mardi 6 décembre 2011

Antique 29 - 11

Précédemment : Antique 22 - 11











Les tyrannicides Harmodios (l'imberbe) et Aristogiton (le barbu)
Avec le fond rouge ça fait encore plus peur ...










Il revient une troisième fois, par les armes. Il débarque à Marathon (comme son fils menant les Perses le fera ensuite) passe par Pallénè de nuit où se trouve un temple d'Athéna. Il campe dans cette ville et un devin venu d'Acarnanie (Nord de la Grèce), appelé Amphilytos, lui fait une prédiction « Le filet est jeté, les rets sont déployés, pendant la nuit à la lueur de la lune, les thons s'y précipiteront ». Les poissons vont être piégés dans la nuit, Pisistrate y voit le signe de sa victoire et attaque de nuit et obtient une victoire car ses ennemis n'étaient pas prêts à combattre. La victoire est donc conditionné par un devin or cela fait référence à l'Odyssée, la scène finale lorsque Ulysse reprend le pouvoir à Ithaque sur prédiction d'un oracle et sous la protection d'Athéna. Ainsi Pisistrate montre qu'il a la protection d'Athéna, une des représentations de la métis, il prend le pouvoir par la ruse (de nuit) avec l'aval des dieux.


Cette relation avec Athéna, Pisistrate la cultivera durant son règne. Il va réformer les Panathénées en augmenter la durée, multiplier les concours qui ont lieu, … Il va aussi construire le temple d'Athéna Polias pour illustrer l'appui divin et la relation particulière qu'ils entretiennent avec la divinité. Les Pisistratides vont prendre aussi soin de manipuler à leur avantage les épopées homériques, d'autant plus, que c'est à cette époque que ces poèmes sont mis à l'écrit. Ainsi, les Pisistratides vont modifier certains vers, particulièrement ceux qui mettaient à mal l'image de Thésée, héros athénien. De plus, une nouvelle figure apparaît dans l'histoire de l'Odyssée, Pisistrate, qui accompagne Télémaque dans sa quête pour retrouver son père. Cette figure serait aussi le plus jeune fils de Nestor.


Cette propagande s'effondre avec la chute des tyrannies qui voit une contre-propagande se mettre en place pour délégitimer le tyran.



  1. La création d'une légende anti-tyrannique

  1. La fin des Kypsélides : Œdipe à Corinthe ?


La fin de la tyrannie des Kypsélides est influencée par l'histoire d'un héros mythique, Œdipe. Il s'agit de justifier la chute de la tyrannie. C'est Vernant qui constate les parallèles entre Œdipe et Kypsélos. Tout deux sont descendants de boiteux, tout deux rencontrent un oracle qui annonce leur avenir royal, tout deux s'en sortent miraculeusement, tout deux prennent la tête de leur ville natale. Il y a donc une concordance dans la phase ascendante.

Par contre l'histoire d'Œdipe se finit mal, pas Kypsélos où c'est plutôt son fils Périandre. La chute intervient une génération plus tard. Kypsélos est l'Œdipe victorieux, Périandre, l'Œdipe qui finit mal. Périandre mène la terreur dans sa cité, il a pris conseil auprès de Thrasybule, tyran de Milet. Celui-ci emmène l'ambassadeur de Périandre et Thrasybule décapite tout les épis qui dépassent la taille moyenne. L'ambassadeur revient à Corinthe, raconte à son maître ce qu'il a vu et Périandre comprend qu'il doit décapiter tout les hommes supérieurs à la moyenne, il sème la terreur chez toutes les élites de sa ville. Cette politique de terreur s'exerce donc dans la cité. La terreur se propage même en dehors de la cité, à Corcyre, colonie corinthienne, où il envoie son fils mettre de l'ordre. Ce fils est tué par les habitants de Corcyre. Périandre effectue une vendetta et saisit 300 jeunes hommes qu'il envoie chez Alyattès, roi de Lydie où ils deviennent eunuques, illustrant la mort de la civilisation. Heureusement, le bateau détourné par les Samiens stoppera cette terreur, le caractère transgressif de Périandre. Enfin cette terreur et cette transgression s'exerce aussi dans sa famille. Périandre se brouille avec son beau-père, Proklès tyran d'Epidaure, représentant la génération d'avant ; son second fils, représentant la génération d'après et puis il tue dans un accès de rage Melissa, sa femme avant de coucher avec son cadavre, représentant sa génération. Son fantôme vient le tourmenter pour lui signifier qu'il a mis son « pain dans un four froid ». Il y a donc une structure similaire entre Œdipe et Périandre.


Bien sur cette légende noire est construite après la mort naturelle de Périandre et l'effondrement du régime. C'est certainement à cette époque que le second oracle s'adressant à Kypsélos dans le mythe, se voit rajouter une phrase dans sa citation « Heureux cet homme qui descend dans ma demeure, Kypsélos, fils d'Eétion, roi de l'illustre Corinthe, lui et ses fils, mais non plus les fils de ses fils ». Après Périandre le régime devait s'effondrer, ce qui est facile à dire après coup.

Notons que Hérodote, l'auteur de cette légende fut touché par la tyrannie d'Halicarnasse. Sa famille a du fuir à Samos, sous la colère de Lygdamis qui haïssait sa famille qui était opposée au tyran local. Hérodote se fait l'écho de la vision négative des tyrans parce que sa famille fut touchée mais aussi parce que exilé à Athènes, Hérodote a été influencé par la construction démocratique athénienne contre la tyrannie.




  1. Le tyrannicide d'Hipparque : un mythe démocratique athénien ?


Tyrannicide signifie « tueur de tyran ». Cela évoque la mort d'Hipparque lors des Panathénées par deux hommes amants Harmodios (l'éphèbe) et Aristogiton (l'homme mur). Harmodios et Aristogiton vont tuer Hipparque en -514. Immédiatement dans la réplique Harmodios est tué, Aristogiton est arrêté, torturé, demande à donner la main à Hippias (signe d'amitié) pour lui livrer les noms des complices du meurtre. Quand Hippias lui donne la main, Aristigiton lui annonce, que la main qu'il tient est celle de l'assassin de son frère, Hippias furieux l'achève.

Si Thucydide souligne que les tyrannicides n'ont rien résolu puisque la tyrannie va durer encore quatre ans, et qu'il s'agissait d'une vendetta, les Athéniens eux vont les sacraliser avec une statue représentant les deux tyrannicides, seules statues illustrant des hommes ayant réellement existé. Tout les deux sur la statue sont nus, donc proche de la représentation des héros, et sont figés dans l'action, au moment où ils vont tuer Hippias. Ce groupe statuaire est élevé au début du – V° siècle, les Perses avec Xersès vont le voler et les Athéniens vont alors ériger un nouveau groupe statuaire sur l'agora. Ce groupe devient alors la représentation de l'opposition contre toutes formes d'oppression suite au vol perse. Cela va alors influencer d'autres héros, notamment Thésée qui sera représenté dans les poses des deux tyrannicides sur la frise de l'Héphaistion ou encore sur la vaisselle de banquet. Tout deux sont des figures démocratiques qui représentent l'isonomie. Pour les Grecs, Thésée avait instauré l'isonomie à Athènes en abandonnant le pouvoir pour le donner au peuple, d'un autre coté, les tyrannicides ont tué un tyran et pour les Athéniens, ils leur semblaient qu'ils avaient tué la tyrannie et donc avaient aussi fondé l'isonomie. D'où cet échange des postures dans l'iconographie, Thésée et les tyrannicides sont deux fondateurs pour les Athéniens de l'isonomie.

La légende noire anti-tyrannique utilise les ressources du mythe pour délégitimer l'image du tyran.











L'enfance du Minotaure, n'a pas toujours du être facile.










Les mythes politiques athéniens : la geste de Thésée



Thésée est le héros athénien par excellence est la figure la plus populaire de la cité athénienne. Son histoire est connue en entière de sa naissance à sa mort par des textes et des images de sa légende. Cela remonte déjà à l'époque archaïque et montre comment les mythes sont transformés. Au départ, Thésée est un grand héros panhellénique. A l'époque classique, – V° siècle et – IV° siècle, il prend les traits d'un héros à la dimension athénienne et joue un rôle politique. A tel point que les récits romains le font athénien seulement. La figure de Thésée est destinée à justifier la politique athénienne, il a donc été adapté et modifié au bon vouloir de la cité.

Au départ il représente le grand héros de la jeunesse dans le « cycle crétois », en calquant son attitude sur Thésée, les jeunes assurent une bonne reproduction civique. A l'époque classique, il assure d'autres fonctions, il devient le fondateur de la cité athénienne, héros du synoecisme. Une dernière métamorphose a lieu à ma même époque puisque après les guerres médiques, Cimon va utiliser son image pour justifier la domination des mers d'Athènes au sein de la ligue de Délos.



  1. Thésée et le Minotaure : le héros de l'initiation


  1. La sage de Thésée en Crète


L'épisode crétois de Thésée en Crète date de l'Odyssée et on a déjà à l'époque archaïque des représentations de ce passage. Il est encore un héros panhellénique.

Thésée est le fils illégitime d'Égée, reconnu par son père. Il se rend en Crète pour rapporter le tribut que les Athéniens doivent à Minos, roi souverain qui règne sur toute la Crète. Le tribut en question est d'apporter tout les neuf ans un certain nombre de jeunes garçons et de jeunes filles à Minos. Athènes est alors dominée par la Crète. Ce tribut est donné à manger au Minotaure, fils de Pasiphaé, femme de Minos, et d'un taureau. En effet, Minos sacrifiait chaque année son plus beau taureau à Poséidon. Or une année, le taureau trop beau est échangé par Minos contre le second plus beau taureau. Poséidon en colère provoque un amour entre Pasiphaé et le taureau. La femme de Minos s'introduit dans une vache en bois construite par Dédale. Elle enfante ensuite le Minotaure.


Thésée machine une première ruse, au lieu de 7 filles et 7 garçons, il met 9 garçons (2 déguisés en filles) et 5 filles. Le rôle de travestissement comme rite initiatique de jeunesse est important. Arrivé en Crète, Thésée est accueillit par Ariane, fille de Minos. Il va la séduire et grâce à elle peut retrouver son chemin dans le labyrinthe après avoir tué le Minotaure et libéré les jeunes Athéniens, grâce au fil. Il embarque alors avec les Athéniens et Ariane pour rentrer à Athènes.

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