vendredi 6 janvier 2012

Géo des Suds 04 - 01


Précédemment : Géo des Suds 14 - 12



Kinshasa, République Démocratique du Congo


Villes et citadins


  1. L'élan urbain et la structuration de l'espace continental

  1. Une urbanisation à grande vitesse

L'urbanisation est un fait récent, post-1950 mais de se développe de manière exponentielle. Il y avait déjà des villes avant la colonisation mais aujourd'hui ce sont des reliques du passé, de même que les anciennes villes coloniales n'ont pas toujours été réappropriées. Ce continent est le plus en retard en urbanisme mais c'est aussi celui qui connaît la plus grande croissance. On a donc un tiers de la population qui est urbaine mais d'ici 2050, il y a des chances que 60% de la population soit urbanisée.
L'urbanisation (population urbaine) est différente du taux d'urbanisation (vitesse de croissance de la population urbaine) qui est le plus fort de monde (+ 3% par an). En même temps, cela s'explique parce que le continent est peu urbanisé. Entre 1960 et 2010, il y a 10 fois plus de citoyens urbains et d'ici 2050 ils seront plus d'un milliard.

  1. Contexte et mécanisme de la croissance

Les migrations furent le facteur principal de la croissance urbaine, via principalement l'exode rurale. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Par contre, en parlant d'exode rurale, on ne veut pas dire que les campagnes se vident. Au contraire, les campagnes voient aussi leur population augmenter, leur population ne décroit pas vraiment. Les flux migratoires se concentrent beaucoup moins dans les grandes villes dorénavant que dans les petites villes. Ces flux viennent de citadins urbains qui fuient une grande ville en crise pour rejoindre ces petites villes. On a une urbanisation de la société par le bas.
Un épiphénomène qui agit aussi dans la croissance urbaine, ce sont les guerres et guérillas qui font fuir les réfugiés des « zones de stress » (les campagnes) en direction de zones sécurisées, les grandes villes. Au Darfour, ces dernières années, les grandes villes ont subi ce phénomène.
Les migrations internationales peu significatives internationalement se résument entre les Libanais en Afrique de l'Ouest et les Indiens en Afrique de l'Est. Ils jouent un rôle essentiel dans le commerce et sont très visible. Aujourd'hui, les Chinois prennent ce rôle avec la particularité de ne pas se concentrer dans les grandes villes seulement.

En ville, la principale source de la croissance est le solde naturel, effet peut être de la migration passée. On a donc un excédent naturel très fort qui pousse les villes à s'agrandir. Surtout qu'en général les villes s'agrandissent plus rapidement que ne croît le solde démographique. Yaoundé à un taux de croissance de plus de 7% par an. Aucun gouvernement ne parvient à contrôler ces villes en croissance. De plus, ces villes sont très jeunes et il y a un énorme effort à faire dans les services publics et les infrastructures.
En conséquence, la densité démographique est très forte dans certaines villes

  1. Les dynamiques spatiales

Les villes s'étendent donc énormément, mais en plus on constate que les villes se multiplient. Là où il y avait 200 villes de plus de 10 000 habitants en 1960, elles sont 1 000 en 2000. Au Sénégal on est passé de 4 communes en 1960 à une centaine de communes en 2010. Par endroits, les villes se sont tant multipliées qu'elles forment des desakota comme en Asie. Cela transforme les paysages, les territoires, les formes de gouvernement qui veulent agir sur ces régions, …

  1. Un ralentissement général

Dans un premier temps on a constaté que les migrations profitaient aux grandes villes, puis on a constaté que cela profita à la création des petites villes millionaires. Aujourd'hui il y a ??? de villes millionaires. En Asie, il y a des mégacities de plus de 10 millions d'habitants qui y vivent avec quelques villes millionaires. Cela est peut être une conséquence de la forme économique, celle peu efficace de l'Afrique pourrait par son économie informelle ne favoriser que des villes de quelques millions d'habitants. En Afrique, il y a trois exceptions. Lagos, 12 millions d'habitants, la ville chaos car peu organisée, peu structurée avec peu d'infrastructures, … selon un architecte. Le Gauteng en Afrique du Sud autour de Johannesburg et de Pretoria avec les banlieue minières. On y trouve 4 à 5 millions d'habitants et cela forme une vrai métropole solide. La dernière serait Kinshasa, impossible d'avoir des chiffres à cause des guerres et du manque de recensement. On pense qu'on est proche des 10 millions , sans certitude.
Mais cette croissance ralentie au profit de petites villes. On a des villes qui ont des taux de croissance négatifs (Nairobi, Addis-Adeba, …). 57% de la population urbaine africaine vit dans des villes de moins de 500 000 habitants. Il ne faut pas croire que l'Afrique n'est faite que de quelques grandes villes concentrant les pouvoirs. Ces petites villes sont essentielles mais n'apparaissent souvent pas. La croissance urbaine ralentie et diminue d'une manière générale, plus encore dans les grandes villes.

  1. Les mutations des socio-systèmes urbains

  1. Un étalement « boulimique » et incontrôlé des espaces urbanisés

En Europe, avec la croissance économique, on attire les emplois, les gens et donc les infrastrutures. En Afrique, la croissance citadine attire des logements plus ou moins prévus, des habitants qui développent leurs petits boulots en général. On a donc une urbanisation non maîtrisée fruit des individus et souvent illégale. Du coup, ces villes sont très sous-équipées.
Au final, une petite partie de l'espace urbanisé est prévue, l'autre est improvisée par les habitants eux-mêmes. Ainsi la fabrique urbaine est elle aussi informelle car la puissance publique n'a pas les moyens de l'assurer. Dakar est composé d'une ancienne ville coloniale correctement équipée, de quartiers très riches et aisés mais minoritaires, des quartiers d'immeubles sociaux qui n'ont pu être rénovés et sont très dégradés avec peu de services. Autre technique, on construit un bloc sanitaire sur une parcelle et on organise les gens autour en laissant construire comme ils le veulent. Mais même ce système est trop cher et donc une grande part de la population vit dans des quartiers désorganisés sans services. De même à Lusaka en Zambie, ville coloniale construite sur le chemin de fer Le Cap – Le Caire de manière abrupte. La ville ne jouit pas de système d'égouts et n'est pas entretenue. Les quelques quartiers riches et d'affaires côtoient des quartiers informels. Ces situations dans les grandes capitales jouissant a minima d'un quartier colonial un peu développé, sont encore pire dans les petites villes de quelques milliers d'habitants sans le profit de la vitrine coloniale.

Les villes sont inégalitaires, certains quartiers ont tout les services et d'autres rien. Le pire est l'Afrique du Sud, pays le plus inégalitaire au monde. Ainsi Le Cap est constitué d'un quartier d'affaire avec des immeubles de classe A, des maisons plus modernes et chères qu'à Paris sur une marina. A quelques kilomètres en bordure d'autoroute on a des constructions informelles. De même, par endroits, on a des constructions doublement informelles puisqu'elles sont auto-construites par les habitants mais aussi parce qu'ils l'ont construit dans les espaces verts du Cap, le petit bijou des pouvoirs publics et des habitants. Donc ils n'y resteront pas longtemps. Même chose pour Nairobi où un golf bien irrigué côtoie un bidonville sans accès à l'eau.

A Ouagadougou, on a un bourg devenue grande ville. Cependant, une politique urbaine est plus ou moins menée, électricité et téléphone sont dans les quartiers même informels. A Maputo, au Mozambique, le quartier colonial croît de 1% par an, le quartier des réfugiés croît de 2% à 3%, essentiellement par relogement interne. Enfin le quartier illégal à l'extérieur croît de 6% à 7% de manière à s'étaler. Ces quartiers nouveaux sont organisés, on trace des routes et des chemins ce qui facilitera les équipements à venir et pas encore présents. Les Allemands qui y sont très présents tentent tout de même de développer cette ville.

  1. De la ville coloniale à l'invention de la ville africaine : une réappropriation par le bas

Il s'agit surtout de ces petites villes qui pullulent dans des zones souvent transfrontalières. Ce sont des régions où les propriétaires fonciers spéculent sur les terres en attendant le front de construction. Des gens achètent le terrain en construisent progressivement leur maison. On a donc des villes, intercoupées de zones apparemment rurales mais avec des services urbains (coiffeurs, vendeur de vêtements, marchés ouverts à 18 heures, …). En fait, ces espaces intermédiaires sont habités par des gens qui ne peuvent se loger en ville mais qui travaillent dans la journée en ville. On s'adapte donc à ces modes de vie (cas de l'ouverture du marché). De même près de la côte, les gens qui y vivent remblaient le sol avec des déchets puis construisent par-dessus. Mais généralement cela s'effondre vite.
Parfois les individus se servent de leurs capacités pour créer leurs propres services. Ainsi des anciens mineurs de Maputo ont foré pour stocker de l'eau d'une nappe phréatique proche de la surface, d'abord dans leur intérêt puis sont devenus des entrepreneurs d'eau (Petits Opérateurs Privés, POP) en développant un réseau de l'eau payant.

Si parfois les équipements peuvent être amenés dans des quartiers à peu près organisés, par contre, l'État est souvent dans l'obligation de détruire pour amener eau, électricité, téléphone, … Le tout à l'égout n'est pas encore envisageable, trop cher et manque de techniques.

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