lundi 2 janvier 2012

Géo des Suds 14 - 12

Précédemment : Géo des Suds 07 - 12





  1. Les cultures d'exportation : une agriculture « dépendante »

A coté de l'agriculture vivrière, on trouve les grandes agricultures d'exportation. Dans le cas de la Côte d'Ivoire, on trouve trois grandes aires : zone de cultures d'exportations près de la côte, zone de cultures vivrières et locales et une aire sahélienne avec zones d'élevage et de maraichage. Au Cameroun, il y a combinaison entre systèmes vivriers et cultures d'exportations. Ce sont des cultures d'exportation paysannes donc pas de monoculture, on trouve surtout du café, de l'hévéa, des palmiers à huile et du cacao. Il y a donc mosaïque des types de cultures.

Pourtant la part de ces cultures d'exportations est en mauvais état dans l'Afrique Subsaharienne car c'est une agriculture paysanne peu modernisée qui entre en concurrence avec des régions du monde qui se sont appropriées ces cultures. Le café africain est concurrencé par le café vietnamien moins cher, respectant mieux les normes internationales. Seule l'Éthiopie respecte ces normes avec un arabica très pur. Le cacao c'est un peu la même chose (Côte d'Ivoire, Ghana, Cameroun, …) cette culture demande peu d'efforts mais cela dépend des prix commerciaux ou des situations individuelles. Ces cultures ne sont guère entretenues et les pays africains ne souhaitent pas spécialement intégrer le marché de la qualité, l'Afrique en plus ne broie pas les fèves, la valeur ajoutée qui en découle se fait en général dans le Nord.
Seul le coton est la culture fierté de l'Afrique, c'est une culture très encadrée et subventionnée. Ces dernières années par contre, avec la libéralisation, il y a eut une baisse, mais le coton africain représente encore 17% à 20% du coton mondial. Les paysans qui le cultivent, connaissent une hausse du niveau de vie et développent des fronts pionniers. Par contre, les revenus ne sont pas maximums car les USA et l'UE subventionnent leur propre coton ce qui rend celui de l'Afrique plus faible. Dans le cas d'un arrêt de la production du Nord, il y aurait une hausse de 26% des revenus des paysans africains.
L'hévéa et le palmier à huile sont des cultures en essor à fort potentiel. L'hévéa produit un caoutchouc naturel très demandé mais dans sa production, l'Afrique se fait doubler par la Malaisie, moins chère et meilleure en qualité. L'huile de palme très utilisée dans divers domaines reste aussi un espoir pour le continent.



  1. Achats de terre et land grabbing : un nouveau signe de la crise agricole africaine ?

Ce domaine de vente de terres est en plein en essor. Plusieurs pays pensent que l'Afrique est une réserve de terre. Ainsi les pays avec peu de terres mais beaucoup d'argent (Péninsule arabique, Corée du Sud, Chine, …) décident d'acheter ou plutôt de louer ces terres sécurisant leur propre réserve alimentaire. Ce sont souvent des terres vierges, non mises en valeur qui sont louées mais jamais vacantes, il y a des habitants rarement pris en compte dans les contrats. Les principales cultures réalisées sont des céréales (blé, maïs, …), du riz et un peu de cannes à sucre.
Les conditions de la transaction se font entre les deux pays, selon la position de l'État africain, sa force ou sa faiblesse, celui-ci peut plus ou moins établir des conditions. Du coup, ces contrats sont très opaques (15 à 30 hectares sur des tranches tout aussi floues). Cette tendance semble une conséquence des « émeutes de la faim » dans les pays du Sud, le directeur de la FAO, Jacques Diouf parle de néocolonialisme agraire.

Certains y voient une chance, les pays peuvent se moderniser, peuvent introduire de nouveaux engrais. D'autres plus dubitatifs y voient un saut technologique radical dangereux, mais en réalité ce seraient peut être des conséquences dans des espaces locaux. D'autres sont complètement contre, puisque ce serait accentuer l'inégalité de l'Afrique.
Plusieurs souci. Le premier c'est que ce n'est pas une exportation, le pays cultive sur une terre louée pour ses besoins. Le second souci c'est la tendance à la monoculture qui risque d'abimer les sols. C'est ici qu'il faut négocier pour éviter la salinisation de la terre, les clauses de restauration écologiques devraient être posées. Enfin troisième souci, les petits agriculteurs et les paysans ne peuvent s'imposer, leurs terres sont louées mais ils n'ont pas de propriétés foncières ce qui les rend illégitimes pour les pays investisseurs. Des ONG se sont engagées pour soutenir les communautés paysannes. D'autres ont constatées que dans une logique financière où le marché est incertain, le Nord investit dans les terres africaines.


  1. Évolution et modernisation des agricultures africaines

Face à la libéralisation qui impose des conditions aux paysans, ceux-ci ont parfois abandonné leurs cultures de départ pour se reconvertir dans d'autres domaines nouveaux comme le lait pour les populations urbaines africaines, ou encore les fleurs coupées, si on est à proximité d'une route surtout. De manière générale, les infrastructures de transports deviennent cruciales.
Ceux qui ne se reconvertissent pas, les conditions sont bien plus difficiles. La libéralisation est un atout économique mais un garde-fou est nécessaire pour éviter un accroissement des inégalités avec des îlots de modernité mais de grandes étendues non développées à coté.

  1. Contexte et trajectoire d'évolution

A. Une intensification spontanée : zones denses des Grands Lacs

Parmi ces îlots, on a la route goudronnée reliant Abidjan et Ouagadougou. Les bailleurs ont investis dans des micros barrages. Ainsi dans des périodes qu'on ne peut cultiver, avec ces barrages dorénavant c'est possible. Le problème c'est que le bétail qui a besoin de ces petits étangs ne peut plus passer et sinon traverse et détruit les cultures. La modernisation maraîchère bouleverse le système.




B. Les systèmes coton très encadrés en zone soudanienne

Autre système, le coton. Ce coton qu'on a voulu favorisé se trouve en fait à moitié cultivé par les agriculteurs. Ceux-ci font à coté une autre culture, généralement du maïs. Ainsi, ils alternent une année sur deux profitant de l'engrais qui dure plus longtemps que la culture de maïs. Les paysans face aux prix variables du coton, sécurisent leurs revenus avec ce maïs qui se vend très bien car très utile en Afrique. Du coup, au lieu de respecter l'engagement d'une culture intense, ils se développent sur deux cultures ce qui est un succès.

C. L'entrée en marginalité

Déjà dit.

  1. L'essor spectaculaire du maraîchage

A. Agriculteurs des villes et citadins des campagnes

L'essor du maraîchage tient à deux facteurs : le marché urbain demandeur de salades par exemple, et du fait de l'investissement de ces citadins que se soit financièrement ou physiquement. En effet, les urbains ont des réseaux sociaux, des contacts qui peuvent commercialiser leurs productions. Donc on fait des fruits et des légumes pour les marchés locaux et sinon des produits locaux.
Le maraîchage se fait partiellement en ville aussi

B. Un exemple : les Niayes du Cap Vert (Sénégal)

Dans les zones non-urbanisées autour de Dakar, on a des cultures rachetées par les citadins qui y développent leurs légumes et les vendent ensuite sur le marché de la ville. Souvent, ils ont des intendants qui cultivent leurs terres, surtout grâce à la téléphonie mobile (telefonic farmers). A Dakar, cela peut satisfaire une énorme partie du marché de la ville et en plus s'exporte partiellement. La ville s'immisce donc de plus en plus dans cette agriculture surtout celle maraîchère.

  1. Le rôle décisif des circuits de commercialisation

Il y a souvent des intermédiaires, souvent des citadins et en général des jeunes qui sont diplômés et qualifiés mais sans insertion sur le marché du travail. Comme de plus, ils ont souvent des origines rurales, cela leur permet de connaître leur domaine d'intervention dans ces « circuits de commercialisation ». Ces circuits par contre dépendent de la hiérarchie, certains envoient les exportations en Europe (Rengis notamment), d'autres ont un domaine d'intervention plus local, enfin tout en bas on trouve les femmes gérant très localement.


En général, on a donc à faire à des initiatives urbaines qui vont développer des îlots de modernité autour des ville (type Nairobi), on parle aussi de zone rurbaine. Plus loin, sur l'initiative d'une ethnie ou d'un village, on peut trouver des agro-districts se spécialisant sur des cultures et qui se modernisent ensuite. Mais de vastes régions sont encore enclavées, pauvres, sans modernisation, avec un système archaïque, peu productif et à intérêt local. L'État s'y est généralement désengagé et ne reste qu'une agriculture de survie. La pénétration différenciée n'est pourtant pas noire, mais elle reste très sélective dans sa modernisation agricole avec quelques lieux intermédiaires.

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