samedi 17 mars 2012

Antique 14 - 03 (cours 5)

Merci à Christelle pour cette prise de note ;-)

Rome et les richesses des provinces : les relations économiques dans l’Empire
Un aspect de l’unification sous l’Empire, c’est la formation d’une unité économique et commerciale. Cette intégration économique fait partie des préoccupations de l’Etat romain car il se préoccupe d’approvisionner Rome. Cela entraîne une politique d’intégration économique mais qui vient d’abord des préoccupations politiques. La capitale romaine contribue à assurer cet approvisionnement et à mettre en place des flux commerciaux et financiers. Elle participe aussi à la mise en place d’infrastructures de communication notamment. L’activité économique et le commerce se développe tels que l’agriculture spéculative ou les flux financiers. La majorité des transactions se font localement. Rome a pillé les provinces selon la vision pessimiste. La vision optimiste insiste sur le progrès des provinces.
I. Fiscalité et monnaies impériales : la capitale romaine comme acteur économique
L’impôt et la monnaie sont des éléments que l’on retrouve partout dans l’Empire. La fiscalité a des conséquences sur toute l’organisation locale. Pour établir l’impôt, il faut faire des recensements et mesurer des territoires et oblige par là les cités à s’organiser. Les cités sont responsables de l’impôt sur le territoire. Les romains définissent les bornes.

1) La diversité des modes d’imposition
L’impôt est une marque de soumission politique. Il provoque l’afflux de capitaux et de denrées vers Rome. La fiscalité n’est pas unifiée. Dans les régions où il y avait une fiscalité lourde elles le restent, si elles étaient légères elles le restent aussi. Au moment de la mise en place, on assiste à une aggravation du poids financier sur les populations conquises. C’est au moment de la mise en place de l’impôt que l’on voit des révoltes éclater. Par exemple, les Frisons ou la population de Bretagne se révoltent après la mise en place de l’imposition. Sur la durée, on s’aperçoit que le système impérial a eu conscience du risque de révolte et a eu tendance à diminuer l’impôt. On fait la distinction entre l’impôt direct, lié à la personne ou à ses biens, et les impôts indirects, liés à un évènement.
* L’impôt direct : le tributum : il est payé par les provinces et n’est pas payé par les citoyens romains ni par les communautés italiennes. L’imposition remonte à 167 avt JC et est consécutive à a bataille de Pydna. Les romains ont amassés tellement de richesses que les citoyens romains ont été exemptés de l’impôt. C’est cet impôt qui est payé par les cités de deux façons puisqu’il pèse à la fois sur les personnes et sur les biens. La plupart des cités de l’empire payent l’impôt direct. Pour en être exempté, en occident on peut recevoir le ius italicum qui considère que le sol de la cité et le sol romain se confondent. En orient, la solution est l’immunité dans les cités libres. Mais les cités exemptées de l’impôt direct sont peu nombreuses. Le pouvoir central fixe le montant pour toute la province. Après la répartition dans la province semble être faite par le gouverneur. Ce sont les cités qui perçoivent l’impôt et le reverse après. Ce qui est variable est le montant par province. Pour les Gaules, César a fixé l’impôt annuel à 40 millions de sesterces. Cet impôt direct pèse sur les biens, tributum soli, et sur les personnes, tributum capitis.
- Le tributum soli est basé sur la propriété foncière et selon les régions il peut être basé sur la production agricole ou sur la valeur du bien-fonds.
- Le tributum capitis est lui aussi variable selon les provinces. En fonction des provinces certains ne payent pas l’impôt. En Egypte, payent l’impôt direct les hommes de 14 à 65 ans, esclaves y compris, le maître paye donc pour ses esclaves. Mais en Syrie, l’impôt est perçu sur les hommes de 14 à 65 ans mais aussi sur les femmes de 12 à 65 ans. En Egypte, les citoyens des cités grecques sont exemptés de l’impôt direct, les citoyens romains également. Les savants du Musée d’Alexandrie, certains prêtres, certains fonctionnaires locaux, les champions des concours athlétiques… sont également exemptés. D’autre part, parmi ceux qui payent l’impôt direct, les montants ne sont pas les mêmes. L’imposition a besoin de recensements. Là encore, la périodicité est variable. En Egypte, un recensement est fait tous les 14 ans. En Syrie, il se fait tous les 12 ans. L’impôt direct peut se payer en argent ou en nature particulièrement par la Sicile. Cette province verse 1/10 de sa récolte tous les ans. La plupart du temps la ponction se fait sur le blé mais elle peut aussi se faire sur l’huile. C’est avec ces denrées que l’on va approvisionner Rome. L’annone est celui qui gère le ravitaillement de Rome. Il y a donc une surveillance des circuits commerciaux. Il se charge aussi du blé fiscal, versé en tant qu’impôt. Le service de l’annone reçoit le blé à Rome, le gère, et en distribue une partie à la plèbe romaine. Le blé public est distribué tous les mois à une partie de la plèbe la plus pauvre, gratuitement. Celle qui reçoit ces distributions est appelée la plèbe frumentaire qui représente 200 à 300 000 personnes. Celui qui est responsable de ce service est le préfet de l’annone. Une autre population est nourrie avec le blé fiscal, c’est l’armée qui représente 200 000 personnes.
* Les taxes : ce sont des impôts qui s’ajoutent à l’impôt direct. Elles sont nombreuses et elles ne touchent pas tout le temps tout le monde. Elles sont administrées par Rome. Chaque taxe est administrée par un service géré par un procurateur dans le cadre d’une procuratèle. Le vingtième des héritages qui ne concernent que les citoyens romains, est crée par Auguste pour financer la retraite des soldats. Ce sont les seuls à payer car ce sont les seuls à rédiger des testaments légaux. Les citoyens romains payent également un vingtième des affranchissements, un centième sur les ventes aux enchères. D’autres taxes concernent tout le monde notamment les douanes, portoria. Ce sont les douanes aux frontières de l’empire mais aussi les douanes intérieures entre les provinces. De grandes circonscriptions ne correspondent pas toujours aux provinces par exemple, le quarantième des Gaules, est payé par la Germanie, l’Aquitaine et la Lyonnaise. En plus de ces taxes, il faut ajouter des corvées comme l’hospitium, l’obligation de loger les représentants de Rome ou les soldats. Le dernier type de taxe est celle des cités. Pour essayer d’éviter les ruines, les taxes locales sont prises en partie par les plus riches. C’est le système de la liturgie qui détermine la prise en charge des travaux public. Elles permettent de limiter quelque peu le poids fiscal. Le problème d’endettement des cités peut conduire à des faillites. La fiscalité est assez lourde de par les taxes indirectes. Les taxes sont prélevées sur l’héritage de la république, par l’affermage. L’Etat passe un accord avec une société privée qui paye l’impôt à l’Etat et qui prélève l’impôt en faisant une part de profit. L’autre prélèvement des taxes se fait par la régie directe donc directement par l’Etat. Au total, on ne peut pas estimer ce qu’un habitant de l’empire paye par manque de source. Cependant, l’Egypte rapporte 25 millions de deniers par an, l’Anatolie, 50 millions. Une partie de cet impôt reste dans les provinces pour payer les agents de l’Etat. On peut à partir de là faire une moyenne. Sur l’ensemble de l’Empire, on estime qu’un habitant paye 15 sesterces par an.

2) La monnaie de l’Empire
L’unification monétaire de l’empire est un élément important mais pas que pour l’aspect économique. La monnaie facilite le commerce mais c’est aussi un facteur d’unification idéologique car les empereurs peuvent diffuser à travers elle certaines images et certains slogans. Il y a différents types de monnaies qui circulent.
* Monnaies impériales et monnaies provinciales :
- On retrouve un certain empilement des responsabilités qui rend toutes les choses complexes. De nombreux acteurs interviennent dans la frappe de la monnaie. L’empereur se réserve la frappe des métaux précieux, donc les monnaies d’or et d’argent. Le Sénat conserve la frappe du bronze. Sur le revers est indiquée l’autorité qui frappe la monnaie. Sur l’avers ou le droit on a un portrait de l’empereur en place. Les monnaies ne portent pas d’indication de valeur. La monnaie était frappée à Lyon puis à Rome. La monnaie d’or est appelée aureus, la monnaie d’argent est le denier d’argent. La petite monnaie qui circule est le sesterce ou l’as. On remarque une dévaluation de la monnaie progressive. Le poids de métal précieux, qui procure à la monnaie une valeur intrinsèque, baisse dans la fabrication des pièces. Sous Caracalla, on crée une nouvelle monnaie, l’antoninianus, qui vaut deux deniers dans les échanges, mais en poids d’argent ce n’est qu’un denier et demi. Ces monnaies impériales circulent dans tout l’empire. Quelque soit l’émetteur de la monnaie il y a toujours le portrait impérial sur le droit et c’est sur le revers que l’on fait passer un message politique. Par exemple, la monnaie de Tibère comporte sur le revers le symbole de la paix. D’autres messages peuvent être passés comme la domination sur le monde de l’empereur avec la représentation de la victoire.
- Les monnaies provinciales peuvent être frappées sous deux autorités. La monnaie est frappée en province est ne circule pas dans tout l’empire.
· Il peut y avoir des ateliers impériaux qui sont installés en province qui sont destinés aux populations locales. C’est la frappe impériale dans les provinces. C’est le cas dans le monde grec où les empereurs réutilisent les ateliers existants. Ils ont donc continué à frapper des monnaies qui existaient déjà. C’est notamment le cas à Pergame dans la province d’Asie qui produit le Cistophore.
· L’autre type de monnaie est frappé par certaines cités. C’est ce qu’on appelle les monnaies provinciales romaines. Certaines cités conservent le droit de frapper des monnaies de bronze pour la circulation locale. Elles permettent aux cités d’avoir leur propre monnaie et de diffuser son idéologie. En général, on retrouve l’empereur au droit et sur le revers une représentation locale. Certaines cités vont jusqu’à émettre des monnaies pseudo-autonomes sur lesquelles ne figurent pas le portrait impérial. Ce double système monétaire est surtout important sur le plan politique.
* La monnaie comme instrument politique et économique : la monnaie sert dans les échanges privés dans lesquels l’Etat n’intervient pas. Mais l’Etat romain ne gère pas la monnaie pour les échanges privés. L’aspect de l’économie privée est une conséquence. L’Etat utilise la monnaie comme un instrument politique et pour gouverner. L’émission de la monnaie se fait d’abord pour payer les soldats. Elle sert aussi à verser des prestiges de récompense notamment aux soldats, donativum, récompense exceptionnelle à l’occasion d’une victoire ou au début d’un règne ou encore pour l’anniversaire de l’empereur. Ces primes exceptionnelles peuvent être très élevées. Caligula, quand il parvient au pouvoir, verse 500 deniers à chaque soldat prétorien, soient deux ans et demi de salaires de ceux-ci. Une des raisons des dévaluations monétaires sont ces versements exceptionnels qui coûtent très chers. On assiste à une monétarisation à l’origine politique mais qui a des conséquences économiques.
* Le contrôle des métaux précieux : dans ce système où la monnaie a une valeur de marchandise, pour faire de la monnaie il faut avoir accès à des métaux précieux. L’exploitation des mines est un domaine sensible et stratégique. L’Etat y intervient beaucoup. La tendance est à ce que les mines deviennent des propriétés impériales. Même quand il reste des mines privées, elles sont très contrôlées par les gouverneurs des provinces. L’Espagne fournit beaucoup de métal précieux. Un des derniers propriétaires est Sextus Marius qui possédait des mines d’argent et de cuivre. Ses mines ont été confisquées par Tibère et lui a été exécuté. Il reste quelques propriétaires privés qui sont des parents éloignés de l’empereur. Il reste quelques mines qui appartiennent à des communautés provinciales. Par exemple, l’assemblée des cités des Gaules semblent gérer les mines de fer du Massif Central. En ce qui concerne l’exploitation des mines, soit elles sont régies directement soit elles sont régies indirectement. Pour les mines d’or, les empereurs instaurent une régie directe. Il n’y a pas d’intermédiaires privés comme on peut trouver dans la régie indirecte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire