mercredi 28 mars 2012

Td géo sociale 26-03


Injustices spatiales à Maputo : de la ville coloniale à la ville post-coloniale

Maputo est la capitale du Mozambique. C’est une ancienne colonie portugaise. Elle a été découverte par Vasco de Gama en 1498 jusqu’en 1975. C’est une colonisation avec peu de développement. La décolonisation est tardive car entre 1932 et 1975 Salazar fait sévir au Portugal une dictature. Un front de libération du Mozambique est crée le Frelimo. Il était à la fois contre le colonialisme et contre le capitalisme. La fin de la dictature de Salazar permet de trouver un accord sur la libération du pays. Samora Machel est élu président entre 1975 et 1986. Il met en place une démocratie populaire. Cela devient un parti unique et le régime est autoritaire. Mais il se veut socialiste et est allié à l’URSS. Les industries et les fermes sont nationalisées et le contrôle étatique est très fort. Le pays est très pauvre. Entre 1975 et 1995, une guerre civile sévit contre le régime en place. En 1989, le Frelimo abandonne officiellement le marxisme. Depuis 1995, il y a des élections qui sont pluralistes mais c’est toujours le Frelimo qui gagne ce qui prouve le caractère peu démocratique de celles-ci. Aujourd’hui, le Mozambique est un des pays les plus pauvres du monde. L’espérance de vie n’est que de 41 ans. Le pays est peu urbanisé car 1/3 de la population est urbaine. La monnaie est le métical (mt). La langue est le portugais. La ville de Maputo s’appelait avant 1975 Lourenço Marques du nom d’un explorateur. Maputo est le nom du fleuve qui se jette dans la mer au niveau de la ville.

         I.            De  Lourenço Marques à Maputo : un changement de nom pour une ville plus juste ?

1)       Lourenço Marques une ville pour les Blanc ?

Dans la ville coloniale, une forte dualité urbaine est à l’œuvre. La cidade ou cimento regroupait 16% de la population sur 18% de la superficie. Des services urbains et des équipements sont présents. Elle représente la modernité. C’est la vitrine du Mozambique. Au-delà de la cidade, il y a le suburbio ou caniço (roseaux) où les Noirs vivent. Les Blancs considéraient que les Noirs n’avaient pas le droit de résider dans la cidade. Ils vivaient donc dans la clandestinité et dans l’informalité. Cette structure duale était donc d’autant plus forte qu’on ne reconnaissait pas le droit de résidence des Noirs. Les Noirs ne peuvent donc pas être des citadins. Ils sont de passage dans la ville. Il y a donc une ségrégation raciale. Cet espace du suburbio n’est absolument pas aménagé. Dès 1920, la population blanche devient minoritaire, ce qui est paradoxal car c’est cette minorité qui est légitimée.

2)       Maputo le temps de l’indépendance : l’égalitarisme ou la justice sociale ?

En 1975, arrive au pouvoir le Frelimo. Le nouveau président dénonce la forme de la ville coloniale. L’idée est que l’Etat va prendre en charge toutes les injustices. Les logements sont nationalisés. Beaucoup de Blancs sont partis lors de l’indépendance. Cela fait des logements vacants pour les Noirs. Comme l’Etat est propriétaire les prix sont plus bas. Ils ont donc accès à l’eau ou aux écoles, aux différents services. Dans les années 1980, il n’y a plus de ségrégation raciale. En revanche, l’Etat étant pauvre, il ne peut pas développer des équipements ex nihilo. L’Etat proclame la gratuité des services mais là où il n’y en a pas, l’Etat n’a pas moyen de les construire. Donc la ségrégation raciale se transforme en ségrégation sociale. L’égalitarisme comme principe de justice trouve ses limites dans le fait que l’Etat est pauvre et que le pays est dans un contexte de guerre civile. La ville a donc gardé sa structure duale. De plus, par manque d’argent, le centre se dégrade par manque d’entretien.

        II.            Les avatars du développement ou la justice sociale dans la ville libérale ?

1)       Du socialisme au libéralisme …dans la ville

En 1989, le Frelimo abandonne le marxisme. La ville est restée inégalitaire. Dans les années 1980, l’Etat est au bord de dépôt de bilan. Le pays demande de l’aide au FMI et à la Banque Mondiale qui impose une politique néolibérale. Les services urbains sont privatisés, les aides sont supprimées. Ils proposent un partenariat public/privée donc des entreprises privées avec l’Etat pour développer des réseaux d’eau. Mais l’eau devient privée, payante et son prix augmente. Même les bornes fontaines publiques deviennent privées. On passe à un principe d’équité mais cela reste quand même plus cher pour eux même si des subventions existent pour les plus pauvres. L’optique se place par rapport à l’offre. On ne se préoccupe pas si les gens peuvent ou non payer l’eau. Il y a un progrès dans le raccordement mais pas de l’accès à l’eau. De plus, la privatisation mène à une logique de profit et de rentabilité donc elle est inégalitaire.

2)       Sentiment d’injustice et institutions locales

Doc 3 et 10 : Confronter les expériences des citadins de l’injustice et le choix fait en termes de gouvernance urbaine Quels sont les écarts entre les pratiques citadines et les politiques publiques ?

Il y a une injustice car les pouvoirs publics n’ont pas les moyens de mettre en place un réseau correct et ils se permettent de réprimander. Il voit l’injustice également par rapport à l’accès à l’information. Si les habitants ne connaissent pas leurs droits ils ne peuvent pas agir pour faire changer les choses. Il dénonce le fait que ce soit extrêmement cher et que les services fournis soient moindres.

Il y a également de l’injustice par rapport aux aides que l’Etat n’apporte pas. Il conçoit les injustices à une autre échelle. Il incrimine l’Etat qui n’agit pas : aides, salaires. Il insiste sur la responsabilité de l’Etat.

Au niveau de la gouvernance urbaine, l’Etat tente à travers des entreprises publiques de mettre en place les équipements pour la population mais celles-ci sont inefficaces car elles ne parviennent pas à les mettre en place. Ces entreprises publiques basculent alors dans le privé. Donc l’Etat n’a pas vraiment de politique publique.

Les écarts entre les pratiques citadines qui développent un système D pour pallier un système public inexistant.

= > Il y a un sentiment d’injustice qui était déjà présent pendant la période égalitaire car le suburbio n’a jamais bénéficié de cette politique égalitaire. Cette injustice n’est pas exprimée car il n’y a pas de lieu pour exprimer cette injustice. Depuis 1995, un processus de démocratisation lent se met en place mais cela se fait dans un contexte de privatisation et de libéralisation. Dans la période socialiste dans tous les pays il y avait un maillage territorial fin qui est un moyen d’encadrement. Les représentants de quartier ne sont désormais plus nommés par le parti mais ils sont élus par les habitants du quartier. Mais ces élections locales sont contrôlées par la Frelimo. Une dynamique de démocratisation est active sur le papier mais elle est fictive. Ce processus de démocratisation formelle va avec la privatisation des services donc impose un système injuste. Le problème de toutes ces politiques est qu’elles viennent toujours d’en haut. On ne prend jamais en compte de ce que veulent vraiment les habitants. Ils ne participent donc pas aux politiques urbaines. Le silence ne s’exprime pas politiquement. C’est alors le signe d’une oppression.

3)       Quelle justice sociale dans la fourniture des services urbains

La notion de justice est complexe. Selon les périodes, ceux qui sont au pouvoir n’ont pas la même définition de ce qui est juste. Pour la période coloniale, les services urbains sont limités au centre. Mais pour les colonisateurs, c’était juste. Les Noirs n’étaient pas là légitimement pour eux donc ils ne se posaient pas la question de faire quelque chose pour eux. La loi de justice ne concernait que les Blancs. Avec la période socialiste, on est dans la rupture complète. L’idée est que tout le monde puisse avoir accès aux services et gratuitement. C’est le principe de l’égalitarisme. Mais l’Etat ayant des pouvoirs limités, ils ne peuvent pas fournir l’accès pour tous. Les principes qui sont mis en avant peuvent paraître justes mais c’est aussi le fait que l’Etat est très autoritaire et il refuse l’autonomie des populations. De plus, l’Etat nie toute responsabilité. A la période néolibérale des années 1980, les principes ont changé. Ce qui est juste, c’est que le système soit efficace et l’équité. Donc au niveau des équipements cela se traduit par le développement des points de raccordements. Mais cela ne signifie pas que l’accès à l’eau soit établi. Ce qui est injuste c’est aussi la démocratisation qui est fictive. La justice est toujours vue par le haut et ils l’imposent aux populations qui sont réduites au silence. La première injustice réside dans l’association des populations dans la définition de la justice. L’idée est que l’accès est généralisé. Cette égalité d’accès cache les inégalités de structures et les inégalités de prises de pouvoir.

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