Habitat et droit à la ville : les
bidonvilles, comparaison Inde/Brésil
On va
travailler sur les mégalopoles, villes grandes numériquement, mais qui ne sont
pas des métropoles de commandement économique mondial. Habiter un bidonville
dans le droit à la ville ? Nous sommes dans des pays du sud, émergents qui
se développent avec l’industrie.
I.
« Bidonvilles » ?
De la « non ville » à la « ville dans la ville »
1) Le droit à la ville une question
juridique
Un
bidonville, slum ou favela, est une
occupation illégale d’un espace de la ville. Il n’y a pas de titre de
propriété. L’habitat est informel. Il n’est donc pas aux normes. Il n’y a pas
d’équipements. Cela s’ajoute à l’inconfort de l’habitat. Il y a parfois des
raccordements illégaux aux réseaux. Les conséquences concrètes sont
l’insalubrité, la vétusté, le manque d’équipements. Cela entraîne de nombreux
trafics. Au Brésil, au XIXème, les cortisos sont des quartiers crées
par des habitats spéculatifs insalubres mais légaux. En 1906, on interdit ces
formes d’habitat pour des raisons d’hygiène. Une sorte d’haussmannisation a
entraîné une destruction de ces quartiers. Parfois les individus reviennent sur
les mêmes territoires ou ailleurs pour créer des favelas illégalement. Un code
de la construction tente de régulariser cette situation. Dans les années 1950,
la municipalité tente de protéger les favelados en interdisant le fait de payer
des loyers dans des habitats illégaux. Cela crée des conflits entre les
propriétaires, des habitants illégaux, des intermédiaires qui provoquent une
précarité et une insécurité qui règnent dans les favelas. Des politiques de
logements sont mises en place. On détruit les favelas et on reloge les
habitants dans des périphéries lointaines. Le problème est que les favelas
persistent. L’Etat décide donc de régulariser en vendant des titres de
propriétés peu chers. L’Etat doit aussi régulariser l’espace urbain en
équipement. L’évolution est à la fois concrète et abstraite.
2) Espaces illégitimes, citadins
illégitimes ?
Doc 1 à 9
Inde : dégager la conception de la citadinité : qu’est-ce que c’est
qu’être un habitant légitime de la ville selon le pouvoir? Quelles sont les
conséquences sur les trajectoires de vie des populations des bidonvilles ?
Un
déplacement de la population est effectué pour remodeler le paysage
(construction des voies de transports, démolitions…). Les pressions financières
poussent les populations des bidonvilles de plus en plus vers les marges de la
ville qui ne cesse de s’étendre. L’Etat s’engage à reloger les habitants des
bidonvilles qu’ils vont démolir (Dharavi) mais leur nombre est bien plus élevé
qu’ils ne le pensent. De plus, sont considérés comme habitants ceux qui y
logent depuis avant une certaine date. Le gouvernement reconnaît un citadin
également par son adresse. Le fait de ne pas en avoir les prive de carte de
rationnement, l’accès à des magasins aux prix subventionnés, pas de pièce
d’identité, pas de droit de vote. Tout cela les met encore plus dans la
précarité. Par ailleurs, la démolition va détruire l’économie. Les relogés sont
de plus en plus décentrés et sont de plus en plus loin du centre.
La nature du
quartier se double à la stigmatisation de ceux qui y habitent. Il y a une forte
criminalisation de la jeunesse qui provient de la banalité des bavures
policières. Le taux de criminalisations est de 60% dans les favelas alors qu’il
est de 13% dans les quartiers riches. L’Etat tente d’agir par la
régularisation, le remodèlement du paysage urbain et le travail sur l’image.
Cela montre l’ambigüité des actions des pouvoirs publics. Le travail pour
intégrer les favelas n’est pas terminé. Tout se renforce : là où ils
habitent, qui ils sont et la stigmatisation dont ils sont victimes. En Inde,
les habitants des bidonvilles sont dans la criminalité car ils n’ont pas le
droit d’occuper les terrains. Les sans abri travaillent mais dans des petits
métiers informels. Les sans abri sont souvent des migrants des campagnes
souvent des hommes, seuls. Ces migrants gagnent de l’argent et gagnent leur
vie. Ils parviennent à envoyer de l’argent à leur famille. Leurs revenus sont
irréguliers et ils ne font pas forcément partie des plus faible. Le fait de ne
pas payer de logements maximise leur épargne pour envoyer à leur famille. Ils
sont largement réprimés par les services publics. Le rapport des autorités aux
sans abris est assez brutal.
II.
Etre
citadin dans un bidonville d’une ville globale : l’exemple de Mumbaï
1) Dharavi de l’industrialisation à la
tertiarisation de l’économie urbaine
La région
métropolitaine de Mumbaï compte environ 23 millions d’habitants avec 54% de la
population qui vit dans des bidonvilles. Mumbaï connaît une certaine
désindustrialisation. Le secteur tertiaire se développe. Il reste une activité
industrielle qui reste importante, seulement elle a changé. L’industrie s’est
transformée en industrie informelle, plus flexible. On a une polarisation de
plus en plus forte entre l’émergence d’une classe moyenne de cadres et un
secteur industriel où travaillent beaucoup de ceux qui vivent dans des
bidonvilles. A Dharavi, 80% de la population travaille dans l’industrie du
bidonville (textile, poterie, industrie du cuir, …). Il y a un fort dynamisme
économique mais dans des conditions très pénibles. Les salaires sont assez bas
par la concurrence des nouveaux migrants. Dharavi était un lieu de construction
stable pendant longtemps. Dans les années 1980, des opérations de
reconstructions ont été menées. Les populations des bidonvilles ont été
relogées sur place. Aujourd’hui c’est la démolition qui prime.
2) La réhabilitation de Dharavi ou
l’exclusion des citadins pauvres ?
A partir des
années 1990, un tournant néolibéral provoque une rupture. La libéralisation du
marché empire les conditions des habitants des bidonvilles. On tente de faire
de Mumbaï une ville globale. Dès 1995, un projet de remodélisation est en œuvre
à Dharavi. Le terrain a été vendu à 5 promoteurs. Le projet se réalise depuis
2007 et on procède à l’expulsion des habitants des bidonvilles. Mais ce projet
concerne des logements haut de gamme. Les habitants des bidonvilles sont
relogés vers des zones encore plus périphériques. Des problèmes sont à noter
dans les normes de ce que l’Etat propose. De plus, tous les individus ne sont
pas pris en compte. Quand ils seront relogés les individus perdront leur emploi
et leur outil de travail. Le problème est que les individus vont perdre leur
source de revenu. Il y a eu peu de concertation entre les pouvoirs publics et
les « citadins ». Il n’y a pas de politique de logement social.
= > A
travers ces différents exemples, les citadins non reconnus n’ont pas le droit à
la ville. Le droit à la ville est l’idée de vivre dans une ville de qualité.
Mais le droit à la ville est aussi le droit à la participation des individus
qui habitent dans les bidonvilles. Le droit à la ville selon Lefèvre est l’idée
de la maîtrise de la construction de la ville.
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