Le Che et Castro
La Révolution cubaine (1956 – 1961)
Seule Révolution communiste en Amérique Latine, la Révolution cubaine
reste aujourd’hui contestée. En effet, il n y a pas eut ensuite de grands
progrès sociaux (alphabétisation, sécurité sociale,
indépendance vis-à-vis des USA, …) mais
en même temps, on a eu un régime autoritaire, une dictature répressive
surtout à l’égard des adversaires. En 1991, avec la chute soviétique, le régime
perd son économie et se sont des économies parallèles qui s’instaurent pour
faire survivre le pays. Avec la Révolution mexicaine, c’est la seule véritable
Révolution aboutie. Cette Révolution cubaine commence comme la Révolution
mexicaine a finit.
La Révolution cubaine aura un impact direct plus important que la
Révolution mexicaine, en inspirant beaucoup plus les acteurs qui
voulaient imiter cette Révolution ailleurs, les guérilleros. Ils s’inspireront
en particulier d’Ernesto « Che » Guevara. L’impact va aussi se ressentir dans tous les secteurs conservateurs
d’Amérique Latine et pour les USA qui y voient le virus communiste se propager
en Amérique. Ainsi des régimes nouveaux vont s’armer, aidés par les USA et
prendre le pouvoir par des coups d’Etats militaires.
I.
La lutte contre Batista : socialisme, nationalisme ou
démocratisme ?
1.
Cuba : une
« indépendance frustrée »
Cuba reste espagnol quand la monarchie
s’effondre dans les autres pays. L’île
reste espagnol tout le long du XIX° siècle
jusqu’au moment où les créoles dans les années 1890
revendiquent une indépendance. Une guerre d’indépendance commence alors qui
est difficile. Les créoles ont le soutien massif des USA et finissent donc par
gagner. Mais la victoire est entachée par
le fait que l’île quitte la dépendance de l’Espagne pour la dépendance
vis-à-vis des USA.
Cette domination américaine est avant tout politique et militaire avec
l’amendement Platt de 1901 dans la constitution cubaine qui fait de
Cuba un quasi protectorat des USA. L’intégralité de l’économie cubaine est
financée par les USA et l’essentiel des entreprises sont possédées par les USA.
Cette situation d’un véritable
impérialisme américain va nourrir à Cuba un très fort anti-impérialisme
national, accompagné dès ses débuts d’un idéal de justice sociale. Surtout
que parmi les Cubains même on a des grandes disparités de richesses et ces
inégalités se superposent à l’anti-impérialisme et au nationalisme. L’image de ce combat c’est d’abord José Marti décédé en 1895, qui incarne l’espoir
d’un Cuba libre et indépendant. Son image se maintient depuis l’indépendance et
de Cuba et va être ravivée sous Fidel Castro.
Cela se double d’une dictature de Machado
en 1910 et qui est renversé en 1933 par un mouvement qui se veut révolutionnaire
et qui se compose d’étudiants, de militaires et d’ouvriers
qui font grève. Ce mouvement a son
leader Fulgencio Batista au sein d’une
coalition, sergent dans l’armée, qui va ouvrir le système politique à tout un
tas de personnes, mais exclus ceux qui sont liés aux USA. Ce mouvement qui
revendique « Cuba, pour les Cubains » met en place des réformes
fortes, suppression de l’amendement Platt, instauration d’un salaire de base
pour les travailleurs de la canne à sucre, mise en place d’un projet de
réformes agraire, soutien à la syndicalisation, autonomie de l’université,
droit de vote aux femmes, … Les
militaires vont vite prendre leurs distances avec ces réformes innovantes et
leurs leaders étudiants. En
conséquence, en 1933, Batista appuyé par les militaires va amener une forme de
dictature beaucoup moins libérale. Les mouvements étudiants d’Amérique du
Sud vont malgré tout frapper Cuba de plein fouet, surtout que les leaders
étudiants mélangent le tout avec l’esprit de Marti. Ils vont alors se soulever
et former le Parti Cubain
Révolutionnaire Authentique dirigé par Antonio
Guiteras et dont un des membres éminent est Fidel Castro. Leur but
est de faire tomber Batista par les armes.
Le régime très autoritaire après avoir réprimé l’essentiel de
l’opposition se stabilise, s’attire les bonnes grâces des USA et peut alors se
rouvrir avec la promulgation en 1939, d’une nouvelle constitution plus libérale
(reconnaissance du droit de grève, suffrage universel, extension des libertés
civiques et politiques, …). En 1940, de véritables élections sont organisées,
très peu truquées. Or la politique du Parti Communiste est de faire front
commun avec les partis bourgeois libéraux locaux. Du coup, le parti communiste s’allie avec Batista et celui-ci les gagne.
La gauche cubaine ne le pardonnera jamais aux communistes, surtout qu’en 1952, des élections sont organisées, Batista les
perd mais fait un coup d’Etat et se maintient.
C’est donc un mouvement révolutionnaire étudiant qui se scinde du
parti communiste pour agir.
2.
Le mouvement du 26 juillet 1953
Un petit groupe d’étudiants et de militants du parti révolutionnaire (150
environ) prennent d’assaut une caserne à
Santiago, seconde ville de pays. Fidel Castro
les mène, il est avocat, ancien leader étudiant et milite pour un
politicien radical, Chibás, une caricature de Péron. L’assaut est un véritable échec, mais il va rester dans
les mémoires comme un premier acte de guerre contre Batista qui sera très
médiatisé internationalement surtout par un discours de Castro lors de son
procès : « L’histoire
m’absoudra ».
Cette expérience n’a pas de conséquences politiques immédiates puisque
les leaders sont exilés, Castro ira au Mexique où il fonde le mouvement du 26
juillet (M26). Placé sous l’égide de Marti, le mouvement se considère comme
nationaliste et démocratique. Il se
donne pour objectif la lutte armée contre le régime de Batista. Castro, Raul et Guevara organisent depuis
le Mexique un débarquement à Cuba qui a lieu en décembre
1956 à bord du Granma. Presque tous sont tués sur les 80 hommes
embarqués. Les 15 survivants montent
dans la Sierra Maestra et s’y cachent.
3.
La Sierra Maestra
Les forces en présence sont la Plaine, M26 urbain antenne de
l’idéologie de Castro et qui connaît un certain succès dans la
petite bourgeoisie et chez les étudiants. C’est
l’appui politique en ville.
De l’autre coté, on a la Montagne, la Sierra. On y trouve Castro, Raul et Guevara qui sont dans un
milieu purement paysan, très pauvre et où l’Etat major de la Révolution
constitue leurs forces en se ralliant les paysans et théoriser une Révolution
rurale. Les paysans par leur pauvreté,
leur marginalité et leur éloignement des centres de pouvoirs, sont considérés
comme la population que le pouvoir ne tient pas et donc le foyer de la Révolution,
le foco. Ils se rallient les
paysans en créant un Etat nouveau là où ils passent et en menant la politique
qu’ils proclamaient. Ils se rallient les
paysans en montrant l’application concrète de leurs réformes. Ces
révolutionnaires de la Sierra, ces barbudos,
mettent en place des politiques d’alphabétisation, de réformes agraires, … Mais
aussi des réformes sécuritaires avec un pistage des espions, une répression des
traîtres, …
Tout ça abouti fin décembre 1958 a
une insurrection populaire organisée par les barbudos. Des milliers de personnes sont armées,
formées par la guerilla à la prise des villes avec l’aide du M26. C’est un
succès, les révolutionnaires arrivent au pouvoir.
II.
De la prise du pouvoir à la Révolution socialiste
1.
Vers la personnalisation du
pouvoir
Dans ce nouveau pouvoir, aucun n’est communiste et personne n’est
exclusivement castriste. C’est avant tout un mouvement révolutionnaire
dont la majeure partie des soutiens vient de la plaine. Ces gens pas
spécialement modérés poussent le président Urrutia
à poser la peine de mort pour délits politiques, le législatif revient au
premier ministre et une nouvelle constitution très poussée est promulguée.
Rapidement ce pouvoir est très contesté car la légitimité
révolutionnaire revient surtout à la Sierra. Castro va alors progressivement
s’imposer car il tient l’armée et qu’il nomme à des postes militaires clés ses
hommes. Il cumule les titres militaires et Guevara et
Raul en prennent aussi. En juin 1959, le
nouveau président Dorticos, appelé la cuillère par sa soumission
à Castro, est nommé mais tombe bien vite.
2.
La réforme agraire et la
nationalisation de l’économie
En juin 1959, on met en place une
réforme agraire sous l’égide de l’Institut National de ??? de la Terre (INRA)
dans un pays essentiellement avec de grandes propriétés terriennes, ou toute
l’économie agricole est exportatrice, où les Américains sont les principaux
acteurs. L’INRA renverse la donne et se compose d’anciens barbudos exclusivement. L’INRA
n’est pas responsable devant l’Etat et devient un second pouvoir, voire le
principal. Par l’armée et par l’INRA, Castro va réellement s’emparer du
pouvoir.
Cette réforme agraire va retourner l’organisation du pays. Elle sera
rapidement contrôlée par l’Etat puis étatisée (en 1960, 40% des terres
sont nationalisées) et doit assurer
l’économie d’exportation. Au début elle reste modérée, mais la seconde vague de
1963 va plus vite et plus profondément dans
une logique d’économie collectivisée.
3.
Opposition et répression
Dès 1959, il y a une dimension très
répressive du régime cubain. On y applique facilement la peine de mort
pour délit politique. On a donc une mise
sous contrôle de la société avec un département de la sécurité de l’Etat
qui est créé. Les Tchéquoslovaques viennent former les Cubains à l’espionnage.
Cela aboutit à la création des Gusanos, les vers de terre, qui
représentent dans l’imaginaire les contre-révolutionnaires. Cette conception
devient outil de lutte contre les opposants et les déviants : artistes,
hippies, homosexuels, … Ils sont placés dans des camps d’internement. Des Comités de Défense de la Révolution
(CDR) créés par pâtés de maisons sont un encadrement de la population par la
population elle-même. On rétribue tout dénonciateur. Les responsables de CDR
sont rémunérés et valorisés à chaque fois qu’ils dénoncent.
On a donc une contradiction entre cette répression forte et
contraignante alors que les tendances sociales du régime satisfont les classes
populaires en plein amélioration de leurs conditions de vie. Mais cela est vite
contrarié par le débarquement de la Baie des Cochons en avril 1961, un débarquement d’exilés cubains qui
débarquent avec l’aide des USA. Neutralisés au bout de 4 jours, cela servira à Castro pour exterminer
l’opposition. 100 000 suspects sont arrêtés en quelques jours et le
régime assoit sa répression sur ce débarquement. C’est aussi ce débarquement qui fait passer Cuba à l’Est. Le régime
est de politique communiste mais refusait le moindre contact avec l’URSS. La
Baie des Cochons change la donne.
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