vendredi 6 avril 2012

Sociologie Politique - CM - Chapitre 3

Chapitre 3 : L’émergence des partis politiques.



Les ancêtres des partis politiques émergent dès le XVIIIe siècle, lorsque se met en place la démocratie représentative, les députés qui ont une même attitude vis-à-vis des gouvernants ont tendance à se regrouper et cela se voit dans l’organisation spatiale de l’assemblée.



Même si il y a des formes de regroupement au XVIIIe siècle, cela reste très limité et notamment limité au cadre du parlement. Les partis politiques tels qu’on les connait aujourd’hui émergent à la fin du XIXe siècle et leur création est liée à l’émergence du suffrage universel. Il se crée alors des structures permanentes qui existent en dehors de l’enceinte parlementaire. Avec l’augmentation du nombre de votants, les coûts de la campagne augmentent et les individus isolés ont besoin de la structure d’un groupe pour engranger des fonds économiques pour faire campagne ; les programmes sont d’avantage idéologiques et la politique se fait maintenant au niveau national et plus au niveau local. Le parti permet de partager le réseau social et c’est un marqueur politique qui fait qu’un inconnu est facilement reconnaissable dans l’échiquier politique.



Les partis ont trois types de ressources : une main d’œuvre bénévole qui fournissent du travail gratuit ; de l’argent recueillis par les cotisations des adhérents, par le reversement d’une partie des indemnités des élus et par les dons ; les postes rémunérés par le parti lui-même.



Tout cela explique que les premiers grands partis fortement structurés ont été des partis ouvriers (Allemagne, Angleterre et France) car le capital collectif du groupe compensait le manque de capital individuel des candidats.

En France, le premier parti politique apparait en 1901, c’est le parti républicain radical et socialiste, qui se constitue autour de l’affaire Dreyfus et de la laïcité notamment. En 1902 se crée un parti de droite qui ne va pas durer, c’est l’action libérale populaire (catholiques conservateurs). En 1905 se crée la SFIO (les déçus du radicalisme et du socialisme, ancêtre du PS). En 1920, nous avons le Parti Communiste Français.



Les partis politiques ont été très critiqués et c’est encore le cas aujourd’hui : on les soupçonne de diviser la population qui serait sans eux uni. On leur reproche aussi de ne pas respecter l’idéal démocratique car ils fonctionneraient dans l’intérêt de leurs dirigeants (selon Roberto MICHELS, les lois d’airain de la démocratie).



I-                   Définition.



1-      Définition préliminaire.



La définition de WEBER.

Les partis ont pour but « de procurer à leur chef le pouvoir au sein d’un groupement et à leurs militants actifs des chances – idéales ou matérielles – de  poursuivre des buts objectifs, d’obtenir des avantages personnels ou de réaliser les deux ensembles ».

Le parti est donc un milieu social où le travail est réparti et où il y a une hiérarchie interne entre dirigeant et militant. Dans ce passage, WEBER définit aussi le parti comme « une entreprise de conquête du pouvoir » qui fonctionne selon un principe de rationalisation : le parti recense les demandes et les besoins de la population (de façon locale sur l’ensemble du territoire nationale) et il les transforme en programme d’action ; il fidélise les électeurs en ayant des journaux propres, des meetings, des carnets d’adhérents.

Les partis politiques ont donc une organisation bureaucratique, qui est un des exemples de WEBER en la matière.



On peut donner quatre critères pour définir les partis politiques (politistes américains) :

=> C’est une organisation durable qui survit à leurs dirigeants. Par exemple, le parti gaulliste a survécu à son leader charismatique.

=> Les échelons locaux sont étroitement liés au centre national. Les partis ont des unités de base sur l’ensemble du territoire, on parle de section ou de fédération. Cela fait la différence avec les groupes parlementaires qui n’existent qu’au niveau national ou les comités de notables qui n’existaient qu’à l’échelle locale.

=> Leur volonté explicite de conquérir le pouvoir politique, par l’élection ou par des moyens révolutionnaires. On peut faire la différence avec les groupes d’intérêts qui veulent influencer le débat sans pour autant prendre le pouvoir.

=> Les partis politiques ont pour vocation de trouver un soutien populaire en ayant des sympathisants, des militants et des électeurs. Cela les différencie des think tanks (des intellectuels).



2-      Les fonctions d’un parti politique.



On peut distinguer deux types de fonctions du parti politique selon MERTON : les fonctions manifestes et les fonctions latentes. Les fonctions manifestes sont les fonctions explicites et revendiquées comme telles, les fonctions latentes sont les fonctions dont les membres des partis n’ont pas consciences, des fonctions implicites.



Les fonctions manifestes :

=> Une fonction pédagogique et programmatique : mobiliser un électorat et permettre aux individus de se repérer dans l’offre politique.

=> Une fonction de sélection : on sélectionne au sein du parti les candidats aux élections et on les autorise à porter le nom du parti.

=> Une fonction d’encadrement : les partis continus à encadrer les élus auxquels ils ont permis l’investiture et le parti qui est au gouvernement organise la vie politique autour d’un programme construit et cohérent.



Les fonctions latentes :

=> Une fonction tribunicienne : le tribun de la plèbe était un magistrat qui avait pour rôle de faire remonter le mécontentement et la grogne des exclus. Certains partis politiques jouent ce rôle : LAVAU a qualifié le PC d’un parti tribunicien car il organise et défend les catégories populaires, leur donnant une importance et faisant remonter leur avis. Le FN a le même rôle, certains votent pour lui non pas pour qu’il soit au pouvoir mais pour montrer son mécontentement.

=> Une fonction d’intégration sociale : les partis politiques sont des lieux de sociabilité. On peut se faire des amis, cela produit de la complicité lors des porte-à-porte, une émotion commune peut se dégager lors d’une victoire électorale. Il y a aussi une amélioration du niveau éducatif via des formations, les écoles du PC, etc. C’est notamment ce que montre GAXIE.

=> Une fonction de construction de l’identité des groupes sociaux que le parti représente : on pense souvent que les partis politiques représentent des groupes sociaux préexistants mais les représentants peuvent aussi faire le groupe. D’une certaine façon, c’est le PC qui a structuré la classe ouvrière en lui donnant une forme, une homogénéité et des représentations communes. Tous les partis ont cette fonction-là. Le parti peut rendre légitime des traits considérés comme distinctif du groupe.



II-                Typologie des partis politiques.



1-      Une typologie pionnière : parti de cadre et parti de masse.



Typologie de Maurice DUVERGER en 1951.



Les partis de cadres :

Ce sont des organisations composées de notables que le passage du suffrage censitaire au suffrage universel ont forcé à se réunie. C’est un parti composé d’élites sociales qui ont de fortes ressources sociales et économiques

Les appareils institutionnels du parti sont peu développé, c’est un parti faiblement centralisé qui s’appuit sur des réseaux notabiliaires locaux assez autonomes. Ce sont des partis peu discipliné, la tête du parti ne donne pas des consignes trop contraignantes. Ce sont des partis qui ont peu de militants, ils n’en ont pas besoin car le parti à déjà un fort capital social et un fort capital économique.

Exemple : l’UDF.



Les partis de masse :

Ils recherchent à avoir le plus grand nombre d’adhérents, dans ces partis ils sont une ressource important de par leurs cotisations, qui financent les activités du parti, mais aussi car les militants font des activités de propagande. Ils permettent à des individus qui n’ont pas de fortes ressources de s’inscrire en politique.

Ils encadrent fortement la vie de leurs membres, produisant une sociabilité particulière, forgeant une vision du monde particulière. Il y a un effet de cohésion qui se fait autour du parti, structurant la classe sociale.

Au moment où DUVERGER fait sa typologie, les partis de masse semblent être l’avenir, il pense que les partis de cadres vont disparaitre. C’est un moment où les PC ont une implantation sociale forte.

Ex : les partis ouvriers.



Cette typologie permet encore de penser certaines oppositions. C’est l’idée qu’il y a des partis de classe. Mais cette typologie a aussi des limites, on remarque avec un recul historique que la prophétie de DUVERGER ne se réalise pas et on observe même un déclin des partis de masse.



Ce déclin des partis de masse est dû à une crise du militantisme. Comment expliquer cette crise ?

Les partis politiques ont une image négative, en particulier chez les jeunes. C’est aussi lié à la transformation de la société et à la difficulté du militantisme syndical : il y a une précarisation du travail, une transformation des modes de sociabilité traditionnelle privant les syndicats de leur base populaire.

Il y a une professionnalisation des partis politiques que l’on doit mettre en relation avec la plus grande importance du financement des pouvoirs publics avec le remboursement des frais de campagne, notamment. Cela permet aux partis d’embaucher des prestataires de service qui font le travail que faisaient les militants. On a donc plus besoin ni de la force de travail des militants, ni de leurs moyens financiers.

Il y a de nouvelles formes d’engagement politique qui vient supplanter le militantisme traditionnel, un engagement à la carte moins contraignant. Ex : les primaires socialistes qui étaient ouvertes aux sympathisants.



Les partis de masse sont remplacés par des partis composés de professionnels de la politique.



2-      L’avènement des partis professionnels : partis gestionnaires et partis protestataires.



Les partis gestionnaires :

Ce qui caractérise les partis politiques dans les sociétés contemporaines, c’est qu’ils ont besoin d’attirer à eux des électeurs issus de catégories très différentes et cela est lié à la différenciation sociale très poussés de notre société. Les partis ne peuvent pas se contenter d’être le parti d’une classe sociale unique pour obtenir la majorité. Pour qualifier ces partis qui cherchent à obtenir un électorat très large, Otto KIRCHHEIMER parle de catch-all parties, les partis attrape-tout.

Dans ces partis, le rôle des leaders est très important et l’objectif du parti n’est plus de garder sa classe sociale mais de conquérir le plus grand nombre d’électeur. Les programmes des différents grands partis deviennent alors plus ou moins indistincts, cela réduit le bagage idéologique des différents partis. Tous les grands partis se retrouvent dans la même position : séduire le plus grand nombre d’électeurs tout en préservant leur identité, passant par le choix lexicale ou thématique des discours. Cela amène l’utilisation de formules générales et abstraites.



Ce type de positionnement des grands partis laisse la place à d’autres partis, les partis protestataires.



Les partis protestataires :

Ces partis ne sont pas appeler à gérer le gouvernement, leur stratégie est d’avoir un discours radical, d’utiliser des thèmes diviseurs et des styles offensifs. Ils visent un électorat ciblé et délimité. Mais si ces partis cherchent à développer leur base électorale, de fait leur discours va devoir se modérer.  



Le financement des partis politiques :

Depuis 1988 les partis sont financés par l’Etat, auparavant c’était financé par les cotisations ou les dons. C’est pour éviter les détournements et les corruptions que l’Etat se mêle du financement des partis politiques. Le financement est proportionnel au nombre de candidats élus ainsi qu’au nombre de voix obtenus.



III-             La compétition politique.



1-      Compétition interne.



La compétition pour le pouvoir débute au sein même du parti pour savoir quel candidat va se présenter. Cette compétition peut se jouer autour des idées et des idéologies. Il y a des factions au sein même des partis politiques et aujourd’hui on reproche aux partis de ne pas être homogènes alors qu’historiquement, ce n’a jamais été le cas.

Cette sélection des candidats correspond à une sélection sociale, c’est-à-dire que les chances des adhérents d’accéder à des postes de responsabilité ou d’accéder à l’investiture par le parti dépendent étroitement de facteurs sociaux (origine sociale), intellectuels (niveau d’étude), sexuels (les hommes sont surreprésentés) et ethniques. Plus on monte dans les hiérarchies partisanes et moins les candidats ressemblent aux adhérents. On observe le même type de sélection sociale dans les partis que dans la société. (MISCHI sur le PCF).



2-      Compétition externe : le clivage.



Pour désigner les différents partis politiques et les interactions entre ceux-ci, on parle de système partisan. Il ne faut pas réfléchir un parti politique que par rapport à son électorat mais aussi comment il se positionne par rapport aux autres partis.

Par quoi passent les différences entre les partis politiques ?

L’organisation entre les partis passe par des grandes lignes de tension : on parle de clivage. Un clivage est durable, il s’inscrit dans une historicité.



L’analyse fondatrice sur la notion de clivage est celle de Stein ROKKAN en 1967 : il définit deux conflits historiques majeurs qui engendrent quatre clivages principaux.



Le premier conflit est un conflit autour de la construction nationale :

=> Le clivage entre Eglise et Etat.

C’est un clivage important durant le XIXe et au début de XXe siècle à propos de la place de l’Eglise dans l’Etat moderne. Il oppose d’abord les partis cléricaux (les partis radicaux) aux partis anticléricaux (la gauche) et il se déplace au XXe sur des conflits autour de l’éducation en 1980 et en 1994. Dans d’autres pays, cela donne naissance à des partis religieux comme le CDU en Allemagne.

=> Le clivage entre centre et périphérie. C’est un clivage gauche/droite

Il y a débat sur la construction de l’Etat : les jacobins est un courant centralisateur, celui de Robespierre, favorable à l’unité du pays ; les girondins sont courant favorable à une autonomie régionale. C’est un clivage au sein même des partis. Ce clivage va donner naissance à des partis régionalistes et indépendantiste : le parti corse par exemple.



Le deuxième conflit est autour de la révolution industrielle :

=> Un clivage urbain/rural.

Il oppose les intérêts de l’agriculture et ceux de l’industrie. C’est un clivage qui a quasiment disparu, représenté par « Chasse nature pêche et tradition ».

=> Le clivage capital/travail.

Il revoit à la lutte des classes et cela se traduit par une division droite/gauche, c’est la division entre les partis « bourgeois » et les partis ouvrier.



ROKKAN montre que les partis politiques se positionnent par rapport à ces clivages, soit entre les partis, soit au sein même d’un parti. En se positionnant par rapport à eux, les partis politiques entretiennent ces clivages, leur donnent de la force. Certains construisent leur identité sur un clivage spécifique, le PS sur le clivage capital/travail par exemple.



3-      Dégel des clivages.



Certains pensent que ces clivages sont caduques :

Le clivage Eglise/Etat est caduc car selon un sondage de 2005 la religion ayant moins d’importance chez les individus, alors il n’y aurait plus d’importance de la religion en politique. C’est probablement faux aujourd’hui, mais le clivage s’est transformé : c’est d’avantage une islamophobie et ce clivage ne sépare plus la gauche et la droite.

Le clivage capital/travail serait lui aussi caduc car la société serait une société de classe moyenne, les partis ne peuvent plus faire référence à une classe sociale spécifique et notamment à l’ancienne classe ouvrière.



Dans tous les cas, ces clivages restent des points de repère structurants de la vie politique. Les clivages de ROKKAN n’ont donc pas disparue, ils ont évolué, tout comme la société.



Il y a des nouveaux clivages qui sont apparus dans les sociétés contemporaines :

=> Le clivage entre libertaire et autoritaire ou clivage post-matérialiste :

La société à changer et les revendications les plus importantes ne seraient plus matérielles mais cela seraient des revendications sur les conditions de vie au sens large et sur les mœurs. C’est dans les 60’ et plus particulièrement en 68 que l’on voit des mouvements militants pour l’égalité des sexes, entre autre.

Il y aurait des courants libertaires qui sont favorable à l’intervention de l’Etat dans l’économie mais ils demandent plus de libéralisation en matière sociétale et des courants autoritaires qui voudraient un système économique libérale mais plus conservateurs en matière sociétal.

On a vu émerger de nouveaux partis : le parti écologiste est un parti libertaire et le FN est un parti autoritaire (homophobie et antiféminisme).

=> Le clivage souverainiste :

Les souverainistes demandent le maintien d’une importance de l’Etat-nation, s’opposant à toute construction supranationale. C’est un clivage qui dépasse celui de la droite et la gauche.



Auparavant, les grands partis se déclaraient par rapport à ces clivages, ils avaient une identité assez rigide mais maintenant avec la transformation du jeu politique des grands partis, cherchant  à obtenir l’électorat le plus large possible, ils prennent de la distance avec ces clivages, ou du moins s’y réfèrent de façon plus souple et pragmatique.  

Pour beaucoup d’électeurs, le clivage gauche/droite est beaucoup moins pertinent.



IV-             Représentants et gouvernants : les professionnels de la politique.



La professionnalisation des hommes politiques dans la démocratie occidentale est un phénomène récent, qui apparait au XXe siècle avec la mise en place des partis politiques.

A l’époque, seuls les membres de la bourgeoisie avaient les moyens, en terme de temps et d’argent, pour faire de la politique sans en attendre une rémunération : on parle d’un recrutement ploutocratique des hommes politiques.



Vivre de la politique serait lorsque c’est l’activité politique qui apporte le revenu. Cette possibilité s’est créée progressivement avec l’arrivée en politique de nouveaux hommes politiques, notamment des avocats et plus généralement des professions libérales. Ces professions libérales ont à la fois un réseau social étendu mais aussi une plus forte capacité rhétorique : ils ont donc d’avantage de capitaux politiques que les autres. D’autres opportunités apparaissent, notamment avec la création de postes rémunérés dans les partis politiques, permettant à des individus plus modestes de retirer un salaire de leur activité politique et de vivre de et pour la politique. Enfin, c’est la mise en place d’indemnité qui apporte une forme de rémunération.



La rémunération des députés commencent en 1789 mais elle est très sommaire (18 livres par jour), cela permet juste de compenser les frais et c’était uniquement versé pendant les jours de session parlementaire.

En 1848 se met en place l’indemnité parlementaire à proprement parler. Il s’agit d’une rémunération sur une base mensuelle mais encore relativement modeste. C’est en 1906 que les rémunérations parlementaires augmentent, ce qui permet de résorber les inégalités entre provinciaux et parisiens. Aujourd’hui, un député gagne 5200 euros par mois et plusieurs avantages.

Alors que l’on met en place des instruments de démocratisation, nous observons une reconstitution d’une forme d’élitisme.



1-      Qui sont les professionnels de la politique ?





Le profil type des députés.

Des hommes d’âge mûr appartenant aux classes moyennes et supérieures et qui disposent d’un bon niveau d’éducation.



A-    Un univers très masculin.



La progression des femmes est quasi-nulle dans les parlements européens. Jusqu’à la loi sur la parité, elle a même eu tendance à régresser : en 1946, 8% des députés étaient des femmes et en 1981 elles n’étaient plus que 5%.

Plusieurs changements ont eu lieu pour permettre aux femmes de réinvestir la sphère politique et le principal en France est le vote de la loi sur la parité en 2000. Cette loi impose des quotas, elle oblige les partis politiques à avoir autant d’hommes que de femmes dans certains corps politiques, notamment l’assemblée parlementaire mais pas dans tous les corps politiques (pas dans les conseils généraux). Si les partis ne remplissent pas cette règle, les sanctions sont financière : ainsi, les grands partis peuvent se permettre de ne pas respecter cette loi.

La France en 2008, se trouvait encore au 70e rang de l’égalité homme/femme avec 18% de femmes au parlement. (Le premier est le Rwanda, le 2e la Suède et Cuba la 3e). Dans les conseils généraux où la loi ne s’exerce pas, les femmes ne sont que 10%, c’est donc pire là où la loi ne s’applique pas.



Il y a toujours une division du travail sexuée : les postes qui ont le plus de pouvoir continuent à être attribués prioritairement à des hommes. Si on remarque la place des femmes dans le gouvernement au niveau mondial, en 2007 sur 150 chefs d’Etats, seulement 7 sont des femmes ; sur 192 chefs de gouvernement, il y a 8 femmes. De même, on renvoi d’avantage les femmes aux questions sociales, familiales ou de santé.

Dans la commission parlementaire qui s’occupent des financent, il y a plus de 90% d’hommes mais dans la commission qui s’occupent des affaires sociales, il y a 30% de femmes.

Les femmes cumulent moins les mandats que les hommes. Il y a quand même un bon nombre de mouvements qui tentent de mettre en lumière ces inégalités, comme les chiennes de garde ou la barbe.



B-     Un univers blanc.



Il y a peu d’hommes et de femmes de couleurs et même dans les partis de gauche.



Il y a une homogénéisation sociale par le haut. On observe les mêmes mécanismes de reproduction sociale dans le champ politique que dans le reste de la société. Plus on monte dans la hiérarchie et plus ces inégalités de position sont marquées.



2-      Comment est-ce qu’on devient professionnel.



Il y a trois types de trajectoires professionnelles :



=> Par les appareils de parti :

Des militants dans les partis ou dans les syndicats qui gravissent peu à peu les échelons, qui sont financés par les partis à des postes divers et qui sont envoyés par les partis dans certaines circonscriptions. On trouve beaucoup ce profil en Allemagne ou en Italie.



=> Du secteur public :

En France, beaucoup de fonctionnaires sont engagés en politique, avec des variations selon les époques. 68/78 : 30% des députés ; 81 : près de 51% des députés étaient fonctionnaires ; 2002 : 27% des députés.



=> La trajectoire locale :

On accède à un premier mandat local : conseiller, maire, député-maire et ainsi de suite.



3-      Le remplacement des notables par les élites.



Ce ne sont plus les notables en tant que figure du XIXe siècle mais ce sont toujours des élites sociales qui sont au sommet de l’Etat. Plus on s’élève dans la hiérarchie et plus les différences sociologiques entre les différents hommes d’Etat sont minimes.



MICHELS en 1914 parle de la loi d’airain de l’oligarchie. Il explique qu’un parti politique, même si il est démocratique dans son fonctionnement, voit toujours se former en son sein une oligarchie : des individus qui ont de fortes ressources et qui confisquent le fonctionnement de l’organisation qu’ils utilisent alors pour leur propre intérêt et non pas pour l’intérêt général.



Le poids de la haute administration : elle facilite les passerelles des positions dominantes dans le secteur privé et dans les appareils d’Etat, c’est ce que l’on appelle le pantouflage.

Le poids des grandes écoles.



Conclusion :

La professionnalisation et l’élitisme des hommes politiques pose le problème de la représentativité : est-il indispensable que les hommes politiques soient issus de la classe politique qu’ils prétendent représenter ?



Au niveau des théories, il y a deux corpus théoriques qui s’opposent sur ce qui devrait être la bonne représentation.

=> Le représentation universaliste libérale (la classique) : on peut séparer les caractéristiques sociales des représentants et l’acte de représenter (being et doing sont séparés) selon les auteurs anglo-saxons.

Dans cette vision-là, l’exclusion des femmes et des minorités ne sont pas un problème démocratique.

=> Le pluralisme démocratique : on ne peut pas distinguer complètement les idées des identités. Les citoyens partagent des expériences en tant que groupes sociaux et ces expériences ne peuvent pas être portés par des représentants interchangeable, il faut l’avoir vécu et donc appartenir au groupe. Les femmes et les autres groupes minoritaires doivent donc être présents dans le corps politiques pour représenter. Il faut qu’il y ait au moins 1/3 de femmes dans les assemblés pour que certaines questions puissent être porté : un effet de masse est nécessaire, un seul individu ne suffit pas.



Même dans les milieux révolutionnaires, les leaders ne sont pas issus du peuple. Le malaise vient davantage du décalage et de son amplitude. Les hommes politiques en ont conscience et ils font tout un travail pour convaincre qu’ils sont malgré tout représentatif. On peut parler de fiction démocratique à propos de cette construction fictive du fait que le système de représentation est bon. Pour parler de ce mécanisme, BOURDIEU parle de coup de « force symbolique de la représentation » ; il montre que dans le mécanisme même de la représentation, il montre qu’il y a quelque chose de « magique », en effet l’homme politique prétend représenter ceux qui n’ont pas voté pour lui, ceux qui n’ont pas l’âge de voter, etc. Cette fiction est nécessaire pour que le système continu à fonctionner.

Il y a tout un tas de stratégie pour produire cette fiction, comme la campagne électorale, la participation aux manifestations populaires (le salon de l’agriculture). Il y a ensuite tout un ensemble de procédés rhétoriques dans les discours, en parlant « des français qui veulent que », l’intérêt est de construire un dispositif symbolique qui protège l’homme politique de ses adversaires, il faut oublier que l’élu n’a été élu que par une petite majorité des citoyens (de ceux qui ont voté). Il doit donner l’impression qu’il fait corps avec la nation dans le cas du président ou qu’il fait corps avec la ville dans le cas du maire.



La représentativité est largement autoproclamée par les représentants, il faut avoir conscience de tout ce travail politique de construction de la légitimité électorale.

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