lundi 19 décembre 2011

Antique : 06 - 12

Précédemment : Antique 29 - 11
Note : cours comprenant le document word du prof, ce que nous n'avons pas pu faire en cours : les Oscophories et la thalassocratie athénienne.

Thésée, Médée et Egée à l'ultime instant



Sur le chemin, Ariane est délaissée sur une île par Thésée, mais celle-ci est dans les versions générales récupérée par Dyonisos qui en fait sa femme. En arrivant à Athènes, Thésée n'a pas mis de voiles blanches à son bateau (signe de sa survie) et a donc les voiles noires (signe de sa mort). Son père désespéré se jette dans la mer, qui devient mer Égée.

  1. L'épisode crétois : un mythe d'initiation

Cette histoire nous montre le passage de l'âge d'enfant à celui d'adulte. D'autant que ce récit, selon Henri Jeanmaire (Couoi et courètes, couroi signifiant le jeune garçon), ressemble à d'autres comme celui du petit Poucet, l'histoire d'un groupe de jeunes gens tombés chez des anthropophages, mais sauvés par l'initiative de l'un d'entre eux. Parallèle aussi entre le fil d'Ariane et les cailloux du petit Poucet, l'utilisation de la ruse. Cela passe aussi par le travestissement, Thésée masque deux garçons en filles, de même que le petit Poucet échange les bonnets des filles de l'ogre et de ses frères. Cet élément commun illustre un moment d'inversion. Pendant une initiation, il y a un changement de statut, on fait des choses contraires à la norme. Ce comportement transgressif, ce travestissement ici, est un rite de passage, un moment de marginalité qu'on retrouve dans les bizutages. Ensuite on passe à l'âge adulte. Thésée passe ensuite du statut de l'héritier à celui de roi.

  1. Du mythe au rite : Pyanopsies et Oschophories

Avec Thésée, on passe du mythe au rite via deux grandes fêtes liées à cet épisode crètois : les Pyanopsie et les Oschophories. C'est un aition, un mythe qui fonde un rituel (cela a donné étyologie en français). Ces fêtes annuelles, qui avaient lieu en même temps, concernaient les jeunes gens de la cité athénienne. Elles avaient lieu en octobre pour nous, le 7 Pyanepsion, jour du retour de Thésée.

Les Pyanopsies auraient été fondées par Thésée qui à son départ pour la Crête aurait fait un vœu à Apollon. Avant de partir, il avait fait ce vœu de créer un rituel en l'honneur d'Apollon en cas de succès de son entreprise. Cela se déroulait en contrebas de l'acropole avec deux caractéristiques : on y consommait une bouillie de fèves et on transportait un rameau de suppliants (rameau porté sur l'autel d'un dieu pour le supplier) dans le sanctuaire. La bouillie aurait été ce qu'auraient mangé les jeunes gens en revenant de Crête. D'ailleurs cela donne son nom à la fête (Pyanopsie : bouillie de fèves). Le rameau lui, correspondait au rameau posé par Thésée sur l'autel d'Apollon pour s'assurer sa protection. Or sur ce rameau de suppliants on trouve plus qu'un rameau d'olivier entouré de laine (ce qui est en général le cas), on trouve aussi des figues, des pains gras, un petit pot de miel, une fiole d'huile et une coupe de vin. Or cela diverge des sacrifices sanglants classiques, on a à faire à des offrandes végétales. C'est justement lié à l'initiation. Pour Lévi-Strauss il existe une grande polarité structurale entre le cru (la jeunesse inachevée) et le cuit (la finition). Or ce rameau mélange une partie de cru et de cuit. On a une première transformation de certains produits : miel, vin qui est cuit au soleil, figues cueillies, … On a donc une illustration de ceux qui participent au rituel puisque ce sont les jeunes gens passant de l'enfance à l'âge adulte qui offrent des produits à mi-chemin entre le cru et le cuit. C'est un entre-deux typique à l'histoire de Thésée.

Les Oscophories sont aussi une représentation de ce passage à l'âge adulte par le biais du rituel, la référence au récit de Thésée. Cette fois-ci, on portait des grappes de raisin. Se déroulant le même jour, la fête des Oschophories joue également sur la valeur initiatique de la légende. Elle aurait également été instituée par Thésée lui-même à son retour à Athènes, alors que celui-ci était partagé entre la joie du retour et la tristesse provoquée par l’annonce de la mort de son père.
D’après Plutarque, l’élément central de la fête consistait en une procession conduite par des jeunes enfants (paides) portant des ôschoi, des grappes de raisins encore attachées à leurs sarments. Précédé par un héraut, la procession était menée par deux garçons déguisés en filles. La troupe avançait en chantant vers le Phalère, le port archaïque d’Athènes. Elle aboutissait finalement au sanctuaire d’Athéna Skiras, où Thésée et ses compagnons étaient censés avoir débarqué.

Ce rituel apparemment étrange respecte toutes les étapes d’un rituel d’initiation :
  • Tout d’abord, un moment de séparation. La procession ritualisée ouvre un temps nouveau, un temps rituel fortement séparé du temps profane.
  • Ensuite, survient une période de marges, lorsque les jeunes gens atteignent le Phalère, aux limites du territoire civique. Au demeurant, le sanctuaire d’Athéna Skiras, où se rend la procession, incarne parfaitement, dans son nom même, l’état marginal par lequel passent les jeunes gens : en grec, le terme Skira désigne les mauvaises terres, situées aux frontières de la cité. Cette situation marginale est en outre caractérisée par l’inversion des normes ordinaires, comme le souligne le travestissement rituel des deux adolescents.
  • Cette période de marge et d’inversion débouche sur une phase d’agrégation. Tout d’abord, les jeunes effectuent un sacrifice en l’honneur de la divinité poliade Athéna, ce qui les désigne déjà comme de futurs citoyens. Surtout, ils retournent à Athènes jusqu’au sanctuaire d’Apollon Patroôs, situé sur l’agora qui, précisément, est le dieu patronnant l’intégration des jeunes gens dans la cité. Au terme du rituel, les jeunes participants ont donc changé de statut.

Cette transformation progressive trouve une certaine correspondance dans le type d’aliment porté, puis consommé par les jeunes gens. Au départ, les participants portent des grappes de raisins, encore attachées à leur sarment. Ces aliments symbolisent un premier stade de la transformation alimentaire, celui de la maturation naturelle des grains de raisins sous le soleil de l’été. Cette première étape est suivie par une autre : à la fin du rituel, les jeunes gens mangent des aliments cuits, carnés ou céréaliers, servis par les mères des enfants et des éphèbes (les deipnophores). Ce changement manifeste l’accès des adolescents à une nourriture civilisée et, partant, leur passage à l’âge adulte.

À travers ces deux rites complexes, les Athéniens commémoraient donc le rôle de Thésée en tant que protecteur des jeunes gens,garçons aux Oschophories et filles aux Pyanopsies, aidant à leur mûrissement et à leur passage au statut de citoyen. Toutefois, au cours de l’époque classique, ces rituels initiatiques perdent une partie de leur signification. Ils sont en effet doublés par d’autres rites d’intégration se tenant dans la phratrie, lors de la grande fêtes des Apatouries en l’honneur d’Apollon. la légende de Thésée assure désormais d’autres fonctions dans la cité. Plutôt qu’en héros de l’initiation, Thésée apparaît désormais en roi fondateur de la cité d’Athènes, l'artisan du synoecisme athénien.


  1. Thésée et l'Attique : le héros fondateur de la cité

Thésée devient le grand héros athénien comme on le voit sur les vases antiques où l'on constate une explosion de l'image de Thésée en mettant en valeur d'autres moments de sa vie. Particulièrement ces combats contre les monstres sur le territoire de l'Attique et sur les pourtours.

  1. Le retour du bâtard royal

Thésée est le fils d'Égée roi d'Athènes et d'Aïthra, fille du roi de Trézène, lui-même descendant de Pélops, fondateur du Péloponnèse et créateur des Jeux Olympiques. Thésée descend donc d'un héros très important du monde grec. Il n'empêche que Thésée est un bâtard puisque ces parents ne se sont pas mariés ensemble. Égée aurait été conduit par le roi de Trézène, Pitthée, dans le lit d'Aïthra. Mais Égée ne se marie pas avec elle, il se doute du risque encouru puisqu'il laissera derrière lui des symbola, des signes de reconnaissance, des signes qui permettront à son éventuel fils d'être reconnu. Ces symbola sont sous une pierre très lourde que seul un héros peut soulever. Une fois devenu adolescent, Thésée découvres ces symbola, des sandales et une épée entre autres. C'est son premier exploit.

Pour se faire reconnaître par son père, Thésée va rentrer à Athènes. Égée lui est alors dans sa ville, marié à Médée. Thésée se retrouve alors en proie à sa belle-mère. Il y a lutte pour le futur souverain.

  1. Le parcours civilisateur du héros

Thésée quitte donc Trézène et passe par l'Argolide, la Mégaride pour arriver en Attique. Sur ce trajet, il va lutter contre des monstres nombreux et des brigands tout aussi nombreux.
Il commence d'abord à Epidaure où il tue Périphétès, un brigand qui tuait tout la monde avec sa massue. Thésée lui prend son arme et le tue à son tour. Il arrive sur l'isthme de CoryntheSinis, un homme extrêmement fort, démembre des individus après les avoir attachés à un pin. Pareil, Thésée le tue comme celui-ci tuait ses victimes. Il arrive ensuite à Mégare, où il débarrasse le sol de la laie de Crommyon, une femelle sanglier effrayant les habitants. Arrivé dans le golfe de Salamine, Thésée rencontre le brigand Skiron qui obligeait les passants à lui laver les pieds avant de les jeter dans la mer, les tuant ainsi. Thésée le jettera dans la mer. Enfin, arrivé à Eleusis, grand sanctuaire de Déméter et de sa fille, un brigand nommé Procuste faisait subir à tout les passants une torture particulière, les passants plus petits que son lit, il les étirait, ceux qui étaient plus grand, il coupait ce qui dépassait. Thésée pour le faire rentrer dans son lit va découper Procuste. Systématiquement, Thésée tue ses adversaires de la manière dont ceux-ci tuaient leurs victimes innocentes.

Ce récit à pour but de montrer l'aptitude de Thésée à gérer la fonction royale. Il illustre sa dikè (sens de la justice) en infligeant à ses ennemis le sort violent dont ils usaient vis à vis des autres. La dikè, cette fonction typiquement royale selon Hésiode. Cette explication structuraliste a sa vision complémentaire, contextualiste. Thésée fait le trajet qui entoure le Golfe Saronique, or ce golfe est une des prétentions territoriales d'Athènes à la fin du – V° siècle. Mégare va passer sous le contrôle d'Athènes par la suite. Thésée étant censé délimiter le territoire d'Athènes puisqu'il aurait posé une borne sur l'isthme de Corinthe. Cette prétention athénienne passe aussi sur deux grandes îles Salamine et Egine dans le Golfe Saronique.
Ce parcours civilisateur ne se fait pas seulement en-dehors des frontières d'Athènes. Dans le territoire athénien il fait aussi des exploits. Ainsi Thésée soutient les prétentions territoriales d'Athènes en-dehors de l'Attique mais aussi dans ce territoire qu'il pacifie. Athènes est une exception à cette époque avec 2 000 kilomètres d'influence environ alors qu'une cité se limite en général à une trentaine de kilomètres. Thésée fait donc également preuve de ses vertus civilisatrices à l'intérieur du territoire pour pacifier et unifier le territoire.

  1. L'artisan du synoecisme athénien

Cette fois-ci on se place après l'épisode crétois. Les auteurs du – V° siècle racontent comment Thésée parvient à unifier le territoire qui n'avait pas d'unité véritable. Le territoire de l'Attique était mal contrôlé par Athènes et des velléités d'indépendance émergeaient. Le territoire n'était pas unifié déjà à l'époque mycénienne (5 villes se démarquaient avec un palais : Athènes, Eleusis, Marathon, Brauron, Thoricos ???).
Le synoecisme, c'est donné les mêmes institutions politiques à chaque cité : un bouleuterion (conseil) et un prytanée (foyer commun). C'est Thésée qui va unifier le territoire par cette uniformisation politique.

Par la suite, Thésée devient l'image de la propagande de la domination agressive d'Athènes, en devenant sous Cimon, la figure de la victoire d'Athènes sur les Perses et les prétentions d'Athènes à dominer l'ensemble du monde grec, notamment via la flotte militaire.





  1. Thésée et la propagande de Cimon : le héros protecteur du régime

  1. L'instauration du culte de Thésée

Après avoir été élu roi, Thésée finit par déposer sa couronne pour la remettre au peuple, ce qui pousse les Athéniens à imaginer qu'il est l'inventeur de la démocratie. Cependant, les démagogues auraient monté le peuple contre lui suite à cet acte et il aurait été exilé de sa cité. Il s'est alors réfugier à Skyros combattant des brigands sans succès où il y trouva la mort, poussé d'une falaise de l'île. Ce mythe est important puisque les Athéniens a posteriori seraient allés chercher ses ossements. Et c'est Cimon, fils de Miltiade le vainqueur de Marathon en – 490, qui mène l'expédition à Skyros. Cimon plutôt aristocrate, parvient à évincer son adversaire démocrate par ostracisation, Thémistocle.
Cimon après avoir reçu un oracle de Delphes, part à Skyros, y trouve des ossements dans une tombe (probablement mycénienne et abandonnée) et avec toute l'Assemblée présente, il les place dans une sanctuaire construit en son honneur, le théseion (introuvable aujourd'hui). Il y a donc un rituel qui lui est rendu le lendemain des Oscophories et des Pyanopsies : les Théseia. Le mois de Pyanepsion devient celui de Thésée. A partir de ce moment là, la création de ce culte, Cimon s'en sert comme support politique. Thésée est utilisé pour célébrer le passé, les guerres médiques puis l'hégémonie d'Athènes sur les mers.

  1. Thésée contre Médée

Quand Thésée arriva à Athènes, Médée reconnaît tout de suite le fils légitime de son mari. Elle va tenter de mettre son fils sur le trône en faisant tout pour éloigner Thésée, qu'Égée n'a pas encore reconnu. Médée incite donc Égée a envoyé cet homme combattre le taureau de Marathon, mais plutôt que d'y mourir, il réussit son exploit. Médée va alors tenter d'empoisonner Thésée, mais à l'ultime moment, Égée reconnaît les symbola de Trézène. Égée finit donc par reconnaître son héritier légitime, bannit Médée et son fils Médos qui fuient tout deux en Asie. Ensuite Thésée partira en Crète.

Cette histoire est un ajout tardif à la légende de Thésée. Cet affrontement entre Médée et Thésée est une subtile métaphore des guerres médiques (p.24). L'épreuve du taureau de Marathon renvoie à la première victoire athénienne à Marathon, celle de Milthiade, père de Cimon. Surtout que dans le Théséion, il y avait une représentation de la bataille de Marathon où l'on voyait Milthiade mais aussi Thésée, puisque Milthiade aurait eut une vision de Thésée.
Le bannissement de Médée et de Médos en Asie est associé pour les Grecs au fait que Médos est devenu ensuite l'ancêtre éponyme aux Mèdes, les ennemis des athéniens dans les guerres médiques. Cette expulsion de la sorcière et de son fils correspond aussi à l'expulsion des Perses de la mer Égée.

  1. Thésée chez Poséidon

Une autre transformation de la légende a lieu sous Cimon pour justifier la prétention de la domination athénienne des mers. Cimon va réussir avec l'aide de Bacchylide, poète de la première moitié du V° siècle, à changer son père. Aïtra aurait eut des rapports avec Poséidon, avant Égée, et Thésée serait son fils. Il est aussi le fils d'Égée puisque celui-ci l'a reconnu. Thésée a donc une double filiation. Ainsi dans le Théseion, on a une représentation de l'accueil d'Amphitrite, épouse de Poséidon, qui reconnaît ce fils de son mari. Cette représentation se multiplie à l'époque. Il devient l'enfant légitime de Poséidon.
Cette évolution est soulignée dans l’iconographie attique, tant privée que publique. Après – 470. les vases à figures rouges montrent ainsi volontiers Poséidon à la poursuite d’Aïthra, la mère de Thésée. Mieux encore, l’ascendance divine de Thésée est directement mise en scène dans le hieron de Thésée, érigé par Cimon. Le sanctuaire contenait en effet de célèbres peintures (tableaux ou fresques) conçues par Micon, dont l’une représentait le plongeon de Thésée dans la demeure marine de son père divin.
Le peintre faisait en l’occurrence allusion à un épisode du mythe, rapporté par le poète Bacchylide. La légende raconte que Thésée en arrivant en Crète est défié par Minos. Celui-ci se dit fils de Zeus, Thésée réplique qu'il est celui de Poséidon. Minos jette un anneau dans la mer est met au défi Thésée d'aller le chercher. Ce qu'il réussit, aidé d'Amphitrite. Elle lui donne l’anneau, mais aussi une couronne, pour prouver à Minos qu’il est bien le fils de Poséidon. À son retour sur le bateau, Thésée est donc reconnu comme fils de Poséidon, comme Minos s’enorgueillit lui-même fils de Zeus. Si la peinture de Micon est perdue, nous avons une représentation de la scène sur une coupe attique peinte par Euphronios, montrant Thésée accueilli par Amphitrite, sous la garde d’Athéna.

Dans cette nouvelle métamorphose du mythe, deux éléments sont mis en avant. Tout d’abord, Thésée est bien le fils de Poséidon, mais aussi, il est l’égal de Minos. Or, ces deux affirmations sont une façon détournée de revendiquer, pour Athènes, le contrôle des mers. En tant que dieu des océans, Poséidon symbolise évidemment la domination maritime à laquelle prétend Athènes. Quant à Minos, il incarne également, aux yeux des Grecs de l’Antiquité, la thalassocratie, le pouvoir sur les mers. D’après Thucydide, le Crétois aurait même été le premier des Grecs à dominer les océans. Dès lors, la thalassocratie minoenne devient la préfiguration de l’hégémonie athénienne sur le bassin méditerranéen : en terrassant le minotaure, Thésée l’emporte sur Minos, et Athènes se substitue à la Crète comme maîtresse des mers.

Ce nouveau discours coïncide évidemment avec la fondation de ligue de Délos, en – 478, et les visées maritimes d’Athènes dans le cadre de cette ligue insulaire, contrôlant une bonne partie de la mer Égée. Ce tournant maritime du mythe explique aussi le changement de la date des Theseia : au lieu d’avoir lieu le 7 Pyanepsion – le jour du retour de Thésée de Crète –, la fête est déplacée le jour d’après, le 8. Pourquoi avoir opéré ce petit changement ? Parce que, nous dit Plutarque, le 8 est le jour de Poséidon. C’était là une façon de rappeler la filiation divine de Thésée et d’affirmer à nouveau le lien spécifique qui reliait les Athéniens du – V° siècle et la mer.


En définitive, le mythe de Thésée s’est formée par strates successives. Au départ, Thésée est une figure largement panhellénique et incarne un héros protecteur de la jeunesse : certains rituels ont d’ailleurs conservé, jusqu’à l’époque impériale, cette signification originelle du mythe. À la fin du vie siècle, la figure de Thésée subit une importante transformation. Il devient alors le héros de la communauté athénienne, incarnant à la fois son unité politique interne et ses aspirations impérialistes externes.
Toutefois, cette identité n’a rien d’immuable : le mythe évolue selon les besoins et les aspirations de la communauté. Bientôt, Thésée devient le héros de la démocratie modérée du ive siècle. Invoquant la figure de Thésée, Isocrate appelle ainsi de ses vœux la mise en place d’une régime méritocratique, méritant à peine le nom de démocratie tant elle est modérée.

En définitive, la légende de Thésée montre comment se construit progressivement un mythe et des rituels spécifiquement athéniens, reflétant l’identité politique changeante de la cité et venant la soutenir en retour.

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