dimanche 1 janvier 2012

Etat 12 - 12

Précédemment : Etat 05 - 12




  1. Les enjeux du débat

C'est un débat qui divise profondément. Le Conseil représentatif des A Noirs (CRAN) est pour, la LDH, le MRAP ou SOS racisme étant contre.
Pourquoi compter ? Ceux qui sont contre l'instauration des statistiques ethniques disent que les catégories vont contribuer à imposer les identités raciales et ainsi favoriser le communautarisme. On a pas besoin de nouveaux instrument, on peut se poser sur des informations objectives : pays de naissance des parents, noms et prénoms, … Ceux qui sont pour pensent que refuser de compter c'est cautionner les discriminations. Or il ne faut pas que les idéaux républicains conduisent à s'aveugler au poids de la couleur. Pour combattre les discriminations, il faut les mesurer. Ils réfutent les techniques de l'autre camp (noms et prénoms, …) qui s'apparentent à du « bidouillage » selon Patrick Simon, et ne prend pas en compte toutes les discriminations, notamment professionnelle. De plus, cela ne rend pas compte à la fois des éléments objectifs et des éléments subjectifs.
Comment compter ? C'est le plus grand enjeu au sein même des gens favorables à ces statistiques. Quelles catégories inscrire ? Couleur de peau, religion, origine, histoire, … toutes ces qualifications auront une influence sur les politiques sociales qui seront mises en place. Le risque est de confirmer les stéréotypes du sens commun, comme si elles étaient des catégories juridiques. Les individus ont plusieurs identités et on assignerait les gens à cela, alors même que l'identité est beaucoup plus fluide.

En Angleterre, où les catégories sont en place depuis 1991, elles reprennent les critères ethno-raciaux. Le pays à justifier cela en souhaitant s'attaquer aux séquelles du passé colonial et pour affronter le racisme, pour soutenir des politiques d'égalité. En France, ces question ne devraient pas entrer dans le recensement, le principe qui devrait privilégier la perception de l'individu serait dominant. On est d'accord pour les mesurer, mais quelles politiques doivent être mises en place derrière ? Des statistiques racistes pourrait amener à des politiques de répression raciale. Comment utiliser ces statistiques finalement ?

Malgré cela le pouvoir politique s'est prononcé sur ce sujet. L'État a montré son intérêt sans pour autant s'engager dans des politiques publiques. Le gouvernement s'est manifesté et s'est positionné sur le sujet.


  1. La protection des réfugiés

On tend à dire que le droit d'asile est né en France, ce dont le pays se targue. Contrairement aux idées reçues, le droit d'asile contemporain est loin du droit d'asile au Moyen-Age (se réfugier dans une église pour se protéger). On commence à parler du droit d'asile moderne avec la Révolution française qui donne l'asile aux révolutionnaires étrangers pourchasser par des tyrans. On en retrouve une trace en 1946 dans un document mineur de la constitution, mais sa définition est très large. Avant 1951, l'accueil des réfugiés et le refuge qui leur est donné est peu formalisé dans le droit et reste d'ailleurs une action discrétionnaire. Ce sont des choix de politique intérieure qui orientent souvent ce sujet. Par exemple, en 1933, après l'accession au pouvoir d'Hitler, les juifs allemands demandent à se réfugier en France. Le ministère de l'économie et du commerce considère qu'ils sont inassimilables sur le marché de l'emploi, ce sont des réfugiés économiques renvoyés dés 1934 en Allemagne. Ces notions de politique étrangère et les intérêts de politique intérieure justifient les actions de la France sur ce sujet.


En 1951 est signée la convention de Genève, convention internationale qui est la référence concernant le droit d'asile et le traitement des réfugiés. Ce texte est plus précis que ceux d'auparavant. Cette convention est héritée tant de la Seconde Guerre Mondiale que du contexte de Guerre Froide. En effet, les dissidents communistes qui fuit le bloc de l'Est sont mis en avant dans une guerre idéologique par le bloc américain. De fait, la convention de Genève donne une définition du réfugié qui est très européenne car très individualiste. Le réfugié doit prouver qu'il est persécuté individuellement pour bénéficier de la protection qu'il demande. Le « vrai réfugié » serait typiquement le grand écrivain ou journaliste qui doit fuir leur pays pour s'exprimer.

Le droit d'asile contemporain n'est pas à même d'offrir une protection dans le cas de massacres ethniques par exemple. La mise en application n'a jamais été conçue par les États nations européens, comme justifiant des dépenses importantes. De façon générale, les États qui ont signé la convention de Genève investissent peu. Elle fut pourtant mise facilement en place. Elle était peu couteuse et peu d'exilés demandaient l'asile, d'autant que c'était parfois stigmatisant. Les demandes faibles donc peu couteuses et leur traitement expéditif débouchaient dans l'immense majorité des cas dans l'octroi du statut, la très grande quantité des récits était acceptée. Dans le milieu des années 1970, ces récits deviennent de plus en plus contestés, la France devient sceptique. Valluy pense que l'on est passé d'un traitement ouvert et expéditif à un traitement fermé tout aussi expéditif. On refuse presque automatiquement ces droits. Il y a eut des jeux sur les quotas propres au contexte (cambodgiens, …). De 1980 à aujourd'hui, le taux de rejet de demandes d'asile est d'environ 90%. Cela s'explique par un plus grand nombre de de demandeurs car en 1974 la France ferme ses frontières et a une politique d'immigration plus restrictive, donc il reste comme solution la demande d'asile. De plus, à l'époque c'est l'explosion des blocs communistes et donc des passages de l'Est vers l'Ouest. Refuser politiquement et économiquement, de nombreux réfugiés qui ne sont pas intéressants.
Le rôle des médias enfin, est à souligner. Les taux de rejet ont été utilisé politiquement par les médias pour établir la figure du « faux réfugié ». Jérôme Valluy parle d'une spirale du rejet. Le rejet est important et donc le discours politique forme un discours de rejet limite xénophobe qui est repris par les médias et en réaction à cela, les autorités publiques restreignent encore la définition de l'asile.

La principale évolution du droit d'asile dans ces dix dernières années c'est son externalisation et la notion de « pays sûr », une liste de pays jugés sûrs dont on ne peut demander de droit d'asile pour le quitter. Là encore la définition pose de nombreux problèmes, notamment du fait des critères diplomatiques qui entrent en compte. L'externalisation fait référence aux pays qui recensent les demandes d'asiles vers l'Europe et qui jugent dans un premier temps les demandes valides ou non. Cela reste problématique sur le fonctionnement, sur les fonds que l'Europe fournit à ses pays, …


On voit donc bien comment les rapports entre État, citoyens et étrangers sont un des domaines dans lesquels se mettent en place les politiques publiques. On voit aussi comment l'État prend son rôle de catégorisation en prenant des catégories juridiques types étrangers, nationaux, immigrés, … Catégories très liées à la question de l'accès au droit. Toujours dans ce rapport, ces catégories se définissent en situation qui n'ont pas de catégories juridiques, juste administratives (situation régulière ou irrégulière, …). Enfin on voit comment certaines de ces catégories sont récentes et comment elles évoluent. Leur production est donc le fruit d'une circulation entre société et État, ce dernier reprenant cette première en y voyant une forme de légitimation. C'est encore là-dessus que repose les questions du débat des statistiques ethniques.







L'État à travers ses institutions et son rapport aux administrés


Il faut s'intéresser plus particulièrement aux institutions étatiques qui représentent l'État. Certaines sont très présentes dans le quotidien, d'autres bien moins. On peut considérer qu'elles sont le maillon entre la chaîne de l'État et des administrés. Cette importance se voit aux attentes et aux frustrations des administrés qui s'en prennent matériellement à ces institutions.
Pendant longtemps, on a parler de sujets de l'État et de puissance publique. Ensuite on a évoqué des usagers et un service publique. La relation de domination semble s'être inversée, on parle plutôt de clients après les années 1970, on parle de clients et Dubois y voit une double fiction d'un individu libre de choisir et qui serait dans un rapport égalitaire à l'administration.


  1. Qu'est ce qu'une institution ?

  1. Des univers de pratiques et de croyances

Ce qui les caractérise se sont leur stabilité comme on l'a vu avec Weber. On trouve aussi dans la caractéristiques leur hiérarchisation ce qui signifie que lorsqu'on rentre dans une institution, on reçoit une place dans cette hiérarchie de positions. Cela veut dire recevoir une identité formelle, être sous-officier, être agrégé. C'est aussi une identité formelle, une position et des tâches à accomplir. Souvent la position est marquée physiquement (tenue dans l'armée, espace dans les entreprises, …). Il y a donc un dispositif de repérage et de classement selon un vocabulaire bourdieusien.

Pour tout ceux qui évitent leurs tâches, il existe un système de sanctions. C'est aussi une caractéristique. Ces sanctions peuvent passées par les inspecteurs, les tribunaux administratifs, … Il y a une prise de rôles institutionnels, des savoirs faire, des savoirs pratiques qui permettent aux individus d'accomplir correctement leurs tâches et qui permettent de se conformer aux attentes qu'on a d'eux. Ces savoirs pratiques reposent sur de l'implicite, ils ne sont marqués nulle part, s'apprennent par l'expérience dans l'institution.
De même lorsqu'on est usager, il existe des rôles de l'usager par les papiers qui vous donnent un statut administratif, vous conforme selon le guichet et où on entre dans un rôle face au guichetier. Ce processus suppose aussi qu'on ait intériorisé une partie de la contrainte. La réception des impôts qui contraint à déclarer tout ses revenus de l'année à l'État ne va pas de soi, mais tout le monde le fait de peur des sanctions. Il y a peut être aussi un certain habitus spécifique propre à l'institution qui finissent par être naturel pour les usagers et pour les travailleurs de l'institution.

Pour désigner l'ensemble des pratiques de l'institution, on parle de culture de l'institution. Celle-ci repose sur une routine institutionnelle, les tâches sont rodées, on sait l'ordre d'exécution des tâches et leur méthode d'exécution. Ces routines sont sources de sécurité pour ceux qui les exécutent mais elles l'emportent vite sur l'innovation et freine les tentatives d'innovations. Elles se manifestent aussi par un langage de l'institution familier aux gens de celle-ci mais pas aux gens extérieurs. Ce langage doit s'apprendre par ceux qui y travaillent et est parfois connu des profanes réguliers de l'institution. L'institution réalité extérieure aux individus qui la compose se retrouve enfin dans l'anonymat, les rôles sont standardisés et les agents ne sont que des exécutants et leur subjectivisme n'intervient pas.


Comment les individus se représentent ???

Les individus ne partent pas de rien, ils ont des représentations sur eux mêmes et portent des jugements sur les institutions. Yasmine Siblot qui y étudie le travail au quotidien des institutions dans des quartiers populaires. Les individus qui ont des jugements négatifs sur une institution n'ont pas ce point de vue sur un avis idéologique mais bien par le rapport quotidien qu'ils entretiennent avec celle-ci (temps d'attente, rapport au confidentiel, démarches simples ou démarches opaques, agents respectueux ou non, …).

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