Précédemment : Médiévale 12 - 12
Colomb Polo
Un troisième appel à
la croisade a lieu alors. Elle aura lieu entre 1189
et 1192 et les croisés ne
se mettent en route qu'en 1190. C'est réussi, ils augmente la sphère
d'influence des États restant et forment une bande de territoire le
long de la côte. La ville d'Acre devient probablement la ville
la plus influente. Elle est sous le contrôle des ordres de
chevaliers (teutoniques, des templiers, des hospitaliers de
Jérusalem, …). C'est un pôle de commerce très important,
la ville devient une sorte de colonie pénitentiaire. La peine de
bannissement en terre sainte en Occident envoie d'ailleurs en exil en
terre Sainte certains nobles. Du coup, les ordres ont tendance à y
voir une repaire de faussaires.
Le but des Croisés
est alors de conquérir l'Égypte, cœur du royaume musulman à
l'époque. Mais la croisade souffre de manque de capitaux. Les
marchands vénitiens acceptent de prêter de l'argent pour cela
mais ils ne trouvent pas qu'ils sont remboursés assez vite. Du coup,
les Vénitiens poussent les croisés à prendre la ville de Zadar en
Croatie. Arrivés à Constantinople, les croisés sont face à
une querelle pour les successeurs à l'Empire, dont un vénitien. Les
Vénitiens profitent de cette querelle pour pousser les troupes
croisées à prendre l'Empire byzantin dans sa totalité. Cela
réduit drastiquement le territoire de l'Empire se limitant à des
marge en Croatie et en Turquie. Ces aristocrates peuvent ainsi
contrôler tout les points stratégiques en mer d'Égée et contrôle
donc le commerce de la mer Noire.
Après cette
catastrophe pour l'image des Croisés et de l'Église, c'est un échec
moral immense du fait de l''attaque d'un pouvoir chrétien censé
être allié. Entre 1218
et 1221, une cinquième
croisade à lieu pour prendre l'Égypte. En 1218, ils prennent
Damiette et avancent tranquillement. Le sultan Al
Kamil leur propose alors de leur rendre les territoires en
Terre Sainte. Ils refusent avant de se faire écraser par Al Kamil et
ses troupes.
Le pape continue de
pousser aux croisades, en 1228
Frédéric II alors
excommunié lance sa propre croisade. Il le fera sans combat, en
négociant avec Al Kamid. Celui-ci réitère sa proposition et
Frédéric II accepte devenant le roi de Terre Sainte. Mais
les autorités chrétiennes refusent soutenir l'empereur, face
à ce succès de Frédéric II qui n'a pas effectué une croisade
classique. En 1244, il perdra ses acquis.
Louis
IX tentera à sont tour de faire deux croisades 1248
– 1254 et 1265
– 1272 pour reprendre l'Égypte
de nouveau. Pour la septième croisade c'est un cuisant échec, le
roi est capturé et les sultans demandent de fortes rançons qui
demandent une levée d'impôts exceptionnelle. La huitième croisade
se fait alors qu'il a réussit à redevenir un roi populaire, mais il
meurt du typhus en arrivant à Tunis. A partir de 1291,
la dernière ville à résister, Acre, tombe et ses habitants se
réfugient sur les îles. C'est la fin des Croisades.
Ces croisades furent un
véritable gouffre pour les vies humaines et cela a détérioré les
relations entre Orient et les deux Occidents. C ela a cependant
permis de faire prendre conscience qu'il existe un vaste monde au
delà de la région. Le récit des croisades a développé un
imaginaire sur l'horizon du monde.
- L'impact en Occident : curiosité, goût pour l'aventure et progrès cartographiques
Les récits et les
chroniques racontant ces croisades prolifèrent alors. C'est aussi
une production géographique puisqu'on décrit les itinéraires, les
populations, … Le premier récit populaire fut Faits
et gens de Jérusalem raconté par un chevalier anonyme
qui suivit Bohémond de Tarente. Mais cela n'est qu'un récit à la
gloire des chevaliers Normands. Vient ensuite La Chronique
de Guillaume de Tyr, une
forme de feuilleton monumentale qui se déroule 23 livres rédigés
entre 1169 et 1184. Son originalité vient qu'il est né à Jérusalem
mais descend d'une famille occidentale, il vivra toute sa vie ou
presque à Jérusalem. Amaury I, roi de Jérusalem le choisira pour
qu'il soit le précepteur de son fils Baudouin. Le roi lui demandera
une chronique de l'histoire des Arabes et une autre de la région de
Jérusalem. Il a donc mis à sa disposition des écrits arabes avec
des traducteurs. Il a donc une chronique très bien informée ou il
décrit les batailles du point de vue des croisés, sans rien cacher
des méfaits de ceux-ci. Il devient archevêque de Tyr ensuite et le
succès de sa Chronique connaîtra un grand succès qui lui permettra
d'être rééditée en Occident au titre de Estoire d'Héracles.
Pour ceux qui ne
pouvaient lire ces récits en latin, les écrits sur le Terre Sainte
passaient par l'oralité et les ordres militaires y jouèrent
beaucoup, notamment les deux principaux : les Templiers et les
Chevaliers teutoniques (au départ juste des secours aux armées
germaniques). Pour financer les guerres, ces ordres avaient besoin
d'argent et ils ouvrirent des maisons pour recruter des candidats au
départ ou des fonds de fidèles sous forme de dons. Pour convaincre
les gens de partir à la croisade, on racontait les récits héroïques
des prédécesseurs.
Le dernier fait des
croisades fut la production géographique. Les intellectuels
européens cherchèrent donc à découvrir ces rivages. Le
premier texte fut le Liber de existencia riveriarum et forma
maris nostri Mediterranei qui décrivait les régions
entourant la Méditerranée, l'auteur y avait joint une carte perdue
aujourd'hui. Cela permit aussi de produire des cartes et des
portulans largement inspirés des cartes arabes. La Carte pisane,
conservée longtemps à Pise mais fabriquée à Gênes. L'idée est
de faire un repérage sommaire des ports et des directions à suivre.
Les meilleures cartes venait de Majorque
avec celle d'Angelino
Dulcert, première carte précisant la position
géographique des îles Canaries. Cette avance des savants de
Majorque tient certainement au fait que la ville fut longtemps sous
domination arabe. De plus, ce sont des juifs qui se servaient des
écrits arabes pour établir ces cartes.
Ces travaux
géographiques aussi intéressaient les princes. Ainsi l'Atlas
catalan propriété du roi Charles V, cadeau des souverains de l'île
de Majorque et établie par Cresques Abraham. C'est un livret de six
feuilles qui fait office et de portulans et de vieilles mappemondes.
On y trouve aussi le trajet de Marco Polo. Il y a un réel intérêt
des élites pour les récits de voyage et les cartes.
- La multiplication des découvertes et la fin de l'isolement de l'Occident
- Au-delà des routes de la soie, l'approfondissement de la connaissance de l'Asie
Ce ne sont pas des
découvertes de territoires, on les connaissait déjà mais on les
approfondis. Cela commence par la conquête d'une grande
partie du territoire asiatique par Gengis
Khan (Tchingis khan son titre littéralement empereur
océanique, dans le sens universel), venu de Temudjin en Asie. En
1206, il fédère des tribus mongoles et devient chef de cette
alliance. Il conquiert alors le monde prenant Pékin en 1215 et ses
successeurs domineront le territoire jusqu'en 1368, en respectant les
cultures de chaque pays mais en en restant la tête.
Ils progressèrent vers l'Ouest et écrasèrent les troupes russes en
1223 à la bataille de Khalka. Son successeur Ogôdei et nomme
son neveu Batu général pour continuer les conquêtes. Ils
arrivent ainsi en Pologne, en Hongrie et en Autriche, à partir de ce
moment là, on ne peut plus les ignorer.
Innocent
IV décide en 1245
d'envoyer des missionnaires pour persuader les Mongoles de se
convertir au christianisme. Ce sont des franciscains qui mèneront
ce projet avec notamment Jean de Plan Carpin (un italien), qui
par son habileté parviendra à prendre contact avec le grand Khan
qui déclarera avoir pris note de la tentative de soumission du pape
reconnaissant sa faiblesse face aux Mongoles. Jean
de Plan Carpin va alors établir une histoire des
Tartares. Il voulait convaincre les Occidentaux que les récits
méprisant qui circulaient étaient faux, il désirait surtout mettre
en garde les Européens en soulignant le danger de cette
civilisation, point de vue hostile mais changeant la
représentation. Des ambassadeurs mongoles sont ensuite reçus à la
cour de Louis IX en l'absence du souverain, ils se présentent comme
christianisés (le grand Khan avait un réseau d'espions très
habiles et très au curant de nos mœurs). On leur fit des cadeaux en
leur offrant des icônes, … Seul un des fils de Batu se convertira
vraiment mais cela reste limité.
Marco
Polo, fils d'un vénitien et né en 1264, son père
Nicolo faisait des affaires marchandes avec les Mongoles, notamment
des échanges de bijoux. Cela permit à la famille de jouer un rôle
d'ambassadeur auprès du Grand Khan. Ce dernier voulait
d'ailleurs récupérer les 100 meilleurs savants occidentaux auprès
du pape, sans réponse bien sur. En repartant, son père emmène
Marco avec lui passant par les chemins traditionnels de la route de
la soie. En arrivant en Chine, le Hubilai Khan en place repère Marco
Polo et le prend à sa cour. Marco Polo intégré à la cour du
khan, parvient donc à connaître en profondeur les coutumes via
l'occupation de divers statuts (ambassadeur, conseiller
militaire, …). Il y resta 18 ans avec sa famille, un peu
prisonniers et justifièrent leur départ pour servir d'escorte à
une jeune mariée d'Asie se rendant vers l'Europe.
En 1295, Marco Polo
rentre dans la guerre de Venise contre Gênes et est fait prisonnier
par Gênes pendant trois ans. C'est donc dans une prison génoise
qu'il rédige Le Récit des Merveilles qui
passionnera les Occidentaux avec 143 versions différentes de ce
récit. On a donc mieux compris le fonctionnement des Mongoles,
notamment avec les postes. Au XIV° siècle on sait qu'il existait 50
000 chrétiens convertis au christianisme, mais ce siècle est celui
où on se désintéresse quelque peu de ce continent puisqu'on a
découvert d'autres continents. Le XIII°
siècle fut celui de l'Asie, le XIV° se tourne
ailleurs.
- Des îles de Méditerranée à l'Afrique
Suite à l'Asie,
l'horizon le plus accessible devint l'Afrique et le renforcement des
royaumes chrétiens d'Espagne à partir de 1212 a permis les
entreprises maritimes vers le Sud. Mais le détroit de Gibraltar fut
longtemps un obstacle. Quand on parvint enfin à le passer, on met en
contact Afrique et Espagne.
On repère alors les
premières îles de l'Atlantique (Iles Canaries en 1259, Madère
en 1350 et 1427 pour les Açores). Les Iles Canaries seront les
premières à faire l'objet d'une occupation avec le Sieur
de Béthencourt qui colonise la contrée par une brutale
exploitation des populations locales qu'on force à exploiter les
cultures de canne à sucre.
Les Portugais sont les
suivant dans la découverte et l'installation des européens en
Afrique. Ainsi Henri le Navigateur,
troisième fils de Jean I, roi du
Portugal, va consacrer son énergie et son argent à la découverte
de la côte africaine. Cela débute avec la prise de Ceuta en 1415
(toujours enclave espagnole au Maroc aujourd'hui, mais portugaise à
l'époque). Les portugais établiront des présides (comptoirs) le
long de la côte marocaine. Leur but est d'abord de contrôler les
routes commerciales de l'or de l'Afrique vers l'Occident. En plus,
cela permit de réduire les crises de blé régulières auparavant.
Malgré la volonté de prendre le Maroc, cela ne put se faire
notamment à cause de la guérilla espagnole qui voulait faire de
même.
En 1434,
les navigateurs passent enfin le cap Bojador et peuvent explorer plus
au sud l'Afrique. Ils découvrent alors le Cap Vert et commencent
leur entreprise esclavagiste par des captures sauvages qui servent de
main d'œuvre au Portugal pour cultiver les terres. Dés 1442, les
Portugais demandent une bulle d'indulgence au pape pour leurs actes
péchés commis en Afrique, le pape dispense de pénitence tous
les Portugais. Le commerce prendra son essor dès 1444.
Entre 1482
et 1488, sous l'égide de
Diego Cam et de Bartolomeu
Dias, deux navigateurs ont posé une colonne de pierre
avec leurs noms et l'année pour montrant leur progression. Ils sont
parvenus à passer le cap de Bonne-Espérance. Grâce à
l'expérience des navigateurs précédents, Vasco
de Gama parvient à atteindre l'Inde par voie de mer, il
arrive à Calicut. Il y a alors l'établissement de liaisons
régulières entre Inde et Europe pour le commerce.
- Des Indes à l'Amérique
Cristophe
Colomb, génois et Italien fils d'un marchand de
textile commença son apprentissage de navigation en Méditerranée
pour son père. En 1476, il s'installe à Lisbonne où son frère
exerce le métier de cartographe. Il y apprend tant bien que mal
la géographie. Il établit alors l'idée de partir vers l'ouest pour
atteindre l'Inde. Il a certainement repris une idée d'un savant
florentin dont les écrits circulaient dans les milieux spécialisés.
D'abord projet présenté au Portugal, Colomb est rebuté, il y
avait trop d'argent engagé dans la route par l'Afrique et il avait
fait des fautes de calcul. En fuite à cause de ces créanciers,
Colomb arrive en Espagne et se devient proche de la reine de
Castille. Celle-ci est intéressée par les projets de Colomb à
cause du retard espagnol en navigation sur le Portugal. Une
commission est formée pour évaluer le projet de Colomb et trouve
toujours des fautes. Il parvient par les grâces de la reine
d'avoir trois bateaux, des privilèges d'anoblissement et des titres
et 10% des richesses des territoires qu'il découvrira.
En août il part vers
l'Ouest et trouve des terres en octobre
1492. Persuadé d'être au Japon, Colomb vient
d'arriver au San Salvador aux Bahamas. Il découvre alors Cuba
rapidement ensuite. A Cuba il recherche le Grand Khan sans succès,
il décide en revanche de revenir avec des Indiens, où ce qu'il
croît en être. Le Portugal se réveille et conteste la légitimité
des terres des l'Espagne, Colomb à travailler au Portugal. En
1494, Espagne et Portugal
rédigent le traité de Tordesillas, fixe une ligne de partage du
monde inconnu l'Afrique et une pointe du Brésil au Portugal,
l'Amérique à l'Espagne.
En 1493, Colomb repart
avec 17 bateaux et des colons pour mettre en valeur l'actuelle Haïti.
On exploite tout de suite les populations. Comprenant qu'il n'est pas
au Japon, il développe les Bahamas. Ce n'est qu'en 1498 qu'il pose
vraiment le pied en Amérique au Détroit de l'Orénoque.
Mais les conséquences
sont dramatiques pour les populations locales, on pense qu'elles
furent décimées surtout par des maladies contre lesquelles elles
n'étaient pas immunisées. On pense être passé de 3 millions
(sans certitude) à 1 million en ??? et à 60 000 au début du XVI°
siècle. Le premier personnage qui dénoncera l'extinction des
indigènes dès que les Espagnols posent le pied à terre, c'est
Bartholomée de las Casas
mais il n'a pas d'écho. Rapidement les Espagnols combinent à la
fois les trajets vers l'Amérique et ceux vers l'Afrique pour
remplacer les populations américaines par des populations
africaines.
La perspective dont
les Européens ont abordé les terres extérieures est toujours
utilitariste (religieuse ou économique). C'étaient des réserves
d'hommes et de biens susceptibles de renforcer la puissance des
institutions qui les ont découvertes. Ce n'est pas une vision
scientifique avec des hommes seuls libres et rêveurs, les pouvoirs
souverains jouent pour beaucoup et interviennent dans la prise des
territoires en donnant les fonds et pour pouvoir prendre le dessus
sur les autres pays et royaumes européens. Jamais les hommes ne
sont pris en compte dans ces calculs économiques et de puissance,
qu'ils soient indigènes ou nationaux partis comme colons.
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