Figurine d'un Sarrasin
On
connaît l’histoire d’Othere,
chef viking norvégien, fournisseur de la cour d’un roi du Wessex, Alfred le Grand.
Même en pleine période d’attaques vikings, les relations commerciales entre les
deux chefs ne s’interrompent pas. Un moine de la cour de ce roi a mis par écrit
la vie de ce chef viking. Il se qualifie comme chef à la fois éleveur,
chasseur, agriculteur, … Mais sa principale source de profit vient du commerce
de fourrures, d’os (de baleine et d’ivoire de morse). Fin IX° siècle, malgré les pillages
vikings, le commerce avec eux est maintenu. Même s’ils sont marchands, on sait aujourd’hui que les Vikings se
déplacent toujours très armés, notamment pour le prestige que cela offre à
celui qui les possède. Ces armes sont très proches de celles des Francs, voire
sont d’origine franque. Il est possible
qu’une partie de ces armes soient razziées aux Francs, une autre a du être
vendue en dépit de la menace capitulaire de mort. De plus, une partie a fini par être produite en Scandinavie, leurs
forgerons acquérant un certain prestige. De même pour les casques.
Les
armées vikings sont de petites tailles, les flottes importantes en réunissaient
plusieurs ensembles. Avant la seconde moitié du XI° siècle, Les armées vikings
formaient de petites armées privées. Le succès viking ne tient pas à leur
supériorité numérique, ni leur supériorité d’armement mais bien à leur vitesse
et à l’effet de surprise lié à leurs bateaux. Ces navires allaient vite et par
leurs fonds plats pouvaient remonter haut le long des fleuves. Si le mot est snekkja, on parle de drakkar à cause
du petit dragon sculpté en proue du bateau, le drekki. Il devait soit effrayer les ennemis, soit effrayer les
monstres marins. Lorsqu’il n’y a pas de vents, ils se servent de rames. Notons
qu’ils peuvent transporter sur ses
bateaux de nombreux équipements dont des chevaux qui permettaient de continuer
les razzias en terre. Mais ces
bateaux coutaient chers et assuraient un prestige, donc seuls une bonne assise
dans la société scandinave permettait cela. On y tenait tellement, que
leurs propriétaires une fois mort, on brulait leurs bateaux et on enterrait le
défunt avec les cendres. Une autre pratique était d’incinérer le défunt avec
son bateau. Les tombes les plus prestigieuses sont comblées par des animaux,
des ustensiles pour le banquet d’Odin, des esclaves pour aider à la cuisine, …
Seule l’élite des guerriers pouvait en bénéficier. Cette élite de guerriers est aussi l’élite économique et politique.
Les armes dans les tombes sont souvent des armes franques et, dans ce contexte,
cela est soit venu du butin, soit d’un cadeau.
L’expansion viking
se fit en trois phases. Jusque vers 830, on
a des raids très sporadiques et isolées. Elles sont montées contre des
objectifs sur les côtes.
Le plus ancien raid connu date de 793 et eut lieu contre le monastère de Lindisfarne,
un des plus grands monastères du monde Anglo-Saxon, qui fut entièrement brulé. A partir de 795,
ils s’en prennent beaucoup à l’Irlande. En 799,
ils attaquent les côtes du royaume franc. Charlemagne inquiet demande des
fortifications sur les côtes et la rénovation des phares.
Dans un second
temps, entre 830 et
865, les Vikings reviennent sur le continent et profitent du désordre
politique pour remonter loin dans les terres par les fleuves en remontant à
Orléans pour la Loire et à Meaux pour la Seine. Ils s’établissent à demeure sur
l’embouchure de la Seine tout en continuant leurs razzias dans le bassin
versant de la Seine. Ils feront d’ailleurs un raid sur St-Denis enlevant
l’archichancelier du royaume, cousin germain de Charles le Chauve. Le roi va
devoir lever une rançon énorme pour libérer son cousin qui serait montée à 688
livres d’or et 3 250 livres d’argent. Les
Grands en ont assez que Charles lève si régulièrement le Danegeld, prix demandé par les Danois. Cette pratique vient des
monastères en premier lieu qui payaient les Vikings pour leur départ. Le
pouvoir royal sous prétexte d’acheter le retour à la paix, fait de même
ensuite. Durant cette phase, les Vikings
s’enrichissent considérablement.
Ainsi le trésor de Hon en Norvège semble avoir une des parties du pillage de
St-Denis avec une fibule, des monnaies et des bijoux scandinaves. La plupart
des trésors volés au royaume franc furent donc refondus, et ceux qui sont
restés intacts sont plutôt d’origine anglo-saxonne. On pense aussi que de nombreux
cadeaux circulaient entre chefs vikings qui n’étaient pas fondus.
Fin
des années 865 jusqu’à 930, on entre dans une nouvelle
phase, celle de la fondation de nouveaux Etats vikings. Ils fonderont le royaume de
Dublin qui fut assez éphémère, mais surtout l’Est de l’Angleterre, le Danelaw, avec le royaume d’York en
876 par exemple. Enfin, ils s’installent aussi en Normandie. En 911,
est signé le traité de St-Clair sur Epte. Le roi franc Charles le Simple a cédé
à un chef viking nommé Hrolf ou Rollon. Le but est que Rollon qui reçoit la
région dévastée doive la protéger des attaques vikings. On considère que c’est la fondation du
duché de Normandie puisque les fils de Rollon prendront le titre de Duc des
Normands. Ce n’est pas la première fois que cette stratégie est mise ne place,
mais là elle va marcher. En effet, Rollon
et ses fils vont vite s’intégrer à la vie politique du royaume par la parenté
spirituelle, par des relations de fidélités aux grands francs (Rollon fut
vassal de Robert de Neustrie, ancêtre d’Hugues capet), par des alliances
matrimoniales, … Ces Vikings se sont
acculturés en acceptant les mœurs franques. L’Eglise joue alors un rôle
important, le fils de Rollon, Guillaume Longue Epée fut d’ailleurs très
conseillé par l’Eglise.
La question est alors
de savoir si la Normandie fut une colonie viking, les archéologues n’ont rien
retrouvé comme traces typiquement viking. La trace principale est toponymique avec les noms de lieux en –tot.
Alors les vikings ne devaient pas être très nombreux certes, en revanche les
élites qui se sont implantées sur place se sont appropriés des terres parfois
même des villes qu’ils ont nommé dans le style viking. On a aussi des mots dans
le vocabulaire normand voire français (tribord, babord, …) surtout concernant
le vocabulaire marin. On a aussi des traces dans les noms de famille,
aujourd’hui encore avec des transformations, on a des noms de personnalités
dérivées d’ancêtres vikings.
Le phénomène viking
est donc complexe mais fut déterminant en Europe. Aujourd’hui on nuance le seul
coté pillages et incendies. On souligne le fait que l’Eglise s’est enrichie en
acquisitions foncières sur le long terme. Autre point des économistes, les
Vikings en pillant les trésors ont remis du métal précieux en circulation qui
fut réinvesti dans les circuits économiques en particulier dans les mers de
Nord, ce qui
explique que se soit la région qui par la suite deviendra le poumon économique
d’Europe. Ces pillards ont redistribués les cartes économiques au profit de la
mer du Nord pour le début du Moyen-Age. Enfin cela a abouti à l’intégration de
la Scandinavie dans la culture européenne et à la constitution d’Etats
monarchiques dans le Nord de l’Europe. De
plus, les Vikings ont découvert de nombreuses terres en colonisant
l’Islande, le Sud du Groenland jusqu’au XIV° siècle (ils furent décimés par une
épidémie) et l’Amérique du Nord qu’ils ne colonisèrent pas longuement.
B.
La piraterie sarrasine
Ces pirates
musulmans pillent le sud de l’Empire
avec Nice en 813, Marseille en 834 et en 838.
Ils prennent aussi la Sicile en 827 et s’y
implantent pour attaquer l’Italie du Sud. On
a donc aussi deux phases : de pillages puis d’installations. Il n’y a
pas non plus d’Etats derrière, ce sont des pillages pour l’enrichissement et
non pas au nom de Dieu. Il s’agit surtout
de faire des bénéfices.
Ces pirates
viennent de l’émirat de Cordoue pour une part et de la dynastie des Aghlabite
au royaume éponyme, en actuelle Tunisie. Ils
s’installent aussi dans des repères en Provence et dans les Alpes ce qui
multiplient les embuscades entre l’Italie et la Provence et pose de nombreux
problèmes. De plus, ils s’en prennent à Rome et la sécurité est renforcée
de plusieurs manières. Malgré tout leurs efforts, les Sarrasins s’arrêtent
durablement sur les côtes italiennes. Du coup, cela ferme le grand commerce en
Méditerranée et favorise la Mer du Nord où les richesses transites.
C.
La frontière orientale
Les peuples de
Moravie commencent à s’organiser en Etat avec
quelques Moraves christianisés qui s’y attaquent. Les Avars que Charlemagne a
massacré, laissent un vide dans leur royaume que les Bulgares viennent combler
en s’attaquant à l’Empire ce qui empêche toute extension de l’Empire. Les
Bulgares ne font pas des raids de pillages mais sont en conflit ouvert avec les
Carolingiens et ne souhaitent pas se soumettre. On mesure donc à quel point
l’Empire est menacé.
Louis le Pieux n’a
fait aucune conquête et lutte surtout contre l’instabilité politique menaçante
au sien de son Empire. Cela est d’autant plus difficile que les caisses de l’Empire
sont vides en richesses et en terres. Même sans la naissance de Charles le
Chauve, l’ordinatio imperii était
menacé puisque l’aristocratie laïque ne voyait pas l’intérêt de conserver un
seul Empire en danger alors qu’en s’engageant avec un de ses fils, elle pouvait
lutter contre les deux autres.
2.
Les dernières années du règne de Louis
Louis le
Germanique, qui a sorti son père de la prison de St-Médard, ne reçoit guère
beaucoup plus de son père. Il complote donc avec Lothaire. Leur père furieux de
ce rapprochement décide en juillet 838 de ne
laisser à Louis le Germanique que la Bavière en lui reprenant les promesses alors faites. En septembre
de la même année, Charles le Chauve reçoit de son père les armes qui font
de lui un homme à 15 ans. Son père ajoute une couronne de Neustrie, sauf que
personne ne sait où vont les limites de la Neustrie. En décembre, s’ajoute la disparition
en décembre 838 de Pépin d’Aquitaine. Du
coup, Louis le Pieux en mai 839, organise un
nouveau traité lors de l’assemblée de Worms. C’est un nouveau partage qui se
définit. A Louis le germanique la Bavière, à Lothaire l’Ouest de la Meuse –
Saône – Rhône et à Charles, l’Est de cette limite. Lothaire trouvant ce partage toujours injuste, entre
en rébellion ouverte contre son père pour réclamer son héritage, avec le
soutien du fils de Pépin d’Aquitaine, Pépin II d’Aquitaine. Louis le Pieux entre de nouveau en guerre
et décèdera en revenant d’une expédition contre Louis le Germanique, le 20 juin 840.
Généalogie depuis Charlemagne
Les fils de Louis le Pieux et la naissance de nouveaux royaumes
Avec le décès de
Louis le Germanique, une guerre civile ouverte éclate entre les trois frères
durant trois ans de 840 à 843 et s’achève
par le partage de Verdun.
On voit plusieurs écrits historiques soulignant qu’on a là la naissance de la
France, ce qui n’est pas exactement le cas.
I.
De la guerre civile
au partage de Verdun
1.
La bataille de Fontenay en Puisaye
En 839, le décès de
Louis le
Pieux devait faire entériner le partage de Worms, or Lothaire
renie ce partage et revendique l’application intégrale de l’ordinatio imperii pour être l’empereur de tout son territoire
légitimement acquis. Il envoie des missives dans tout l’Empire pour menacer ses
ennemis s’ils ne se rallient pas à lui. Du coup, Louis
le Germanique et Charles le Chauve s’y opposent et jouent sur les
fidélités pour s’allier des aristocrates. Lothaire semble avoir le plus de
fidèles vu qu’il a un réseau dans tout l’Empire. Il comprend aussi que soutenir
toute révolte contre ses frères devraient les affaiblir. Il soutient la
révolte de Pépin II d’Aquitaine, revendiquant ses terres, contre Charles ;
les stellinga des Saxons contre Louis
le Germanique. Ces stellinga sont les
hommes libres de la Saxe qui se révoltent face à leurs élites et donc contre
Louis le Germanique.
La seule solution
des deux frères est de s’allier contre Lothaire. Ils effectuent cette alliance
et à Fontenay en Puisaye, le 25 juin 841
près d’Auxerre leurs armées sont contre celles de Lothaire. Dans ces armées on a des
ecclésiastiques qui bénissent les armes et soulignent qu’on se bat au nom de
Dieu. Toujours est-il que les évêques
vont faire de cette bataille une ordalie, un jugement de Dieu qui favorisera celui qui est juste. Par son
ampleur, cette bataille va traumatisée les contemporains et de nombreux
textes décrivent cette bataille.
Curieusement Louis
et Charles gagnent la bataille. Lothaire fuit alors à Aix-la-Chapelle dans
laquelle il s’enferme. Tout les hésitants parmi les élites rejoignent Louis et
Charles, en
particulier Bernard de Septimanie qui confie son fils à Charles. C’est une
garantie de la fidélité. Cela ne fait que renforcer l’alliance entre Louis et
Charles qui passent aussi par les
serments que passent entre eux les deux frères : les serments de
Strasbourg.
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