dimanche 19 février 2012

Moderne 16 - 02 (cours 2)

Précédamment : Moderne 09 - 02


Aldo Manuce




L’utilisation d’une technique métal permet de caractériser cette forme. Garamond en inventa une série de caractères typographiques parfois des caractères individuels parfois des ligatures, liens entre deux caractères.
Les livres ont plusieurs formats : in folio, pour une feuille sous la presse, on imprime deux pages en la pliant ; in quarto, une feuille sous la presse, on imprime quatre pages, in huit

Le typographes pioche les caractères et les met dans la forme pour faire une page. Ensuite on imprime, on range les caractères et on recommence. Il existait des techniques de gravure sur bois, on imprimait des feuilles sur une plaque de bois mais la plaque était définitivement gravée. Il fallait donc recommencer à zéro. Avec le métal et le moule cela peut resservir plusieurs fois.

A.     Gutenberg entre Mayence et Strasbourg

Gutenberg est un orfèvre d’origine, né à Mayence entre 1394 et 1399. Son père est lui-même un orfèvre qui à la charge de battre les monnaies de l’archevêque de Mayence. Gutenberg va s’exiler de Mayence et on le retrouve à Strasbourg en 1434. Il est alors devenu un ingénieur tentant de vivre de ses inventions. Il aurait inventé un système pour polir les pierres précieuses, un procédé pour fabriquer des miroirs (Strasbourg étant une ville de petits miroirs lié à Aix la Chapelle : les fidèles avaient des petits miroirs pour capter un reflet de l’aura des reliques de cette ville sainte), et l’imprimerie. Il a trouvé des associés à Strasbourg, ce qu’on connait par un conflit avec des associés sans qu’on soit sur qu’il soit rattaché à l’imprimerie. Il revient à Mayence en 1448, où il va contracter des prêts « pour l’œuvre des livres ». Un nouveau conflit entre associés émerge ce qui va donner la création de plusieurs entreprises d’imprimerie. On a donc simultanément plusieurs entreprises qui naissent donc.
Cela commence par des formulaires administratifs, dont des lettres d’indulgence (remise sur le temps passé au purgatoire), des calendriers, des almanachs, … On trouvait aussi des manuels d’enseignement du latin, les livres les plus utilisés car destinés aux étudiants. Enfin on trouvait aussi de grands livres avec la Bible de Gutenberg, qui correspondait à une demande de l’Eglise tout en imitant le style manuscrit, pour montrer que l’imprimerie pouvait faire aussi bien que le manuscrit.




1.      Les contextes de l’invention de l’imprimerie

A.     Une époque de renouveau urbain

Au XV° siècle, l’Europe sort de siècles difficiles avec des pestes et des guerres importantes.  Le mode de l’économie médiévale a atteint ses limites et donc c’est un moment de crise. C’est un moment où l’on peut voir réapparaître les notaires et les lettres de change utiles au commerce. C’est aussi une époque importante pour les Etats modernes avec l’apparition de l’impôt régulier, ainsi que par la présence accrue de juges.
Les villes d’Allemagne du Sud sont en période de renaissance. La France qui avait joué un rôle important dans le développement du commerce européen est bloquée. Le commerce passe des Flandres à l’Italie non plus par l’Allemagne mais par le Sud de l’Allemagne (Cologne, Mayence, Strasbourg, …). Ces villes sont donc en prospérité économique. A cela s’ajoute la demande d’éducation à la croisée du monde religieux et profane. Profane car avec les nouveaux Etats, les élites comprennent que leurs enfants doivent être éduqués pour trouver des emplois. Préoccupation religieuse car l’Allemagne du Sud devient le foyer d’un mouvement de piété, la devotio moderna (dévotion moderne). Mouvement parti de la Hollande et touchant vite l’Allemagne du Sud. Il prône une spiritualité intérieure en passant par le livre pieu. Le débouché de ces deux axes en éducation sera le collège, établissement où l’on rentre vers 11 – 12 ans jusqu’à 16 – 17 ans. Mais il y a un renouveau lié à la collection de livres manuscrits. Les bibliothèques de couvents et de cathédrales se multiplient et apparaissent les premières bibliothèques municipales. Ces collections s’enrichissent par des achats, des dons et des legs tant de riches ou savants que de clercs. L’offre et la demande des livres est en pleine expansion.

B.     D’autres techniques et d’autres inventions qui accompagnent l’imprimerie

Avec l’imprimerie, le papier doit se développer. Son arrivée en Occident date du XIV° siècle. Venu de Chine, amené par les Arabes et récupéré par les Espagnols, il ne prend son essor qu’avec le moulin à papier italien qui va se propager aussi.
La gravure aussi se propage d’abord sur bois puis sur métal. La technique sur bois sera complémentaire à l’imprimerie pour les pages avec du texte et des images.
Enfin c’est aussi la période où on récupère séparément les métaux d’argent, de cuivre et de plomb. Cela tient au succès de l’exploitation de mines en Allemagne.

Au départ une affaire d’ingénieurs, le livre n’est pas que le support de ce qui serait important. C’est un objet complexe à fabriquer demandant pas mal de capitaux et débouchant sur la naissance d’un métier qui va se diffuser très rapidement dans toute l’Europe. D’abord en Allemagne puis en Italie ensuite en Espagne et en France. La France saura vite rattraper son retard. Environ 27 000 éditions de livres antérieurs au XVI° siècle nous sont parvenues. On peut alors extrapoler que 10 millions de livres avaient été créés pour 100 millions d’Européens et 1 millions de lecteurs.
Les premiers imprimeurs auraient pu être mobiles pour être plus près du marché Dans un second temps, ils se sont installés en ville et ont passé contrat avec des clercs qui se sont vite mêlés d’imprimerie.



I.                   L’édition aux premiers temps de l’imprimerie

Les livres imprimés avant 1500 sont nommés incunables, ils sont rares. Ici nos livres sont entre 1480 et 1530 durant lesquels se forment nos livres actuels. C’est la période de transition entre des livres proches du manuscrit et le moment où le livre imprimé à ses propres caractéristiques.

Deux grandes directions vont être suivies : la multiplication d’un même texte à un nombre d’exemplaires assez grands, cela signifie la fabrication précoce de livres à un usage courant (livres scolaires, de sermons, de prières, affiches royales, …) et la fabrication de livres élégants et renommés. La première technique sera destinée à tout le monde, les seconds aux hommes riches et savants. On a une production adaptée à différents types de lecteurs.

1.      Comparaison de l’acclimatation du livre à Paris et à Lyon

La répartition des imprimeries est homogène sur l’espace français. Mais deux grands centres se démarquent : Paris et Lyon. A Paris, cela passait par le milieu des Clercs de la Sorbonne, ils orientent leurs travaux dans une perspective humaniste de redécouverte de l’héritage antique. Cela va de paire avec une critique des habitudes intellectuelles et de travail des universités médiévales. Le premier atelier d’imprimerie installé à Paris prend place par deux membres du collège de la Sorbonne (Guillaume Fichet et Jean Heynlin), deux étudiants venus faire leurs études à Paris. Ce sont les premiers à installer une presse à la Sorbonne. D’abord ils produisent un recueil épistolaire, qui enseigne comment bien faire les lettres, il est importé d’Italie. Ensuite ils vont produire beaucoup de classiques de l’antiquité. Ils sélectionnent soigneusement les manuscrits qui leur semblent plus justes et proches des originaux quitte à les faire venir de loin par l’intermédiaire de leurs réseaux : une population savante est donc ciblée par les deux étudiants. En 1472, l’atelier quitte la Sorbonne pour filer au quartier latin, cœur des universités à la rue Saint Jacques, grand lieu des éditions à Paris grâce aux étudiants de la Sorbonne.

Par contraste à Lyon, le premier imprimeur n’est pas un savant, c’est un entrepreneur nommé Barthélémy Buyer. Son but n’est pas d’offrir des textes plus précis à ses lecteurs mais d’éculer ses produits par l’intermédiaire des foires de Lyon. Ce ne sont plus des gros livres savants, Buyer veut atteindre un public instruit mais pas savant. Des clercs, des prédicateurs, des bourgeois (commerçants) et des petits nobles seront son public. Il imprime des traductions en français du nouveau testament, une Bible abrégée, des légendes de saints (Légende dorée de Jacques de Voragine) et des romans. Tout ces livres ont déjà fait leurs preuves sur le marché allemand et sont réadaptés au public français. Il s’entoure de collaborateurs, des chanoines savants de Lyon.

Dans chaque ville malgré tout il y a des caractéristiques spécifiques et des livres particuliers malgré l’imitation de ce qui a pu marcher ailleurs. Cette situation dépend à la fois des conditions locales des imprimeurs et des contextes de production des villes alentours. A Paris, les imprimeurs de la rue Saint-Jacques travaillent pour l’université avec des manuels pour l’enseignement et des beaux livres pour les professeurs.

2.      Le libraire humaniste : le cas d’Aldo Manuce à Venise

Par librairie humaniste on entend les entreprises éditoriales où la maison d’édition devient un foyer intellectuel. C’est une caractéristique de la Renaissance et les maisons d’éditions deviennent des centres intellectuels. Cela ne se retrouve pas ensuite. L’édition devient définitivement un artisanat. C’est un métier artisanal pour le libraire et des métiers plus nobles seront autour de la création du livre.

Le cas d’Aldo Manuce est étudié par un historien américain. Depuis un travail des archives vénitiennes, Martin Lowry a renouvelé l’interprétation qu’on pouvait avoir de ces libraires humanistes. Aldo est très connu par ses éditions et par la manière dont certains intellectuels l’ont vanté (Erasme). Il a fait des études latines à Rome, est parti étudié le grec et a vécu comme précepteur de grec dans de grandes familles aristocratiques. Il décide alors de créer une maison d’éditions spécialisée dans la traduction du grec ancien. Il en profite d’autant plus qu’en 1453, Byzance tombe faisant fuir les savants grecs en Italie notamment. On a alors redécouvert de grands textes de l’antiquité grecque. A Venise en particulier on en trouvait de nombreux.
En 1494, Aldo fonde son imprimerie avec des caractères grecs et le soutien de savants grecs et d’Erasme. Mais cet éditeur n’a pas toujours utilisé les meilleurs manuscrits en ne critiquant et ne confrontant pas toujours les manuscrits. Certaines copies étaient assez médiocres et les travaux de correction étaient parfois hâtifs et hasardeux. Les fautes des ouvrages étant nombreuses, il semble qu’il y ait eu mésentente entre les savants et les typographes.
Aldo est souvent considéré comme l’inventaire du format de poches avec des impressions en in octavo et en in huit de classique latins. Cela fut rendu possible par une nouvelle police de caractères : les caractères romains. Cette police de caractère imite l’écriture savante inventée par Pétrarque. Cette écriture permet de caser beaucoup de mots dans une page mais dur à reproduire à l’imprimerie. Aldo y est parvenu mais cela lui couta si cher que ces livres de petits formats étaient aussi chers que les in folio. Cependant, ils étaient portables et cela satisfaisait les savants et les humanistes qui se déplaçaient de cour princière en cour princière en vendant leurs cerveaux. Donc ils avaient besoin d’ouvrages portatifs.

Aldo Manuce était un humaniste à l’idéal humaniste. Son idée directrice était un programme idéal d’éducation universel. Il voulait donc rassembler les meilleurs savants autour de lui par des Académies (petits groupes de savants travaillant entre eux). Certains de ses livres sont marqués par l’académie aldine. Mais pour cela, il fallait un mécène, Aldo n’en trouvera jamais un idéal avec qui il serait fixé. Comme ce n’est pas son travail principal ??? Aldo avait deux associés à Venise dont un fils de doge et Aldo n’avait que 10% du capital de sa maison d’éditions. Il devait donc toujours convaincre ses mécènes de ses bons choix éditoriaux. Il devait parfois aussi imprimer les ouvrages de ses associés. Il jonglait donc entre désirs humanistes et injonctions d’associés. La dimension d’entreprise artisanale et commerciale n’est donc pas négligeable.

Un autre éditeur humaniste est Robert Estienne dans les années 1520 se rapproche de la figure d’Aldo Manuce.

Parmi les premiers livres imprimés, ceux en latins sont très présents malgré des exceptions. Il y a aussi une écrasante parution des livres religieux.

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