III.
La conquête du
temps de pose
1.
De la plaque de verre à la « révolution kodak »
Les ???
à la gélatine vont permettre une plus grande sensibilité à la lumière. On a
autant de contraste avec moins de lumière.
A.
Du négatif verre ou gélatinobromure d’argent
Puisque le procédé
est sec, l’industrie y voit son affaire et s’y lance. Les temps de pose se comptent en
centième de secondes. Cela amène à une amélioration du temps de pose.
B.
Le négatif sur film celluloïd
Les plaques de
verre restent un frein au développement de la photographie, ne serait-ce que pour leur déplacement
et l’encombrement qu’elles produisent. Le
passage au support celluloïd est le fait des travaux d’un certain Georges Eastmann
qui lance dans les années 1880 un appareil qu’il prénomme Kodak.
Commercialisé en France dès 1889 est extrêmement simple et léger. Il embarque
une pellicule plastique dans son ventre. Les premiers films sont en nitrates de
cellulose et sont très inflammable. Ce film permet d’enregistrer plusieurs
photos sur une bobine relativement peu lourde. Kodak fait développer des formats qui lui sont propres jusqu’en 1914 ce
qui explique que la firme va commercialiser l’ensemble du processus de
commercialisation.
Plus
encore l’usage de l’appareil est très simplifié, on monte la bobine à
l’intérieur et c’est le revendeur qui développe le film, tire les photos et
remet une bobine à l’intérieur. Pour la
première fois, l’usager de la photographie n’a pas besoin de connaître l’usage
des techniques pour développer ses photos. Les compétences en chimie ne
sont plus nécessaires. Cette révolution est contenue dans le slogan « Pressez le bouton, nous faisons le reste ».
Cela fait une mutation dans le travail du photographe. Ce type d’appareil photo
va connaître dans les années 1930 une ultime révolution avec le développement
du 35 mm issu du monde du cinéma. C’est
la hauteur de la bobine qui est définit par une firme allemande : Leica.
Cette firme a une grande notoriété auprès des professionnels et amateurs et il
deviendra l’outil par excellence des photoreporter. Ce sont eux qui vont
populariser le format 24*36 mm, le format roi des années 1960 – 1970. Les
photographes y seront si attachés qu’avec le basculement numérique, les
capteurs gardent le format 24*36 mm.
2.
La photographie au début du siècle : une révolution
culturelle
Les transformations
ne sont pas que techniques, elles renvoient aussi aux usages. Fin XIX° siècle, la photographie permet à ceux qui
en font usage pour faire de nouveaux types de vues et d’images : les
instantanés.
Pour la première fois, on parvient à figer un mouvement, à donner à voir une
image qu’il n’est pas concevable de se représenter à l’œil nu. Une chaîne
économique complexe avec un support souple en celluloïd en passant par des
presses spécialisées, des clubs photographiques, … Cet instantané se retrouvera
dans le domaine scientifique (analyse des mouvements du corps, de la chute d’un
objet, …). Le medium photographique
permet d’explorer le visible et beaucoup des auteurs feront de nouveaux types
d’images.
A cela s’ajoute le
fait que la photographie devient une activité familiale dont s’emparent femmes
et enfants. Loin des amateurs de la bonne société, la photographie va toucher
un public de plus en plus large, sinon socialement ce sera au moins l’âge et le
genre. Jacques-Henri
Lartigue issu d’une grande famille bourgeoise fortunée, il va recevoir à
9 ans son appareil et il va produire des séries d’images qu’il va ranger
soigneusement dans des albums numérotées et annotées. Cela constitue une source
intéressante pour connaître la vie des bourgeoisies de la Belle Epoque. Cela
s’explique par la facilité d’accès à ce medium, mais ce sera les années 1950 –
1960 que la photographie pénétrera vraiment les classes populaires en se
massifiant. En l’espace de quelques temps, les usages se sont radicalement transformés.
Dorothy Lange, Migrant Mother
La photographie documentaire
Genre
photographique qui traverse une large partie du XX° siècle, il se revendique du
documentaire. Or
c’est paradoxal puisque toute image serait un document. Tout au XX° siècle,
cette photographie jouit d’un prestige et on peut parler d’un style
documentaire avec quelques grands maîtres comme Jacob Riis, Lewis Hine,
Eugène
Atget, August Sander, Walker Evans ou encore Dorothea
Lange. Cette dernière publia Migrant Mother, une photo
célèbre. La fin des années 1920 se finit avec une dépression sociale qui touche
les farmers du Sud des USA. Ils
enchaînèrent sur une crise de surproduction suite à la demande agricole
interrompue de l’Europe à la fin de la Grande Guerre, et donc un effondrement
des prix. Vinrent ensuite des épisodes de sécheresses qui les ruinèrent surtout
lors de l’épisode du Dust Bowl, une
succession de tempêtes de poussières qui asséchaient le sol. A cela s’ajoute la
crise de 1929. Les trois éléments conjugués provoquèrent une crise très grave
pour cette population fermière qui dut quitter ces terres pour essayer de
rejoindre le pays de Cocagne que représentait la Californie. Oklahoma,
Kentucky, … Cette grande migration est décrite dans Les raisins de la colère. Dorothea Lange participe à une
mission de la Farm Security
Administration (FSA) qui doit prendre en photo cette migration. Elle nous
présente alors une femme épuisée au visage marqué, tenant son bébé évoquant une
vierge à l’enfant. On a un contraste fort entre son regard lointain projeté
vers l’avenir et celui de ses enfants qui se détournent de l’appareil
photographique refusant de se projeter. Le cadre plus large la montre dans une
situation de déchéance dans un champ de betterave vide. Cette image a donné du
crédit à la photographie documentaire.
En revanche, ce
domaine est problématique par d’un coté un tronc commun de ces photographes. Il
faut un respect de l’objet montré, montrer les choses telles qu’elles sont. Avec cette volonté de montrer la
réalité, des choses fiables et on renie la retouche. Ce tronc commun est très
général, l’image fut soumise à polémique puisque Dorothy Lange a retouché son
image. Ainsi sur le négatif on voyait son pouce et on ne voyait pas le visage
du bébé. Lange supprima cette partie pour révéler le bébé. D’un autre coté, on a trois déclinaisons de cette photographie
documentaire avec une déclinaison encyclopédique et pédagogique de la photo
documentaire comme le fera Albert Kahn, une
déclinaison patrimoniale avec Eugène Atget et enfin une déclinaison sociale avec Dorothy Lange ou Lewis Hine. Les deux premières adhèrent à la société.
On photographie pour conserver, pour témoigner, … La seconde agit dans le sens
contraire en rejetant, en dénonçant et en contestant. La photographie
documentaire se fait au début du XX° siècle avec les deux premières tendances
qui se développent mais ce sera seulement dans les années 1930 que la veine
sociale l’emporte.
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