- Les cultures d'exportation : une agriculture « dépendante »
A coté de
l'agriculture vivrière, on trouve les grandes agricultures
d'exportation. Dans le cas de la Côte d'Ivoire, on trouve trois
grandes aires : zone de cultures d'exportations près de la côte,
zone de cultures vivrières et locales et une aire sahélienne avec
zones d'élevage et de maraichage. Au Cameroun, il y a combinaison
entre systèmes vivriers et cultures d'exportations. Ce sont des
cultures d'exportation paysannes donc pas de monoculture, on trouve
surtout du café, de l'hévéa, des palmiers à huile et du cacao. Il
y a donc mosaïque des types de cultures.
Pourtant la part de
ces cultures d'exportations est en mauvais état dans l'Afrique
Subsaharienne car c'est une agriculture paysanne peu modernisée qui
entre en concurrence avec des régions du monde qui se sont
appropriées ces cultures. Le café africain est
concurrencé par le café vietnamien moins cher, respectant mieux les
normes internationales. Seule l'Éthiopie respecte ces normes avec un
arabica très pur. Le cacao c'est un peu la même chose (Côte
d'Ivoire, Ghana, Cameroun, …) cette culture demande peu d'efforts
mais cela dépend des prix commerciaux ou des situations
individuelles. Ces cultures ne sont guère entretenues et les pays
africains ne souhaitent pas spécialement intégrer le marché de la
qualité, l'Afrique en plus ne broie pas les fèves, la valeur
ajoutée qui en découle se fait en général dans le Nord.
Seul le coton est la
culture fierté de l'Afrique, c'est une culture très encadrée et
subventionnée. Ces dernières années par contre, avec la
libéralisation, il y a eut une baisse, mais le coton africain
représente encore 17% à 20% du coton mondial. Les paysans qui le
cultivent, connaissent une hausse du niveau de vie et développent
des fronts pionniers. Par contre, les revenus ne sont pas maximums
car les USA et l'UE subventionnent leur propre coton ce qui rend
celui de l'Afrique plus faible. Dans le cas d'un arrêt de la
production du Nord, il y aurait une hausse de 26% des revenus des
paysans africains.
L'hévéa et le palmier à
huile sont des cultures en essor à fort potentiel. L'hévéa produit
un caoutchouc naturel très demandé mais dans sa production, l'Afrique se fait doubler par la
Malaisie, moins chère et meilleure en qualité. L'huile de palme
très utilisée dans divers domaines reste aussi un espoir pour le
continent.
- Achats de terre et land grabbing : un nouveau signe de la crise agricole africaine ?
Ce domaine de vente de
terres est en plein en essor. Plusieurs pays pensent que l'Afrique
est une réserve de terre. Ainsi les pays avec peu de terres mais
beaucoup d'argent (Péninsule arabique, Corée du Sud, Chine, …)
décident d'acheter ou plutôt de louer ces terres sécurisant
leur propre réserve alimentaire. Ce sont souvent des terres vierges,
non mises en valeur qui sont louées mais jamais vacantes, il y a
des habitants rarement pris en compte dans les contrats. Les
principales cultures réalisées sont des céréales (blé, maïs,
…), du riz et un peu de cannes à sucre.
Les conditions de la
transaction se font entre les deux pays, selon la position de
l'État africain, sa force ou sa faiblesse, celui-ci peut plus ou
moins établir des conditions. Du coup, ces contrats sont très
opaques (15 à 30 hectares sur des tranches tout aussi floues).
Cette tendance semble une conséquence des « émeutes de la
faim » dans les pays du Sud, le directeur de la FAO, Jacques
Diouf parle de néocolonialisme agraire.
Certains y voient une
chance, les pays peuvent se moderniser, peuvent introduire de
nouveaux engrais. D'autres plus dubitatifs y voient un saut
technologique radical dangereux, mais en réalité ce seraient peut
être des conséquences dans des espaces locaux. D'autres sont
complètement contre, puisque ce serait accentuer l'inégalité de
l'Afrique.
Plusieurs souci. Le
premier c'est que ce n'est pas une exportation, le pays cultive
sur une terre louée pour ses besoins. Le second souci c'est la
tendance à la monoculture qui risque d'abimer les sols. C'est
ici qu'il faut négocier pour éviter la salinisation de la terre,
les clauses de restauration écologiques devraient être posées.
Enfin troisième souci, les petits agriculteurs et les paysans ne
peuvent s'imposer, leurs terres sont louées mais ils n'ont pas
de propriétés foncières ce qui les rend illégitimes pour les pays
investisseurs. Des ONG se sont engagées pour soutenir les
communautés paysannes. D'autres ont constatées que dans une logique
financière où le marché est incertain, le Nord investit dans les
terres africaines.
- Évolution et modernisation des agricultures africaines
Face à la
libéralisation qui impose des conditions aux paysans, ceux-ci ont
parfois abandonné leurs cultures de départ pour se reconvertir dans
d'autres domaines nouveaux comme le lait pour les populations
urbaines africaines, ou encore les fleurs coupées, si on est à
proximité d'une route surtout. De manière générale, les
infrastructures de transports deviennent cruciales.
Ceux qui ne se
reconvertissent pas, les conditions sont bien plus difficiles. La
libéralisation est un atout économique mais un garde-fou est
nécessaire pour éviter un accroissement des inégalités avec des
îlots de modernité mais de grandes étendues non développées à
coté.
- Contexte et trajectoire d'évolution
A.
Une intensification spontanée :
zones denses des Grands Lacs
Parmi ces îlots, on
a la route goudronnée reliant Abidjan et Ouagadougou. Les bailleurs
ont investis dans des micros barrages. Ainsi dans des périodes
qu'on ne peut cultiver, avec ces barrages dorénavant c'est possible.
Le problème c'est que le bétail qui a besoin de ces petits étangs
ne peut plus passer et sinon traverse et détruit les cultures. La
modernisation maraîchère bouleverse le système.
B.
Les systèmes coton très encadrés
en zone soudanienne
Autre système, le
coton. Ce coton qu'on a voulu favorisé se trouve en fait à moitié
cultivé par les agriculteurs. Ceux-ci font à coté une autre
culture, généralement du maïs. Ainsi, ils alternent une année
sur deux profitant de l'engrais qui dure plus longtemps que la
culture de maïs. Les paysans face aux prix variables du coton,
sécurisent leurs revenus avec ce maïs qui se vend très bien car
très utile en Afrique. Du coup, au lieu de respecter l'engagement
d'une culture intense, ils se développent sur deux cultures ce qui
est un succès.
C.
L'entrée en marginalité
Déjà dit.
- L'essor spectaculaire du maraîchage
A.
Agriculteurs des villes et citadins
des campagnes
L'essor du maraîchage
tient à deux facteurs : le marché urbain demandeur de salades
par exemple, et du fait de l'investissement de ces citadins que se
soit financièrement ou physiquement. En effet, les urbains ont
des réseaux sociaux, des contacts qui peuvent commercialiser leurs
productions. Donc on fait des fruits et des légumes pour les marchés
locaux et sinon des produits locaux.
Le maraîchage se fait
partiellement en ville aussi
B.
Un exemple : les Niayes du Cap Vert
(Sénégal)
Dans les zones
non-urbanisées autour de Dakar, on a des cultures rachetées par les
citadins qui y développent leurs légumes et les vendent ensuite sur
le marché de la ville. Souvent, ils ont des intendants qui cultivent
leurs terres, surtout grâce à la téléphonie mobile (telefonic
farmers). A Dakar, cela peut satisfaire une énorme partie du
marché de la ville et en plus s'exporte partiellement. La ville
s'immisce donc de plus en plus dans cette agriculture surtout celle
maraîchère.
- Le rôle décisif des circuits de commercialisation
Il y a souvent des
intermédiaires, souvent des citadins et en général des jeunes qui
sont diplômés et qualifiés mais sans insertion sur le marché du
travail. Comme de plus, ils ont souvent des origines rurales, cela
leur permet de connaître leur domaine d'intervention dans ces
« circuits de commercialisation ». Ces circuits par
contre dépendent de la hiérarchie, certains envoient les
exportations en Europe (Rengis notamment), d'autres ont un domaine
d'intervention plus local, enfin tout en bas on trouve les femmes
gérant très localement.
En général, on a
donc à faire à des initiatives urbaines qui vont développer des
îlots de modernité autour des ville (type Nairobi), on parle aussi
de zone rurbaine. Plus loin, sur l'initiative d'une ethnie ou d'un
village, on peut trouver des agro-districts se spécialisant sur des
cultures et qui se modernisent ensuite. Mais de vastes régions sont
encore enclavées, pauvres, sans modernisation, avec un système
archaïque, peu productif et à intérêt local. L'État s'y est
généralement désengagé et ne reste qu'une agriculture de survie.
La pénétration différenciée n'est pourtant pas noire, mais elle
reste très sélective dans sa modernisation agricole avec quelques
lieux intermédiaires.
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