mardi 20 décembre 2011

Médiévale 12 - 12

Précédemment : Médiévale 05 - 12





  1. La naissance d'un urbanisme princier

L'installation de princes laïcs dans les villes et la destruction d'une commune par les Princes pour prendre le pouvoir.
Les transformations de l'espace urbain parisien ont connu leurs balbutiements fin du XII° siècle sous l'influence du roi qui vit de plus en plus à Paris. Des Nobles décident alors de s'installer autour. D'abord ce sont des ecclésiastiques, évêques et archevêques, plutôt sur la Rive gauche qui était déjà l'emplacement de seigneuries ecclésiastiques. On trouve dans les plus anciens, l'archevêque de Reims puis de Rouen. L'Hôtel des abbés de Cluny construit sur les anciennes thermes romaines, sera quasiment toujours habité par ces abbés. Illustrant leur richesse, ils vont lui donner un faste particulier toujours visible aujourd'hui.
Suite aux abbés, les aristocrates viennent s'installer. Les premiers furent les ducs de Bourgogne, installés sur la rive gauche très habitée par des ecclésiastiques. A partir du XIV° siècle, c'est la rive droite qui devient tendance chez les Nobles. Les comtes de Bourgogne en investissent un proche du Louvre d'abord, puis s'implantent dans l'Hôtel d'Artois ensuite. Cette mode de la rive droite tient de nouveau au roi. Charles V instaure un bipolarité palatiale avec le vieux palais Louvre d'une part et le logis royal de Saint-Pol d'autre part. Le roi alterne entre ces deux résidences et met à la mode l'installation dans la marais. Cela est facilité antérieurement par des travaux ecclésiastiques qui asséchèrent le marais qu'il y avait à cet emplacement. L'hôtel de Clisson en est encore une trace aujourd'hui. Ces opérations d'installation d'aristocrates sur la rive droite se firent sur un temps long. L'hôtel de Bourbon entre 1300 et 1404 vit ses propriétaires acheter plus de 300 propriétés par tout les moyens possibles (argent, menaces, violences, …). Ils ont acheté un quartier entier sur lequel ils construisirent leur hôtel particulier. Cette concurrence entre Nobles a conduit à une diminution de la mixité sociale dans le centre de Paris. Les pauvres furent donc évincés de ce quartier. Ainsi quand on regarde les impôts parisiens, on réalise que certains quartiers payent plus d'impôts que d'autres, ce qui n'existait pas avant.
La ville d'Avignon en est un autre exemple. Le palais se construit sur un espace très resserré. Quand la papauté est arrivée, les cardinaux ont saisit des logements, les « livrées ». Rapidement, ils désirent agrandir leur prestance et développent des hôtels massifs. 70 bourgs apparaissent alors autour de la ville d'Avignon.

Selon Pierre Monnet, cet urbanisme sauvage et princier se développe partout en Europe. En Germanie, dans la seconde moitié du XIV° siècle, il existe deux pôles de développement : le palais princier et les clubs aristocratiques (cercles de sociabilité réservés aux aristocrates de l'Empire et aux riches marchands). Autour du palais de la commune et de ses clubs se développe la ville comme à Augsbourg.

On a donc rapproché cela du second type d'installation princière, où une famille Noble prend possession de la ville sur la Commune. C'est le cas à Milan comme l'a montré Boucheron (???). Les Visconti sont présents dans les élites communales dés 1270 et se servent des institutions de celles-ci pour la renverser, avant de supprimer ces mêmes institutions. En 1311, ils s'en servent à leurs avantages et prennent le contrôle de la ville. Ils vont alors marquer leur présence dans l'espace urbain par un programme toujours identique ou presque. D'abord ils établissent une forteresse au cœur de la ville mais en marge de l'hypercentre pour se protéger des fidèles à la Commune. Ensuite ils s'installent au cœur de la ville en s'accaparant le Broletto qu'ils développent sous forme de forteresse. A cela ils développent une décoration des portes de la ville chantant leurs louanges. Enfin, ils financent les édifices religieux pour masquer leur domination brutale.
Cela s'applique aussi aux autres villes qui passent sous leur pouvoir. Progressivement la famille Visconti prendra le pouvoir sur 122 communautés de la région. L'organisation urbaine sera toujours profondément réaménagée. A Parme, séparée par un fleuve, une partie de la ville est réservée aux fidèles de la famille, l'autre est réservée aux alliés des Visconti. Cette politique passe aussi par la multiplication des monuments qui proclament une ode à cette famille.

A la fin du Moyen-Age, une grande partie des communes du Nord de l'Italie sont prises par de grandes familles. A Ferrare la famille Este, à Florence les Médicis, à Vérone les Scaligerron (???), … Des fois cela aboutit au développement de nouvelles villes. Le village de Corsignano, lieu de naissance de Pie II devint un projet développement à la gloire du pape pour finir par se nommer Pienza, mini-cité idéale jamais aboutie et limitée à l'hypercentre. La petite ville Urbino fut transformée en palais. Le prince Federico de Montefelto (1420 – 1482) a bâti sa fortune en louant ses services de mercenaires. Avec l'argent accumulé, il transforma la ville d'Urbino en faisant construire un immense palais à sa gloire, une sorte de ville dans la ville. A l'intérieur, ce prince s'y met en scène comme un grand intellectuel comme dans son studiolo ou sur la prince principale du palais et par extension de la ville, alors qu'il est avant tout homme de guerre.
Certaines cités idéales sont restées sur papier mais influencèrent beaucoup d'intellectuels de la renaissance. La plan de la Sforzinda de Filarète était une ville circulaire avec des défenses en étoiles censée assurer la protection de ses habitants. On poussait à l'extrême la réflexion en installant cette ville à la campagne pour exclure les populations dont on ne voulait pas.

  1. Des villes conquérantes

L'espace rural autour des villes est considéré comme un espace de future domination de la ville. L'essentiel des détenteurs du pouvoir vivait longtemps à la campagne, à partir du XIII° siècle, l'aristocratie vécue en ville et fut imitée par une bourgeoisie naissante. Les rapports de domination s'inversent au XIII° au XV° siècle.
Dans un premier temps, l'investissement à la campagne vient des bourgeois. Ils achètent des terres, des moulins, des fours et des troupeaux nombreux. Coulet et Stouff présentèrent cela avec le cas des troupeaux. Les bourgeois achètent des troupeaux non seulement pour alimenter la ville, mais aussi pour avoir de la laine, dans le cas de troupeaux d'ovins, qui alimente l'artisanat textile de la ville. Les bourgeois ont contrôlés progressivement ces troupeaux allant jusqu'à posséder tout les troupeaux dans un rayon de 40 kilomètres autour de la ville d'Aix. A Arles, même processus avec un rayon plus faible, de 20 kilomètres. L'emprise sur les espaces campagnards est considérable.
Dans le cas de la ville de Lyon, les ecclésiastiques sont les premiers à investirent avant d'être imités par des aristocrates et des bourgeois de la villes. Selon le Vaillant de 1388 (registre marquant les propriétés des habitants de Lyon), la ville avait investit un rayon de 20 kilomètres autour de la ville, en 1483 on est arrivé à 30 kilomètres. Cela peut transformer radicalement l'espace rural. Dans le cas du Bordelais notamment, l'achat de terres alentours a permis le développement de vignes, dans la région de Graves, il n'y a plus que de la vigne et les céréales ont disparu.

Cette domination économique devient à son tour de plus en plus politique notamment dans l'espace italien ou certaines villes puissantes investissent les campagnes pour dominer les seigneurs vus comme menaçant les Communes. Dans le cas de la ville de Florence, les campagnes alentours voient pousser des villes neuves en 1290 sur injonction de la Commune. Pour marquer la décision une charte de franchise très libérale est instaurée. On attire la population des campagnes. Systématiquement, la Commune de Florence à établi des terre nuove sur des domaines des Ubaldini, fortement opposés à la Commune. De plus, on attire des chevaliers dans ces villes en interdisant les grands nobles d'y posséder quoique ce soit. Ces petits chevaliers censés défendre ces villes nouvelles vont en réalité attaquer et piller les seigneurs environnants assurant le renforcement de Florence.
Ces villes vont ensuite tenter de récupérer des espaces sous leur domination qu'ils nommeront contado. Dans cet espace tout les villages doivent des redevances à la ville, des corvées et un service militaire. A partir du XIII° siècle, les villes dominantes imposent des potestas dans ces contado qui lèvent des redevances, a des droits de justice, … Même les seigneurs ruraux doivent s'y soumettre puisqu'ils désirent de plus en plus venir s'installer en ville, pour cela ils se soumettent partiellement à l'autorité du potestas.
Par la suite ce n'est plus juste contrôler les campagnes autour de la ville mais conquérir les terres pour former de véritables petits États territoriaux. En 1450, on a une multitude d'États en Italie (Duché de Milan, République de Florence, …). Les Visconti vers 1330 n'ont que quelques villes dans un premier temps puis accaparent un total de 122 communautés en 1447. De même, Venise qui est une République, lance une politique de la « terre ferme » qui abouti à la domination d'un territoire de 30 000 km², côtoyant le duché de Milan. Le seigneur ou la République dominant cet espace détient un pouvoir économique, de justice, d'armée, …
Ces multiples États se font toujours la guerre et c'est l'âge des condottieres. La ville de Venise a 16 000 cavaliers, Milan 18 000 et Florence 10 000 en 1422. D'abord la lutte est entre Florence et Milan, puis Venise s'allie à Florence. Il existe des trêves mais les guerres redémarrent assez vite. Les cités-États sont le propres de l'Italie ceci dit. Par contre toutes les villes ont un objectif d'extension de leur territoire qui aboutie à la volonté des Occidentaux de conquérir de nouveaux espaces.


 Devant Jérusalem


Les Européens à la découverte de nouveaux espaces


L'amélioration de la sécurité dans les déplacements internes à l'Occident pousse les gens à se déplacer pour faire de longs voyages, sur de longues distances pour des longues durées. C'est donc l'essor des pèlerinages anciens ou nouveaux. On a des gens du commun qui croisent des marchands qui eux font des allers-retours dans l'Occident via des trajets de mieux en mieux balisés (auberges, écuries, …). C'est aussi un essor des réseaux sociaux, le monde est de mieux en mieux connus.
Mais des espaces inconnus existent encore hors de l'Europe. On va les chercher sous deux logiques : religieuse et commerçante. La première pousse les pèlerinages jusqu'à la Terre Sainte. Les Occidentaux qui voyagent perçoivent alors les pays traversés et leurs habitants de manière hostile (menace de sécurité, occupants les lieux saints, …). Dans le cadre commercial, les marchands privilégient les meilleurs rapports possibles pour favoriser les échanges, les sécuriser, les rendre avantageux aussi. Mais ces deux logiques antagonistes pouvaient se retrouver dans des objectifs communs. On constate que les périodes de trêves entre Croisades sont alors l'occasion d'un essor du commerce. A l'inverse, les entreprises commerciales qui ne nécessitaient pas de conquêtes de territoire le deviennent avec la logique qu'il s'agit d'assurer la sécurité des convois marchands, pouvant aboutir à des violences. Ces rapports sont donc agressifs avec le monde hors de l'Occident. Mais toujours est-il que ces effets commerçants et religieux, les individus s'installant dans ces espaces partagent une échange culturel qui donne envie de découvrir de nouveaux espaces et de nouvelles cultures dans les sociétés occidentales. La curiosité des Occidentaux est éveillée. Cela débute au XIII° siècle avec la multiplication des explorations vers soit des espaces connus depuis l'antiquité (Asie), soit vers des lieux totalement inconnus.


  1. Le temps des croisades : une ouverture limitée par le rejet de l'altérité

  1. Les croisades, une entreprise de conquête de territoires

L'Église assurait vouloir sécuriser le chemin à Jérusalem mais dés le départ, il s'agit de conquérir des territoires. La première fois que cela est lancé c'est sous Urbain II au concile de Clermont et cela à rencontrer un immense succès auprès des populations. Cela peut s'expliquer par la valorisation des armes à cette époque avec une aristocratie qui se définissait par les armes mais sans devoir se battre entre chrétien. La croisade permet de l'exercer en-dehors de l'Occident. En quelques mois, 40 000 hommes partent vers Jérusalem mais seulement 4 000 à 5 000 aristocrates. La majorité est donc issue de la bourgeoisie ou de la paysannerie aisée. Ce n'est pas un mouvement d'élite. Entre 1095 et 1099, un total de 100 000 hommes partiront durant cette période.
Cela vient de l'appel d'Alexis I, empereur byzantin qui avait appelé à l'aide les Occidentaux contre les Turcs. Les croisés espéraient donc être bien accueillis à Constantinople. Mais dés arrivés, l'Empereur exige un serment de vassalité de ces hommes. Il exige que les territoires conquis par les croisés, soient des terres vassales à celles de l'Empereur. Les croisés de la première années sont vite tués en Asie mineure. C'est la seconde vague de croisés qui avancera plus loin en faisant les sièges de Nicée et Antioche. Pourtant, les croisés vont se diviser entre ceux qui se concentrent à Antioche et ceux qui veulent soutenir le prince d'Edesse. Baudouin de Goulogne part à la tête de ce courant et formente un complot pour faire chuter le prince d'Edesse et prendre le trône du prince Thoros. Il en naît alors une principauté d'Edesse en mars 1098. En juin 1098 Bohémond de Tarente va achever la prise d'Antioche et y installe une autre principauté tout en refusant d'être vassal de l'Empire byzantin. Il va donc lutter longtemps contre Byzance. Le troisième État latin sera celui de Jérusalem fondé une fois que la ville est prise en juillet 1099.

Cela crée un élan d'enthousiasme en Occident qui envoie de nouvelles troupes en terre Sainte et heureusement vu que les deux tiers des Second croisés furent décimés. Godefroy de Bouillon prend la tête de la ville sainte et prend le titre d'avoué du Saint-Sépulcre. En 1100, Godefroy meurt et son frère Baudoin, roi d'Edesse, prend sa suite et devient roi de Jérusalem. Il exerce un pouvoir seigneurial en confiant une partie du territoire à ses fidèles, devenant des vassaux liges pouvant donner eux-mêmes des fiefs à d'autres vassaux. Les premiers croisés prudents s'installent dans les villes principales et tentent au bout de quelques années de coloniser les campagnes. En particulier Godeffroy de Bouillon avait donné aux chanoines du Saint Sépulcre des terres alentours pour y installer des colons européens. Ces chanoines créeront la Grand Mahomerie et la Petite Mahomerie. Les populations qui y viennent s'installer sont essentiellement espagnoles car habituées aux espaces de conquêtes sur les Musulmans, mais il y a aussi des Provencaux et des Italiens. Enfin naît le Comté de tripoli, bande de terre reliant Antioche et Jérusalem et assurant un couloir au déplacement des troupes croisées. Io est commencé en 1103 et sa conquête s'achève en 1107.

En 1144, les premières défaites arrivent avec la perte du Comté d'Edesse ce qui pousse Eugène III à faire appel à une seconde croisade en décembre 1145 et Saint Bernard leader cistercien, pousse à intervenir. C'est une croisade très royale avec des rois et des aristocrates notamment mais sans aucune ferveur populaire. Censée reprendre le comté d'Edesse, c'est un échec, le roi de France parti en pèlerinage laisse les troupes en plan et elles s'organisent mais vainement contre les troupes musulmanes. Saladin va réussir à fédérer les troupes musulmanes contre les croisés et Jérusalem tombe le 2 octobre 1147. Il ne reste qu'une zone autour de Tyr et une partie de comté de tripoli.

Un troisième appel à la croisade a lieu alors.

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