L’administration de l’Empire
Qui administre les régions soumises ?
A qui les provinciaux ont à faire lorsqu’ils en réfèrent au pouvoir ? Le régime républicain avait du mal à gérer
les provinces notamment parce que les administrations changeaient tous les ans.
Le peu de continuité provoque de
l’instabilité. Le deuxième problème est celui des abus des gouverneurs qui
étaient peu contrôlés. Ces problèmes provoquent certaines révoltes dans les
provinces. De ce point de vue là, le régime impérial règle ces problèmes.
L’administration est moins abusive, corrompue et instable. L’Empire romain
n’est pas pour autant devenu un Etat moderne dans le sens où l’administration
est puissante, présente tout le temps et partout. Il n’y a pas eu de véritable
bureaucratie dans l’Empire. Le passage à l’Empire entraîne une certaine
amélioration des administrations.
I. Le gouvernement des provinces : le prince et le Sénat
La
notion de province désigne les territoires soumis. Ce serait l’équivalent des
colonies dans un sens contemporain. La colonie dans l’Empire romain a un statut
plus privilégié que les provinces. Il y a deux
types de provinces :
-
Celles gérées par le Sénat.
-
Celles gérées par le prince.
1. Le gouvernement des provinces du peuple : les provinces sénatoriales
Elles
sont rendues obligatoires par Auguste au Sénat en -
janvier 27. Ce sont les provinces
les plus anciennes. Elles sont pacifiées, conquises depuis longtemps, assez
romanisées et riches. Du fait de leur pacification, elles ne comportent en
général pas de troupes romaines.
En
partant de l’ouest, les provinces sénatoriales sont celles du sud de l’Espagne,
la Gaule Narbonnaise, la Sicile, une partie de l’Afrique et les provinces
grecques. Certaines provinces changent de statut. L’empereur peut toujours reprendre
une province. Le nombre de provinces sénatoriales se stabilisent autour d’une
dizaine.
Tous les ans le Sénat envoie un
gouverneur par province qui porte le titre de proconsul. Il est tiré au sort d’après une
liste des personnes qui en ont les compétences. En fonction de l’importance de
la province, on peut envoyer un gouverneur plus ou moins important. La plupart du temps le proconsul est de rang
prétorien ou de rang consulaire pour les plus importantes comme
en Asie et en Afrique car elles sont les provinces les plus riches et les plus
développées. Le gouverneur part avec des auxiliaires
qui sont de deux types.
-
D’abord
des légats qui sont des auxiliaires
auquel le gouverneur va pouvoir déléguer une partie des pouvoirs sur place. Ce
sont presque toujours des sénateurs. Plus la province est étendue plus il y a
de légats. Le nombre est déterminé par le Sénat. En fonction de
l’importance de la province, ils ont un statut plus ou moins important. Le
proconsul a son mot à dire dans le choix des légats.
-
L’autre catégorie d’auxiliaires est le questeur qui s’occupe de
l’administration financière. Il y a en général un questeur par province. Ils sont eux aussi désignés par le Sénat.
L’empereur vérifie et contrôle le choix des envoyés. Il est probable qu’il contrôlait
la liste dans laquelle ils étaient tirés au sort et il disposait sans doute
d’un droit de véto ultérieur. Par ailleurs, l’empereur envoyait un procurateur
dans chaque province chargé de gérer ses biens. Par là il contrôle également
les provinces sénatoriales. Pour chaque province la tête de l’administration
est faible.
2. Le gouvernement des provinces impériales
Ce
sont les provinces qui ne sont pas sénatoriales. Elles sont moins pacifiées, moins urbanisées, moins développées. L’idée
est que l’empereur garde les provinces où des troupes peuvent être nécessaires.
L’empereur se garde donc la direction des armées.
Au
I° siècle, leur nombre s’élève à une
trentaine. Une fois pacifiées, ces régions ne sont pas rendues au Sénat.
Parmi elles, une province est
particulière : l’Egypte. Elle est considérée comme le grenier à blé de
l’Empire et aucun romain ne peut y mettre le pied sans une autorisation
spéciale.
Dans
les provinces impériales, les gouverneurs envoyés sont désignés part le terme de
légats d’Auguste propréteur. C’est aussi
un sénateur mais il est choisi par l’empereur et peut rester dans sa province
plusieurs années. Il peut être lui aussi de rang prétorien ou consulaire.
Il peut lui aussi avoir des légats, il n’y a pas de questeur. Donc le
procurateur se charge de tous les aspects financiers.
Dans quelques cas le gouverneur
n’est pas un procurateur. Le premier cas unique est l’Egypte qui est une
propriété personnelle de l’empereur.
Auguste a voulu éviter que des sénateurs s’appuient sur les richesses de cette
province pour provoquer des troubles. Auguste place donc à sa tête un chevalier qui porte le titre de préfet.
Pour les provinces moins importantes on envoie
un chevalier quand Auguste estime
qu’il n’est pas nécessaire d’envoyer un sénateur. Ce chevalier s’appelle un
procurateur mais il ne désigne pas la même chose qu’un procurateur financier.
90% des gouverneurs sont des sénateurs quelques soient les provinces. En
fonction de la province, il faut distinguer la fonction du rang.
3. L’administration financière
L’administration financière a la
fonction importante de percevoir l’impôt et de payer au nom de l’Etat diverses
tâches comme le
paiement des troupes.
A
cause de cette division du pouvoir en deux, il y a deux caisses publiques à Rome :
-
La caisse gérée par le Sénat :
l’aerarium
-
La caisse gérée par
l’empereur : le fisc.
Dans
les provinces sénatoriales il faut que la caisse de l’empereur soit également
représentée. Cela explique la présence d’un questeur et d’un procurateur. Dans
les provinces impériales, il n’y a qu’un procurateur. L’empereur
possède en plus ses biens personnels donc il envoie des administrateurs
personnels.
II. L’organisation interne des provinces
1. Les frontières provinciales
Les provinces sont issues des
conquêtes et les frontières correspondent à l’histoire de ces conquêtes et de
ses circonstances. Une province est une unité administrative vaste.
L’exemple
le plus net est en Gaule. Il y a
quatre provinces gauloises.
-
La
Narbonnaise a été conquise dans les années 120 avant pendant la République et
elle n’a rien à voir avec les autres Gaules
-
L’Aquitaine
-
La
Gaule Lyonnaise
-
La
Belgique
Les
frontières ne correspondaient pas au découpage des peuples qui constituent la
Gaule. Cependant, il y a quelques
exceptions. La Bithynie et Pont regroupe deux anciens royaumes. Il y a donc une
certaine continuité. Les Arvernes dans le Massif Central et les Eduens en
Bourgogne étaient les deux grands peuples de Gaule. Au moment de l’organisation
des provinces, une frontière divise ces deux peuples pour éviter les révoltes.
Certains peuples clients sont séparés de leurs patrons.
Les frontières sont donc le fruit
de l’histoire ou elles naissent d’une volonté de séparer.
Les provinces n’ont pas de
culture commune. Cependant, au cours des siècles une identité commune se
développe dans les provinces comme en Aquitaine. Certaines frontières se déplacent du fait de guerres. Par exemple,
les Germanies sont sous l’autorité de la Belgique. A partir de la fin du I°
siècle, on les détache pour en faire des provinces.La Bretagne est au départ
une seule province. A la fin du II° siècle, une division est effectuée pour
pouvoir mieux contrôler les révoltes et les contestations de pouvoir.
2. Les subdivisions des provinces
Il n’y a pas de structures
intermédiaires entre le gouverneur et le niveau de base qui est la cité. Chaque
cité s’administre localement. Chaque
province a une capitale dans laquelle le gouverneur réside ainsi que
l’administration.
L’administration romaine n’est
donc pas présente sur tout le territoire romain mais seulement sur quelques
points constitués par les capitales de provinces et sur les frontières. En Espagne, les provinces sont
divisées en unités qu’on appelle des conventus.
Ce cas particulier se répète en Asie avec des diocèses qui a une fonction
intermédiaire entre les gouverneurs et les cités. Mais même dans ces cas de
subdivision l’administration n’est pas permanente.
III. Le fonctionnement de « l’administration » dans les provinces
1. Le personnel des gouverneurs
Le gouverneur possède l’imperium dans sa province donc le
pouvoir civil et militaire. Dans toutes les provinces, il constitue le
personnage le plus important.
Il est assisté d’auxiliaires. Ils
sont de deux types :
-
Le Conseil du gouverneur (concilium) est composé
des légats et d’autres proches.
-
Un secrétaire particulier (accensus) qui est souvent un esclave ou un
affranchi et qui est l’homme de confiance du gouverneur.
Il y a quelques services
permanents (officium) qui ne changent
pas tous les ans
dans les provinces et permettent d’assurer une certaine continuité malgré les
changements de gouverneurs. On y trouve des militaires, des secrétaires,
auxiliaires religieux, des messagers. Parmi la suite des gouverneurs, on trouve
beaucoup d’esclaves ou d’affranchis. Malgré la permanence de ses services, il y
a certaines archives qui sont déplacées tous les ans.
2. Les attributions et l’activité du gouverneur
Le
gouverneur a des pouvoirs extrêmement étendus. L’objectif
du gouverneur est double. Il doit défendre les intérêts de Rome notamment sur
le plan fiscal. Il doit assurer le calme et la tranquillité dans les provinces.
Cela permet à Rome de vivre des provinces par l’impôt sans craindre des
révoltes.
On
peut parler quand même de trois domaines
principaux des fonctions du gouverneur :
·
Le maintien de l’ordre pour
assurer la tranquillité.
Le gouverneur possède l’imperium pour
commander des troupes. Il peut donc réprimer des agitations ou le brigandage.
·
Il contrôle la vie municipale des
cités. Il n’y a
pas d’administration dans les cités mais le gouverneur s’octroie un droit de surveillance notamment sur les
finances. Un certain nombre de dépenses locales doivent être autorisées par
le gouverneur notamment pour les travaux publics, importants et couteux. Le
gouverneur est aussi garant des élections locales et des assemblées.
·
Il exerce la justice. En pratique, le gouverneur devait
passer une grande partie de son temps à rendre la justice notamment parce que
le domaine judiciaire était large. Une
division entre la justice locale des cités et la justice provinciale du
gouverneur est faite. Dans cette dernière, il intervient dans des affaires
graves. Il est le seul à pouvoir condamner à la peine de mort. Il est également
celui qui s’occupe des instances d’appel. Il est obligatoirement saisi pour les
affaires où on encoure une amende importante. Le gouverneur est saisi
automatiquement quand il est appelé par un citoyen romain. Dans les provinces,
les tribunaux locaux peuvent être tenus par des non citoyens qui n’ont pas la
citoyenneté romaine. Un citoyen romain peut exiger un tribunal romain. Ils ont
même le droit d’exiger un jugement à Rome.
En
pratique, les tribunaux des gouverneurs sont engorgés. Cela pose des problèmes. Le
gouverneur peut déléguer son pouvoir judiciaire à ses légats. Ces délégations
ne suffisent pas. Il faut pouvoir se rendre jusqu’à la capitale, pouvoir s’y
loger et payer son passage pour passer avant les autres.
Les pouvoirs du gouverneur sont
très larges en théorie mais il n’a pas forcément de contact direct avec le
peuple
constituant cette province. Par ailleurs, les gouverneurs ne cherchent pas à
intervenir dans toutes les affaires. Le
pouvoir romain central ne cherche pas à s’étendre sur tout le territoire. Le
pouvoir cherche plutôt à prendre le pouvoir des administrations locales en les
contrôlant mais elles continuent d’exister.
3. La gestion des finances provinciales
Les procurateurs ont d’abord été
des affranchis. Dans le courant du I° siècle, ils sont remplacés par des
chevaliers romains.
La plupart du temps, les services de base sont rendus par des esclaves et des
affranchis. Ils constituent l’élite de la condition servile. Les procurateurs financiers, sont chargés
de superviser l’établissement des finances. Le premier impôt payé est l’impôt
direct, par tête en fonction de la taille des biens. Pour connaître combien
il y a d’habitants et déterminer ce qu’ils possèdent. Pour cela, les procurateurs supervisent des
recensements. Ils supervisent également la perception des impôts. Ils
peuvent faire des dépenses au nom de l’Etat et ils peuvent tenir un tribunal en
ce qui concerne les impôts.
A.
La réalité de la pratique administrative
L’administration
provinciale s’est améliorée à partir d’Auguste par rapport à la République. On connaît des abus perpétrés par
l’administration romaine. Ils sont de plusieurs sortes. Si on les connaît
cela laisse entendre qu’ils ont été réprimés.
-
La corruption, le trafic
d’influence.
-
L’autre
type d’abus qui semble récurrent est les
réquisitions abusives notamment concernant les logements.
Si on les connait c’est que les
provinciaux ont les moyens de porter plainte et qu’ils le font. Ce sont le plus
souvent des communautés qui attaquent. Deux autorités peuvent recevoir ces
plaintes, le Sénat et l’empereur.
La
loi principale est proposée par César, la
Lex Iuilia de repetundis. Cette
législation a été complétée par Auguste par les Edits de Cyrène. L’empereur recevait tout le temps des requêtes
appelées des libellus mais on n’en
connaît pas l’issue. Les empereurs sont
plutôt répressifs vis-à-vis des abus car ils y voient un risque de révolte
et un facteur d’instabilité.
B.
La présence réelle de l’administration
L’idéologie sous l’Empire était
de pouvoir durer. Donc l’administration romaine était sans doute brutale mais
plus consciente de ses limites que d’autres.
Il serait difficile de couvrir
tout le territoire du fait du faible nombre des administrateurs. L’administration romaine compte
600 sénateurs dont environ 200 occupants des fonctions administratives et
militaires à Rome en Italie et dans les provinces. Environ 400 fonctionnaires
étaient des officiers et des hauts fonctionnaires équestres. Quelques centaines
de militaires étaient détachés … L’essentiel de la vie quotidienne se passe
dans les cités. L’empire s’est appuyé sur les structures administratives
locales pour perdurer.
Merci à Christelle pour sa prise du cour
Merci à Christelle pour sa prise du cour
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