lundi 6 février 2012

Urbaine 06 - 02 (cours 1)

Semestre 2


La grosse pomme by night



Introduction


Il existe plusieurs types de sociologies urbaines, parler de sociologie urbaine au singulier est peu pertinent. Ce champ d'étude est très éclaté et quatre formes principales émergent. La sociologie de la ville est la plus ancienne branche de cette sociologie. D'illustres sociologues s'y sont consacrés trouvant surprenant cette forme spatiale particulière (Max Weber). La sociologie des rapports sociaux et des modes de vie en ville se consacre aux rapports entretenus par des individus au sein même de la ville, Autant d'individus au sein d'une même ville est un phénomène récent et développe un sens de la ville. La sociologie des objets urbains est beaucoup plus récente, elle est très actuelle et se cible par exemple sur les jeunes des cités. Enfin la sociologie des influences spatiales se consacre aux effets des facteurs spatiaux sur les interactions spatiales (Goffman en serait un bon représentant).
En général dans la plupart des cas on étudie les trois premières sociologies, mais ce cours va tenter de reprendre la toute dernière conception qui est rarement étudiée.

Pour mieux l'approcher, on va s'intéresser à quatre grands champs de sociologie : économie, emploi, éducation et mode de vie.



 Marx en BD


Influences spatiales dans le champ économique


Liens entre le phénomène urbain et la performance des systèmes économiques


  1. Système économique et performance

Un système économique peut être considéré comme un ensemble d'agents qui produisent un ensemble de biens et services divers et qui les mettent en vente sur le marché. Cela mélange institutions publiques et privées. On distingue les biens pour la production matérielle (technologies, médicaments, …) et les services pour la production immatérielle (comptabilité, conseil juridique, …). L'objectif est de faire des bénéfices, de vendre sur le marché à des prix supérieurs aux coûts de production. L'écart entre le coût de production et la vente se nomme la valeur ajoutée. Cette valeur ajoutée peut se traduire comme une forme de soustraction. La valeur ajoutée d'un système économique va illustrer sa performance, plus il en a, plus le système économique est puissant.

La valeur ajoutée n'est pas le seul indice des économistes. Il existe aussi le Produit Intérieur Brut (PIB) qui est la somme des valeurs ajoutées des entreprises d'un pays, en quelque sorte la valeur ajoutée d'un pays. Cela présente la performance d'un système économique national.

Cependant, cet indicateur est insensible à la taille des systèmes économiques. Par exemple, comparer le PIB danois (210 milliards de dollars pour 5 millions en 2003) au PIB turcs (240 milliards de dollars pour 70 millions en 2003). Il y a donc un effet de taille qui joue et les Danois sont en réalité plus performants que les Turcs.
On utilise donc un indicateur amélioré appelé la productivité : la valeur ajoutée divisée par la quantité de facteurs de production mobilisée. Selon Marx deux grands types de production existent le travail humain et le capital (outil, bâtiment, machines, …). On calcule en général la productivité partielle (productivité d'une facteur de production) et plus rarement la productivité globale (productivité de l'ensemble des facteurs de production).


  1. Performance économique et phénomène urbain : indice d'un lien fort

La science économique orthodoxe s'est vite imposée comme la spécialité des phénomènes économiques. Quoiqu'il en soit, ces gens sont largement majoritaires à ignorer l'influence des variables spatiales. La production n'est fonction que de la quantité de capital qu'on peut mobiliser, la quantité de travail et la quantité de technologie). Pourtant, on constate empiriquement que le phénomène spatial et urbain joue un rôle dans la performance des sciences économiques. Il faudrait ajouter alors un nouvelle variable, celle de l'espace.

  1. Parallèle historique entre développement économique et urbanisation des nations

Il y a un lien historique entre développement économique et urbanisation des pays occidentaux. Ainsi les pays les plus développés du monde sont souvent très urbanisés. La richesse des pays augmente faiblement jusqu'au XIX° siècle avant de s'envoler. La productivité mondiale a été multipliée par 200 au cours de ces deux derniers siècles. Cette période s'accompagne toujours d'une urbanisation très rapide et ce sans exception. Fin XVIII° siècle, la plupart des pays occidentaux étaient urbanisé de 20% à 30% à la fin du XX° siècle, ils étaient de 80% à 90%.
Lorsque l'on compare les pays du monde actuel, mis à part les pays situé sur un puits de pétrole. Toujours est-il que les pays les plus urbanisés sont toujours les plus riches, et vice-versa.

  1. Concentration des forces productives dans les métropoles depuis les années 1970

Depuis les années 1970, on assiste à un redéploiement vers les plus grandes métropoles de la planète. Une grande vague de métropolisation au niveau de l'emploi a eu lieu. Les taux de création d'entreprises et d'emplois ont été plus concentrés dans les métropoles. De même, l'étude des mobilité montre une polarisation des capitaux et des travailleurs vers les métropoles. Aujourd'hui, une plus grande part des richesses mondiales sont produites dans les métropoles. Cette tendance va à l'encontre des théories bâties par les économistes orthodoxes.
Les économiste s'intéressant à l'espace on des théories. L'entreprise, pour faire des profits, cherche à réduire les coûts de production. Parmi ces coûts, certains sont liés aux transports et à la communication. On trouve les coûts de transport, celui des postes de travail, … Dans une entreprise tout le monde doit communiquer ce qui augmente les coûts de communication. Les entreprises qui parviennent à maîtriser cela sont donc les entreprises les pus performantes.
Donc si les agents économiques sont séparés par une distance importante, alors cela augmente les coûts. La ville devient alors une forme utile à la réduction des transports et des communications. La ville est une forme d'organisation spatiale du travail économique qui réduit les coûts. Mais il faut alors que ces coûts soient lourds pour les entreprises. Or dans leur évolution, les coûts de transport sont assez faibles. De plus, parallèlement à la diminution des coûts, les coûts de ses transports ont diminué ce qui s'ajoute aux évolutions techniques et aux hausse des moyens. Puisque cela pèse de moins en moins dans les entreprises, alors elles ne devraient pas se soucier de l'espace. Or au contraire, il semble que ces entreprises vont massivement s'installer dans les villes. Si ce n'est pas pour minimiser les coûts de transport pourquoi s'installer dans ces grandes villes ?

  1. Surproductivité des grandes villes

La productivité des systèmes urbains croît avec la taille des villes, plus une ville est grande, plus cette ville est performante. On sait pour une part que cela dépend de deux effets de structure : activités des structures économiques et de structures des emplois en terme de qualification. Si certains secteurs sont très performants, d'autres le sont moins. Plus le poids d'une ville est grande, plus les secteurs performants et pointus s'y retrouvent concentrés. Cela explique en partie la productivité des grandes métropoles qui sont surproductives par rapport à des entreprises de petite villes ou des villes moyennes.
Il y a aussi des différences de productivité entre emplois au sein d'un secteur économique. La productivité des cadres et des ouvriers est un exemple récurrent. Les ouvriers sont moins productifs que les cadres. Cela est vrai pour l'ensemble des secteurs. Là encore les emplois les plus productifs sont sureprésentés en ville. Plus une ville est grande plus le poids de ses emplois qualifiés est élevé. Dans l'industrie automobile, les cadres élevés sont plutôt dans les grandes villes, les ouvriers plutôt en province.

Si les métropoles sont plus productives c'est parce que les emplois productifs et les secteurs productifs y sont concentrés. Or même en supprimant ces effets, on constate que malgré tout les entreprises restent présentes en ville. Marie-Paul Rousseau a constaté qu'il y a un écart de 14 000 euros supplémentaires en moyenne entre un emploi annuel à Paris et un emploi ailleurs en France. Cet écart de productivité brut s'élève à 35%. En gommant les activités de structures des secteurs économique à haute productivité, Rousseau constate que cela n'efface qu'un quart des 35% de différence. Lorsqu'elle supprime les effets de structure des emplois à haute productivité, cela efface encore 35% des 35% de la surproductivité parisienne. Il existe donc encore 40% de différence inexplicable sur la surproductivité parisienne par rapport à la province.
Pour résumer en gommant les effets de structures, il reste 13% de différence entre Paris et la province. Cela se chiffrait à 24 milliards dans les années 1990. Ce serait le bonus économiques de la productivité parisienne liée à l'attraction exercée par cette immense métropole qu'est l'agglomération parisienne. Ça représente trois points de PIB.

On en conclu donc qu'implantées dans des grandes villes, les entreprises sont plus productives. Sans villes, pas ou très peu de croissance économique. On constate une agglomération spatiale des forces productives alors que les coûts des transports sont faibles. Enfin, même en gommant les effets de structure, les entreprises sont plus performantes en ville.

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