jeudi 9 février 2012

Antique 08 - 02 (cours 1)


Caracalla et Auguste



Rome et ses provinces : d'Auguste à Caracalla


Avec Caracalla en 212, tout les citoyens libres des provinces romaines acquièrent la citoyenneté romaine. Tout l'objectif est de savoir comment on part depuis Auguste d'un Empire fragmentée pour arriver à un Empire unifié sous Caracalla. Jusqu'à quel point l'Empire a une unité ? Sur quels plans ? Dans quelles mesures les empereurs ont-ils cherché à homogénéiser cet Empire ?

Cet Empire est très large de la Bretagne à l'Égypte en passant par la Péninsule Ibérique, les Pays-Bas, l'Autriche, la Turquie jusqu'au Tibre. Cet Empire est immense et ce sera un des derniers grands Empires, suivi de l'Empire musulman. Mais cela reste un Empire méditerranéen plutôt qu'européen. Les régions développées de cet Empire sont les côtes méditerranéennes avant tout. Des marqueurs indiquent ce passé impérial avec des monuments (amphithéâtres, forums, thermes, …), un certain type d'architecture (aqueducs, routes, équipement, …), parfois des traces linguistiques sauf dans les régions arabes. Qu'on soit à Nîmes, Alexandrie, Carthage ou Éphèse, on trouve un même style urbain. La question est de savoir si on va au delà. Y'a-t-il eut une homogénéisation plus grande de cet Empire ?

A l'époque de l'extension maximale de l'Empire, celui-ci se répand sur 5000 km d'Est en Ouest et ??? km du Nord au Sud. Cela fait 4 millions de km² son seul équivalent étant l'Empire Han. Ce dernier représente 20% de la population mondiale de l'époque, tout comme l'Empire romain. Entre ces deux Empire, l'Empire Parthe.
Sous Auguste on estime à 45 millions d'habitants et on atteindrait 60 millions vers 160 avant de décliner lentement. Bien entendu cela dépend des régions. Pour calculer cela, on se sert à la fois des techniques de l'époque comparées à celles de zones où l'on connait aussi la démographie. La densité est de 15 habitants au km² à l'époque. Mais cela reste une moyenne, la Méditerranée se serait plutôt 20 à 25 km². Enfin la population urbaine est relativement importante, pas tant en Gaule (10% au plus) qu'en Italie ou en Égypte (toute deux à 30%). On a donc pour l'époque une densité importante avec un urbanisation importante. A tel point qu'il existe pour l'époque des mégalopoles. Rome à 1 million d'habitants, Alexandrie la suit avec 500 000 habitants au moins, Antioche avec 300 000 habitants puis Carthage avec 200 000 habitants. Plusieurs autres villes ont environ 100 000 habitants. Cela permet donc un commerce important qui entraîne un accroissement de la population et une relative prospérité économique. Cela est renforcé par la paix intérieure assurée (à quelques guerres civiles près), pas de grandes famines grâce à ce territoire qui compense les disettes locales et très peu d'épidémies, probablement grâce à la paix et la nourriture. Cela va d'Auguste à Marc-Aurèle en 160 avant ensuite de retomber. L'Empire romain était donc riche et certaines de ses caractéristiques ne reviendront qu'au XIX° siècle.






Ruines romaines des thermes d'Antonin à Carthage





Repères chronologiques et spatiaux


  1. Les conquêtes républicaines

  1. L'Italie

Rome serait dans l'imaginaire fondée en – 753 et la République en – 509. Les conquêtes commencent par l'Italie et seulement ensuite, la cité s'attaque à l'extérieur. Il faudra presque un siècle pour prendre toute l'Italie. Tarente ne tombe qu'en – 212, les Romains entrent alors en contact avec les Grecs, juste à coté, et sont arrivés au bout de leur conquête de la péninsule. Pour atteindre la Gaule cisalpine, cela se fait au – III° siècle. Le – IV° et le – III° siècle sont ceux de la conquête de l'Italie.
A chaque cité italienne son statut pour Rome donc il n'y a pas d'unification. Soit Rome annexe la ville mais c'est rarement le cas, en général, elle leur donne leur autonomie mais celles-ci s'avèrent soumises en politique extérieure à Rome. A partir de – 90, les habitants des cités italiennes ont un changement de statut en faisant les égaux avec les Romains, même si ça ne change rien à la différence du fonctionnement politique des villes.
Sous Auguste l'Empire est divisée en onze régions mais l'Italie n'est pas une province, c'est un statut intermédiaire entre Rome, capitale de l'Empire à laquelle l'Italie est soumise, et les provinces.

  1. Les guerres puniques à la domination sur le bassin méditerranéen

Une fois l'Italie conquise, Rome se heurte à d'autres Empires, en premier lieu Carthage. Cela entraîne les guerres puniques. La première entre – 264 à – 241 et la seconde débutant en – 218 opposant Scipion à Hannibal, ce dernier vaincu à Zama en – 202. Carthage est alors détruite et c'est la première victoire des Italiens en-dehors de chez eux. Par cette occasion Rome récupère lors de la première guerre punique Sicile, Sardaigne et Corse, lors de la seconde, Rome récupère l'Espagne. Rome récupère les richesses de ces territoires.

Rome enchaîne alors les conquêtes. Le – II° siècle ce sont les côtes de l'Espagne, le sud de la Gaule, les bords de l'Adriatique, le monde grec ainsi que Carthage. A l'époque des guerres civiles – I° siècle, on creuse dans les terres avec la Gaule, les bords de l'Afrique, l'Égypte, la Namibie, …
Les guerres civiles provoquent les conquêtes à cause des concurrences entre prétendants. Au final avec la victoire d'Auguste en 31, les conquêtes n'ont jamais cessé. Cette volonté de conquête était-elle consciente dès le lendemain de Zama, ou bien cela s'est-il fait sans plans ? La réponse est intermédiaire. Les dirigeants de la république romaine en – 202 ne veulent pas conquérir toute la Méditerranée mais ils se considèrent comme les arbitres légitimes des conflits qui peuvent se dérouler en Méditerranée. Cette théorie est celle de la guerre juste, déjà appropriée par les Romains. C'est donc un facteur de guerre et de domination.


  1. L'espace dominé par Rome à l'époque d'Auguste

  1. Les provinces à l'époque d'Auguste

Il y a encore des conquêtes sous Auguste mais de façon plus limitée. Auguste va conquérir l'intérieur de l'Afrique méditerranéenne, l'Égypte qu'il prend suite à la défaite de Cléopâtre, alliée de Marc-Antoine. Il prend aussi le Nord de l'Espagne, le centre des Alpes, L'Anatolie intéressante économiquement et permettant surtout le contact avec les Parthes. Les territoires passés le Rhin ne sont gagnés que temporairement avant d'être partiellement perdus. D'autres territoires ne sont pas conquis mais leurs souverains doivent se conformer aux exigences romaines (Mauritanie, Thrace, entre l'Anatolie et le royaume Parthe).

  1. La domination universelle : l'Empire vu par les Romains sous Auguste

Avec la chute de la République et la mise en place de l'Empire, Auguste conçoit une République impériale et cela impacte sur la représentation géographique de l'Empire. L'administration est plus développée et des cartes apparaissent. Il y a une rationalisation du territoire. Les Romains héritent de la cartographie de la période hellénistique, le monde sous forme de Chlamyde (vêtement) avec un monde en trois partie : Europe, Libye (Afrique) et l'Asie ou l'Inde. Ératosthène avait compris grâce au soleil quelle était la surface de la Terre. Donc on sait que la Terre est ronde, qu'elle se mesure et qu'on trouve dessus un espace habité et humanisé qu'il nomment « oikoumène ».
Cependant en mesurant la circonférence de la Terre, on constate que l'oikoumène est tout petit. Cratès va alors propager un raisonnement, il y a un espace connu, mais il existerait d'autres oikoumènes eux aussi habités. Cratès, proche des stoïciens, fait parti avec Cicéron de ceux qui ont propagés ce courant à Rome entre le – II° siècle et le – I° siècle. Ainsi Strabon nous décrit un monde plus vaste grâce aux conquêtes romaines. La forme reste cependant la même. Avec Ptolémée qui est bien plus tardif (90 – 168), la forme est toujours la même mais les détails sont plus nombreux.
Tout une discipline romaine existe là-dessus : la géographie aussi nommée la chorographie. Ils participent ainsi au progrès général. La mer Méditerranée quant à elle est nommée mare nostrum (Notre mer) ou mare internum (mer intérieure).

Auguste fait monter une carte de toutes les zones dominées par Rome et l'affiche à Rome. C'est à Marcus Vipsanius Agrippa, son ami qu'il confie sa création. Il fait donc un bâtiment où l'on affiche cela. Cela permet de présenter le fait que les Romains dominent l'ensemble du monde habité. Auguste reprend cela aussi dans ces discours. C'est un aspect, scientifique, idéologique mais aussi administratif. Cette préoccupation d'Auguste lui permet de faire réaliser une liste de toute une communauté des provinces dans un document : le Brevarium totius imperii. Ce document a un intérêt administratif mais entrait aussi dans le coté politique et idéologique puisque ce texte était dans le testament d'Auguste. Malgré tout les Romains savent que certains territoires ne sont pas sous leur contrôle. Auguste déclare alors que les Romains occupent le monde utile, le reste n'en vaut guère la peine. Cette conception vacille au II° et III° siècle. La réussite des conquêtes de Rome a plusieurs explications à l'époque : les institutions romaines permettraient les victoires romaines, la bienveillance des dieux assurent aussi la victoire romaine et la situation géographique de Rome et de l'Italie y joue aussi.
Il existe aussi des itinéraires, des cartes destinées au voyage avec une vision déformée mais qui dévoile les chemins à suivre.


  1. Principales évolutions de l'espace dominé entre Auguste et Caracalla

  1. Repère chronologiques sur l'histoire impériale

La première dynastie est celle des Julio-Claudiens. Les Julii coté Auguste et les Claudiens coté Tibère. Cela fait cinq empereurs jusqu'à Néron dernier Julio-Claudien qui se suicide en 68. Entre 68 et 69 on a une guerre civile, l'année des quatre empereurs. Suit alors la dynastie des Flaviens (Vespasien, Titus et Domitien). Ce dernier est assassiné en 96 entraînant une guerre civile menant Nerva au pouvoir. Il fonde la dynastie des Antonins (96 – 192). Cette dynastie utilisait l'adoption pour faire un successeur, ce n'était pas toujours les enfants directs et ils sont souvent âgés à leur arrivée au pouvoir. Il y a donc une forme de compétence dans le pouvoir de l'empereur, sauf peut être avec le dernier, Commode fils de Marc-Aurèle qui devient un tyran.
En 192, fin des Antonins et arrivée des Sévères avec Septime Sévère bénéficiant de la guerre civile à la mort de Commode. Il vient d'une famille provinciale, d'Afrique du Nord avec peu de liens avec l'aristocratie romaine. Septime Sévère donne son pouvoir à ses fils Caracalla et Gera. Caracalla assassine son frère avant d'être assassiné en 212 après avoir donné la citoyenneté romaine à tout les citoyens des provinces romaines.
Ensuite viendront de nombreux empereurs romains de la famille des Sévères mais avec des règnes tumultueux et brefs.

  1. Les annexions des royaumes clients et les réorganisations provinciales

Les successeurs d'Auguste font peu de conquêtes militaires mais annexent les royaumes clients (surtout sous Tibère et Claude), ils ne brisent pas la paix augustéenne sauf Claude qui veut conquérir la Bretagne. Quand le roi meurt, on envoie un administrateur le remplacer. Dans le cas d'une mort qui tarde, on peut l'assassiner. Mauritanie, Thrace et Cappadoce y auront droit. Un seul royaume client demeure en Mésopotamie mais il sera perdu par Rome dans la suite.
Par ailleurs il y a une réorganisation provinciale des frontières qu'Auguste a fixé. Les régions sont mouvantes, l'espace n'est pas statique dans les conceptions.

  1. Les conquêtes d'Auguste à Trajan

Sous Trajan (99 – 117), l'Empire atteint son apogée. La Bretagne est prise sous Claude dans les années 40. La frontière se stabilise seulement avant l'Écosse et est matérialisée (mais peu performante) par le mur d'Hadrien. Au Nord-est, la frontière tient au Danube sauf la Dacie (actuelle ) conquise par Trajan. Les Flaviens prendront un morceau de la Germanie. Sous Trajan, la Mésopotamie est aussi conquise.

  1. Le front du II° siècle

Une fois cette emprise maximale atteinte, les Romains buttent sur deux fronts. A partir de 150 les guerres seront quasi-permanentes. Le premier front est le Danube. Vers 160, la Datie subit des incursions qui passent le Danube. Marc-Aurèle passe son temps sur le Danube à mener ses légions. Les Romains doivent reculer pour la première fois. Le royaume Parthe s'agite aussi et à la même époque, ils font reculer le royaume romain. A tel point qu'en 218 l'empereur romain doit acheter la paix. L'Empire perd donc de sa stabilité et se dirige vers un III° siècle instable.

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