Le remaniement de Paris sous le Second
Empire
A travers les
travaux d’Haussmann, on va voir comment on peut appliquer les théories
d’Harvey. On va voir également comment avec les rapports de classe cela
contribue à la division sociale de l’espace. Les travaux d’Haussmann se
composent de changements urbains comme le percement d’avenues, de boulevards,
d’égouts,….
I.
Les
travaux d’Haussmann à Paris (1852-1870)
1) Les réalisations
On a là un
vaste programme de remaniement de Paris. Haussmann était préfet de la Seine.
C’était donc sa fonction de réaménager le territoire. A cette époque les
limites de Paris sont étendues administrativement. En 1860, on annexe
juridiquement les communes autour de Paris. La logique urbanistique aurait
voulu que l’extension de Paris soit sans fin. Cette extension va de pair avec
l’extension des enceintes notamment celle des Fermiers Généraux qui servaient à
prélever les impôts et à prévenir contre les fraudes fiscales. Cette enceinte
est détruite et est remplacée par celle de Thiers. L’haussmannisation est un
projet urbanistique global de modernisation de la ville. Le réseau viaire est
modifié (voies de communication => place, avenues, boulevards). En termes de
communication, il y avait l’ouverture des gares sur l’extérieur et reliées
entre elle. Réseaux techniques : égouts, adduction d’eau (un réseau d’eau
potable propre à la consommation mais il y a aussi un réseau d’eau municipal
pour arroser les jardins par exemple), monuments urbains (Opéra Garnier,
fontaines Wallace, éclairage), réseau de parcs et de jardins (squares de
quartier, jardins pour les plus grands quartiers, et les bois). L’idée est
d’homogénéiser l’espace. Vision de planification urbaine et d’anticipation. Les
réalisations abstraites sont les règlements d’urbanisme. Sur toutes les
avenues, un cahier des charges déterminent les caractéristiques des
constructions.
2) Contexte et postérité
Le Second
Empire est tune phase de modernisation, d’industrialisation donc de croissance
économique. Les éléments déclencheurs ont été les épidémies de choléra en 1832
et en 1849. La mise en place de l’Empire se fait par un coup d’Etat en 1852. Il
y a peu de contestation populaire car les bourgeois sont dissociés des ouvriers
depuis juin 48. Haussmann utilise des méthodes modernes pour l’époque :
l’emprunt. Le mode d’action sur la ville est l’expropriation avec une loi qui
visait à régler le problème de l’insalubrité des logements à des fins
urbanistiques. Haussmann s’en sert pour faire des percées. Un nouveau réseau se
superpose et est relié à l’ancien. La politique urbaine est menée par
l’investissement public. La revente des terrains aux promoteurs immobiliers
permet de combler l’emprunt. La plus-value, la rente immobilière est favorisée
par les investissements publics.
Beaucoup de
critiques concernent les travaux d’Haussmann pendant son vivant notamment sur
ses méthodes d’emprunt par Jules Ferry. Une critique conservatrice et
économique qui se double d’une critique de la destruction du vieux Paris avec
Victor Hugo. D’autres critiques générales viennent des habitants qui sont dans
une ville en travaux pendant 20 ans. Les travaux prennent du temps, la dette
dure. La critique se fait surtout sur l’aspect visionnaire des travaux
d’Haussmann qui veut urbaniser des espaces encore vides et qui vont selon lui être
bientôt urbanisés. Les travaux d’Haussmann sont stoppés car l’empereur le
révoque. La période haussmannienne continue pourtant sous la République.
II.
Place
des travaux dans la dynamique capitaliste et les rapports de classe
1) Transformer la ville pour faciliter
l’accumulation du capital
L’idée est
que l’Etat intervient directement mais cette intervention est faite pour le
système capitaliste. Au départ, c’est pour favoriser la circulation des
marchandises et des personnes. Mais cela entraîne également une amélioration
générale des habitants de Paris. La volonté est marquée de privilégier le
commerce par rapport à l’industrie qui est reléguée dans les périphéries. Cette
grande opération permet également découler le surplus de capitaux. C’est donc à
la fois faire du profit et le récupérer pour l’investir. A travers ça on lance
un nouveau secteur économique spéculatif => le secteur immobilier devient
une vraie activité lucrative. Les prix ont augmenté à Paris du fait de
l’haussmannisation. On exproprie des propriétaires et on exclut les locataires.
Les propriétaires reçoivent une indemnisation mais pas les locataires.
L’accumulation passe donc aussi par la dépossession.
2) Transformer la ville à l’avantage de
la bourgeoisie
De fait on
détruit des logements bons marché. A la place on fait des logements de
meilleure qualité donc beaucoup plus chers. Cela fait donc un tri social. La
hiérarchie se note dans les immeubles et dans les quartiers. Une certaine
division sociale de l’espace s’opère. Une partie des classes populaires
glissent vers les périphéries. Mais ils restent aussi dans le tissu social
entre deux avenues car les quartiers entre avenues restent inchangés. D’un côté
il y avait une volonté de couvrir toute la ville. Cependant, plus de travaux
sont effectués à l’ouest qu’à l’est. Plus qu’un embourgeoisement de la ville, on
peut dire que le principal mérite d’Haussmann est d’avoir évité que la
bourgeoisie s’en aille du centre ville.
Doc 3,4
Qu’est-ce que l’embellissement stratégique ? Comment on
l’interprète ? Pourquoi cette dimension des travaux d’Haussmann est-elle
souvent minimisée aujourd’hui ?
L’embellissement
stratégique est un remaniement et un réaménagement de la ville de Paris mais
elle a été le plus violent sur l’Ile de la Cité à Paris. Pour Haussmann un
désengorgement du quartier (beaucoup de monde, quartier vétuste, ancien…). La
stratégie réside dans le fait qu’Haussmann veuille dissoudre le quartier
populaire qui a fait la révolution en juin 48 (la rue Transnonain disparaît).
On trouve une volonté de faire disparaître tous les signes de la révolution et
d’instaurer un retour à l’ordre avec l’implantation d’institutions comme la
préfecture de police. La dimension qui est souvent minimisée aujourd’hui est
celle des rapports de classe. Le travail d’Haussmann est valorisé et on le voit
aujourd’hui comme un urbaniste qui aurait revalorisé l’architecture du XIX
alors qu’il avait une réelle volonté de transformer l’espace pour effacer la
révolution. Ce qui est minimisé c’est surtout la dimension de classe et
d’urbanisme. C’est une façon d’éviter de se poser des questions sur les
missions d’urbanismes.
Les travaux
d’Haussmann ont été une préoccupation de la Troisième République puisque les
travaux ont été poursuivis après. Les travaux pour empêcher les barricades ont
été un échec dans le sens où ils n’ont pas empêché la Commune et la montée de
barricade. Les missions urbaines sont présentées comme des missions neutres et
sont toujours l’objet d’un enjeu des rapports de classe et de domination.
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