vendredi 23 mars 2012

Photo 23 - 03 (cours 11)

Précédemment : Photo 19 - 03







III.                   La conquête du temps de pose

1.      De la plaque de verre à la « révolution kodak »

Les ??? à la gélatine vont permettre une plus grande sensibilité à la lumière. On a autant de contraste avec moins de lumière.

A.     Du négatif verre ou gélatinobromure d’argent

Puisque le procédé est sec, l’industrie y voit son affaire et s’y lance. Les temps de pose se comptent en centième de secondes. Cela amène à une amélioration du temps de pose.

B.     Le négatif sur film celluloïd

Les plaques de verre restent un frein au développement de la photographie, ne serait-ce que pour leur déplacement et l’encombrement qu’elles produisent. Le passage au support celluloïd est le fait des travaux d’un certain Georges Eastmann qui lance dans les années 1880 un appareil qu’il prénomme Kodak. Commercialisé en France dès 1889 est extrêmement simple et léger. Il embarque une pellicule plastique dans son ventre. Les premiers films sont en nitrates de cellulose et sont très inflammable. Ce film permet d’enregistrer plusieurs photos sur une bobine relativement peu lourde. Kodak fait développer des formats qui lui sont propres jusqu’en 1914 ce qui explique que la firme va commercialiser l’ensemble du processus de commercialisation.
Plus encore l’usage de l’appareil est très simplifié, on monte la bobine à l’intérieur et c’est le revendeur qui développe le film, tire les photos et remet une bobine à l’intérieur. Pour la première fois, l’usager de la photographie n’a pas besoin de connaître l’usage des techniques pour développer ses photos. Les compétences en chimie ne sont plus nécessaires. Cette révolution est contenue dans le slogan « Pressez le bouton, nous faisons le reste ». Cela fait une mutation dans le travail du photographe. Ce type d’appareil photo va connaître dans les années 1930 une ultime révolution avec le développement du 35 mm issu du monde du cinéma. C’est la hauteur de la bobine qui est définit par une firme allemande : Leica. Cette firme a une grande notoriété auprès des professionnels et amateurs et il deviendra l’outil par excellence des photoreporter. Ce sont eux qui vont populariser le format 24*36 mm, le format roi des années 1960 – 1970. Les photographes y seront si attachés qu’avec le basculement numérique, les capteurs gardent le format 24*36 mm.

2.      La photographie au début du siècle : une révolution culturelle

Les transformations ne sont pas que techniques, elles renvoient aussi aux usages. Fin XIX° siècle, la photographie permet à ceux qui en font usage pour faire de nouveaux types de vues et d’images : les instantanés. Pour la première fois, on parvient à figer un mouvement, à donner à voir une image qu’il n’est pas concevable de se représenter à l’œil nu. Une chaîne économique complexe avec un support souple en celluloïd en passant par des presses spécialisées, des clubs photographiques, … Cet instantané se retrouvera dans le domaine scientifique (analyse des mouvements du corps, de la chute d’un objet, …). Le medium photographique permet d’explorer le visible et beaucoup des auteurs feront de nouveaux types d’images.

A cela s’ajoute le fait que la photographie devient une activité familiale dont s’emparent femmes et enfants. Loin des amateurs de la bonne société, la photographie va toucher un public de plus en plus large, sinon socialement ce sera au moins l’âge et le genre. Jacques-Henri Lartigue issu d’une grande famille bourgeoise fortunée, il va recevoir à 9 ans son appareil et il va produire des séries d’images qu’il va ranger soigneusement dans des albums numérotées et annotées. Cela constitue une source intéressante pour connaître la vie des bourgeoisies de la Belle Epoque. Cela s’explique par la facilité d’accès à ce medium, mais ce sera les années 1950 – 1960 que la photographie pénétrera vraiment les classes populaires en se massifiant. En l’espace de quelques temps, les usages se sont radicalement transformés.


 Dorothy Lange, Migrant Mother


La photographie documentaire


Genre photographique qui traverse une large partie du XX° siècle, il se revendique du documentaire. Or c’est paradoxal puisque toute image serait un document. Tout au XX° siècle, cette photographie jouit d’un prestige et on peut parler d’un style documentaire avec quelques grands maîtres comme Jacob Riis, Lewis Hine, Eugène Atget, August Sander, Walker Evans ou encore Dorothea Lange. Cette dernière publia Migrant Mother, une photo célèbre. La fin des années 1920 se finit avec une dépression sociale qui touche les farmers du Sud des USA. Ils enchaînèrent sur une crise de surproduction suite à la demande agricole interrompue de l’Europe à la fin de la Grande Guerre, et donc un effondrement des prix. Vinrent ensuite des épisodes de sécheresses qui les ruinèrent surtout lors de l’épisode du Dust Bowl, une succession de tempêtes de poussières qui asséchaient le sol. A cela s’ajoute la crise de 1929. Les trois éléments conjugués provoquèrent une crise très grave pour cette population fermière qui dut quitter ces terres pour essayer de rejoindre le pays de Cocagne que représentait la Californie. Oklahoma, Kentucky, … Cette grande migration est décrite dans Les raisins de la colère. Dorothea Lange participe à une mission de la Farm Security Administration (FSA) qui doit prendre en photo cette migration. Elle nous présente alors une femme épuisée au visage marqué, tenant son bébé évoquant une vierge à l’enfant. On a un contraste fort entre son regard lointain projeté vers l’avenir et celui de ses enfants qui se détournent de l’appareil photographique refusant de se projeter. Le cadre plus large la montre dans une situation de déchéance dans un champ de betterave vide. Cette image a donné du crédit à la photographie documentaire.

En revanche, ce domaine est problématique par d’un coté un tronc commun de ces photographes. Il faut un respect de l’objet montré, montrer les choses telles qu’elles sont. Avec cette volonté de montrer la réalité, des choses fiables et on renie la retouche. Ce tronc commun est très général, l’image fut soumise à polémique puisque Dorothy Lange a retouché son image. Ainsi sur le négatif on voyait son pouce et on ne voyait pas le visage du bébé. Lange supprima cette partie pour révéler le bébé. D’un autre coté, on a trois déclinaisons de cette photographie documentaire avec une déclinaison encyclopédique et pédagogique de la photo documentaire comme le fera Albert Kahn, une déclinaison patrimoniale avec Eugène Atget et enfin une déclinaison sociale avec Dorothy Lange ou Lewis Hine. Les deux premières adhèrent à la société. On photographie pour conserver, pour témoigner, … La seconde agit dans le sens contraire en rejetant, en dénonçant et en contestant. La photographie documentaire se fait au début du XX° siècle avec les deux premières tendances qui se développent mais ce sera seulement dans les années 1930 que la veine sociale l’emporte.

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