Dessin de l'exécution des derniers Communards au mur des fédérés
La
commune de Paris
La Commune est un cas
particulier difficile à définir et sa place est contestée dans les
Révolutions du XIX° siècle, par contre c'est une vraie
transition vers les Révolutions du XX° siècle.
- Vers la Commune
2
septembre 1971, la France est défaite à Sedan où
l'empereur est fait prisonnier par les Prussiens. La guerre avait
débuté en juillet. Ce manque de pouvoir en France provoque une
situation quasi-insurrectionnelle à Paris dés le 3
septembre 1971. La foule se masse au palais Bourbon et
réclame la République, les députés républicains élus aux
dernières législatives y sont. On trouve Jules
Ferry, Favre et Gambetta.
Pourtant aucun de ces républicains ne veut de la République.
Gambetta déclarera qu'ils ne peuvent pas proclamer la République
alors que la défaite de la guerre n'a pas encore eut lieu, cela
saperait le régime. Les députés nomme un gouvernement de
Défense Nationale mais esquive le mot République. Ils ont aussi
peur que la situation parisienne quasi-insurrectionnelle sape ce
régime. Le 4 septembre la foule entre dans l'hémicycle. Sous la
pression de la foule, le mot de République est prononcée. La foule
part donc à l'hôtel de ville pour affirmer la République. De plus,
socialistes et Blanquistes se sont installés à l'hôtel de
ville avec un drapeau rouge flottant sur le bâtiment. Ils sont prêts
à réclamer la République sociale universelle. Mais les députés
républicains arrivent, soutenus par le peuple. Ils remettent le
drapeau tricolore et proclame officiellement la République ce jour
là.
Ailleurs en France la
situation est similaire, une commune insurrectionnelle avait eut
a Lyon. L'annonce de la République et le contexte de guerre font
qu'en province cela se calme rapidement sans recours à la
répression. C'est déjà une forme de révolution mais
particulière, dans l'ordre et le calme, sans violences. Ceci
dit, la pression populaire a renversé le régime en place et
instauré une République qui est légitimé par ce peuple.
Objectivement c'est une Révolution.
Les armées allemandes
avancent vers Paris de leur côté. Les Républicains renouent avec
1792 et voyant que la France manque d'hommes, ils appellent le peuple
à s'enrôler dans la Garde Nationale. Celle-ci crée le 13
juillet 1789 fut maintenue sous la Révolution, l'Empire et la
Révolution avant d'être supprimée par Charles X puis réinstaurée
d'elle-même ensuite. Cette Garde Nationale est lourde de sens. Même
si elle fait peur à certains, la Garde Nationale est nécessaire et
gonfle les rangs armés français à Paris (de 20 000 hommes à 300
000 hommes). Pour y pousser, Gambetta donne une solde à ce peuple
qui permet d'enrôler des ouvriers au chômage. On a donc 300 000
hommes armés dans Paris. En Bretagne et en Vendée le fils du
Chouan, Henri de Cathelineau, lève les troupes chouannes. En Italie
Garibaldi monte ses troupes pour secourir la France, mais tout cela
s'avère vainc. Il existe deux sièges du pouvoir Paris et Tours,
mais le gouvernement manque de légitimité
et des communes se soulèvent et disparaissent un peu partout.
Gambetta fuit Paris en ballon et promet l'élection d'une
Constituante pour calmer les esprits.
Le siège des
Prussiens est très dur à Paris, on manque de nourriture et on
mange les animaux du jardin des plantes. Bakounine, le
révolutionnaire russe est à Paris. L'armée française enchaîne
les défaites en particulier celle de Metz à la fin
d'octobre 1891. L'extrême-gauche dénonce le
commandement militaire qu'il accuse de trahison et le
gouvernement qui serait inefficace.
La révolution
patriotique de Paris est instrumentalisée par l'extrême gauche et
le 31 octobre 1871, une
insurrection naît à Paris pour instaurer une République
démocratique et sociale comme en 1793 et en 1848. Le cri « Vive
la Commune ! » est partout, la foule envahit l'hôtel de ville.
Là ça se calme car les Gardes Nationaux soutiennent le peuple et
les membres de l'hôtel promettent les élections rapidement.
Le mot Commune n'est pas
clair pour l'époque, certains y voit une nouvelle municipalité,
d'autres un nouveau gouvernement. Mais Gambetta prend peur face à
la situation explosive de Paris. Il organise alors un plébiscite
demandant si la population souhaite maintenir le Gouvernement de
Défense Nationale. C'est un oui massif qui relance la légitimité
du gouvernement contestée par certaines communes des France.
L'extrême gauche tente de relancer la Révolution sans succès. Les
Allemands arrivent aux portes de Paris, la Garde Nationale fait une
sortie avortée mais son héroïsme est renforcée et cela lui forme
une aura qui lui sera utile.
Le 22 janvier, Paris
tombe et le Gouvernement entame une négociation avec Bismarck
pour des pourparlers de paix. Bismarck lève le siège de Paris et
prive les soldats de leurs armes. Par contre il maintient la Garde
Nationale, laissant une bombe à retardement qui affaiblit les
autorités et gêne les discussions du Gouvernement avec l'Allemagne.
La nourriture revient
à Paris ce qui entraine émeutes et pillages qui illustre la
situation tendue. L'armistice permet le début des élections ce que
souhaite Bismarck qui veut négocier avec le pouvoir légitime. Le 8
février 1871, le suffrage universel masculin vote mais
ces élections ne se firent pas tant sur la forme du régime que sur
le fait de continuer ou non la guerre. Monarchistes et
conservateurs coté paix, républicains et radicaux coté guerre. Les
Français votent la paix et se retrouvent avec une Assemblée de
monarchistes et de conservateurs avec un tiers de Nobles. Paris a
voté la guerre de son coté (36/40 députés parisiens étant
républicains ou socialistes), comme l'Alsace et la Lorraine.
La présidence de la
république est confiée à Adolphe
Thiers qui se donne pour tâche première la
négociation de la paix. Il accepte donc tout : perte de l'Alsace
et de la Lorraine, les indemnités extrêmement élevées, le défilé
allemand sur les Champs-Elysées, … A cette annonce, des députés
républicains quittent l'Assemblée dont Gambetta. Cela renforce
le conservatisme de l'Assemblée. A Paris, la Révolution
redevient violente, à l'annonce des conditions attroupements
place de la République. La Garde Nationale manque de peu de tirer
sur les Allemands.
A Paris, la Garde
Nationale élit le Comité central représentant des Fédérés, les
chefs de bataillons sont réunis. Ce comité se place contre
l'Assemblée et refuse de reconnaître l'autorité qui fait honte à
la France. Paris redevient factieuse et l'Assemblée prend peur pour
se réfugier à Versailles (ouille). Elle enchaîne des
mesures impopulaires. A la fin de la guerre, les commerçants et
les artisans lourdement endettés sont sommés de rembourser leurs
frais, les condamnant à la misère. De plus, la solde des Gardes
Nationales est supprimée condamnant de nouveau des hommes à la
misère. Les Gardes Nationaux se soulèvent et publient un programme
patriote plus que révolutionnaire. C'est un programme plus
légaliste que révolutionnaire qui demande du pain et un toit.
Le gouvernement se
durcit et désire dorénavant désarmer Paris qui avait en plus
des armes des Gardes Nationaux des canons. Ces canons étaient
assemblées sur la butte Montmartre : le champ polonais. Le 18
mars 1872, Thiers ordonne à l'armée de récupérer de nuit
et discrètement les canons. L'armée attelle les chevaux et le bruit
de ces bêtes réveillent les Parisiens qui donnent l'alarme, peuple
et gardes nationaux arrivent, l'armée fraternise rapidement, les
canons sont récupérés et les généraux Lecomte et Thomas sont
fusillés sur le Champ. Thiers décide alors d'abandonner Paris à
l'insurrection voire à la Révolution, il retire les forces armées,
le gouvernement et vide Paris de ses représentants officiels.
Son objectif évitait que l'armée ne fraternise avec la Commune.
Ensuite cette technique permet de partir pour revenir avec de
nouvelles troupes et d'écraser Paris.
La Commune est née
d'un sentiment patriotique blessé, d'un sentiment républicain
inquiet et d'une situation sociale difficile et tendue. Les
causes de la Commune sont les blessures du siège et ses conséquences
économiques. Autre cause, l'Assemblée conservatrice pour la paix
mais contre la Commune et cette dissension entre peuple et État n'a
cessé de croître. Il faut donc regarder l'organisation, le
renforcement et la structuration d'une mouvement républicain pour
une République sociale et démocratique qui émerge dans le souvenir
de 1793 et de juin 1848. C'est aussi le résultat d'un mouvement
socialiste et anarchiste, moins que ce qu'on a pu en dire, qui s'est
structuré sous le Second Empire et rêve d'une Révolution
Prolétarienne.
- Paris insurgé
- Vers la Commune
Paris vidée de
pouvoir, va donc agir vite en cherchant des solutions. Les Parisiens
érigent alors des barricades même sans ennemis, car ils se
doutent d'un retour de l'armée française et puis cela permet de
dire que c'est la Révolution. Ces barricades sont particulièrement
solides et constituées de canons. Les photos qu'on a gardé sont
celles d'un photographe anonyme, on sait que c'est le même mais on
ne connaît pas son nom. Une science des barricades s'est formée
de Révolutions en Révolutions le tout nourrit des expériences
militaires. Les barricades sont défendues par les Fédérés et les
Gardes Nationaux. Le comité de la Garde Nationale s'installe à
l'hôtel de ville et redonne une solde aux Gardes Nationaux. Mais la
situation est confuse, ce comité n'a pas tout son soutien. Certains
arrondissement tombent sous le pouvoir de socialistes plus
extrémistes que cette Garde Nationale. Le Comité annonce donc des
élections pour élire la Commune. Les élections ont lieu le 26
mars 1872, l'abstention est forte, 50% car certains étaient
partis, d'autres ne soutenaient pas la tournure des évènements.
Ainsi la moitié des votes fut hautement révolutionnaire et les
autres votes furent des Républicains plus modérés proches du
Comité. La Commune est proclamée est s'installe à l'hôtel de
ville avec le drapeau rouge.
- L'œuvre de la Commune
La Commune durera 60
jours riches en mesures. D'abord des mesures sociales immédiatement
nécessaires : moratoire des dettes des artisans, moratoire des
dettes de ???, les monts de piétés rendent les objets de moins de
20 francs. On réquisitionne les logements vacants pour loger les
gens sans logement. On interdit au patron tout ce qui est amende ou
retenues au salaire sur les ouvriers. On abolit le travail de nuit.
On réquisitionne les ateliers de travail sans patron qu'on laisse
les ouvriers gérés d'eux-mêmes. Des mesures anticléricales
suite à l'alliance entre l'Église et l'Empire. On supprime
l'objet de culte et on nationalise les biens de l'Église. On rend
les actes notariaux gratuits. On adopte le drapeau rouge et on
revient à l'an LXXIX (79).
La Commune voulut aussi
réformer l'État par séparation de l'Église et de l'État, une
école laïque gratuite et obligatoire, une justice gratuite rendue
par des juges élus et autonomes du pouvoir, un enseignement
professionnel, une République démocratique avec un contrôle des
élus par leurs électeurs, un mandat de type impératif. La
République démocratique et sociale de 1792 et 1848 est de retour,
ce n'est pas une Révolution marxiste.
D'autres villes de
province imitent Paris à ses débuts. On a Lyon, Marseille,
Toulouse, Saint Étienne, Narbonne et Le Creusot entrent aussi en
insurrection. Le temps que la Commune parisienne envoie des
émissaires, les mouvements étaient écrasés par les forces
de l'ordre. Cette œuvre se faut dans un Paris en effervescence
révolutionnaire avec des clubs, des débats des journaux, … C'est
le Paris de la boutique et de l'échoppe, il y avait peu d'industries
à l'époque. On a une forte présence des femmes à cette époque
dans les mouvements mais sans reconnaissance social en politique
(Louise Michel, Andrée Léo)..
- Vers l'écrasement de la Commune
Début avril
1872, seule Paris est en Commune après une tentative
échouée de reprendre Versailles. Thiers attaque donc Paris à
l'Ouest et demande aux Allemands d'empêcher les fuyards de sortir à
l'Est. La Commune entre donc en guerre ce qui l'empêche de réformer
l'État. Cette guerre réveille les divisions et les conflits au sein
du peuple et radicalise les mouvements. Ainsi la guerre fragilise
la Révolution.
Cela commence mal
car l'armée de Versailles fait des prisonniers, les désarme et les
fusille sans jugement. Apprenant cela, la Commune débat et les plus
radicaux imposent la déclaration du 6 avril 1872 sur les otages
(prêtres, juges, soldats prisonniers, …). Ce débat sur les
otages fut difficile et divisa profondément les communards. Mais
cela resta une mesure sans traduction politique au départ. Pour
marquer leur désapprobation, le lendemain les Gardes Nationaux
brulent la guillotine place Voltaire.
Le mouvement continue
avec l'institution le 1 mai 1872 d'un
Comité de Salut Public et d'un procureur. Thiers utilise cela pour
réveiller les souvenirs de 1793 mais il n'y a toujours pas de morts.
Par contre on s'attaque surtout aux bâtiments (chute de la
colonne Vendôme, on brule les appartements de Thiers). La Commune
perd du terrain sur les armées de Versailles et le 2
mai 1872 on tue 80 otages dont l'archevêque de Paris.
Le 21
mai 1872 les Versaillais entrent à Paris par l'Ouest,
c'est le début de la Semaine Sanglante. Les Parisiens reconstruisent
des barricades entrant dans une logique de guérilla. Les Versaillais
bombardent la ville à coups de bombes incendiaires qui enflamme
Paris. Les Parisiens répliquent par le feu. Le centre de Paris a
donc été ravagé par ses feux. On a imputé après la Commune ces
incendies aux Communards. Les armées versaillaises tuaient tout les
soupçonnés d'être Communards. Pour venger les généraux tués,
les Versaillais tueront aussi les femmes et les enfants. Les
combats furent impitoyables et sanglants. Le 28
mai 1872, les derniers communards furent fusillés sur
le mur du Père Lachaise.
Les combats furent si
terribles qu'Andrée Léo disait que les morts étaient si nombreux
que le sang ne partait pas de la place ???. Aujourd'hui on estime
à 20 000 le nombre de Communards tués contre 900 Versaillais,
le rapport temps et morts en fait le pire massacre du XIX° siècle.
Ensuite les Versaillais ont capturé des familles pour faire sortir
les Communards et ont utilisé les photos pour les identifier. 36 000
personnes arrêtées, 10 000 emprisonnées, 5 000 déportées et 100
exécutées.
- La Commune fut-elle une Révolution ?
L'échec de la Commune
et sa limitation au cas parisien en ferait une insurrection mais il
s'agit avant tout d'une Révolution de part sa portée. Elle est
centrale dans la mémoire des révolutions du XX° siècle.
Lénine est momifié dans un drapeau de la Commune, l'Internationale
fut écrite par un Communard, la Chine repris cette idée avec Mao.
La mort des Communards
ne fait pas la mort de la Commune, les mesures mises en place ou
prévues furent reprises. Les Républicains qui ont soutenus Thiers
dans sa répression l'ont fait pour donner une chance à la
République. Mais cela resta une blessure chez ses individus.
L'histoire leur donnera raison car l'écrasement de la Commune a
donné des appuis à la République. Classe moyenne et classe
républicaine soutinrent la république.
Certains historiens
soutiennent que Thiers agit dans ce sens pour montrer le vrai visage
des conservateurs. En effet, par la suite, les républicains et
Thiers ont ainsi déconsidéré l'armée monarchiste et les
monarchistes en général. Dans les 20 ans qui suivirent, le
programme de la Commune fut appliquée. Marx dira que la Commune est
la première Révolution du XX° siècle, « glorieux fourrier »
selon lui. Il s'agit peut être plus de la dernière du XIX° siècle
puisque les combattants sont sociologiquement les mêmes, la
Commune n'a pas été prolétarienne, leurs idéaux sont proches de
1848 plus que de l'Internationale. Les membres de
l'Internationale étaient minoritaires et agirent de manière
limitée. La Commune est le crépuscule sanglant des Révolutions du
XIX° siècle.
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