mardi 3 avril 2012

Td géo sociale 2-04


La gentrification de Paris

A Paris, il y a des prémices anciennes de la gentrification avec Haussmann. En réalité, la gentrification est vraiment visible à Paris depuis les années 1980. Progressivement, les quartiers populaires de la rive droite sont gentrifiés. A New-York et Londres, la gentrification a commencé dès les années 1960.

         I.            Les facteurs de la gentrification et les freins au processus à Paris

1)       La transformation de la structure d’emploi

Les grandes catégories socioprofessionnelles permettent de différencier les emplois occupés de jour mais qui n’habitent pas forcément à Paris et la population active la nuit car ils y vivent. Il y a deux fois plus d’emplois cadres dans Paris, 31%, qu’en France métropolitaine 16%. La concentration de cadres est encore plus forte au niveau résidentiel qu’au niveau des emplois. Il y a un déclin des ouvriers et une croissance des cadres. Ce déclin est très fort dans le centre de Paris. Paris était la première ville industrielle de France et aujourd’hui c’est la moins industrialisée. L’autre tendance, c’est la métropolisation, donc la concentration des emplois les plus qualifiés dans les grandes villes. Ces tendances ne sont pas spécifiques à Paris mais souvent on part de là pour expliquer la gentrification. Mais cela est déjà la conséquence de choix politiques. La désindustrialisation est donc un choix économique mais aussi politique. Dans les années 1980-90, il y a une accélération de ce processus par l’ouverture des pays. Certains choix nationaux ont des conséquences au niveau local. Le processus de gentrification augmente l’écart entre les emplois occupés et les actifs résidents. La structure sociale des actifs résidents ne correspond pas à la structure sociale des emplois occupés. Cela montre qu’il y a une sélection résidentielle à Paris.

2)       Le rôle du marché immobilier : acteur privé, acteur public

Au niveau immobilier, il y a les mêmes facteurs de gentrification qu’ailleurs. L’habitat ouvrier est vétuste, petit et sans confort, donc il est potentiellement gentrifiable. Cependant, il y a un frein, c’est le contrôle des loyers. Jusqu’à la fin des années 1980, cela freine le processus. La construction de logements sociaux n’arrive pas beaucoup plus tard mais cette construction contribue au déplacement des classes populaires en banlieue. Les classes populaires ont été remplacées par d’autres classes populaires, les migrants. L’autre frein c’est que pendant longtemps la mairie de Paris a mené une politique de rénovation par la démolition et la reconstruction de logements très vétustes. Mais les reconstructions sont essentiellement des logements sociaux. Dans les années 1990, il y a eu des oppositions locales à Belleville au dernier projet. Ces oppositions étaient menées par des gentrifieurs. En 1995, le maire de Paris change et cela marque le passage de l’arrêt des rénovations. Donc, Paris ne fait plus de logements sociaux. La mairie de Paris apporte alors son soutien aux actions privées pour la réhabilitation. Cela a entraîné un nouveau cycle de spéculation immobilière. Le rôle des politiques publiques avant 1995 était assez ambigu. Elles ont eu une volonté de moderniser la ville et d’accélérer la désindustrialisation. Mais cela a permis le maintien des classes populaires

        II.            Temporalités et dynamiques spatiales de la gentrification dans Paris

La gentrification part des beaux quartiers puis ce processus avance de proche en proche. Donc le processus se diffuse spatialement d’abord sur la rive gauche, puis sur la rive droite. Les espaces d’avant-poste de la gentrification ont tous une qualité urbaine particulière. Il y a une dynamique de contournement. Les espaces évités sont les quartiers où il y a le plus de population étrangère qui s’est largement appropriée le quartier. Il est donc plus difficile pour les gentrifieurs d’effacer les signes des quartiers populaires et d’imposer leurs marques. Les quartiers immigrés sont des freins à la gentrification.

      III.            Le rôle des politiques publiques depuis 2001

1)       La relance de la production de logements sociaux

En 2001, la mairie de Paris est passée à gauche. Quand la gauche arrive au pouvoir, son but n’est pas de lutter contre l’embourgeoisement mais de favoriser la mixité sociale. La gauche met en avant la relance des logements sociaux mais la relance s’inscrit dans une relance générale de l’Etat. En 2008, la mairie de Paris dépense 437 millions d’euros pour les logements sociaux alors que l’Etat en dépense 482 millions. La volonté de la ville est réelle. Créer des logements sociaux voulait dire construire des logements neufs. Mais la loi permet aussi de faire du logement social en acquisition/réhabilitation ou en acquisition/conventionnement. A Paris, il y a une limite à la construction neuve. Les constructions neuves interviennent quand il y a une démolition. Donc quand on crée du logement social à Paris, on le fait à la place de logements vétustes des classes populaires. Mais comme les logements sont plus grands, c’est un gain en termes de qualité mais c’est une perte au niveau du nombre de logements sociaux. Aujourd’hui, la politique de logement à Paris existe bien car elle permet d’améliorer considérablement les conditions de vie des classes populaires qui peuvent accéder au logement mais cela ne concerne qu’une minorité. Tous les logements sociaux crées ne sont pas forcément pour les classes populaires. 30% des constructions de logements sociaux sont des PLS donc réservés aux classes moyennes. Il n’y a que 7% des demandeurs qui peuvent avoir les moyens de se loger dans les PLS. Ces PLS sont construits dans les quartiers immigrés. Ce sont les derniers quartiers de Paris qui ne sont pas gentrifiés. La politique du logement social est finalement très ambigüe.

2)       La revalorisation du nord est parisien

Les derniers quartiers populaires s’y trouvent. De nombreuses politiques d’embellissement sont mises en œuvre qui vont dans le sens de la gentrification. Dans le bassin de la Vilette, d’anciens entrepôts à grain sont reconvertis en logement étudiant. Il s’agit de changer l’image du quartier. La gauche joue sur le volet de démocratiser en favorisant la culture mais de fait, cela permet encore une fois de favoriser la gentrification. Il y a aussi des opérations de new best gentrification.

= > Doc 4 : quelle est la place de la gentrification dans les rapports de classe ?

La gentrification se place du côté des dominants. La petite bourgeoisie intellectuelle  arrive dans les quartiers dits « modestes » et renforce le processus de domination de ces classes. La gentrification, plus qu’une transformation spatiale, retranscrit une transformation sociale. Ici, le processus d’invasion/succession est inversé. La petite bourgeoisie intellectuelle investit les quartiers populaires à leur profit ce qui entraîne une hausse des prix immobiliers et donc un changement dans le cadre de vie.

La gentrification est le produit d’une reconfiguration des rapports de classe. La gentrification est une appropriation de la ville à deux niveaux. L’appropriation matérielle de certains quartiers permet de prendre le pouvoir de la ville. La petite bourgeoisie intellectuelle obéit aux objectifs de la bourgeoisie de la pacification sociale car elle a une fonction intermédiaire entre les classes populaires et la bourgeoisie. Pour la bourgeoisie, les classes populaires sont encore plus éloignées et la petite bourgeoisie est elle aussi reléguée dans d’autres quartiers que ceux de la bourgeoisie.


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