La gentrification de Paris
A Paris, il y
a des prémices anciennes de la gentrification avec Haussmann. En réalité, la
gentrification est vraiment visible à Paris depuis les années 1980.
Progressivement, les quartiers populaires de la rive droite sont gentrifiés. A
New-York et Londres, la gentrification a commencé dès les années 1960.
I.
Les
facteurs de la gentrification et les freins au processus à Paris
1) La transformation de la structure
d’emploi
Les grandes
catégories socioprofessionnelles permettent de différencier les emplois occupés
de jour mais qui n’habitent pas forcément à Paris et la population active la
nuit car ils y vivent. Il y a deux fois plus d’emplois cadres dans Paris, 31%,
qu’en France métropolitaine 16%. La concentration de cadres est encore plus
forte au niveau résidentiel qu’au niveau des emplois. Il y a un déclin des
ouvriers et une croissance des cadres. Ce déclin est très fort dans le centre
de Paris. Paris était la première ville industrielle de France et aujourd’hui
c’est la moins industrialisée. L’autre tendance, c’est la métropolisation, donc
la concentration des emplois les plus qualifiés dans les grandes villes. Ces
tendances ne sont pas spécifiques à Paris mais souvent on part de là pour
expliquer la gentrification. Mais cela est déjà la conséquence de choix
politiques. La désindustrialisation est donc un choix économique mais aussi
politique. Dans les années 1980-90, il y a une accélération de ce processus par
l’ouverture des pays. Certains choix nationaux ont des conséquences au niveau
local. Le processus de gentrification augmente l’écart entre les emplois
occupés et les actifs résidents. La structure sociale des actifs résidents ne
correspond pas à la structure sociale des emplois occupés. Cela montre qu’il y
a une sélection résidentielle à Paris.
2) Le rôle du marché immobilier :
acteur privé, acteur public
Au niveau
immobilier, il y a les mêmes facteurs de gentrification qu’ailleurs. L’habitat
ouvrier est vétuste, petit et sans confort, donc il est potentiellement
gentrifiable. Cependant, il y a un frein, c’est le contrôle des loyers. Jusqu’à
la fin des années 1980, cela freine le processus. La construction de logements
sociaux n’arrive pas beaucoup plus tard mais cette construction contribue au
déplacement des classes populaires en banlieue. Les classes populaires ont été
remplacées par d’autres classes populaires, les migrants. L’autre frein c’est
que pendant longtemps la mairie de Paris a mené une politique de rénovation par
la démolition et la reconstruction de logements très vétustes. Mais les
reconstructions sont essentiellement des logements sociaux. Dans les années
1990, il y a eu des oppositions locales à Belleville au dernier projet. Ces
oppositions étaient menées par des gentrifieurs. En 1995, le maire de Paris
change et cela marque le passage de l’arrêt des rénovations. Donc, Paris ne
fait plus de logements sociaux. La mairie de Paris apporte alors son soutien
aux actions privées pour la réhabilitation. Cela a entraîné un nouveau cycle de
spéculation immobilière. Le rôle des politiques publiques avant 1995 était
assez ambigu. Elles ont eu une volonté de moderniser la ville et d’accélérer la
désindustrialisation. Mais cela a permis le maintien des classes populaires
II.
Temporalités
et dynamiques spatiales de la gentrification dans Paris
La
gentrification part des beaux quartiers puis ce processus avance de proche en
proche. Donc le processus se diffuse spatialement d’abord sur la rive gauche,
puis sur la rive droite. Les espaces d’avant-poste de la gentrification ont
tous une qualité urbaine particulière. Il y a une dynamique de contournement.
Les espaces évités sont les quartiers où il y a le plus de population étrangère
qui s’est largement appropriée le quartier. Il est donc plus difficile pour les
gentrifieurs d’effacer les signes des quartiers populaires et d’imposer leurs
marques. Les quartiers immigrés sont des freins à la gentrification.
III.
Le
rôle des politiques publiques depuis 2001
1) La relance de la production de
logements sociaux
En 2001, la
mairie de Paris est passée à gauche. Quand la gauche arrive au pouvoir, son but
n’est pas de lutter contre l’embourgeoisement mais de favoriser la mixité
sociale. La gauche met en avant la relance des logements sociaux mais la
relance s’inscrit dans une relance générale de l’Etat. En 2008, la mairie de
Paris dépense 437 millions d’euros pour les logements sociaux alors que l’Etat
en dépense 482 millions. La volonté de la ville est réelle. Créer des logements
sociaux voulait dire construire des logements neufs. Mais la loi permet aussi de
faire du logement social en acquisition/réhabilitation ou en
acquisition/conventionnement. A Paris, il y a une limite à la construction
neuve. Les constructions neuves interviennent quand il y a une démolition. Donc
quand on crée du logement social à Paris, on le fait à la place de logements
vétustes des classes populaires. Mais comme les logements sont plus grands,
c’est un gain en termes de qualité mais c’est une perte au niveau du nombre de
logements sociaux. Aujourd’hui, la politique de logement à Paris existe bien
car elle permet d’améliorer considérablement les conditions de vie des classes
populaires qui peuvent accéder au logement mais cela ne concerne qu’une
minorité. Tous les logements sociaux crées ne sont pas forcément pour les
classes populaires. 30% des constructions de logements sociaux sont des PLS
donc réservés aux classes moyennes. Il n’y a que 7% des demandeurs qui peuvent
avoir les moyens de se loger dans les PLS. Ces PLS sont construits dans les
quartiers immigrés. Ce sont les derniers quartiers de Paris qui ne sont pas
gentrifiés. La politique du logement social est finalement très ambigüe.
2) La revalorisation du nord est parisien
Les derniers
quartiers populaires s’y trouvent. De nombreuses politiques d’embellissement
sont mises en œuvre qui vont dans le sens de la gentrification. Dans le bassin
de la Vilette, d’anciens entrepôts à grain sont reconvertis en logement
étudiant. Il s’agit de changer l’image du quartier. La gauche joue sur le volet
de démocratiser en favorisant la culture mais de fait, cela permet encore une
fois de favoriser la gentrification. Il y a aussi des opérations de new best
gentrification.
= > Doc
4 : quelle est la place de la gentrification dans les rapports de
classe ?
La
gentrification se place du côté des dominants. La petite bourgeoisie
intellectuelle arrive dans les quartiers
dits « modestes » et renforce le processus de domination de ces
classes. La gentrification, plus qu’une transformation spatiale, retranscrit
une transformation sociale. Ici, le processus d’invasion/succession est
inversé. La petite bourgeoisie intellectuelle investit les quartiers populaires
à leur profit ce qui entraîne une hausse des prix immobiliers et donc un
changement dans le cadre de vie.
La
gentrification est le produit d’une reconfiguration des rapports de classe. La
gentrification est une appropriation de la ville à deux niveaux.
L’appropriation matérielle de certains quartiers permet de prendre le pouvoir
de la ville. La petite bourgeoisie intellectuelle obéit aux objectifs de la
bourgeoisie de la pacification sociale car elle a une fonction intermédiaire
entre les classes populaires et la bourgeoisie. Pour la bourgeoisie, les
classes populaires sont encore plus éloignées et la petite bourgeoisie est elle
aussi reléguée dans d’autres quartiers que ceux de la bourgeoisie.
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