mardi 21 février 2012

CM n°2 géographie sociale

Cours du lundi 13 février 2012

Chapitre 1 : Les logiques de la production de l’espace.

Introduction :

Quand on parle d’espace, on parle de l’espace des sociétés. On vit dans l’espace des sociétés largement transformé, crée et produit par les sociétés humaines.

Si on dit espace c’est l’espace des sociétés.

David Harvey : Harvey né en 1935 en Angleterre et travailla aux USA. Géographe mais aussi très grand théoricien. Il a beaucoup travaillé en termes de théorie et a inséré le terme d’espace dans la théorie marxiste. Harvey montre la place fondamentale de l’espace dans les sociétés. Marx c’est le matérialiste historico-géographique.

Henri Lefebvre (1901-1991) : philosophe et sociologue marxiste mais anti stalinien. Il a beaucoup travaillé sur l’espace.

Lefebvre dit que l’espace social a été profondément transformé. La majorité des espaces habités sur la terre sont des espaces produits par les hommes. Ce sont les sociétés qui produisent l’espace. Mais c’est en fonction de ces sociétés que l’espace est produit. Il est largement marqué par les rapports de pouvoirs dans les sociétés. L’espace reflétait la place du pouvoir politique et religieux dans les sociétés antiques. C’est une sorte d’incarnation matérielle de ces rapports de domination. C’est à travers cette incarnation dans l’espace que les sociétés apprennent les rapports de pouvoir : c’est parce qu’on vit dans un endroit et pas un autre qu’on intègre sa place dans la société. L’intérêt est de dire qu’il faut transformer l’espace et les sociétés mais il faut changer l’espace pour transformer les sociétés, les villes. La façon dont on produit les villes met en avant ces rapports de domination.

I- Le rôle de l’espace dans la dynamique capitaliste.

* Comment le capitalisme produit de l’espace ?

Le capitalisme est un mode de production, un système économique qui produit des biens et des services. L’un de ses principes est de tendre en permanence à l’augmentation du profit. Du profit c’est-à-dire du capital qui est en circulation puisqu’il en faut toujours plus. Il faut donc trouver toujours plus de capital. Il y a une croissance de la production, des profits. Depuis 1980, la croissance annuelle dans le monde a été augmentée de 2,25% par an.

DONC, il y a une croissance de la production et une augmentation du capital en général. C’est un phénomène qui est cumulatif.

PAR CONSEQUENT, le capitalisme est un système fondamentalement instable car il est tissé de contradictions : la principale contradiction c’est celle entre le capital et le travail, entre la concurrence et le monopole également.

Contradiction aussi entre le fait que la production doit toujours croitre alors que les ressources naturelles sont limitées, bien entamées. C’est DONC un système qui va de crises en crises. C’est d’autant plus important depuis les années 70 durant les crises qui sont liées à l’accumulation des richesses. Il y a trop de richesses même si on n’en voit pas la couleur. Selon Harvey ces crises s’expliquent par les obstacles du capital. Il faut que le capital circule, qu’il soit investit par les uns puis par les autres : on met du capital a un endroit, on investit puis on en remet a d’autres endroits…

1. La logique de circulation du capital et ses limites.

On va voir comment circule le capital et ses limites.

Le circuit primaire : j’ai de l’argent, j’investis dans les biens et les services et ça nous fait de l’argent en plus è production, consommation. C’est la production qui détermine la consommation : ce ne sont pas les gens qui ont des besoins, on crée des besoins. Le capitalisme fonctionne sur le fait de susciter des besoins et donc créer des frustrations dans les sociétés : on achète une veste tendance mais même si on en a 20 il nous en faut toujours plus, un voisin a acheté un ipad, il nous le faut car c’est tendance.

On crée DONC des besoins et on réduit des besoins réels.

Le circuit primaire créé donc des surplus : c’est DONC le début du profit.

Cette première circulation en entraine d’autres. L’idée c’est que ce profit a permit des surplus mais il faut réinvestir cet argent et si on n’en fait rien, il se dévalorise. LE PROFIT DOIT TOUJOURS CIRCULER.

Le circuit primaire ne suffit pas à écouler les surplus. 2 autres circuits sont donc créés : le circuit secondaire et tertiaire.

Circuit secondaire : ce sont les investissements à plus long terme, ce ne sont pas des rendements immédiats. Ce sont par exemple des usines de productions énergétiques, des transports ou des biens à plus long terme comme les logements, des hôpitaux, des choses qui vont à plus long terme améliorer la rentabilité. C’est un REPORT DANS LE TEMPS DE LA CIRCULATION DU CAPITAL. Durant un moment, le capital est immobilisé et son profit est remis à plus tard. A travers ce circuit secondaire, on crée l’espace avec les transports, les logements… A travers le transfert des surplus entre circuit premier et secondaire, ON CREE DE L’ESPACE.

Dans ces cas-là, on forme du capital fixe. Si j’achète une usine, toutes mes machines sont du capital car je peux les revendre plus tard mais elles me permettent d’augmenter mon capital car ça augmente ma production puisque ça permet de produire.

On vit dans du capital fixe.

L’état a un rôle très fort dans la réorientation du surplus vers le circuit secondaire.

Le circuit tertiaire : ce sont des investissements à long terme dans l’innovation, dans l’éducation, la santé. Ca ne s’incarne pas dans l’espace et ca ne crée pas de l’espace.

Il y a des limites à la circulation du capital :

- l’accès aux matières premières

- l’organisation du travail : s’il y a trop de protection des travailleurs, on ne peut pas les licencier comme on veut par exemple, on dépense trop de salaire par rapport à ce qu’on voudrait produire

- le contrôle des capitaux

Quand il ya trop d’obstacles dans un territoire donné pour faire circuler le capital, on fait appel au report dans l’espace de la circulation.

2. Le report dans l’espace de la circulation et de l’accumulation du capital.

On a recours par exemple au « spatio-temporal fixe» : c’est l’arrangement spatio-temporel. On règle un problème et on le stabilise mais ça signifie aussi truquer. On peut passer par un report dans l’espace de la circulation et de l’accumulation du capital : si a un moment un marché est bloqué, on peut aller le rentabiliser ailleurs. On peut par exemple conquérir de nouveaux territoires ou les aménager, on peut ouvrir de nouveaux marchés c’est-à-dire, vendre ailleurs la production. Intégrer des marchés en marge du capitalisme dans le capitalisme.

Le but est d’absorber les surplus produit dans un territoire donné et de les placer dans d’autres territoires, ailleurs. Le capitalisme a beaucoup de contradiction. Selon Lefebvre c’est grâce à ses capacités à produire de l’espace que le capitalisme continu de survivre. Produire de l’espace c’est s’approprier des terres et les aménager dans un sens capitaliste.

La conséquence c’est l’extension territoriale : l’extension de pays en pays qui vivent dans le système capitaliste, l’intégration des campagnes au système capitaliste.

Ceci permet de comprendre que la mondialisation est une tendance inhérente au système capitaliste.

3. La mondialisation comme tendance inhérente au système capitaliste.

Au Moyen-Age, on peut saisir les prémices du capitalisme. Le système capitaliste n’existe que dans quelques villes marchandes des Flandres et d’Italie du nord. L’enrichissement de ces villes se passe à travers le commerce avec des villes lointaines. A ce moment-là, Braudel qui s’intéresse au temps long, montre que le capitalisme est un contre marché : c’est-à-dire que l’économie de marché normale de l’époque était principalement locale et était fondée sur les échanges locaux (les gens se connaissaient donc on échangeait entre eux) è c’est le marché normal de l’époque.

Le capitalisme fait qu’on échange sur des marchés lointains en fixant un prix. Le fait de commercer avec des gens lointains où l’on ne se connait pas, permet de s’affranchir de certaines règles comme les taxes.

L’essor réel du capitalisme a eu lieu à l’époque moderne à la renaissance et s’appuie beaucoup sur la colonisation européenne en Amérique comme dans le cas de l’or américain. En 1492, on découvre l’Amérique et on va créer des colonies permettant d’augmenter le capital. Le commerce triangulaire permet une accumulation sensible des richesses grâce à l’exploitation gratuite d’esclaves.

Cette colonisation de l’Amérique, l’accumulation de l’or a permit l’enrichissement de la classe bourgeoise : c’est parce qu’il y a un enrichissement de la classe bourgeoise qu’il y a eu une vague de révolution au 18ème (Révolution française) établissant progressivement la démocratie libérale c’est-à-dire, la bourgeoisie qui détient le pouvoir et le capital.

Au 19ème, c’est l’industrialisation et la colonisation qui permettent de mettre en avant le capitalisme. La production de l’espace est un moteur fondamental de l’accumulation du capital.

Ce que montre Harvey c’est que c’est toujours lié à la dynamique des classes. La bourgeoisie et l’état a toujours préféré de trouver ailleurs des moyens de rentabiliser le capital plutôt que de rétablir les richesses.

Harvey critique le terme de mondialisation : pour lui c’est une ruse promotionnelle pour masquer ce qui n’est que selon lui le développement spatio-temporel inégal (dans l’espace et dans le temps). Ceci n’est pas nouveau et c’est une conséquence intrinsèque depuis sa création.

II- Le développement inégal.

La mondialisation, selon Harvey, c’est juste une nouvelle phase de ce développement spatio-temporel inégal. Ce n’est pas radicalement nouveau.

Cette nouvelle phase se caractérise par le fait que se sont raréfier les possibilités géographiques.

Il y en a toujours trop et on ne sait pas quoi en faire.

1. Les arrangements spatio-temporels et l’accumulation par dépossession.

La production de l’espace d’un système capitaliste se fait du circuit primaire au secondaire mais ya une autre manière de produire de l’espace : c’est ce qu’Harvey appelle l’accumulation par dépossession. Il réactualise ce que Marx et d’autres penseurs appelait l’accumulation primitive. En gros, Marx avait montré que pour que le capital émerge, il avait fallu une accumulation de richesses par un autre mode d’accumulation. Le surplus agricoles dans les villes a permis d’investir dans d’autres activités.

Cette accumulation primitive a lieu plusieurs fois par an.

L’accumulation par dépossession : c’est par exemple le trafic d’esclave, le pillage des matières premières, c’est tous les procédés qui permettent d’acquérir des richesses par des moyens pas tout à fait légaux ou qui ne respectent pas les règles de la démocratie libérale.

Cette accumulation par dépossession c’est souvent ce que l’on fait ailleurs donc c’est quelque chose que l’on fait avec d’autres peuples. C’est ce qu’on fait avec des populations que l’on a considéré comme autres : on le fait dans des colonies par exemple.

Il y en a aussi à l’intérieur des pays mais c’est moins fréquent.

Aujourd’hui, il n’a presque plus de système colonial et pourtant on continue de maintenir des espaces entiers où l’on peut vendre des matières premières peu chères. L’immigration fait très bien tout ça.

Exemple de cette accumulation par dépossession :

- l’appropriation privée de biens communs

- la réduction à l’esclavage et de forme précaire de salariat

- l’intégration de systèmes financiers : a partir du moment où on doit emprunter et rembourser, on est tenu par le capitalisme.

Malgré tout, il arrive qu’il y ait des crises.

L’intérêt du jeu sur l’espace permet de cantonner les crises à un espace donné.

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