Régionalisme africain
- Régionalisme et régionalisation
Par
régionalisme on entend qu'en support et libéralisation commerciale,
on devrait créer des régions, des espaces intégrés favorisant les
échanges (type UE, ALENA ou ASEAN). En facilitant l'intégration
commerciale, on faciliterait les affaires. Cette politique
régionaliste s'appuie sur un héritage d'organisations régionales
calquées plus ou moins sur les États coloniaux.
Les
luttes pour l'indépendance ont aussi laissé leur trace avec la
création de l'OUA, devenue Union Africaine en 2001. Les politiques
africaines voudraient les renforcer certaines fonctionnant bien
(CEDEAO notamment). Il faut surtout dépasser la fragmentation des
marchés africains locaux.
Cela
marche globalement moyennement, que jusqu'à un certain point.
Sur les questions politiques, les systèmes économiques, chaque État
est en désaccord. Par exemple, les pays de coton luttent séparément
contre le Nord pour établir des prix du coton à leur avantage. Leur
lutte est individuelle, parfois de concert mais alors cela dure peu.
Le
NEPAD, au départ initiative africaine (Afrique du Nord) qui
devaient penser leurs projets puis le soumettre à l'examen des
bailleurs ou investisseurs privés. L'objectif devint de financer de
grands travaux d'infrastructures devant créer une intégration
régionale (relier deux pays par une autoroute par exemple). Cela
marche généralement bien, même si les effets restent encore très
ponctuels.
L'Africain
Growth and Opportunity Act (AGOA), voté par les USA pousse a un
accord commercial entre le continent africain et les États-Unis
qui facilite les échanges (produits détaxés en arrivant aux USA)
s'il y a un réel engagement en matière des droits de l'homme et de
la libéralisation de l'économie. Cet accord concerne les produits
qui ne seraient pas en concurrence avec les USA dont plusieurs
ressources minières, des pays encore dictatoriaux sont compris
dedans.
Par
régionalisation, on entend une intégration par le bas, par la
population plus que par les États, c'est la théorie de Daniel
Bach. En Afrique de l'Ouest par exemple cela passe
par les réseaux commerciaux des Aoussa, une ethnie répartie
un peu partout dans cette région, spécialisée dans les échanges
commerciaux et relativement importante. Le régionalisme ne les a pas
inspiré, ils font ça depuis très longtemps. Ils se servent des
monnaies plus ou moins fortes et des ressources de chaque pays pour
faire leur commerce (coton du Burkina revendu au Nigéria). C'est une
régionalisation mais elle est contre la régionalisation étatique
puisque les Assoua sont géographiquement dans la CEDEAO, pas dans la
UEMOA (union sur la base monétaire). Ils se servent des
différentiels des États pour faire leur commerce. Seul en Afrique
du Sud cela fonctionne bien avec une étalement de supermarchés
d'origine sud-africaine dans le cadre du régionalisme du Sud de
l'Afrique subsaharienne.
Cette
pratique crée des avantages mais aussi des problèmes, ce commerce
illégal ne permet pas à l'État de le taxer et de développer des
politiques sociales. De plus, l'agriculture demande beaucoup
d'efforts pour un rendement faible alors que la contrebande permet
pour peu d'efforts de rapporter beaucoup d'argent. Cela transforme
beaucoup certaines régions avec une disparition des cultures au
profit de villages de contrebande. Leur revenu reste cependant très
ponctuel. Cette régionalisation contourne les règles d'une
politique de régionalisme qui n'arrive pas à les faire appliquer.
C'est une forme d'effondrement du circuit officiel mais cette
contrebande fait vivre des gens, qui ne survivraient pas en temps
normal.
Il y
a donc des ilots de modernité qui permettent un certain
développement par endroits. D'autres espaces sont laissés à
l'abandon, mais développent un certain dynamisme économique dans
l'informel en opposition avec la régionalisation. Enfin il existe
d'autres espaces laissés à l'abandon et sans réel dynamisme. Du
coup, tout cela a accru les inégalités entre régions, on est
passé d'une Afrique pauvre à des Afriques tantôt riches, tantôt
pauvres et tantôt développé par une économie informelle.
Sociétés
rurales et agricultures
On a une Afrique très
rurale (65% de la population en moyenne, avec des inégalités
entre pays montant parfois à 80% de population rurale comme au Tchad
ou au Niger). Cette population n'a pas diminuée ailleurs, au
contraire elle a augmenté, c'est juste que la population des villes
a augmenté plus rapidement que celle des campagnes. Donc
l'agriculture doit nourrir des urbains plus nombreux, des ruraux
plus nombreux et des exportations, plus nombreuses aussi. Or cette
agriculture est encore peu modernisée. Cela n'est pas le néant,
l'horticulture en Afrique de l'Ouest est très moderne, mais
tellement ciblée sur ce vaste continent, que cela n'apparaît pas.
- L'image standard d'une agriculture en perdition
- L'agriculture africaine vivrière ou comment tirer parti de l'écologie
Comme l'agriculture
africaine est très archaïque elle dépend fortement des conditions
écologiques. S'il pleut une fois par an, on s'adapte. Ailleurs
dans le monde, on a réussit à se rendre indépendant du climat,
l'Afrique pas du tout.
Selon la FAO, les
exploitations agricoles sont très petites et freinent le
développement de l'Afrique. A l'inverse de l'Amérique Latine,
on n'a pas de grand propriétaires latifundiaires, on a des familles
qui produisent pour eux-mêmes. Les rendements sont donc assez
faibles, inférieurs de deux tiers par rapport à la moyenne
mondiale. La concentration d'engrais y est la plus faible, de même
que les techniques d'irrigation qui sont restées circonscrites au
Nord du Sahara (sauf à Madagascar du fait de ces liens
historiques avec l'Asie). Mais les appareils de mesures et de
comptages sont inadaptés à l'Afrique. On mesure la quantité de
céréales qu'ils mangent, alors que ces céréales sont inconnues
sur les marchés mondiaux et que les Africains mangent beaucoup de
racines. Comment parler alors de leur consommation de blé qui est
totalement marginale, alors qu'il se servent de céréales locales.
De plus, les racines ne se stockent pas, elles restent en terre
jusqu'à leur consommation, on a donc pas de statistiques sur les
productions vitales pour les Africains.
L'agriculture vivrière
est en deux temps : l'agriculture vivrière de subsistance (celle
qu'on consomme) et l'agriculture vivrière marchande (celle
qu'on revend). Celle de subsistance est soumise à l'agriculture
archaïque, on ne trouve pas de charrues qui demanderaient des bovins
et avec les tripanosomiase cela n'est pas possible. On cultive donc à
la main avec des méthodes assez archaïques. Donc l'agriculture
est extensive, les rendements sont faibles et de plus elle est
vulnérable (invasion de criquet, épidémie, …).
Paradoxalement dans
l'agriculture africaine, le facteur « terre » est un
facteur abondant, le facteur « capital » pas du tout,
reste le facteur « main d'œuvre » qui est aussi très
faible. On a du monde en Afrique, mais beaucoup de jeunes qui ne
peuvent pas travailler. Beaucoup de terres et peu de main d'œuvre
cela donne une agriculture extensive (beaucoup de terres, peu de
rendements) à l'inverse de l'Asie où le facteur « terre »
est le plus faible (alors on a de petites terres où on cultive
énormément). Là où les experts raisonnent en rendements du
sol, les Africains raisonnent en quantité de sol.
Autre contrainte,
l'absence de propriétés du sol. Si on ne possède pas sa terre,
quel intérêt à investir dans une forme de modernisation qui ne
vous servira pas toujours ? En général, ce sont des propriétés
coutumières, plutôt d'ailleurs des sortes de prêts de sols.
Le tout combiné donne
une économie vivrière archaïque. Les Africains vont donc essayer
de mélanger leurs besoins avec les contraintes. Leur agriculture
n'est pas moderne, mais ils s'adaptent à la nature et sont donc très
écologiques. Ainsi au Sahel, on a une saison humide et une autre
sèche avec des sols surtout sableux et d'autres plus fertiles dans
des vallées mais où des simulis transmettent l'oncocercose. De
plus, cultiver sur le sable est plus simple que sur une terre grasse
et lourde. Enfin, les situations très vulnérables sont aussi très
différentes d'une zone à l'autre, du coup, les Africains
répartissent leurs cultures. Alors effectivement, on tombe toujours
sur les mêmes cultures de subsistance (Zone sahélienne : Mils,
Sorgho, Dolique). D'où une agriculture peu diversifiée car on
fait la culture qui pousse bien et qui survit. Vers le Nord de
l'Afrique subsaharienne, plus humide, on a des cultures plus
diversifiée. Dans la savane, les racines des herbes empêchent un
labour facile. La technique des brulis permet de vite défricher,
d'avoir un engrais, mais il faut se dépêcher de cultiver avant que
les racines ne repoussent (technique du billon). Là encore, les
cultures sont celles qui peuvent pousser dans ces conditions.
Les cultures
secondaires contiennent une partie de légumes. Dans la savane, le
complément alimentaire vient surtout des arbres, de leurs fruits
ou de leurs feuilles (feuilles de baobab). La baobab est l'arbre
idéal, on se sert de tout (fruit, feuilles, graines pour faire de
l'huile, …), mais on trouve aussi le faidherbia (fourrage pour les
bêtes), le caïlcedrat, le palmier ou encore le tamarinier. Les
Africains, sur des années ont su sélectionner les arbres qui leur
sont utiles dans la nature. Ils ne sont pas planter, mais préserver.
Là aussi leur agriculture est vulnérable mais toujours savante.
Ils ont su s'adapter à la contrainte par un savoir très développé.
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