Caracalla et Auguste
Rome
et ses provinces : d'Auguste à Caracalla
Avec Caracalla
en 212, tout les citoyens
libres des provinces romaines acquièrent la citoyenneté romaine.
Tout l'objectif est de savoir comment on part depuis Auguste d'un
Empire fragmentée pour arriver à un Empire unifié sous Caracalla.
Jusqu'à quel point l'Empire a une unité ? Sur quels plans ? Dans
quelles mesures les empereurs ont-ils cherché à homogénéiser cet
Empire ?
Cet Empire est très
large de la Bretagne à l'Égypte en passant par la Péninsule
Ibérique, les Pays-Bas, l'Autriche, la Turquie jusqu'au Tibre. Cet
Empire est immense et ce sera un des derniers grands Empires, suivi
de l'Empire musulman. Mais cela reste un Empire méditerranéen
plutôt qu'européen. Les régions développées de cet Empire sont
les côtes méditerranéennes avant tout. Des marqueurs indiquent
ce passé impérial avec des monuments (amphithéâtres, forums,
thermes, …), un certain type d'architecture (aqueducs,
routes, équipement, …), parfois des traces linguistiques
sauf dans les régions arabes. Qu'on soit à Nîmes, Alexandrie,
Carthage ou Éphèse, on trouve un même style urbain. La question
est de savoir si on va au delà. Y'a-t-il eut une homogénéisation
plus grande de cet Empire ?
A l'époque de
l'extension maximale de l'Empire, celui-ci se répand sur 5000 km
d'Est en Ouest et ??? km du Nord au Sud. Cela fait 4 millions de km²
son seul équivalent étant l'Empire Han. Ce dernier représente 20%
de la population mondiale de l'époque, tout comme l'Empire romain.
Entre ces deux Empire, l'Empire Parthe.
Sous Auguste
on estime à 45 millions d'habitants et on atteindrait 60 millions
vers 160 avant de décliner lentement. Bien entendu cela dépend des
régions. Pour calculer cela, on se sert à la fois des
techniques de l'époque comparées à celles de zones où l'on
connait aussi la démographie. La densité est de 15 habitants au km²
à l'époque. Mais cela reste une moyenne, la Méditerranée se
serait plutôt 20 à 25 km². Enfin la
population urbaine est relativement importante, pas tant en
Gaule (10% au plus) qu'en Italie ou en Égypte (toute deux à 30%).
On a donc pour l'époque une densité importante avec un
urbanisation importante. A tel point qu'il existe pour l'époque
des mégalopoles. Rome à 1 million d'habitants, Alexandrie la suit
avec 500 000 habitants au moins, Antioche avec 300 000 habitants puis
Carthage avec 200 000 habitants. Plusieurs autres villes ont environ
100 000 habitants. Cela permet donc un commerce important qui
entraîne un accroissement de la population et une relative
prospérité économique. Cela est renforcé par la paix
intérieure assurée (à quelques guerres civiles près), pas de
grandes famines grâce à ce territoire qui compense les disettes
locales et très peu d'épidémies, probablement grâce à la paix et
la nourriture. Cela va d'Auguste à Marc-Aurèle en 160 avant ensuite
de retomber. L'Empire romain était donc riche et certaines de ses
caractéristiques ne reviendront qu'au XIX° siècle.
Ruines romaines des thermes d'Antonin à Carthage
Repères
chronologiques et spatiaux
- Les conquêtes républicaines
- L'Italie
Rome
serait dans l'imaginaire fondée en –
753 et la République en –
509. Les conquêtes commencent par l'Italie et
seulement ensuite, la cité s'attaque à l'extérieur. Il faudra
presque un siècle pour prendre toute l'Italie. Tarente ne
tombe qu'en – 212, les
Romains entrent alors en contact avec les Grecs, juste à coté, et
sont arrivés au bout de leur conquête de la péninsule. Pour
atteindre la Gaule cisalpine, cela se fait au – III° siècle. Le –
IV° et le – III° siècle sont ceux de la conquête de l'Italie.
A
chaque cité italienne son statut pour Rome donc il n'y a pas
d'unification. Soit Rome annexe la ville mais c'est rarement le
cas, en général, elle leur donne leur autonomie mais celles-ci
s'avèrent soumises en politique extérieure à Rome. A partir de
– 90, les habitants des
cités italiennes ont un changement de statut en faisant les égaux
avec les Romains, même si ça ne change rien à la différence du
fonctionnement politique des villes.
Sous
Auguste l'Empire est divisée en onze régions mais l'Italie n'est
pas une province, c'est un statut intermédiaire entre Rome, capitale
de l'Empire à laquelle l'Italie est soumise, et les provinces.
- Les guerres puniques à la domination sur le bassin méditerranéen
Une
fois l'Italie conquise, Rome se heurte à d'autres Empires, en
premier lieu Carthage. Cela entraîne les guerres puniques.
La première entre – 264 à – 241 et
la seconde débutant en – 218 opposant
Scipion à Hannibal, ce dernier vaincu à Zama en –
202. Carthage est alors détruite et c'est la première
victoire des Italiens en-dehors de chez eux. Par cette occasion Rome
récupère lors de la première guerre punique Sicile, Sardaigne et
Corse, lors de la seconde, Rome récupère l'Espagne. Rome récupère
les richesses de ces territoires.
Rome
enchaîne alors les conquêtes. Le –
II° siècle ce sont les côtes de l'Espagne, le
sud de la Gaule, les bords de l'Adriatique, le monde grec ainsi que
Carthage. A l'époque des guerres civiles –
I° siècle, on creuse dans les terres avec la
Gaule, les bords de l'Afrique, l'Égypte, la Namibie, …
Les
guerres civiles provoquent les conquêtes à cause des concurrences
entre prétendants. Au final avec la victoire d'Auguste en 31,
les conquêtes n'ont jamais cessé. Cette volonté de conquête
était-elle consciente dès le lendemain de Zama, ou bien cela
s'est-il fait sans plans ? La réponse est intermédiaire. Les
dirigeants de la république romaine en –
202 ne veulent pas conquérir toute la Méditerranée
mais ils se considèrent comme les arbitres légitimes des conflits
qui peuvent se dérouler en Méditerranée. Cette théorie est celle
de la guerre juste, déjà appropriée par les Romains. C'est
donc un facteur de guerre et de domination.
- L'espace dominé par Rome à l'époque d'Auguste
- Les provinces à l'époque d'Auguste
Il
y a encore des conquêtes sous Auguste mais de façon plus limitée.
Auguste va conquérir l'intérieur de l'Afrique méditerranéenne,
l'Égypte qu'il prend suite à la défaite de Cléopâtre, alliée de
Marc-Antoine. Il prend aussi le Nord de l'Espagne, le centre des
Alpes, L'Anatolie intéressante économiquement et permettant surtout
le contact avec les Parthes. Les territoires passés le Rhin ne sont
gagnés que temporairement avant d'être partiellement perdus.
D'autres territoires ne sont pas conquis mais leurs souverains
doivent se conformer aux exigences romaines (Mauritanie, Thrace,
entre l'Anatolie et le royaume Parthe).
- La domination universelle : l'Empire vu par les Romains sous Auguste
Avec
la chute de la République et la mise en place de l'Empire, Auguste
conçoit une République impériale et cela impacte sur la
représentation géographique de l'Empire. L'administration est plus
développée et des cartes apparaissent. Il y a une rationalisation
du territoire. Les Romains héritent de la cartographie de la
période hellénistique, le monde sous forme de Chlamyde (vêtement)
avec un monde en trois partie : Europe, Libye (Afrique) et l'Asie ou
l'Inde. Ératosthène avait
compris grâce au soleil quelle était la surface de la Terre. Donc
on sait que la Terre est ronde, qu'elle se mesure et qu'on trouve
dessus un espace habité et humanisé qu'il nomment « oikoumène ».
Cependant
en mesurant la circonférence de la Terre, on constate que
l'oikoumène est tout petit. Cratès
va alors propager un raisonnement, il y a un espace connu, mais il
existerait d'autres oikoumènes eux aussi
habités. Cratès, proche des stoïciens, fait parti avec Cicéron
de ceux qui ont propagés ce courant à Rome entre le – II° siècle
et le – I° siècle. Ainsi Strabon
nous décrit un monde plus vaste grâce aux conquêtes romaines. La
forme reste cependant la même. Avec Ptolémée
qui est bien plus tardif (90 – 168), la forme est toujours la même
mais les détails sont plus nombreux.
Tout
une discipline romaine existe là-dessus : la géographie aussi
nommée la chorographie. Ils participent ainsi au progrès
général. La mer Méditerranée quant à elle est nommée mare
nostrum (Notre mer) ou mare internum (mer intérieure).
Auguste
fait monter une carte de toutes les zones dominées par Rome et
l'affiche à Rome. C'est à Marcus Vipsanius Agrippa, son ami qu'il
confie sa création. Il fait donc un bâtiment où l'on affiche
cela. Cela permet de présenter le fait que les Romains dominent
l'ensemble du monde habité. Auguste reprend cela aussi dans ces
discours. C'est un aspect, scientifique, idéologique mais aussi
administratif. Cette préoccupation d'Auguste lui permet de faire
réaliser une liste de toute une communauté des provinces dans un
document : le Brevarium totius imperii. Ce document a un intérêt
administratif mais entrait aussi dans le coté politique et
idéologique puisque ce texte était dans le testament d'Auguste.
Malgré tout les Romains savent que certains territoires ne sont
pas sous leur contrôle. Auguste déclare alors que les Romains
occupent le monde utile, le reste n'en vaut guère la peine.
Cette conception vacille au II° et III° siècle. La réussite des
conquêtes de Rome a plusieurs explications à l'époque : les
institutions romaines permettraient les victoires romaines, la
bienveillance des dieux assurent aussi la victoire romaine et la
situation géographique de Rome et de l'Italie y joue aussi.
Il
existe aussi des itinéraires, des cartes destinées au voyage avec
une vision déformée mais qui dévoile les chemins à suivre.
- Principales évolutions de l'espace dominé entre Auguste et Caracalla
- Repère chronologiques sur l'histoire impériale
La
première dynastie est celle des Julio-Claudiens. Les Julii coté
Auguste et les Claudiens coté Tibère.
Cela fait cinq empereurs jusqu'à Néron
dernier Julio-Claudien qui se suicide en 68. Entre 68
et 69 on a une guerre
civile, l'année des quatre empereurs. Suit alors la dynastie des
Flaviens (Vespasien, Titus
et Domitien). Ce
dernier est assassiné en 96 entraînant une guerre civile menant
Nerva au pouvoir. Il fonde la
dynastie des Antonins (96 – 192).
Cette dynastie utilisait l'adoption pour faire un successeur, ce
n'était pas toujours les enfants directs et ils sont souvent âgés
à leur arrivée au pouvoir. Il y a donc une forme de compétence
dans le pouvoir de l'empereur, sauf peut être avec le dernier,
Commode fils de Marc-Aurèle
qui devient un tyran.
En
192, fin des Antonins et
arrivée des Sévères avec Septime
Sévère bénéficiant de la guerre civile à la mort de
Commode. Il vient d'une famille provinciale, d'Afrique du Nord avec
peu de liens avec l'aristocratie romaine. Septime Sévère donne son
pouvoir à ses fils Caracalla et
Gera. Caracalla assassine son
frère avant d'être assassiné en 212
après avoir donné la citoyenneté romaine à tout les citoyens des
provinces romaines.
Ensuite
viendront de nombreux empereurs romains de la famille des Sévères
mais avec des règnes tumultueux et brefs.
- Les annexions des royaumes clients et les réorganisations provinciales
Les
successeurs d'Auguste font peu de conquêtes militaires mais annexent
les royaumes clients (surtout sous Tibère et Claude), ils ne
brisent pas la paix augustéenne sauf Claude
qui veut conquérir la Bretagne. Quand le roi meurt, on envoie un
administrateur le remplacer. Dans le cas d'une mort qui tarde, on
peut l'assassiner. Mauritanie, Thrace et Cappadoce y auront droit. Un
seul royaume client demeure en Mésopotamie mais il sera perdu par
Rome dans la suite.
Par
ailleurs il y a une réorganisation provinciale des frontières
qu'Auguste a fixé. Les régions sont mouvantes, l'espace n'est pas
statique dans les conceptions.
- Les conquêtes d'Auguste à Trajan
Sous
Trajan (99
– 117), l'Empire atteint son apogée. La Bretagne
est prise sous Claude dans les années 40. La frontière se stabilise
seulement avant l'Écosse et est matérialisée (mais peu
performante) par le mur d'Hadrien. Au Nord-est, la frontière tient
au Danube sauf la Dacie (actuelle ) conquise par Trajan. Les Flaviens
prendront un morceau de la Germanie. Sous Trajan, la Mésopotamie est
aussi conquise.
- Le front du II° siècle
Une
fois cette emprise maximale atteinte, les Romains buttent sur deux
fronts. A partir de 150
les guerres seront quasi-permanentes. Le premier front est le Danube.
Vers 160, la Datie subit des incursions qui passent le Danube.
Marc-Aurèle passe son temps sur le Danube à mener ses légions. Les
Romains doivent reculer pour la première fois. Le royaume Parthe
s'agite aussi et à la même époque, ils font reculer le royaume
romain. A tel point qu'en 218 l'empereur romain doit acheter la
paix. L'Empire perd donc de sa stabilité et se dirige vers un
III° siècle instable.
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