lundi 20 février 2012

Photo 20 - 02 (cours 5)

Précédemment : Photo 16 - 02


Le premier homme photographié, Boulevard du Temple à 8 heures du matin





Avec Nicéphore Niepce, Louis Daguerre et Hippolyte Bayard. L’image est obtenue sans un négatif directement sur une plaque de métal ou une feuille de papier pour Bayard. Ce sont donc des images uniques, des images dont on ne peut tirer des copies.

1.      Les travaux de Nicéphore Niepce

Nicéphore Niepce est bourguignon près de Châlon sur Saône et expérimente des techniques dans la photographie. Il découvre l’héliographie, la gravure par le soleil. Niepce organise ses travaux dans deux directions avec reproduction de gravures et des points de vue par des chambres obscures. Il se sert de plaques de métal enduites de bitume de Judée. Ce bitume devient insoluble sous l’action du soleil, il se solidifie proportionnellement à l’intensité lumineuse. Ce procédé est très long à mettre en place, à prendre des photos, … Or plus il y a de lumière plus le bitume est solide, là où il y en a moins le vernis qui recouvre le bitume s’en va. C’est clair où la photo était sombre et vice versa. Sous une lumière rasante, sous un certain angle, on obtient un positif.
Le point de vue du gras reste cependant assez peu évident à reconnaître. Mais c’est la plus ancienne photographie au monde, aujourd’hui au musée d’Austin. Celle-ci serait la reproduction spontanée de la nature par elle-même.

Louis Daguerre va ensuite parler de physautotype, image de la nature par elle-même. Mais cette photo témoigne des nombreux problèmes de Niepce dont deux principaux. Des produits chimiques pas vraiment photosensibles et il faut poser 10 heures à 18 heures. Cela provoque des incohérences dans la photo vu que les ombres de déplacent. De plus, les optiques de l’époque sont de piètre qualité.

Niepce n’aura pas d’échos avec son invention et deux ans plus tard il s’associe à Louis-Jacques Daguerre, directeur de Diorama, salle de spectacle fondée sur les illusions d’optique. C’est un homme de spectacle qui réussit très bien. Leur association est assez complémentaire, l’un apporte ses connaissances en chimie, l’autre ??? Mais Niepce meurt rapidement et Daguerre continue seul les avancées. Il arrête le bitume de Judée et choisis des sels d’argent aussi photosensibles et imagine le recours au révélateur. Il prévoit une latence entre la prise et le développement de la photo en chambre noire. Il met au point un processus d’amplification de la réaction photochimique pendant la prise de vue qui l’amène à réduire le temps de poses de plusieurs heures. Tout cela aboutit au daguerréotype.


I.                   L’invention du daguerréotype

1.      Daguerre et le public

Louis Daguerre va pleinement réussir à développer son invention plus que Niepce. C’est un commerçant qui sait vendre ce qu’il veut. Il base tout sur l’exactitude et la promptitude. Il privilégie la perception des images et l’effet de réalisme car il considère que son procédé repose dessus. Niepce visait un processus de reproduction, Daguerre veut la précision la plus grande possible (protocole de la loupe). Là-dessus il ne s’est pas trompé. La promptitude qu’il  valorise en second temps s’avère alors complémentaire à la première notion. Poser trop longtemps n’assure pas l’exactitude. Enfin il vend le caractère aisé de son procédé. On parle de trinité daguerrienne : exactitude complétée par la promptitude et aidé de la facilité.

Daguerre va orienter le tout dans le sens de la pratique du portrait proposée à la bourgeoisie urbaine. Il prête une grande attention à la manière dont son outil est perçu par le public. Mais il a quand même du mal à vendre son invention jusqu’à la rencontre avec François Arago.

2.      L’annonce faite à la science

Le 7 janvier 1839, à l’Académie des sciences, une première annonce est faite. Puis une représentation plus solennelle a lieu plus tard avec journalistes, membres des Beaux-Arts et élites parisiennes. Il présente alors le daguerréotype et livre ses secrets. Cela a lieu le 19 août 1839. Cela est rendu possible par François Arago qui pousse à la création d’un projet de loi où le gouvernement soutient le projet. Le daguerréotype permet à Daguerre et au fils de Niepce de bénéficier d’une rente. L’invention entre dans le domaine public et devient libre de droits. Le procédé est offert par l’Etat français à l’humanité sans restriction en France et à l’étranger. C’est le point de départ de la propagation de la photographie.

Arago est une figure scientifique de premier plan, un des plus jeunes de l’Académie des Sciences, directeur de l’observatoire de Paris et vulgarisateur avec de l’astronomie scientifique distribué dans des cours. Figure politique car il fut opposant à la monarchie de juillet, issu d’une grande famille de républicains et de Révolutionnaires. En prenant en charge le daguerréotype, il assure la reconnaissance scientifique au procédé faisant passer Daguerre du statut d’inventeur à scientifique. De plus, il recadre le daguerréotype du monde marchand vers le monde des sciences puis vers le monde des arts. D’emblée l’outil a une vocation scientifique puis artistique. On insiste donc sur l’exactitude du procédé, processus essentiel du daguerréotype.
Pour valoriser l’appareil, Arago va préciser l’utilité de l’outil dans les conférences et dans un rapport. D’abord en archéologie pour les égyptologues confrontés aux relevés de monuments. Ensuite en architecture avec un grand travail sur la cathédrale de Chartres qui a lieu à cette époque qui permet de faire des relevés plus précis que les travaux des dessinateurs. Dans le domaine de l’art ce serait une image de référence pour préparer des scènes. Arago utilise le coté mécanique de l’outil pour passer d’un monde de figuration à un monde de précision. Un nouveau standard scientifique émerge avec l’image daguerrienne.

Avec Le boulevard du temple à huit heures, on a la première photo avec deux êtres humains. Les autres personnages présents sont trop mobiles pour qu’on les voit apparaître. Le temps de pose est encore trop long.

3.      La disqualification des concurrents

Les images du daguerréotype sont très vite populaires mais des concurrents existent à l’époque. L’annonce de cette invention se revendique de plusieurs chercheurs. On a donc d’autres orientations du daguerréotype avec Hyppolite Bayard proposant un positif direct et William Henry Fox Talbot.

Bayard va utiliser non pas des plaques de métal disposées au fond d’une chambre noire mais produit sur du papier sensibilisé au chlorure d’argent avant d’être traité en chambre noire. On obtient alors un positif direct sur papier. Mais Bayard a du mal à rivaliser avec Daguerre car ce dernier insiste sur la précision que n’a pas Bayard.
Talbot de son coté propose devant la Royal Society à Londres, un procédé qui s’oriente vers l’obtention après un développement d’un négatif papier. Il vise la reproduction par combinaison du négatif et positif. On a le négatif (film d’argent) et son opposé le positif (pratique inversée). On peut donc depuis un négatif faire de nombreux positifs. La reproductibilité de la photographie prend place à ce moment avec Talbot. Mais ce sera soumis à un brevet qui conserve l’invention en Angleterre.


II.                Réception et diffusion

1.      Un engouement immédiat

A l’époque on parle déjà de daguerréotypomanie, pour désigner le succès d’estime de ce procédé. Daguerre va contribuer au succès de son procédé, formera des élèves qui seront des représentants de commerce, … Cela quitte, par la diplomatie, les frontières françaises. Dès décembre 1839, une boutique apparaît sur Broadway et Daguerre assure les outils complémentaires avec des boutiques d’accessoires.

2.      Une mise en œuvre délicate

La prise en main du daguerréotype reste difficile pour le commun des mortels. Il y a toujours 7 étapes dans la fabrication de l’image : préparer et polir la plaque, la sensibilisation 15 minutes avant la prise, exposition en chambre (3 à 8 secondes), le développement du positif, fixation de l’image, virage à l’or et enfin lavage et séchage.
Il faut donc investir dans un énorme matériel, dans des produits chimiques, du temps, … Il faut 130 journées du travail d’un ouvrier parisien pour satisfaire les goûts. Donc l’image restera encore assez rare et réservé à des individus qui en ont les moyens et qui en ont le temps.


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