samedi 14 janvier 2012

Médiévale 09 - 01


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Colomb        Polo



Un troisième appel à la croisade a lieu alors. Elle aura lieu entre 1189 et 1192 et les croisés ne se mettent en route qu'en 1190. C'est réussi, ils augmente la sphère d'influence des États restant et forment une bande de territoire le long de la côte. La ville d'Acre devient probablement la ville la plus influente. Elle est sous le contrôle des ordres de chevaliers (teutoniques, des templiers, des hospitaliers de Jérusalem, …). C'est un pôle de commerce très important, la ville devient une sorte de colonie pénitentiaire. La peine de bannissement en terre sainte en Occident envoie d'ailleurs en exil en terre Sainte certains nobles. Du coup, les ordres ont tendance à y voir une repaire de faussaires.
Le but des Croisés est alors de conquérir l'Égypte, cœur du royaume musulman à l'époque. Mais la croisade souffre de manque de capitaux. Les marchands vénitiens acceptent de prêter de l'argent pour cela mais ils ne trouvent pas qu'ils sont remboursés assez vite. Du coup, les Vénitiens poussent les croisés à prendre la ville de Zadar en Croatie. Arrivés à Constantinople, les croisés sont face à une querelle pour les successeurs à l'Empire, dont un vénitien. Les Vénitiens profitent de cette querelle pour pousser les troupes croisées à prendre l'Empire byzantin dans sa totalité. Cela réduit drastiquement le territoire de l'Empire se limitant à des marge en Croatie et en Turquie. Ces aristocrates peuvent ainsi contrôler tout les points stratégiques en mer d'Égée et contrôle donc le commerce de la mer Noire.



Après cette catastrophe pour l'image des Croisés et de l'Église, c'est un échec moral immense du fait de l''attaque d'un pouvoir chrétien censé être allié. Entre 1218 et 1221, une cinquième croisade à lieu pour prendre l'Égypte. En 1218, ils prennent Damiette et avancent tranquillement. Le sultan Al Kamil leur propose alors de leur rendre les territoires en Terre Sainte. Ils refusent avant de se faire écraser par Al Kamil et ses troupes.
Le pape continue de pousser aux croisades, en 1228 Frédéric II alors excommunié lance sa propre croisade. Il le fera sans combat, en négociant avec Al Kamid. Celui-ci réitère sa proposition et Frédéric II accepte devenant le roi de Terre Sainte. Mais les autorités chrétiennes refusent soutenir l'empereur, face à ce succès de Frédéric II qui n'a pas effectué une croisade classique. En 1244, il perdra ses acquis.

Louis IX tentera à sont tour de faire deux croisades 12481254 et 12651272 pour reprendre l'Égypte de nouveau. Pour la septième croisade c'est un cuisant échec, le roi est capturé et les sultans demandent de fortes rançons qui demandent une levée d'impôts exceptionnelle. La huitième croisade se fait alors qu'il a réussit à redevenir un roi populaire, mais il meurt du typhus en arrivant à Tunis. A partir de 1291, la dernière ville à résister, Acre, tombe et ses habitants se réfugient sur les îles. C'est la fin des Croisades.

Ces croisades furent un véritable gouffre pour les vies humaines et cela a détérioré les relations entre Orient et les deux Occidents. C ela a cependant permis de faire prendre conscience qu'il existe un vaste monde au delà de la région. Le récit des croisades a développé un imaginaire sur l'horizon du monde.

  1. L'impact en Occident : curiosité, goût pour l'aventure et progrès cartographiques

Les récits et les chroniques racontant ces croisades prolifèrent alors. C'est aussi une production géographique puisqu'on décrit les itinéraires, les populations, … Le premier récit populaire fut Faits et gens de Jérusalem raconté par un chevalier anonyme qui suivit Bohémond de Tarente. Mais cela n'est qu'un récit à la gloire des chevaliers Normands. Vient ensuite La Chronique de Guillaume de Tyr, une forme de feuilleton monumentale qui se déroule 23 livres rédigés entre 1169 et 1184. Son originalité vient qu'il est né à Jérusalem mais descend d'une famille occidentale, il vivra toute sa vie ou presque à Jérusalem. Amaury I, roi de Jérusalem le choisira pour qu'il soit le précepteur de son fils Baudouin. Le roi lui demandera une chronique de l'histoire des Arabes et une autre de la région de Jérusalem. Il a donc mis à sa disposition des écrits arabes avec des traducteurs. Il a donc une chronique très bien informée ou il décrit les batailles du point de vue des croisés, sans rien cacher des méfaits de ceux-ci. Il devient archevêque de Tyr ensuite et le succès de sa Chronique connaîtra un grand succès qui lui permettra d'être rééditée en Occident au titre de Estoire d'Héracles.
Pour ceux qui ne pouvaient lire ces récits en latin, les écrits sur le Terre Sainte passaient par l'oralité et les ordres militaires y jouèrent beaucoup, notamment les deux principaux : les Templiers et les Chevaliers teutoniques (au départ juste des secours aux armées germaniques). Pour financer les guerres, ces ordres avaient besoin d'argent et ils ouvrirent des maisons pour recruter des candidats au départ ou des fonds de fidèles sous forme de dons. Pour convaincre les gens de partir à la croisade, on racontait les récits héroïques des prédécesseurs.

Le dernier fait des croisades fut la production géographique. Les intellectuels européens cherchèrent donc à découvrir ces rivages. Le premier texte fut le Liber de existencia riveriarum et forma maris nostri Mediterranei qui décrivait les régions entourant la Méditerranée, l'auteur y avait joint une carte perdue aujourd'hui. Cela permit aussi de produire des cartes et des portulans largement inspirés des cartes arabes. La Carte pisane, conservée longtemps à Pise mais fabriquée à Gênes. L'idée est de faire un repérage sommaire des ports et des directions à suivre. Les meilleures cartes venait de Majorque avec celle d'Angelino Dulcert, première carte précisant la position géographique des îles Canaries. Cette avance des savants de Majorque tient certainement au fait que la ville fut longtemps sous domination arabe. De plus, ce sont des juifs qui se servaient des écrits arabes pour établir ces cartes.
Ces travaux géographiques aussi intéressaient les princes. Ainsi l'Atlas catalan propriété du roi Charles V, cadeau des souverains de l'île de Majorque et établie par Cresques Abraham. C'est un livret de six feuilles qui fait office et de portulans et de vieilles mappemondes. On y trouve aussi le trajet de Marco Polo. Il y a un réel intérêt des élites pour les récits de voyage et les cartes.


  1. La multiplication des découvertes et la fin de l'isolement de l'Occident

  1. Au-delà des routes de la soie, l'approfondissement de la connaissance de l'Asie

Ce ne sont pas des découvertes de territoires, on les connaissait déjà mais on les approfondis. Cela commence par la conquête d'une grande partie du territoire asiatique par Gengis Khan (Tchingis khan son titre littéralement empereur océanique, dans le sens universel), venu de Temudjin en Asie. En 1206, il fédère des tribus mongoles et devient chef de cette alliance. Il conquiert alors le monde prenant Pékin en 1215 et ses successeurs domineront le territoire jusqu'en 1368, en respectant les cultures de chaque pays mais en en restant la tête. Ils progressèrent vers l'Ouest et écrasèrent les troupes russes en 1223 à la bataille de Khalka. Son successeur Ogôdei et nomme son neveu Batu général pour continuer les conquêtes. Ils arrivent ainsi en Pologne, en Hongrie et en Autriche, à partir de ce moment là, on ne peut plus les ignorer.
Innocent IV décide en 1245 d'envoyer des missionnaires pour persuader les Mongoles de se convertir au christianisme. Ce sont des franciscains qui mèneront ce projet avec notamment Jean de Plan Carpin (un italien), qui par son habileté parviendra à prendre contact avec le grand Khan qui déclarera avoir pris note de la tentative de soumission du pape reconnaissant sa faiblesse face aux Mongoles. Jean de Plan Carpin va alors établir une histoire des Tartares. Il voulait convaincre les Occidentaux que les récits méprisant qui circulaient étaient faux, il désirait surtout mettre en garde les Européens en soulignant le danger de cette civilisation, point de vue hostile mais changeant la représentation. Des ambassadeurs mongoles sont ensuite reçus à la cour de Louis IX en l'absence du souverain, ils se présentent comme christianisés (le grand Khan avait un réseau d'espions très habiles et très au curant de nos mœurs). On leur fit des cadeaux en leur offrant des icônes, … Seul un des fils de Batu se convertira vraiment mais cela reste limité.

Marco Polo, fils d'un vénitien et né en 1264, son père Nicolo faisait des affaires marchandes avec les Mongoles, notamment des échanges de bijoux. Cela permit à la famille de jouer un rôle d'ambassadeur auprès du Grand Khan. Ce dernier voulait d'ailleurs récupérer les 100 meilleurs savants occidentaux auprès du pape, sans réponse bien sur. En repartant, son père emmène Marco avec lui passant par les chemins traditionnels de la route de la soie. En arrivant en Chine, le Hubilai Khan en place repère Marco Polo et le prend à sa cour. Marco Polo intégré à la cour du khan, parvient donc à connaître en profondeur les coutumes via l'occupation de divers statuts (ambassadeur, conseiller militaire, …). Il y resta 18 ans avec sa famille, un peu prisonniers et justifièrent leur départ pour servir d'escorte à une jeune mariée d'Asie se rendant vers l'Europe.
En 1295, Marco Polo rentre dans la guerre de Venise contre Gênes et est fait prisonnier par Gênes pendant trois ans. C'est donc dans une prison génoise qu'il rédige Le Récit des Merveilles qui passionnera les Occidentaux avec 143 versions différentes de ce récit. On a donc mieux compris le fonctionnement des Mongoles, notamment avec les postes. Au XIV° siècle on sait qu'il existait 50 000 chrétiens convertis au christianisme, mais ce siècle est celui où on se désintéresse quelque peu de ce continent puisqu'on a découvert d'autres continents. Le XIII° siècle fut celui de l'Asie, le XIV° se tourne ailleurs.


  1. Des îles de Méditerranée à l'Afrique

Suite à l'Asie, l'horizon le plus accessible devint l'Afrique et le renforcement des royaumes chrétiens d'Espagne à partir de 1212 a permis les entreprises maritimes vers le Sud. Mais le détroit de Gibraltar fut longtemps un obstacle. Quand on parvint enfin à le passer, on met en contact Afrique et Espagne.
On repère alors les premières îles de l'Atlantique (Iles Canaries en 1259, Madère en 1350 et 1427 pour les Açores). Les Iles Canaries seront les premières à faire l'objet d'une occupation avec le Sieur de Béthencourt qui colonise la contrée par une brutale exploitation des populations locales qu'on force à exploiter les cultures de canne à sucre.

Les Portugais sont les suivant dans la découverte et l'installation des européens en Afrique. Ainsi Henri le Navigateur, troisième fils de Jean I, roi du Portugal, va consacrer son énergie et son argent à la découverte de la côte africaine. Cela débute avec la prise de Ceuta en 1415 (toujours enclave espagnole au Maroc aujourd'hui, mais portugaise à l'époque). Les portugais établiront des présides (comptoirs) le long de la côte marocaine. Leur but est d'abord de contrôler les routes commerciales de l'or de l'Afrique vers l'Occident. En plus, cela permit de réduire les crises de blé régulières auparavant. Malgré la volonté de prendre le Maroc, cela ne put se faire notamment à cause de la guérilla espagnole qui voulait faire de même.
En 1434, les navigateurs passent enfin le cap Bojador et peuvent explorer plus au sud l'Afrique. Ils découvrent alors le Cap Vert et commencent leur entreprise esclavagiste par des captures sauvages qui servent de main d'œuvre au Portugal pour cultiver les terres. Dés 1442, les Portugais demandent une bulle d'indulgence au pape pour leurs actes péchés commis en Afrique, le pape dispense de pénitence tous les Portugais. Le commerce prendra son essor dès 1444.
Entre 1482 et 1488, sous l'égide de Diego Cam et de Bartolomeu Dias, deux navigateurs ont posé une colonne de pierre avec leurs noms et l'année pour montrant leur progression. Ils sont parvenus à passer le cap de Bonne-Espérance. Grâce à l'expérience des navigateurs précédents, Vasco de Gama parvient à atteindre l'Inde par voie de mer, il arrive à Calicut. Il y a alors l'établissement de liaisons régulières entre Inde et Europe pour le commerce.

  1. Des Indes à l'Amérique

Cristophe Colomb, génois et Italien fils d'un marchand de textile commença son apprentissage de navigation en Méditerranée pour son père. En 1476, il s'installe à Lisbonne où son frère exerce le métier de cartographe. Il y apprend tant bien que mal la géographie. Il établit alors l'idée de partir vers l'ouest pour atteindre l'Inde. Il a certainement repris une idée d'un savant florentin dont les écrits circulaient dans les milieux spécialisés. D'abord projet présenté au Portugal, Colomb est rebuté, il y avait trop d'argent engagé dans la route par l'Afrique et il avait fait des fautes de calcul. En fuite à cause de ces créanciers, Colomb arrive en Espagne et se devient proche de la reine de Castille. Celle-ci est intéressée par les projets de Colomb à cause du retard espagnol en navigation sur le Portugal. Une commission est formée pour évaluer le projet de Colomb et trouve toujours des fautes. Il parvient par les grâces de la reine d'avoir trois bateaux, des privilèges d'anoblissement et des titres et 10% des richesses des territoires qu'il découvrira.
En août il part vers l'Ouest et trouve des terres en octobre 1492. Persuadé d'être au Japon, Colomb vient d'arriver au San Salvador aux Bahamas. Il découvre alors Cuba rapidement ensuite. A Cuba il recherche le Grand Khan sans succès, il décide en revanche de revenir avec des Indiens, où ce qu'il croît en être. Le Portugal se réveille et conteste la légitimité des terres des l'Espagne, Colomb à travailler au Portugal. En 1494, Espagne et Portugal rédigent le traité de Tordesillas, fixe une ligne de partage du monde inconnu l'Afrique et une pointe du Brésil au Portugal, l'Amérique à l'Espagne.
En 1493, Colomb repart avec 17 bateaux et des colons pour mettre en valeur l'actuelle Haïti. On exploite tout de suite les populations. Comprenant qu'il n'est pas au Japon, il développe les Bahamas. Ce n'est qu'en 1498 qu'il pose vraiment le pied en Amérique au Détroit de l'Orénoque.

Mais les conséquences sont dramatiques pour les populations locales, on pense qu'elles furent décimées surtout par des maladies contre lesquelles elles n'étaient pas immunisées. On pense être passé de 3 millions (sans certitude) à 1 million en ??? et à 60 000 au début du XVI° siècle. Le premier personnage qui dénoncera l'extinction des indigènes dès que les Espagnols posent le pied à terre, c'est Bartholomée de las Casas mais il n'a pas d'écho. Rapidement les Espagnols combinent à la fois les trajets vers l'Amérique et ceux vers l'Afrique pour remplacer les populations américaines par des populations africaines.


La perspective dont les Européens ont abordé les terres extérieures est toujours utilitariste (religieuse ou économique). C'étaient des réserves d'hommes et de biens susceptibles de renforcer la puissance des institutions qui les ont découvertes. Ce n'est pas une vision scientifique avec des hommes seuls libres et rêveurs, les pouvoirs souverains jouent pour beaucoup et interviennent dans la prise des territoires en donnant les fonds et pour pouvoir prendre le dessus sur les autres pays et royaumes européens. Jamais les hommes ne sont pris en compte dans ces calculs économiques et de puissance, qu'ils soient indigènes ou nationaux partis comme colons.

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