Le premier homme photographié, Boulevard du Temple à 8 heures du matin
Avec
Nicéphore Niepce, Louis Daguerre et Hippolyte Bayard. L’image est obtenue sans un négatif directement sur une plaque de métal
ou une feuille de papier pour Bayard. Ce sont donc des images uniques, des
images dont on ne peut tirer des copies.
1.
Les travaux de Nicéphore Niepce
Nicéphore Niepce est bourguignon près de Châlon
sur Saône et expérimente des techniques dans la photographie. Il découvre l’héliographie, la gravure par
le soleil. Niepce organise ses travaux dans deux directions avec reproduction
de gravures et des points de vue par des chambres obscures. Il se sert de plaques de métal enduites de bitume de
Judée. Ce bitume devient insoluble sous l’action du soleil, il se solidifie
proportionnellement à l’intensité lumineuse. Ce procédé est très long à mettre
en place, à prendre des photos, … Or plus il y a de lumière plus le bitume est
solide, là où il y en a moins le vernis qui recouvre le bitume s’en va. C’est clair où la photo était sombre et
vice versa. Sous une lumière rasante, sous un certain angle, on obtient un
positif.
Le point de vue
du gras
reste cependant assez peu évident à reconnaître. Mais c’est la plus ancienne
photographie au monde, aujourd’hui au musée d’Austin. Celle-ci serait la
reproduction spontanée de la nature par elle-même.
Louis Daguerre
va ensuite parler de physautotype,
image de la nature par elle-même. Mais cette photo témoigne des nombreux
problèmes de Niepce dont deux principaux. Des
produits chimiques pas vraiment photosensibles et il faut poser 10 heures à 18
heures. Cela provoque des incohérences dans la photo vu que les ombres de
déplacent. De plus, les optiques de l’époque
sont de piètre qualité.
Niepce n’aura pas d’échos
avec son invention et deux ans plus tard il s’associe à Louis-Jacques Daguerre, directeur de Diorama, salle de
spectacle fondée sur les illusions d’optique. C’est un homme de spectacle qui
réussit très bien. Leur association est assez complémentaire, l’un apporte ses
connaissances en chimie, l’autre ??? Mais Niepce meurt rapidement et Daguerre continue seul les avancées. Il
arrête le bitume de Judée et choisis des sels d’argent aussi photosensibles
et imagine le recours au révélateur.
Il prévoit une latence entre la
prise et le développement de la photo en chambre noire. Il met au point un processus d’amplification de la réaction
photochimique pendant la prise de vue qui l’amène à réduire le temps de
poses de plusieurs heures. Tout cela aboutit au daguerréotype.
I.
L’invention du
daguerréotype
1.
Daguerre et le public
Louis Daguerre va
pleinement réussir à développer son invention plus que Niepce. C’est un
commerçant qui
sait vendre ce qu’il veut. Il base tout
sur l’exactitude et la promptitude. Il privilégie la perception des images
et l’effet de réalisme car il considère que son procédé repose dessus. Niepce
visait un processus de reproduction, Daguerre veut la précision la plus grande
possible (protocole de la loupe). Là-dessus il ne s’est pas trompé. La promptitude
qu’il valorise en second temps s’avère
alors complémentaire à la première notion. Poser trop longtemps n’assure pas l’exactitude.
Enfin il vend le caractère aisé de son
procédé. On parle de trinité daguerrienne : exactitude complétée par la
promptitude et aidé de la facilité.
Daguerre va
orienter le tout dans le sens de la pratique du portrait proposée à la bourgeoisie
urbaine. Il prête une grande attention à la manière dont son outil est perçu
par le public. Mais il a quand même du mal à vendre son invention jusqu’à la
rencontre avec François Arago.
2.
L’annonce faite à la science
Le
7 janvier 1839, à l’Académie des sciences,
une première annonce est faite. Puis une
représentation plus solennelle a lieu plus tard avec journalistes, membres des Beaux-Arts
et élites parisiennes. Il présente alors le daguerréotype et livre ses secrets.
Cela a lieu le 19 août 1839. Cela est rendu
possible par François Arago qui pousse à la création d’un projet de loi où
le gouvernement soutient le projet. Le daguerréotype permet à Daguerre et au
fils de Niepce de bénéficier d’une rente. L’invention
entre dans le domaine public et devient libre de droits. Le procédé est
offert par l’Etat français à l’humanité sans restriction en France et à l’étranger.
C’est le point de départ de la propagation de la photographie.
Arago est une
figure scientifique de premier plan,
un des plus jeunes de l’Académie des Sciences, directeur de l’observatoire de
Paris et vulgarisateur avec de l’astronomie
scientifique distribué dans des cours. Figure
politique car il fut opposant à la monarchie de juillet, issu d’une grande
famille de républicains et de Révolutionnaires. En prenant en charge le daguerréotype, il assure la reconnaissance
scientifique au procédé faisant passer Daguerre du statut d’inventeur à
scientifique. De plus, il recadre le daguerréotype du monde marchand vers le
monde des sciences puis vers le monde des arts. D’emblée l’outil a une
vocation scientifique puis artistique. On
insiste donc sur l’exactitude du procédé, processus essentiel du daguerréotype.
Pour valoriser l’appareil,
Arago va préciser l’utilité de l’outil
dans les conférences et dans un rapport. D’abord en archéologie pour les égyptologues confrontés aux relevés de
monuments. Ensuite en architecture
avec un grand travail sur la cathédrale de Chartres qui a lieu à cette époque
qui permet de faire des relevés plus précis que les travaux des dessinateurs.
Dans le domaine de l’art ce serait
une image de référence pour préparer des scènes. Arago utilise le coté
mécanique de l’outil pour passer d’un monde de figuration à un monde de
précision. Un nouveau standard scientifique émerge avec l’image daguerrienne.
Avec
Le
boulevard du temple à huit heures, on a la première photo avec deux
êtres humains. Les autres personnages présents sont trop mobiles pour qu’on les
voit apparaître. Le temps de pose est encore trop long.
3.
La disqualification des concurrents
Les images du
daguerréotype sont très vite populaires mais des concurrents existent à l’époque. L’annonce de cette
invention se revendique de plusieurs chercheurs. On a donc d’autres
orientations du daguerréotype avec Hyppolite Bayard
proposant un positif direct et William Henry
Fox Talbot.
Bayard va utiliser non pas des plaques de métal
disposées au fond d’une chambre noire mais produit sur du papier sensibilisé au chlorure d’argent avant d’être traité en
chambre noire. On obtient alors un
positif direct sur papier. Mais Bayard a du mal à rivaliser avec Daguerre car
ce dernier insiste sur la précision que
n’a pas Bayard.
Talbot de son coté propose devant la
Royal Society à Londres, un procédé qui s’oriente vers l’obtention après un développement d’un négatif papier. Il vise la
reproduction par combinaison du négatif et positif. On a le négatif (film
d’argent) et son opposé le positif (pratique inversée). On peut donc depuis un
négatif faire de nombreux positifs. La
reproductibilité de la photographie prend place à ce moment avec Talbot.
Mais ce sera soumis à un brevet qui conserve l’invention en Angleterre.
II.
Réception et
diffusion
1.
Un engouement immédiat
A l’époque on parle
déjà de daguerréotypomanie,
pour désigner le succès d’estime de ce procédé. Daguerre va contribuer au
succès de son procédé, formera des élèves qui seront des représentants de
commerce, … Cela quitte, par la
diplomatie, les frontières françaises. Dès décembre 1839, une boutique
apparaît sur Broadway et Daguerre assure les outils complémentaires avec des
boutiques d’accessoires.
2.
Une mise en œuvre délicate
La prise en main du
daguerréotype reste difficile pour le commun des mortels. Il y a toujours 7
étapes dans la fabrication de l’image :
préparer et polir la plaque, la sensibilisation 15 minutes avant la prise, exposition
en chambre (3 à 8 secondes), le développement du positif, fixation de l’image,
virage à l’or et enfin lavage et séchage.
Il faut donc
investir dans un énorme matériel, dans des produits chimiques, du temps, … Il faut 130 journées du travail
d’un ouvrier parisien pour satisfaire les goûts. Donc l’image restera encore
assez rare et réservé à des individus qui en ont les moyens et qui en ont le
temps.
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