit
des administrations ou des associations reconnues par l’Etat avec une mission
de service public, subventionner pour y répondre et enfin une cohorte de
professionnel formé pour répondre à cette mission.
Pour l’éducation, on a l’éducation nationale et les éducateurs
spécialisés : pour la masse et pour le cas particulier.
Valorisation du métier de l’enseignant : transmission de la
connaissance. Et idée de l’accès de tous à l’éducation, que personne n’y
échappe.
* Qu’est-ce qu’un travailleur social ?
Qu’est-ce qui fait qu’il y a un lien fort entre l’éducateur spécialisé
qui aide les jeunes et l’assistante sociale qui agit par rapport à la
protection de l’enfance ou lors d’un accompagnement des familles ?
C’est à la fois un travail basé sur le discours (c’est un métier de la
relation où la parole est importante) et matériel. Il peut se baser sur
l’octroi de secours monétaires ou une relation d’aide plus précise (conseillère
en économie sociale et solidaire) qui montre à une mère de famille comment bien
gérer son budget (aujourd’hui, c’est sur les parents et plus seulement la
mère). C’est un métier qui nécessite des savoir-faire.
C’est un travail qui passe par une action de connaissance pour
autrui : connaissance des individus et des problèmes. Cela passe par des
éléments d’informations et de diagnostics, qu’il puise dans les ressources déjà
existantes mais c’est aussi des informations qu’il va relever lui-même, par
exemple sur un quartier donné. D’ordre psychosocio, il y a une connaissance de
l’individu lui-même, des obstacles qui expliquent sa situation. Le travail
social a été très marqué par la psychologie.
Le but du travailleur social est de transformer autrui :
émancipation / autonomie sociale, l’individu doit pouvoir évoluer pour ne plus
avoir besoin du travailleur social pour vivre. L’émancipation est un terme
fort, l’individu doit pouvoir transformer son groupe et récupérer ses droits de
citoyens. L’autonomie sociale sous-entend qu’il n’est plus passif par rapport à
sa vie, qu’il peut agir sur sa vie.
Un militant associatif peut se retrouver dans la définition que nous
venons de faire.
Pour être travailleur social, il faut qu’il ait un mandat
institutionnel ou qu’il réponde à une demande social. La protection de
l’enfance est un mandat institutionnel qui donne des pouvoirs administratifs
important comme celui d’enlever un enfant sa famille car il est en danger.
Il faut que le prestataire adhère à ce que propose le travailleur
social.
L’anonymat est important : pendant longtemps, les travailleurs
sociaux n’avaient pas à répondre à la police, car si il parle à la police,
alors il perd toute sa crédibilité.
Une commande sociale est plus floue : cela peut être un maire qui
embauche des individus pour apporter une paix social. Cela donne une marge de
manœuvre au travailleur social qui peut imposer un code professionnel.
Le diplôme simplifie le statut de travailleur social, le fait de se
rattacher à un emploi et à sa déontologie.
Le travailleur social répond à une demande d’un individu, un besoin
exprimé.
Il peut y avoir des tensions entre le fait de répondre à un besoin et
le fait de répondre à une demande social : jusqu’où l’on va.
Les publics définissent des secteurs d’intervention différents. Un
mandat se traduit par des réglementations, qui évoluent et qui changent.
Le champ professionnel : on peut intervenir dans le cadre de
l’assistance, de l’éducation spécialisée, de l’accueil à domicile et
l’animation. Cela a donné lieu à tout un mouvement de professionnalisation dans
les 40/45 : diplôme assistant de secteur, conseillère en économie sociale
et familiale, moniteur/éducateur, médiateur familial, etc. Cela correspond à
des modes d’intervention différents avec un diplôme différent permettant
d’exercer son travail.
Quand on parle de profession au sens sociologique, cela suppose (logique
de métier construit entre 45 et 75):
=> Expertise reconnue qui doit pouvoir se traduire dans des
disciplines : connaissances techniques. Des savoir-faire, des savoirs
professionnels qui peuvent se transmettre d’une génération à l’autre.
=> Avoir le contrôle de la transmission des connaissances. Il faut
une régulation des gens qui rentrent dans le métier : numérus closus. Il y
a des discussions avec les autres professionnels pour transmettre des manières
de travailler : restant assez distant pour ne pas tomber en dépression,
etc. L’Etat finance un réseau d’école du travail social et rendre obligatoire
le diplôme.
=> Cela n’a pas été jusqu’au bout, les travailleurs sociaux restent
des employés.
Ce qui va changer :
On va avoir une reconfiguration de l’intervention de l’Etat. On
constate que des individus jeunes entre 20 et 35 ans n’allaient pas voir les
travailleurs sociaux et ne faisaient pas partie des publics cibles :
jeunes célibataires. Malgré les centres de prévention, les jeunes ont été
rassemblé dans les cités et ont été touché par le chômage, d’ailleurs ces
jeunes n’étaient pas en position de délinquants et ne répondaient donc pas aux
missions du travail social.
Les jeunes ne se reconnaissaient pas dans les structures existantes :
trop institutionnelles et donc éloignées d’eux. Les chomeurs de longue durée ne
se reconnaissaient pas dans le champ des formations, dans le champ éducatif.
L’Etat a tenté de fabriquer une nouvelle façon de faire, de faire
rupture : il faut sortir de la spécialisation du public et des
institutions, le jeune n’est pas forcément au chômage, il peut être malade, il
peut vouloir faire de la musique ou du sport. Le jeune devait alors aller voir
plusieurs institutions avec des règles différentes.
=> SCHWARTZ explique qu’il faut faire un traitement global, qu’il
faut prendre le jeune dans sa globalité et lui donner un traitement
personnalisé.
SCHWARTZ propose de faire des missions locales où l’on fait venir un
conseiller Pole Emploi, un membre de l’éducation nationale, une assistance
sociale, un médecin ou un représentant de la santé publique et un animateur
socioculturel. Il faut trouver un emploi au jeune mais il ne peut pas forcément
se déplacer par manque de moyen de transport, il peut ne plus s’entendre avec
sa famille et avoir besoin d’une place en centre, il peut avoir une pratique
sportive ou culturelle et il doit pouvoir continuer, il peut avoir des
problèmes d’alcool et avoir besoin d’aide. Le but est donc de faire travailler
ces professionnels ensemble pour aider un individu : on introduit l’idée
de transversalité.
Cette organisation bouleverse les différentes politiques au niveau
national : au niveau de l’Etat, si l’on veut que les représentants des
membres des différentes institutions aient un impact sur les institutions elles-mêmes,
il faut changer les institutions. Si au niveau local on a du
interdisciplinaire, au niveau national il faut de l’interministériel : les
représentants des différents ministères se rencontraient pour savoir comment
ils allaient travailler ensemble.
Dans les 80’, les politiques sont centralisés et tout se décide de
Paris. Dans l’ancien système, cette organisation a sa cohérence : l’Etat
central ne connait pas les gens et est neutre alors que les locaux donnaient de
l’argent et des services de façon clientéliste. Avec la restructuration de
l’action sociale, on se demande si cette méthode rend bien compte des
spécificités locales. SCHWARTZ, REDOUX et BONNEMAISON dans leurs rapports
expliquent qu’il faut prendre en compte la proximité dans l’action publique
pour gérer les spécificités. On peut faire de la proximité avec l’Etat :
une gestion unique mais déconcentrée, en donnant aux préfectures des marges de
manœuvre et une enveloppe globale que le préfet gère selon le cadre local (ZEP
avec moyens supplémentaires là où il y a besoin). On peut aussi décentraliser,
l’Etat transfert des compétences aux départements, aujourd’hui le RSA et le RMI
est de la seule compétence du conseil général, les règles sont les memes pour
tous mais c’est sous la compétence des départements. Qui dit délégation de
compétences dit transfert de moyens : passage du statut d’agent de l’Etat
à celui d’agents des collectivités territoriales ; transfert des charges
financières, aussi.
L’Etat perd du pouvoir et lorsqu’il y a des périodes de chomage ou
d’autres problèmes, l’Etat ne peut pas rester passif. Il va mettre en place des
politiques de contractualisation. Les compétences ayant été délégués aux maires
et à l’intercommunalité, comment l’Etat va-t-il faire pour inciter les maires à
agir ? C’est le role des politiques de contractualisation, l’Etat passe un
accord avec le maire (avec le décideur) pour que l’Etat paye une partie du
projet, le département une autre partie et le maire complète. Ce sont ces politiques
incitatives.
AUBRY 91/93 veut mettre en place le programme PAC : elle doit
passer par la commune (XX)
Cette contractualisation est nécessaire dès lors qu’il y a un flou
dans les compétences. Le département n’a pas les compétences à propos de l’emploi
mais au niveau de l’insertion : c’est compliqué car ces secteurs se
superposent, la contractualisation est un moyen de crée des synergies pour
éviter que les forces de dissipent.
On va pousser la proximité en employant des jeunes issus du quartier
pour qu’ils interviennent directement sur le quartier, c’est la politique des
« grands frères », des parents et des pères de famille sont rémunérés
pour préserver la paix social. Rôle de la médiation socioculturelle :
souvent des femmes qui tentent de faire du lien social en faisant de la
traduction, en permettant à des populations de s’adapter à des institutions
qu’ils méconnaissent. Animation d’atelier pour maitriser la langue, soutient
scolaire pour les enfants.
Ces individus n’ont pas été embauchés par leur expertise mais par leur
expérience : expérience de l’exil, du quartier, ils sont leaders dans leur
quartier. Est-ce que ce sont des travailleurs sociaux ?
Le travail social représente aujourd’hui 600K personnes : la
plupart des travailleurs sociaux ne viennent pas des formations canoniques :
de l’université, d’anciens militants, issus des populations des quartiers en
difficulté.
Les instituts du travail social voient d’un mauvais œil ces individus
qui n’ont pas à respecter leurs règles et qui font le travail des travailleurs
sociaux. De même, ces individus n’ont pas de possibilité d’évolution, ils sont
dans des petits structures qui n’ont pas forcément l’argent pour les former. On
tente donc de leur donner un titre pour qu’ils puissent avoir une reconnaissance.
Conclusion sur le chapitre :
Nouvelles pauvretés, creusement des inégalités, nouvelles populations
au seuil de la pauvreté, de l’exclusion faute de pouvoir avoir accès à un
emploi offrant une protection sociale. Les politiques sociales devraient être
des politiques sas, ramenant les individus dans la société mais cela s’est
avéré être d’avantage des voies sans issus.
=> Pour lutter contre l’exclusion, il faut cibler les populations,
il faut définir qui va avoir droit à telle ou telle prestation en termes de
service ou en terme monétaire. En faisant ce travail de ciblage, on va passer
d’un droit automatique à un droit conditionné par une expertise sur autrui. Ce
sont des experts qui ouvrent des droits.
Prestation automatique : allocations familiales.
Prestation sur une condition d’expertise : le F.A.J.(fond d’aide
au jeune) nécessite qu’une commission se réunisse, statuant sur l’octroi ou pas
de ce droit. On pourrait penser que le conseiller mission locale pourra lui
donner, mais en fait c’est ce conseiller mission locale qui est le demandeur de
la commission : elle réunit d’autres conseilles, des représentants du
département, etc. Si on ne donne pas le FAJ, ils doivent aussi justifier le
refus : projet trop flou, mobilité déjà effectuée sans résultat, entretien
se passant trop loin pour le type d’emploi recherché, etc.
Aujourd’hui, dans le but de conditionner une aide, par peur de
l’assistanat, à des actes positifs de la personne, on va généraliser les
expertises. Pour le handicap, on considère qu’une personne n’est pas handicapé
à vie, qu’elle peut aller mieux par la suite.
Comme les enveloppes sont plus restreintes, on cible un maximum. Mais
il y a des catégories parfois subjectives, notamment l’engagement dans les
démarches pour lesquelles la personne demande une aide financier, on voit bien
que cela rend plus complexe l’obtention d’une aide par une expertise.
=> On produit du service à la personne mais on va moins mettre ces
personnes en relation avec les institutions pouvant rendre l’autonomie à l’individu
(cela coute plus cher). On offre des heures de formation mais la prise en
charge global de la personne est de moins en moins présente. On cible la
personne, on paye parfois un organisme privé pour offrir un service au jeune.
La notion d’accompagnement se perd au profit de la seule notion de service.
Qu’est-ce que deviennent les personnes qui ne s’engagent pas comme on
leur demande ? Ceux qui abandonnent ? Qu’est-ce qu’on fait de ces
chômeurs qui n’ont plus rien, on enlève leurs allocations en les plongeant
ainsi dans le chômage ? On considère que l’autonomie ne dépend que de soi
et pas des autres et de l’environnement.
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