dimanche 11 mars 2012

Pré-professionnalisation CAPES

Enseigner avec des images :

Le cas de la Shoah

Exposé de type 1 :

Introduction :

Olivier Lalieu : article de « la perception de la Shoah »

Le débat sur la shoah porte sur sa représentation. On souhaite déterminer si ce phénomène est représentable ou non.

I- Les possibles représentations de la shoah

a) Représentation de l’Histoire par les mémoires

Témoignages de survivants comme sources de l’histoire.

David Boder :

« Par le biais du magnétophone, ils pouvaient relater l’expérience concentrationnaire avec leur propre voix et leur propre langage »

= Réalise les premiers entretiens des déportés

Pour lui, les paroles des rescapés représentent le mieux le génocide juif.

b) L’horreur montrée : les objectifs à atteindre

Primo Levi « l’importance est de dire que cette chose a eu lieu et qu’elle peut se reproduire ».

La représentation de l’insoutenable permet selon lui à prévenir par les images que de telles horreurs ne surviennent à nouveau. Même si il faut avoir un esprit critique sur ses représentations= c’est également le point de vue de JF. Forges.

II- La représentation de la Shoah et ses difficultés

a) De quoi parle-t-on ?

Terme hébreu tiré de la Bible qui signifie la catastrophe dans le sens catastrophe naturelle. Claude Lanzmann préfère nommée cet évènement « la chose » car c’est un moyen de nommer l’innommable.

Vincent Engel propose les termes :

* Dans la culture hébraïque :

- Shoah : catastrophe dans le sens catastrophe naturelle

- Holocauste : sacrifice par le feu. Le terme prend un aspect religieux avec des victimes considérées comme des martyres

- Hourban : destruction du temple

Mais ces termes ne font référence qu’à l’extermination du peuple juif sans prendre en compte les victimes autres tel que les tziganes ou les handicapés.

Les mots génériques proviennent du vocabulaire courant, utilisé par les nazis et qui ne reflète pas forcement les réalités distinctes entre les camps de concentration et d’exterminations.

- Extermination/ destruction

- Solution finale

Apparition des noms métonymiques et juridiques :

- Auschwitz, Sobibor, Treblinka

1944 : Le terme de génocide est forgé par Lemkin. L’utilisation de ce mot se généralise dans les années 1970 dès lors que le confère aux populations juives une reconnaissance de leur statut de victime.

1994 : invention du terme « judéocide » par Grigorieff

b) Un processus difficile à comprendre

Le génocide est le fruit de la domination du nazisme.

Le Père Riquet :

« le nazisme ne se réduit pas au mépris et à la haine du juif ».

Olivier Lalieu :

« Si Auschwitz est un maillon essentiel dans le processus d’extermination, ce n’est pas le seul ».

c) Les limites des images de la Shoah

- Contestation des images d’archives : Thèse négationnistes dans les années 1978-1979

- Censure et manipulation des politiques et médias : problème dans la question nationale. Les images sont manipulables.

- La position du spectateur face aux images : l’interprétation de l’image est propre à chacun et peut être

- Effet pervers de l’image

Conclusion :

La shoah est un phénomène tellement complexe qu’une image ne peut le représenter mais cette horreur à travers les images peut éviter par ce biais de se reproduire.

Exposé de type 3 :

La différence entre les manuels concerne la vision de la shoah

Le manuel de 88 (manuel israélien) pose un problème beaucoup plus général à travers de la notion du génocide alors que le manuel de 2003 s’intéresse plus aux camps de concentrations et camps de la mort.

Débat entre intentionnalistes et fonctionnalistes :

- Les intentionnalistes démontrent que la solution finale a été pensée très tôt par Hitler dès l’écriture de mein kampf. C’est un plan prévu dans les idées d’Hitler depuis longtemps.

- Les fonctionnalistes montrent que la solution finale intervient dans un engrenage de situations, de mesures qui aboutissent à la solution finale.

11 millions : ensembles des victimes, les juifs étant inclus dans le nombre total de victimes.

Reprise :

Historikeistreit = Querelle des historiens

Comparaison des crimes nazis et des crimes communistes. La solution finale est une réponse préventive à la violence des camps communistes. C’est un moyen pour relativiser les crimes nazis afin d’essayer de réduire la culpabilité qui pèse sur la nation allemande.

Les images que l’on nous avons en grande quantité sur le sujet sont des images prises à la libération des camps, les américains obligeant les SS à aller dans les fosses.

Changement dans le registre des images entre les deux manuels. Deux pédagogies différentes.

- Une basée sur l’émotion, la sensibilité= « pédagogie de l’horreur ».Quelles peuvent être l’impact de ce type d’images ?

- Une autre qui ne veut pas avoir recours à cette sensibilité

Faire attention à la date : Photos prise lors de la libération des camps de concentrations mais qui ne sont pas un camp d’extermination. Ce n’est donc pas l’image du génocide.

Le génocide, c’est la mort des individus qui sont en bonne santé. Massacre de populations dans la volonté de les tuer tous. Distinction entre les déportés pour ce qu’ils ont fait (contre-révolutionnaire par exemple) qui travaillent jusqu’à mourir et les déportés raciaux qui sont déportés pour ce qu’ils sont et directement tués.

On parle des « résistants » et des « justes » à partir des années 1990. Les victimes juives à l’époque ne voulaient pas être singularisées. C’est peu à peu que la spécificité de l’extermination des juifs pour ce qu’ils sont va être mise en avant. On singularise l’extermination raciale des juifs par rapport aux autres.

Les rescapés ont beaucoup parlé après la libération des camps mais n’ont pas été entendu donc assez vite ils se sont tus.

Didi Hubermann : les images sont restreintes notamment car on n’a pas de véritables images de la shoah hormis celles d’exécutions par balles.

Lanzmann : refus de figurer, de représenter la shoah va très loin chez lui. Il n’y a pas d’images possibles de la Shoah.

Les sources sont lacunaires et pas forcément accessibles. La photographie n’est donc jamais prioritaire comme source de l’historien. Il y a une rareté extrême des images prises dans les centres de mise à mort, celle qui s’approchent au plus du cœur du génocide. On dispose beaucoup d’images de libération de corps. Certaines images ont été rejouées par les victimes pour les Russe. Ce ne sont donc pas des images réelles de leur arrivée. Néanmoins ont utilisent ces images pour montre l’horreur du nazisme. Ce sont des images dupliqués, recadrées, icones de l’horreur mais ce ne sont plus des images historiques.

Problème aussi de la preuve. Quelle preuve apporte historiquement ces photos ? Pour cela il faut faire l’histoire de ces photos. Il ne faut pas se contenter d’un usage illustratif de la photographie. Lors de l’utilisation des photos en illustration, on retire les circonstances de la photographie mais aussi l’environnement de la prise de vue.

C’est en croisant les éléments de la photographie que l’on peut dépasser le simple usage illustratif de l’image. Il faut prendre des images comme des vrais sources, faire un travail d’enquête historique de l’image. Toutes erreurs faites, peuvent-être utilisé par ceux qui nient le phénomène comme par exemple les négationnistes. Des approximations en histoire peuvent servir à remettre en cause le phénomène.

On peut utiliser en complément, les archives des plans des crématoires et les images prises du ciel.

Les alliés connaissaient le phénomène mais pourquoi n’ont-ils pas intervenu ? Par le bombardement de rails de train par exemple

Hypothèses :

- La priorité des alliés était consacrée à des objectifs militaires

- Le souci des alliés de ne pas entrer dans la propagande nazi qui présente la guerre comme une guerre pour les juifs.

- Préjugés également antisémites

- Qui à l’époque pouvait imaginer ce qui se passait vraiment ? Prendre la mesure de ce qu’il se passait. Il y avait une sous- estimation de l’ampleur de l’antisémitisme nazi.

Les nazis ont détruit toutes les installations de mise à mort pour essayer d’effacer les traces de l’extermination (langage codé, bombardements sur les installations). Volonté du secret.

On possède quatre photos qui sont au plus près de ce qu’a été le génocide :

v L’auteur de la photographie :

Ces photos ont été prises par un membre de l’équipe du Sonderkommando. Chaque équipe est isolée et au fur et à mesure exécutée pour rester dans le secret.

Témoignages directes écrits et enterrés dans le sol par les membres des sonderkommando. Et quelques témoignages de survivants et notamment celui de Philip Muller : 3 ans dans une chambre à gaz à Auschwitz.

v Contexte :

435 milles déportations de juifs hongrois< on brule les corps à l’air libre.

v Activité de la résistance polonaise à l’intérieur de ce camp.

L’appareil a été introduit à l’occasion de la répartition du toit du crématoire endommagé volontairement pour faire entrer l’appareil photo. La partie noire témoigne des conditions extrêmement dangereuses de la prise de vues. Il faut tenir compte de l’ensemble des quatre photos pour recréer les conditions périlleuses dans lesquelles ont été prises les photos.

v Quel est le destin de ces photos ?

L’intention des auteurs de la photographie n’a pas été respectée. Pendant longtemps elles ont été très peu utilisées pour démontrer l’existence et les conditions du génocide.

v Polémique sur ces photos :

Polémique sur l’analyse qu’en fait Didi Hubermann< ce sont des véritables fragments du génocide qu’il ne faut pas mal traiter. « Mésusages récurrents » (doc fascicule)

Cette polémique ne fait que reprendre une polémique un peu plus ancienne sur le film « la vie est belle » et le film de Spielberg « la liste de Sheller». Lanzmann conteste le fait que l’on représente la shoah. Le génocide juif représente une sorte de sacralisation. Pour lui c’est la parole des victimes qui peut seule transmettre quelque chose.

« Je ne vois pas comment on peut faire de la fiction sur l’extermination des juifs ».

Il a une position particulière voir radicale car il considère que la shoah est un crime qui échappe à l’histoire, l’holocauste transcende l’histoire. « Il n’y a rien à comprendre dans le génocide », sa dépasse l’explication historique.

Les positions de Lanzmann ont été relayées dans l’Homme moderne. La polémique de l’irreprésentabilité est difficile à comprendre.

Mais si on n’a pas d’images sur une chose, est-ce que cela veut dire que cette chose ne s’est pas passée ? S’il n’y a pas d’image, cela veut dire qu’il n’y a pas de preuves ?

Les négationnismes se sont appuyés sur les erreurs des analyses historiques. Les négationnistes ont été hypercritiques en invalidant les témoignages.

Le débat porte sur le statut de la photo comme preuve historique. C’est pour cela qu’il ne faut pas manipuler les images de manière inconsidérée. Il faut avoir des connaissances scientifiques sur l’image avant de l’utiliser notamment dans l’enseignement.

Autre exemple : « nuit et brouillard ». Premier film dans les années 1950 qui essaye de montrer la réalité des camps dans lequel on oblige à masquer la présence d’un gendarme français dans le camp de Pithiviers.

Ce film est un symbole du génocide alors qu’il traite plus de la déportation. Le mot juif est employé qu’une fois dans le film. Le film ne parle pas des juifs. Le résultat du film est à mettre en lien avec le travail de réalisation du film. C’est ainsi que l’on se rend compte que le réalisateur avait pourtant tout à fait confiance de la singularité du génocide juif et de l’extermination raciale.

Cet exemple montre qu’il faut toujours connaitre l’histoire de l’image lorsque l’on présente celle-ci.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire