dimanche 15 avril 2012

Antique 11 - 04 (cours 9)

Précédemment : Antique 04 - 04
Merci à Christelle et à Jérôme pour leurs cours, puisque celui-ci fut tapé à 6 mains.



Septime Sévère, dit l'Africain, en pierre et en marbre


B.     Les provinciaux dans l’ordre équestre

Ce sont les mêmes tendances que pour le Sénat mais qui touchent des milieux plus larges avec des chevaliers originaires de l’intérieur des provinces plus que chez les sénateurs. Ainsi, en Espagne dans la province de Taratonnaise, les sénateurs sont issus des milieux de la province.
Sextus Afranius Burrus, originaire de Vaison la romaine, d’origine purement gauloise descend d’une famille qui a obtenu sa citoyenneté sous Pompée. Il devient chevalier sous Néron et prend la fonction de préfet du prétoire. Caius Stertinius Xénophon, originaire de l’île de Cos, est issu d’une grande famille de médecin puisque cette île possède un grand sanctuaire pour Asclépios. Xénophon fut envoyé par sa cité comme ambassadeur à Rome. Il acquiert alors la citoyenneté romaine et porte le nom du consul de l’année de son ambassade. Rentré à Cos, il a noué quelques contacts à Rome et devient ensuite le médecin personnel de Claude. L’empereur en fera un chevalier romain par la suite. A la mort de Claude il rentre précipitamment  dans son île (il a peut être joué un rôle dans la mort de l’empereur) et y terminera sa vie. Il est donc passé de pérégrin à chevalier romain en une génération. On a aussi des notables locaux en fin de carrière et qui reçoivent la dignité équestre. L’empereur les distingue ainsi.

Mais l’ascension sociale se fait généralement sur plusieurs générations. Dans la province d’Asie (actuelle Anatolie), on a reconstitué un parcours familial. La première génération devient notable. Dans la seconde génération, le fils devient grand prêtre de la province. Avec la troisième génération, le petit-fils devient chevalier romain. Enfin quatrième génération, la famille entre dans l’ordre sénatorial.
Le pouvoir romain intègre donc les élites des provinces. Ce fonctionnement aboutissant à des familles impériales d’origine provinciale : les Sévères originaires de Leptis Magna avec une ascendance punique et italienne. De plus, Septime Sévère épouse une femme d’origine syrienne Iulia Domna. Après deux siècles d’empire, on a une aristocratie relativement mixte.


Un facteur de romanisation des sociétés, c’est l’importance de l’intégration des élites locales dans l’aristocratie impériale. Ce sont avant tout les élites locales qui diffusent à différents niveaux la romanité. La réussite de l’Empire romain repose en grande partie par sa capacité à s’appuyer sur les élites locales et avec l’accord de celles-ci qui s’intègrent au maximum.


La triade capitoline


Les religions de l’Empire : des religions locales, une religion impériale ?


La vie religieuse est organisée au niveau local, les cités sont autonomes dans la religion. En même temps, il y a aussi des facteurs d’unification qui rapprochent les religions entre elles.


I.                   Les religions des cités

1.      Rappels généraux sur les religions antiques

Dans l’Empire il existe autant de religions, qu’il existe de cités. En effet, chaque cité est une entité politique et chaque cité a son panthéon avec ses dieux. La religion romaine ne veut rien dire sauf si on limite son acception à la seule ville de Rome. L’autonomie religieuse des cités est un principe important de l’Empire.
Toutes ces cités ont des religions polythéistes à de très rares exceptions près. Il n’y a pas de limites au nombre de dieux, généralement, leurs fonctions sont complémentaires. En étudiant une cité, il faut recenser l’ensemble de ses dieux pour comprendre le fonctionnement de la cité. On parle aussi de société des dieux.

On évoque aussi une religion publique. Il existe certes des religions privées mais la religion est avant tout collective. La cité est protégée par des dieux et chacun doit respecter ces dieux au risque sinon de briser la paix entre la cité et les dieux et de mettre en danger autrui. On pratique les cultes en fonction de son âge, de sa classe, … Vie sociale, vie politique et vie religieuse sont entremêlées et indissociables dans cette pratique communautaire.
Cela n’empêche pas des religions privées. On peut préférer honorer certains dieux plus que d’autres. De même, public ne veut pas dire que tout le monde se réunit pour chaque culte, et qu’on doit y assister. Public sous entend que la religion est pratiquée au nom de la cité. Les bonnes relations avec les dieux assurent la pax deorum, celui qui se comporte mal et brise la paix des dieux menace directement toute la cité.
Dans les cultes privés on a des pratiques dans les maisons et les familles. Le chef de maison  a un rôle religieux. On peut aller dans un sanctuaire pour des raisons spéciales (types maladies notamment). Certains font parfois des milliers de km pour aller se faire soigner dans des sanctuaires d’autres cités. On a des sociétés imprégnées de pratiques religieuses.

Les autorités romaines n’ont pas cherchées à imposer les dieux romains aux autres cités. Pour, un romain, ce n’est pas parce qu’un romain honore Jupiter qu’il impose Jupiter aux autres. Cela n’empêche pas la propagation de certains dieux.

Enfin les religions antiques sont ritualistes, on pratique des rites uniquement, il n’y a ni dogmes, ni doctrines religieuses, ni d’actes de foi. Seule la pratique des rites est exigeante. Les deux dieux punissent les rites qui sont mal effectués.

2.      La diversité des divinités locales

On peut sans doute dénombrer plusieurs centaines de dieux dans l’Empire. Ces divinités de Rome ont eu tendance à se diffuser surtout en Occident  par la cité. Ainsi lorsque les Romains fondent une cité, ils y insèrent leurs dieux. Particulièrement lors des colonies occidentales, avec la triade capitoline : Jupiter, Junon et Minerve. On trouve en particulier comme dieu puissant Jupiter Optimus Maximus. A Cuicul (Djemila), on trouve dans la colonie romaine un capitole avec cette triade. A Alésia, cité qui n’est pas une colonie, on retrouve cette triade, comme à Dougga qui possède un temple typiquement romain pour Jupiter Optimus Maximus.

Le vocabulaire des cités s’inspire très largement du vocabulaire romain notamment dans les charges religieuses : pontifes, flamines, sacerdos. Mais les cités ont leur fonctionnement comme le guguater Martis (prêtre de Mars) chez les Eduens. En Orient, rien n’est changé réellement. Cela n’altère en rien les divinités locales. Mais on a des difficultés face au nom des dieux, puisque certains prennent un nom romain alors que le dieu local auparavant était distinct (beaucoup de Lars en Gaule, de Diane en Bretagne, …). Dans les bains d’Aquae Sulis, on a retrouvé la divinité Sulios Minerva qui pouvait guérir ou rendre quelqu’un malade. Mais les divinités sont très nombreuses puisqu’a chaque problème, on créé un dieu. Sucellus en Gaule est un dieu de la prospérité plutôt pour les artisans, ce dieu gaulois fut latinisé. En Afrique on trouve une transformation d’un dieu carthaginois d’origine phénicienne Baal-Hammon, appelé Saturne et qui connaît un certain succès. En Asie, on trouve une grande popularité pour Artémis avec notamment un temple à Ephèse. Cette déesse représente la fertilité et la prospérité. Enfin, à Palmyre, on a une triade palmyréenne le dieu principal avec la lune et le soleil, dieux palmyréens qui sont romanisés dans leur représentation.

Pareil pour les styles des temples avec une influence romaine et des styles locaux. En Gaule, deux grands styles de temple existent d’une part le style classique romain (type la maison carrée de Nîmes : surélévation, une colonnade, un espace sacré fermé aux fidèles, …), plutôt pour les divinités d’origine romaine ; d’autre part, le fanum, temple carré avec des marches moins nombreuses, un faible surélèvement, un espace sacré carré, … Ce fanum est pour les divinités gauloises. Or le fanum est influencé par les Romains puisqu’il n’existe pas avant les Romains. On pratiquait les cultes dans des lieux naturels.


II.                Des tendances unificatrices

1.      Le culte impérial

Il faudrait parler des cultes impériaux puisque le culte impérial a des formes diverses selon les régions, les pratiques, … Malgré tout on honore l’empereur partout. Ce culte apparaît dès Auguste, voire dès la mort de César, premier personnage divinisé par le Sénat qui agit ainsi suite à une étoile filante passée le jour de ses funérailles. César devient le premier Divus. L’empereur est de toutes manières favorisé des dieux. Mais le culte impérial est plus que cela, on peut avoir des cultes sous la vie de l’empereur. On a trois types de cultes impériaux :
·         A Rome, on ne rend pas de culte à l’empereur directement tant qu’il est en vie. En revanche on a une pratique de contournement par le culte rendu au genus et au numen. Le genus est le double divin de chaque personne. Le numen est plus rare, c’est une part de divin donnée par les dieux à certains individus exceptionnels.
·         Après leur mort, on a la pratique d’une religion lié au divus de l’empereur, c’est le culte des empereurs divinisés. Suite à la décision du Sénat, ce nouveaux dieu est installé parmi les dieux de Rome, on lui donne un prêtre, on prévoit des fêtes dans le calendrier religieux, on lui fabrique un culte. Il restera toujours inférieur aux grands dieux mais il s’intègre dans la pluralité des dieux de Rome. Après Auguste, l’installation du nouveau dieu donne lieu à une cérémonie de plusieurs jours. Le moment de la consecratio est le moment de la décision du Sénat de diviniser l’empereur. Après l’incinération, l’empereur est censé s’envoler et rejoindre les dieux. Tous les empereurs ne sont pas divinisés. Certains sont condamnés par le Sénat comme Néron ou Domitien. C’est la damnatio memoriae. Certains empereurs ne sont ni l’un ni l’autre comme Tibère. Il y a une liste officielle des divi.
Le culte des divi se diffuse en Occident mais toutes les cités ne reprennent pas les mêmes divi qu’à Rome. En Orient, les cités grecques n’ont jamais adopté le culte des divi. Ils honorent plutôt les personnes vivantes et ils rendent un culte direct à l’empereur vivant.
·         Culte direct : il n’existe pas à Rome. A Rome, on utilise uniquement le culte des divi et le culte indirect. Dans les provinces, il y a les cultes instaurés par les assemblées provinciales. A Lyon en – 12, l’assemblée fonde un culte à Rome et à Auguste. Les grands prêtres sont élus par l’assemblée provinciale pour être prêtre du culte de l’empereur pour toute la province. Ils portent le titre de grand prêtre. En Orient, ils s’appellent archireus. On élit également une femme archireia. L’équivalent en Occident est flamine et flaminique. Ces grands prêtres se rendent populaires en donnant des spectacles notamment de gladiateurs. En Orient, on rend plutôt un culte aux vivants parfois même à des membres de la famille impériale. En Occident, on en trouve également mais un peu moins.
Il y a donc une grande diversité. Mais malgré ses différentes formes, le culte s’installe partout ce qui constitue un facteur d’unité. C’est un culte dans lequel on associe les affranchis. Ils ont leur propre culte impérial. Ce sont les plus riches des affranchis de la cité qui font partie du collège appelé sevir augustalis et qui rendent un culte à Auguste.
Par le culte impérial il y a des fêtes célébrées dans tout l’Empire. On fait par exemple des vœux pour le salut du peuple romain et de la famille impériale. Les anniversaires impériaux sont également célébrés dans tout l’Empire. Les célébrations prennent des formes différentes mais elles se font dans tout l’Empire. Des serments y sont prêtés. Les empereurs eux-mêmes, même s’ils ne diffusent pas des images, diffusent le culte. Par exemple, sur le revers des pièces de monnaies, on représente des vertus. C’est une façon d’associer l’empereur à et une divinité. Le culte impérial est présent partout dans l’Empire et à tous les niveaux mais cela ne bouleverse pas forcément le fonctionnement local de la cité.

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