lundi 19 décembre 2011

Géo des Suds 07 - 12

Précédemment : Géo des Suds 30 -11

Régionalisme africain

  1. Régionalisme et régionalisation

Par régionalisme on entend qu'en support et libéralisation commerciale, on devrait créer des régions, des espaces intégrés favorisant les échanges (type UE, ALENA ou ASEAN). En facilitant l'intégration commerciale, on faciliterait les affaires. Cette politique régionaliste s'appuie sur un héritage d'organisations régionales calquées plus ou moins sur les États coloniaux.
Les luttes pour l'indépendance ont aussi laissé leur trace avec la création de l'OUA, devenue Union Africaine en 2001. Les politiques africaines voudraient les renforcer certaines fonctionnant bien (CEDEAO notamment). Il faut surtout dépasser la fragmentation des marchés africains locaux.

Cela marche globalement moyennement, que jusqu'à un certain point. Sur les questions politiques, les systèmes économiques, chaque État est en désaccord. Par exemple, les pays de coton luttent séparément contre le Nord pour établir des prix du coton à leur avantage. Leur lutte est individuelle, parfois de concert mais alors cela dure peu.

Le NEPAD, au départ initiative africaine (Afrique du Nord) qui devaient penser leurs projets puis le soumettre à l'examen des bailleurs ou investisseurs privés. L'objectif devint de financer de grands travaux d'infrastructures devant créer une intégration régionale (relier deux pays par une autoroute par exemple). Cela marche généralement bien, même si les effets restent encore très ponctuels.
L'Africain Growth and Opportunity Act (AGOA), voté par les USA pousse a un accord commercial entre le continent africain et les États-Unis qui facilite les échanges (produits détaxés en arrivant aux USA) s'il y a un réel engagement en matière des droits de l'homme et de la libéralisation de l'économie. Cet accord concerne les produits qui ne seraient pas en concurrence avec les USA dont plusieurs ressources minières, des pays encore dictatoriaux sont compris dedans.

Par régionalisation, on entend une intégration par le bas, par la population plus que par les États, c'est la théorie de Daniel Bach. En Afrique de l'Ouest par exemple cela passe par les réseaux commerciaux des Aoussa, une ethnie répartie un peu partout dans cette région, spécialisée dans les échanges commerciaux et relativement importante. Le régionalisme ne les a pas inspiré, ils font ça depuis très longtemps. Ils se servent des monnaies plus ou moins fortes et des ressources de chaque pays pour faire leur commerce (coton du Burkina revendu au Nigéria). C'est une régionalisation mais elle est contre la régionalisation étatique puisque les Assoua sont géographiquement dans la CEDEAO, pas dans la UEMOA (union sur la base monétaire). Ils se servent des différentiels des États pour faire leur commerce. Seul en Afrique du Sud cela fonctionne bien avec une étalement de supermarchés d'origine sud-africaine dans le cadre du régionalisme du Sud de l'Afrique subsaharienne.
Cette pratique crée des avantages mais aussi des problèmes, ce commerce illégal ne permet pas à l'État de le taxer et de développer des politiques sociales. De plus, l'agriculture demande beaucoup d'efforts pour un rendement faible alors que la contrebande permet pour peu d'efforts de rapporter beaucoup d'argent. Cela transforme beaucoup certaines régions avec une disparition des cultures au profit de villages de contrebande. Leur revenu reste cependant très ponctuel. Cette régionalisation contourne les règles d'une politique de régionalisme qui n'arrive pas à les faire appliquer. C'est une forme d'effondrement du circuit officiel mais cette contrebande fait vivre des gens, qui ne survivraient pas en temps normal.

Il y a donc des ilots de modernité qui permettent un certain développement par endroits. D'autres espaces sont laissés à l'abandon, mais développent un certain dynamisme économique dans l'informel en opposition avec la régionalisation. Enfin il existe d'autres espaces laissés à l'abandon et sans réel dynamisme. Du coup, tout cela a accru les inégalités entre régions, on est passé d'une Afrique pauvre à des Afriques tantôt riches, tantôt pauvres et tantôt développé par une économie informelle.






Sociétés rurales et agricultures


On a une Afrique très rurale (65% de la population en moyenne, avec des inégalités entre pays montant parfois à 80% de population rurale comme au Tchad ou au Niger). Cette population n'a pas diminuée ailleurs, au contraire elle a augmenté, c'est juste que la population des villes a augmenté plus rapidement que celle des campagnes. Donc l'agriculture doit nourrir des urbains plus nombreux, des ruraux plus nombreux et des exportations, plus nombreuses aussi. Or cette agriculture est encore peu modernisée. Cela n'est pas le néant, l'horticulture en Afrique de l'Ouest est très moderne, mais tellement ciblée sur ce vaste continent, que cela n'apparaît pas.


  1. L'image standard d'une agriculture en perdition

  1. L'agriculture africaine vivrière ou comment tirer parti de l'écologie

Comme l'agriculture africaine est très archaïque elle dépend fortement des conditions écologiques. S'il pleut une fois par an, on s'adapte. Ailleurs dans le monde, on a réussit à se rendre indépendant du climat, l'Afrique pas du tout.
Selon la FAO, les exploitations agricoles sont très petites et freinent le développement de l'Afrique. A l'inverse de l'Amérique Latine, on n'a pas de grand propriétaires latifundiaires, on a des familles qui produisent pour eux-mêmes. Les rendements sont donc assez faibles, inférieurs de deux tiers par rapport à la moyenne mondiale. La concentration d'engrais y est la plus faible, de même que les techniques d'irrigation qui sont restées circonscrites au Nord du Sahara (sauf à Madagascar du fait de ces liens historiques avec l'Asie). Mais les appareils de mesures et de comptages sont inadaptés à l'Afrique. On mesure la quantité de céréales qu'ils mangent, alors que ces céréales sont inconnues sur les marchés mondiaux et que les Africains mangent beaucoup de racines. Comment parler alors de leur consommation de blé qui est totalement marginale, alors qu'il se servent de céréales locales. De plus, les racines ne se stockent pas, elles restent en terre jusqu'à leur consommation, on a donc pas de statistiques sur les productions vitales pour les Africains.

L'agriculture vivrière est en deux temps : l'agriculture vivrière de subsistance (celle qu'on consomme) et l'agriculture vivrière marchande (celle qu'on revend). Celle de subsistance est soumise à l'agriculture archaïque, on ne trouve pas de charrues qui demanderaient des bovins et avec les tripanosomiase cela n'est pas possible. On cultive donc à la main avec des méthodes assez archaïques. Donc l'agriculture est extensive, les rendements sont faibles et de plus elle est vulnérable (invasion de criquet, épidémie, …).
Paradoxalement dans l'agriculture africaine, le facteur « terre » est un facteur abondant, le facteur « capital » pas du tout, reste le facteur « main d'œuvre » qui est aussi très faible. On a du monde en Afrique, mais beaucoup de jeunes qui ne peuvent pas travailler. Beaucoup de terres et peu de main d'œuvre cela donne une agriculture extensive (beaucoup de terres, peu de rendements) à l'inverse de l'Asie où le facteur « terre » est le plus faible (alors on a de petites terres où on cultive énormément). Là où les experts raisonnent en rendements du sol, les Africains raisonnent en quantité de sol.

Autre contrainte, l'absence de propriétés du sol. Si on ne possède pas sa terre, quel intérêt à investir dans une forme de modernisation qui ne vous servira pas toujours ? En général, ce sont des propriétés coutumières, plutôt d'ailleurs des sortes de prêts de sols.
Le tout combiné donne une économie vivrière archaïque. Les Africains vont donc essayer de mélanger leurs besoins avec les contraintes. Leur agriculture n'est pas moderne, mais ils s'adaptent à la nature et sont donc très écologiques. Ainsi au Sahel, on a une saison humide et une autre sèche avec des sols surtout sableux et d'autres plus fertiles dans des vallées mais où des simulis transmettent l'oncocercose. De plus, cultiver sur le sable est plus simple que sur une terre grasse et lourde. Enfin, les situations très vulnérables sont aussi très différentes d'une zone à l'autre, du coup, les Africains répartissent leurs cultures. Alors effectivement, on tombe toujours sur les mêmes cultures de subsistance (Zone sahélienne : Mils, Sorgho, Dolique). D'où une agriculture peu diversifiée car on fait la culture qui pousse bien et qui survit. Vers le Nord de l'Afrique subsaharienne, plus humide, on a des cultures plus diversifiée. Dans la savane, les racines des herbes empêchent un labour facile. La technique des brulis permet de vite défricher, d'avoir un engrais, mais il faut se dépêcher de cultiver avant que les racines ne repoussent (technique du billon). Là encore, les cultures sont celles qui peuvent pousser dans ces conditions.

Les cultures secondaires contiennent une partie de légumes. Dans la savane, le complément alimentaire vient surtout des arbres, de leurs fruits ou de leurs feuilles (feuilles de baobab). La baobab est l'arbre idéal, on se sert de tout (fruit, feuilles, graines pour faire de l'huile, …), mais on trouve aussi le faidherbia (fourrage pour les bêtes), le caïlcedrat, le palmier ou encore le tamarinier. Les Africains, sur des années ont su sélectionner les arbres qui leur sont utiles dans la nature. Ils ne sont pas planter, mais préserver. Là aussi leur agriculture est vulnérable mais toujours savante. Ils ont su s'adapter à la contrainte par un savoir très développé.

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