lundi 6 février 2012

Contemporaine 06 - 02 (cours 1)

Semestre 2







Amérique du Sud (légende largement incomplète)




Introduction


Chaque semaine CM + article à lire.


L'Amérique latine s'est constituée comme une colonie de peuplement d'Europe. Là où l'Afrique et l'Asie étaient colonisé comme un marché, les Amériques furent peuplées par les créoles qui sont rapidement devenus très nombreux puis majoritaires. Ce furent ces créoles, les élites de l'Amérique au contraire des esclaves et de leurs descendants. Ces pays se sont alors construis sur l'effondrement des cultures précolombiennes. Cette Terre Vierge était pour les colons dépourvue de civilisation. Ils voulurent refonder le monde et la chrétienté. L'Europe était déchue de la chrétienté et il fallait qu'elle se reconstruise ailleurs. Les explorateurs cherchent le paradis terrestre vers l'Est et tombent sur des forêts luxuriantes, des paysages magnifiques, des populations agréables sans vices, … Ces colonies de peuplement permettaient de tout reconstruire à zéro. On a donc une pluralité de noms illustrant l'ambition de recommencer l'expérience de la civilisation (New-York, Nouvelle-Orléans, …). Cela fut aidé par des guerres décimant les peuples mais plus encore par le choc microbien des indigènes, ainsi que par l'alcoolisme amené par les Conquistadores.

Cette Amérique du Nord et du Sud entrent dans l'histoire contemporaine en même temps que l'Europe. Pour nous, c'est 1789, en Amérique du Nord c'est en 1776 avec leur déclaration, en Amérique du Sud aussi on trouve des Révolutions inspirées des deux précédentes. Cela s'explique d'autant plus que l'Espagne s'affaiblit. Toutes ces Révolutions veulent rompre avec l'Ancien Régime, réclament l'ordre, la souveraineté civile, … On a ainsi finit par parler de Révolution Atlantique par abus. Presque tout les pays deviennent des Républiques au début du XIX° en quittant la domination espagnole, sauf le Mexique, le Brésil et Cuba.
Dès cette époque, l'Amérique continue de regarder vers l'Europe d'abord du point de vue politique puisqu'au cours du siècle, elle subit les contrecoups des Révolutions, des restaurations et des Républiques. Les élites descendantes d'Européens regardent donc toujours vers le Vieux Continent. Sur le plan culturel et intellectuel, ces élites regardent non sans envie la culture urbaine par exemple, de l'Europe. Cette communauté culturelle très forte s'atténue par la suite. Mais c'est aussi une dépendance économique qui pousse ces pays à se tourner vers l'Europe avec une dépendance commerciale (ils revendent presque uniquement à l'Europe). L'Amérique latine est très européenne pendant longtemps, effet renforcé par des vagues d'immigrations européennes.
Pour autant cette européanité cohabite avec un métissage très fort de la société. Métissage entre esclave noirs et descendants, Indiens, esclaves chinois, immigrés asiatiques, européens, … Les élites détenant le pouvoir politique et économique et possédant un monopole culturel restant cependant peu métissées, les autres en revanche sont bien plus métissées. Ce métissage va réapparaître dans la vie culturelle de ces sociétés. La spécificité de l'Amérique latine va tenir à ce métissage démographique mais aussi religieux, politique et culturel. Au XIX° siècle, les Républiques d'Amérique latine sont considérées comme des Républiques ratées. Au XX° siècle, les grands mouvements intellectuels et politiques vont apparaître en même temps que ceux de l'Europe mais sans pour autant les imiter parfaitement et se démarquant ainsi de l'Europe.

L'Amérique latine dans sa définition c'est l'ensemble des pays au Sud d'un fleuve : le Rio Grande. Pourtant géographiquement, les Amériques, ce sont deux continents et un isthme dont le Mexique devrait plutôt être du Nord. Cela complexifie l'espace. L'identité linguistique est aussi à remettre en cause. On parle beaucoup espagnol, mais on, parle portugais au Brésil, français en Haïti et en Guyane, néerlandais au Surinam et anglais en Guyana et à Bélize. A cela s'ajoute beaucoup de langues amérindiennes (Quechua et Aymara pour les Andes, nahuatl et maya pour le Mexique ou encore guarami, …). Toutes ces langues cohabitent avec la langue nationale et donc certains descendants d'Européens ont appris ces langues. Si définition il y a, elle serait culturelle avec une Amérique ??? s'opposant à l'héritage des colonies anglo-saxonnes et françaises de l'Amérique du Nord. Cette définition va être reprise par un auteur colombien et développée par les élites européenne considérant que l'Amérique latine, comme l'Europe latine sont proches. On a aussi une sorte d'identité religieuse avec le catholicisme et une forme d'organisation sociale issue de l'Espagne (grandes propriétés terriennes, clientélisme, fragmentation de l'espace politique, société patriarcale, …).


  1. Faire l'histoire à l'échelle d'un continent

Au XIX° siècle, les nations s'inventent et se construisent avec leurs traditions, leurs mémoires, … Cette histoire propre est menée par des politiques à une échelle nationale. Ici on va se détacher du cadre simplement national pour la saisir dans un sens continental. Les grandes Révolutions sont souvent nationales voire nationalistes, des états militaires sont formés mais pas tous. Il y a de grandes disparités entre les pays. Les régions sont parfois elles-mêmes très différentes : Cône Sud (Sud du Brésil, Argentine, Chili) très européanisé avec peu d'indigènes, relativement riches, et culturellement proche de l'Europe / Amérique andine (du Paraguay à l'Équateur) avec une présence très largement minoritaire des Indiens, ces sociétés très pauvres sont aussi très inégalitaires / Amérique Centrale et Caraïbes (depuis le Vénézuela et la Colombie jusqu'au Mexique) tous en contact avec la mer Caraïbe et en contact avec les USA donc très marqués par ceux-ci / Brésil (Nord du pays) très différent du Sud compris dans le cône Sud.
Spécificités nationales, zonales et régionales sont doublées de sentiments d'appartenance tant nationaux que locaux (on parle de petite patrie en espagnol) qui répond bien à l'organisation fédérale de l'Espagne notamment. On a d'abord une identité régionale puis ensuite nationale en Amérique du Sud.
Cela se ressent aussi par des rapports clientélistes souvent régionaux qui bloquent aussi le sentiment national. On s'intéresse alors aux circulations sur le continent pour caractériser cette vaste et diverse zone du monde. Les Révolutions par exemple circulent et c'est en comparant qu'on prendra mieux conscience des choses.

  1. Frontières et périodisations

Les siècles dépendent aussi des grands évènements donc la définition est rarement stricte. Hobsbawm parle d'un long XIX° siècle (1789 – 1914) et d'un cours XX° siècle (1914 – 1971). Ce dernier siècle appelé le siècle des extrêmes touche aussi l'Amérique latine, mais à sa manière. Il commence en 1910 avec trois grands évènements importants : la Révolution mexicaine (19101917) portant des idées extrêmement modernes entre les hommes, les sexes, les races, … Un apport du progressisme sociale rompant avec l'attitude libéral du XIX° siècle. 1910, c'est l'apparition aussi des partis politiques modernes, structurés autour d'une idéologie, partis de masses souhaitant conquérir le pouvoir. Enfin la Première Guerre Mondiale n'est pas négligeable non plus puisque les effets en Europe vont par écho avoir des conséquences en Amérique latine. Il y a donc des causes endogènes et d'autres exogènes à l'entrée de l'Amérique latine dans ce siècle.
Sa fin est similaire à celle de l'Europe mais les raisons sont éloignées. La chute du mur de Berlin en 1991 n'a pas trop d'impacts. En revanche, les chutes des régimes dictatoriaux de l'Amérique latine tombent depuis les années 1980 jusqu'aux années 1990. Cela ferme la page d'un rapport à la démocratie, au communisme et à l'anti-communisme propre au XX° siècle.


Dans ce laps de temps, on trouve de grandes ruptures. Deux grandes césures en particulier se démarquent : 1930 et 1959. De 1910 à 1930, on a une période très différente de la période précédente puisque les Républiques oligarchiques ont un droit de vote très restreint (moins de 10% de la population) et le pouvoir économique est détenu par un très petit nombre de familles élitistes. Mais elles sont déstabilisées par de nouvelles idéologies ainsi que par des syndicats plus forts représentant l'arrivée politique des masses et des partis radicaux qui prennent appui sur un grand nombre. Autre nouveauté, les USA qui avaient délaissé le continent décident maintenant de lancer leur impérialisme sur l'Amérique latine engendrant un anti-impérialisme élevé.
En 1930, même conséquence qu'en Europe : la crise économique. Pour des pays dépendants de l'Europe, ça va mal. Il y a donc un changement de politique en Amérique latine on ne peut plus vendre aussi bien les matières premières. Cela entraîne donc un industrialisation nouvelle c'est l'Industrialisation par Substitution aux Importations (ISI). Le marché interne de ces pays va être transformé avec une société rurale qui connaît une urbanisation massive, une explosion urbaine et des classes ouvrières. Les classes les plus pauvres sont donc vite menaçantes suite aux Révolutions russes ou mexicaines. Jusqu'en 1959, cela développe de nouveaux pouvoirs : les populismes latino-américains. Ils mènent des politiques très sociales tout en restant très autoritaires (Couple Juan et Eva Perón). Cependant ces pouvoirs vont fonder l'État Providence mais restent pourtant des États totalitaires.
Enfin en 1959, les pouvoirs populistes s'essoufflent et une nouvelle spécificité politique latino-américaine émerge avec la Révolution cubaine de Fidel Castro qui au départ juste révolutionnaire devient vite communiste et prosélyte, souhaitant propager la Révolution sur tout le continent et même au-delà. On a donc une opposition entre les communistes qui veulent la Révolution partout et aussi des élites conservatrices qui résistent et répriment sévèrement ces agitations.


  1. Grands thèmes de l'histoire de l'Amérique Latine

La Révolution dans un continent révolutionnaire, pratique politique légitime dans cette contrée du monde passant au delà du vote.
Le nationalisme très fort au XX° siècle. Il est à la fois proche du notre mais aussi plus jeune et donc différent de l'Europe. Leurs nationalismes sont plus associés à la gauche que ne le furent les nôtres. Ils sont anti-impérialistes surtout face à l'Amérique du Nord et anti-colonialistes vis à vis des Européens. Enfin la dimension sociale est très forte dans leur conception des nationalismes.
L'intégration politique du peuple avec des sociétés très fragmentées, inégalitaires qui va déchirer plus qu'en Europe le continent.

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