Merci à Christelle et à Jérôme pour leurs cours, puisque celui-ci fut tapé à 6 mains.
Septime Sévère, dit l'Africain, en pierre et en marbre
B.
Les provinciaux dans l’ordre équestre
Ce sont les mêmes tendances que
pour le Sénat mais qui touchent des milieux plus larges avec des chevaliers
originaires de l’intérieur des provinces plus que chez les sénateurs. Ainsi, en Espagne dans
la province de Taratonnaise, les sénateurs sont issus des milieux de la
province.
Sextus Afranius Burrus, originaire de Vaison la
romaine, d’origine purement gauloise descend d’une famille qui a obtenu sa
citoyenneté sous Pompée. Il devient chevalier sous Néron et prend la fonction
de préfet du prétoire. Caius Stertinius
Xénophon, originaire de l’île de Cos, est issu d’une grande famille
de médecin puisque cette île possède un grand sanctuaire pour Asclépios.
Xénophon fut envoyé par sa cité comme ambassadeur à Rome. Il acquiert alors la
citoyenneté romaine et porte le nom du consul de l’année de son ambassade.
Rentré à Cos, il a noué quelques contacts à Rome et devient ensuite le médecin
personnel de Claude. L’empereur en fera un chevalier romain par la suite. A la
mort de Claude il rentre précipitamment
dans son île (il a peut être joué un rôle dans la mort de l’empereur) et
y terminera sa vie. Il est donc passé de
pérégrin à chevalier romain en une génération. On a aussi des notables locaux
en fin de carrière et qui reçoivent la dignité équestre. L’empereur les
distingue ainsi.
Mais l’ascension sociale se fait
généralement sur plusieurs générations. Dans la province d’Asie (actuelle Anatolie), on a
reconstitué un parcours familial. La première génération devient notable. Dans
la seconde génération, le fils devient grand prêtre de la province. Avec la
troisième génération, le petit-fils devient chevalier romain. Enfin quatrième
génération, la famille entre dans l’ordre sénatorial.
Le pouvoir romain intègre donc
les élites des provinces. Ce fonctionnement aboutissant à des familles
impériales d’origine provinciale : les Sévères originaires de Leptis Magna avec
une ascendance punique et italienne. De plus, Septime Sévère épouse une
femme d’origine syrienne Iulia Domna. Après deux siècles d’empire, on a une
aristocratie relativement mixte.
Un facteur de romanisation des
sociétés, c’est l’importance de l’intégration des élites locales dans
l’aristocratie impériale. Ce sont avant tout les élites locales qui diffusent à
différents niveaux la romanité.
La réussite de l’Empire romain repose en grande partie par sa capacité à
s’appuyer sur les élites locales et avec l’accord de celles-ci qui s’intègrent
au maximum.
La triade capitoline
Les religions de l’Empire : des religions locales, une religion
impériale ?
La vie religieuse est organisée
au niveau local, les cités sont autonomes dans la religion. En même temps, il y
a aussi des facteurs d’unification
qui rapprochent les religions entre elles.
I.
Les religions des
cités
1.
Rappels généraux sur les religions antiques
Dans l’Empire il existe autant de
religions, qu’il existe de cités. En effet, chaque cité est une entité
politique et chaque cité a son panthéon avec ses dieux. La religion romaine ne veut rien
dire sauf si on limite son acception à la seule ville de Rome. L’autonomie
religieuse des cités est un principe important de l’Empire.
Toutes ces cités ont des
religions polythéistes à de très rares exceptions près. Il n’y a pas de limites au
nombre de dieux, généralement, leurs fonctions sont complémentaires. En
étudiant une cité, il faut recenser l’ensemble de ses dieux pour comprendre le
fonctionnement de la cité. On parle
aussi de société des dieux.
On évoque aussi une religion
publique. Il existe certes des religions privées mais la religion est avant
tout collective.
La cité est protégée par des dieux et chacun doit respecter ces dieux au risque
sinon de briser la paix entre la cité et les dieux et de mettre en danger autrui.
On pratique les cultes en fonction de son âge, de sa classe, … Vie sociale, vie politique et vie
religieuse sont entremêlées et indissociables dans cette pratique
communautaire.
Cela n’empêche pas des religions
privées. On peut préférer honorer certains dieux plus que d’autres. De même, public ne veut pas dire
que tout le monde se réunit pour chaque culte, et qu’on doit y assister. Public
sous entend que la religion est pratiquée au nom de la cité. Les bonnes relations avec les dieux
assurent la pax deorum, celui qui se
comporte mal et brise la paix des dieux menace directement toute la cité.
Dans les cultes privés on a des
pratiques dans les maisons et les familles. Le chef de maison a un rôle religieux. On peut aller dans un
sanctuaire pour des raisons spéciales (types maladies notamment). Certains font
parfois des milliers de km pour aller se faire soigner dans des sanctuaires
d’autres cités. On a des sociétés imprégnées de pratiques religieuses.
Les autorités romaines n’ont pas
cherchées à imposer les dieux romains aux autres cités. Pour, un romain, ce n’est pas
parce qu’un romain honore Jupiter qu’il impose Jupiter aux autres. Cela n’empêche pas la propagation de
certains dieux.
Enfin les religions antiques sont
ritualistes, on
pratique des rites uniquement, il n’y a ni dogmes, ni doctrines religieuses, ni
d’actes de foi. Seule la pratique des rites est exigeante. Les deux dieux
punissent les rites qui sont mal effectués.
2.
La diversité des divinités locales
On
peut sans doute dénombrer plusieurs centaines de dieux dans l’Empire. Ces divinités de Rome ont eu
tendance à se diffuser surtout en Occident
par la cité. Ainsi lorsque les Romains fondent une cité, ils y insèrent
leurs dieux. Particulièrement lors des colonies occidentales, avec la triade
capitoline : Jupiter, Junon et Minerve. On trouve en particulier comme dieu puissant Jupiter Optimus
Maximus. A Cuicul (Djemila), on trouve dans la colonie romaine un
capitole avec cette triade. A Alésia, cité qui n’est pas une colonie, on
retrouve cette triade, comme à Dougga qui possède un temple typiquement romain
pour Jupiter Optimus Maximus.
Le vocabulaire des cités
s’inspire très largement du vocabulaire romain notamment dans les charges
religieuses : pontifes, flamines, sacerdos. Mais les cités ont leur
fonctionnement
comme le guguater Martis (prêtre de
Mars) chez les Eduens. En Orient, rien
n’est changé réellement. Cela n’altère en rien les divinités locales. Mais
on a des difficultés face au nom des dieux, puisque certains prennent un nom
romain alors que le dieu local auparavant était distinct (beaucoup de Lars en
Gaule, de Diane en Bretagne, …). Dans les bains d’Aquae Sulis, on a retrouvé la
divinité Sulios
Minerva qui pouvait guérir ou rendre quelqu’un malade. Mais les divinités sont très nombreuses
puisqu’a chaque problème, on créé un dieu. Sucellus en Gaule est un dieu
de la prospérité plutôt pour les artisans, ce dieu gaulois fut latinisé. En
Afrique on trouve une transformation d’un dieu carthaginois d’origine
phénicienne Baal-Hammon, appelé Saturne et qui connaît un certain succès. En
Asie, on trouve une grande popularité pour Artémis avec notamment un
temple à Ephèse. Cette déesse représente la fertilité et la prospérité. Enfin,
à Palmyre, on a une triade palmyréenne le dieu principal avec la lune et le
soleil, dieux palmyréens qui sont romanisés dans leur représentation.
Pareil pour les styles des
temples avec une influence romaine et des styles locaux. En Gaule, deux grands
styles de temple existent d’une part le style classique romain (type la maison carrée de
Nîmes : surélévation, une colonnade, un espace sacré fermé aux fidèles,
…), plutôt pour les divinités d’origine romaine ; d’autre part, le fanum,
temple carré avec des marches moins nombreuses, un faible surélèvement, un
espace sacré carré, … Ce fanum est
pour les divinités gauloises. Or le fanum
est influencé par les Romains puisqu’il n’existe pas avant les Romains. On
pratiquait les cultes dans des lieux naturels.
II.
Des tendances
unificatrices
1.
Le culte impérial
Il faudrait parler des cultes
impériaux puisque le culte impérial a des formes diverses selon les régions,
les pratiques, … Malgré tout on honore l’empereur partout. Ce culte apparaît
dès Auguste, voire dès la mort de César, premier personnage divinisé par le Sénat qui agit
ainsi suite à une étoile filante passée le jour de ses funérailles. César devient le premier Divus. L’empereur est de toutes
manières favorisé des dieux. Mais le culte impérial est plus que cela, on peut
avoir des cultes sous la vie de l’empereur. On a trois types de cultes impériaux :
·
A Rome, on ne rend pas de culte à
l’empereur directement tant qu’il est en vie. En revanche on a une pratique de
contournement par le culte rendu au genus
et au numen. Le genus est le double divin de chaque personne. Le numen est plus rare, c’est une part de
divin donnée par les dieux à certains individus exceptionnels.
·
Après leur mort, on a la pratique
d’une religion lié au divus de l’empereur, c’est le culte des empereurs
divinisés. Suite à la décision du Sénat,
ce nouveaux dieu est installé parmi les dieux de Rome, on lui donne un prêtre,
on prévoit des fêtes dans le calendrier religieux, on lui fabrique un culte. Il
restera toujours inférieur aux grands dieux mais il s’intègre dans la pluralité
des dieux de Rome. Après Auguste, l’installation du nouveau dieu donne lieu
à une cérémonie de plusieurs jours. Le moment de la consecratio est le
moment de la décision du Sénat de diviniser l’empereur. Après l’incinération,
l’empereur est censé s’envoler et rejoindre les dieux. Tous les empereurs ne sont pas divinisés. Certains sont condamnés par
le Sénat comme Néron ou Domitien. C’est la damnatio
memoriae. Certains empereurs ne sont ni l’un ni l’autre comme Tibère. Il
y a une liste officielle des divi.
Le culte des divi se diffuse en Occident mais toutes les cités ne
reprennent pas les mêmes divi qu’à
Rome. En Orient, les cités grecques
n’ont jamais adopté le culte des divi.
Ils honorent plutôt les personnes vivantes et ils rendent un culte direct à
l’empereur vivant.
·
Culte direct : il n’existe
pas à Rome. A
Rome, on utilise uniquement le culte des divi
et le culte indirect. Dans les provinces, il y a les cultes instaurés par les
assemblées provinciales. A Lyon en – 12, l’assemblée fonde un culte à Rome et à
Auguste. Les grands prêtres sont élus
par l’assemblée provinciale pour être prêtre du culte de l’empereur pour toute
la province. Ils portent le titre de grand prêtre. En Orient, ils s’appellent archireus. On élit également une femme archireia. L’équivalent en Occident est
flamine et flaminique. Ces grands prêtres se rendent populaires en donnant
des spectacles notamment de gladiateurs. En Orient, on rend plutôt un culte aux
vivants parfois même à des membres de la famille impériale. En Occident, on en
trouve également mais un peu moins.
Il y a donc une
grande diversité. Mais malgré ses différentes formes, le culte s’installe
partout ce qui constitue un facteur d’unité. C’est un culte dans lequel on
associe les affranchis.
Ils ont leur propre culte impérial. Ce sont les plus riches des affranchis de
la cité qui font partie du collège appelé sevir
augustalis et qui rendent un culte à Auguste.
Par le culte
impérial il y a des fêtes célébrées dans tout l’Empire. On fait par exemple des vœux
pour le salut du peuple romain et de la famille impériale. Les anniversaires
impériaux sont également célébrés dans tout l’Empire. Les célébrations prennent
des formes différentes mais elles se font dans tout l’Empire. Des serments y sont prêtés. Les
empereurs eux-mêmes, même s’ils ne diffusent pas des images, diffusent le
culte. Par exemple, sur le revers des pièces de monnaies, on représente des
vertus. C’est une façon d’associer l’empereur à et une divinité. Le culte impérial est présent partout dans
l’Empire et à tous les niveaux mais cela ne bouleverse pas forcément le
fonctionnement local de la cité.
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