lundi 5 mars 2012

Moderne 23 - 02 (cours 3)

Précédemment : Moderne 16 - 02






I.                   La forme des livres

1.      Les caractères

Le livre du début tend à imiter le manuscrit et petit à petit il va trouver sa forme propre. Du coup, les premiers caractères imitent l’écriture gothique qui a cours en Allemagne. Ces caractères sont plutôt épais et cela ne rend pas le livre très lisible. Progressivement, dans les pays latins (dont la France et l’Angleterre), un nouveau type de caractère émerge : le romain.
L’une des conséquences est que cette recherche des imprimeurs de caractères plus lisibles va pousser à la scission entre les caractères manuscrits et les caractères imprimés. De plus, le romain va vite s’imposer à toute l’Europe de Sud, seule l’Allemagne conservera le gothique jusqu’au XX° siècle.

2.      La page de titre : « état civil du livre » (Lucien Febvre)

Sur la page de titre qui n’existe pas à proprement parler, on trouve le nom de l’auteur, quelques mots pour résumer l’ouvrage et le livre débute. Progressivement, on va établir des premières pages. A la fin de l’ouvrage en revanche, on trouve un endroit qui présente le livre, parfois l’auteur, c’est le colophon. Petit à petit, le colophon entre en première page.
Longtemps les livres ne furent pas reliés et ils n’avaient pas de protection à la première page. Pour pallier à cela, on va progressivement laisser la première page blanche pour le protéger de la crasse. Cet espace délaissé devient alors une page libre de création. Vers 1415 – 1480, on se décide à mettre le titre de l’ouvrage et la marque de l’éditeur. La suite sera l’affaire de conventions et de modes dans la présentation du titre. En fait, cette page de titre est un élément de repérage dans les livres. On les repère facilement et on ne perd pas de temps, les livres sont plus faciles à manier et à s’approprier. Le livre peut être offert à des publics plus variés.

3.      La présentation du livre et les formats

Au début les livres manuscrits ont de nombreuses abréviations. Ces abréviations sont moins nécessaires avec les imprimés et rapidement elles disparaissent. Les caractères deviennent plus gros et les livres gagnent en lisibilité. La numérotation des pages renvoie au départ à un souci dans l’atelier même. Une fois la feuille produite, on plie la feuille. Pour monter rapidement les livres, ne devant pas se tromper dans l’ordre des livres, on prend l’habitude de numéroter les cahiers par lettres, les pages sont numérotées par nombre.
Le système de repérage du livre se complexifie aussi avec l’apparition de sommaire au début, d’index à la fin, … On peut se repérer dans le livre, y circuler sans le lire de la première à la dernière page. Les livres savants contenaient toutes ces gammes de bonus avec aussi des commentaires en marge qui sont de petits résumés de la page ou renvoyer à une référence. Progressivement ces annotations glissent vers le bas mais aussi vers la fin. La disparition des commentaires sur la page est compensée par des paragraphes plus courts, des chapitres, … Tout cela accentue encore la lisibilité du livre. On choisit des livres avec d’assez gros caractères et une lisibilité immédiate.

Certains manuscrits avaient déjà des petites tailles, mais souvent ils étaient courts. En revanche, avec le livret imprimé, on publie en petit format indépendamment de son contenu. Le livre qui se transporte facilement se banalise.

4.      L’association du texte et de l’image

Amadis de Gaule est un des premiers livres mélangeant nouveau et ancien (cône de colophon et première image illustrant le sujet). Les illustrations furent longtemps réservées aux livres prestigieux ou à ceux que l’on offrait aux grands princes avec des dessins pour compléter. Mais avec l’imprimé, on insère dans les caractères, un bois gravé. Ce bois gravé est réutilisable et peut se transmettre à un ou des collègues. Cette illustration des livres devient un style propre puisqu’on obtient des écoles d’illustrateurs de livres.


Le livre imprimé est-il si révolutionnaire ? Y’a-t-il rupture et si oui laquelle ? Les premiers livres imprimés imitant les manuscrits, la distinction est peu claire. Dès le XIII° siècle on avait un mode de production industrielle de manuscrits, en temps normal chaque copiste copiait un bout d’un même livre. Eisenstein conteste la révolution de l’imprimé, elle dit d’abord que l’imprimerie a permis de nouveaux foyers de cultures. En changeant de lieu, la savoir change de forme. La production des livres n’a pas la même logique de production que les manuscrits puisque l’imprimé tient
Autre débat la standardisation du livre, l’originalité du manuscrit disparait un peu. Les textes sont reproduits à l’identique en grand nombre et l’organisation des livres suit un principe majeur, la mise à disposition facile pour le lecteur.
Cela détermine aussi un changement dans les opérations intellectuelles permises par la lecture. Chaque individu à accès à beaucoup plus de livres, chaque livre peut atteindre beaucoup plus de lecteurs. Les lecteurs vont travailler depuis les livres et non plus les recevoir en circulant dans le livre. L’individualisation de la lecture ne se fait qu’avec la lecture silencieuse du livre propre à chacun.
Ce qui permet de parler de révolution, c’est le nombre de livres imprimés qu’on peut comparer au nombre de manuscrits. Cela permet une présence très large des livres dans la société. C’est comme si le livre devient, tout en étant un objet présent partout, un monde total, un espace à investir de plusieurs manières. Il est partout, cet espace de l’imprimé est susceptible de toucher toute la société alors il devient un espace stratégique. D’où les groupes sociaux qui vont se servir de l’espace de l’imprimé pour se faire connaître. La question de l’auteur dans l’Ancien Régime, c’est certes les auteurs savants, c’est aussi les auteurs moins connus qui par leur nom sur l’imprimé peuvent connaître un essor social. Il y a donc un coté social dans la dimension du livre.






Fabriquer et vendre des imprimés (XVI° - XVIII° siècle)


Cours surtout centré sur la France mais on fera quelques balisages dans les pays alentours.


I.                   Les ouvriers du livre et les livres

1.      La hiérarchie de l’atelier

Le prote, savant de l’atelier qui est en charge de vérifier la mise en page de chaque livre. Il doit s’occuper de la partie délicate de la justification et déterminer le format du livre. Il compose les pages les plus délicates du livre qui formeront un modèle pour les ouvriers qui termineront le travail. D’une manière générale il coordonne l’atelier et donne la paye en fin de semaine.
On trouve d’une part le compositeur (ou le singe) et d’autre part le pressier. A la presse, ils sont deux pour activer la presse. Mais la coordination est compliquée, les patrons veulent éviter les temps morts mais cela change en fonction de nombreux critères dont ceux du tirage. Pour un tirage de 1 000 exemplaires, il faut trois compositeurs pour deux pressiers. Pour 2 000 exemplaires, on met deux pressiers pour un compositeur (car celui-ci a donc plus de temps pour faire sa casse car les pressiers doivent activer la machine plus qu’avant). En réalité, les petits imprimeurs n’ont qu’une presse, du coup, pour gagner de la souplesse dans le rapport compositeur – pressiers, certains ont deux à trois presses. On peut alors répartir le travail selon le nombre de presses.

2.      Une aristocratie artisanale ?

A.     L’accès à la maîtrise

Au XVI° siècle, on a des compagnons qui parviennent à devenir maître, chose peu évidente puisqu’il faut un capital économique pour le matériel, notamment avec la hausse du prix du papier. Si au XVI° siècle il est encore possible de passer maître, au XVII° siècle, cela devient plus compliqué. En effet, les maîtres confient leurs tâches à leurs enfants, certains compagnons se marient à des veuves de maîtres.

Cette fermeture du métier est très organisée par le pouvoir royal. Cela provoque des crispations chez les compagnons qui parfois ouvrent des ateliers clandestins lors des fortes demandes toujours concomitantes aux périodes de politisation (guerres de religion, crise de la fronde, Révolution, …).


Il manque la fin : le B et le C (à venir sous peu)

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