samedi 14 janvier 2012

Contemporaine 09 - 01

Précédemment : Contemporaine 12 - 12



Dessin de l'exécution des derniers Communards au mur des fédérés


La commune de Paris


La Commune est un cas particulier difficile à définir et sa place est contestée dans les Révolutions du XIX° siècle, par contre c'est une vraie transition vers les Révolutions du XX° siècle.


  1. Vers la Commune

2 septembre 1971, la France est défaite à Sedan où l'empereur est fait prisonnier par les Prussiens. La guerre avait débuté en juillet. Ce manque de pouvoir en France provoque une situation quasi-insurrectionnelle à Paris dés le 3 septembre 1971. La foule se masse au palais Bourbon et réclame la République, les députés républicains élus aux dernières législatives y sont. On trouve Jules Ferry, Favre et Gambetta. Pourtant aucun de ces républicains ne veut de la République. Gambetta déclarera qu'ils ne peuvent pas proclamer la République alors que la défaite de la guerre n'a pas encore eut lieu, cela saperait le régime. Les députés nomme un gouvernement de Défense Nationale mais esquive le mot République. Ils ont aussi peur que la situation parisienne quasi-insurrectionnelle sape ce régime. Le 4 septembre la foule entre dans l'hémicycle. Sous la pression de la foule, le mot de République est prononcée. La foule part donc à l'hôtel de ville pour affirmer la République. De plus, socialistes et Blanquistes se sont installés à l'hôtel de ville avec un drapeau rouge flottant sur le bâtiment. Ils sont prêts à réclamer la République sociale universelle. Mais les députés républicains arrivent, soutenus par le peuple. Ils remettent le drapeau tricolore et proclame officiellement la République ce jour là.

Ailleurs en France la situation est similaire, une commune insurrectionnelle avait eut a Lyon. L'annonce de la République et le contexte de guerre font qu'en province cela se calme rapidement sans recours à la répression. C'est déjà une forme de révolution mais particulière, dans l'ordre et le calme, sans violences. Ceci dit, la pression populaire a renversé le régime en place et instauré une République qui est légitimé par ce peuple. Objectivement c'est une Révolution.

Les armées allemandes avancent vers Paris de leur côté. Les Républicains renouent avec 1792 et voyant que la France manque d'hommes, ils appellent le peuple à s'enrôler dans la Garde Nationale. Celle-ci crée le 13 juillet 1789 fut maintenue sous la Révolution, l'Empire et la Révolution avant d'être supprimée par Charles X puis réinstaurée d'elle-même ensuite. Cette Garde Nationale est lourde de sens. Même si elle fait peur à certains, la Garde Nationale est nécessaire et gonfle les rangs armés français à Paris (de 20 000 hommes à 300 000 hommes). Pour y pousser, Gambetta donne une solde à ce peuple qui permet d'enrôler des ouvriers au chômage. On a donc 300 000 hommes armés dans Paris. En Bretagne et en Vendée le fils du Chouan, Henri de Cathelineau, lève les troupes chouannes. En Italie Garibaldi monte ses troupes pour secourir la France, mais tout cela s'avère vainc. Il existe deux sièges du pouvoir Paris et Tours, mais le gouvernement manque de légitimité et des communes se soulèvent et disparaissent un peu partout. Gambetta fuit Paris en ballon et promet l'élection d'une Constituante pour calmer les esprits.

Le siège des Prussiens est très dur à Paris, on manque de nourriture et on mange les animaux du jardin des plantes. Bakounine, le révolutionnaire russe est à Paris. L'armée française enchaîne les défaites en particulier celle de Metz à la fin d'octobre 1891. L'extrême-gauche dénonce le commandement militaire qu'il accuse de trahison et le gouvernement qui serait inefficace.
La révolution patriotique de Paris est instrumentalisée par l'extrême gauche et le 31 octobre 1871, une insurrection naît à Paris pour instaurer une République démocratique et sociale comme en 1793 et en 1848. Le cri « Vive la Commune ! » est partout, la foule envahit l'hôtel de ville. Là ça se calme car les Gardes Nationaux soutiennent le peuple et les membres de l'hôtel promettent les élections rapidement.

Le mot Commune n'est pas clair pour l'époque, certains y voit une nouvelle municipalité, d'autres un nouveau gouvernement. Mais Gambetta prend peur face à la situation explosive de Paris. Il organise alors un plébiscite demandant si la population souhaite maintenir le Gouvernement de Défense Nationale. C'est un oui massif qui relance la légitimité du gouvernement contestée par certaines communes des France. L'extrême gauche tente de relancer la Révolution sans succès. Les Allemands arrivent aux portes de Paris, la Garde Nationale fait une sortie avortée mais son héroïsme est renforcée et cela lui forme une aura qui lui sera utile.
Le 22 janvier, Paris tombe et le Gouvernement entame une négociation avec Bismarck pour des pourparlers de paix. Bismarck lève le siège de Paris et prive les soldats de leurs armes. Par contre il maintient la Garde Nationale, laissant une bombe à retardement qui affaiblit les autorités et gêne les discussions du Gouvernement avec l'Allemagne.

La nourriture revient à Paris ce qui entraine émeutes et pillages qui illustre la situation tendue. L'armistice permet le début des élections ce que souhaite Bismarck qui veut négocier avec le pouvoir légitime. Le 8 février 1871, le suffrage universel masculin vote mais ces élections ne se firent pas tant sur la forme du régime que sur le fait de continuer ou non la guerre. Monarchistes et conservateurs coté paix, républicains et radicaux coté guerre. Les Français votent la paix et se retrouvent avec une Assemblée de monarchistes et de conservateurs avec un tiers de Nobles. Paris a voté la guerre de son coté (36/40 députés parisiens étant républicains ou socialistes), comme l'Alsace et la Lorraine.
La présidence de la république est confiée à Adolphe Thiers qui se donne pour tâche première la négociation de la paix. Il accepte donc tout : perte de l'Alsace et de la Lorraine, les indemnités extrêmement élevées, le défilé allemand sur les Champs-Elysées, … A cette annonce, des députés républicains quittent l'Assemblée dont Gambetta. Cela renforce le conservatisme de l'Assemblée. A Paris, la Révolution redevient violente, à l'annonce des conditions attroupements place de la République. La Garde Nationale manque de peu de tirer sur les Allemands.

A Paris, la Garde Nationale élit le Comité central représentant des Fédérés, les chefs de bataillons sont réunis. Ce comité se place contre l'Assemblée et refuse de reconnaître l'autorité qui fait honte à la France. Paris redevient factieuse et l'Assemblée prend peur pour se réfugier à Versailles (ouille). Elle enchaîne des mesures impopulaires. A la fin de la guerre, les commerçants et les artisans lourdement endettés sont sommés de rembourser leurs frais, les condamnant à la misère. De plus, la solde des Gardes Nationales est supprimée condamnant de nouveau des hommes à la misère. Les Gardes Nationaux se soulèvent et publient un programme patriote plus que révolutionnaire. C'est un programme plus légaliste que révolutionnaire qui demande du pain et un toit.
Le gouvernement se durcit et désire dorénavant désarmer Paris qui avait en plus des armes des Gardes Nationaux des canons. Ces canons étaient assemblées sur la butte Montmartre : le champ polonais. Le 18 mars 1872, Thiers ordonne à l'armée de récupérer de nuit et discrètement les canons. L'armée attelle les chevaux et le bruit de ces bêtes réveillent les Parisiens qui donnent l'alarme, peuple et gardes nationaux arrivent, l'armée fraternise rapidement, les canons sont récupérés et les généraux Lecomte et Thomas sont fusillés sur le Champ. Thiers décide alors d'abandonner Paris à l'insurrection voire à la Révolution, il retire les forces armées, le gouvernement et vide Paris de ses représentants officiels. Son objectif évitait que l'armée ne fraternise avec la Commune. Ensuite cette technique permet de partir pour revenir avec de nouvelles troupes et d'écraser Paris.
La Commune est née d'un sentiment patriotique blessé, d'un sentiment républicain inquiet et d'une situation sociale difficile et tendue. Les causes de la Commune sont les blessures du siège et ses conséquences économiques. Autre cause, l'Assemblée conservatrice pour la paix mais contre la Commune et cette dissension entre peuple et État n'a cessé de croître. Il faut donc regarder l'organisation, le renforcement et la structuration d'une mouvement républicain pour une République sociale et démocratique qui émerge dans le souvenir de 1793 et de juin 1848. C'est aussi le résultat d'un mouvement socialiste et anarchiste, moins que ce qu'on a pu en dire, qui s'est structuré sous le Second Empire et rêve d'une Révolution Prolétarienne.


  1. Paris insurgé

  1. Vers la Commune

Paris vidée de pouvoir, va donc agir vite en cherchant des solutions. Les Parisiens érigent alors des barricades même sans ennemis, car ils se doutent d'un retour de l'armée française et puis cela permet de dire que c'est la Révolution. Ces barricades sont particulièrement solides et constituées de canons. Les photos qu'on a gardé sont celles d'un photographe anonyme, on sait que c'est le même mais on ne connaît pas son nom. Une science des barricades s'est formée de Révolutions en Révolutions le tout nourrit des expériences militaires. Les barricades sont défendues par les Fédérés et les Gardes Nationaux. Le comité de la Garde Nationale s'installe à l'hôtel de ville et redonne une solde aux Gardes Nationaux. Mais la situation est confuse, ce comité n'a pas tout son soutien. Certains arrondissement tombent sous le pouvoir de socialistes plus extrémistes que cette Garde Nationale. Le Comité annonce donc des élections pour élire la Commune. Les élections ont lieu le 26 mars 1872, l'abstention est forte, 50% car certains étaient partis, d'autres ne soutenaient pas la tournure des évènements. Ainsi la moitié des votes fut hautement révolutionnaire et les autres votes furent des Républicains plus modérés proches du Comité. La Commune est proclamée est s'installe à l'hôtel de ville avec le drapeau rouge.

  1. L'œuvre de la Commune

La Commune durera 60 jours riches en mesures. D'abord des mesures sociales immédiatement nécessaires : moratoire des dettes des artisans, moratoire des dettes de ???, les monts de piétés rendent les objets de moins de 20 francs. On réquisitionne les logements vacants pour loger les gens sans logement. On interdit au patron tout ce qui est amende ou retenues au salaire sur les ouvriers. On abolit le travail de nuit. On réquisitionne les ateliers de travail sans patron qu'on laisse les ouvriers gérés d'eux-mêmes. Des mesures anticléricales suite à l'alliance entre l'Église et l'Empire. On supprime l'objet de culte et on nationalise les biens de l'Église. On rend les actes notariaux gratuits. On adopte le drapeau rouge et on revient à l'an LXXIX (79).
La Commune voulut aussi réformer l'État par séparation de l'Église et de l'État, une école laïque gratuite et obligatoire, une justice gratuite rendue par des juges élus et autonomes du pouvoir, un enseignement professionnel, une République démocratique avec un contrôle des élus par leurs électeurs, un mandat de type impératif. La République démocratique et sociale de 1792 et 1848 est de retour, ce n'est pas une Révolution marxiste.

D'autres villes de province imitent Paris à ses débuts. On a Lyon, Marseille, Toulouse, Saint Étienne, Narbonne et Le Creusot entrent aussi en insurrection. Le temps que la Commune parisienne envoie des émissaires, les mouvements étaient écrasés par les forces de l'ordre. Cette œuvre se faut dans un Paris en effervescence révolutionnaire avec des clubs, des débats des journaux, … C'est le Paris de la boutique et de l'échoppe, il y avait peu d'industries à l'époque. On a une forte présence des femmes à cette époque dans les mouvements mais sans reconnaissance social en politique (Louise Michel, Andrée Léo)..

  1. Vers l'écrasement de la Commune

Début avril 1872, seule Paris est en Commune après une tentative échouée de reprendre Versailles. Thiers attaque donc Paris à l'Ouest et demande aux Allemands d'empêcher les fuyards de sortir à l'Est. La Commune entre donc en guerre ce qui l'empêche de réformer l'État. Cette guerre réveille les divisions et les conflits au sein du peuple et radicalise les mouvements. Ainsi la guerre fragilise la Révolution.
Cela commence mal car l'armée de Versailles fait des prisonniers, les désarme et les fusille sans jugement. Apprenant cela, la Commune débat et les plus radicaux imposent la déclaration du 6 avril 1872 sur les otages (prêtres, juges, soldats prisonniers, …). Ce débat sur les otages fut difficile et divisa profondément les communards. Mais cela resta une mesure sans traduction politique au départ. Pour marquer leur désapprobation, le lendemain les Gardes Nationaux brulent la guillotine place Voltaire.
Le mouvement continue avec l'institution le 1 mai 1872 d'un Comité de Salut Public et d'un procureur. Thiers utilise cela pour réveiller les souvenirs de 1793 mais il n'y a toujours pas de morts. Par contre on s'attaque surtout aux bâtiments (chute de la colonne Vendôme, on brule les appartements de Thiers). La Commune perd du terrain sur les armées de Versailles et le 2 mai 1872 on tue 80 otages dont l'archevêque de Paris.
Le 21 mai 1872 les Versaillais entrent à Paris par l'Ouest, c'est le début de la Semaine Sanglante. Les Parisiens reconstruisent des barricades entrant dans une logique de guérilla. Les Versaillais bombardent la ville à coups de bombes incendiaires qui enflamme Paris. Les Parisiens répliquent par le feu. Le centre de Paris a donc été ravagé par ses feux. On a imputé après la Commune ces incendies aux Communards. Les armées versaillaises tuaient tout les soupçonnés d'être Communards. Pour venger les généraux tués, les Versaillais tueront aussi les femmes et les enfants. Les combats furent impitoyables et sanglants. Le 28 mai 1872, les derniers communards furent fusillés sur le mur du Père Lachaise.

Les combats furent si terribles qu'Andrée Léo disait que les morts étaient si nombreux que le sang ne partait pas de la place ???. Aujourd'hui on estime à 20 000 le nombre de Communards tués contre 900 Versaillais, le rapport temps et morts en fait le pire massacre du XIX° siècle. Ensuite les Versaillais ont capturé des familles pour faire sortir les Communards et ont utilisé les photos pour les identifier. 36 000 personnes arrêtées, 10 000 emprisonnées, 5 000 déportées et 100 exécutées.


  1. La Commune fut-elle une Révolution ?

L'échec de la Commune et sa limitation au cas parisien en ferait une insurrection mais il s'agit avant tout d'une Révolution de part sa portée. Elle est centrale dans la mémoire des révolutions du XX° siècle. Lénine est momifié dans un drapeau de la Commune, l'Internationale fut écrite par un Communard, la Chine repris cette idée avec Mao.

La mort des Communards ne fait pas la mort de la Commune, les mesures mises en place ou prévues furent reprises. Les Républicains qui ont soutenus Thiers dans sa répression l'ont fait pour donner une chance à la République. Mais cela resta une blessure chez ses individus. L'histoire leur donnera raison car l'écrasement de la Commune a donné des appuis à la République. Classe moyenne et classe républicaine soutinrent la république.
Certains historiens soutiennent que Thiers agit dans ce sens pour montrer le vrai visage des conservateurs. En effet, par la suite, les républicains et Thiers ont ainsi déconsidéré l'armée monarchiste et les monarchistes en général. Dans les 20 ans qui suivirent, le programme de la Commune fut appliquée. Marx dira que la Commune est la première Révolution du XX° siècle, « glorieux fourrier » selon lui. Il s'agit peut être plus de la dernière du XIX° siècle puisque les combattants sont sociologiquement les mêmes, la Commune n'a pas été prolétarienne, leurs idéaux sont proches de 1848 plus que de l'Internationale. Les membres de l'Internationale étaient minoritaires et agirent de manière limitée. La Commune est le crépuscule sanglant des Révolutions du XIX° siècle.

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