Précédemment : Géo des Suds 14 - 12
Kinshasa, République Démocratique du Congo
Villes
et citadins
- L'élan urbain et la structuration de l'espace continental
- Une urbanisation à grande vitesse
L'urbanisation est un
fait récent, post-1950 mais de se développe de manière
exponentielle. Il y avait déjà des villes avant la colonisation
mais aujourd'hui ce sont des reliques du passé, de même que les
anciennes villes coloniales n'ont pas toujours été réappropriées.
Ce continent est le plus en retard en urbanisme mais c'est aussi
celui qui connaît la plus grande croissance. On a donc un tiers
de la population qui est urbaine mais d'ici 2050, il y a des chances
que 60% de la population soit urbanisée.
L'urbanisation
(population urbaine) est différente du taux d'urbanisation
(vitesse de croissance de la population urbaine) qui est le plus fort
de monde (+ 3% par an). En même temps, cela s'explique parce que le
continent est peu urbanisé. Entre 1960 et 2010, il y a 10 fois
plus de citoyens urbains et d'ici 2050 ils seront plus d'un milliard.
- Contexte et mécanisme de la croissance
Les migrations furent
le facteur principal de la croissance urbaine, via principalement
l'exode rurale. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Par contre, en
parlant d'exode rurale, on ne veut pas dire que les campagnes se
vident. Au contraire, les campagnes voient aussi leur population
augmenter, leur population ne décroit pas vraiment. Les flux
migratoires se concentrent beaucoup moins dans les grandes villes
dorénavant que dans les petites villes. Ces flux viennent de
citadins urbains qui fuient une grande ville en crise pour rejoindre
ces petites villes. On a une urbanisation de la société par le bas.
Un épiphénomène qui
agit aussi dans la croissance urbaine, ce sont les guerres et
guérillas qui font fuir les réfugiés des « zones de stress »
(les campagnes) en direction de zones sécurisées, les grandes
villes. Au Darfour, ces dernières années, les grandes villes
ont subi ce phénomène.
Les migrations
internationales peu significatives internationalement se résument
entre les Libanais en Afrique de l'Ouest et les Indiens en Afrique de
l'Est. Ils jouent un rôle essentiel dans le commerce et sont très
visible. Aujourd'hui, les Chinois prennent ce rôle avec la
particularité de ne pas se concentrer dans les grandes villes
seulement.
En ville, la
principale source de la croissance est le solde naturel, effet peut
être de la migration passée. On a donc un excédent naturel très
fort qui pousse les villes à s'agrandir. Surtout qu'en général
les villes s'agrandissent plus rapidement que ne croît le solde
démographique. Yaoundé à un taux de croissance de plus de 7% par
an. Aucun gouvernement ne parvient à contrôler ces villes en
croissance. De plus, ces villes sont très jeunes et il y a un énorme
effort à faire dans les services publics et les infrastructures.
En conséquence, la
densité démographique est très forte dans certaines villes
- Les dynamiques spatiales
Les villes s'étendent
donc énormément, mais en plus on constate que les villes se
multiplient. Là où il y avait 200 villes de plus de 10 000
habitants en 1960, elles sont 1 000 en 2000. Au Sénégal on est
passé de 4 communes en 1960 à une centaine de communes en 2010. Par
endroits, les villes se sont tant multipliées qu'elles forment des
desakota comme en Asie. Cela transforme les paysages, les
territoires, les formes de gouvernement qui veulent agir sur ces
régions, …
- Un ralentissement général
Dans un premier temps
on a constaté que les migrations profitaient aux grandes villes,
puis on a constaté que cela profita à la création des petites
villes millionaires. Aujourd'hui il y a ??? de villes
millionaires. En Asie, il y a des mégacities de plus de 10 millions
d'habitants qui y vivent avec quelques villes millionaires. Cela est
peut être une conséquence de la forme économique, celle peu
efficace de l'Afrique pourrait par son économie informelle ne
favoriser que des villes de quelques millions d'habitants. En
Afrique, il y a trois exceptions. Lagos, 12 millions d'habitants,
la ville chaos car peu organisée, peu structurée avec peu
d'infrastructures, … selon un architecte. Le Gauteng en Afrique
du Sud autour de Johannesburg et de Pretoria avec les banlieue
minières. On y trouve 4 à 5 millions d'habitants et cela
forme une vrai métropole solide. La dernière serait Kinshasa,
impossible d'avoir des chiffres à cause des guerres et du manque de
recensement. On pense qu'on est proche des 10 millions , sans
certitude.
Mais cette croissance
ralentie au profit de petites villes. On a des villes qui ont des
taux de croissance négatifs (Nairobi, Addis-Adeba, …). 57% de
la population urbaine africaine vit dans des villes de moins de 500
000 habitants. Il ne faut pas croire que l'Afrique n'est faite que de
quelques grandes villes concentrant les pouvoirs. Ces petites villes
sont essentielles mais n'apparaissent souvent pas. La croissance
urbaine ralentie et diminue d'une manière générale, plus encore
dans les grandes villes.
- Les mutations des socio-systèmes urbains
- Un étalement « boulimique » et incontrôlé des espaces urbanisés
En Europe, avec la
croissance économique, on attire les emplois, les gens et donc les
infrastrutures. En Afrique, la croissance citadine attire des
logements plus ou moins prévus, des habitants qui développent leurs
petits boulots en général. On a donc une urbanisation non maîtrisée
fruit des individus et souvent illégale. Du coup, ces villes sont
très sous-équipées.
Au final, une petite
partie de l'espace urbanisé est prévue, l'autre est improvisée par
les habitants eux-mêmes. Ainsi la fabrique urbaine est elle aussi
informelle car la puissance publique n'a pas les moyens de l'assurer.
Dakar est composé d'une ancienne ville coloniale correctement
équipée, de quartiers très riches et aisés mais minoritaires, des
quartiers d'immeubles sociaux qui n'ont pu être rénovés et sont
très dégradés avec peu de services. Autre technique, on construit
un bloc sanitaire sur une parcelle et on organise les gens autour en
laissant construire comme ils le veulent. Mais même ce système est
trop cher et donc une grande part de la population vit dans des
quartiers désorganisés sans services. De même à Lusaka en Zambie,
ville coloniale construite sur le chemin de fer Le Cap – Le Caire
de manière abrupte. La ville ne jouit pas de système d'égouts et
n'est pas entretenue. Les quelques quartiers riches et d'affaires
côtoient des quartiers informels. Ces situations dans les
grandes capitales jouissant a minima d'un quartier colonial un peu
développé, sont encore pire dans les petites villes de quelques
milliers d'habitants sans le profit de la vitrine coloniale.
Les villes sont
inégalitaires, certains quartiers ont tout les services et d'autres
rien. Le pire est l'Afrique du Sud, pays le plus inégalitaire au
monde. Ainsi Le Cap est constitué d'un quartier d'affaire avec des
immeubles de classe A, des maisons plus modernes et chères qu'à
Paris sur une marina. A quelques kilomètres en bordure d'autoroute
on a des constructions informelles. De même, par endroits, on a des
constructions doublement informelles puisqu'elles sont
auto-construites par les habitants mais aussi parce qu'ils l'ont
construit dans les espaces verts du Cap, le petit bijou des pouvoirs
publics et des habitants. Donc ils n'y resteront pas longtemps. Même
chose pour Nairobi où un golf bien irrigué côtoie un bidonville
sans accès à l'eau.
A Ouagadougou, on a un
bourg devenue grande ville. Cependant, une politique urbaine est plus
ou moins menée, électricité et téléphone sont dans les quartiers
même informels. A Maputo, au Mozambique, le quartier colonial croît
de 1% par an, le quartier des réfugiés croît de 2% à 3%,
essentiellement par relogement interne. Enfin le quartier illégal à
l'extérieur croît de 6% à 7% de manière à s'étaler. Ces
quartiers nouveaux sont organisés, on trace des routes et des
chemins ce qui facilitera les équipements à venir et pas encore
présents. Les Allemands qui y sont très présents tentent tout
de même de développer cette ville.
- De la ville coloniale à l'invention de la ville africaine : une réappropriation par le bas
Il s'agit surtout de
ces petites villes qui pullulent dans des zones souvent
transfrontalières. Ce sont des régions où les propriétaires
fonciers spéculent sur les terres en attendant le front de
construction. Des gens achètent le terrain en construisent
progressivement leur maison. On a donc des villes, intercoupées de
zones apparemment rurales mais avec des services urbains
(coiffeurs, vendeur de vêtements, marchés ouverts à 18 heures, …).
En fait, ces espaces intermédiaires sont habités par des gens
qui ne peuvent se loger en ville mais qui travaillent dans la journée
en ville. On s'adapte donc à ces modes de vie (cas de
l'ouverture du marché). De même près de la côte, les gens qui y
vivent remblaient le sol avec des déchets puis construisent
par-dessus. Mais généralement cela s'effondre vite.
Parfois les individus
se servent de leurs capacités pour créer leurs propres services.
Ainsi des anciens mineurs de Maputo ont foré pour stocker de l'eau
d'une nappe phréatique proche de la surface, d'abord dans leur
intérêt puis sont devenus des entrepreneurs d'eau (Petits
Opérateurs Privés, POP) en développant un réseau de l'eau payant.
Si parfois les
équipements peuvent être amenés dans des quartiers à peu près
organisés, par contre, l'État est souvent dans l'obligation de
détruire pour amener eau, électricité, téléphone, … Le
tout à l'égout n'est pas encore envisageable, trop cher et manque
de techniques.
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