vendredi 2 décembre 2011

TD6 HISTOIRE MODERNE

Séance n°6
Les artisans au travail

Le travail des artisans urbains organisé en métier, jurés, statués, réglés< désigne les organisations de corporations emblématique du travail à l’époque moderne dont l’origine remonte au Moyen-âge. Multiplication de ces organisations au 13ème siècle. Il faut se rappeler que les corporations ne sont pas seulement des organisations professionnelles mais sont aussi des organisations politique< elle participe de la chose politique, et sont aussi des organisations fiscales.

On les connait particulièrement à Paris grâce au livre des métiers rédigé par Boileau, nommé prévôt des marchands de Paris en 1250. Le roi lui confie la mission de mettre les règles des métiers par écrit. Il décrit les règles de 101 métiers parisiens. Mais Paris reste un cas à part.

Bernadi : Relecture corporatiste de la société et du travail au 20ème siècle qui propose l’organisation corporatiste comme modèle en l’identifiant comme une coopération entre le travail et le capital.

Loin d’être générales aussi à l’époque moderne, les corporations sont de plus en plus issues de la volonté du pouvoir royale car elles sont une source de revenue et une façon d’encadrer le monde du travail dans des structures reconnue, de domination.

Ex : Sous Henri V et sous Louis XIV, volonté de développer ces organisations de métier sous contrôle. L’apogée des corporations c’est la fin du 17ème siècle avant une remise en question progressive et importante au 18ème siècle.

Le travail ne se fait pas qu’encadrer par les corporations, il y a encore de nombreux métiers dit libres et de nombreuses zones notamment à Paris qui bénéficies d’une juridiction spécifique. L’espace de la capitale est jonchée de juridictions avec des règles particulières< Ex : Faubourg Saint Antoine.

Les corporations sont minoritaires, elles sont loin d’encadrer tout le travail artisanal, moins de la moitié des effectifs. Ces organisations ont une organisation théorique qui connait de multiples variances.

Hiérarchie avec au sommet : les jurés puis les maitres, les compagnons et en fin les apprentis. Cette pyramide organise la carrière artisanale à l’intérieur d’un corps de métier (durée fixée, examens de passage entre maitres et jurés).

v Exposé :

Métier d’horloger fait partie des métiers de corporations depuis 1544. Encadre et gère le travail en effectuant un monopole du travail au bénéfice de ses membres. Colbert mène une politique corporatiste qui vise un idéal : contrôle par le roi de toutes les corporations.

Contrat entre blaise Simon représenté par son beau-frère et Samuel Hulot< acte notarié

Lettre de maitrise

Passe du statut d’apprentie à maitre mais parcours atypique

Pb : Complexité de l’accès au travail dans l’ancien régime.

I- Blaise Simon, un simple apprenti ?

1er texte : condition de l’apprentie et existence d’une formation parallèle qui est celle de la louage.

Réciprocité entre maitre et apprenti.

1- Des devoirs réciproques

Acquisition des techniques de travail< formation par le maitre. Transmission des savoirs.

Prestation matériel : apprenti loge chez son maitre. Famille complète les besoins de l’apprenti.

Kaplan : engagement dans le statut, maitre à la figure d’un père et de l’apprenti d’un fils adoptif : relation familiale et donc de protection théorique.

Engagement de l’apprenti est détaillé : apprendre, servir et obéir.

Relation idyllique sur le papier cache des conditions différentes notamment par des garanties apportées au maitre.

2- Des garanties pour le maitre qui changent une réalité de l’apprentissage

Apprenti ne peut pas travailler ailleurs ou s’absenter : représentant de l’apprenti doit trouver l’apprenti si il est absent sinon il doit payer une indemnisation au maitre.

Situation des apprentis est différente entre réalité et conditions théoriques.

Conditions difficiles< entraine souvent la fuite de l’atelier. Situation qui frise la domesticité explique la domination du maitre sur l’apprenti

Relation de soumission alors que théoriquement elle s’apparent à des relations familiales.

3- Un contrat d’allouage ?

Parallèlement il existe des formations dont le système d’allouage< apprenti dégradé.

Forme d’apprentissage est de plus en plus courante au 17ème siècle, contrat d’allouage sont calqués sur les contrats d’apprentissage : difficile de faire une distinction.

Plus de clauses d’indemnités par un départ précoce dans les contrats d’allouage, durée d’apprentissage est plus courte.

Apprentissage pour l’horloger : 8 ans. Ici il ne dure que 3 ans. Donc ici Blaise Simon est peut-être qu’un simple alloué.

Théoriquement et juridiquement l’alloué ne peut accéder à la maitrise.

II- L’accès à la maitrise par des voies divergentes

1- La lettre de maitrise

Elle fait passer Blaise Simon au rang de maitre. Accepté au sein des corporations, accès qui est contrôlé par les corporations< passe une épreuve technique jugé par les jurés : le chef d’oeuvre.

Situation de Blaise Simon est différente, il n’a pas fini son apprentissage et il est qu’un simple alloué. Lettre de maitrise vient supplanter le droit des corporations< lettre qui émane du roi.

Reçu en tant que maitre sans avoir passé leur chef d’œuvre et payé des droits de passage.

Lettre de maitrise est demandé par la femme de Samuel Hulot

2- Le mariage comme deuxième passerelle pour accéder au rang de maitre

Second mariage< veuve est privé des revenus de son mari. Veuve peut reprendre l’atelier de son mari mais ne peut pas prendre d’apprentis sous ses ordres à part ceux qui étaient en apprentissage avant la mort.

Elle ne veut pas continuer le commerce de son mari, il y a plusieurs facteurs qui expliquent cela.

- Etat de l’entreprise laissé par le mari : endettement

- Situation d’autorité difficile à mettre en œuvre sur les apprentis lorsque l’on est une femme

- Femme trop âgée

Blaise Simon à des avantages à se marier : passe maitre et reprend la boutique de son maitre.

Reprise :

Kaplan : RHMC 1993 : étude des contrats d’apprentissages.

Sur l’histoire de l’horlogerie : David Landes. Secteur très important du changement de civilisation à l’époque moderne par cette volonté de mesure le temps. L’horlogerie parisienne commence à avoir un rôle important au 17ème siècle depuis l’All et l’Ital. Puis mouvement de balance vers la Fr, la Suisse et l’Ang au cours du 18ème siècle. Collaboration entre ces 3 pays dans cette industrie de luxe.

1er texte :

Contrat notarié : privé fait entre deux groupes de personnes mais comme tous les contrats d’apprentissage parisien il a un enregistrement officiel qui en garantie la bonne exécution. C’est devant la justice de Paris (chatelet) que l’on peut faire appel de la non application de ce genre de contrat.

2ème texte :

Texte royal fait au conseil d’Etat : conseil de gouvernement important. Roi est présent dans le Conseil qui est tenu à Versailles.

Contexte :

1688 : Début de la guerre de la ligue d’Hobsbourg, roi est à la recherche d’argent et une des façons de se procurer de l’argent est de vendre des offices, de vendre des lettres de maitrise. Situation paradoxale ou sous Colbert, avant cette période on essaie d’imposer le modèle corporatiste mais le roi est le premier à contourner le système par grâce royale.

Ici les lettres sont telles payées ? Protection de la veuve et de l’orphelin ; la grâce royale est une récompense d’une conversion ?

1689 : 3-4 après la révocation de l’édit de Nantes. Les protestants étant très présents dans les métiers notamment à Paris. Situation ambigüe ou le roi récompense une conversion mais beaucoup de protestants ont été obligés de se convertir, c’est peut-être qu’une conversion de façade.

Ces deux textes sont publiés dans le livre d’Emile Levasseur, Histoire des classes ouvrières : première histoire du travail écrite dans les années 1850 et ensuite rééditée en 1901-1902. Les textes sont piochés dans les écrits de Nicolas Delamarre qui achète une charge de commission de châtelet, il est ensuite intendant de la maison du compte de Vermandois. En Lamoignon lui suggère d’écrire un ouvrage sur la police et spécialement la police parisienne, police dans l’acception très large de la police à cette époque. Réorganisation de la police parisienne par Louis XIV en 1667 en créant de lieutenant général de la police< étape de la centralisation et de la prise en charge de domaines par le roi, gérés avant par la municipalité.

Delamarre a accès aux écrits de l’intendant de la police. Il écrit le traité de la police publié à partir de 1705 : il traite de tous les champs dont doit s’occuper la police.

Levasseur a pioché dans les manuscrits de Delamarre

Plan : Commentaire de texte

Personnes en présence :

Blaise Simon : Il a 21 ans, c’est un peu tardif pour la mise en apprentissage. La moyenne que donne Kaplan sur l’âge d’apprentissage est entre 15 et 16 ans.

Il y a des cas bien plus précoces mais les maitres préfèrent prendre des adolescents plus mures que des enfants trop jeunes. Dans certaines professions ont trouvent des âges élevés.

Ici : Qu’est-ce qu’il a fait avant ? Parcours préalable qui semble être un apprentissage.

Le jeune homme est présenté par quelqu’un car il est mineur< présenté par son beau-frère. Le cas fréquent est que le mineur soit présenté par les parents. Ses parents sont peut-être décéder. Le beau-frère agit en tant que père substitutif ?

· Montre ici le réseau familial large qui se charge des jeunes.

Profession du beau-frère ? Domestique chez une marquise, Louise de Lavallière : première maitresse officielle de Louis XIV, ses enfants étant légitimés par le roi : niveau de la noblesse relativement élevée. Elle habite à ST Germain L’Auxerrois (cloches qui ont sonné la St Barthélémy, juste en face du Louvre). Très vieux quartiers centraux.

Situation familiale du jeune homme explique que le beau-frère choisit pour lui un contrat d’allouage et non un contrat d’apprentissage. L’avantage pour la famille c’est qu’il n’est jamais payant au contraire des contrats d’apprentissages, spécialement le cas dans les métiers de luxe et de pointes.

Au contraire, l’allouer va recevoir au bout d’un temps plus bref que dans un contrat d’apprentissage, une rémunération.

Formule notariée cache la réalité qui va être : est-ce à partir des 3 ans que Blaise Simon va être payé 36 livres, par an ? Mois ? semaine ?. On ne peut pas savoir si il est payé maintenant mais il y a quand même la certitude d’une rémunération mais payé bien moins que ne le seraient les compagnons avec le même niveau d’études. L’apprenti est payé plus vite mais moins.

C’est une situation favorable pour le maitre.

Le contrat d’allouage n’est pas hors corporation mais les maitres utilisent ce contrat pour la mise en soumission.

18ème siècle : multiplication de l’allouage : Prolétarisation croissant à l’intérieur même des corporations de ce type de personnage qui ne pourront jamais faire l’ensemble de la corporation.

Le mariage est une voie d’ascension sociale. Pour beaucoup de compagnons, se marier avec une veuve donne la possibilité de devenir maitre.

Ex : Texte de JC. Ménétra< courtise les veuves dans l’espoir d’un établissement.

Mais cette ascension sociale et cet intérêt pour la veuve ne peuvent exister que si Blaise Simon devient maitre.

v Article d’Arlette Farge

Historienne du 18ème siècle qui s’intéresse au comportement populaire par l’étude de Police< archives judiciaires

Directeur de recherche au CNRS et à l’EHESS

Terrain privilégié : Paris et les milieux pauvres de Paris

1ers ouvrages :

- Thèse : Vol d’aliment à Paris au 18ème siècle, délinquance et criminalité, années 70. Thèse publiée en 1974.

- Vivre dans la rue à Paris au 17ème siècle

- Le désordre des familles : les lettres de cachet de la Bastille écrit avec Michel Foucault. Fonctionnent des familles en analysant ces lettres de cachés produites par les familles demandant l’emprisonnement à la Bastille de l’un de leurs proches.

- La vie fragile : fragilité de la vie populaire mais aussi de la reconstruction de la vie populaire par les historiens.

Ouvrages plus récents :

- Condamner au 18ème siècle.

- Ecrit- moi si tu m’aimes encore : une correspondance amoureuse du 18ème siècle.

Articles :

- Logique de la foule : foule à un mouvement construit. Montre aussi le désamour entre le peuple et le roi.

- Dire et mal dire, l’opinion publique au 18ème siècle

Elle s’interroge sur la culture populaire, histoire des rapports de domination et non pas sur la mentalité populaire.

Travailler sur les archives s’est essayé de repérer des bribes de vies vécues. Travail sur l’émotion pour elle. Ce qui est à l’état de traces plutôt que d’histoire bien reconstituée.

A dirigé l’histoire des femmes avec Michelle Perreau.

v Les parties de son livre, la vie fragile :

- : métamorphose du sentiment

Brutalité des rapports hommes/ femmes et parents/enfants

- Le travail et ses marges : travail hors des corporations

- Les foules conviées

v Sources :

· Archives d’un commissaire de police particulièrement :

Commissaire Hugues. Responsable d’un quartier. Première autorité à laquelle on s’adresse pour régler les litiges du quotidien.

· Mémoires :

- du lieutenant général Lenoir qui chapote l’ensemble de la police

- Cliquot de Blervache : un des grands penseurs économistes du 18ème siècle qui a écrit contre les corporations.

· Registre des bureaux d’embauche de Rouen, sources utilisées par un autre historien qu’elle cite.

· Archives de la chambre de police :

Structure judiciaire dans lequel intervient le lieutenant de police. Devant la chambre de police on trouve des plaintes de maires contre des compagnons.

· Archives de la Bastille :

Montre la complexité qui ont a jugé des litiges quotidiens qui interviennent dans les ateliers.

Au début du chapitre, ce livre écrit en 1986, même si elle contribue à renouveler l’image que l’on peut avoir de l’atelier artisanal surtout les tensions multiples qui peut avoir et relations conflictuels. Elle fait un petit rappel sur les corporations, elle écrit en 1986 mais aujourd’hui cette image des corporations est un peu dépassée. Cette idée de corporations asphyxiées par les règles, incapable de s’adapter à l’économie est le discours libéral du 18ème siècle contre les corporations.

Deux courants historiographies qui véhiculent deux interprétations différentes des corporations mais pas tellement réelles.

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